Déclaration de Mme Marie-Anne Montchamp, secrétaire d'état aux personnes handicapées, sur l'insertion professionnelle des personnes handicapées et le projet de loi pour l'égalité des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, Paris le 15 novembre 2004.

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Circonstance : Discours d'ouverture de la Semaine pour l'emploi, du 15 au 19 novembre 2004

Texte intégral

Monsieur le président de l'ADAPT
Monsieur le Président de l'AGEFIPH,
Mesdames et Messieurs les élus
Mesdames et Messieurs,
Je suis particulièrement heureuse d'être à vos côtés, devant cet arbre à voeux, porteur de solidarité et d'espoir.
Cette 8ème édition consécutive de la semaine pour l'emploi des personnes handicapées témoigne de votre persévérance, Messieurs les Présidents, de votre détermination, de votre engagement pour l'emploi des personnes handicapées.
Si je dois former un voeu devant cet arbre, c'est que le travailleur handicapé ne soit plus l'oublié de l'entreprise mais bien un élément fort de la performance sociale.
Le Premier ministre vient d'annoncer un objectif ambitieux de réduction du chômage de 10 % en 2005.
Répondons oui ! au Premier ministre et donnons nous aussi les moyens de réduire de 10 % le chômage des personnes handicapées.
Mais soyons conséquents avec nous-mêmes, avec notre volonté de réduire l'écart entre personnes handicapées et celles qui ne le sont pas et osons-nous donner pour les personnes handicapées les moyens de réduire leur chômage de 20 % en 1 an. Tel est le voeu que je forme, tel est l'engagement que je prends ce soir devant vous au nom du gouvernement.
Et je souhaite aussi que les espaces de dialogue de ce type se multiplient car c'est par l'échange que l'on pourra faire évoluer les mentalités et libérer la société de ses préjugés.
Cette semaine pour l'emploi est placée une fois encore sous le signe de la compétence. Vous appelez tous les acteurs à se mobiliser derrière le mot d'ordre " handicapés et compétents ".
D'après une étude du professeur Jean François Amadieu, directeur de l'observatoire des discriminations, la présentation d'un handicap apparaît comme la variable la plus discriminante dans un processus de recrutement de personnel : les candidats handicapés auraient 15 fois moins de chance d'obtenir un premier entretien d'embauche que les autres postulants.
Ceci doit nous amener à réfléchir à l'obstacle le plus difficile à surmonter, la représentation que chacun peut avoir du handicap. Au-delà du regard encore trop souvent compassionnel, comment convaincre qu'un handicap ne rend pas un individu moins compétent, que l'emploi d'une personne handicapée peut être un facteur d'enrichissement pour la communauté de travail tout autant qu'un puissant levier de reconstruction individuelle, un facteur d'épanouissement, d'autonomie et d'intégration sociale pour la personne elle-même. En outre, j'ai la conviction que c'est en côtoyant la différence que nous surmonterons l'indifférence et le rejet.
Ce combat contre les préjugés, le projet de loi pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées a l'ambition de le mener au plus loin en apportant un regard neuf sur la relation de l'économie et du handicap.
Ce projet, en effet, entend relever trois défis dans le domaine de l'emploi :
* Rendre plus incitative l'insertion professionnelle des personnes handicapées en optimisant l'obligation d'emploi.
Les entreprises qui auront fait le choix volontaire d'accueillir des personnes handicapées, de les accompagner dans leur insertion par des actions innovantes, se verront reconnues et valorisées.
En revanche, les entreprises qui se montreront trop attentistes verront leur contribution à l'AGEFIPH majorée.
* Lutter contre la discrimination.
Cette seconde préoccupation conduira à privilégier les compétences professionnelles et l'aptitude de la personne à un poste déterminé plutôt que son handicap qui sera compensé par ailleurs par des mesures concrètes au sein de l'établissement.
* Harmoniser le secteur public et le secteur privé.
Les employeurs publics doivent être des employeurs comme les autres, soumis aux mêmes obligations et disposant des mêmes moyens pour y répondre que les employeurs privés.
Les employeurs publics, déjà soumis, depuis 1987, à l'obligation d'emploi, seront désormais passibles d'une pénalité financière en cas de non respect de leur obligation.
C'est dans cet esprit que le gouvernement a souhaité créé un fonds commun aux trois fonctions publiques sur le modèle de celui géré par l'AGEFIPH.
Cependant cette volonté politique, si forte soit-elle, ne saurait à elle seule infléchir la réticence de certains employeurs à l'embauche de ces travailleurs qu'un accident de la vie a fragilisés ni permettre aux personnes handicapées de tenir la place qui leur revient au sein du monde du travail.
Comment inciter tous les employeurs à s'engager plus résolument dans une politique d'ouverture à leur égard ? Comment les convaincre sinon en souhaitant que la responsabilité sociale devienne un axe prioritaire dans leur stratégie de développement ?
Comme vous le savez, la notion de responsabilité sociale des entreprises est étroitement liée au concept de développement durable :
une entreprise doit non seulement se soucier de sa croissance mais aussi de ses impacts environnementaux et sociaux parmi lesquels figure la non discrimination.
Osons dire que le quantitatif n'épuise pas l'humain, que la croissance et le développement n'ont de sens que par le progrès - ou les progrès - qu'ils génèrent.
Et nous voilà projetés dans l'ordre des valeurs.
Toute action humaine, celle de l'entreprise, celle des pouvoirs publics, celle que la société exerce sur elle-même, est à la fois réponse à des valeurs et attribution de sens, création de valeurs.
Or, le handicap compte désormais parmi les enjeux du développement durable et l'intégration du handicap dans cette politique apparaît de plus en plus comme une stratégie gagnante.
Nous devons nous convaincre que la question du handicap rejoint aujourd'hui la question plus générale de la capacité de notre société à reconnaître sans discrimination l'ensemble de ses membres.
D'ailleurs, les entreprises françaises - encore peu nombreuses - à s'être engagées dans cette démarche voient leurs efforts valorisés par les agences de notation sociale qui, depuis 2 ans, prennent en compte l'insertion des personnes handicapées dans leur audit.
Ce thème sera développé lors du colloque du 18 novembre qui réunira les décideurs du secteur public et du secteur privé que le ministre de la fonction publique de l'Etat et moi-même avons invités à en débattre.
Cette valorisation doit également intervenir au plus près des personnes et des acteurs économiques. C'est pourquoi, j'ai décidé d'aller à la rencontre des employeurs, sur leur lieu d'activité, afin de signer, avec ceux qui seront volontaires, un pacte d'engagement sur trois ans comportant des actions en faveur de l'embauche, du maintien dans l'emploi ou encore de l'accueil en formation des personnes handicapées dans le cadre d'un bassin d'emploi.
Le premier pacte territorial sera signé le 19 novembre 2004, à Bar Le Duc, dans le département de la Meuse.


(Source http://www.handicap.gouv.fr, le 19 novembre 2004)