Déclaration de M. Patrick Devedjian, ministre délégué à l'industrie, sur l'importance de l'introduction de la haute définition dans la télévision numérique terrestre, Paris le 14 janvier 2004.

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Circonstance : Remise du rapport sur les perspectives industrielles de la TVHD en France à Paris le 14 janvier 2005

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi tout d'abord de vous souhaiter la bienvenue à cette réunion de présentation du rapport sur les perspectives industrielles de la télévision haute définition en France.
Pour commencer, je voudrais remercier le Cabinet NPA Conseil ainsi que l'ensemble des membres du comité de pilotage qui ont travaillé ensemble pendant plus de six mois.
Je citerai en particulier :
Auprès de ce Ministère, le Conseil Général des Technologies de l'Information, mais aussi
Auprès du Premier ministre, la Direction du Développement des Médias,
Auprès du ministre de la Culture et de la Communication, le Centre National de la Cinématographie,
Le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel,
L'ensemble des industriels réunis au sein du HD Forum, forum de la haute définition que j'ai lancé le 8 juillet dernier à Bercy.
Merci à tous pour cette excellente coordination interministérielle, qui permet aujourd'hui de présenter des conclusions très largement partagées.
Vous le savez bien, la haute définition n'est pas une bataille facile. Elle remet en cause l'ordre audiovisuel établi. Je me rappelle encore des réactions provoquées lors du lancement du HD forum à Bercy le 8 juillet dernier, lorsque j'ai proposé de recourir à la norme MPEG4, permettant d'introduire la haute définition dans la télévision numérique terrestre.
Dans les discussions qui ont suivi, permettez moi de saluer de nouveau, ici, les excellentes contributions apportées ensuite par Jean-Michel Hubert, vice-président du Conseil Général des Technologies de l'Information (CGTI), et Daniel Boudet de Montplaisir, coordinateur national de la TNT. En recommandant l'introduction de la haute définition dans la télévision numérique terrestre, c'est-à-dire l'utilisation de MPEG4, ils ont pris une part importante à notre succès final.
L'arbitrage rendu par le Premier ministre, favorable à l'introduction de la TVHD sur la Télévision Numérique Terrestre, nous ouvre aujourd'hui de formidables perspectives
industrielles. C'est l'ensemble de l'industrie de l'électronique et de l'audiovisuel qui va se mobiliser pour replacer la France dans le peloton de tête de l'image.
Le rapport qui nous est présenté aujourd'hui a précisément pour objectif d'analyser le potentiel de croissance de la TVHD pour l'industrie française, et propose différents schémas de développement, à horizon 2010-2015.
La présentation de ce rapport est aussi l'occasion de vous redire ma détermination en faveur de la haute définition. Comme la grande majorité des industriels du secteur, réunis au sein du HD Forum, mais aussi l'ensemble des auteurs, réalisateurs et producteurs audiovisuels, je suis convaincu que l'introduction de la haute définition sur l'ensemble des vecteurs de diffusion de la télévision, et en particulier sur le premier d'entre eux, la télévision numérique terrestre, est à la fois souhaitable et possible.
Elle est souhaitable pour trois raisons essentielles :
1. Restreindre la haute définition au satellite et au câble aboutirait tout d'abord à en exclure la grande majorité des français, et à creuser durablement une véritable fracture de l'image entre des privilégiés, qui peuvent accéder à la haute définition par le satellite, le câble ou l'ADSL, et le plus grand nombre, qui resterait condamné à la basse définition.
2. La télévision haute définition constitue ensuite un service susceptible de répondre à l'attente de nombreux consommateurs. Les ventes d'écrans plats, susceptibles de recevoir la haute définition, progressent déjà à un rythme supérieur à 300% par an. Plus de 600.000 pièces seront écoulées sur le marché français en 2004. Dans le même temps, le prix moyen de l'écran plat 15 pouces, qui est déjà passé de 1.700 à 600 euros en trois ans, accélère sa baisse sous l'effet de l'explosion du marché international. A titre de comparaison, lorsque la télévision couleur a été lancée le 1er octobre 1967, 1.500 téléviseurs couleurs seulement étaient en service dans le pays, et leur prix était alors celui d'une deux chevaux !
3. La haute définition représente enfin un enjeu majeur pour l'industrie audiovisuelle française et européenne. Elle se développe déjà rapidement dans plusieurs pays d'Asie, en Australie, au Canada et aux Etats-Unis. La France, longtemps pionnière dans le domaine de l'image, ne peut rester absente d'une telle mutation.
Introduire la haute définition dans la télévision numérique terrestre est non seulement souhaitable mais indispensable, pour cinq raisons principales :
1. Premièrement, il est possible d'introduire la haute définition sans porter atteinte à la sélection d'éditeurs déjà réalisée par le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel. En effet, le format de compression de nouvelle génération, MPEG4, offre un taux de compression 3 fois supérieur à l'ancien format MPEG2. Il permet donc de réduire suffisamment le besoin en fréquence de chaque chaîne pour conserver l'ensemble des éditeurs déjà sélectionnés et autoriser cinq à sept d'entre eux à passer en haute définition.
2. Deuxièmement, ce format de compression de nouvelle génération arrive aujourd'hui à maturité industrielle. Les décodeurs MPEG4 seront en effet disponibles à grande échelle dès septembre prochain - plusieurs commandes effectives émanant notamment du marché américain et comportant des dates de livraison fixées à juillet 2005 attestent de cette disponibilité -, à un prix supérieur de 30 à 40 Euros aux décodeurs MPEG2, différence qui devrait se réduire très rapidement avec le développement des marchés mondiaux. La décision prise il y a deux semaines au niveau communautaire par l'ETSI d'homologuer le format MPEG4 pour la télévision numérique terrestre, comme celle, encore plus récente, de la chaîne payante TPS Star, de recourir à ce format dès le mois de mai 2005, constituent autant de démentis concrets à tous ceux qui pensent que la France est condamnée au retard, que les nouvelles technologies ne sont jamais mûres et toujours trop chères, et que le progrès technique doit être enfermé dans une niche.
3. Troisièmement, au plan juridique, ce format de compression ne peut être interdit. En effet, la norme MPEG4 ayant été validée au niveau communautaire, seule la Commission européenne peut, en application de la directive relative à un cadre réglementaire commun pour les réseaux et services de communications électroniques, en raison notamment de problèmes d'efficience ou d'interopérabilité - MPEG4 est d'ailleurs plus efficient et parfaitement interopérable - et à l'issue d'une consultation publique spécifique, rendre obligatoire certaines normes. Au-delà même de la question de l'opportunité de continuer à interdire MPEG4 en France, l'arrêté interministériel du 24 décembre 2001, qui n'autorise que l'utilisation de la norme MPEG2 par les détenteurs de fréquences, comporte donc actuellement un important risque contentieux.
4. Quatrièmement, dans sa politique de soutien à la recherche, l'Etat a investi depuis le début des années 2000 des sommes considérables dans le développement de nouvelles applications de la télévision numérique au format MPEG4, en particulier en appuyant les nombreuses entreprises innovantes réunies au sein du Réseau de l'Innovation en Audiovisuel et Multimédia (RIAM). Renoncer à l'utilisation de ce format alors même qu'il arrive à maturité poserait évidemment la question de la cohérence des choix publics et du maintien d'un soutien de l'Etat à l'innovation dans le secteur audiovisuel. Je me rendrai lundi prochain à Rennes pour visiter plusieurs centres de recherche et développement travaillant aux nouvelles générations d'image numérique. D'importantes mesures seront annoncées, visant à conforter la place de l'industrie française dans ce secteur.
5. Cinquièmement, dans la compétition internationale de l'image, l'industrie française et européenne dispose d'un savoir-faire reconnu pour les composants MPEG4, alors même que les Etats-Unis et la Chine tentent d'imposer partout dans le monde des formats concurrents. Avec l'initialisation d'un parc de décodeurs capables de recevoir des flux MPEG4, la France retrouvera enfin les premiers rangs dans le domaine de l'image numérique. En effet, la plupart des pays développés, qui ont lancé la TNT dans les années 1990 et constitué depuis lors d'importants parcs de décodeurs MPEG2, font actuellement face aux difficultés et aux coûts de la migration de tels parcs vers les nouveaux formats. Dans ce contexte, l'initialisation d'un parc de décodeurs limités à MPEG2 risquerait d'accroître durablement le retard du pays. Ce retard de la France dans le lancement de la TNT doit au contraire être transformé en atout.
Le Gouvernement vient, par la voix du Premier ministre, de prendre une décision ambitieuse en faveur de MPEG4 et de la haute définition.
Il appartient aujourd'hui à l'industrie française de se mobiliser et de répondre au défi qui lui est lancé.
Je remercie l'ensemble du comité de pilotage, ainsi que le cabinet NPA Conseil, et son président Philippe Bailly, qui va maintenant nous présenter l'analyse des perspectives industrielles pour la haute définition en France.
(Source http://www.industrie.gouv.fr, le 14 janvier 2005)