Texte intégral
Mesdames et Messieurs, Bonjour.
Je voulais vous dire, en vous remerciant de votre présence, à quel point cette rencontre avec le ministre Hassan Wirajuda était importante pour nous, pour toute l'équipe du Quai d'Orsay qui est mobilisée avec les Organisations non gouvernementales, avec d'autres administrations, en concertation avec les pays européens, pour faire face, à vos côtés, à cette tragédie qui a frappé l'ensemble des pays situés en Asie et dans l'océan Indien.
J'ai donc exprimé à M. Wirajuda l'entière solidarité de la France et ces témoignages de solidarité concrète, immédiate, lui seront confirmés ce soir, au cours de l'entretien qu'il aura avec le président Jacques Chirac. Il aura également l'occasion de rencontrer l'ambassadeur Jouyet en charge du Club de Paris et le président Edouard Balladur, président de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. Le pays que représente M. Wirajuda, l'Indonésie, a été le plus frappé de tous les pays de l'océan Indien et d'Asie, avec 104.000 morts. J'ai donc exprimé nos condoléances et notre sympathie à l'égard de toutes ces familles qui sont endeuillées.
Au-delà des mots et de l'émotion immense, il y a naturellement l'urgence, les secours auxquels nous participons. Je veux rappeler que notre pays a envoyé, dans les tout premiers jours, 85 secouristes à Sumatra, a proposé de monter un hôpital de campagne ; et nous avons également envoyé 87 tonnes de fret.
Au-delà, la "Jeanne-d'Arc", porte-hélicoptères, et d'autres navires sont en route vers l'Indonésie. 1.000 soldats seront donc à pied d'oeuvre le 13 janvier prochain, en concertation avec les autorités indonésiennes, pour être le plus utiles possible, comme le font, depuis les premiers jours, beaucoup d'Organisations non gouvernementales et d'associations que je veux saluer et remercier.
Il y a l'urgence, et nous y sommes, et puis, il y a, au-delà de l'urgence, la reconstruction qui va commencer. C'est un chantier immense, dans un pays fragile qui, depuis quelques années, a entrepris un effort important vers la démocratie, vers le développement économique. Le problème est que cette tragédie qui coûte cher en énergie, en hommes, en femmes, qui coûte cher en argent, peut fragiliser un peu plus et compromettre cet effort de reconstruction politique et économique.
Voilà une raison supplémentaire d'être aux côtés de l'Indonésie. Dans ce chantier de reconstruction, la France prendra sa part également -, c'est ce qu'a dit en notre nom le ministre Xavier Darcos à Jakarta le 6 janvier -, avec les autres pays européens, dans l'effort global de la communauté internationale et celui de l'Europe.
S'agissant de la dette, comme l'a souhaité le président de la République, il y a une initiative franco-allemande que nous avons proposée, en faveur d'un moratoire au profit des pays les plus touchés par cette catastrophe, comme dans le cas de l'Indonésie. Si cette proposition est suivie, elle se traduira par un effort, dès 2005, de 130 millions d'euros pour la France, afin que l'Indonésie puisse consacrer cet argent à l'effort de reconstruction.
Enfin, il y a une discussion, que le ministre indonésien prépare par cette visite, qui aura lieu au Club de Paris le 12 janvier prochain.
Une autre leçon de cette tragédie concerne la prévention. J'ai confirmé au ministre notre disponibilité pour participer à la mise en place, pour ces pays d'Asie et de l'océan Indien, d'un système permanent d'alerte et de prévention. S'il avait existé, ce système d'alerte et de prévention, comme il existe dans le Pacifique, n'aurait pas empêché naturellement le tremblement de terre mais, sûrement, il en aurait limité les conséquences. Je pense d'ailleurs que les Européens auraient aussi des raisons de tirer des leçons, plus près encore de notre propre continent- je pense à la Méditerranée - en vérifiant que tous ces systèmes d'alerte et de prévention existent bien chez nous aussi, sur l'Atlantique et sur la Méditerranée.
Au-delà de cette tragédie qui nous mobilise et qui continuera de nous mobiliser, j'ai indiqué au ministre mon intention d'aller en Indonésie dans les prochaines semaines ou les prochains mois pour une visite officielle qui sera aussi une visite de travail, sur le terrain. Je me rendrai à Aceh, à Meulaboh qui est une ville marquée et je vérifierai, dans le temps, parce qu'il faut travailler dans la durée, comment cette coopération française, privée, publique, européenne est effectivement engagée pour reconstruire tout ce qui peut l'être.
Nous avons également évoqué un certain nombre de problèmes bilatéraux mais je prolongerai ce travail sur les relations entre l'Indonésie et la France au cours de ma prochaine visite à Jakarta.
Q - Disposez-vous de nouveaux éléments pour établir un bilan des victimes françaises des tsunamis ?
R - Tous les chiffres que nous utilisons doivent être compris avec beaucoup de précaution et de prudence parce qu'il y a, derrière chacun de ces chiffres, ne l'oublions jamais, des hommes, des femmes, des enfants, des familles qui sont endeuillées et c'est à elles que nous pensons, comme nous pensons aux 104.000 Indonésiens qui ont péri dans cette tragédie et à tous les autres.
Ce que je peux dire, ce que je peux confirmer aujourd'hui, c'est qu'il y a 22 Français qui ont été tués, dont les corps ont été identifiés au Sri Lanka, en Inde et en Thaïlande, 69 Français qui ont disparu et dont nous n'avons pas retrouvé ou identifié les corps mais dont nous pensons qu'ils ont disparu et puis, comme l'a dit le Premier ministre hier, plusieurs centaines d'autres Français dont nous n'avons pas de nouvelles. J'ai dit moi-même 240 à 250 personnes que nous recherchons, dont les parents n'ont pas de nouvelles, qui ne sont pas revenus à leur bureau pour certains, dont les enfants ne sont pas revenus à l'école.
Nous interrogeons et nous faisons des enquêtes sur chacune et chacun de ces Français. Bien sûr, tous les jours qui passent, sans que l'on obtienne de bonnes nouvelles, sont des jours où s'accroît l'inquiétude que nous pouvons avoir sur leur sort. Voilà ce que je peux dire aujourd'hui.
Q - Je voudrais comprendre, pour reconstruire Aceh, il faudra de 5 à 10 ans, si la France accordait un moratoire, combien de temps cela prendrait-il ?
R - En toute hypothèse, tous les efforts que nous voulons faire porteront sur la durée. Ne me demandez pas de préciser aujourd'hui les conditions de ce moratoire, j'ai indiqué l'effort que nous sommes prêts à faire dès la première année, en 2005. C'est le Club de Paris, notamment, qui va discuter dans le détail des conditions de la durée de cet effort lié à la dette.
Pour le reste et s'agissant de la reconstruction, s'agissant de notre coopération bilatérale avec l'Indonésie, de l'effort de l'Union européenne, auquel nous sommes partie prenante dans l'ensemble de la région, au Conseil des ministres des Affaires étrangères, nous avons demandé à la Commission européenne de trouver les moyens de dégager près de 350 millions d'euros pour les pays de cette région. C'est un effort qui va s'étaler sur plusieurs années et c'est cet effort-là que je veux vérifier personnellement en me rendant sur place en Indonésie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 janvier 2005)
Je voulais vous dire, en vous remerciant de votre présence, à quel point cette rencontre avec le ministre Hassan Wirajuda était importante pour nous, pour toute l'équipe du Quai d'Orsay qui est mobilisée avec les Organisations non gouvernementales, avec d'autres administrations, en concertation avec les pays européens, pour faire face, à vos côtés, à cette tragédie qui a frappé l'ensemble des pays situés en Asie et dans l'océan Indien.
J'ai donc exprimé à M. Wirajuda l'entière solidarité de la France et ces témoignages de solidarité concrète, immédiate, lui seront confirmés ce soir, au cours de l'entretien qu'il aura avec le président Jacques Chirac. Il aura également l'occasion de rencontrer l'ambassadeur Jouyet en charge du Club de Paris et le président Edouard Balladur, président de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. Le pays que représente M. Wirajuda, l'Indonésie, a été le plus frappé de tous les pays de l'océan Indien et d'Asie, avec 104.000 morts. J'ai donc exprimé nos condoléances et notre sympathie à l'égard de toutes ces familles qui sont endeuillées.
Au-delà des mots et de l'émotion immense, il y a naturellement l'urgence, les secours auxquels nous participons. Je veux rappeler que notre pays a envoyé, dans les tout premiers jours, 85 secouristes à Sumatra, a proposé de monter un hôpital de campagne ; et nous avons également envoyé 87 tonnes de fret.
Au-delà, la "Jeanne-d'Arc", porte-hélicoptères, et d'autres navires sont en route vers l'Indonésie. 1.000 soldats seront donc à pied d'oeuvre le 13 janvier prochain, en concertation avec les autorités indonésiennes, pour être le plus utiles possible, comme le font, depuis les premiers jours, beaucoup d'Organisations non gouvernementales et d'associations que je veux saluer et remercier.
Il y a l'urgence, et nous y sommes, et puis, il y a, au-delà de l'urgence, la reconstruction qui va commencer. C'est un chantier immense, dans un pays fragile qui, depuis quelques années, a entrepris un effort important vers la démocratie, vers le développement économique. Le problème est que cette tragédie qui coûte cher en énergie, en hommes, en femmes, qui coûte cher en argent, peut fragiliser un peu plus et compromettre cet effort de reconstruction politique et économique.
Voilà une raison supplémentaire d'être aux côtés de l'Indonésie. Dans ce chantier de reconstruction, la France prendra sa part également -, c'est ce qu'a dit en notre nom le ministre Xavier Darcos à Jakarta le 6 janvier -, avec les autres pays européens, dans l'effort global de la communauté internationale et celui de l'Europe.
S'agissant de la dette, comme l'a souhaité le président de la République, il y a une initiative franco-allemande que nous avons proposée, en faveur d'un moratoire au profit des pays les plus touchés par cette catastrophe, comme dans le cas de l'Indonésie. Si cette proposition est suivie, elle se traduira par un effort, dès 2005, de 130 millions d'euros pour la France, afin que l'Indonésie puisse consacrer cet argent à l'effort de reconstruction.
Enfin, il y a une discussion, que le ministre indonésien prépare par cette visite, qui aura lieu au Club de Paris le 12 janvier prochain.
Une autre leçon de cette tragédie concerne la prévention. J'ai confirmé au ministre notre disponibilité pour participer à la mise en place, pour ces pays d'Asie et de l'océan Indien, d'un système permanent d'alerte et de prévention. S'il avait existé, ce système d'alerte et de prévention, comme il existe dans le Pacifique, n'aurait pas empêché naturellement le tremblement de terre mais, sûrement, il en aurait limité les conséquences. Je pense d'ailleurs que les Européens auraient aussi des raisons de tirer des leçons, plus près encore de notre propre continent- je pense à la Méditerranée - en vérifiant que tous ces systèmes d'alerte et de prévention existent bien chez nous aussi, sur l'Atlantique et sur la Méditerranée.
Au-delà de cette tragédie qui nous mobilise et qui continuera de nous mobiliser, j'ai indiqué au ministre mon intention d'aller en Indonésie dans les prochaines semaines ou les prochains mois pour une visite officielle qui sera aussi une visite de travail, sur le terrain. Je me rendrai à Aceh, à Meulaboh qui est une ville marquée et je vérifierai, dans le temps, parce qu'il faut travailler dans la durée, comment cette coopération française, privée, publique, européenne est effectivement engagée pour reconstruire tout ce qui peut l'être.
Nous avons également évoqué un certain nombre de problèmes bilatéraux mais je prolongerai ce travail sur les relations entre l'Indonésie et la France au cours de ma prochaine visite à Jakarta.
Q - Disposez-vous de nouveaux éléments pour établir un bilan des victimes françaises des tsunamis ?
R - Tous les chiffres que nous utilisons doivent être compris avec beaucoup de précaution et de prudence parce qu'il y a, derrière chacun de ces chiffres, ne l'oublions jamais, des hommes, des femmes, des enfants, des familles qui sont endeuillées et c'est à elles que nous pensons, comme nous pensons aux 104.000 Indonésiens qui ont péri dans cette tragédie et à tous les autres.
Ce que je peux dire, ce que je peux confirmer aujourd'hui, c'est qu'il y a 22 Français qui ont été tués, dont les corps ont été identifiés au Sri Lanka, en Inde et en Thaïlande, 69 Français qui ont disparu et dont nous n'avons pas retrouvé ou identifié les corps mais dont nous pensons qu'ils ont disparu et puis, comme l'a dit le Premier ministre hier, plusieurs centaines d'autres Français dont nous n'avons pas de nouvelles. J'ai dit moi-même 240 à 250 personnes que nous recherchons, dont les parents n'ont pas de nouvelles, qui ne sont pas revenus à leur bureau pour certains, dont les enfants ne sont pas revenus à l'école.
Nous interrogeons et nous faisons des enquêtes sur chacune et chacun de ces Français. Bien sûr, tous les jours qui passent, sans que l'on obtienne de bonnes nouvelles, sont des jours où s'accroît l'inquiétude que nous pouvons avoir sur leur sort. Voilà ce que je peux dire aujourd'hui.
Q - Je voudrais comprendre, pour reconstruire Aceh, il faudra de 5 à 10 ans, si la France accordait un moratoire, combien de temps cela prendrait-il ?
R - En toute hypothèse, tous les efforts que nous voulons faire porteront sur la durée. Ne me demandez pas de préciser aujourd'hui les conditions de ce moratoire, j'ai indiqué l'effort que nous sommes prêts à faire dès la première année, en 2005. C'est le Club de Paris, notamment, qui va discuter dans le détail des conditions de la durée de cet effort lié à la dette.
Pour le reste et s'agissant de la reconstruction, s'agissant de notre coopération bilatérale avec l'Indonésie, de l'effort de l'Union européenne, auquel nous sommes partie prenante dans l'ensemble de la région, au Conseil des ministres des Affaires étrangères, nous avons demandé à la Commission européenne de trouver les moyens de dégager près de 350 millions d'euros pour les pays de cette région. C'est un effort qui va s'étaler sur plusieurs années et c'est cet effort-là que je veux vérifier personnellement en me rendant sur place en Indonésie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 janvier 2005)