Texte intégral
Madame et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
En deux ans, soixante-cinq pays visités hors d'Europe, sept Conseils de sécurité, huit fois le tour de la Terre, la crise de l'Irak, l'accident dramatique de Charm-El-Cheik, le génocide du Rwanda ou encore le drame du Darfour. Disponible, corvéable à merci et intervenant là où l'actualité le commande. Là où le président, le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères estiment que ma présence et l'intervention d'un officiel français est utile ou nécessaire, le plus souvent au pied levé. Là où il y a, à un moment donné, une demande et une attente à l'égard de la France, et parfois dans les endroits les plus difficilement accessibles... cela m'a valu le qualificatif de "marathonien du Quai d'Orsay" en fait je fais ce qui est politiquement rentable pour la France et diplomatiquement nécessaire.
Pendant ces deux années difficiles, j'ai été impressionné par la lucidité de la vision du président Jacques Chirac et très sensible à la confiance qu'il m'a toujours témoignée.
Et puis, très honnêtement, j'ai pris beaucoup de plaisir à travailler avec Dominique de Villepin.
Alors aujourd'hui, pour ma troisième Conférence des Ambassadeurs, je suis heureux de vous retrouver, de vous revoir, car je connais ce ministère et estime les hommes et les femmes qui y travaillent. Je sais à quel point vous aimez votre métier et votre pays. Je tiens à saluer votre travail qui est grand et noble mais toujours difficile.
Le président de la République a souligné, la semaine dernière en Conseil des ministres, la compétence et l'expérience de M. Michel Barnier et pour connaître Michel depuis longtemps, je sais qu'il a raison. Claudie Haigneré est une collègue remarquablement efficace et Xavier Darcos est un homme politique déterminé, loyal. Ce sont des amis. Nous formons une belle équipe, homogène, soudée, au service de notre pays : la France.
La France qui veut rester maître de son destin, la France qui veut faire entendre sa voix pour apporter sa réponse aux grandes questions. La France et l'Europe qui s'expriment sur les grands problèmes répondant ainsi à l'attente des peuples et des Etats.
Les crises, les conflits, les tensions ne manquent pas.
Fort du second réseau diplomatique au monde, nous pouvons expliquer nos positions, dissiper d'éventuels malentendus, relayer et démultiplier l'action. Mais l'influence - comme l'autorité, comme le charisme, comme les sentiments - ne se décrète pas.
L'influence est la résultante de l'ensemble des facteurs constitutifs de notre vie nationale : la puissance économique et financière ; la capacité de défense et de projection militaire ; la vitalité culturelle, intellectuelle et spirituelle ; le dynamisme démographique et la capacité d'intégrer les populations que nous accueillons ; et, bien sûr la force et l'attractivité du contrat social qui lie la nation, et lui donne l'élan que nous devons transmettre aux générations montantes.
Enfin, nous ne sommes pas dans un "jeu à somme nulle" où l'influence des uns se déploie au détriment de l'influence des autres. Il nous faut penser notre capacité avec nos voisins et partenaires.
Dans mon décret d'attribution, il m'a été confié les Droits de l'Homme, l'action humanitaire d'urgence et les Français de l'étranger.
Humanitaire et droits de l'Homme
Le médecin urgentiste que je suis et dont j'ai gardé les réflexes, devrait se sentir comblé.
Il y a une forte "attente de France" à l'étranger sur ces dossiers. Les deux domaines sont étroitement liés : venir en aide à ceux qui sont dans la détresse, c'est sauvegarder les Droits de l'Homme, les droits fondamentaux. Intervenir dans l'humanitaire est aussi une manière de promouvoir les Droits de l'Homme.
Dans l'humanitaire, la France a un savoir-faire reconnu et une capacité de réaction que beaucoup nous envient. On trouve des Français partout, sur tous les terrains d'interventions. Je rencontre au Darfour des humanitaires que j'ai croisés l'année dernière au Liberia. Vous les croisez dans vos différents postes. Ils font partie des ONG, de la Croix-Rouge, des associations, du secteur privé qui s'investit de plus en plus.
Avec courage, ils portent haut cette tradition humanitaire française. Notre mission consiste à les soutenir, à leur faciliter la tâche.
Je considère qu'il y a de la place pour toutes les initiatives dans l'humanitaire.
Il faut faciliter les actions qui sont décidées, là où l'intervention de la puissance publique peut être utile. Les idées ne manquent pas pour autant que l'on se montre respectueux de la spécificité de chacun et que les pouvoirs publics n'apparaissent pas comme des "donneurs d'ordre". Je vais, à Paris comme sur le terrain, continuer le travail que j'ai engagé avec les acteurs humanitaires.
Il faut inscrire cette action comme une composante importante de notre politique étrangère. Vous accomplissez ce travail dans des conditions pas toujours faciles. Mais le plus souvent le succès repose à 90 % sur vos épaules et celles de votre équipe. Et je dois dire que partout où je suis allé, j'ai trouvé dans nos ambassades des équipes déterminées et efficaces. Rassurez-vous, si tel n'était pas le cas, les ONG seraient les premières à me le dire !
Mes convictions politiques me poussent à appliquer deux principes :
- assurer la cohérence de l'action de l'Etat dans l'humanitaire ;
- développer des synergies entre les différents acteurs de l'humanitaire d'urgence.
Mon but est de fédérer les compétences, les moyens et les volontés, en respectant l'indépendance de chacun.
Mais avec la volonté commune d'être encore plus efficace, de façon à valoriser au maximum l'action de la France, d'atténuer des souffrances, de sauver des vies, de ne rien regretter, de ne jamais se dire j'aurais pu ou j'aurais dû le faire.
D'autre part il y a un sujet qui tient particulièrement au coeur du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin : c'est la lutte contre le racisme et l'antisémitisme. Des mesures concrètes ont été votées sous mon autorité au Parlement et je suis déterminé plus que jamais à lutter contre la prolifération de ces sites Internet, à poursuivre les auteurs d'infractions. Nous avons tenu au mois de juin la Conférence de Paris de l'OSCE et nous pensons aboutir sur des dispositions communes et concrètes à la réunion ministérielle à Sofia.
Français de l'étranger
Permettez-moi de rendre un hommage appuyé à nos compatriotes établis hors de France. Si l'on parle souvent des étrangers en France, on parle rarement des Français de l'étranger.
Ils sont près de deux millions à vivre à l'étranger pour des raisons familiales, professionnelles, par goût ou pour l'aventure. Dans des conditions parfois difficiles. Diverse, dynamique, entreprenante, notre communauté à travers le monde fait part de ses inquiétudes notamment tournées vers la sécurité et l'enseignement.
Ils portent avec eux un peu de leur pays, de son image, de son histoire, de son savoir-faire, et bien sûr sa langue.
Le rayonnement de notre pays passe évidemment par sa diplomatie. Mais aussi par la capacité de nos concitoyens établis à l'étranger à véhiculer nos idées, notre vision du monde, nos valeurs, et nos convictions.
Des moyens importants ont été affectés ces dernières années pour renforcer la sécurité des postes ou d'un certain nombre de sites. Il faudra continuer.
Un enseignement adapté, un environnement sécurisé, sont les clefs essentielles d'une implantation réussie et d'un rayonnement assuré.
Enseignement
Parmi les éléments importants d'une bonne installation figure évidemment la question de l'enseignement. Je veux rendre hommage à l'extraordinaire qualité de notre réseau. Avec un taux moyen de réussite au baccalauréat de 95 % - 100 % dans plusieurs lycées, sans compter les nombreuses mentions ! -, nous disposons d'un véritable joyau, pour nous et notre influence. Car c'est bien de cela aussi dont il s'agit.
Permettez-moi de conclure sur les réformes lancées quant à la place des Français de l'étranger dans la vie publique.
Après de nombreux mois de travail parlementaire, une proposition de loi émanant du Sénat, votée à l'unanimité par les deux assemblées, modernisera le dispositif actuel. Une Assemblée des Français établis hors de France remplace le Conseil supérieur des Français de l'étranger. Par ailleurs, le vote électronique sera mis en uvre pour les prochaines élections des membres de l'Assemblée des Français établis hors de France en 2006. Si cette expérience était concluante, le vote électronique serait réalisé lors des prochaines élections présidentielles, c'est la modernité au service de la démocratie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 août 2004)
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
En deux ans, soixante-cinq pays visités hors d'Europe, sept Conseils de sécurité, huit fois le tour de la Terre, la crise de l'Irak, l'accident dramatique de Charm-El-Cheik, le génocide du Rwanda ou encore le drame du Darfour. Disponible, corvéable à merci et intervenant là où l'actualité le commande. Là où le président, le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères estiment que ma présence et l'intervention d'un officiel français est utile ou nécessaire, le plus souvent au pied levé. Là où il y a, à un moment donné, une demande et une attente à l'égard de la France, et parfois dans les endroits les plus difficilement accessibles... cela m'a valu le qualificatif de "marathonien du Quai d'Orsay" en fait je fais ce qui est politiquement rentable pour la France et diplomatiquement nécessaire.
Pendant ces deux années difficiles, j'ai été impressionné par la lucidité de la vision du président Jacques Chirac et très sensible à la confiance qu'il m'a toujours témoignée.
Et puis, très honnêtement, j'ai pris beaucoup de plaisir à travailler avec Dominique de Villepin.
Alors aujourd'hui, pour ma troisième Conférence des Ambassadeurs, je suis heureux de vous retrouver, de vous revoir, car je connais ce ministère et estime les hommes et les femmes qui y travaillent. Je sais à quel point vous aimez votre métier et votre pays. Je tiens à saluer votre travail qui est grand et noble mais toujours difficile.
Le président de la République a souligné, la semaine dernière en Conseil des ministres, la compétence et l'expérience de M. Michel Barnier et pour connaître Michel depuis longtemps, je sais qu'il a raison. Claudie Haigneré est une collègue remarquablement efficace et Xavier Darcos est un homme politique déterminé, loyal. Ce sont des amis. Nous formons une belle équipe, homogène, soudée, au service de notre pays : la France.
La France qui veut rester maître de son destin, la France qui veut faire entendre sa voix pour apporter sa réponse aux grandes questions. La France et l'Europe qui s'expriment sur les grands problèmes répondant ainsi à l'attente des peuples et des Etats.
Les crises, les conflits, les tensions ne manquent pas.
Fort du second réseau diplomatique au monde, nous pouvons expliquer nos positions, dissiper d'éventuels malentendus, relayer et démultiplier l'action. Mais l'influence - comme l'autorité, comme le charisme, comme les sentiments - ne se décrète pas.
L'influence est la résultante de l'ensemble des facteurs constitutifs de notre vie nationale : la puissance économique et financière ; la capacité de défense et de projection militaire ; la vitalité culturelle, intellectuelle et spirituelle ; le dynamisme démographique et la capacité d'intégrer les populations que nous accueillons ; et, bien sûr la force et l'attractivité du contrat social qui lie la nation, et lui donne l'élan que nous devons transmettre aux générations montantes.
Enfin, nous ne sommes pas dans un "jeu à somme nulle" où l'influence des uns se déploie au détriment de l'influence des autres. Il nous faut penser notre capacité avec nos voisins et partenaires.
Dans mon décret d'attribution, il m'a été confié les Droits de l'Homme, l'action humanitaire d'urgence et les Français de l'étranger.
Humanitaire et droits de l'Homme
Le médecin urgentiste que je suis et dont j'ai gardé les réflexes, devrait se sentir comblé.
Il y a une forte "attente de France" à l'étranger sur ces dossiers. Les deux domaines sont étroitement liés : venir en aide à ceux qui sont dans la détresse, c'est sauvegarder les Droits de l'Homme, les droits fondamentaux. Intervenir dans l'humanitaire est aussi une manière de promouvoir les Droits de l'Homme.
Dans l'humanitaire, la France a un savoir-faire reconnu et une capacité de réaction que beaucoup nous envient. On trouve des Français partout, sur tous les terrains d'interventions. Je rencontre au Darfour des humanitaires que j'ai croisés l'année dernière au Liberia. Vous les croisez dans vos différents postes. Ils font partie des ONG, de la Croix-Rouge, des associations, du secteur privé qui s'investit de plus en plus.
Avec courage, ils portent haut cette tradition humanitaire française. Notre mission consiste à les soutenir, à leur faciliter la tâche.
Je considère qu'il y a de la place pour toutes les initiatives dans l'humanitaire.
Il faut faciliter les actions qui sont décidées, là où l'intervention de la puissance publique peut être utile. Les idées ne manquent pas pour autant que l'on se montre respectueux de la spécificité de chacun et que les pouvoirs publics n'apparaissent pas comme des "donneurs d'ordre". Je vais, à Paris comme sur le terrain, continuer le travail que j'ai engagé avec les acteurs humanitaires.
Il faut inscrire cette action comme une composante importante de notre politique étrangère. Vous accomplissez ce travail dans des conditions pas toujours faciles. Mais le plus souvent le succès repose à 90 % sur vos épaules et celles de votre équipe. Et je dois dire que partout où je suis allé, j'ai trouvé dans nos ambassades des équipes déterminées et efficaces. Rassurez-vous, si tel n'était pas le cas, les ONG seraient les premières à me le dire !
Mes convictions politiques me poussent à appliquer deux principes :
- assurer la cohérence de l'action de l'Etat dans l'humanitaire ;
- développer des synergies entre les différents acteurs de l'humanitaire d'urgence.
Mon but est de fédérer les compétences, les moyens et les volontés, en respectant l'indépendance de chacun.
Mais avec la volonté commune d'être encore plus efficace, de façon à valoriser au maximum l'action de la France, d'atténuer des souffrances, de sauver des vies, de ne rien regretter, de ne jamais se dire j'aurais pu ou j'aurais dû le faire.
D'autre part il y a un sujet qui tient particulièrement au coeur du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin : c'est la lutte contre le racisme et l'antisémitisme. Des mesures concrètes ont été votées sous mon autorité au Parlement et je suis déterminé plus que jamais à lutter contre la prolifération de ces sites Internet, à poursuivre les auteurs d'infractions. Nous avons tenu au mois de juin la Conférence de Paris de l'OSCE et nous pensons aboutir sur des dispositions communes et concrètes à la réunion ministérielle à Sofia.
Français de l'étranger
Permettez-moi de rendre un hommage appuyé à nos compatriotes établis hors de France. Si l'on parle souvent des étrangers en France, on parle rarement des Français de l'étranger.
Ils sont près de deux millions à vivre à l'étranger pour des raisons familiales, professionnelles, par goût ou pour l'aventure. Dans des conditions parfois difficiles. Diverse, dynamique, entreprenante, notre communauté à travers le monde fait part de ses inquiétudes notamment tournées vers la sécurité et l'enseignement.
Ils portent avec eux un peu de leur pays, de son image, de son histoire, de son savoir-faire, et bien sûr sa langue.
Le rayonnement de notre pays passe évidemment par sa diplomatie. Mais aussi par la capacité de nos concitoyens établis à l'étranger à véhiculer nos idées, notre vision du monde, nos valeurs, et nos convictions.
Des moyens importants ont été affectés ces dernières années pour renforcer la sécurité des postes ou d'un certain nombre de sites. Il faudra continuer.
Un enseignement adapté, un environnement sécurisé, sont les clefs essentielles d'une implantation réussie et d'un rayonnement assuré.
Enseignement
Parmi les éléments importants d'une bonne installation figure évidemment la question de l'enseignement. Je veux rendre hommage à l'extraordinaire qualité de notre réseau. Avec un taux moyen de réussite au baccalauréat de 95 % - 100 % dans plusieurs lycées, sans compter les nombreuses mentions ! -, nous disposons d'un véritable joyau, pour nous et notre influence. Car c'est bien de cela aussi dont il s'agit.
Permettez-moi de conclure sur les réformes lancées quant à la place des Français de l'étranger dans la vie publique.
Après de nombreux mois de travail parlementaire, une proposition de loi émanant du Sénat, votée à l'unanimité par les deux assemblées, modernisera le dispositif actuel. Une Assemblée des Français établis hors de France remplace le Conseil supérieur des Français de l'étranger. Par ailleurs, le vote électronique sera mis en uvre pour les prochaines élections des membres de l'Assemblée des Français établis hors de France en 2006. Si cette expérience était concluante, le vote électronique serait réalisé lors des prochaines élections présidentielles, c'est la modernité au service de la démocratie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 août 2004)