Texte intégral
Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux d'être parmi vous aujourd'hui pour l'inauguration du réseau de télécommunications pan-européen en fibre optique de l'opérateur Level 3, fourni et installé par Alcatel. Je tiens à remercier Serge Tchuruk de son aimable invitation et Colin Williams qui nous accueille dans ses locaux.
Vous savez, mieux que moi, que les progrès techniques dans les domaines des composants et des transmissions sont explosifs, et qu'ils bouleversent le secteur des télécommunications. La vitesse de l'obsolescence technologique, la rapidité de l'innovation scientifique, la multiplicité des références des biens et des services, la plupart inconnus voici dix ans, sont la marque de ce domaine. C'est ce qui en fait le dynamisme et le risque. ADSL, BLR, UMTS, derrière ces acronymes barbares qui rentrent dans le langage courant se cachent des outils de communication nouveaux qui offrent aux usagers des débits de plus en plus élevés. Pour transporter des informations sans cesse plus nombreuses, il est nécessaire de disposer de curs de réseau (backbones) à très haute capacité, de véritables artères où les trafics informatique et téléphonique circulent par pulsation de nanosecondes, ce que nos amis américains appellent " information highways ". Le réseau Level 3 que nous inaugurons aujourd'hui, avec ses 1400 kilomètres de fibre optique posés à travers la France en seize mois, en est une parfaite illustration. Il contribuera à combler les insuffisances en matière d'interconnexions européennes que soulignait notamment Jean-François Abramatic dans son rapport au Gouvernement sur le développement technique de l'Internet. Je m'en réjouis.
Je me réjouis surtout que l'industrie française occupe désormais une place reconnue dans les technologies optiques qui sont un élément essentiel de ces réseaux. Alcatel est le leader mondial des transmissions optiques longue distance. Le tissu français des PME est très dynamique et de nombreuses start-ups ont été récemment créées dans le secteur: Highwave Technology, Algety Telecom, Opticom Innovation et Teem Photonics, sans prétendre être exhaustif, connaissent des taux de croissance très importants.
Cela témoigne de l'excellence de notre communauté scientifique et d'une liaison meilleure avec l'univers industriel. Partout dans le monde, le savoir-faire des chercheurs et des ingénieurs français est recherché, devient lui même une valeur de haute technologie, au point de s'exporter très bien. Dans le domaine des composants optoélectroniques, la France dispose de pôles de compétences solides à la pointe de l'innovation mondiale. En région parisienne, Optics Valley, constituée à l'initiative d'Alcatel avec le CNRS, Thomson-CSF, Opto+ et le groupement français des PME de haute technologie, rassemble aujourd'hui 1000 chercheurs, 1500 étudiants et 5000 ingénieurs et cadres. Je pense aussi à la Bretagne, avec notamment les équipes du CNET et les PME de la technopôle Anticipa à Lannion, et à Grenoble, deux autres pôles de compétence français dans le domaine.
Le Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, que je conçois comme celui du développement économique et de la diffusion des nouvelles technologies à l'ensemble de l'activité, centre son action en faveur du secteur optoélectronique autour de 3 axes :
*soutenir la constitution de pôles de compétences solides, fondés sur une coopération entre grands industriels, PME et laboratoires publics et favoriser l'inscription de ces pôles de compétences dans le cadre des contrats de plan Etat-Région.
*appuyer les projets coopératifs de recherche en communication optique. Le Réseau National de Recherche en Télécommunications en particulier a labellisé en deux ans 18 projets d'envergure, ce qui représente plus de 225 MF de programme de recherche. Parmi ces projets, on peut citer les recherches sur la commutation optique, sur les très hauts débits, ou sur les nouvelles architectures de réseaux optiques.
*mettre en place l'environnement nécessaire pour favoriser la création d'entreprise et l'essor des PME du secteur. Les mesures de soutien au capital risque, les aides de l'ANVAR et des DRIRE, ont permis le développement d'un tissu industriel dynamique et la création de start-ups prometteuses.
Je voudrais pour conclure évoquer brièvement deux points importants.
D'une part, le développement des réseaux à haut débit exige une réflexion sur les nouveaux services et les nouveaux usages, économiques, sociaux ou culturels des TIC. C'est pourquoi le MINEFI soutient les travaux menés par la fondation pour l'Internet de nouvelle génération (FING), dont Alcaltel est un des membres fondateurs. Le secrétaire d'Etat à l'industrie, Christian Pierret, rendra public dans quelques jours le rapport demandé à Jean-Charles Bourdier sur les usages et services des réseaux hauts débits.
Une révolution technologique porte toujours en elle autre chose qu'une somme d'innovations techniques. Plus que de " nouvelle économie " ou de " Net-économie ", il faut parler de société de la connaissance et du savoir. La troisième révolution industrielle, car c'est d'elle qu'il s'agit, alliance étroite du monde, du marché et du modem, transforme l'organisation du travail et bouleverse notre quotidien, redistribue les cartes industrielles en même temps qu'elle change les rapports de pouvoir entre les nations. En ce sens, elle est aussi une sorte de révolution politique et sociale. Rendre ces nouveaux services accessibles à tous, c'est le défi auquel devront répondre dans les prochaines années les pouvoirs publics et les entreprises, les associations et les collectivités territoriales. Universelles par définition, il ne serait pas concevable que les technologies du partage de l'information et de la connaissance soient le privilège de quelques-uns. Dans le cadre du projet de loi sur la société de l'information que nous présenterons au Parlement, les règles applicables aux collectivités locales qui veulent investir dans les infrastructures de télécommunication seront simplifiées et assouplies. Les capacités des réseaux régionaux de raccordement des universités et des établissements de recherche seront augmentées. L'Etat renforcera ses capacités d'expertise locale en créant au 1er janvier 2001 dans chacune des 26 préfectures de région un pôle de compétences dans le domaine des technologies de l'information.
Mesdames et Messieurs, la France est entrée dans sa meilleure séquence économique des trente dernières années. Cela ne veut pas dire qu'il n'y ait pas de difficultés. Profitable à l'emploi, ce contexte est particulièrement favorable au développement des secteurs innovants et à la diffusion des nouvelles technologies. Mon rôle, celui du ministère dont j'ai la charge est de mettre en place une stratégie de développement économique qui inscrive dans la durée ce cycle de croissance solide, ce que j'ai appelé la stabcroissance. Pour la France, l'innovation est l'indispensable échelle de la croissance de demain, l'Europe sa véritable dimension. Le réseau de télécommunications Level 3 est à la mesure de ces frontières nouvelles.
(source http://www.finances.gouv.fr, le 11 septembre 2000)
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux d'être parmi vous aujourd'hui pour l'inauguration du réseau de télécommunications pan-européen en fibre optique de l'opérateur Level 3, fourni et installé par Alcatel. Je tiens à remercier Serge Tchuruk de son aimable invitation et Colin Williams qui nous accueille dans ses locaux.
Vous savez, mieux que moi, que les progrès techniques dans les domaines des composants et des transmissions sont explosifs, et qu'ils bouleversent le secteur des télécommunications. La vitesse de l'obsolescence technologique, la rapidité de l'innovation scientifique, la multiplicité des références des biens et des services, la plupart inconnus voici dix ans, sont la marque de ce domaine. C'est ce qui en fait le dynamisme et le risque. ADSL, BLR, UMTS, derrière ces acronymes barbares qui rentrent dans le langage courant se cachent des outils de communication nouveaux qui offrent aux usagers des débits de plus en plus élevés. Pour transporter des informations sans cesse plus nombreuses, il est nécessaire de disposer de curs de réseau (backbones) à très haute capacité, de véritables artères où les trafics informatique et téléphonique circulent par pulsation de nanosecondes, ce que nos amis américains appellent " information highways ". Le réseau Level 3 que nous inaugurons aujourd'hui, avec ses 1400 kilomètres de fibre optique posés à travers la France en seize mois, en est une parfaite illustration. Il contribuera à combler les insuffisances en matière d'interconnexions européennes que soulignait notamment Jean-François Abramatic dans son rapport au Gouvernement sur le développement technique de l'Internet. Je m'en réjouis.
Je me réjouis surtout que l'industrie française occupe désormais une place reconnue dans les technologies optiques qui sont un élément essentiel de ces réseaux. Alcatel est le leader mondial des transmissions optiques longue distance. Le tissu français des PME est très dynamique et de nombreuses start-ups ont été récemment créées dans le secteur: Highwave Technology, Algety Telecom, Opticom Innovation et Teem Photonics, sans prétendre être exhaustif, connaissent des taux de croissance très importants.
Cela témoigne de l'excellence de notre communauté scientifique et d'une liaison meilleure avec l'univers industriel. Partout dans le monde, le savoir-faire des chercheurs et des ingénieurs français est recherché, devient lui même une valeur de haute technologie, au point de s'exporter très bien. Dans le domaine des composants optoélectroniques, la France dispose de pôles de compétences solides à la pointe de l'innovation mondiale. En région parisienne, Optics Valley, constituée à l'initiative d'Alcatel avec le CNRS, Thomson-CSF, Opto+ et le groupement français des PME de haute technologie, rassemble aujourd'hui 1000 chercheurs, 1500 étudiants et 5000 ingénieurs et cadres. Je pense aussi à la Bretagne, avec notamment les équipes du CNET et les PME de la technopôle Anticipa à Lannion, et à Grenoble, deux autres pôles de compétence français dans le domaine.
Le Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, que je conçois comme celui du développement économique et de la diffusion des nouvelles technologies à l'ensemble de l'activité, centre son action en faveur du secteur optoélectronique autour de 3 axes :
*soutenir la constitution de pôles de compétences solides, fondés sur une coopération entre grands industriels, PME et laboratoires publics et favoriser l'inscription de ces pôles de compétences dans le cadre des contrats de plan Etat-Région.
*appuyer les projets coopératifs de recherche en communication optique. Le Réseau National de Recherche en Télécommunications en particulier a labellisé en deux ans 18 projets d'envergure, ce qui représente plus de 225 MF de programme de recherche. Parmi ces projets, on peut citer les recherches sur la commutation optique, sur les très hauts débits, ou sur les nouvelles architectures de réseaux optiques.
*mettre en place l'environnement nécessaire pour favoriser la création d'entreprise et l'essor des PME du secteur. Les mesures de soutien au capital risque, les aides de l'ANVAR et des DRIRE, ont permis le développement d'un tissu industriel dynamique et la création de start-ups prometteuses.
Je voudrais pour conclure évoquer brièvement deux points importants.
D'une part, le développement des réseaux à haut débit exige une réflexion sur les nouveaux services et les nouveaux usages, économiques, sociaux ou culturels des TIC. C'est pourquoi le MINEFI soutient les travaux menés par la fondation pour l'Internet de nouvelle génération (FING), dont Alcaltel est un des membres fondateurs. Le secrétaire d'Etat à l'industrie, Christian Pierret, rendra public dans quelques jours le rapport demandé à Jean-Charles Bourdier sur les usages et services des réseaux hauts débits.
Une révolution technologique porte toujours en elle autre chose qu'une somme d'innovations techniques. Plus que de " nouvelle économie " ou de " Net-économie ", il faut parler de société de la connaissance et du savoir. La troisième révolution industrielle, car c'est d'elle qu'il s'agit, alliance étroite du monde, du marché et du modem, transforme l'organisation du travail et bouleverse notre quotidien, redistribue les cartes industrielles en même temps qu'elle change les rapports de pouvoir entre les nations. En ce sens, elle est aussi une sorte de révolution politique et sociale. Rendre ces nouveaux services accessibles à tous, c'est le défi auquel devront répondre dans les prochaines années les pouvoirs publics et les entreprises, les associations et les collectivités territoriales. Universelles par définition, il ne serait pas concevable que les technologies du partage de l'information et de la connaissance soient le privilège de quelques-uns. Dans le cadre du projet de loi sur la société de l'information que nous présenterons au Parlement, les règles applicables aux collectivités locales qui veulent investir dans les infrastructures de télécommunication seront simplifiées et assouplies. Les capacités des réseaux régionaux de raccordement des universités et des établissements de recherche seront augmentées. L'Etat renforcera ses capacités d'expertise locale en créant au 1er janvier 2001 dans chacune des 26 préfectures de région un pôle de compétences dans le domaine des technologies de l'information.
Mesdames et Messieurs, la France est entrée dans sa meilleure séquence économique des trente dernières années. Cela ne veut pas dire qu'il n'y ait pas de difficultés. Profitable à l'emploi, ce contexte est particulièrement favorable au développement des secteurs innovants et à la diffusion des nouvelles technologies. Mon rôle, celui du ministère dont j'ai la charge est de mettre en place une stratégie de développement économique qui inscrive dans la durée ce cycle de croissance solide, ce que j'ai appelé la stabcroissance. Pour la France, l'innovation est l'indispensable échelle de la croissance de demain, l'Europe sa véritable dimension. Le réseau de télécommunications Level 3 est à la mesure de ces frontières nouvelles.
(source http://www.finances.gouv.fr, le 11 septembre 2000)