Point de presse de M. Michel Barnier, ministre des affaires étrangères, sur les relations franco-sénégalaises et la situation au Darfour, Dakar le 26 juillet 2004.

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Circonstance : Voyage de Michel Barnier dans quatre pays d' Afrique (Sénégal, Tchad, Soudan, Afrique du Sud) du 26 au 29 juillet 2004 consacré à la question du Darfour : entretien avec le président sénégalais, M. Abdoulaye Wade, à Dakar le 26

Texte intégral

Comme vous le savez, avec le président Wade nous allons continuer notre dialogue au cours d'un dîner de travail. J'ai été très heureux de l'accueil très chaleureux et très amical que j'ai reçu au cours de cette première rencontre avec le ministre des affaires étrangères qui m'a accueilli à l'aéroport. J'ai été très heureux de connaître le président du Sénégal, d'évoquer avec lui un certain nombre de sujets, liés à notre coopération franco-sénégalaise, qui est une des plus anciennes et des plus fortes, après trois siècles d'histoire partagée, et puis nous avons également évoqué un certain nombre de problèmes, de défis, de crises sur le continent africain, dans lesquels le Sénégal joue un rôle important et positif.
En ce qui me concerne, j'ai été très heureux de revenir ici au Sénégal parce que j'y étais déjà venu comme ministre de l'Environnement. J'étais venu également, au-delà de Dakar, d'ailleurs, dans la région de Casamance, à Bignona, où le département de la Savoie, que j'ai présidé pendant 17 ans, a engagé depuis longtemps une coopération décentralisée avec la préfecture de Bignona. Donc je suis très heureux de pouvoir saluer, par votre intermédiaire, les citoyens sénégalais, et de leur dire l'attachement de la France. Le président de la République, qui a reçu récemment le président Wade à Paris, souhaite donner à cette coopération davantage encore de dynamisme, de force, et moi je suis aussi attaché à la dimension citoyenne et humaine de cette coopération à travers l'éducation, la santé, le développement rural. Par exemple, nous avons longtemps parlé avec le président Wade de sujets qui l'intéressent et qui m'intéressent aussi : l'environnement, la lutte contre ce fléau des criquets, également la gestion de l'eau, la prévention des catastrophes naturelles. Le président Wade a exprimé par exemple une idée que je trouve extrêmement forte qui consisterait à créer en Afrique, et pour les Africains, quelque chose qui serait une force africaine de protection civile, peut-être avec plusieurs unités réparties sur le continent. Nous avons le même problème en Europe. J'ai moi-même, comme ancien commissaire européen, proposé la création d'une force européenne de protection civile. Lorsqu'il y a des catastrophes humaines, naturelles, on voit bien que ce n'est pas la bonne volonté qui manque quelquefois, mais que ce sont des moyens immédiatement mobilisables, donc je trouve que c'est une bonne idée que cette idée-là.
Je pense, enfin, que dans beaucoup de domaines, qui touchent au développement, aux enjeux de santé publique, de développement agricole, d'emploi, de croissance, de formation pour les jeunes Africains, les pays européens auraient des raisons de davantage mutualiser leurs aides et leurs politiques. Et, encore une fois, la France et le Sénégal garderont une coopération singulière très forte comme elle l'a toujours été. Il y a aussi des raisons que les pays européens agissent davantage ensemble en mutualisant leurs réponses et leurs actions.
Q - Vous allez dans le Darfour. Est-ce que vous évoqué la question avec le président Wade ?
R - Nous avons ce soir l'intention de continuer notre dialogue en parlant de deux crises importantes, et encore une fois qui touchent non seulement tous les Africains mais tous les citoyens du monde, la France aussi parmi les autres.
La crise de Côte d'Ivoire : je suis très soucieux de connaître la position, l'analyse du président Wade sur cette crise qu'il connaît bien. Je n'oublie pas, et la France n'oublie pas, le rôle extrêmement important et actif que le président Wade a joué quand il présidait la CEDEAO au début de la crise ivoirienne. Dans cette crise, la bonne réponse, c'est celle que l'on voit aujourd'hui, c'est une responsabilité partagée des dirigeants africains aux cotés des dirigeants ivoiriens. Donc je suis heureux de parler de cette question avec lui tout à l'heure.
Je parlerai également de la crise du Darfour.
J'étais ce matin à Bruxelles avec tous les autres ministres de l'Union européenne : nous sommes très mobilisés, comme toute la communauté internationale, dans cette triple urgence à propos du Darfour :
- urgence humanitaire : ce sont d'abord les hommes, les femmes et les enfants qu'il faut sauver, et cela exige des moyens logistiques : la France, par exemple, en attendant que l'Europe prenne le relais avec les hélicoptères, a décidé d'affréter un avion gros porteur qui fait une rotation permanente, c'est un coût de 2 millions d'euros. Mais l'Europe tout entière est déjà mobilisée avec près de 200 millions d'euros de secours, d'aide humanitaire, d'approvisionnement, de matériel, pour donner les moyens aux Organisations non gouvernementales, aux autorités publiques, qui font du bon travail, d'agir, pour éviter la catastrophe humanitaire ;
- il y a l'urgence de la sécurité : voilà pourquoi nous souhaitons continuer à aider, à accompagner les efforts de l'Union africaine ;
- et puis il y a l'urgence politique : c'est l'objet du projet de résolution qui en cours de discussion aux Nations unies, pour que toutes les parties reviennent à la table de discussions et tiennent leurs engagements.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 juillet 2004)