Texte intégral
Mesdames et Messieurs les ministres,
Madame la Présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah,
Monsieur le maire de Paris,
Messieurs les préfets,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et messieurs les élus,
Monsieur le représentant du président du CRIF,
Mesdames et messieurs les présidents d'association,
Mesdames et Messieurs,
Nous sommes rassemblés aujourd'hui pour nous souvenir, dans la dignité et la gravité, des instants tragiques que vécurent, ici même, et en d'autres lieux du sol de France, il y a soixante deux ans, des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, pour la seule raison qu'ils étaient juifs.
Nous sommes réunis pour nous rappeler, comme nous venons de le faire, par les seuls hommages qui conviennent: le témoignage, le silence, la parole.
Je vous remercie, Madame la Présidente, pour ces mots que vous venez de prononcer. Permettez-moi de vous redire notre respect et notre estime pour votre engagement et votre action à la tête de la Fondation pour la mémoire de la SHOAH.
Aujourd'hui, 18 juillet 2004, alors que tant d'actes d'antisémitisme et de racisme ont, ces derniers mois, ravivé les blessures indicibles de ceux qui furent les victimes des persécuteurs nazis et de leurs complices français, notre rassemblement est aussi un appel.
Cette année, notre commémoration unit dans la même gravité le rappel de ces jours tragiques et un appel à la vigilance civique et au respect de l'autre.
Qu'y a-t-il de plus grave, en effet, que le rappel de ce jour du 16 juillet 1942, où la vie de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, bascula soudainement dans l'horreur.
L'inimaginable venait de s'abattre sur eux.
Les conditions terrifiantes qu'ils vécurent en ces jours, la soif, la faim, la chaleur, l'angoisse, l'incompréhension, la détresse, l'arrachement, l'abandon, n'étaient qu'un prélude aux abominations planifiées par les nazis.
Nous sommes rassemblés pour évoquer tous ces innocents, parqués dans l'attente insupportable de leur destin tragique.
Ce sont des familles entières, encore réunies par la violence soudaine de ces rafles matinales, ou déjà séparées par le hasard des arrestations, que nous évoquons.
Elles seront pour la plupart totalement brisées, si peu reviendront.
Ce sont des grands-parents, des parents, des enfants, des voisins, des amis, promis à un arrachement définitif.
Les photos de leurs jours heureux et paisibles nous reviennent à l'esprit: elles contrastent si fort avec leur destin tragique, avec ce sentiment de perte irréparable qui nous étreint en les regardant.
Leurs visages nous hantent, leurs yeux nous interrogent.
Quelle réponse leur faire, sinon celle-ci: nous voulons nous souvenir de vous, à tout jamais.
Au-delà du souvenir, nous leur devons une promesse.
Celle de tout faire pour que d'autres innocents ne se retrouvent pas seuls, abandonnés à la lâcheté, à la folie et à la haine.
Les agressions antisémites et racistes se sont multipliées sur notre territoire et dans d'autres pays européens. Leur nombre et leur gravité nous appellent aujourd'hui à renouveler solennellement cette promesse, pour que, comme l'écrivait Jean Rostand, l'on "ne voit pas revenir avec des couleurs d'avenir tout ce que l'on détestait dans le passé".
Le Président de la République avait, il y a neuf ans, en ces lieux même, tenu à rappeler la collaboration de l'Etat français à la persécution des juifs de France par la puissance occupante.
Il voulait que cette vérité soit dite, par devoir pour les disparus, par obligation pour les survivants. Cette démarche porte une responsabilité pour l'avenir: celle de la transmission de la mémoire.
Il rappelait aussi que, parallèlement à cette inexpiable mémoire du Mal, s'était tissée une mémoire du Bien, celle des "Justes" et de ceux qui choisissaient de vivre avec générosité et courage.
Le Président de la République a lancé, il y a dix jours, un appel à la vigilance face à la montée des intolérances sous toutes leurs formes.
La lutte contre les actes odieux qui nourrissent l'actualité, qu'il s'agisse de profanations ou d'agressions antisémites et racistes, exige désormais qu'une veille citoyenne et permanente vienne appuyer ce devoir de mémoire.
C'est tout d'abord à l'école, lieu de transmission et d'apprentissage des valeurs que nous avons en partage, que notre détermination à lutter pied à pied contre ces dérives doit se mobiliser.
Mais cette mobilisation doit être relayée également par chacun, pour que ces valeurs de tolérance, de justice, de respect de l'autre, d'égalité et de liberté ne soient "pas faites pour être pensées, mais pour être vécues", comme le disait André Malraux.
Cet appel vibrant à notre Nation, à ne pas glisser insidieusement vers des déchirements irréversibles, prend ici tout son sens.
S'il est des lieux où le devoir de mémoire et la volonté d'agir peuvent s'unir pour faire résonner cet avertissement et ce défi, c'est bien cette "Place des martyrs juifs du Vélodrome d'Hiver".
Cet avertissement est nécessaire. Ce défi sera relevé.
Vous avez souligné, Madame la Présidente, au Chambon sur Lignon, où vous accompagniez le Président Jacques Chirac, combien grand était actuellement le besoin d'exemples et de repères, en particulier chez les jeunes.
Vous avez rappelé ce que l'antisémitisme actuel, fait de haine, de dérision, d'inadvertance, avait pu devenir par le passé.
Notre détermination est totale, nos volontés sont toutes mobilisées, pour faire barrage à ces atteintes insupportables aux principes et aux valeurs qui fondent notre pacte républicain.
Pour ma part, je poursuivrai sans relâche et avec une conviction redoublée, la mission fondamentale de transmission de la mémoire, qui est confiée au ministre chargé des anciens combattants.
Le grand chantier de la rénovation de l'exposition française du pavillon d'AUSCHWITZ, demandée par le Premier ministre en janvier 2003, est désormais très avancé.
Elle sera inaugurée en 2005, année où nous honorerons, avec solennité et force, la mémoire tragique des camps et de la déportation.
Nous nous appuierons sur ce travail, mené en commun avec les fondations, les associations et les historiens, ainsi que sur les commémorations qui seront organisées en 2005, pour relayer l'appel à la tolérance et au respect mutuel que nous reprenons aujourd'hui.
Sa réussite est le devoir que nous avons envers tous ceux dont nous honorons ce matin la mémoire.
C'est aussi une nécessité pour notre pays.
Je vous remercie.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 26 juillet 2004)
Madame la Présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah,
Monsieur le maire de Paris,
Messieurs les préfets,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et messieurs les élus,
Monsieur le représentant du président du CRIF,
Mesdames et messieurs les présidents d'association,
Mesdames et Messieurs,
Nous sommes rassemblés aujourd'hui pour nous souvenir, dans la dignité et la gravité, des instants tragiques que vécurent, ici même, et en d'autres lieux du sol de France, il y a soixante deux ans, des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, pour la seule raison qu'ils étaient juifs.
Nous sommes réunis pour nous rappeler, comme nous venons de le faire, par les seuls hommages qui conviennent: le témoignage, le silence, la parole.
Je vous remercie, Madame la Présidente, pour ces mots que vous venez de prononcer. Permettez-moi de vous redire notre respect et notre estime pour votre engagement et votre action à la tête de la Fondation pour la mémoire de la SHOAH.
Aujourd'hui, 18 juillet 2004, alors que tant d'actes d'antisémitisme et de racisme ont, ces derniers mois, ravivé les blessures indicibles de ceux qui furent les victimes des persécuteurs nazis et de leurs complices français, notre rassemblement est aussi un appel.
Cette année, notre commémoration unit dans la même gravité le rappel de ces jours tragiques et un appel à la vigilance civique et au respect de l'autre.
Qu'y a-t-il de plus grave, en effet, que le rappel de ce jour du 16 juillet 1942, où la vie de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, bascula soudainement dans l'horreur.
L'inimaginable venait de s'abattre sur eux.
Les conditions terrifiantes qu'ils vécurent en ces jours, la soif, la faim, la chaleur, l'angoisse, l'incompréhension, la détresse, l'arrachement, l'abandon, n'étaient qu'un prélude aux abominations planifiées par les nazis.
Nous sommes rassemblés pour évoquer tous ces innocents, parqués dans l'attente insupportable de leur destin tragique.
Ce sont des familles entières, encore réunies par la violence soudaine de ces rafles matinales, ou déjà séparées par le hasard des arrestations, que nous évoquons.
Elles seront pour la plupart totalement brisées, si peu reviendront.
Ce sont des grands-parents, des parents, des enfants, des voisins, des amis, promis à un arrachement définitif.
Les photos de leurs jours heureux et paisibles nous reviennent à l'esprit: elles contrastent si fort avec leur destin tragique, avec ce sentiment de perte irréparable qui nous étreint en les regardant.
Leurs visages nous hantent, leurs yeux nous interrogent.
Quelle réponse leur faire, sinon celle-ci: nous voulons nous souvenir de vous, à tout jamais.
Au-delà du souvenir, nous leur devons une promesse.
Celle de tout faire pour que d'autres innocents ne se retrouvent pas seuls, abandonnés à la lâcheté, à la folie et à la haine.
Les agressions antisémites et racistes se sont multipliées sur notre territoire et dans d'autres pays européens. Leur nombre et leur gravité nous appellent aujourd'hui à renouveler solennellement cette promesse, pour que, comme l'écrivait Jean Rostand, l'on "ne voit pas revenir avec des couleurs d'avenir tout ce que l'on détestait dans le passé".
Le Président de la République avait, il y a neuf ans, en ces lieux même, tenu à rappeler la collaboration de l'Etat français à la persécution des juifs de France par la puissance occupante.
Il voulait que cette vérité soit dite, par devoir pour les disparus, par obligation pour les survivants. Cette démarche porte une responsabilité pour l'avenir: celle de la transmission de la mémoire.
Il rappelait aussi que, parallèlement à cette inexpiable mémoire du Mal, s'était tissée une mémoire du Bien, celle des "Justes" et de ceux qui choisissaient de vivre avec générosité et courage.
Le Président de la République a lancé, il y a dix jours, un appel à la vigilance face à la montée des intolérances sous toutes leurs formes.
La lutte contre les actes odieux qui nourrissent l'actualité, qu'il s'agisse de profanations ou d'agressions antisémites et racistes, exige désormais qu'une veille citoyenne et permanente vienne appuyer ce devoir de mémoire.
C'est tout d'abord à l'école, lieu de transmission et d'apprentissage des valeurs que nous avons en partage, que notre détermination à lutter pied à pied contre ces dérives doit se mobiliser.
Mais cette mobilisation doit être relayée également par chacun, pour que ces valeurs de tolérance, de justice, de respect de l'autre, d'égalité et de liberté ne soient "pas faites pour être pensées, mais pour être vécues", comme le disait André Malraux.
Cet appel vibrant à notre Nation, à ne pas glisser insidieusement vers des déchirements irréversibles, prend ici tout son sens.
S'il est des lieux où le devoir de mémoire et la volonté d'agir peuvent s'unir pour faire résonner cet avertissement et ce défi, c'est bien cette "Place des martyrs juifs du Vélodrome d'Hiver".
Cet avertissement est nécessaire. Ce défi sera relevé.
Vous avez souligné, Madame la Présidente, au Chambon sur Lignon, où vous accompagniez le Président Jacques Chirac, combien grand était actuellement le besoin d'exemples et de repères, en particulier chez les jeunes.
Vous avez rappelé ce que l'antisémitisme actuel, fait de haine, de dérision, d'inadvertance, avait pu devenir par le passé.
Notre détermination est totale, nos volontés sont toutes mobilisées, pour faire barrage à ces atteintes insupportables aux principes et aux valeurs qui fondent notre pacte républicain.
Pour ma part, je poursuivrai sans relâche et avec une conviction redoublée, la mission fondamentale de transmission de la mémoire, qui est confiée au ministre chargé des anciens combattants.
Le grand chantier de la rénovation de l'exposition française du pavillon d'AUSCHWITZ, demandée par le Premier ministre en janvier 2003, est désormais très avancé.
Elle sera inaugurée en 2005, année où nous honorerons, avec solennité et force, la mémoire tragique des camps et de la déportation.
Nous nous appuierons sur ce travail, mené en commun avec les fondations, les associations et les historiens, ainsi que sur les commémorations qui seront organisées en 2005, pour relayer l'appel à la tolérance et au respect mutuel que nous reprenons aujourd'hui.
Sa réussite est le devoir que nous avons envers tous ceux dont nous honorons ce matin la mémoire.
C'est aussi une nécessité pour notre pays.
Je vous remercie.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 26 juillet 2004)