Interviews de Mme Catherine Vautrin, secrétaire d'Etat aux personnes âgées, à BFM le 18 avril 2005 et à Europe 1 le 21 avril 2005, sur la journée de solidarité pour les personnes âgées et les personnes handicapées.

Prononcé le

Média : BFM - Europe 1

Texte intégral

BFM
Le 18 avril 2005
Q- La date approche, c'est dans quatre semaines pile, le fameux lundi de Pentecôte sera-t-il travaillé, chômé, férié mais payé... Quel casse tête ! Un lundi de Pentecôte destiné à financer le plan de solidarité aux personnes dépendantes décidé après la terrible canicule meurtrière de l'été 2003. Après les syndicats, les parents d'élèves, nombre d'entreprises offrent le lundi de Pentecôte à leurs salariés. Quelle pétaudière ! On ne s'y retrouve plus.
R- Je crois déjà qu'il faut être clair sur une chose : c'est la première fois que le Gouvernement propose le financement d'une réforme, qui ne repose pas sur une augmentation des impôts : pas de baisse de pouvoir d'achat, pas d'augmentation de charges pour les entreprises. Rien que cela, ça méritait d'être souligné. Donc, ce que le Gouvernement propose, c'est que nos concitoyens travaillent une journée de plus, le fruit de leur travail fait de la richesse, et avec cela, on finance le grand vieillissement.
Q- Mais cela n'a pas été bien préparé, C. Vautrin, tout de même.
R- Cela a été travaillé. L'ensemble du service public sera ouvert bien évidement le lundi de Pentecôte. Ce qu'il faut, c'est que nos concitoyens acceptent de comprendre qu'il y a un temps pour la respiration sociale - c'est la force de la démocratie - il y a un temps pour la fraternité active, c'est le lundi de Pentecôte. C'est nouveau, il faut le comprendre, mais pour autant, une personne sur trois est concernée par les personnes âgées, c'est-à-dire chaque famille. Alors, travailler une journée de plus pour équiper le pays, c'est quand évidemment de la fraternité active qu'il faut mettre en place.
Q- Sur les 2 milliards d'euros que devrait rapporter cette journée de solidarité, combien exactement va aller aux personnes âgées, parce qu'apparemment, ce sera un faible pourcentage ?
R- Sur les 2 milliards d'euros, il y a 800.000 pour les handicapés, 1,2 milliard pour les personnes âgées ; 400 millions supplémentaires pour l'APA. Il y a aujourd'hui dans notre pays 800.000 bénéficiaires de l'APA. Il y a ensuite 800 millions pour créer de nouvelles maisons de retraite - cent nouvelles maisons de retraite créées cette année - et pour médicaliser 1.500 maisons de retraite pour les adapter aux nouvelles maladies. La maladie d'Alzheimer nécessite que l'on accompagne les patients. Cela sert à cela la journée d'action de solidarité. 6.000 places de soins infirmiers à domicile pour permettre à ceux qui sont à domicile d'être mieux accompagnés. Donc, 1,2 milliard pour les personnes âgées, une vraie traçabilité, puisque cet argent est géré par une caisse spéciale, la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie, qui permet non seulement de recevoir les recettes, mais de suivre l'affectation de ces recettes en rappelant que pas un euro n'ira ailleurs, que pour les personnes âgées ou pour les personnes handicapées.
Q- Mais cela ne suffira peut-être pas un seul jour férié. P. Douste- Blazy lui-même l'estimait il y a quelques semaines. Il disait que la uppression d'un jour férié ne suffira pas à l'avenir à payer la dépendance.
R- Utilisons déjà ces 2 milliards qui sont fléchées sur quatre ans, ce qui nous donne une lisibilité de 8 milliards sur quatre exercices. Pour anticiper, j'ai commandé une étude au secrétariat général au Plan pour définir l'ensemble des besoins en équipements et en maisons de retraite à l'échéance 2010, 2015, 2025. Mais en tout cas, commençons déjà par travailler le lundi de Pentecôte, le jour de la solidarité et comme cela, nous mettrons en marche cette grande machine de la fraternité active pour que les personnes âgées de notre pays soient mieux accompagnées.
Q- Mais ça râle, même dans votre majorité, à l'UMP. Il y a des députés qui voudraient justement revoir le lundi de Pentecôte férié.
R- Cette année, en 2005, le lundi de Pentecôte sera un jour travaillé. En fin d'année, le Premier ministre s'y est engagé, une commission d'évaluation tirera les conclusions. Pour l'instant, ce dont nous avons besoin, ce sont ces 2 milliards de la fraternité active qui nous permettront d'équiper le pays. On ne peut pas, d'un côté, dire : il faut améliorer les maisons de retraite, il faut plus de choses et de l'autre côté, refuser de travailler pour mettre en place l'ensemble de ces équipements.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 19 avril 2005)
Europe 1
21 avril 2005
S. Soumier - Le syndicat de fonctionnaires Unsa, à son tour, juge scandaleux d'obliger les salariés à travailler le lundi de Pentecôte et la secrétaire d'Etat aux Personnes âgées est avec nous.
R - Bonjour
Q - Le problème, vous le savez, c'est que l'on se méfie. Les choses se passeraient mieux sans doute si l'on était sûr de la destination de l'argent. Ira-t-il vraiment aux personnes âgées ?
R - Oui, il ira totalement aux personnes âgées et aux personnes handicapées. La certitude, c'est la mise en place de la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie. Cette Caisse assurera la traçabilité. Elle recevra les fonds et les distribuera pour équiper notre pays, pour faire face à cet évènement tout à fait important, qui est l'évolution de l'espérance de vie et son corollaire qui est l'accompagnement du grand vieillissement.
Q - On estime qu'il va y avoir deux milliards d'euros de taxes récoltées par l'Etat à l'occasion de ce lundi de Pentecôte, et d'autres jours d'ailleurs puisque d'autres entreprises ont choisi d'autres jours et c'est pour cela que vous ne pouvez plus reculer. Vous nous donnez la garantie que dans quelques mois, ces deux milliards, on les retrouvera dans cette Caisse ?
R - Je vous donne cette garantie en expliquant que les deux milliards, c'est 0,3 % du PIB, ce à quoi correspond une journée de travail supplémentaire, une journée de fraternité. Ces deux milliards se repartissent en 800 millions pour les handicapés, 1,2 milliard pour les personnes âgées correspondant à 1.500 maisons de retraite existantes qui seront médicalisées. Ce sont aussi 100 nouvelles maisons de retraite médicalisées qui seront autorisées, et donc crées. Ce sont 6.000 nouvelles places de soins infirmiers à domicile. C'est donc très concret mais très important, parce qu'un Français sur trois est concerné par ce problème du grand vieillissement, de l'accompagnement des personnes âgées. Donc, travailler le lundi de Pentecôte, le jour de la solidarité, c'est finalement aider ceux qui nous ont permis de devenir ce que nous sommes, et tout simplement de vieillir en toute tranquillité.
(Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 21 avril 2005)