Texte intégral
Chers camarades,
Tout d'abord je tiens à présenter à chacune et à chacun mes vux très sincères, et les plus chaleureux, de bonheur, de santé, de réussite pour vous, pour vos proches, et à travers vous, pour tous les communistes, en cette année 2000. Une année à bien des égards exceptionnelle.
Et de ce point de vue comment ne pas parler, d'emblée, des quinze derniers jours que nous venons de vivre. Des jours terribles qui ont marqué les Françaises et les Français au plus profond d'eux-mêmes. La double tempête et la marée noire constituent un véritable traumatisme: au plan matériel, avec tous les dégâts que l'on sait, comme au plan psychologique.
Dans le même temps, ces événements dramatiques ont été l'occasion d'un extraordinaire élan de solidarité qui s'est manifesté sous les formes les plus diverses. Je pense notamment aux salariés du service public, aux agents des collectivités locales qui se sont dépensés sans compter et auxquels il faut rendre hommage.
Plusieurs d'entre vous m'ont appelé pour me faire part de ce qu'ils ont vécu pendant cette période. Leur témoignage à propos de la présence des communistes sur le terrain confirme bien à quel point les militants et les élus de notre parti ont manifesté d'un grand sens de la solidarité nationale et de l'Etat.
Alors que les dégâts étaient considérables, et que le désarroi, la détresse de millions de Français devant la soudaineté et l'ampleur de la situation étaient immenses, ils ont été présents à leurs côtés et ont joué tout leur rôle pour faire face à la situation. Si cela a été possible, c'est qu'ils ont su ressentir en profondeur ce que les gens éprouvaient de révolte, de besoin d'agir, d'être utiles tout de suite.
C'est avec beaucoup de fierté que nous voyons ce qu'a été l'action des ministres communistes dans cette période. Leur présence sur le terrain, les initiatives qu'ils ont su prendre sont, comment ne pas le voir, un témoignage de leur expérience, de leur sens de l'action au service de la population de notre pays, des liens étroits qu'ils entretiennent en permanence avec elle.
Le naufrage de l'Erika et l'épreuve endurée par des millions de Françaises et de Français soulignent en outre le caractère insupportable des décisions qui ne visent qu'à satisfaire les appétits marchands et financiers, et qui font un dogme de la casse de l'emploi public et du rétrécissement des missions et des moyens du service public.
Des millions de nos concitoyens en ressentent aujourd'hui de la colère. Ils s'interrogent. Et, dans les esprits, ce capitalisme saccageur, socialement, écologiquement et humainement irresponsable se retrouve de plus en plus souvent aux banc des accusés.
Comme jamais, se pose désormais la question de transformations profondes du système actuel, pour que la société et le monde ne s'enfoncent pas dans l'inhumanité.
Ce refus de la résignation fonde toute la démarche de notre congrès, avec lequel nous voulons créer les conditions pour que des millions de Françaises et de Français trouvent le chemin de solutions et de pratiques nouvelles afin de construire une société meilleure, plus juste et plus humaine.
Je voulais, avant d'aborder le sujet qui nous réunit aujourd'hui, dire ces quelques mots tant j'ai la conviction que ce qui vient de se passer est important. Et la conviction, aussi, que ces événements ne sont pas sans rapport avec nos préoccupations.
Depuis le Comité national des 22 et 23 novembre, nous sommes engagés dans la seconde phase de préparation du 30ème congrès. Elle nous conduira jusqu'aux 2 et 3 février, dates auxquelles le Comité national en tirera le bilan, qu'il soumettra ensuite au vote des communistes.
Avec cette nouvelle phase, il s'agit de franchir une étape dont la réussite conditionne le succès du Congrès lui-même. C'est dire combien la réunion d'aujourd'hui est importante. Elle est capitale, même avec pour enjeu un possible pas décisif dans la réalisation de nos ambitions pour un parti communiste moderne, dynamique et novateur. C'est de l'ampleur du déploiement du débat, de sa richesse, de son ouverture effective vers la société, dans tout le pays, dans les jours et les semaines qui viennent, que dépendra le succès.
De la fin juin à la fin octobre, les communistes ont, dans une première phase, élaboré les questions dont ils souhaitaient débattre, l'ordre du jour du 30° Congrès. Il a été fixé par leur vote. Répétons-le: c'est une démarche totalement inédite. Pour notre parti. Mais, plus généralement, dans la vie politique française. En ce sens c'est un événement politique en soi. Il est déjà perçu comme tel par ceux qui regardent avec intérêt les évolutions du Parti communiste français.
Il nous faut beaucoup insister sur le caractère novateur de ce Congrès.
Et le faire savoir au fur et à mesure que sa préparation se déploie.
Beaucoup est fait déjà dans les départements, comme au plan national. Cependant j'insiste aujourd'hui sur l'importance qui s'attache à la popularisation de notre volonté que chaque adhérent soit partie prenante de tout le processus de préparation, et des moyens mis en uvre, avec notamment les votes permettant à chaque membre du parti de faire valoir son opinion, ses analyses, ses choix.
Nous voulons que le processus de préparation de ce Congrès soit maîtrisé de bout en bout par les adhérents. Il nous faudra sans doute encore beaucoup nous expliquer sur le pourquoi d'une telle démarche.
Elle est au cur d'une réflexion et d'avancées concrètes innovantes ayant pour objectif une autre pratique de la démocratie, de la vie et de la conception même d'un parti politique, et d'une autre façon de faire de la politique.
Des choix vitaux
Pour nous, en effet, c'est bien à partir de l'investissement de chaque individu, à partir de sa propre exigence de changement, que peuvent se construire, et les réponses aux attentes de libération humaine, et les rapports de forces qui permettent d'y répondre. Et d'autre part, les communistes sont appelés, avec ce congrès, à faire des choix vitaux pour leur parti. Vitaux parce qu'ils touchent au projet et à la stratégie politique, à l'organisation même du parti, à ses structures.
Nous affirmons l'ambition que sorte du 30ème Congrès un nouveau Parti communiste. C'est ce que les adhérentes et adhérents du parti ont par leur vote décidé de mettre à l'ordre du jour du congrès.
Oui, les choix que nous avons à effectuer en mars prochain à Martigues sont de même portée que ceux accomplis lors de la fondation du parti en 1920. Ils touchent à l'existence, à l'avenir et à la nature du parti communiste français dans la société française et dans le monde d'aujourd'hui.
Le calendrier, qui en l'occurrence fait bien les choses, fait que ce Congrès se tient au tout début de l'an 2000. Le symbole d'avenir dont est porteuse une telle date nous convient. Il est en résonance avec notre projet: moderne, et résolument tourné vers l'avenir. Cependant, les raisons qui fondent notre détermination à ouvrir une nouvelle page du communisme français n'ont rien à voir avec les hasards d'une conjoncture, aussi symbolique soit-elle.
Elles tiennent, bien plus fondamentalement, à des exigences nouvelles ; à notre volonté de prendre en compte les bouleversements de la société et du monde dans toutes leurs dimensions, pour y apporter des réponses communistes modernes, convaincantes, mobilisatrices, en terme de choix de société et de stratégie politique.
Chacun d'entre vous donnera son appréciation sur ce moment de la préparation du Congrès, sur ce qui mûrit, se cristallise, sur ce qui est déjà bien engagé. Ce sur quoi, aussi, il faut mettre l'accent dans les jours qui viennent. Pour ma part, j'ai le sentiment qu'un des enjeux de cette phase de l'élaboration du Congrès, pour donner toute sa dimension à notre ambition, et la faire partager comme telle, c'est de bien s'expliquer sur le pourquoi d'un tel Congrès pour une nouveau parti communiste. Et pourquoi maintenant?
Le 30° Congrès dans l'époque
Un tel effort d'argumentation et de réflexion est d'autant plus nécessaire qu'il ne manque pas de "bons esprits" pour souligner l'anachronisme que constituerait désormais l'existence d'un parti communiste dans le paysage politique français. Il ne serait plus qu'un "vestige" identifié à une époque révolue, à une parenthèse historique, ouverte en octobre 1917 et close il y a dix ans avec l'effondrement du mur de Berlin, présenté comme le symbole du triomphe définitif du capitalisme.
Les présupposés idéologiques de cette vision du monde et de l'histoire -ou plutôt de "la fin de l'histoire"-, et leurs implications, sont assez clairs. Comment pourraient-ils ne pas être sans effet? Nous le savons d'autant mieux que nous-même nous nous interrogeons sur notre histoire, et sur le sens de l'engagement communiste ces dernières décennies. C'est d'ailleurs ce qu'ont souhaité les communistes en inscrivant cette question parmi celles dont ils veulent discuter.
Et puis, il est un autre élément -et non le moindre- du contexte dans lequel nous préparons le Congrès et qui questionne sur le sens du projet communiste, sur sa pertinence, et sur la conception de l'action politique du parti communiste. La France est gouvernée depuis deux ans et demi par une majorité et un gouvernement de gauche, auxquels participent les communistes. Ce gouvernement est dirigé, et à bien des égards dominé, par un Parti socialiste qui limite son ambition à la correction des effets les plus néfastes du capitalisme contemporain. Pour nos partenaires cet accompagnement social est cohérent avec la conviction que le capitalisme est, si ce n'est le meilleur, du moins le seul système possible d'organisation de la société.
Dans ces conditions, quel espace pour une force politique communiste, c'est-à-dire contestant le capitalisme jusqu'à vouloir être un élément moteur pour une société, un monde d'après le capitalisme? Cette force communiste peut-elle peser efficacement sur le cours des choses? Apporter des réponses convaincantes à partir du mouvement qui travaille la société et y crée de possibles rapports de forces nouveaux, c'est tout le sens de ce qui fonde la mutation engagée il y a maintenant plusieurs années.
C'est tout le sens des innovations que le Congrès aura à décider. Innover, non pas dans le repli ou dans une fuite en avant, faute de repères. Mais tout au contraire innover pour être à l'initiative politique, et ne pas manquer les rendez-vous que se donne, la plupart du temps sans prévenir, le mouvement populaire pour mettre en cause et bouleverser l'ordre ancien.
En effet, si ce qui fait le fil rouge des textes en discussion, c'est la capacité des individus, des être humains à intervenir, jusqu'au plan politique, face à un capitalisme destructeur d'humanité, alors comment ne nous sentirions-nous pas totalement partie prenante de la montée en puissance de ce mouvement de mise en question et de contestation du capitalisme, et dont les manifestations arrivent à prendre de court ceux qui se considèrent comme les "Maîtres du monde"?
Etre communiste, dans ce contexte et dans ces conditions, c'est avoir la volonté et être en capacité de contribuer à une dynamique de ces aspirations, et de ces forces progressistes.
Cela renvoie, bien sûr, au Parti communiste lui-même, à son projet, à sa vision de la transformation sociale, à sa conception de la politique et des moyens qu'il se donne de la faire vivre, non pas dans l'abstrait, à partir d'idées préconçues, mais à partir d'une analyse objective du moment dans lequel nous avons à agir, des bouleversements de la société et du monde, de la réalité du mouvement populaire.
On a depuis des décennies beaucoup dit et écrit à propos des bouleversements des connaissances, des sciences, des technologies. A juste titre. Mais, à force de bouleversements, ne sommes-nous pas arrivés à un moment historique où un pas qualitatif s'opère, avec la naissance de nouveaux moyens de production, d'échange, de nouveaux modes de vie qui se mettent en place? Et à une vitesse impressionnante.
Ainsi avec la révolution informationnelle, les conditions dans lesquelles s'effectuent le travail des hommes et la production des richesses prennent des caractères absolument nouveaux. De même, les façons de vivre en société se modifient en profondeur, brouillent les repères les plus solidement installés ; font grandir des inquiétudes mais aussi des aspirations inédites à l'échelle de toute la société et des pratiques sociales tout aussi inédites. Les "bouleversements" dont nous parlons - comprenons-le bien - ne sont pas seulement d'ordre matériel, mais aussi culturel, civilisationnel, éthique, spirituel
Il ne peut donc s'agir, pour nous, d'aborder ces bouleversements en procédant à de simples "ajustements" de notre discours et de nos pratiques. Nous avons l'impérieuse obligation d'inventer des réponses pour un monde nouveau. Des réponses nécessairement nouvelles.
Des réponses communistes nouvelles
Aujourd'hui, le capitalisme s'emploie - et avec quels moyens! - à réorganiser le monde en profondeur. La mondialisation capitaliste, ultra libérale, n'est pas la conséquence inéluctable des bouleversements que je viens d'évoquer. Elle est le produit de décisions, de choix. De choix politiques, qui soumettent tout à l'objectif de la priorité absolue aux marchés financiers.
Le "triomphe" historique du capitalisme devient ainsi synonyme de renforcement des inégalités, de régressions sociales et de civilisation, de saccage de l'environnement. Dans le même temps, avec la concentration des pouvoirs aux mains de quelques-uns, avec des institutions coupées des peuples, la démocratie est privée de substance ; la possibilité même de choix politiques et sociaux différents est contestée.
Le début du texte sur le projet communiste (le texte 4) synthétise, je crois, avec beaucoup d'efficacité la contradiction majeure de la période. Il rend bien compte, je trouve, de la manière dont le capitalisme dans ses adaptations actives aux évolutions contemporaines non seulement aggrave les injustices et les inégalités, mais en arrive à nier le développement humain. Parce que la révolution informationnelle appelle des individus formés, informés, elle rend possible, et indispensable, une société de partage, une explosion des coopérations, et des relations sans précédent à l'échelle planétaire. Les logiques du capitalisme en sont heurtées. De nouveaux leviers s'offrent pour conquérir de nouveaux pouvoirs pour les hommes et pour les peuples. Des opportunités se créent pour un nouvel internationalisme.
D'autant que la contestation du libéralisme tend à prendre la forme d'une contestation plus radicale encore: celle du capitalisme.
L'ampleur des manifestations qui ont entouré le récent sommet de l'OMC à Seattle en a témoigné. Elle exprime la profondeur des aspirations, même diffuses, à une autre organisation de la vie en société, où l'homme, ses attentes, ses besoins, occuperaient une place centrale. Elle révèle la force prise par l'exigence d'être reconnu comme acteur de sa vie, comme individu et comme citoyen.
La question du dépassement du capitalisme se trouve donc posée, non pas en restreignant, en enfermant, la capacité d'intervention des individus, - leur capacité d'intervention sociale et politique - mais en la déployant à une toute autre échelle. La question n'est donc pas pour nous, de "moins de révolution", mais au contraire de l'affirmation de la nécessité d'une transformation radicale avec une approche révolutionnaire réellement inédite, parce que les circonstances elles-mêmes sont inédites, en terme d'enjeu, comme en terme de possibilités. Il s'agit donc de tourner la page historique du capitalisme en partant de sa réalité, de ce qu'il a bouleversé lui-même, pour aller au-delà, vers une société différente. Et cela, en déployant la capacité des femmes et des hommes à en décider eux-mêmes.
C'est dans ce contexte que nous réfléchissons à la place et au rôle du Parti communiste dans la société française, à sa conception de l'action pour la transformation sociale, à sa pratique de la politique, à son mode d'organisation.
Et nous savons bien que sur toutes ces questions, pèsent encore lourdement le poids de notre héritage. Il nous faut par conséquent, continuer sans faiblesse à tirer tous les enseignements du passé. Le passé des échecs et des drames des expériences se réclamant du communisme. Et le passé du Parti communiste français lui-même, de la façon dont il a été marqué par le stalinisme, dans sa vision du monde comme dans sa pratique politique et son mode d'organisation. C'est une dimension essentielle de ce que, avec ce Congrès nous nous attachons à proposer: une approche communiste renouvelée, moderne, prenant en compte de façon offensive tout ce qui s'est transformé, parfois de façon spectaculaire, dans la société et dans le monde.
Et notre projet communiste? Nous récusons une vision du changement de société par " bonds qualitatifs ", à partir d'un projet préétabli. Nous faisons le choix de privilégier le mouvement, l'approche des problèmes et des solutions qu'il faut leur apporter dans une construction politique qui se vivifie en permanence de l'intervention du mouvement populaire.
Comment articuler stratégie politique et visée communiste? Cette question est au cur du projet, et des discussions. Un projet de société coupé d'une stratégie politique serait inopérant. Une stratégie politique coupée d'une vision alternative forte serait vite réduite à un pragmatisme sans perspective. La question nous est posée par la vie elle-même. Est-il, oui ou non, possible de participer à une majorité, jusqu'au gouvernement d'un pays comme la France, en position minoritaire, et d'agir efficacement pour des changements radicaux, dans une perspective de dépassement du capitalisme? Ce débat ne se réduit pas, on le sait bien, à la question de la participation - ou non - au gouvernement. Il nous renvoie à la capacité d'innover, là aussi, dans des dynamiques à impulser ; des liens nouveaux à favoriser entre politique et mouvement populaire. La manifestation du 16 octobre, et ses suites, sont à cet égard riches de beaucoup d'enseignements, par ce qu'elles ont fait bouger, et par ce qu'elles ont soulevé comme questions sur ces rapports nouveaux à inventer. Et aussi parce qu'elles ont posé avec force, avec la question de notre capacité à déployer l'activité du parti communiste au service de cette démarche inédite, celle - devenue cruciale - de l'émergence d'un nouveau parti communiste.
N'est-ce pas, au fond, la résultante logique de l'approfondissement de la réflexion sur le projet communiste, des évolutions de la société française, des réponses à apporter à la crise de la politique, des conditions nouvelles dans lesquelles il faut et on peut envisager le dépassement du capitalisme? En ce sens le choix que nous avons fait n'est pas un choix arbitraire. C'est un aboutissement.
Depuis des années, les communistes ont beaucoup débattu, beaucoup réfléchi, beaucoup travaillé. Les idées qui aujourd'hui se trouvent au cur du débat sont aussi le résultat d'un mûrissement né de confrontations d'idées, de l'expérience. En quelque sorte la construction d'un nouveau parti communiste, avec tout ce que cela implique dans la transformation de nos structures et de nos comportements, est l'aboutissement d'une mutation portée, élaborée au fil des ans et des luttes politiques, par les communistes eux-mêmes.
C'est bien à partir de leurs exigences de transparence, de démocratie directe, de transversalité, de parité, de rotation des responsabilités, de collégialité, d'un meilleur ancrage des directions dans la vie sociale, que nous sommes amenés à soumettre aux communistes un certain nombre de propositions. Ce sont les communistes qui posent, et avec quelle insistance, la question d'une élaboration collective, du besoin d'être partie prenante des décisions en amont.
Un fonctionnement profondément différent, une autre relation de l'adhérent au processus de décision, n'est-ce pas ce qui se met déjà en uvre dans la préparation du Congrès?
Le débat engagé dans le parti depuis six mois le montre clairement. C'est bien une très ample discussion qui a déjà été menée. Avec une double caractéristique.
D'une part, les adhérentes et les adhérents tiennent à s'exprimer. Ils manifestent leur volonté d'être entendus. Leurs contributions - individuelles ou collectives, issues des instances habituelles du parti ou des réunions organisées pour la circonstance - révèlent la diversité de leurs questionnements, la profondeur de leurs attentes, la hauteur de leurs ambitions pour leur parti.
Je voudrais insister à ce propos sur le rôle majeur joué par les directions fédérales, et tout particulièrement par les secrétaires des fédérations dans l'animation de ce débat, et dans l'organisation du vote par lequel il s'est conclu. Vos initiatives et celles des collectifs dont vous avez la responsabilité permettent de sortir des sentiers battus, pour préparer le Congrès dans des formes et avec des moyens jamais envisagés jusqu'à présent. Cela demande beaucoup d'énergie, d'efforts, de ténacité, de créativité. Ce que vous avez su réaliser dans la première phase, et alors qu'il y avait à réussir la fête de l'Humanité, puis la manifestation du 16 octobre, est remarquable. Si j'y insiste, c'est d'abord parce que ce n'était pas acquis d'avance, vous le savez.
C'est aussi, vous l'aurez compris, parce qu'il nous faut à présent poursuivre l'effort et l'amplifier.
Que signifie en effet comme effort politique, de débat, et d'organisation dans cette nouvelle phase d'élaboration l'affirmation du choix de la souveraineté totale des adhérentes et des adhérents du parti? Nous allons beaucoup en débattre aujourd'hui, j'en suis sûr.
Je voudrais pour ma part ouvrir des pistes et avancer des propositions, à partir de la réflexion des collectifs de travail mis en place par le Comité national.
Le choix de la souveraineté totale des adhérents et des adhérentes
Quelles sont les conditions à réunir pour réussir la seconde phase, qui doit s'achever dans moins d'un mois?
D'abord il nous faut tout mettre en uvre pour solliciter le maximum d'adhérentes et d'adhérents.
Associer toutes les adhérentes, tous les adhérents à l'élaboration des orientations de leur parti implique qu'on leur remette tous les documents dont ils ont besoin pour y participer.
Il faut qu'ils disposent des textes actuellement en débat. Beaucoup -mais pas tous certainement- les ont reçus par le fichier de Transparence. Profitons, de toutes façons, des rencontres des prochains jours pour le vérifier, et les leur remettre le cas échéant. Créons partout les conditions pour que les communistes en discutent entre eux. Dans le cadre des réunions de cellules partout où c'est possible, et dans toutes les occasions permettant de favoriser l'échange: par groupes de cellules à l'échelle d'un quartier, par assemblées générales, par groupes de travail thématiques
Face à une telle exigence, la remise de la carte 2000 prend une signification exceptionnelle. Il existe en effet un rapport étroit entre la démarche que nous avons adoptée pour la préparation de notre Congrès, la connaissance de ses enjeux et de ses objectifs et la remise de la carte ou plutôt la possession par chaque adhérente et adhérent de la carte 2000. Moins que jamais ce peut être considéré comme un enjeu administratif ou comptable. Nous aurons sans doute l'occasion d'y revenir dans le débat sur notre conception du parti nouveau. Je veux juste souligner que notre démarche visant au déploiement de l'intervention citoyenne n'appelle pas moins d'adhérents au Parti communiste, mais plus d'adhérents, beaucoup plus d'adhérents. Des adhérents nombreux construisant leur parti, maître d'uvre de sa politique, de ses initiatives ; des adhérents qui se sentent utiles et efficaces parce que partie prenante d'une grande force politique nationale. Une telle démarche doit conduire à une remise de la carte très rapide dès ce mois de janvier.
Amplifier le processus démocratique de préparation du Congrès, en faisant de chaque communiste un co-élaborateur et un co-décideur de la politique de notre parti, appelle de transformer nos modes de contact avec les adhérentes et les adhérents de telle sorte que tous les membres du parti puissent être en possession de leur carte pour participer aux votes d'ici les conférences fédérales. Nous pouvons ainsi accroître de façon très significative le nombre des adhérentes et des adhérents qui vont donner leur avis et participer aux votes.
D'autre part, une condition décisive pour avoir le débat le plus riche possible est d'assurer à toutes celles et tous ceux qui vont y participer un égal accès aux enjeux en discussion, aux opinions émises, aux propositions avancées. Nous touchons là à la très importante question de la circulation de l'information.
Elle est d'autant plus importante qu'en ce tout début d'année, et alors que les fêtes de fin d'année - c'est normal - et les conséquences des tempêtes et de la marée noire sur la France - ce n'était pas prévu - ont eu des incidences très sensibles sur l'activité des militants et responsables communistes, 130 initiatives départementales sont déjà programmées par une quarantaine de fédérations, ainsi que 250 réunions diverses à l'échelle des sections. Et sans doute, aujourd'hui même, beaucoup d'entre vous auront l'occasion de préciser où ils en sont dans l'élaboration des plans de travail.
J'ajoute que les sept groupes chargés d'animer le débat sur les textes ont également travaillé pendant cette période, et pris un certain nombre de décisions qu'ils vont concrétiser dès les prochains jours. Il s'agit donc de permettre à tous les communistes qui le veulent de prendre connaissance des termes du débat engagé.
Je propose que dans chaque fédération, l'ensemble des contributions reçues au Comité national soient à disposition de toutes celles et tous ceux qui souhaitent les consulter, comme nous l'avions fait pour notre précédent congrès.
Et je fais également deux autres propositions issues des travaux du collectif d'animation désigné par le Comité national. D'abord celle de créer un "info-congrès", sur le modèle "d'info-fédé", que vous connaissez. Chaque semaine, sous une forme simple, claire, il permettrait de faire le point sur les initiatives prises et sur les idées en débat. Chaque fédération pourrait ensuite faire de cet "info-congrès" un usage plus large, en direction du plus grand nombre possible de communistes.
Ensuite, nous croyons qu'il est temps d'ouvrir dans "l'Humanité" la "tribune de discussion" prévue par nos statuts - et d'une façon générale d'inscrire notre démarche dans un respect scrupuleux, politique et juridique, à tous les niveaux de nos statuts. Cette tribune pourrait débuter dès mercredi prochain, le 12 janvier. C'est un moyen pour nous de faire vivre, de restituer au mieux les points de vue contradictoires qui s'expriment sur un certain nombre de questions.
Il s'agit donc, partout, de créer les moyens du vaste débat que nous souhaitons, et de les faire connaître très largement. A tous les échelons - cellules ou groupes de cellules, sections, fédérations - et sous toutes les formes - réunions thématiques, auditions - ce sont de véritables " ateliers " que nous voulons ouvrir. Avec l'objectif de contribuer à ce que les échanges y soient le plus riche, le plus utile possible. Afin qu'ils permettent, par exemple, d'associer communistes impliqués dans la vie militante, et adhérents depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, qui n'y ont pas réellement trouvé leur place ; adhérents qui rejoignent le parti dans cette période ; personnes qui acceptent de contribuer à ce travail. Afin, également, de mener concrètement ce travail en commun, sur toutes les questions posées à notre parti, de veiller à sa poursuite et à l'information sur son contenu.
Dans ce cadre, je veux évoquer l'importante question qui nous est posée d'associer celles et ceux - ils sont des milliers - qui envisagent en ce moment de participer au processus que nous avons engagé parce qu'ils y voient intérêt et nouveauté.
Des milliers qui sont déjà au cur de ce que nous avons appelé la force communiste, qui ont été membres du parti et s'en sont éloignés, où en ont été écartés, et dont beaucoup se posent la question de leur place dans un nouveau parti communiste. Des milliers qui agissent dans le mouvement social et cherchent à donner à leur engagement un prolongement politique qu'ils veulent voir correspondre aux formidables attentes qu'évoque pour eux le mot même de "communisme".
Nous ne voulons pas décevoir leurs attentes. Nous ne voulons pas différer la mise en uvre de rapports constructifs avec eux, voire leur accueil au sein du Parti communiste, en les renvoyant à l'après Congrès.
C'est maintenant qu'il nous faut leur proposer les moyens de s'investir immédiatement, utilement dans les débats des semaines à venir, jusqu'au Congrès lui-même. Et pour celles et ceux qui le souhaitent, les moyens - en devenant membres du parti communiste - de participer par leur vote aux choix du congrès.
Une des dispositions les plus indicatives de cette démarche est la décision prise, lors de la dernière réunion du Comité national, de mettre en place, aux plans départemental et national, des lieux d'accueil ouverts à toutes celles et tous ceux qui veulent apporter leur contribution à la préparation de notre Congrès.
Certes, la pratique qui consiste à rendre publiques les idées que nous discutons et à demander leur avis, à ce propos, à celles et ceux qui nous entourent n'est pas nouvelle: c'est une tradition ancienne - même si elle a connu des inégalités - de la préparation de nos Congrès. Il en va de même de l'invitation, que nous adressons à celles et ceux qui se sentent concernés par l'activité du Parti, à en devenir membres afin de contribuer à ses choix. En effet, pour participer aux votes sur les décisions à prendre par le Congrès et, éventuellement, pour être élu à une responsabilité au sein de notre parti, c'est bien clair, il faut en être adhérente ou adhérent.
Notre proposition va donc bien au-delà de l'organisation de rencontres publiques portant sur le Congrès ou d'une invitation à prendre sa place au sein du Parti. Elle est d'une tout autre portée. Il s'agit, en lui donnant un prolongement concret, vérifiable par tous nos interlocuteurs, de faire mesurer, de rendre " palpable " notre ambition de construire un projet communiste de notre temps et le parti qui y correspond.
Autour de nous -nous sommes loin de les connaître tous- beaucoup de gens partagent les révoltes, les exigences, les valeurs humanistes, démocratiques, révolutionnaires qui nous tiennent le plus à cur. Chaque communiste, chaque dirigeant fédéral en connaît personnellement plusieurs. Des dizaines, parfois, quand on y réfléchit. Certaines, certains se considèrent comme des communistes, et se disent tels.
D'autres, sans se référer à ce mot, sont disponibles pour l'action commune avec nous ou, en tout cas, nous regardent avec sympathie. Il en est qui furent membres du Parti et qui l'ont quitté. D'autres ont eu ou ont d'autres expériences partisanes. D'autres encore - de loin, les plus nombreux, singulièrement les jeunes - sont à l'écart de toute organisation politique.
Leur rapport à l'activité, à l'engagement politiques se formule le plus souvent en termes de préventions, de critiques, de rejets. Mais nous savons bien, pour en avoir fait l'analyse, que cette sévérité de jugement est en fait révélatrice d'aspirations de plus en plus fortes à une conception transformée de la politique, reposant sur une citoyenneté active supposant un autre partage des pouvoirs ; des aspirations, inséparablement, à des pratiques nouvelles permettant de donner plus de force et d'efficacité politiques aux révoltes et aux exigences que j'ai évoquées. Ces femmes, ces hommes sont en recherche, et le Parti communiste est, je dirais, l'une de leurs hypothèses. Mais pour qu'il réponde à leurs aspirations, voire à leur désir d'implication personnelle, elles, ils ont d'abord beaucoup de choses à lui dire. Et nous avons à les écouter, à échanger avec eux.
Cette recherche, elle aussi, rencontre la nôtre, nous qui nous posons la question - ce sont les communistes qui, au congrès, décideront de la réponse - de construire un nouveau Parti communiste, dont le projet, les pratiques, la conception de ses structures, le niveau de ses forces organisées et de son influence électorale soient en phase avec notre ambition de transformer la société dans les conditions de notre temps.
Ce que nous proposons, c'est de mener ensemble cette recherche. Parce que ses résultats concerneront bine sûr au premier chef les adhérentes et adhérents actuels du Parti communiste, mais aussi toutes celles et tous ceux qui attendent de lui. Nous avons besoin d'une élaboration la plus large, la plus collective possible, intégrant l'apport critique et constructif des uns et des autres. Nous ne faisons donc pas de l'adhésion au Parti tel qu'il est la condition pour participer à la réflexion sur ce qu'il doit devenir. En même temps, nous jouons cartes sur tables puisque, je le répète, pour participer aux votes sur les décisions ou pour être élu, il faudra, au moment où ces choix se feront, être membre du Parti communiste.
Certains de celles et ceux qui veulent participer avec nous à la préparation du congrès trouveront naturellement leur place dans les structures existantes ou à créer, dont nous voulons faire autant de ces ateliers dont j'ai précédemment parlé Pour d'autres, il faudra créer ces lieux, avec eux, au niveau des fédérations, des sections C'est aux organisations du parti qu'il reviendra d'en décider.
Cela dit -c'est la condition de la réussite de cette initiative-, il nous faut l'annoncer publiquement, la mettre en valeur en essayant de lui faire connaître le plus large retentissement possible.
Un appel a été élaboré et adopté hier par le collectif d'animation de la discussion sur les sept questions posées au Congrès a adopté hier. Il vous a, je crois, été remis. Je propose qu'il soit rendu public dès demain. Il s'agit, au moment où le Parti communiste se remet profondément en cause pour devenir davantage et mieux communiste, de poser la question de son avenir à toutes celles et à tous ceux qui accepteront, librement, de contribuer à y répondre et d'en débattre dans des lieux ouverts. Quel autre parti politique accepterait de prendre ce risque démocratique?
Cet appel figurera naturellement sur le site Internet du Parti, d'où il sera possible d'y répondre, et il fera l'objet d'un support écrit de communication, qui sera livré aux fédérations à la fin de la semaine prochaine. Ce " 4-pages " comprendra notamment, outre un emplacement pour faire connaître son opinion, la liste des adresses et numéros de téléphone de chaque fédération, afin de pouvoir prendre contact.
L'efficacité de notre initiative va donc dépendre des dispositions de diffusion rapide de ce matériel, qui doivent être prises dès maintenant.
Sans doute va-t-il être utile, dans le même temps, c'est-à-dire dans les tout prochains jours, d'adresser par ailleurs cet appel aux personnes que vous penserez intéressées par cette proposition.
Tout cela, chacun de nous en est conscient, va demander beaucoup de minutie, de suivi, d'ambition. Cet effort est indispensable. C'est de lui que dépend pour une part ce que va être, pour le Parti, pour celles et ceux que nous considérons comme constituant la " force communiste ", la signification du Congrès. Au fond, nous anticipons, dans le cadre de la préparation de celui-ci, sur ce qui devrait devenir la règle de vie de notre parti: la préoccupation permanente d'offrir des modes de réflexion et d'action en commun, permettant d'associer toutes les bonnes volontés pour donner sa pleine vitalité au projet communiste.
Ce que nous cherchons à faire c'est, permettez-moi de citer ce que j'en disais le 23 novembre devant le Comité national, à inventer " des pratiques et des formes nouvelles, au fur et à mesure de la préparation du Congrès, avec l'objectif d'assurer à chaque homme et chaque femme communiste le pouvoir réel d'élaborer et de décider en toutes choses " et j'ajoutais: " c'est bien ici et maintenant que nous commençons à fonder le Parti communiste que les adhérents du Parti communiste français ont décidé de mettre à l'ordre du jour de leur 30ème Congrès ".
Jusqu'au Comité national des 2 et 3 février, il va falloir, par conséquent, beaucoup travailler. La Commission nationale va s'y employer. Pour plus d'efficacité, elle a désigné en son sein un collectif restreint qui se réunira autant que de besoin afin de faire circuler avec célérité et de façon utilisable la teneur du débat, son évolution, qui émane de l'ensemble des contributions parvenues au siège du Comité national.
Dans ce foisonnement, L'Humanité a une place à prendre et un rôle très important à jouer. Par son canal, ce sont chaque jour des dizaines de milliers de gens, communistes ou non, qui peuvent suivre l'évolution du débat. Au-delà de la traditionnelle " tribune de discussion ", organisée conformément à nos statuts, c'est dans des formes complètement renouvelées que la direction du journal doit contribuer à l'animation de la discussion, à l'enrichissement de son contenu. Les ambitions du 30° Congrès, la nature de la démarche, les questions en débat, la confrontation des idées, tout cela va à la rencontre des ambitions propres du journal. Il est certain que de la qualité de ce que livrera l'Humanité à ses lecteurs, dépendra pour beaucoup la qualité de la phase dans laquelle nous sommes engagés.
Je voudrais revenir, pour y insister, sur le rôle capital des directions fédérales, y compris en entrant dans le détail du calendrier, ce qui peut être un peu fastidieux, vous m'en excuserez. Mais je pense que cela sera assurément utile. Il s'agit de garantir aux communistes, à tous les communistes, l'accès à tous les éléments de la discussion afin qu'ils puissent, le moment venu, disposer véritablement de tous les moyens leur permettant de se prononcer, et d'exprimer souverainement leurs choix par leur vote.
Permettez-moi, à ce propos, une courte parenthèse. Des camarades évoquent parfois la " complexité " du processus que nous avons engagé ; et, dès lors, le manque de temps pour le conduire à son terme dans de bonnes conditions.
Sur ce dernier point je veux rappeler que nous avons débuté la préparation du congrès.. à la fin du mois de juin dernier. Quand il se réunira, fin mars, il aura donc été précédé de 9 mois d'un intense travail de réflexion et d'élaboration démocratique.
C'est déjà beaucoup. Ce n'est pas trop cependant, car c'est la première fois que nous procédons ainsi, c'est-à-dire avec la préoccupation de mettre les communistes, à tous moments, en situation d'être véritablement les décideurs des choix de leur parti. Et c'est précisément parce que cette démarche est inédite, sans précédent, qu'elle nous oblige à inventer en marchant. D'où, sans doute, cette " complexité " parfois évoquée. En même temps, ne sous-estimons pas ce que nous avons déjà fait tous ensemble - notamment dans la première phase - et ce qui est déjà engagé dans celle où nous sommes à présent. Ce processus est certes nouveau, à bien des égards très exigeant: mais j'ai la conviction qu'il répond aux attentes des communistes et que nous avons la capacité de le mener avec succès jusqu'au 30ème congrès. Le Comité national se réunira donc les 2 et 3 février. Il lui faudra les moyens de restituer aussi fidèlement, aussi complètement et aussi clairement que possible la diversité des débats, des points de vue exprimés depuis le début de la discussion sur les sept textes. Tout cela suppose de veiller soigneusement à la réalisation systématique de comptes rendus des discussions, à leur centralisation au niveau de chaque fédération et à leur mise à disposition de tous les adhérents.
L'ensemble de ces débats, auxquels s'ajouteront des contributions individuelles et collectives directement adressées aux sections et aux fédérations, fera l'objet de procès verbaux, que chaque fédération fera parvenir au Comité national pour préparer le Comité national des 2 et 3 février. Il faudra donc faire parvenir tous les éléments au Comité national à partir du 25 janvier.
Ce relevé national des discussions qu'établira le Comité national, ainsi que les choix d'orientation clairs qu'il proposera à partir des réflexions des communistes, seront à nouveau soumis à leur vote de telle sorte qu'ils puissent les valider. Cela exige de se donner le temps nécessaire pour organiser les bureaux de vote en nombre suffisant et le scrutin lui-même.
Le Comité national aura à proposer des choix clairs sur ce que les communistes souhaitent décider concrètement lors du 30ème Congrès. Cela implique de proposer un bulletin de vote très lisible, sachant aller à l'essentiel et offrant la possibilité -comme ce fût le cas pour la première phase- d'exprimer des remarques, des observations, des propositions.
Dès après la réunion des 2 et 3 février, il faudra donc organiser les opérations de vote. On se souvient que 60.000 communistes ont participé à celui sur l'ordre du jour. Nous avons l'ambition de faire mieux cette fois, à la lumière de l'expérience.
Nous n'avons pas voulu fixer des dates pour les toutes prochaines échéances qui nous attendent. C'est ensemble que nous en déciderons, aujourd'hui. Pour ma part je pense qu'il faut sans doute, pour réussir dans ce que nous entreprenons, nous donner un délai d'une dizaine de jours après le Comité national des 2 et 3 février afin d'organiser le vote des communistes dans de bonnes conditions. Mais, encore une fois, vous donnerez votre opinion. Depuis juin, je l'ai dit, nous innovons ensemble en permanence.
Après ce vote, nous entrerons dans la troisième phase qui s'achèvera par le Congrès.
Le Comité national se réunira à nouveau pour prendre acte des résultats du vote et pour établir, sur cette base, le document qui servira aux débats, au travail d'amendement et aux votes finaux dans les assemblées de cellules, conférences de section, conférences fédérales et au Congrès lui-même.
Si nous réussissons tout cela, alors le Congrès sera bien l'aboutissement des décisions souveraines des adhérentes et des adhérents du parti. Qu'il en soit ainsi dépend de nous, de la direction nationale et des directions fédérales.
Nous parlons de transfert du pouvoir vers les adhérents. Dès cette préparation, nous passons aux actes.
Ai-je besoin de préciser que cela ne signifie pas pour autant que nous nous en remettrions désormais aux vertus de la " spontanéité ". Cela demande, nous le savons d'expérience, beaucoup de ténacité, d'audace, de minutie. Ainsi les directions ne sont pas appelées à se faire discrètes ou, plus encore, à s'effacer dans le processus en cours. Elles ont, au contraire, des responsabilités nouvelles, revalorisées, à assumer.
Chères et chers camarades, Nous voilà engagés dans la dernière ligne droite qui mène au Congrès. Un 30ème Congrès exceptionnel. Il s'agit de le préparer, avec des méthodes elles-mêmes exceptionnelles. Votre rôle personnel sera déterminant. Je souhaite que la réunion d'aujourd'hui permette un échange exigeant et le plus large possible, afin que chacun en reparte mieux assuré sur ce qu'il va devoir faire.
Nous voulons pour cela vous écouter. Une dynamique est enclenchée. Son amplification et son accélération se jouent sur le terrain. Personne ne sait mieux que vous ce que signifie un tel défi.
Nul doute que la discussion va confirmer que nous avons non seulement la volonté, mais aussi les capacités et la richesse militante indispensables pour le relever.
(Source http://www.pcf.fr, le 17 janvier 2001)
Tout d'abord je tiens à présenter à chacune et à chacun mes vux très sincères, et les plus chaleureux, de bonheur, de santé, de réussite pour vous, pour vos proches, et à travers vous, pour tous les communistes, en cette année 2000. Une année à bien des égards exceptionnelle.
Et de ce point de vue comment ne pas parler, d'emblée, des quinze derniers jours que nous venons de vivre. Des jours terribles qui ont marqué les Françaises et les Français au plus profond d'eux-mêmes. La double tempête et la marée noire constituent un véritable traumatisme: au plan matériel, avec tous les dégâts que l'on sait, comme au plan psychologique.
Dans le même temps, ces événements dramatiques ont été l'occasion d'un extraordinaire élan de solidarité qui s'est manifesté sous les formes les plus diverses. Je pense notamment aux salariés du service public, aux agents des collectivités locales qui se sont dépensés sans compter et auxquels il faut rendre hommage.
Plusieurs d'entre vous m'ont appelé pour me faire part de ce qu'ils ont vécu pendant cette période. Leur témoignage à propos de la présence des communistes sur le terrain confirme bien à quel point les militants et les élus de notre parti ont manifesté d'un grand sens de la solidarité nationale et de l'Etat.
Alors que les dégâts étaient considérables, et que le désarroi, la détresse de millions de Français devant la soudaineté et l'ampleur de la situation étaient immenses, ils ont été présents à leurs côtés et ont joué tout leur rôle pour faire face à la situation. Si cela a été possible, c'est qu'ils ont su ressentir en profondeur ce que les gens éprouvaient de révolte, de besoin d'agir, d'être utiles tout de suite.
C'est avec beaucoup de fierté que nous voyons ce qu'a été l'action des ministres communistes dans cette période. Leur présence sur le terrain, les initiatives qu'ils ont su prendre sont, comment ne pas le voir, un témoignage de leur expérience, de leur sens de l'action au service de la population de notre pays, des liens étroits qu'ils entretiennent en permanence avec elle.
Le naufrage de l'Erika et l'épreuve endurée par des millions de Françaises et de Français soulignent en outre le caractère insupportable des décisions qui ne visent qu'à satisfaire les appétits marchands et financiers, et qui font un dogme de la casse de l'emploi public et du rétrécissement des missions et des moyens du service public.
Des millions de nos concitoyens en ressentent aujourd'hui de la colère. Ils s'interrogent. Et, dans les esprits, ce capitalisme saccageur, socialement, écologiquement et humainement irresponsable se retrouve de plus en plus souvent aux banc des accusés.
Comme jamais, se pose désormais la question de transformations profondes du système actuel, pour que la société et le monde ne s'enfoncent pas dans l'inhumanité.
Ce refus de la résignation fonde toute la démarche de notre congrès, avec lequel nous voulons créer les conditions pour que des millions de Françaises et de Français trouvent le chemin de solutions et de pratiques nouvelles afin de construire une société meilleure, plus juste et plus humaine.
Je voulais, avant d'aborder le sujet qui nous réunit aujourd'hui, dire ces quelques mots tant j'ai la conviction que ce qui vient de se passer est important. Et la conviction, aussi, que ces événements ne sont pas sans rapport avec nos préoccupations.
Depuis le Comité national des 22 et 23 novembre, nous sommes engagés dans la seconde phase de préparation du 30ème congrès. Elle nous conduira jusqu'aux 2 et 3 février, dates auxquelles le Comité national en tirera le bilan, qu'il soumettra ensuite au vote des communistes.
Avec cette nouvelle phase, il s'agit de franchir une étape dont la réussite conditionne le succès du Congrès lui-même. C'est dire combien la réunion d'aujourd'hui est importante. Elle est capitale, même avec pour enjeu un possible pas décisif dans la réalisation de nos ambitions pour un parti communiste moderne, dynamique et novateur. C'est de l'ampleur du déploiement du débat, de sa richesse, de son ouverture effective vers la société, dans tout le pays, dans les jours et les semaines qui viennent, que dépendra le succès.
De la fin juin à la fin octobre, les communistes ont, dans une première phase, élaboré les questions dont ils souhaitaient débattre, l'ordre du jour du 30° Congrès. Il a été fixé par leur vote. Répétons-le: c'est une démarche totalement inédite. Pour notre parti. Mais, plus généralement, dans la vie politique française. En ce sens c'est un événement politique en soi. Il est déjà perçu comme tel par ceux qui regardent avec intérêt les évolutions du Parti communiste français.
Il nous faut beaucoup insister sur le caractère novateur de ce Congrès.
Et le faire savoir au fur et à mesure que sa préparation se déploie.
Beaucoup est fait déjà dans les départements, comme au plan national. Cependant j'insiste aujourd'hui sur l'importance qui s'attache à la popularisation de notre volonté que chaque adhérent soit partie prenante de tout le processus de préparation, et des moyens mis en uvre, avec notamment les votes permettant à chaque membre du parti de faire valoir son opinion, ses analyses, ses choix.
Nous voulons que le processus de préparation de ce Congrès soit maîtrisé de bout en bout par les adhérents. Il nous faudra sans doute encore beaucoup nous expliquer sur le pourquoi d'une telle démarche.
Elle est au cur d'une réflexion et d'avancées concrètes innovantes ayant pour objectif une autre pratique de la démocratie, de la vie et de la conception même d'un parti politique, et d'une autre façon de faire de la politique.
Des choix vitaux
Pour nous, en effet, c'est bien à partir de l'investissement de chaque individu, à partir de sa propre exigence de changement, que peuvent se construire, et les réponses aux attentes de libération humaine, et les rapports de forces qui permettent d'y répondre. Et d'autre part, les communistes sont appelés, avec ce congrès, à faire des choix vitaux pour leur parti. Vitaux parce qu'ils touchent au projet et à la stratégie politique, à l'organisation même du parti, à ses structures.
Nous affirmons l'ambition que sorte du 30ème Congrès un nouveau Parti communiste. C'est ce que les adhérentes et adhérents du parti ont par leur vote décidé de mettre à l'ordre du jour du congrès.
Oui, les choix que nous avons à effectuer en mars prochain à Martigues sont de même portée que ceux accomplis lors de la fondation du parti en 1920. Ils touchent à l'existence, à l'avenir et à la nature du parti communiste français dans la société française et dans le monde d'aujourd'hui.
Le calendrier, qui en l'occurrence fait bien les choses, fait que ce Congrès se tient au tout début de l'an 2000. Le symbole d'avenir dont est porteuse une telle date nous convient. Il est en résonance avec notre projet: moderne, et résolument tourné vers l'avenir. Cependant, les raisons qui fondent notre détermination à ouvrir une nouvelle page du communisme français n'ont rien à voir avec les hasards d'une conjoncture, aussi symbolique soit-elle.
Elles tiennent, bien plus fondamentalement, à des exigences nouvelles ; à notre volonté de prendre en compte les bouleversements de la société et du monde dans toutes leurs dimensions, pour y apporter des réponses communistes modernes, convaincantes, mobilisatrices, en terme de choix de société et de stratégie politique.
Chacun d'entre vous donnera son appréciation sur ce moment de la préparation du Congrès, sur ce qui mûrit, se cristallise, sur ce qui est déjà bien engagé. Ce sur quoi, aussi, il faut mettre l'accent dans les jours qui viennent. Pour ma part, j'ai le sentiment qu'un des enjeux de cette phase de l'élaboration du Congrès, pour donner toute sa dimension à notre ambition, et la faire partager comme telle, c'est de bien s'expliquer sur le pourquoi d'un tel Congrès pour une nouveau parti communiste. Et pourquoi maintenant?
Le 30° Congrès dans l'époque
Un tel effort d'argumentation et de réflexion est d'autant plus nécessaire qu'il ne manque pas de "bons esprits" pour souligner l'anachronisme que constituerait désormais l'existence d'un parti communiste dans le paysage politique français. Il ne serait plus qu'un "vestige" identifié à une époque révolue, à une parenthèse historique, ouverte en octobre 1917 et close il y a dix ans avec l'effondrement du mur de Berlin, présenté comme le symbole du triomphe définitif du capitalisme.
Les présupposés idéologiques de cette vision du monde et de l'histoire -ou plutôt de "la fin de l'histoire"-, et leurs implications, sont assez clairs. Comment pourraient-ils ne pas être sans effet? Nous le savons d'autant mieux que nous-même nous nous interrogeons sur notre histoire, et sur le sens de l'engagement communiste ces dernières décennies. C'est d'ailleurs ce qu'ont souhaité les communistes en inscrivant cette question parmi celles dont ils veulent discuter.
Et puis, il est un autre élément -et non le moindre- du contexte dans lequel nous préparons le Congrès et qui questionne sur le sens du projet communiste, sur sa pertinence, et sur la conception de l'action politique du parti communiste. La France est gouvernée depuis deux ans et demi par une majorité et un gouvernement de gauche, auxquels participent les communistes. Ce gouvernement est dirigé, et à bien des égards dominé, par un Parti socialiste qui limite son ambition à la correction des effets les plus néfastes du capitalisme contemporain. Pour nos partenaires cet accompagnement social est cohérent avec la conviction que le capitalisme est, si ce n'est le meilleur, du moins le seul système possible d'organisation de la société.
Dans ces conditions, quel espace pour une force politique communiste, c'est-à-dire contestant le capitalisme jusqu'à vouloir être un élément moteur pour une société, un monde d'après le capitalisme? Cette force communiste peut-elle peser efficacement sur le cours des choses? Apporter des réponses convaincantes à partir du mouvement qui travaille la société et y crée de possibles rapports de forces nouveaux, c'est tout le sens de ce qui fonde la mutation engagée il y a maintenant plusieurs années.
C'est tout le sens des innovations que le Congrès aura à décider. Innover, non pas dans le repli ou dans une fuite en avant, faute de repères. Mais tout au contraire innover pour être à l'initiative politique, et ne pas manquer les rendez-vous que se donne, la plupart du temps sans prévenir, le mouvement populaire pour mettre en cause et bouleverser l'ordre ancien.
En effet, si ce qui fait le fil rouge des textes en discussion, c'est la capacité des individus, des être humains à intervenir, jusqu'au plan politique, face à un capitalisme destructeur d'humanité, alors comment ne nous sentirions-nous pas totalement partie prenante de la montée en puissance de ce mouvement de mise en question et de contestation du capitalisme, et dont les manifestations arrivent à prendre de court ceux qui se considèrent comme les "Maîtres du monde"?
Etre communiste, dans ce contexte et dans ces conditions, c'est avoir la volonté et être en capacité de contribuer à une dynamique de ces aspirations, et de ces forces progressistes.
Cela renvoie, bien sûr, au Parti communiste lui-même, à son projet, à sa vision de la transformation sociale, à sa conception de la politique et des moyens qu'il se donne de la faire vivre, non pas dans l'abstrait, à partir d'idées préconçues, mais à partir d'une analyse objective du moment dans lequel nous avons à agir, des bouleversements de la société et du monde, de la réalité du mouvement populaire.
On a depuis des décennies beaucoup dit et écrit à propos des bouleversements des connaissances, des sciences, des technologies. A juste titre. Mais, à force de bouleversements, ne sommes-nous pas arrivés à un moment historique où un pas qualitatif s'opère, avec la naissance de nouveaux moyens de production, d'échange, de nouveaux modes de vie qui se mettent en place? Et à une vitesse impressionnante.
Ainsi avec la révolution informationnelle, les conditions dans lesquelles s'effectuent le travail des hommes et la production des richesses prennent des caractères absolument nouveaux. De même, les façons de vivre en société se modifient en profondeur, brouillent les repères les plus solidement installés ; font grandir des inquiétudes mais aussi des aspirations inédites à l'échelle de toute la société et des pratiques sociales tout aussi inédites. Les "bouleversements" dont nous parlons - comprenons-le bien - ne sont pas seulement d'ordre matériel, mais aussi culturel, civilisationnel, éthique, spirituel
Il ne peut donc s'agir, pour nous, d'aborder ces bouleversements en procédant à de simples "ajustements" de notre discours et de nos pratiques. Nous avons l'impérieuse obligation d'inventer des réponses pour un monde nouveau. Des réponses nécessairement nouvelles.
Des réponses communistes nouvelles
Aujourd'hui, le capitalisme s'emploie - et avec quels moyens! - à réorganiser le monde en profondeur. La mondialisation capitaliste, ultra libérale, n'est pas la conséquence inéluctable des bouleversements que je viens d'évoquer. Elle est le produit de décisions, de choix. De choix politiques, qui soumettent tout à l'objectif de la priorité absolue aux marchés financiers.
Le "triomphe" historique du capitalisme devient ainsi synonyme de renforcement des inégalités, de régressions sociales et de civilisation, de saccage de l'environnement. Dans le même temps, avec la concentration des pouvoirs aux mains de quelques-uns, avec des institutions coupées des peuples, la démocratie est privée de substance ; la possibilité même de choix politiques et sociaux différents est contestée.
Le début du texte sur le projet communiste (le texte 4) synthétise, je crois, avec beaucoup d'efficacité la contradiction majeure de la période. Il rend bien compte, je trouve, de la manière dont le capitalisme dans ses adaptations actives aux évolutions contemporaines non seulement aggrave les injustices et les inégalités, mais en arrive à nier le développement humain. Parce que la révolution informationnelle appelle des individus formés, informés, elle rend possible, et indispensable, une société de partage, une explosion des coopérations, et des relations sans précédent à l'échelle planétaire. Les logiques du capitalisme en sont heurtées. De nouveaux leviers s'offrent pour conquérir de nouveaux pouvoirs pour les hommes et pour les peuples. Des opportunités se créent pour un nouvel internationalisme.
D'autant que la contestation du libéralisme tend à prendre la forme d'une contestation plus radicale encore: celle du capitalisme.
L'ampleur des manifestations qui ont entouré le récent sommet de l'OMC à Seattle en a témoigné. Elle exprime la profondeur des aspirations, même diffuses, à une autre organisation de la vie en société, où l'homme, ses attentes, ses besoins, occuperaient une place centrale. Elle révèle la force prise par l'exigence d'être reconnu comme acteur de sa vie, comme individu et comme citoyen.
La question du dépassement du capitalisme se trouve donc posée, non pas en restreignant, en enfermant, la capacité d'intervention des individus, - leur capacité d'intervention sociale et politique - mais en la déployant à une toute autre échelle. La question n'est donc pas pour nous, de "moins de révolution", mais au contraire de l'affirmation de la nécessité d'une transformation radicale avec une approche révolutionnaire réellement inédite, parce que les circonstances elles-mêmes sont inédites, en terme d'enjeu, comme en terme de possibilités. Il s'agit donc de tourner la page historique du capitalisme en partant de sa réalité, de ce qu'il a bouleversé lui-même, pour aller au-delà, vers une société différente. Et cela, en déployant la capacité des femmes et des hommes à en décider eux-mêmes.
C'est dans ce contexte que nous réfléchissons à la place et au rôle du Parti communiste dans la société française, à sa conception de l'action pour la transformation sociale, à sa pratique de la politique, à son mode d'organisation.
Et nous savons bien que sur toutes ces questions, pèsent encore lourdement le poids de notre héritage. Il nous faut par conséquent, continuer sans faiblesse à tirer tous les enseignements du passé. Le passé des échecs et des drames des expériences se réclamant du communisme. Et le passé du Parti communiste français lui-même, de la façon dont il a été marqué par le stalinisme, dans sa vision du monde comme dans sa pratique politique et son mode d'organisation. C'est une dimension essentielle de ce que, avec ce Congrès nous nous attachons à proposer: une approche communiste renouvelée, moderne, prenant en compte de façon offensive tout ce qui s'est transformé, parfois de façon spectaculaire, dans la société et dans le monde.
Et notre projet communiste? Nous récusons une vision du changement de société par " bonds qualitatifs ", à partir d'un projet préétabli. Nous faisons le choix de privilégier le mouvement, l'approche des problèmes et des solutions qu'il faut leur apporter dans une construction politique qui se vivifie en permanence de l'intervention du mouvement populaire.
Comment articuler stratégie politique et visée communiste? Cette question est au cur du projet, et des discussions. Un projet de société coupé d'une stratégie politique serait inopérant. Une stratégie politique coupée d'une vision alternative forte serait vite réduite à un pragmatisme sans perspective. La question nous est posée par la vie elle-même. Est-il, oui ou non, possible de participer à une majorité, jusqu'au gouvernement d'un pays comme la France, en position minoritaire, et d'agir efficacement pour des changements radicaux, dans une perspective de dépassement du capitalisme? Ce débat ne se réduit pas, on le sait bien, à la question de la participation - ou non - au gouvernement. Il nous renvoie à la capacité d'innover, là aussi, dans des dynamiques à impulser ; des liens nouveaux à favoriser entre politique et mouvement populaire. La manifestation du 16 octobre, et ses suites, sont à cet égard riches de beaucoup d'enseignements, par ce qu'elles ont fait bouger, et par ce qu'elles ont soulevé comme questions sur ces rapports nouveaux à inventer. Et aussi parce qu'elles ont posé avec force, avec la question de notre capacité à déployer l'activité du parti communiste au service de cette démarche inédite, celle - devenue cruciale - de l'émergence d'un nouveau parti communiste.
N'est-ce pas, au fond, la résultante logique de l'approfondissement de la réflexion sur le projet communiste, des évolutions de la société française, des réponses à apporter à la crise de la politique, des conditions nouvelles dans lesquelles il faut et on peut envisager le dépassement du capitalisme? En ce sens le choix que nous avons fait n'est pas un choix arbitraire. C'est un aboutissement.
Depuis des années, les communistes ont beaucoup débattu, beaucoup réfléchi, beaucoup travaillé. Les idées qui aujourd'hui se trouvent au cur du débat sont aussi le résultat d'un mûrissement né de confrontations d'idées, de l'expérience. En quelque sorte la construction d'un nouveau parti communiste, avec tout ce que cela implique dans la transformation de nos structures et de nos comportements, est l'aboutissement d'une mutation portée, élaborée au fil des ans et des luttes politiques, par les communistes eux-mêmes.
C'est bien à partir de leurs exigences de transparence, de démocratie directe, de transversalité, de parité, de rotation des responsabilités, de collégialité, d'un meilleur ancrage des directions dans la vie sociale, que nous sommes amenés à soumettre aux communistes un certain nombre de propositions. Ce sont les communistes qui posent, et avec quelle insistance, la question d'une élaboration collective, du besoin d'être partie prenante des décisions en amont.
Un fonctionnement profondément différent, une autre relation de l'adhérent au processus de décision, n'est-ce pas ce qui se met déjà en uvre dans la préparation du Congrès?
Le débat engagé dans le parti depuis six mois le montre clairement. C'est bien une très ample discussion qui a déjà été menée. Avec une double caractéristique.
D'une part, les adhérentes et les adhérents tiennent à s'exprimer. Ils manifestent leur volonté d'être entendus. Leurs contributions - individuelles ou collectives, issues des instances habituelles du parti ou des réunions organisées pour la circonstance - révèlent la diversité de leurs questionnements, la profondeur de leurs attentes, la hauteur de leurs ambitions pour leur parti.
Je voudrais insister à ce propos sur le rôle majeur joué par les directions fédérales, et tout particulièrement par les secrétaires des fédérations dans l'animation de ce débat, et dans l'organisation du vote par lequel il s'est conclu. Vos initiatives et celles des collectifs dont vous avez la responsabilité permettent de sortir des sentiers battus, pour préparer le Congrès dans des formes et avec des moyens jamais envisagés jusqu'à présent. Cela demande beaucoup d'énergie, d'efforts, de ténacité, de créativité. Ce que vous avez su réaliser dans la première phase, et alors qu'il y avait à réussir la fête de l'Humanité, puis la manifestation du 16 octobre, est remarquable. Si j'y insiste, c'est d'abord parce que ce n'était pas acquis d'avance, vous le savez.
C'est aussi, vous l'aurez compris, parce qu'il nous faut à présent poursuivre l'effort et l'amplifier.
Que signifie en effet comme effort politique, de débat, et d'organisation dans cette nouvelle phase d'élaboration l'affirmation du choix de la souveraineté totale des adhérentes et des adhérents du parti? Nous allons beaucoup en débattre aujourd'hui, j'en suis sûr.
Je voudrais pour ma part ouvrir des pistes et avancer des propositions, à partir de la réflexion des collectifs de travail mis en place par le Comité national.
Le choix de la souveraineté totale des adhérents et des adhérentes
Quelles sont les conditions à réunir pour réussir la seconde phase, qui doit s'achever dans moins d'un mois?
D'abord il nous faut tout mettre en uvre pour solliciter le maximum d'adhérentes et d'adhérents.
Associer toutes les adhérentes, tous les adhérents à l'élaboration des orientations de leur parti implique qu'on leur remette tous les documents dont ils ont besoin pour y participer.
Il faut qu'ils disposent des textes actuellement en débat. Beaucoup -mais pas tous certainement- les ont reçus par le fichier de Transparence. Profitons, de toutes façons, des rencontres des prochains jours pour le vérifier, et les leur remettre le cas échéant. Créons partout les conditions pour que les communistes en discutent entre eux. Dans le cadre des réunions de cellules partout où c'est possible, et dans toutes les occasions permettant de favoriser l'échange: par groupes de cellules à l'échelle d'un quartier, par assemblées générales, par groupes de travail thématiques
Face à une telle exigence, la remise de la carte 2000 prend une signification exceptionnelle. Il existe en effet un rapport étroit entre la démarche que nous avons adoptée pour la préparation de notre Congrès, la connaissance de ses enjeux et de ses objectifs et la remise de la carte ou plutôt la possession par chaque adhérente et adhérent de la carte 2000. Moins que jamais ce peut être considéré comme un enjeu administratif ou comptable. Nous aurons sans doute l'occasion d'y revenir dans le débat sur notre conception du parti nouveau. Je veux juste souligner que notre démarche visant au déploiement de l'intervention citoyenne n'appelle pas moins d'adhérents au Parti communiste, mais plus d'adhérents, beaucoup plus d'adhérents. Des adhérents nombreux construisant leur parti, maître d'uvre de sa politique, de ses initiatives ; des adhérents qui se sentent utiles et efficaces parce que partie prenante d'une grande force politique nationale. Une telle démarche doit conduire à une remise de la carte très rapide dès ce mois de janvier.
Amplifier le processus démocratique de préparation du Congrès, en faisant de chaque communiste un co-élaborateur et un co-décideur de la politique de notre parti, appelle de transformer nos modes de contact avec les adhérentes et les adhérents de telle sorte que tous les membres du parti puissent être en possession de leur carte pour participer aux votes d'ici les conférences fédérales. Nous pouvons ainsi accroître de façon très significative le nombre des adhérentes et des adhérents qui vont donner leur avis et participer aux votes.
D'autre part, une condition décisive pour avoir le débat le plus riche possible est d'assurer à toutes celles et tous ceux qui vont y participer un égal accès aux enjeux en discussion, aux opinions émises, aux propositions avancées. Nous touchons là à la très importante question de la circulation de l'information.
Elle est d'autant plus importante qu'en ce tout début d'année, et alors que les fêtes de fin d'année - c'est normal - et les conséquences des tempêtes et de la marée noire sur la France - ce n'était pas prévu - ont eu des incidences très sensibles sur l'activité des militants et responsables communistes, 130 initiatives départementales sont déjà programmées par une quarantaine de fédérations, ainsi que 250 réunions diverses à l'échelle des sections. Et sans doute, aujourd'hui même, beaucoup d'entre vous auront l'occasion de préciser où ils en sont dans l'élaboration des plans de travail.
J'ajoute que les sept groupes chargés d'animer le débat sur les textes ont également travaillé pendant cette période, et pris un certain nombre de décisions qu'ils vont concrétiser dès les prochains jours. Il s'agit donc de permettre à tous les communistes qui le veulent de prendre connaissance des termes du débat engagé.
Je propose que dans chaque fédération, l'ensemble des contributions reçues au Comité national soient à disposition de toutes celles et tous ceux qui souhaitent les consulter, comme nous l'avions fait pour notre précédent congrès.
Et je fais également deux autres propositions issues des travaux du collectif d'animation désigné par le Comité national. D'abord celle de créer un "info-congrès", sur le modèle "d'info-fédé", que vous connaissez. Chaque semaine, sous une forme simple, claire, il permettrait de faire le point sur les initiatives prises et sur les idées en débat. Chaque fédération pourrait ensuite faire de cet "info-congrès" un usage plus large, en direction du plus grand nombre possible de communistes.
Ensuite, nous croyons qu'il est temps d'ouvrir dans "l'Humanité" la "tribune de discussion" prévue par nos statuts - et d'une façon générale d'inscrire notre démarche dans un respect scrupuleux, politique et juridique, à tous les niveaux de nos statuts. Cette tribune pourrait débuter dès mercredi prochain, le 12 janvier. C'est un moyen pour nous de faire vivre, de restituer au mieux les points de vue contradictoires qui s'expriment sur un certain nombre de questions.
Il s'agit donc, partout, de créer les moyens du vaste débat que nous souhaitons, et de les faire connaître très largement. A tous les échelons - cellules ou groupes de cellules, sections, fédérations - et sous toutes les formes - réunions thématiques, auditions - ce sont de véritables " ateliers " que nous voulons ouvrir. Avec l'objectif de contribuer à ce que les échanges y soient le plus riche, le plus utile possible. Afin qu'ils permettent, par exemple, d'associer communistes impliqués dans la vie militante, et adhérents depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, qui n'y ont pas réellement trouvé leur place ; adhérents qui rejoignent le parti dans cette période ; personnes qui acceptent de contribuer à ce travail. Afin, également, de mener concrètement ce travail en commun, sur toutes les questions posées à notre parti, de veiller à sa poursuite et à l'information sur son contenu.
Dans ce cadre, je veux évoquer l'importante question qui nous est posée d'associer celles et ceux - ils sont des milliers - qui envisagent en ce moment de participer au processus que nous avons engagé parce qu'ils y voient intérêt et nouveauté.
Des milliers qui sont déjà au cur de ce que nous avons appelé la force communiste, qui ont été membres du parti et s'en sont éloignés, où en ont été écartés, et dont beaucoup se posent la question de leur place dans un nouveau parti communiste. Des milliers qui agissent dans le mouvement social et cherchent à donner à leur engagement un prolongement politique qu'ils veulent voir correspondre aux formidables attentes qu'évoque pour eux le mot même de "communisme".
Nous ne voulons pas décevoir leurs attentes. Nous ne voulons pas différer la mise en uvre de rapports constructifs avec eux, voire leur accueil au sein du Parti communiste, en les renvoyant à l'après Congrès.
C'est maintenant qu'il nous faut leur proposer les moyens de s'investir immédiatement, utilement dans les débats des semaines à venir, jusqu'au Congrès lui-même. Et pour celles et ceux qui le souhaitent, les moyens - en devenant membres du parti communiste - de participer par leur vote aux choix du congrès.
Une des dispositions les plus indicatives de cette démarche est la décision prise, lors de la dernière réunion du Comité national, de mettre en place, aux plans départemental et national, des lieux d'accueil ouverts à toutes celles et tous ceux qui veulent apporter leur contribution à la préparation de notre Congrès.
Certes, la pratique qui consiste à rendre publiques les idées que nous discutons et à demander leur avis, à ce propos, à celles et ceux qui nous entourent n'est pas nouvelle: c'est une tradition ancienne - même si elle a connu des inégalités - de la préparation de nos Congrès. Il en va de même de l'invitation, que nous adressons à celles et ceux qui se sentent concernés par l'activité du Parti, à en devenir membres afin de contribuer à ses choix. En effet, pour participer aux votes sur les décisions à prendre par le Congrès et, éventuellement, pour être élu à une responsabilité au sein de notre parti, c'est bien clair, il faut en être adhérente ou adhérent.
Notre proposition va donc bien au-delà de l'organisation de rencontres publiques portant sur le Congrès ou d'une invitation à prendre sa place au sein du Parti. Elle est d'une tout autre portée. Il s'agit, en lui donnant un prolongement concret, vérifiable par tous nos interlocuteurs, de faire mesurer, de rendre " palpable " notre ambition de construire un projet communiste de notre temps et le parti qui y correspond.
Autour de nous -nous sommes loin de les connaître tous- beaucoup de gens partagent les révoltes, les exigences, les valeurs humanistes, démocratiques, révolutionnaires qui nous tiennent le plus à cur. Chaque communiste, chaque dirigeant fédéral en connaît personnellement plusieurs. Des dizaines, parfois, quand on y réfléchit. Certaines, certains se considèrent comme des communistes, et se disent tels.
D'autres, sans se référer à ce mot, sont disponibles pour l'action commune avec nous ou, en tout cas, nous regardent avec sympathie. Il en est qui furent membres du Parti et qui l'ont quitté. D'autres ont eu ou ont d'autres expériences partisanes. D'autres encore - de loin, les plus nombreux, singulièrement les jeunes - sont à l'écart de toute organisation politique.
Leur rapport à l'activité, à l'engagement politiques se formule le plus souvent en termes de préventions, de critiques, de rejets. Mais nous savons bien, pour en avoir fait l'analyse, que cette sévérité de jugement est en fait révélatrice d'aspirations de plus en plus fortes à une conception transformée de la politique, reposant sur une citoyenneté active supposant un autre partage des pouvoirs ; des aspirations, inséparablement, à des pratiques nouvelles permettant de donner plus de force et d'efficacité politiques aux révoltes et aux exigences que j'ai évoquées. Ces femmes, ces hommes sont en recherche, et le Parti communiste est, je dirais, l'une de leurs hypothèses. Mais pour qu'il réponde à leurs aspirations, voire à leur désir d'implication personnelle, elles, ils ont d'abord beaucoup de choses à lui dire. Et nous avons à les écouter, à échanger avec eux.
Cette recherche, elle aussi, rencontre la nôtre, nous qui nous posons la question - ce sont les communistes qui, au congrès, décideront de la réponse - de construire un nouveau Parti communiste, dont le projet, les pratiques, la conception de ses structures, le niveau de ses forces organisées et de son influence électorale soient en phase avec notre ambition de transformer la société dans les conditions de notre temps.
Ce que nous proposons, c'est de mener ensemble cette recherche. Parce que ses résultats concerneront bine sûr au premier chef les adhérentes et adhérents actuels du Parti communiste, mais aussi toutes celles et tous ceux qui attendent de lui. Nous avons besoin d'une élaboration la plus large, la plus collective possible, intégrant l'apport critique et constructif des uns et des autres. Nous ne faisons donc pas de l'adhésion au Parti tel qu'il est la condition pour participer à la réflexion sur ce qu'il doit devenir. En même temps, nous jouons cartes sur tables puisque, je le répète, pour participer aux votes sur les décisions ou pour être élu, il faudra, au moment où ces choix se feront, être membre du Parti communiste.
Certains de celles et ceux qui veulent participer avec nous à la préparation du congrès trouveront naturellement leur place dans les structures existantes ou à créer, dont nous voulons faire autant de ces ateliers dont j'ai précédemment parlé Pour d'autres, il faudra créer ces lieux, avec eux, au niveau des fédérations, des sections C'est aux organisations du parti qu'il reviendra d'en décider.
Cela dit -c'est la condition de la réussite de cette initiative-, il nous faut l'annoncer publiquement, la mettre en valeur en essayant de lui faire connaître le plus large retentissement possible.
Un appel a été élaboré et adopté hier par le collectif d'animation de la discussion sur les sept questions posées au Congrès a adopté hier. Il vous a, je crois, été remis. Je propose qu'il soit rendu public dès demain. Il s'agit, au moment où le Parti communiste se remet profondément en cause pour devenir davantage et mieux communiste, de poser la question de son avenir à toutes celles et à tous ceux qui accepteront, librement, de contribuer à y répondre et d'en débattre dans des lieux ouverts. Quel autre parti politique accepterait de prendre ce risque démocratique?
Cet appel figurera naturellement sur le site Internet du Parti, d'où il sera possible d'y répondre, et il fera l'objet d'un support écrit de communication, qui sera livré aux fédérations à la fin de la semaine prochaine. Ce " 4-pages " comprendra notamment, outre un emplacement pour faire connaître son opinion, la liste des adresses et numéros de téléphone de chaque fédération, afin de pouvoir prendre contact.
L'efficacité de notre initiative va donc dépendre des dispositions de diffusion rapide de ce matériel, qui doivent être prises dès maintenant.
Sans doute va-t-il être utile, dans le même temps, c'est-à-dire dans les tout prochains jours, d'adresser par ailleurs cet appel aux personnes que vous penserez intéressées par cette proposition.
Tout cela, chacun de nous en est conscient, va demander beaucoup de minutie, de suivi, d'ambition. Cet effort est indispensable. C'est de lui que dépend pour une part ce que va être, pour le Parti, pour celles et ceux que nous considérons comme constituant la " force communiste ", la signification du Congrès. Au fond, nous anticipons, dans le cadre de la préparation de celui-ci, sur ce qui devrait devenir la règle de vie de notre parti: la préoccupation permanente d'offrir des modes de réflexion et d'action en commun, permettant d'associer toutes les bonnes volontés pour donner sa pleine vitalité au projet communiste.
Ce que nous cherchons à faire c'est, permettez-moi de citer ce que j'en disais le 23 novembre devant le Comité national, à inventer " des pratiques et des formes nouvelles, au fur et à mesure de la préparation du Congrès, avec l'objectif d'assurer à chaque homme et chaque femme communiste le pouvoir réel d'élaborer et de décider en toutes choses " et j'ajoutais: " c'est bien ici et maintenant que nous commençons à fonder le Parti communiste que les adhérents du Parti communiste français ont décidé de mettre à l'ordre du jour de leur 30ème Congrès ".
Jusqu'au Comité national des 2 et 3 février, il va falloir, par conséquent, beaucoup travailler. La Commission nationale va s'y employer. Pour plus d'efficacité, elle a désigné en son sein un collectif restreint qui se réunira autant que de besoin afin de faire circuler avec célérité et de façon utilisable la teneur du débat, son évolution, qui émane de l'ensemble des contributions parvenues au siège du Comité national.
Dans ce foisonnement, L'Humanité a une place à prendre et un rôle très important à jouer. Par son canal, ce sont chaque jour des dizaines de milliers de gens, communistes ou non, qui peuvent suivre l'évolution du débat. Au-delà de la traditionnelle " tribune de discussion ", organisée conformément à nos statuts, c'est dans des formes complètement renouvelées que la direction du journal doit contribuer à l'animation de la discussion, à l'enrichissement de son contenu. Les ambitions du 30° Congrès, la nature de la démarche, les questions en débat, la confrontation des idées, tout cela va à la rencontre des ambitions propres du journal. Il est certain que de la qualité de ce que livrera l'Humanité à ses lecteurs, dépendra pour beaucoup la qualité de la phase dans laquelle nous sommes engagés.
Je voudrais revenir, pour y insister, sur le rôle capital des directions fédérales, y compris en entrant dans le détail du calendrier, ce qui peut être un peu fastidieux, vous m'en excuserez. Mais je pense que cela sera assurément utile. Il s'agit de garantir aux communistes, à tous les communistes, l'accès à tous les éléments de la discussion afin qu'ils puissent, le moment venu, disposer véritablement de tous les moyens leur permettant de se prononcer, et d'exprimer souverainement leurs choix par leur vote.
Permettez-moi, à ce propos, une courte parenthèse. Des camarades évoquent parfois la " complexité " du processus que nous avons engagé ; et, dès lors, le manque de temps pour le conduire à son terme dans de bonnes conditions.
Sur ce dernier point je veux rappeler que nous avons débuté la préparation du congrès.. à la fin du mois de juin dernier. Quand il se réunira, fin mars, il aura donc été précédé de 9 mois d'un intense travail de réflexion et d'élaboration démocratique.
C'est déjà beaucoup. Ce n'est pas trop cependant, car c'est la première fois que nous procédons ainsi, c'est-à-dire avec la préoccupation de mettre les communistes, à tous moments, en situation d'être véritablement les décideurs des choix de leur parti. Et c'est précisément parce que cette démarche est inédite, sans précédent, qu'elle nous oblige à inventer en marchant. D'où, sans doute, cette " complexité " parfois évoquée. En même temps, ne sous-estimons pas ce que nous avons déjà fait tous ensemble - notamment dans la première phase - et ce qui est déjà engagé dans celle où nous sommes à présent. Ce processus est certes nouveau, à bien des égards très exigeant: mais j'ai la conviction qu'il répond aux attentes des communistes et que nous avons la capacité de le mener avec succès jusqu'au 30ème congrès. Le Comité national se réunira donc les 2 et 3 février. Il lui faudra les moyens de restituer aussi fidèlement, aussi complètement et aussi clairement que possible la diversité des débats, des points de vue exprimés depuis le début de la discussion sur les sept textes. Tout cela suppose de veiller soigneusement à la réalisation systématique de comptes rendus des discussions, à leur centralisation au niveau de chaque fédération et à leur mise à disposition de tous les adhérents.
L'ensemble de ces débats, auxquels s'ajouteront des contributions individuelles et collectives directement adressées aux sections et aux fédérations, fera l'objet de procès verbaux, que chaque fédération fera parvenir au Comité national pour préparer le Comité national des 2 et 3 février. Il faudra donc faire parvenir tous les éléments au Comité national à partir du 25 janvier.
Ce relevé national des discussions qu'établira le Comité national, ainsi que les choix d'orientation clairs qu'il proposera à partir des réflexions des communistes, seront à nouveau soumis à leur vote de telle sorte qu'ils puissent les valider. Cela exige de se donner le temps nécessaire pour organiser les bureaux de vote en nombre suffisant et le scrutin lui-même.
Le Comité national aura à proposer des choix clairs sur ce que les communistes souhaitent décider concrètement lors du 30ème Congrès. Cela implique de proposer un bulletin de vote très lisible, sachant aller à l'essentiel et offrant la possibilité -comme ce fût le cas pour la première phase- d'exprimer des remarques, des observations, des propositions.
Dès après la réunion des 2 et 3 février, il faudra donc organiser les opérations de vote. On se souvient que 60.000 communistes ont participé à celui sur l'ordre du jour. Nous avons l'ambition de faire mieux cette fois, à la lumière de l'expérience.
Nous n'avons pas voulu fixer des dates pour les toutes prochaines échéances qui nous attendent. C'est ensemble que nous en déciderons, aujourd'hui. Pour ma part je pense qu'il faut sans doute, pour réussir dans ce que nous entreprenons, nous donner un délai d'une dizaine de jours après le Comité national des 2 et 3 février afin d'organiser le vote des communistes dans de bonnes conditions. Mais, encore une fois, vous donnerez votre opinion. Depuis juin, je l'ai dit, nous innovons ensemble en permanence.
Après ce vote, nous entrerons dans la troisième phase qui s'achèvera par le Congrès.
Le Comité national se réunira à nouveau pour prendre acte des résultats du vote et pour établir, sur cette base, le document qui servira aux débats, au travail d'amendement et aux votes finaux dans les assemblées de cellules, conférences de section, conférences fédérales et au Congrès lui-même.
Si nous réussissons tout cela, alors le Congrès sera bien l'aboutissement des décisions souveraines des adhérentes et des adhérents du parti. Qu'il en soit ainsi dépend de nous, de la direction nationale et des directions fédérales.
Nous parlons de transfert du pouvoir vers les adhérents. Dès cette préparation, nous passons aux actes.
Ai-je besoin de préciser que cela ne signifie pas pour autant que nous nous en remettrions désormais aux vertus de la " spontanéité ". Cela demande, nous le savons d'expérience, beaucoup de ténacité, d'audace, de minutie. Ainsi les directions ne sont pas appelées à se faire discrètes ou, plus encore, à s'effacer dans le processus en cours. Elles ont, au contraire, des responsabilités nouvelles, revalorisées, à assumer.
Chères et chers camarades, Nous voilà engagés dans la dernière ligne droite qui mène au Congrès. Un 30ème Congrès exceptionnel. Il s'agit de le préparer, avec des méthodes elles-mêmes exceptionnelles. Votre rôle personnel sera déterminant. Je souhaite que la réunion d'aujourd'hui permette un échange exigeant et le plus large possible, afin que chacun en reparte mieux assuré sur ce qu'il va devoir faire.
Nous voulons pour cela vous écouter. Une dynamique est enclenchée. Son amplification et son accélération se jouent sur le terrain. Personne ne sait mieux que vous ce que signifie un tel défi.
Nul doute que la discussion va confirmer que nous avons non seulement la volonté, mais aussi les capacités et la richesse militante indispensables pour le relever.
(Source http://www.pcf.fr, le 17 janvier 2001)