Texte intégral
Stéphane Paoli .- La remobilisation sociale est-elle engagée ? Quatre syndicats, la CGT, SUD-Rail, FO, FGAC, ont déposé un mot d'ordre de grève à la SNCF pour le 21 janvier, cependant qu'à La Poste, chez les fonctionnaires ou dans les hôpitaux, des signes d'impatience se manifestent. Pour autant, une remobilisation sociale implique-t-elle une remobilisation syndicale ? Quatre syndicats, la CFDT, CFTC, CFE-CGC et Unsa n'ont pas signé le mot d'ordre de grève pour le 21 janvier. Les syndicats se retrouveront-ils autour d'une table, où on pourra examiner la situation sur les questions de l'emploi et de la protection sociale, ainsi que la proposition leur en a été faite ? "Remobilisation sociale" - la formule est de vous - et cette remobilisation sociale, si tant est qu'elle intervienne, se ferait-elle en face d'une division syndicale ?
Bernard Thibault .- "Cela fait partie des questions d'actualité. Je pense déjà que c'est une bonne chose que nous puissions réemprunter les voies de la mobilisation sociale dans différents secteurs. Vous avez cité la SNCF et cela va être le cas également à EDF, vis-à-vis d'une décision que prend le Gouvernement d'engager un processus que je considère comme un processus de début de privatisation de cette entreprise publique. C'est le cas chez les marins, cela va être le cas à l'hôpital, à l'appel des organisations de salariés mais aussi de médecins. L'hôpital demeure dans une grave crise et les réponses ne sont pas appropriées. Nous l'avons dans différents domaines aussi du secteur privé - je pense à la construction et au commerce. Il est important, qu'en ce début d'année, les salariés, sur un certain nombre de sujets, donnent de la voix de manière plus forte."
Mais qu'en est-il, sur des questions importantes, de la position des syndicats, voire d'une unité syndicale ? On voit à nouveau, par exemple, s'agissant du préavis de grève à la SNCF, que vous êtes divisés.
- "Oui. Etant entendu qu'il faut aussi examiner l'influence des uns et des autres dans une entreprise. Le nombre de syndicats ne signifie pas pour autant une représentativité. Ce que je remarque, c'est que les organisations qui appellent à se mobiliser le 21 janvier sont les organisations les plus représentatives de l'entreprise."
Il y a comme une sorte de réflexion sur les enjeux du syndicalisme qui apparaît, notamment dans ce débat qui vous oppose à F. Chérèque, qui, sur cette antenne, il y a quelques jours, répondait à ce reproche que vous lui avez fait du "renoncement syndical". Et il vous disait que l'on ne peut demander l'impossible. Par exemple, sur l'augmentation à la SNCF, le CFDT considère que 1 %, c'est pas mal. Vous, vous dites "non", que vous ne pouvez pas suivre, qu'il faut déposer un préavis de grève. Y a-t-il des visions radicalement opposées, aujourd'hui, sur les enjeux du syndicat, qui vous opposent à la CFDT ?
- "C'est un débat que je souhaite de plus en plus public, et qui appartient aux salariés. Je suis demandeur de débats contradictoires quant aux revendications qui doivent être défendues par les syndicats représentant les intérêts des salariés, à l'occasion des négociations que nous pouvons avoir, soit avec le patronat, soit avec le Gouvernement - si tant est que nous soyons engagés dans des négociations - parce que ce qui caractérise aussi la période, et qui devrait nous faire réfléchir en tant que syndicalistes, c'est que le Gouvernement ne cesse de multiplier des décisions qui nous mettent aux pieds du mur, qui sont prises de manière unilatérale, voire contre l'opposition unanime que nous formulons parfois en tant que syndicats de salariés. Je prends un sujet tout à fait d'actualité : le Conseil des ministres, par exemple, aujourd'hui, va prendre la décision officielle de mettre en oeuvre son plan dit "dépendance", avec la création d'une 5ème caisse de sécurité sociale et la remise en cause d'un jour férié. Toutes les confédérations syndicales se sont opposées unanimement à cette perspective. Les conseils d'administration de la caisse d'assurance-maladie, de la caisse d'assurance-vieillesse se sont exprimées unanimement contre cette réforme. Et le Gouvernement va malgré tout délibérer aujourd'hui, en Conseil des ministres, pour mettre en oeuvre cette réforme. Nous sommes, je crois, en France, un des seuls pays européens où nous avons à ce point autant de remises en cause, voire de réformes, prises en opposition aux organisations de salariés, sans que nous soyons en mesure, aujourd'hui, d'organiser une mobilisation permettant aux salariés de se faire entendre de ce Gouvernement qui, encore une fois, prend des décisions à l'encontre de leurs intérêts."
S. Leneuf remarquait tout à l'heure dans son commentaire, dans le journal, que cette division syndicale offre un "boulevard" au Gouvernement. Y aura-t-il ou non cette table ronde - la proposition en a été faite - rassemblant les syndicats sur les réflexions portant que les enjeux du travail, de la santé en France ?
- "En tout cas, pour ce qui nous concerne, nous en sommes tout à fait demandeurs. la proposition a été faite par la CGC, effectivement, et je souhaite au plus tôt - le plus rapidement sera le mieux - que les confédérations syndicales de salariés français se réunissent pour examiner la situation. Sinon, nous voyons à peu près ce qui est à l'horizon. S'agissant du code du travail, de la réglementation du travail, nous prenons encore le risque d'avoir des décisions très négatives pour les salariés. S'agissant de l'avenir de la Sécurité sociale, au-delà du diagnostic fait sur la situation, il est évident, de mon point de vue, que si nous ne trouvons pas les voies pour élever le propos et nos exigences, le pire est à craindre s'agissant de l'avenir de la Sécurité sociale. Nous ne devons pas laisser le Medef avoir la mainmise sur les décisions gouvernementales et parlementaires."
C'est aujourd'hui, par exemple, que M. de Virville, qui est le secrétaire général de Renault, présente à F. Fillon un certain rapport, où il est question, par exemple, d'un contrat de mission - ce fameux contrat de mission dont on parle depuis quelque temps - de 3 à 5 ans. Que dites-vous de cette proposition ?
- "Voilà encore un exemple d'une réforme qui est susceptible d'être adoptée par le Gouvernement et sur laquelle, j'espère, les organisations syndicales seront très exigeantes. Ce que nous constatons, les uns et les autres, c'est que la précarité dans l'emploi est déjà prégnante en France. Contrairement à ce qu'affirme le Medef, les contrats à temps partiels imposés sont très nombreux dans notre pays, les contrats de travail à durée déterminés sont très nombreux, les auxiliaires ou contractuels sont très importants. Dans la métallurgie, par exemple, il y a parfois 40 % des effectifs d'une même entreprise qui sont là avec un contrat à durée temporaire. Et ce qui nous est proposé, ce serait un contrat de mission qui n'a, selon nous, pour finalité que de diminuer encore un peu plus la norme qui est le contrat de travail à durée indéterminée mais en aucun cas de diminuer cette précarité grandissante dans les entreprises et qui accroît l'instabilité et la précarité sociales dans notre pays."
L'autre proposition, elle porte aussi sur les conseils d'entreprises. Tout cela étant dit - en tout cas, pour reprendre les propos du secrétaire général de Renault - dans une volonté de simplifier et de sécuriser le droit du travail. Ces conseils d'entreprises, dont il propose la création, qu'en dites-vous ?
- "Nous allons examiner plus précisément en quoi consiste cette proposition et quelles seraient ses prérogatives. Ce que nous souhaitons, en particulier, s'agissant du fonctionnement des entreprises, c'est que l'on reconnaisse que les salariés puissent avoir voie au chapitre, s'agissant de la gestion des entreprises. Trop de scandales ont débouché sur des plans brutaux de licenciement des personnels, parce que les gestionnaires de l'entreprise, les décideurs ont pris des décisions aventurières, s'agissant d'une gestion financière, sans se soucier du sort fait à ceux qui n'ont que leur travail pour vivre et assurer les moyens d'existence à leur famille. Si ces conseils d'entreprise ont pour vocation, par exemple, de reconnaître un droit supplémentaire aux salariés, d'intervenir sur la gestion de l'entreprise, nous nous prêts à examiner. Si, par contre, il s'agit de diminuer la capacité de représentation sociale et syndicale dans les entreprises, nous ne manquerons pas d'être critiques. Mais encore une fois, j'attends de voir avant d'avoir une opposition plus étayée sur la nature de cette proposition."
Compte tenu du climat social, vous aviez engagé la CGT sur la voie du réformisme ; vous êtes toujours dans le même état d'esprit ?
- "Toute la question, aujourd'hui, est de savoir quel type de réforme il convient de faire dans un pays comme le nôtre. Or, ce que je suis à même de constater - et je ne suis pas le seul, loin de là -, c'est que ce que décide le Gouvernement, voire ce qu'entreprennent les entreprises pour ce qui les concerne, est loin de répondre à l'attente sociale qui est la nôtre. Ce que je remarque, c'est que ce que nous disons reçoit un accueil que je considère grandissant, dans la mesure où je regarde ce qui se produit dans les élections professionnelles aujourd'hui. L'influence de la CGT semble croître et c'est une très bonne chose. En même temps, nous devons aussi dire la vérité : cela ne suffit pas, il nous faut un plus grand nombre d'organisations CGT constituées dans les entreprises si nous voulons vraiment avoir plus d'influence encore sur les décisions qui sont prises et qui engagent l'avenir des uns et des autres."
S'agissant des visions et des enjeux syndicaux, il y a une sorte de partage du monde qui s'opère : d'un côté la CGT et de l'autre la CFDT ?
- "Notre pays se caractérise - nous n'en sortons pas, malheureusement, c'est en cela que nous avons tous, les uns et les autres, à faire des efforts - par le fait qu'une grande majorité des salariés ne sont pas syndiqués. Ils attendent beaucoup des syndicats - c'est un point d'appui pour nous. Ils estiment que les syndicats doivent être des contre-pouvoirs davantage reconnus face à des directions d'entreprises pour lesquelles on a de plus en plus le sentiment qu'elles ont totalement les mains libres. De ce point de vue, l'attitude des responsables politiques ne manque pas de confirmer que les employeurs auraient toutes les raisons de s'estimer avoir les mains libres. Dans ce cadre général, les syndicats sont jugés très importants pour exercer un contre-pouvoir. A nous de transformer cette attente, voire cette confiance parfois, en engagement réel, concret, dans chacune des entreprises et des branches professionnelles."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 14 janvier 2004)
Bernard Thibault .- "Cela fait partie des questions d'actualité. Je pense déjà que c'est une bonne chose que nous puissions réemprunter les voies de la mobilisation sociale dans différents secteurs. Vous avez cité la SNCF et cela va être le cas également à EDF, vis-à-vis d'une décision que prend le Gouvernement d'engager un processus que je considère comme un processus de début de privatisation de cette entreprise publique. C'est le cas chez les marins, cela va être le cas à l'hôpital, à l'appel des organisations de salariés mais aussi de médecins. L'hôpital demeure dans une grave crise et les réponses ne sont pas appropriées. Nous l'avons dans différents domaines aussi du secteur privé - je pense à la construction et au commerce. Il est important, qu'en ce début d'année, les salariés, sur un certain nombre de sujets, donnent de la voix de manière plus forte."
Mais qu'en est-il, sur des questions importantes, de la position des syndicats, voire d'une unité syndicale ? On voit à nouveau, par exemple, s'agissant du préavis de grève à la SNCF, que vous êtes divisés.
- "Oui. Etant entendu qu'il faut aussi examiner l'influence des uns et des autres dans une entreprise. Le nombre de syndicats ne signifie pas pour autant une représentativité. Ce que je remarque, c'est que les organisations qui appellent à se mobiliser le 21 janvier sont les organisations les plus représentatives de l'entreprise."
Il y a comme une sorte de réflexion sur les enjeux du syndicalisme qui apparaît, notamment dans ce débat qui vous oppose à F. Chérèque, qui, sur cette antenne, il y a quelques jours, répondait à ce reproche que vous lui avez fait du "renoncement syndical". Et il vous disait que l'on ne peut demander l'impossible. Par exemple, sur l'augmentation à la SNCF, le CFDT considère que 1 %, c'est pas mal. Vous, vous dites "non", que vous ne pouvez pas suivre, qu'il faut déposer un préavis de grève. Y a-t-il des visions radicalement opposées, aujourd'hui, sur les enjeux du syndicat, qui vous opposent à la CFDT ?
- "C'est un débat que je souhaite de plus en plus public, et qui appartient aux salariés. Je suis demandeur de débats contradictoires quant aux revendications qui doivent être défendues par les syndicats représentant les intérêts des salariés, à l'occasion des négociations que nous pouvons avoir, soit avec le patronat, soit avec le Gouvernement - si tant est que nous soyons engagés dans des négociations - parce que ce qui caractérise aussi la période, et qui devrait nous faire réfléchir en tant que syndicalistes, c'est que le Gouvernement ne cesse de multiplier des décisions qui nous mettent aux pieds du mur, qui sont prises de manière unilatérale, voire contre l'opposition unanime que nous formulons parfois en tant que syndicats de salariés. Je prends un sujet tout à fait d'actualité : le Conseil des ministres, par exemple, aujourd'hui, va prendre la décision officielle de mettre en oeuvre son plan dit "dépendance", avec la création d'une 5ème caisse de sécurité sociale et la remise en cause d'un jour férié. Toutes les confédérations syndicales se sont opposées unanimement à cette perspective. Les conseils d'administration de la caisse d'assurance-maladie, de la caisse d'assurance-vieillesse se sont exprimées unanimement contre cette réforme. Et le Gouvernement va malgré tout délibérer aujourd'hui, en Conseil des ministres, pour mettre en oeuvre cette réforme. Nous sommes, je crois, en France, un des seuls pays européens où nous avons à ce point autant de remises en cause, voire de réformes, prises en opposition aux organisations de salariés, sans que nous soyons en mesure, aujourd'hui, d'organiser une mobilisation permettant aux salariés de se faire entendre de ce Gouvernement qui, encore une fois, prend des décisions à l'encontre de leurs intérêts."
S. Leneuf remarquait tout à l'heure dans son commentaire, dans le journal, que cette division syndicale offre un "boulevard" au Gouvernement. Y aura-t-il ou non cette table ronde - la proposition en a été faite - rassemblant les syndicats sur les réflexions portant que les enjeux du travail, de la santé en France ?
- "En tout cas, pour ce qui nous concerne, nous en sommes tout à fait demandeurs. la proposition a été faite par la CGC, effectivement, et je souhaite au plus tôt - le plus rapidement sera le mieux - que les confédérations syndicales de salariés français se réunissent pour examiner la situation. Sinon, nous voyons à peu près ce qui est à l'horizon. S'agissant du code du travail, de la réglementation du travail, nous prenons encore le risque d'avoir des décisions très négatives pour les salariés. S'agissant de l'avenir de la Sécurité sociale, au-delà du diagnostic fait sur la situation, il est évident, de mon point de vue, que si nous ne trouvons pas les voies pour élever le propos et nos exigences, le pire est à craindre s'agissant de l'avenir de la Sécurité sociale. Nous ne devons pas laisser le Medef avoir la mainmise sur les décisions gouvernementales et parlementaires."
C'est aujourd'hui, par exemple, que M. de Virville, qui est le secrétaire général de Renault, présente à F. Fillon un certain rapport, où il est question, par exemple, d'un contrat de mission - ce fameux contrat de mission dont on parle depuis quelque temps - de 3 à 5 ans. Que dites-vous de cette proposition ?
- "Voilà encore un exemple d'une réforme qui est susceptible d'être adoptée par le Gouvernement et sur laquelle, j'espère, les organisations syndicales seront très exigeantes. Ce que nous constatons, les uns et les autres, c'est que la précarité dans l'emploi est déjà prégnante en France. Contrairement à ce qu'affirme le Medef, les contrats à temps partiels imposés sont très nombreux dans notre pays, les contrats de travail à durée déterminés sont très nombreux, les auxiliaires ou contractuels sont très importants. Dans la métallurgie, par exemple, il y a parfois 40 % des effectifs d'une même entreprise qui sont là avec un contrat à durée temporaire. Et ce qui nous est proposé, ce serait un contrat de mission qui n'a, selon nous, pour finalité que de diminuer encore un peu plus la norme qui est le contrat de travail à durée indéterminée mais en aucun cas de diminuer cette précarité grandissante dans les entreprises et qui accroît l'instabilité et la précarité sociales dans notre pays."
L'autre proposition, elle porte aussi sur les conseils d'entreprises. Tout cela étant dit - en tout cas, pour reprendre les propos du secrétaire général de Renault - dans une volonté de simplifier et de sécuriser le droit du travail. Ces conseils d'entreprises, dont il propose la création, qu'en dites-vous ?
- "Nous allons examiner plus précisément en quoi consiste cette proposition et quelles seraient ses prérogatives. Ce que nous souhaitons, en particulier, s'agissant du fonctionnement des entreprises, c'est que l'on reconnaisse que les salariés puissent avoir voie au chapitre, s'agissant de la gestion des entreprises. Trop de scandales ont débouché sur des plans brutaux de licenciement des personnels, parce que les gestionnaires de l'entreprise, les décideurs ont pris des décisions aventurières, s'agissant d'une gestion financière, sans se soucier du sort fait à ceux qui n'ont que leur travail pour vivre et assurer les moyens d'existence à leur famille. Si ces conseils d'entreprise ont pour vocation, par exemple, de reconnaître un droit supplémentaire aux salariés, d'intervenir sur la gestion de l'entreprise, nous nous prêts à examiner. Si, par contre, il s'agit de diminuer la capacité de représentation sociale et syndicale dans les entreprises, nous ne manquerons pas d'être critiques. Mais encore une fois, j'attends de voir avant d'avoir une opposition plus étayée sur la nature de cette proposition."
Compte tenu du climat social, vous aviez engagé la CGT sur la voie du réformisme ; vous êtes toujours dans le même état d'esprit ?
- "Toute la question, aujourd'hui, est de savoir quel type de réforme il convient de faire dans un pays comme le nôtre. Or, ce que je suis à même de constater - et je ne suis pas le seul, loin de là -, c'est que ce que décide le Gouvernement, voire ce qu'entreprennent les entreprises pour ce qui les concerne, est loin de répondre à l'attente sociale qui est la nôtre. Ce que je remarque, c'est que ce que nous disons reçoit un accueil que je considère grandissant, dans la mesure où je regarde ce qui se produit dans les élections professionnelles aujourd'hui. L'influence de la CGT semble croître et c'est une très bonne chose. En même temps, nous devons aussi dire la vérité : cela ne suffit pas, il nous faut un plus grand nombre d'organisations CGT constituées dans les entreprises si nous voulons vraiment avoir plus d'influence encore sur les décisions qui sont prises et qui engagent l'avenir des uns et des autres."
S'agissant des visions et des enjeux syndicaux, il y a une sorte de partage du monde qui s'opère : d'un côté la CGT et de l'autre la CFDT ?
- "Notre pays se caractérise - nous n'en sortons pas, malheureusement, c'est en cela que nous avons tous, les uns et les autres, à faire des efforts - par le fait qu'une grande majorité des salariés ne sont pas syndiqués. Ils attendent beaucoup des syndicats - c'est un point d'appui pour nous. Ils estiment que les syndicats doivent être des contre-pouvoirs davantage reconnus face à des directions d'entreprises pour lesquelles on a de plus en plus le sentiment qu'elles ont totalement les mains libres. De ce point de vue, l'attitude des responsables politiques ne manque pas de confirmer que les employeurs auraient toutes les raisons de s'estimer avoir les mains libres. Dans ce cadre général, les syndicats sont jugés très importants pour exercer un contre-pouvoir. A nous de transformer cette attente, voire cette confiance parfois, en engagement réel, concret, dans chacune des entreprises et des branches professionnelles."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 14 janvier 2004)