Texte intégral
Monsieur le Président, Cher Bernard,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Je voudrais tout d'abord te féliciter, Bernard, ainsi que toute ton équipe. Et former les vux les plus chaleureux pour que vous assumiez les lourdes responsabilités qui sont les vôtres désormais.
Mon cher Bernard, la perspective de travailler avec toi me réjouit beaucoup.
Nous nous connaissons déjà puisque tu as assumé des responsabilités syndicales internationales. Je connais ton efficacité.
Le succès du congrès mondial des jeunes l'an dernier, dont tu as été une des chevilles ouvrières, me fait dire que les Jeunes agriculteurs sont en de bonnes mains.
[Renforcer le syndicalisme majoritaire]
Depuis le début de mon mandat, j'accorde beaucoup d'importance à l'autonomie et à la liberté d'expression des Jeunes agriculteurs. Jean-Luc et Jérôme peuvent en témoigner.
Cette diversité est un élément essentiel de notre force de frappe syndicale.
Mais elle ne s'oppose pas à une stratégie unitaire, bien au contraire :
- Quand nous sommes sanctionnés par la Commission européenne pour avoir défendu les éleveurs ;
- Quand nous sommes attaqués par des syndicats concurrents ;
- Quand le pouvoir politique entreprend de nous diviser ;
... Notre meilleure arme, c'est encore notre unité.
Notre préoccupation constante doit être de renforcer notre unité autour de nos ambitions communes que sont la défense des paysans et de leurs revenus, et la promotion de leur métier.
N'oublions jamais, dans nos départements, dans nos régions, dans nos productions, qu'ensemble nous formons le syndicalisme majoritaire.
Ce syndicalisme majoritaire n'est pas une façade à restaurer pour des élections professionnelles. Il faut le faire vivre au quotidien.
Une unité que nous avons démontrée dans le combat que nous menons contre les pratiques commerciales de la Grande distribution. Combat qui vient de connaître un nouvel épisode.
[Grande distribution]
Vous le savez, la semaine dernière, après avoir longuement pesé le pour et le contre, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs ont signé un accord qui engage la Grande distribution et les industriels à baisser les prix au consommateur.
Je ne vais pas rentrer dans les détails de cet accord qui ont été expliqués tant par nous-mêmes que par les médias.
Je voudrais quand même souligner que nous nous sommes battus pied à pied pour que cet accord ne se fasse pas sur le dos des agriculteurs.
Présents côte à côte, nous avons agi de manière complémentaire :
- Pour sa part, la FNSEA a tout mis en uvre pour faire reconnaître les particularités des marchés agricoles, notamment pour les fruits et légumes, l'importance des accords interprofessionnels et la nécessité d'encadrer les marges en période de crise.
- De leur côté, les Jeunes agriculteurs ont obtenu, grâce à l'insistance de Jérôme, que les condamnations infligées aux grandes enseignes fassent l'objet de mesures d'information auprès du grand public.
Cet accord contient tous les ingrédients pour devenir un accord historique.
Ceci dit, je n'ignore pas que notre participation à cet accord a fait grincer des dents jusque dans nos rangs. J'ai entendu dire que les agriculteurs s'étaient jetés dans la fosse aux lions et que nous n'en sortirions pas vivants.
Mais on ne fait pas du syndicalisme en restant bien assis dans les tribunes. Il faut parfois descendre dans l'arène.
De plus, je ne suis pas naïf. Je suis le dernier à considérer que cet accord est une victoire définitive et que nous pouvons nous croiser les bras.
Nous ne devons surtout pas relâcher notre vigilance. La conjoncture actuelle dans le secteur des fruits et légumes nous montre bien à quel point il faut être prudent. Et d'ailleurs, s'est tenue, hier à la Fnsea, une première réunion avec les grandes enseignes pour fixer les modalités de déclenchement des situations de crise.
En septembre, un premier bilan d'application sera fait. Ce bilan s'appuiera notamment sur un panel de prix, que nous avons demandé. Il sera piloté par la direction de la concurrence et mettra en valeur l'évolution des premiers prix et des marques distributeur. Mais nous devons continuer à utiliser nos outils de surveillance des prix, en particulier le PAC 40, qui a fait ses preuves.
Au moindre écart, au moindre coup de canif dans le contrat, nous n'hésiterons pas à employer la manière forte. Et ensemble, dans ces cas là, nous faisons le poids.
En réalité, cet accord doit nous conduire à être encore plus offensifs et nous engager à renforcer les interprofessions et les politiques de filières.
Ces politiques deviennent encore plus indispensables pour sauvegarder le revenu des producteurs, dès lors que la réforme de la PAC a abandonné la gestion des marchés.
[Réforme de la PAC]
C'est le deuxième grand dossier : la réforme de la PAC.
Vous vous souvenez comme moi que monsieur Fischler nous avait fait miroiter une PAC merveilleuse, qui allait à la fois simplifier la vie des agriculteurs et répondre aux attentes du consommateur.
En plus, cette réforme allait nous mettre en position de force pour les négociations internationales à venir.
Le résultat, c'est un zéro pointé !
Les droits à paiement réussissent le miracle de concilier l'ultra-libéralisme et l'extrême complexité.
Soyez assurés que nous serons bien entendus à vos côtés pour utiliser toutes nos armes contre une spéculation qui empêcherait les nouvelles installations.
La conditionnalité des aides, elle, va se traduire par un hymne à la paperasse et des avalanches de contrôle.
Cette réforme, à laquelle nous n'avons cessé de nous opposer, risque de conduire à l'élimination des plus fragiles, à la fragilisation des autres, à commencer par les nouveaux installés.
Et en plus, avec un système au choix de chaque État, la Pac va devenir la Politique Agricole à la Carte ce qui risque de provoquer des distorsions de concurrence.
Quant aux négociations internationales, parlons-en ! La stratégie de l'Europe était tellement bien pensée qu'on va payer trois fois la note : une fois à Luxembourg, une fois au Mercosur et une fois à l'OMC.
Compliments, Monsieur Lamy !
Je veux réaffirmer ici nos positions. La priorité des priorités, c'est l'accès. Il n'est pas ringard de parler de préférence communautaire. N'oublions pas que quand apporte, on apporte aussi les baisses de prix.
Je ne rentre pas dans les détails de la réforme, mais la palme d'or de la sottise revient sans conteste à cette histoire ahurissante des bandes enherbées que des écologistes en chambre voudraient nous faire tracer un peu partout, y compris sur des plateaux plats comme la main où il n'y a ni rivière, ni risque d'érosion.
Pourquoi n'obligerait-on pas la Ville de Paris à créer une zone enherbée de 5 mètres de large au milieu des Champs-Élysées, qui sont en pente, comme chacun sait, et où il y a donc un risque d'érosion ?
Soyons sérieux, dans ce dossier, nous avons obtenu des avancées : nous sommes passés de 7% non indemnisés à 3% indemnisés. Et pour la localisation, nous avons obtenu l'abandon des éléments fixes de paysages.
Il faut maintenant que nous obtenions que ces bandes soient localisées le long des cours d'eau, et à défaut qu'on raisonne à la parcelle entière. De plus, les agriculteurs titulaires d'un contrat de jachère industrielle et qui n'ont pas de contrainte environnementale doivent être dispensés de cette mesure. Enfin, forfaitiser un taux de bande enherbée est une bêtise.
On pourrait multiplier les exemples aberrants de ce genre.
On pourrait encore parler de la gestion des droits : entre les droits à paiement, les droits à primes, les droits à produire qui vont se combiner sur certaines exploitations, on va faire travailler des flopées de juristes et donner la migraine à beaucoup d'agriculteurs.
On pourrait aussi dire un mot des contrôles qui vont se multiplier. Et là il faudra bien faire comprendre à l'administration qu'on ne rentre pas sur une exploitation comme dans un moulin. Quand on va dans une entreprise, on commence par prévenir !
Par ailleurs, nous avons exigé et nous attendons un document synthétique porté à la connaissance de chacun qui précise ce que seront les points de contrôles ainsi que les sanctions en cas de manquement. La pédagogie est toujours préférable à la sanction.
Cette réforme, nous ne l'avons pas voulue.
Mais nous ne pouvons pas laisser les agriculteurs dans le flou et l'incertitude.
C'est pourquoi, à la FNSEA, nous avons lancé un travail d'explication afin de permettre à chacun de comprendre les textes applicables et de répondre aux questions particulières à chaque exploitation, à chaque production.
Nous devons accompagner les agriculteurs. Cela fait partie des missions de notre syndicalisme. Je sais que nous pouvons compter sur la mobilisation de notre réseau, jeune et aîné, pour y parvenir.
[Le thème du congrès]
Ce travail d'information c'est un travail de défense des agriculteurs. C'est l'une des missions essentielles du syndicalisme.
Et j'ai là une transition toute trouvée pour aborder le thème de votre congrès et de votre rapport.
" Quelles organisations agricoles demain ? Quelles restructurations ? " Vous avez choisi un thème courageux.
Nous l'avions effleuré lors de notre congrès du Grand Bornand. Avec la témérité de la jeunesse, vous allez beaucoup plus loin.
Je voudrais d'ailleurs féliciter les auteurs de ce rapport qui ont accompli un travail de fourmi pour recenser toutes les organisations qui assistent et encadrent les agriculteurs.
Vous illustrez parfaitement le fait que l'histoire de l'agriculture c'est d'abord une formidable histoire d'organisation.
Ce qui rend d'autant plus difficile la question de la restructuration.
Si vous me permettez une boutade, moi je sais quelles organisations il faut supprimer. Je vais vous le dire :
...C'est toujours celle des autres !
Au-delà de la boutade, ce réflexe est bien naturel et il l'est d'autant plus que les organisations que nous avons créées ont toutes leur utilité.
Seulement, la démographie agricole, comme vous le soulignez, conduit à envisager un certain nombre de remembrements, aussi déchirants soient-ils.
Pour restructurer, il faut une méthode.
La mienne, c'est qu'il faut partir des agriculteurs et pas des présidents et des directeurs d'organisations.
Il faut d'abord regarder ce dont ont besoin les agriculteurs, les services qu'ils demandent et qu'ils attendent. Et ne pas inventer systématiquement des services pour mettre sous perfusion une organisation qui n'a plus sa légitimité et qui risque d'en concurrencer d'autres.
Remettre le paysan au cur de nos réflexions et engager une synergie des compétences, ce sont les principes qui doivent nous guider dans nos restructurations.
C'est d'ailleurs l'idée que vous développez, avec les pôles formation et installation notamment, dont vous souhaitez la création.
Dans ce mouvement d'allègement des structures, permettez-moi de prendre un seul exemple, d'actualité. Certains verraient d'un bon il la suppression pure et simple des Adasea.
Pour ma part, je serais plus mesuré.
Créées par le syndicalisme, et contrôlées par lui, les Adasea ont contribué activement à la modernisation de l'agriculture. Politique d'installation, plans de développement, OGAF, politiques structurelles : tout ceci ne se serait pas fait sans les Adasea.
A la veille d'une loi de modernisation qui risque de remettre le problème foncier sur le devant de la scène, je pense que les Adasea ont toute leur place à condition qu'elles se recentrent sur leur métier d'origine et agissent en complémentarité.
Nous-mêmes Bernard, nous devons réfléchir à nos organisations et à optimiser nos moyens.
[La MSA]
Une autre organisation doit aujourd'hui être au cur de nos préoccupations, c'est la MSA.
Une réforme de la sécurité sociale est en cours.
Le texte prévoit de réduire l'autonomie des caisses et la marge de manuvre des administrateurs.
Depuis l'origine, le régime agricole est géré par des administrateurs élus, légitimes pour s'exprimer au nom de la population agricole.
Le rôle des élus, leur proximité avec les agriculteurs, l'efficacité du maillage territorial dans les politiques de prévention sont autant de spécificités qu'il faut préserver.
Il est quand même paradoxal que ceux qui nous gouvernent, qui sont partisans de moins d'État, veuillent fonctionnariser une institution mutualiste qui a fait ses preuves.
Ces menaces sur l'institution MSA doivent d'autant plus nous mobiliser en vue des élections qui se dérouleront en 2005.
[Loi de modernisation]
Je voudrais enfin dire un mot de la loi de modernisation.
Cette loi nous attendons qu'elle fixe un cap pour l'agriculture. Qu'elle accompagne un métier qui bouge. Un métier qui a aujourd'hui plusieurs facettes : nous sommes à la fois des producteurs de biens alimentaires, de biens non alimentaires et de services.
La loi de modernisation doit alors prévoir des mesures pour répondre à ces évolutions : Politiques contractuelles, mesures foncières, dispositions sur le statut de l'entreprise agricole, dispositifs encourageant l'installation, ou encore attractivité du métier.
Cette loi peut être une grande loi pour l'agriculture. Nous sommes prêts, comme l'ont fait nos anciens dans les années 60 à relever le défi.
Ensemble, jeunes et aînés nous allons travailler à ce projet ambitieux qui déterminera le visage de l'agriculture de demain.
[Conclusion]
Monsieur le Président, Cher Bernard,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
De votre rapport, j'ai retenu beaucoup de choses. Mais une phrase m'a particulièrement touché.
Je vous cite :
" Le seul dénominateur commun à toutes les productions, à tous les territoires et à tous les paysans est la volonté de vivre dignement du prix des produits "
Un projet basé sur les prix : c'est le sens du combat pour notre métier, c'est le cur même de notre action, c'est notre raison d'être.
Pas de pays sans paysan, pas de paysans sans revenus, pas de revenus sans prix !
[Jérôme Despey]
Je ne peux pas terminer mon propos sans remercier Jérôme pour tout son travail au cours de ces deux années à la présidence des Jeunes agriculteurs.
J'ai eu plaisir à travailler avec un homme engagé, un homme courageux, un vrai responsable.
Et à titre personnel, je peux affirmer que tu es un homme à l'écoute et au service des autres.
Je te souhaite bonne continuation. Et comme vous l'écrivez dans votre rapport, les organisations agricoles, même restructurées auront toujours besoin de responsables courageux et engagés.
Je vous remercie.
(source http://www.fnsea.fr, le 5 juillet 2004)
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Je voudrais tout d'abord te féliciter, Bernard, ainsi que toute ton équipe. Et former les vux les plus chaleureux pour que vous assumiez les lourdes responsabilités qui sont les vôtres désormais.
Mon cher Bernard, la perspective de travailler avec toi me réjouit beaucoup.
Nous nous connaissons déjà puisque tu as assumé des responsabilités syndicales internationales. Je connais ton efficacité.
Le succès du congrès mondial des jeunes l'an dernier, dont tu as été une des chevilles ouvrières, me fait dire que les Jeunes agriculteurs sont en de bonnes mains.
[Renforcer le syndicalisme majoritaire]
Depuis le début de mon mandat, j'accorde beaucoup d'importance à l'autonomie et à la liberté d'expression des Jeunes agriculteurs. Jean-Luc et Jérôme peuvent en témoigner.
Cette diversité est un élément essentiel de notre force de frappe syndicale.
Mais elle ne s'oppose pas à une stratégie unitaire, bien au contraire :
- Quand nous sommes sanctionnés par la Commission européenne pour avoir défendu les éleveurs ;
- Quand nous sommes attaqués par des syndicats concurrents ;
- Quand le pouvoir politique entreprend de nous diviser ;
... Notre meilleure arme, c'est encore notre unité.
Notre préoccupation constante doit être de renforcer notre unité autour de nos ambitions communes que sont la défense des paysans et de leurs revenus, et la promotion de leur métier.
N'oublions jamais, dans nos départements, dans nos régions, dans nos productions, qu'ensemble nous formons le syndicalisme majoritaire.
Ce syndicalisme majoritaire n'est pas une façade à restaurer pour des élections professionnelles. Il faut le faire vivre au quotidien.
Une unité que nous avons démontrée dans le combat que nous menons contre les pratiques commerciales de la Grande distribution. Combat qui vient de connaître un nouvel épisode.
[Grande distribution]
Vous le savez, la semaine dernière, après avoir longuement pesé le pour et le contre, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs ont signé un accord qui engage la Grande distribution et les industriels à baisser les prix au consommateur.
Je ne vais pas rentrer dans les détails de cet accord qui ont été expliqués tant par nous-mêmes que par les médias.
Je voudrais quand même souligner que nous nous sommes battus pied à pied pour que cet accord ne se fasse pas sur le dos des agriculteurs.
Présents côte à côte, nous avons agi de manière complémentaire :
- Pour sa part, la FNSEA a tout mis en uvre pour faire reconnaître les particularités des marchés agricoles, notamment pour les fruits et légumes, l'importance des accords interprofessionnels et la nécessité d'encadrer les marges en période de crise.
- De leur côté, les Jeunes agriculteurs ont obtenu, grâce à l'insistance de Jérôme, que les condamnations infligées aux grandes enseignes fassent l'objet de mesures d'information auprès du grand public.
Cet accord contient tous les ingrédients pour devenir un accord historique.
Ceci dit, je n'ignore pas que notre participation à cet accord a fait grincer des dents jusque dans nos rangs. J'ai entendu dire que les agriculteurs s'étaient jetés dans la fosse aux lions et que nous n'en sortirions pas vivants.
Mais on ne fait pas du syndicalisme en restant bien assis dans les tribunes. Il faut parfois descendre dans l'arène.
De plus, je ne suis pas naïf. Je suis le dernier à considérer que cet accord est une victoire définitive et que nous pouvons nous croiser les bras.
Nous ne devons surtout pas relâcher notre vigilance. La conjoncture actuelle dans le secteur des fruits et légumes nous montre bien à quel point il faut être prudent. Et d'ailleurs, s'est tenue, hier à la Fnsea, une première réunion avec les grandes enseignes pour fixer les modalités de déclenchement des situations de crise.
En septembre, un premier bilan d'application sera fait. Ce bilan s'appuiera notamment sur un panel de prix, que nous avons demandé. Il sera piloté par la direction de la concurrence et mettra en valeur l'évolution des premiers prix et des marques distributeur. Mais nous devons continuer à utiliser nos outils de surveillance des prix, en particulier le PAC 40, qui a fait ses preuves.
Au moindre écart, au moindre coup de canif dans le contrat, nous n'hésiterons pas à employer la manière forte. Et ensemble, dans ces cas là, nous faisons le poids.
En réalité, cet accord doit nous conduire à être encore plus offensifs et nous engager à renforcer les interprofessions et les politiques de filières.
Ces politiques deviennent encore plus indispensables pour sauvegarder le revenu des producteurs, dès lors que la réforme de la PAC a abandonné la gestion des marchés.
[Réforme de la PAC]
C'est le deuxième grand dossier : la réforme de la PAC.
Vous vous souvenez comme moi que monsieur Fischler nous avait fait miroiter une PAC merveilleuse, qui allait à la fois simplifier la vie des agriculteurs et répondre aux attentes du consommateur.
En plus, cette réforme allait nous mettre en position de force pour les négociations internationales à venir.
Le résultat, c'est un zéro pointé !
Les droits à paiement réussissent le miracle de concilier l'ultra-libéralisme et l'extrême complexité.
Soyez assurés que nous serons bien entendus à vos côtés pour utiliser toutes nos armes contre une spéculation qui empêcherait les nouvelles installations.
La conditionnalité des aides, elle, va se traduire par un hymne à la paperasse et des avalanches de contrôle.
Cette réforme, à laquelle nous n'avons cessé de nous opposer, risque de conduire à l'élimination des plus fragiles, à la fragilisation des autres, à commencer par les nouveaux installés.
Et en plus, avec un système au choix de chaque État, la Pac va devenir la Politique Agricole à la Carte ce qui risque de provoquer des distorsions de concurrence.
Quant aux négociations internationales, parlons-en ! La stratégie de l'Europe était tellement bien pensée qu'on va payer trois fois la note : une fois à Luxembourg, une fois au Mercosur et une fois à l'OMC.
Compliments, Monsieur Lamy !
Je veux réaffirmer ici nos positions. La priorité des priorités, c'est l'accès. Il n'est pas ringard de parler de préférence communautaire. N'oublions pas que quand apporte, on apporte aussi les baisses de prix.
Je ne rentre pas dans les détails de la réforme, mais la palme d'or de la sottise revient sans conteste à cette histoire ahurissante des bandes enherbées que des écologistes en chambre voudraient nous faire tracer un peu partout, y compris sur des plateaux plats comme la main où il n'y a ni rivière, ni risque d'érosion.
Pourquoi n'obligerait-on pas la Ville de Paris à créer une zone enherbée de 5 mètres de large au milieu des Champs-Élysées, qui sont en pente, comme chacun sait, et où il y a donc un risque d'érosion ?
Soyons sérieux, dans ce dossier, nous avons obtenu des avancées : nous sommes passés de 7% non indemnisés à 3% indemnisés. Et pour la localisation, nous avons obtenu l'abandon des éléments fixes de paysages.
Il faut maintenant que nous obtenions que ces bandes soient localisées le long des cours d'eau, et à défaut qu'on raisonne à la parcelle entière. De plus, les agriculteurs titulaires d'un contrat de jachère industrielle et qui n'ont pas de contrainte environnementale doivent être dispensés de cette mesure. Enfin, forfaitiser un taux de bande enherbée est une bêtise.
On pourrait multiplier les exemples aberrants de ce genre.
On pourrait encore parler de la gestion des droits : entre les droits à paiement, les droits à primes, les droits à produire qui vont se combiner sur certaines exploitations, on va faire travailler des flopées de juristes et donner la migraine à beaucoup d'agriculteurs.
On pourrait aussi dire un mot des contrôles qui vont se multiplier. Et là il faudra bien faire comprendre à l'administration qu'on ne rentre pas sur une exploitation comme dans un moulin. Quand on va dans une entreprise, on commence par prévenir !
Par ailleurs, nous avons exigé et nous attendons un document synthétique porté à la connaissance de chacun qui précise ce que seront les points de contrôles ainsi que les sanctions en cas de manquement. La pédagogie est toujours préférable à la sanction.
Cette réforme, nous ne l'avons pas voulue.
Mais nous ne pouvons pas laisser les agriculteurs dans le flou et l'incertitude.
C'est pourquoi, à la FNSEA, nous avons lancé un travail d'explication afin de permettre à chacun de comprendre les textes applicables et de répondre aux questions particulières à chaque exploitation, à chaque production.
Nous devons accompagner les agriculteurs. Cela fait partie des missions de notre syndicalisme. Je sais que nous pouvons compter sur la mobilisation de notre réseau, jeune et aîné, pour y parvenir.
[Le thème du congrès]
Ce travail d'information c'est un travail de défense des agriculteurs. C'est l'une des missions essentielles du syndicalisme.
Et j'ai là une transition toute trouvée pour aborder le thème de votre congrès et de votre rapport.
" Quelles organisations agricoles demain ? Quelles restructurations ? " Vous avez choisi un thème courageux.
Nous l'avions effleuré lors de notre congrès du Grand Bornand. Avec la témérité de la jeunesse, vous allez beaucoup plus loin.
Je voudrais d'ailleurs féliciter les auteurs de ce rapport qui ont accompli un travail de fourmi pour recenser toutes les organisations qui assistent et encadrent les agriculteurs.
Vous illustrez parfaitement le fait que l'histoire de l'agriculture c'est d'abord une formidable histoire d'organisation.
Ce qui rend d'autant plus difficile la question de la restructuration.
Si vous me permettez une boutade, moi je sais quelles organisations il faut supprimer. Je vais vous le dire :
...C'est toujours celle des autres !
Au-delà de la boutade, ce réflexe est bien naturel et il l'est d'autant plus que les organisations que nous avons créées ont toutes leur utilité.
Seulement, la démographie agricole, comme vous le soulignez, conduit à envisager un certain nombre de remembrements, aussi déchirants soient-ils.
Pour restructurer, il faut une méthode.
La mienne, c'est qu'il faut partir des agriculteurs et pas des présidents et des directeurs d'organisations.
Il faut d'abord regarder ce dont ont besoin les agriculteurs, les services qu'ils demandent et qu'ils attendent. Et ne pas inventer systématiquement des services pour mettre sous perfusion une organisation qui n'a plus sa légitimité et qui risque d'en concurrencer d'autres.
Remettre le paysan au cur de nos réflexions et engager une synergie des compétences, ce sont les principes qui doivent nous guider dans nos restructurations.
C'est d'ailleurs l'idée que vous développez, avec les pôles formation et installation notamment, dont vous souhaitez la création.
Dans ce mouvement d'allègement des structures, permettez-moi de prendre un seul exemple, d'actualité. Certains verraient d'un bon il la suppression pure et simple des Adasea.
Pour ma part, je serais plus mesuré.
Créées par le syndicalisme, et contrôlées par lui, les Adasea ont contribué activement à la modernisation de l'agriculture. Politique d'installation, plans de développement, OGAF, politiques structurelles : tout ceci ne se serait pas fait sans les Adasea.
A la veille d'une loi de modernisation qui risque de remettre le problème foncier sur le devant de la scène, je pense que les Adasea ont toute leur place à condition qu'elles se recentrent sur leur métier d'origine et agissent en complémentarité.
Nous-mêmes Bernard, nous devons réfléchir à nos organisations et à optimiser nos moyens.
[La MSA]
Une autre organisation doit aujourd'hui être au cur de nos préoccupations, c'est la MSA.
Une réforme de la sécurité sociale est en cours.
Le texte prévoit de réduire l'autonomie des caisses et la marge de manuvre des administrateurs.
Depuis l'origine, le régime agricole est géré par des administrateurs élus, légitimes pour s'exprimer au nom de la population agricole.
Le rôle des élus, leur proximité avec les agriculteurs, l'efficacité du maillage territorial dans les politiques de prévention sont autant de spécificités qu'il faut préserver.
Il est quand même paradoxal que ceux qui nous gouvernent, qui sont partisans de moins d'État, veuillent fonctionnariser une institution mutualiste qui a fait ses preuves.
Ces menaces sur l'institution MSA doivent d'autant plus nous mobiliser en vue des élections qui se dérouleront en 2005.
[Loi de modernisation]
Je voudrais enfin dire un mot de la loi de modernisation.
Cette loi nous attendons qu'elle fixe un cap pour l'agriculture. Qu'elle accompagne un métier qui bouge. Un métier qui a aujourd'hui plusieurs facettes : nous sommes à la fois des producteurs de biens alimentaires, de biens non alimentaires et de services.
La loi de modernisation doit alors prévoir des mesures pour répondre à ces évolutions : Politiques contractuelles, mesures foncières, dispositions sur le statut de l'entreprise agricole, dispositifs encourageant l'installation, ou encore attractivité du métier.
Cette loi peut être une grande loi pour l'agriculture. Nous sommes prêts, comme l'ont fait nos anciens dans les années 60 à relever le défi.
Ensemble, jeunes et aînés nous allons travailler à ce projet ambitieux qui déterminera le visage de l'agriculture de demain.
[Conclusion]
Monsieur le Président, Cher Bernard,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
De votre rapport, j'ai retenu beaucoup de choses. Mais une phrase m'a particulièrement touché.
Je vous cite :
" Le seul dénominateur commun à toutes les productions, à tous les territoires et à tous les paysans est la volonté de vivre dignement du prix des produits "
Un projet basé sur les prix : c'est le sens du combat pour notre métier, c'est le cur même de notre action, c'est notre raison d'être.
Pas de pays sans paysan, pas de paysans sans revenus, pas de revenus sans prix !
[Jérôme Despey]
Je ne peux pas terminer mon propos sans remercier Jérôme pour tout son travail au cours de ces deux années à la présidence des Jeunes agriculteurs.
J'ai eu plaisir à travailler avec un homme engagé, un homme courageux, un vrai responsable.
Et à titre personnel, je peux affirmer que tu es un homme à l'écoute et au service des autres.
Je te souhaite bonne continuation. Et comme vous l'écrivez dans votre rapport, les organisations agricoles, même restructurées auront toujours besoin de responsables courageux et engagés.
Je vous remercie.
(source http://www.fnsea.fr, le 5 juillet 2004)