Texte intégral
Madame le Ministre,
Monsieur l'Ambassadeur d'Espagne,
Monsieur le Directeur du Collège d'Espagne,
Monsieur le Conseiller du Gouvernement basque,
Madame la Présidente,
Mesdames, Messieurs,
" La terreur ne réussit pas à la démocratie, car la démocratie a besoin de justice " disait justement Edgar QUINET.
La France, pays de libertés et de justice, a payé un lourd tribu au terrorisme en étant la cible d'actes ignobles et lâches commis, soit directement sur le territoire national, en plusieurs assauts successifs au cours des années 80 et 90, soit hors de l'Hexagone, à l'encontre d'intérêts français ou européens.
L'Espagne, pays de la liberté retrouvée, a connu le premier assassinat perpétré par l'ETA en 1968. Malgré l'avènement de la démocratie en 1975 et l'amnistie générale de 1977, l'organisation terroriste basque, loin de prendre part au débat politique, n'a jamais cessé d'intensifier sa sanglante activité criminelle. Et voilà que deux ans et six mois après les attentats contre les Etats-Unis d'Amérique, Al-Qaïda frappait à Madrid, ajoutant l'horreur au dégoût.
Ainsi, nos pays sont frères, dans la prospérité comme dans le malheur. Et ces tragiques événements montrent combien la menace terroriste ne connaît ni limites ni frontières et peut frapper à tout moment, n'importe où, n'importe qui.
Nos pays sont aussi frères dans la lutte.
Ce terrorisme protéiforme nécessite que les mesures de sécurité et de protection soient renforcées, notamment par un accroissement de la coopération internationale, essentielle en ce domaine. Nos Gouvernements y veillent et je me réjouis du récent succès de l'opération franco-espagnole menée contre l'ETA, qui montre l'importance de ce réseau terroriste et l'efficacité de telles opérations.
J'ai déjà eu l'occasion de le dire et le répéterai sans relâche : le terrorisme n'a rien de romantique et rien ne saura jamais le justifier. Il tue, il aveugle, il rend sourd, il mutile, il plonge nos frères, nos enfants, nos amis dans la douleur et l'effroi, dans la tristesse et l'incompréhension.
Policiers, journalistes, touristes, chefs d'entreprises, hommes politiques, élus ou simples citoyens, l'injustice est toujours aussi criante, insoutenable. Comment peut-on encore aujourd'hui revendiquer ces méthodes barbares et haineuses qui refusent le débat démocratique et nient l'homme lui-même ? Le terrorisme est une insulte à l'humanité, tout autant qu'un crime contre elle.
C'est donc d'abord à l'homme que je veux d'abord penser, l'homme dans sa souffrance, ses tourments, sa mort.
Aucune des victimes du terrorisme ne doit être abandonnée par nos pensées. Fernando BUESA ne l'a pas été, pas plus que son garde du corps Jorge DIEZ, quand 60 000 personnes le lendemain de leur assassinat, ont défilé dans les rues de VITORIA pour crier leur refus de la barbarie et de la terreur. Y a-t-il plus belle démonstration de respect, de mémoire et d'espoir ?
Le dernier combat à gagner est en effet celui contre l'oubli. Le martyrologe du terrorisme est difficile à regarder en face. Votre fondation nous y aide. Ne pas baisser le regard, commenter ces tragiques événements, chercher à comprendre leur vraie nature, essayer humblement d'exprimer dans quelle prison de l'âme les victimes ou leurs familles sont désormais enfermées, voilà bien votre immense mérite.
Préservons cette richesse, notre mémoire : rien ni personne ne peut nous l'enlever. Nous le ferons pour nous, mais plus encore pour les générations futures.
(Source http://www.justice.gouv.fr, le 9 décembre 2004)
Monsieur l'Ambassadeur d'Espagne,
Monsieur le Directeur du Collège d'Espagne,
Monsieur le Conseiller du Gouvernement basque,
Madame la Présidente,
Mesdames, Messieurs,
" La terreur ne réussit pas à la démocratie, car la démocratie a besoin de justice " disait justement Edgar QUINET.
La France, pays de libertés et de justice, a payé un lourd tribu au terrorisme en étant la cible d'actes ignobles et lâches commis, soit directement sur le territoire national, en plusieurs assauts successifs au cours des années 80 et 90, soit hors de l'Hexagone, à l'encontre d'intérêts français ou européens.
L'Espagne, pays de la liberté retrouvée, a connu le premier assassinat perpétré par l'ETA en 1968. Malgré l'avènement de la démocratie en 1975 et l'amnistie générale de 1977, l'organisation terroriste basque, loin de prendre part au débat politique, n'a jamais cessé d'intensifier sa sanglante activité criminelle. Et voilà que deux ans et six mois après les attentats contre les Etats-Unis d'Amérique, Al-Qaïda frappait à Madrid, ajoutant l'horreur au dégoût.
Ainsi, nos pays sont frères, dans la prospérité comme dans le malheur. Et ces tragiques événements montrent combien la menace terroriste ne connaît ni limites ni frontières et peut frapper à tout moment, n'importe où, n'importe qui.
Nos pays sont aussi frères dans la lutte.
Ce terrorisme protéiforme nécessite que les mesures de sécurité et de protection soient renforcées, notamment par un accroissement de la coopération internationale, essentielle en ce domaine. Nos Gouvernements y veillent et je me réjouis du récent succès de l'opération franco-espagnole menée contre l'ETA, qui montre l'importance de ce réseau terroriste et l'efficacité de telles opérations.
J'ai déjà eu l'occasion de le dire et le répéterai sans relâche : le terrorisme n'a rien de romantique et rien ne saura jamais le justifier. Il tue, il aveugle, il rend sourd, il mutile, il plonge nos frères, nos enfants, nos amis dans la douleur et l'effroi, dans la tristesse et l'incompréhension.
Policiers, journalistes, touristes, chefs d'entreprises, hommes politiques, élus ou simples citoyens, l'injustice est toujours aussi criante, insoutenable. Comment peut-on encore aujourd'hui revendiquer ces méthodes barbares et haineuses qui refusent le débat démocratique et nient l'homme lui-même ? Le terrorisme est une insulte à l'humanité, tout autant qu'un crime contre elle.
C'est donc d'abord à l'homme que je veux d'abord penser, l'homme dans sa souffrance, ses tourments, sa mort.
Aucune des victimes du terrorisme ne doit être abandonnée par nos pensées. Fernando BUESA ne l'a pas été, pas plus que son garde du corps Jorge DIEZ, quand 60 000 personnes le lendemain de leur assassinat, ont défilé dans les rues de VITORIA pour crier leur refus de la barbarie et de la terreur. Y a-t-il plus belle démonstration de respect, de mémoire et d'espoir ?
Le dernier combat à gagner est en effet celui contre l'oubli. Le martyrologe du terrorisme est difficile à regarder en face. Votre fondation nous y aide. Ne pas baisser le regard, commenter ces tragiques événements, chercher à comprendre leur vraie nature, essayer humblement d'exprimer dans quelle prison de l'âme les victimes ou leurs familles sont désormais enfermées, voilà bien votre immense mérite.
Préservons cette richesse, notre mémoire : rien ni personne ne peut nous l'enlever. Nous le ferons pour nous, mais plus encore pour les générations futures.
(Source http://www.justice.gouv.fr, le 9 décembre 2004)