Déclaration de M. Gilles de Robien, ministre de l'équipement, des transports, de l'aménagement du territoire, du tourisme et de la mer, sur le projet de ligne ferroviaire à grande vitesse entre Poitiers et Limoges, Paris le 30 novembre 2004.

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Circonstance : Signature de la convention d'études relative à la ligne ferroviaire Poitiers-Limoges à Paris le 30 novembre 2004

Texte intégral

Merci Madame, et Messieurs les présidents des Conseils régionaux et généraux,
Madame et Messieurs les conseillers régionaux et généraux,
Messieurs les Maires de Limoges et Brive,
Messieurs les députés d'avoir répondu favorablement à cette invitation pour la présentation du projet de ligne ferroviaire à grande vitesse entre Poitiers et Limoges.
Merci à Messieurs les présidents de la SNCF et de RFF de m'assister pour cette réunion.
Quelques-uns parmi vous étaient présents le 9 novembre dernier, dans le salon bleu tout proche, à l'occasion du point d'étape que j'avais souhaité sur l'amélioration de la ligne entre Paris Orléans Limoges et Toulouse.
Le communiqué que nous avons publié à l'issue de cette réunion donnait de façon succincte chacune des raisons objectives qui ont motivé ce choix.
Cependant, à l'intention de ceux qui n'étaient pas là et qui, je le sais, souhaitent connaître de façon précise ce qui a conduit le gouvernement à réorienter le projet d'amélioration de cette ligne, je me permets, et ce sera la dernière fois, de redire pourquoi l'idée d'un train pendulaire sur la ligne n'est pas pertinente.
Les raisons sont tout d'abord économiques et techniques, et parmi celles-ci :
- la faible rentabilité socioéconomique du projet, soulignée par le rapport d'audit du CGPC et de l'Inspection Générale des Finances sur les grands projets d'infrastructure de transport,
- le coût d'exploitation élevé,
- les bilans économiques négatifs pour la SNCF,
- enfin, les interrogations qui subsistent quant au confort des voyageurs et des conducteurs.
Mais surtout, le gain de temps annoncé dans le cadre du projet pendulaire entre Paris et Toulouse se situait dans le meilleur des cas aux alentours de 30 minutes.
Aujourd'hui, le trajet le plus rapide entre Paris et Toulouse, via Limoges, s'effectue en 6 heures, le projet le portait donc au mieux à 5 heures 30.
Or aujourd'hui le trajet le plus rapide entre Paris et Toulouse s'effectue déjà en 5 heures via Bordeaux.
De plus, cette durée se réduira progressivement avec la mise en chantier des travaux de la ligne nouvelle entre Tours et Bordeaux puis la réalisation de la ligne nouvelle entre Bordeaux et Toulouse. Cette opération du TGV Sud Europe Atlantique a aussi été décidée dans le cadre du CIADT du 18 décembre 2003.
Paris et Toulouse se situeront au final à à peine plus de trois heures l'une de l'autre.
Enfin, et nous touchons là au sujet qui nous réunit ici particulièrement, le CIADT a décidé le lancement de l'étude de ligne à grande vitesse entre Poitiers et Limoges.
Aujourd'hui, le trajet le plus rapide entre Paris et Limoges s'effectue en 2 heures 50.
Le projet pendulaire portait ce trajet à 2h30 environ.
Le projet retenu par le gouvernement d'un TGV entre Poitiers et Limoges portera cette durée à seulement deux heures environ, ce qui donne un gain de temps de l'ordre de 30 % par rapport à aujourd'hui.
La logique de desserte à moyen terme est donc parfaitement cohérente, "en râteau" depuis l'axe Sud Europe Atlantique :
- débranchement à Poitiers pour aller à Limoges puis Brive,
- continuation à Bordeaux vers l'Est pour aller à Toulouse.
J'avais annoncé, le 9 novembre, une réunion de présentation du projet avant la fin du mois, c'est l'objet de notre rencontre aujourd'hui.
La SNCF et RFF détailleront les éléments de l'étude tout à l'heure. Mais je termine tout d'abord les mesures décidées pour moderniser l'axe POLT.
Donc, le gouvernement, lors du CIADT du 18 décembre 2003, dans la logique de ce que je viens de vous exposer et des deux décisions majeures que je viens de rappeler, a décidé, pour répondre à un besoin de court terme, de moderniser la liaison ferroviaire entre Paris Orléans Limoges et Toulouse.
De la moderniser selon trois axes que je vous rappelle encore, je cite :
- "la poursuite des travaux d'amélioration de l'infrastructure ferroviaire,
- l'expérimentation commerciale, dès le début de l'année 2004, des rames TEOZ entre Paris et Toulouse, avant d'en affecter définitivement à ces circulations à la fin 2004 en cas de satisfaction,
- l'étude des modalités d'interconnexion permettant d'accéder au réseau TGV et notamment à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle."
La réunion du 9 novembre a permis d'exposer dans le détail la mise en oeuvre concrète de ces trois décisions.
Vous savez que le premier train TEOZ circule sur la ligne depuis le 15 novembre, que l'État financera seul la suppression de 5 passages à niveau au sud de Châteauroux, et que j'ai exprimé le souhait de poursuivre les travaux d'amélioration de l'infrastructure dans le cadre d'un comité de pilotage avec les trois régions Centre, Limousin et Midi Pyrénées.
J'ai également souhaité que les régions puissent conclure avec la SNCF une convention précisant les modalités de circulation d'une rame TGV sur la ligne afin d'accéder à très court terme au réseau d'interconnexion de l'Ile de France et à l'aéroport de Roissy.
Enfin, le 9 novembre, RFF a détaillé la mise en oeuvre de 233 Millions d'euros dans le cadre d'un exceptionnel chantier de travaux de régénération de la ligne.
J'en ai fini avec ce rappel, qui s'imposait je le crois, et qui me donne l'occasion d'enchaîner logiquement avec le projet lié de ligne nouvelle entre Poitiers et Limoges. Projet à plus long terme dont nous lançons officiellement les études pré-fonctionnelles ce jour, pour un désenclavement définitivement efficace de la région Limousin.
Vous vous intéressez depuis longtemps à la desserte ferroviaire du Limousin, et vous savez donc qu'il ne s'agit pas d'une idée nouvelle.
Lors des études préparatoires au schéma directeur qui a été approuvé en 1992, le projet de ligne à grande vitesse entre Poitiers et Limoges figurait parmi les variantes proposées au projet dit de "TGV Limousin".
Je cite le rapport préparatoire :
"Cette variante, dont l'étude est actuellement en cours d'approfondissement est, compte tenu des premiers éléments disponibles, celle dont le rapport coût/efficacité serait le plus favorable pour la desserte de Limoges et de Brive.
Par rapport à la variante de base, elle apporterait en effet, pour un coût d'infrastructure plus réduit, un gain de temps d'une dizaine de minutes sur le temps de parcours sans arrêt de Paris à Limoges."
Je rappelle que le TGV Limousin consistait, sur la ligne POLT, à construire des portions de ligne à grande vitesse. C'est finalement ce projet que le gouvernement de 1992 avait retenu, pour l'abandonner progressivement et aboutir au projet de pendulaire dont je viens de montrer que lui non plus n'était pas pertinent.
C'est donc à partir d'aujourd'hui, enfin mais 12 ans après cependant, que la ligne nouvelle à grande vitesse entre Poitiers et Limoges sera officiellement et sérieusement étudiée.
Depuis 1992, alors que le constat se faisait que le TGV Limousin avait été un mauvais choix, des expertises sommaires ont pu être menées sur la variante Poitiers Limoges qui n'avait pas été retenue.
Je tiens à souligner ici le caractère à la fois sommaire et non exhaustif de ce que certains, notamment dans la presse, ont pu qualifier d'étude. Je tiens aussi à vous dire que les éléments de référence qui avaient été retenus pour cette expertise sont aujourd'hui obsolètes.
A l'issue de cette expertise, une note interne a certes été produite, en 1999, par la SNCF et RFF, il ne s'agissait que d'une note interne.
Les éléments qui ont pu être extraits de ce contexte par certains n'ont aucune valeur et sont, je le redis, obsolètes.
Aujourd'hui, parmi les raisons qui ont conduit le gouvernement à souhaiter engager l'étude véritable qui permettra l'organisation d'un débat public sur ce projet de ligne nouvelle entre Poitiers et Limoges.
Je tiens à insister sur la programmation des travaux de mise à grande vitesse de la ligne Sud Europe Atlantique entre Tours et Poitiers.
C'est un élément clé pour la rentabilité du projet qui nous intéresse et qui n'a jusqu'alors jamais été pris en compte dans les expertises et notes internes que je viens de citer.
Les études d'avant projet sommaire pour la mise à grande vitesse de cette portion de la ligne Sud Europe Atlantique ont déjà commencé et c'est cette réalisation qui permettra au projet Poitiers-Limoges de relier Paris à Limoges en deux heures, et Brive en moins de trois heures.
Et c'est la réponse essentielle au désenclavement du Limousin.
Dans cette logique, le Comité Interministériel à l'Aménagement et au Développement du Territoire a donc soutenu, le 18 décembre 2003, l'étude d'une ligne nouvelle entre Poitiers et Limoges.
J'ai le plaisir aujourd'hui de porter à votre connaissance les modalités de démarrage de cette étude et son contenu.
Ces objectifs tendent donc vers l'organisation rapide d'un débat public, afin de permettre, comme l'a souhaité le Premier ministre, d'envisager le commencement des travaux dès le début des années 2010.
Avant de laisser la parole à RFF et à la SNCF pour vous présenter le déroulement des phases qui nous mèneront à ce but, je vous précise que les pré-études fonctionnelles qui sont maintenant lancées, sont financées jusqu'au débat public à 100 % par l'État et ses établissements publics.
Les élus locaux du Limousin et aussi de Poitou-Charentes seront bien évidemment associés à leur suivi mais nous en reparlerons tout à l'heure.
Parmi les éléments que les établissements publics auront à prendre en compte dans l'étude de ligne ferroviaire à grande vitesse entre Poitiers et Limoges, deux projets connexes seront à considérer ; comment seront-ils pris en compte ? Il est bien sûr trop tôt pour le savoir mais j'en ai souhaité une présentation rapide aujourd'hui.
Monsieur BOURION, directeur régional de l'Équipement du Limousin va nous décrire très rapidement le projet routier et RFF enchaînera avec le projet ferroviaire.
Merci Messieurs, je laisse maintenant pour un moment la parole à RFF pour commencer puis à la SNCF pour la présentation des autres éléments de l'étude de la ligne nouvelle.
Merci, c'est je crois maintenant au tour de la SNCF de présenter les éléments qui la concernent :
Vous le voyez, le chantier des études est vaste ; j'ai souhaité vous en faire connaître le cadre.
Les tous premiers résultats devraient être prêts dès le premier trimestre 2005 et je demande donc au préfet du limousin de bien vouloir prendre en charge l'organisation d'un Comité de pilotage de ces études. Vous en assurerez, Monsieur BUR, la présidence et je signe aujourd'hui même la lettre de mission correspondante. Vous associerez bien évidemment très étroitement à ce comité de pilotage, le préfet de la région Poitou-Charentes, RFF et la SNCF, et vous inviterez à participer les présidents des régions Limousin et Poitou-Charentes qui seront membres permanents.
Vous assurerez la plus large information auprès des élus locaux de l'avancée de ces études.
Le calendrier en est d'ailleurs déjà fixé, comme vous pouvez le constater sur la diapositive qui vous est projetée.
Vous pouvez constater Mesdames et Messieurs que nous mènerons dans les 2 ans qui viennent les études qui nous séparent du débat public, qui sera organisé en septembre 2006.
Je souhaite m'engager officiellement devant vous sur le respect de ce calendrier, c'est pourquoi je signe avec Messieurs GALLOIS et DUPORT ce protocole aujourd'hui.
(Source http://www.equipement.gouv.fr, le 7 février 2005)