Allocution de M. Hamlaoui Mekachera, secrétaire d'Etat aux anciens combattants, sur l'organisation de la commémoration des débarquements et de la Libération de la France lors de la Deuxième guerre mondiale, Paris le 20 octobre 2003.

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Circonstance : 1ère réunion du conseil d'orientation de la mission interministérielle du 60e anniversaire des Débarquements et de la Libération de la France, à Paris le 20 octobre 2003

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
C'est avec plaisir que je souhaite à chacune et à chacun d'entre vous la bienvenue dans ce prestigieux Hôtel national des Invalides, haut lieu de notre mémoire nationale.
Notre nombre, aujourd'hui, témoigne de l'importance que nous attachons tous - Gouvernement, élus locaux, monde associatif, agents civils et militaires de l'Etat, - à la célébration du 60ème anniversaire des Débarquements de Normandie et de Provence et de la Libération de la France.
Je vous remercie sincèrement d'avoir accepté de participer à cette première réunion du Conseil d'orientation de la Mission interministérielle en charge de cette grande responsabilité.
Je suis convaincu que nous partageons la même conviction : ces commémorations doivent avoir le plus grand éclat possible.
Cette page de notre histoire, nous la devons à ceux - Alliés et Français, combattants et Résistants - qui sont tombés au " champ d'honneur " pour nous libérer. Nous leur rendrons un vibrant hommage.
Nous devons aussi cet hommage aux nombreuses victimes civiles de cette guerre et aux communes qui ont payé un si lourd tribut aux combats et aux bombardements.
Nous le devons, bien sûr, aux Vétérans. Pour eux, ces cérémonies seront les dernières auxquelles ils pourront assister en nombre. Partout, ils devront être à l'honneur.
Nous devons donner un grand éclat à ces manifestations aussi - peut-être même surtout - Mesdames et Messieurs, pour les jeunes générations, qui sont en quête de repères et qui sont avides de connaître cette page essentielle de notre Histoire.
Ensemble, dans le respect des prérogatives de chacun, nous devons - nous allons - mobiliser toutes les énergies pour relever ce grand défi.
Avant de vous exposer la manière dont l'Etat envisage ces commémorations, puis de vous donner la parole, je souhaite vous faire part de ma grande confiance.
L'émotion que j'ai ressentie à Vassieux-en-Vercors en avril, la mobilisation spontanée que j'ai déjà observée le 6 juin dernier en Normandie, l'enthousiasme dont j'ai été le témoin il y a quelques jours en Corse, la multiplicité des projets de grande qualité dont je suis saisi : tout indique que les commémorations de l'année prochaine seront d'une grande ampleur et, mieux encore, que celles-ci auront une très forte dimension populaire.
Déjà, les médias se montrent impatients de relayer vers le grand public ces manifestations. Beaucoup, parmi les plus grands, souhaitent s'impliquer pleinement à nos côtés. De nombreux éditeurs, réalisateurs et, d'une manière plus générale, le monde de la culture se préparent également pour être au rendez-vous.
Les associations d'Anciens combattants sont, évidemment, concernées au premier chef. Dans l'impossibilité de les inviter toutes à participer à ce conseil d'orientation, nous avons retenu les associations qui portent spécifiquement la mémoire de cette épopée.
Mais, nous avons également sollicité les fondations de mémoire dont le rôle sera de plus en plus essentiel pour la transmission du souvenir. Nous comptons aussi sur elles pour faire le lien avec le monde combattant.
Bien sûr, je n'oublie pas le rôle éminent de l'Ordre de la Libération et celui des villes compagnons de la Libération.
Je veux vous dire que nous comptons fortement sur les collectivités locales. Même si son rôle est déterminant, l'Etat n'a pas, et n'entend pas avoir, le monopole de la mémoire. La décision de vous demander de participer à la Mission en charge de l'action de l'Etat démontre bien que nous ne voulons pas agir seuls, sans concertation ; au contraire. Je sais, par de multiples contacts, sur le terrain ou à Paris, avec les élus locaux comme avec les parlementaires, que vous êtes d'ores et déjà tous très mobilisés. Je vous encourage évidemment à poursuivre cet effort important.
J'en arrive à la manière dont nous envisageons le rôle de l'Etat. Le conseil des ministres du 25 juin dernier a permis de fixer un cap et de nous donner les moyens de nos ambitions. Vous en trouvez la transcription dans le décret du 27 juin qui figure dans le dossier qui vous a été remis.
Sous ma présidence, la Mission interministérielle est organisée en trois pôles. Le conseil d'orientation, que nous réunissons donc aujourd'hui pour la première fois. Sa fonction est de formaliser le dialogue, tant entre l'Etat et vous, qu'entre vous. Il me semble utile pour tous que les initiatives se coordonnent et se complètent plutôt que de se concurrencer ou de s'ignorer. Beaucoup seront confrontés aux mêmes problèmes. Autant faciliter le dialogue. Je compte beaucoup sur vos propositions, sur vos observations et sur vos réactions.
Aux côtés du conseil d'orientation, le comité historique nous assistera de ses conseils scientifiques. Je salue le Professeur André KASPI qui fédérera ce groupe.
Enfin, le secrétariat général, dirigé par le Contrôleur général DELBAUFFE sera l'élément permanent et directement opérationnel de la Mission. Celle-ci a une dimension interministérielle qu'il me plait de souligner. Des représentants des ministères de la Défense, de l'Intérieur, des Affaires étrangères, de l'Education nationale, de l'Equipement et du tourisme, de la Santé et de la Culture assureront la liaison avec leur administration respective. Je salue ceux qui sont présents avec nous. Certains nous ont déjà rejoints à plein temps et contribuent à la cohérence globale de l'action de l'Etat sur ce projet.
Mesdames et Messieurs, l'Etat assumera pleinement la responsabilité des cérémonies officielles à forte dimension internationale. Je pense évidemment au 6 juin et au 15 août.
S'agissant de la Normandie, les avis convergent pour envisager d'organiser à ARROMANCHES la principale cérémonie. Le Secrétaire général de la Mission vous en présentera les raisons dans quelques instants.
Nous souhaitons que ces cérémonies solennelles permettent de rappeler les dimensions navale, aéroportée, aérienne et terrestre de l'opération " OVERLORD ". Nous souhaitons surtout que les vétérans soient mis à l'honneur. Nous comptons, en effet, sur une forte participation de nos Alliés.
Ces cérémonies s'inscriront dans un ensemble de cérémonies binationales et nationales et dans un ensemble encore plus vaste de manifestations locales. Je salue l'action de l'amiral BRAC de la PERRIERE, Président du Comité du Débarquement, qui accomplit un travail remarquable, en bonne intelligence avec l'Etat.
Nous entendons également ne pas minimiser les autres événements de cette grande page d'Histoire. Je ne peux pas les citer tous. Quelques-uns figurent sur une liste dans votre dossier, et encore celle-ci n'est évidemment pas exhaustive.
Je veux, d'emblée, rassurer les élus de Provence : ce débarquement, trop méconnu, sera commémoré avec tout le faste nécessaire, comme le prévoit explicitement le décret.
La libération de Paris et celle de Strasbourg seront aussi des temps très forts dans lesquels l'Etat ne manquera pas de s'impliquer ; là encore en bonne intelligence avec les municipalités. La libération de nos villes et de nos villages, le long cortège de tragédies qui ont accompagné notre libération, tout cela doit également être commémoré.
Je sais que, dans une large mesure, vous vous en chargerez. Nous étudierons, ensemble, le concours que l'Etat pourrait être amené à vous apporter. Je me dois, à ce stade de mon propos, d'attirer votre attention, non seulement sur le contexte budgétaire dans lequel nous sommes, mais aussi sur la diminution des moyens humains de nos armées. Déjà très fortement sollicitées, celles-ci ne bénéficient plus de la ressource des appelés du contingent. Il conviendra donc de fixer, ensemble, en lien avec la Mission et les préfets, des priorités pour éviter une dispersion excessive et contre-productive des moyens.
Au risque d'anticiper sur vos questions, je souhaite vous dire qu'il est prématuré d'indiquer dès à présent la participation des plus hautes autorités de l'Etat aux manifestations que vous organiserez. Les demandes sont déjà nombreuses et, le plus souvent, légitimes. Le moment venu, et au plus tard en janvier 2004, à l'occasion de la réunion du Haut Conseil de la mémoire combattante, le chef de l'Etat et le Premier ministre feront connaître leurs choix. Pour ma part, je m'efforcerai d'être le plus disponible possible.
Mesdames et Messieurs, avant de laisser la parole au Secrétaire général de la Mission et d'engager le dialogue avec vous, je souhaite vous redire notre ferme détermination à réussir ces commémorations.
Je veux aussi vous dire que, pour moi et mes collaborateurs, cette responsabilité est non seulement prioritaire mais aussi exaltante. Nous l'abordons avec pragmatisme mais, surtout, avec enthousiasme.
Vous le constatez, nous avons souhaité que ce conseil d'orientation soit large. L'expérience montre que les difficultés ne naissent pas tant des décisions que des incompréhensions et des manques de communication. Il nous a donc semblé important que, tous, nous soyons, à des moments déterminants, réunis dans un même lieu.
Nous pourrons aussi, par souci d'efficacité, nous réunir sur un mode régional. Mais, nous ferons d'autres réunions plénières afin de ne pas perdre la cohérence d'ensemble.
Mesdames et Messieurs, chacun pour notre part, en fonction de nos moyens, et par-delà nos différences, nous allons participer à une uvre importante pour notre pays.
Je vous remercie de votre attention et je cède la parole au Secrétaire général de la Mission, le contrôleur général des armées DELBAUFFE qui va vous apporter les précisions complémentaires sur les travaux déjà engagés
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 22 décembre 2003)