Texte intégral
Q- Peut-il y avoir une réponse efficace au réchauffement planétaire aussi longtemps que cette réponse ne sera pas collective, planétaire ? D'ici à 2030, la demande mondiale d'énergie va augmenter de 60 %. Dès lors, comment réduire de moitié les émissions de CO² à l'horizon 2050, objectif de la conférence de l'ONU sur le climat qui vient de s'ouvrir à Buenos Aires. Invité de "Question Directe", S. Lepeltier, ministre de l'Ecologie et du Développement durable, bonjour ou plutôt re-bonjour. Les Etats- Unis ne veulent toujours pas entendre parler du protocole de Kyoto. On voit que la Chine par sa consommation et son développement économique, aujourd'hui, absorbe l'essentiel des matières premières - zinc, métaux, charbon et j'en passe ! Comment va-t-on réussir à contenir tout ça ?
R-Je pense qu'il faut que nous soyons nous-même, c'est-à-dire Europe et tous les pays qui avons ratifié Kyoto - je pense au Canada, je pense à la Russie...
Q- La Russie, c'est très récent !
R-C'est très récent, mais cela a permis - c'est vraiment une action de la France et de l'Europe d'avoir obtenu de la Russie qu'elle ratifie, cela permet maintenant - l'application dès mi-février du protocole de Kyoto. Et il faut que nous-mêmes nous soyons exemplaires, pourquoi ? Parce que je suis convaincu que nous allons, comme cela, même si aujourd'hui ils ne le souhaitent pas, entraîner les Etats-Unis dans le dispositif. Comment ? Il faut bien voir que les entreprises américaines, qui sont implantées en Europe - nous sommes 450 millions de consommateurs aujourd'hui en Europe - vont devoir, par les règles que nous mettons en place respecter Kyoto, au moins sur notre territoire. Et les entreprises américaines qui ne sont pas présentes en Europe vont voir des entreprises européennes, des autres entreprises développer comme ça de nouvelles technologies. Et ma conviction est qu'elles ne laisseront pas longtemps les entreprises européennes prendre un temps d'avance, parce qu'elles verront bien là qu'elles prennent du retard, ne serait-ce que sur le plan technologique et sur le plan de l'avenir. Et puis les Etats-Unis seront pris en étau d'abord par nos pays, les pays étrangers qui appliquent Kyoto, et puis aussi on le voit, cela commence par les Etats fédérés aux Etats-Unis. Vous avez une vingtaine d'Etats américains aujourd'hui, la Californie par exemple, qui commencent à prendre des mesures pour justement lutter contre le changement climatique pour limiter les gaz à effet de serre. Et les entreprises américaines commencent à dire ; mais on ne va pas s'y retrouver, je pense aux constructeurs automobiles. Si dans vingt états nous avons des règles pour émettre, pour consommer moins d'énergie, émettre moins de gaz à effet de serre et que dans les autres ce n'est pas le cas - on ne va pas s'y retrouver en terme de concurrence. Donc ma conviction est que les Etats-Unis vont être pris en étau entre les autres pays, telle l'Europe qui vont développer des mesures pour limiter les gaz à effet de serre et leurs propres Etats, qui, pas la totalité, mais une partie qui vont entraîner l'ensemble. Donc ce n'est peut-être pas aujourd'hui, ce n'est peut-être pas demain matin, mais inévitablement, les Etats-Unis seront amenés à développer ces technologies, parce qu'ils ne voudront pas prendre ce retard, parce que cela serait un risque majeur pour leurs entreprises.
Q- Alors là, il y a en effet une piste intéressante : l'innovation peut être un moyen, notamment pour l'Europe, de tirer les wagons et de faire en sorte que nous changions le système de production. Qu'est -ce qu'on donne à l'Europe comme moyens pour que cette innovation existe ? Il y avait encore il n'y a pas si longtemps des chercheurs dans la rue en France, se lamentant qu'on ne donne pas à la recherche les moyens de se développer. Alors voilà un discours qui est intéressant, mais si on ne lui donne pas les moyens d'exister.
R-Ecoutez, deux exemples : nous venons de créer une fondation "Bâtiment-Energie" avec 8 millions d'euros pour justement dans le bâtiment, dans le logement, développer des produits, des procédés qui permettent d'économiser l'énergie - parce que nous gaspillons l'énergie, en particulier dans le logement. Je viens de décider de mettre 40 millions d'euros dans la recherche pour la voiture propre. Donc c'est là qu'il faut aller bien évidemment.
Q- Vous avez les résistances très fortes, Monsieur Lepeltier. On parlait tout à l'heure de ce plan climat que vous avez essayé de placer au sein du Gouvernement et qui, entre autres choses, prévoyait par exemple un mécanisme fiscal taxant lourdement les véhicules plus pollueurs. Eh bien le poids des lobbies industriels est tel qu'on vous a dit : eh bien pas tout de suite !
R-Oui, mais cela a permis d'ouvrir le débat et ce débat a permis de faire comprendre que l'essentiel était de développer des transports propres, qu'est-ce que nous faisons aujourd'hui ? Eh bien nous avons décidé de lancer un Plan biocarburant ; triplement des biocarburants dans les trois ans qui viennent. Il faut bien voir que quand nous consommons une tonne de biocarburant, nous émettons trois fois moins de gaz à effet de serre, trois fois moins donc de gaz qui contribuent au changement climatique par rapport à une tonne de pétrole. Nous développons aussi les véhicules hybrides, les véhicules électriques. Vous avez aujourd'hui deux constructeurs français, et moi je m'en réjouis, c'est S. Dassault d'une part et V. Bolloré d'autre part, qui sont en train de développer et qui vont les sortir au printemps prochain, des voitures électriques qui auront une autonomie beaucoup plus importante que celles d'aujourd'hui. Pour développer les voitures électriques, en un mot, il faut faire au moins en autonomie 200 kilomètres et c'est ce que V. Bolloré et S. Dassault sont en train de développer. Donc il y a là des mécanismes, donc le débat que j'ai ouvert au printemps sur cette question de voiture propre est en train aujourd'hui de mûrir.
Q- Mais c'est terrible, parce que ces débats et ces initiatives elles sont importantes et nécessaires, mais quand on lit encore une fois que la demande mondiale d'énergie va augmenter de 60 % en relativement peu de temps à l'échelle de la planète, en vingt ans, c'est rien vingt ans. 60 %, c'est monstrueux comme augmentation quand on voit déjà ce qu'est le niveau de pollution. S'il n'y a pas, encore une fois une réponse collective, est-ce qu'il n'y a pas un risque majeur et désormais massif pour la planète ? Les enquêtes menées par la météorologie indiquent qu'entre 1851 et 2003, par ces émissions de gaz à effet de serre, on a doublé le risque d'occurrence d'été aussi chaud que celui de 2003 qu'on a connu.
R-Oui, tous les modèles montrent qu'au cours du 21ème siècle, nous aurons 30 étés plus chauds que l'été 2003. Ce qui veut dire qu'au cours du 21ème siècle, nous allons avoir à peu près un été sur trois qui sera plus chaud. Alors bien sûr aujourd'hui moins, nous sommes au rythme d'un été sur cinq, mais dans la deuxième partie du 21ème siècle, cela va s'accélérer. Vous avez tout à fait raison, c'est des réponses collectives qu'il faut. Nous sommes à Buenos Aires pour ça pour, justement envisager ça. Mais je dirai que la clé du dispositif, c'est que nous-mêmes - et je le répète, l'Europe c'est 450 millions d'habitants, qui sont riches, qui achètent, qui consomment de l'énergie... Si nous changeons nous-mêmes nos comportements, eh bien nous allons entraîner le reste du monde, ne serait-ce que par les technologies et les entreprises. Un exemple de mesure que nous prenons, il faut que nous développions les énergies renouvelables, c'est extrêmement important. Eh bien au 1er janvier 2005, en France, un crédit d'impôt est mis en place pour l'achat ou pour l'équipement d'énergie renouvelable. Lorsque vous achèterez un chauffe-eau solaire, vous aurez un crédit d'impôt de 40 %. Et si vous ne payez pas d'impôt vous aurez un chèque correspondant à ces 40 %. C'est donc un ensemble de mesures qu'il faut prendre, en ayant bien conscience que cela ne sera peut-être pas totalement efficace. Mais c'est ce premier pas et ce dont nous allons discuter à Buenos Aires, c'est aussi ce que nous appelons l'après- Kyoto. Kyoto, c'est jusqu'à 2010, 2012. Il faut que d'ores et déjà nous envisagions ce que nous allons faire après.
Q- Alors une piste dans l'innovation et la technologie, mais Monsieur Lepeltier, Haïti, tenez les pays pauvres, la déforestation, on vient de le mesurer aussi avec quelles conséquences aux Philippines. Qu'est-ce qu'on fait face à des pays qui n'ont pas d'autres choix pour subsister - cela a été le cas d'Haïti et c'est une tragédie - que de couper les arbres pour vendre du charbon de bois, qui entraîne des catastrophes écologiques ?
R- Il faut bien mesurer d'abord qu'en matière de forêts tropicales et de forêts humides, l'enjeu est considérable. Si nous laissons les forêts être exploitées comme elles le sont aujourd'hui - et l'exemple des Philippines est le bon -, nous n'aurons plus d'ici 30 ans de forêts humides et de forêts tropicales. Or, c'est toute la pharmacopée du monde qui est là ; tous nos médicaments qui nous permettent de nous soigner, c'est là que nous les découvrons. Alors comment on fait ? D'abord en prenant, nous, pays occidentaux les mesures. J'ai fait une communication au Conseil des ministres, au printemps dernier, en mettant en place des mesures pour l'achat de bois qui soit certifié d'exploitation durable, c'est-à-dire qui permet le renouvellement. Et l'Etat doit d'abord être exemplaire et je dirais que, plutôt que de créer de nouveaux textes quelquefois, je dis, je veux être le ministre de l'Ecologie qui fait appliquer les textes existants et qui fait que l'Etat soit exemplaire dans ce domaine. Donc c'est une première chose. Et puis sur le plan international - nous en discutons, nous allons en discuter au G8 en Angleterre au printemps prochain - il faut que nous mettions en place des dispositifs qui permettent de gérer ces forêts sur le plan international, pour que les pays retrouvent cette ressource financière, parce que sinon ils ne peuvent pas vivre, mais qu'on permette aussi cette exploitation renouvelable, c'est-à-dire qu'on n'exploite pas. Je parlais du teck. Il y a peu de temps que nous achetons malheureusement des meubles en teck qui n'ont pas suffisamment eu de durée de vie. Pour que le teck soit imputrescible, il faut plus de 60 ans. Or, aujourd'hui, on achète des meubles qui n'ont quelquefois pas 30 ans, dont l'arbre n'a pas 30 ans de vie. Cela veut dire qu'on est en train de gaspiller totalement les ressources d'exploitation forestière. Et là, nous mettons en place en France, dans d'autres pays occidentaux, des labels, des certifications qui nous permettent de garantir que le bois que vous allez acheter, le meuble que vous allez acheter viendra de forêt d'exploitation, d'exploitation positive, durable qui permette ce renouvellement. Et j'attire l'attention, là, de tous les distributeurs, de tous nos concitoyens pour dire ; faites attention, regardez si ce que vous achetez est labellisé et certifié.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 9 décembre 2004)
R-Je pense qu'il faut que nous soyons nous-même, c'est-à-dire Europe et tous les pays qui avons ratifié Kyoto - je pense au Canada, je pense à la Russie...
Q- La Russie, c'est très récent !
R-C'est très récent, mais cela a permis - c'est vraiment une action de la France et de l'Europe d'avoir obtenu de la Russie qu'elle ratifie, cela permet maintenant - l'application dès mi-février du protocole de Kyoto. Et il faut que nous-mêmes nous soyons exemplaires, pourquoi ? Parce que je suis convaincu que nous allons, comme cela, même si aujourd'hui ils ne le souhaitent pas, entraîner les Etats-Unis dans le dispositif. Comment ? Il faut bien voir que les entreprises américaines, qui sont implantées en Europe - nous sommes 450 millions de consommateurs aujourd'hui en Europe - vont devoir, par les règles que nous mettons en place respecter Kyoto, au moins sur notre territoire. Et les entreprises américaines qui ne sont pas présentes en Europe vont voir des entreprises européennes, des autres entreprises développer comme ça de nouvelles technologies. Et ma conviction est qu'elles ne laisseront pas longtemps les entreprises européennes prendre un temps d'avance, parce qu'elles verront bien là qu'elles prennent du retard, ne serait-ce que sur le plan technologique et sur le plan de l'avenir. Et puis les Etats-Unis seront pris en étau d'abord par nos pays, les pays étrangers qui appliquent Kyoto, et puis aussi on le voit, cela commence par les Etats fédérés aux Etats-Unis. Vous avez une vingtaine d'Etats américains aujourd'hui, la Californie par exemple, qui commencent à prendre des mesures pour justement lutter contre le changement climatique pour limiter les gaz à effet de serre. Et les entreprises américaines commencent à dire ; mais on ne va pas s'y retrouver, je pense aux constructeurs automobiles. Si dans vingt états nous avons des règles pour émettre, pour consommer moins d'énergie, émettre moins de gaz à effet de serre et que dans les autres ce n'est pas le cas - on ne va pas s'y retrouver en terme de concurrence. Donc ma conviction est que les Etats-Unis vont être pris en étau entre les autres pays, telle l'Europe qui vont développer des mesures pour limiter les gaz à effet de serre et leurs propres Etats, qui, pas la totalité, mais une partie qui vont entraîner l'ensemble. Donc ce n'est peut-être pas aujourd'hui, ce n'est peut-être pas demain matin, mais inévitablement, les Etats-Unis seront amenés à développer ces technologies, parce qu'ils ne voudront pas prendre ce retard, parce que cela serait un risque majeur pour leurs entreprises.
Q- Alors là, il y a en effet une piste intéressante : l'innovation peut être un moyen, notamment pour l'Europe, de tirer les wagons et de faire en sorte que nous changions le système de production. Qu'est -ce qu'on donne à l'Europe comme moyens pour que cette innovation existe ? Il y avait encore il n'y a pas si longtemps des chercheurs dans la rue en France, se lamentant qu'on ne donne pas à la recherche les moyens de se développer. Alors voilà un discours qui est intéressant, mais si on ne lui donne pas les moyens d'exister.
R-Ecoutez, deux exemples : nous venons de créer une fondation "Bâtiment-Energie" avec 8 millions d'euros pour justement dans le bâtiment, dans le logement, développer des produits, des procédés qui permettent d'économiser l'énergie - parce que nous gaspillons l'énergie, en particulier dans le logement. Je viens de décider de mettre 40 millions d'euros dans la recherche pour la voiture propre. Donc c'est là qu'il faut aller bien évidemment.
Q- Vous avez les résistances très fortes, Monsieur Lepeltier. On parlait tout à l'heure de ce plan climat que vous avez essayé de placer au sein du Gouvernement et qui, entre autres choses, prévoyait par exemple un mécanisme fiscal taxant lourdement les véhicules plus pollueurs. Eh bien le poids des lobbies industriels est tel qu'on vous a dit : eh bien pas tout de suite !
R-Oui, mais cela a permis d'ouvrir le débat et ce débat a permis de faire comprendre que l'essentiel était de développer des transports propres, qu'est-ce que nous faisons aujourd'hui ? Eh bien nous avons décidé de lancer un Plan biocarburant ; triplement des biocarburants dans les trois ans qui viennent. Il faut bien voir que quand nous consommons une tonne de biocarburant, nous émettons trois fois moins de gaz à effet de serre, trois fois moins donc de gaz qui contribuent au changement climatique par rapport à une tonne de pétrole. Nous développons aussi les véhicules hybrides, les véhicules électriques. Vous avez aujourd'hui deux constructeurs français, et moi je m'en réjouis, c'est S. Dassault d'une part et V. Bolloré d'autre part, qui sont en train de développer et qui vont les sortir au printemps prochain, des voitures électriques qui auront une autonomie beaucoup plus importante que celles d'aujourd'hui. Pour développer les voitures électriques, en un mot, il faut faire au moins en autonomie 200 kilomètres et c'est ce que V. Bolloré et S. Dassault sont en train de développer. Donc il y a là des mécanismes, donc le débat que j'ai ouvert au printemps sur cette question de voiture propre est en train aujourd'hui de mûrir.
Q- Mais c'est terrible, parce que ces débats et ces initiatives elles sont importantes et nécessaires, mais quand on lit encore une fois que la demande mondiale d'énergie va augmenter de 60 % en relativement peu de temps à l'échelle de la planète, en vingt ans, c'est rien vingt ans. 60 %, c'est monstrueux comme augmentation quand on voit déjà ce qu'est le niveau de pollution. S'il n'y a pas, encore une fois une réponse collective, est-ce qu'il n'y a pas un risque majeur et désormais massif pour la planète ? Les enquêtes menées par la météorologie indiquent qu'entre 1851 et 2003, par ces émissions de gaz à effet de serre, on a doublé le risque d'occurrence d'été aussi chaud que celui de 2003 qu'on a connu.
R-Oui, tous les modèles montrent qu'au cours du 21ème siècle, nous aurons 30 étés plus chauds que l'été 2003. Ce qui veut dire qu'au cours du 21ème siècle, nous allons avoir à peu près un été sur trois qui sera plus chaud. Alors bien sûr aujourd'hui moins, nous sommes au rythme d'un été sur cinq, mais dans la deuxième partie du 21ème siècle, cela va s'accélérer. Vous avez tout à fait raison, c'est des réponses collectives qu'il faut. Nous sommes à Buenos Aires pour ça pour, justement envisager ça. Mais je dirai que la clé du dispositif, c'est que nous-mêmes - et je le répète, l'Europe c'est 450 millions d'habitants, qui sont riches, qui achètent, qui consomment de l'énergie... Si nous changeons nous-mêmes nos comportements, eh bien nous allons entraîner le reste du monde, ne serait-ce que par les technologies et les entreprises. Un exemple de mesure que nous prenons, il faut que nous développions les énergies renouvelables, c'est extrêmement important. Eh bien au 1er janvier 2005, en France, un crédit d'impôt est mis en place pour l'achat ou pour l'équipement d'énergie renouvelable. Lorsque vous achèterez un chauffe-eau solaire, vous aurez un crédit d'impôt de 40 %. Et si vous ne payez pas d'impôt vous aurez un chèque correspondant à ces 40 %. C'est donc un ensemble de mesures qu'il faut prendre, en ayant bien conscience que cela ne sera peut-être pas totalement efficace. Mais c'est ce premier pas et ce dont nous allons discuter à Buenos Aires, c'est aussi ce que nous appelons l'après- Kyoto. Kyoto, c'est jusqu'à 2010, 2012. Il faut que d'ores et déjà nous envisagions ce que nous allons faire après.
Q- Alors une piste dans l'innovation et la technologie, mais Monsieur Lepeltier, Haïti, tenez les pays pauvres, la déforestation, on vient de le mesurer aussi avec quelles conséquences aux Philippines. Qu'est-ce qu'on fait face à des pays qui n'ont pas d'autres choix pour subsister - cela a été le cas d'Haïti et c'est une tragédie - que de couper les arbres pour vendre du charbon de bois, qui entraîne des catastrophes écologiques ?
R- Il faut bien mesurer d'abord qu'en matière de forêts tropicales et de forêts humides, l'enjeu est considérable. Si nous laissons les forêts être exploitées comme elles le sont aujourd'hui - et l'exemple des Philippines est le bon -, nous n'aurons plus d'ici 30 ans de forêts humides et de forêts tropicales. Or, c'est toute la pharmacopée du monde qui est là ; tous nos médicaments qui nous permettent de nous soigner, c'est là que nous les découvrons. Alors comment on fait ? D'abord en prenant, nous, pays occidentaux les mesures. J'ai fait une communication au Conseil des ministres, au printemps dernier, en mettant en place des mesures pour l'achat de bois qui soit certifié d'exploitation durable, c'est-à-dire qui permet le renouvellement. Et l'Etat doit d'abord être exemplaire et je dirais que, plutôt que de créer de nouveaux textes quelquefois, je dis, je veux être le ministre de l'Ecologie qui fait appliquer les textes existants et qui fait que l'Etat soit exemplaire dans ce domaine. Donc c'est une première chose. Et puis sur le plan international - nous en discutons, nous allons en discuter au G8 en Angleterre au printemps prochain - il faut que nous mettions en place des dispositifs qui permettent de gérer ces forêts sur le plan international, pour que les pays retrouvent cette ressource financière, parce que sinon ils ne peuvent pas vivre, mais qu'on permette aussi cette exploitation renouvelable, c'est-à-dire qu'on n'exploite pas. Je parlais du teck. Il y a peu de temps que nous achetons malheureusement des meubles en teck qui n'ont pas suffisamment eu de durée de vie. Pour que le teck soit imputrescible, il faut plus de 60 ans. Or, aujourd'hui, on achète des meubles qui n'ont quelquefois pas 30 ans, dont l'arbre n'a pas 30 ans de vie. Cela veut dire qu'on est en train de gaspiller totalement les ressources d'exploitation forestière. Et là, nous mettons en place en France, dans d'autres pays occidentaux, des labels, des certifications qui nous permettent de garantir que le bois que vous allez acheter, le meuble que vous allez acheter viendra de forêt d'exploitation, d'exploitation positive, durable qui permette ce renouvellement. Et j'attire l'attention, là, de tous les distributeurs, de tous nos concitoyens pour dire ; faites attention, regardez si ce que vous achetez est labellisé et certifié.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 9 décembre 2004)