Déclaration de Mme Dominique Gillot, secrétaire d'Etat à la santé et aux handicapés, sur le développement des soins palliatifs et la lutte contre la douleur, Le Vaurais le 6 septembre 2000.

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Circonstance : Réunion de l'Association pour le développement des soins palliatifs du Vaurais le 6 septembre 2000

Texte intégral

Madame la Députée,
Monsieur le Maire,
Monsieur le Directeur,
Mesdames, Messieurs,
Je suis particulièrement heureuse d'être avec vous cet après-midi car vous connaissez ma conviction et mon attachement aux deux causes que sont le développement des soins palliatifs et la lutte contre la douleur. J'estime que nous avons incontestablement progressé depuis quelques années et vous savez que nous avons fêté au printemps 2000 le premier anniversaire de la loi relative aux soins palliatifs. Ce fut pour moi l'occasion de faire un bilan d'étape des deux plans gouvernementaux en faveur des soins palliatifs d'une part et de la lutte contre la douleur d'autre part.
Cette loi a été l'un des moments forts de la législature. Elle a été votée pour que des hommes et des femmes et parfois aussi malheureusement des enfants, puissent être accompagnés dignement jusqu'au bout de leur vie ; afin qu'ils puissent choisir de terminer ce chemin chez eux s'ils le désirent, soignés et soulagés aussi bien qu'à l'hôpital et entourés de ceux qui les aiment et qui leur apportent amour et réconfort.
Dans une vie, la mort a le droit à sa juste place, le mourant a le droit à la tendresse, à la présence de ses proches, à l'apaisement, à l'adoucissement. Notre tendance historique fut d'évacuer la mort derrière les paravents de la technique médicale et à en retirer l'humanité.
Les assemblées ont voté cette loi à l'unanimité, témoignant par-là de l'importance pour elles du développement des soins palliatifs dans notre pays.
Lorsqu'ils sont malades, nos concitoyens souhaitent, ils l'ont répété tout au long des États Généraux de la santé, être davantage écoutés, entendus, accompagnés, soulagés, considérés dans leur dignité de personne et par seulement dans leur spécificité de malade.
Cette dynamique en faveur des soins palliatifs est aujourd'hui enclenchée avec succès et le premier bilan que nous pouvons en faire est extrêmement encourageant.
L'effort financier engagé par le Gouvernement pour soutenir la création ou le renfort des structures de soins palliatifs s'est traduit par une augmentation du budget annuel hospitalier de 150 millions de francs au titre de 1999 auxquels se sont encore ajoutés 75 millions de francs en l'an 2000.
Ce sont donc aujourd'hui 225 millions de francs supplémentaires par an qui sont consacrés à financer les structures hospitalières de soins palliatifs sur notre territoire ; sans compter les compléments apportés région par région par les agences régionales de l'hospitalisation au titre de leurs marges de manuvre propres. Nous sommes ici justement, en Midi- Pyrénées, dans une région qui a fait ce choix d'une démarche volontariste et je souhaite l'en féliciter.
Ces moyens ont notamment permis :
- que le nombre d'équipes mobiles hospitalières en soins palliatifs dans notre pays passe de 84 en 1998 à 184 au début de cette année,
- que le nombre d'unités de soins palliatifs augmente de 74 à 87 dans le même temps,
- et enfin que 10 nouveaux réseaux de soins palliatifs se mettent en place sur l'ensemble du territoire portant à 28 le nombre total de ces réseaux actuellement opérationnels.
L'association pour le développement des soins palliatifs du VAURAIS constitue l'un de ces réseaux ville hôpital qui sont, à mes yeux, le troisième maillon indispensable du dispositif.
En effet, si les unités de soins palliatifs et les équipes mobiles hospitalières constituent les socles du dispositif, la dynamique des soins palliatifs ne trouvera sa pleine mesure que dans les relais pris avec l'ensemble des acteurs participant à la prise en charge des personnes en fin de vie. La dynamique enclenchée ne trouvera sa pleine mesure que par l'implication de l'ensemble des acteurs tant de la ville que de l'hôpital. A cet égard, votre association (pour le développement des soins palliatifs du VAURAIS) montre la voie.
Aujourd'hui la quasi totalité des départements français sont dotés d'au moins une structure en soins palliatifs marquant ainsi une nette progression dans l'offre de soins. Les deux premières années du plan auront ainsi permis de réduire de manière conséquente les inégalités existantes entre les régions en matière de prise en charge en soins palliatifs ; notamment par le biais du développement des équipes mobiles.
Pour 2001, une nouvelle dotation spécifique permettra de financer de nouveaux projets.
Trois points semblent essentiels :
1) Améliorer l'organisation et le fonctionnement en réseau des différentes structures créées. Il s'agit en l'occurrence d'organiser au plan régional un maillage du territoire par une structuration de l'offre ; en distinguant les pôles de référence des pôles de proximité tout en assurant la mise en réseau des acteurs du terrain. Et dans mon esprit, la proximité n'est pas que géographique. La proximité est le résultat de l'addition d'un certain nombre de comportements impliquant l'ensemble des acteurs sur le terrain, ainsi que je l'ai rappelé précédemment,
2) Conforter l'implantation des équipes mobiles et des unités existantes afin d'assurer leur pérennité,
3) Impulser le développement des unités de soins palliatifs dans les CHU constituant ainsi des pôles de référence et d'appui à la formation de l'ensemble des structures qui se mettent en place. Un effort particulier doit encore être porté en matière de création de ces unités particulières ; notamment dans les régions les plus en retard.
Dans votre région, l'agence régionale de l'hospitalisation de Midi-Pyrénées a choisi de mettre en uvre un plan de développement simultané des soins palliatifs et de la lutte contre la douleur. Ce plan vise à structurer en trois ans dans chacun des secteurs sanitaires de la région un réseau douleur et soins palliatifs ; regroupant les établissements de santé publics et privés, les associations des soins palliatifs à domicile, les bénévoles et les professionnels de santé libéraux qui le souhaitent.
Cette orientation est à encourager et je voudrais vous féliciter de cette approche commune des deux problèmes. Certes le sujet des soins palliatifs n'est pas le même que celui de la lutte contre la douleur. Il s'agit néanmoins de deux préoccupations proches.
Tout d'abord parce qu'une fin de vie ne peut être sereine que si la personne malade est soulagée de sa douleur physique aussi bien que morale.
Ensuite parce que ces deux plans gouvernementaux en faveur de l'accompagnement en fin de vie et de la lutte contre la douleur trouvent une même origine dans cette volonté qui est la nôtre que le système de santé considère davantage les priorités de la personne malade. C'est le choix que vous avez fait au niveau de la région et je m'en réjouis.
L'ARH Midi-Pyrénées a affecté des moyens complémentaires significatifs ; à ceux des enveloppes spécifiques octroyées nationalement.
Je veux ici souligner le dynamisme de la région Midi-Pyrénées dans la mise en uvre de cette priorité de santé publique. En effet avant le démarrage du plan ; seule une unité de soins palliatifs existait à Toulouse ainsi que quelques places d'HAD dédiées aux soins palliatifs. Aujourd'hui la région se situe dans la moyenne nationale et a travaillé efficacement autour de cette dynamique. De plus un réseau expérimental de soins palliatifs a été agréé en 1999 à Tarbes. L'évaluation à venir permettra d'en mesurer la pertinence.
Dans l'ensemble de ce dispositif, l'association de soins palliatifs du VAURAIS représente à mes yeux un maillon essentiel, dans la mesure où votre projet a été celui d'un réseau avec comme but clairement affiché de prendre en compte les aspirations croissantes de la population, à bénéficier d'une qualité de fin de vie en dynamisant les différents acteurs hospitaliers, professionnels ou bénévoles et en répondant de manière pertinente aux demandes d'accompagnement en fin de vie.
Vous avez eu à cur, au plus près des besoins des malades qui s'adressent à vous de permettre une continuité des soins et une prise en charge globale du patient, respectant son libre choix d'un suivi à domicile ou en institution. Votre réseau a été précurseur dans votre région, il est le fruit d'une construction inscrite dans la durée, en étroite articulation avec le projet d'établissement de l'hôpital.
C'est au plus près du terrain que l'action doit maintenant être développée et multipliée afin que la prise de conscience de la nécessité de prendre en compte la douleur et la fin de vie qui s'est faite aujourd'hui puisse devenir une réalité dans le quotidien de chacun d'entre nous.
Ma présence parmi vous aujourd'hui est un encouragement explicite à poursuivre dans ce sens.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 18 septembre 2000).