Texte intégral
Q- Hier soir, un "grand quotidien du soir", comme on dit, titrait "L. Jospin revient en patron du PS grâce à la campagne référendaire". Qui est le patron du PS : L. Jospin ou F. Hollande ?
R- Aujourd'hui, de ce que je crois savoir, le patron du PS s'appelle F. Hollande. Alors peut-être que le "grand quotidien du soir" à un souhait, c'est de voir L. Jospin revenir au premier plan, c'est son droit. L. Jospin revient plutôt comme celui qui a conduit les affaires du pays comme Premier ministre pendant cinq ans, qui a donc négocié un certain nombre de traités importants, qui en a vu aussi les limites, qui s'est exprimé en tant que militant socialiste dans la phase précédente, en appelant à voter "oui", et qui vient donner un coup de main à son parti, à la direction de son parti et qui, aussi, se permet, je crois, à juste titre, de rappeler à un certain nombre de ses anciens amis, de ses anciens ministres, d'abord qu'il y a une certaine discipline à avoir, et que, deuxièmement, il y a aussi une certaine cohérence.
Q- N'êtes-vous pas un peu réducteur en faisant de L. Jospin le retraité qui vient donner un coup de main provisoirement ? On a eu le sentiment, en voyant ce qui se passait pendant ce centenaire, samedi dernier, que c'était lui qui remettait les choses en ordre et que c'était lui qui avait autorité pour le faire.
R- Je ne pense pas qu'on remette les choses en ordre simplement par une déclaration au Parti socialiste. Je crois que son intervention était utile, parce qu'il y a le caractère de L. Jospin et que cela pèse dans la vie du parti. Ce n'est pas n'importe qui, L. Jospin, c'est vingt ans de l'histoire du Parti socialiste. Donc il fait partie des grandes personnalités qui marquent et qui, en même temps, peuvent aussi restructurer le doute qui existe aujourd'hui dans l'électorat socialiste, notamment, dans ce fameux argument sur le fait que voter pour cette Constitution, c'était voter pour J. Chirac ou plébisciter J. Chirac. Il est le mieux à même, aujourd'hui, de dire, qu'on peut séparer les deux.
Q- Il a, à la fois, affirmé une identité de gauche, en rappelant que quand il disait "mon projet n'est pas socialiste", que cela voulait dire qu'il était plus large, mais d'autre part, il s'est posé en fédérateur. Vous n'avez pas senti cela ?
R- Je ne cherche pas, actuellement, à faire des plans sur la comète, qui fera quoi après. Parce que je crois que l'on est dans un moment où l'on a besoin de l'ensemble des autorités ou de ceux qui font autorité, pour converger vers cette mobilisation nécessaire de l'électorat socialiste qui a été perturbé, il est vrai, à la fois par le malaise social qu'il y a dans le pays, et aussi par la dissidence qui a été installée, instaurée, de manière systématique par plusieurs responsables socialistes.
Q- Mais comment les socialistes ressentent-ils cette venue de L. Jospin ? En sont-ils heureux, ou est que, comme certains disent, "c'est agaçant", parce qu'après tout, il vous avait plaqué il y a trois ans ?
R- Le militant socialiste, aujourd'hui en campagne, lorsqu'il entend un dirigeant socialiste faire campagne pour le "oui", est plutôt heureux, surtout quand il a vu, comme cela s'est passé ces dernières semaines, un certain nombre de responsables s'émanciper du vote majoritaire interne au PS. Donc il me semble que l'intervention de L. Jospin a permis de mieux "latéraliser", je dirais, le vote socialiste en lui redonnant tout son sens.
Q- Qu'attendez-vous de lui, à la fois de son intervention télévisée cette semaine, et également du meeting auquel il va participer à Nantes ?
R- Je crois que l'intervention de L. Jospin, jeudi, va permettre de bien situer l'enjeu. L'enjeu, c'est celui de la construction européenne, ce n'est pas d'essayer de censurer le Gouvernement, parce que ce n'est pas la question. Elle va aussi permettre, je l'espère, de bien situer l'importance de ce traité par rapport à ce qui a été fait auparavant et de mettre en perspective le fait que ce traité est un élément de rupture par rapport à la construction libérale de l'Europe. Pour la première fois, on a un traité qui est fait d'avancées sociales importantes ; je parle de la Charte des droits fondamentaux notamment, de pouvoirs démocratiques supplémentaires pour le Parlement européen, et surtout, de donner une dimension à l'Europe. On le voit dans la crise du textile ; aujourd'hui, on est dans une compétition internationale, et si l'Europe n'est pas plus forte, ne fonctionne pas mieux, si le Parlement européen n'a pas plus de pouvoir, s'il n'y a pas aujourd'hui une autorité forte en Europe, on sera dans une situation difficile. Chaque jour qui passe renforce l'idée qu'il y a besoin de nouvelles règles pour faire de l'Europe une véritable puissance commerciale, industrielle et sociale.
Q- Vous constatez qu'il y a un certain frémissement du "oui". Avez-vous le sentiment qu'une alchimie du "oui" est en train de prendre corps, qui répond un peu à la progression du "non" ?
R- J'ai le sentiment que le "non" est au bout de la logique, c'est-à-dire que le "non" a été la somme de tous les mécontentements, et qu'il a fait le plein de toutes les peurs qui existaient, notamment en agitant un certain nombre d'épouvantails - l'affaire de l'avortement en étant un exemple. Maintenant, je crois que l'on entre dans une phase nouvelle, c'est-à-dire que l'on est dans la phase où les gens, les concitoyens vont se poser la question "si je vote "non", si ma colère l'emporte sur ma raison, que va t'il se passer" ? Le vrai problème des partisans du "non", c'est que, d'abord, il n'y a pas de cohérence du "non". Il y a une somme de différences, qui n'a aucune cohérence sur l'après. Et la vraie question qui se pose, c'est est-ce que la France peut aujourd'hui mettre en panne la construction européenne, est-ce qu'elle peut prendre la responsabilité de paralyser l'Europe, d'autant qu'il n'y a pas de scénario après ? Vous prenez n'importe quel partisan du "non", vous lui posez la question de savoir ce qui se passera si la France dit "non", chacun a sa version des évènements, et chacun a une version hypothétique des évènements. Chacun dit "je pense qu'il pourra...". Donc, on est aujourd'hui, dans un moment, où chacun de nos concitoyens va réfléchir, va se dire, est-ce qu'il n'y a pas aujourd'hui un choix de raison, un choix intelligent, [qui serait de] prendre tout ce que l'on peut prendre dans ce traité, qui est positif, et puis créer les conditions après de combats politiques qui seront à venir pour renforcer cette Europe sociale, par exemple, que nous souhaitons, nous les socialistes ?
Q- Tous les efforts sont bons à prendre, si je comprends bien : D. Strauss-Kahn fait un DVD, "L'Europe sociale passe par le "oui"". Je crois que c'est envoyé à plusieurs milliers de militants socialistes. Deux questions : est-ce que vous, qui êtes porte-parole du PS, l'avez vu ? En avez-vous été averti ? Comment est-ce que cela est-il financé ? C'est par l'épicerie Strauss-Kahn ou par le Parti socialiste ?
R- Sur la question du financement, il faudra lui poser la question, mais il nous avait annoncé, effectivement, qu'après avoir fait son livre, il avait l'intention de faire un DVD. Vous savez comme moi que D. Strauss- Kahn est celui qui est chez nous le plus féru des nouvelles technologies ; on est même souvent en compétition personnelle pour savoir celui qui est le plus en pointe. Là, il a pris un petit avantage.
Q- Deux ou trois questions sur l'actualité hexagonale. D'abord, la réaction de la France à l'offensive des textiles chinois : soutenez-vous la demande française d'urgence de
protection ?
R- Je crois qu'aujourd'hui, il y a besoin, effectivement, de mesures de sauvegarde rapides. Ce n'est pas tant l'industrie française du textile qui est menacée, que l'industrie du textile d'un certain nombre de nos pays voisins, notamment, la Pologne, la Tchécoslovaquie (sic), les pays du Maghreb. On est là dans la démonstration de l'intérêt d'avoir une puissance économique qui serait capable de se défendre. Il est clair que ce n'est pas un pays tout seul qui peut se défendre face à la Chine. C'est l'Europe tout entière, unie, qui doit repenser ses négociation avec la Chine. Donc, pour l'instant, il faut demander à la Chine d'autolimiter sa production en matière de textile ou de rééquilibrer nos échanges.
Q- Trouvez-vous que la Commission européenne ait fait preuve de laxisme ou de lenteur ?
R- Non, la Commission européenne est tiraillée, on le voit bien, entre la pression d'un certain nombre de pays qui sont en situation d'urgence et le principe du libre échange. Mais ce qui est intéressant, c'est de voir comment, lorsque les pays se mettent en mouvement, la Commission est amenée à prendre un certain nombre d'initiatives. Je suis à peu près certain que dans les heures à venir, le commissaire européen, monsieur Mandelson, sera amené à tirer conséquence des lettres qu'il va recevoir des différents pays qui lui demande de mettre en place un certain nombre de clauses de sauvegarde.
Q- Sur un tout autre sujet : est-ce qu'au PS, on va travailler, rue de Solférino, le lundi de Pentecôte ?
R- Il y a une discussion sociale qui a lieu. C'est clair que nous n'allons pas être en première ligne pour mettre en place ce jour de travail.
Q- C'est une aberration, de votre point de vue ?
R- Ce qui est une aberration aujourd'hui, c'est de faire la comparaison entre l'effort que l'on demande aux salariés, qui est toujours un effort plus important, et le luxe qu'on accorde à un certain nombre de patrons. Ce qui est quand même désagréable, c'est de voir les indemnités que s'attribuent un certain nombre de patrons lorsqu'ils quittent la direction de leur entreprise et l'effort supplémentaire que l'on va demander aux salariés. C'est ce qui n'est pas acceptable. Donc, nous avons dit que si nous revenons en 2007 au Gouvernement, d'abord nous abrogerions cette journée de Pentecôte et nous repenserions le financement de la protection sociale, autrement que par un effort toujours sur les mêmes catégories.
Q- Si j'ai bien compris, sur la question des indemnités des grands patrons, vous êtes en pleine harmonie avec N. Sarkozy qui disait "à hauts risques, hauts salaires, mais pas de parachute doré et transparence" ?
R- Ce que nous voulons, c'est qu'il n'y ait pas du tout de parachute doré. La question de la transparence est une chose, mais si la transparence c'est simplement pour faire mieux accepter aux actionnaires et aux salariés les parachutes dorés, on voit bien la limite."
Q- "Pas de parachute", disait-il...
R- S'il est contre les parachutes dorés, la question qu'on peut lui poser, c'est pourquoi il n'a pas fait de loi quand il était ministre de l'Economie et des Finances ? Le problème avec N. Sarkozy, c'est toujours le même : il dit toujours dans l'opposition, ou lorsqu'il n'est plus aux affaires, ce qu'il faudrait faire, mais qu'il n'a pas fait quand il y était.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 26 avril 2005)
R- Aujourd'hui, de ce que je crois savoir, le patron du PS s'appelle F. Hollande. Alors peut-être que le "grand quotidien du soir" à un souhait, c'est de voir L. Jospin revenir au premier plan, c'est son droit. L. Jospin revient plutôt comme celui qui a conduit les affaires du pays comme Premier ministre pendant cinq ans, qui a donc négocié un certain nombre de traités importants, qui en a vu aussi les limites, qui s'est exprimé en tant que militant socialiste dans la phase précédente, en appelant à voter "oui", et qui vient donner un coup de main à son parti, à la direction de son parti et qui, aussi, se permet, je crois, à juste titre, de rappeler à un certain nombre de ses anciens amis, de ses anciens ministres, d'abord qu'il y a une certaine discipline à avoir, et que, deuxièmement, il y a aussi une certaine cohérence.
Q- N'êtes-vous pas un peu réducteur en faisant de L. Jospin le retraité qui vient donner un coup de main provisoirement ? On a eu le sentiment, en voyant ce qui se passait pendant ce centenaire, samedi dernier, que c'était lui qui remettait les choses en ordre et que c'était lui qui avait autorité pour le faire.
R- Je ne pense pas qu'on remette les choses en ordre simplement par une déclaration au Parti socialiste. Je crois que son intervention était utile, parce qu'il y a le caractère de L. Jospin et que cela pèse dans la vie du parti. Ce n'est pas n'importe qui, L. Jospin, c'est vingt ans de l'histoire du Parti socialiste. Donc il fait partie des grandes personnalités qui marquent et qui, en même temps, peuvent aussi restructurer le doute qui existe aujourd'hui dans l'électorat socialiste, notamment, dans ce fameux argument sur le fait que voter pour cette Constitution, c'était voter pour J. Chirac ou plébisciter J. Chirac. Il est le mieux à même, aujourd'hui, de dire, qu'on peut séparer les deux.
Q- Il a, à la fois, affirmé une identité de gauche, en rappelant que quand il disait "mon projet n'est pas socialiste", que cela voulait dire qu'il était plus large, mais d'autre part, il s'est posé en fédérateur. Vous n'avez pas senti cela ?
R- Je ne cherche pas, actuellement, à faire des plans sur la comète, qui fera quoi après. Parce que je crois que l'on est dans un moment où l'on a besoin de l'ensemble des autorités ou de ceux qui font autorité, pour converger vers cette mobilisation nécessaire de l'électorat socialiste qui a été perturbé, il est vrai, à la fois par le malaise social qu'il y a dans le pays, et aussi par la dissidence qui a été installée, instaurée, de manière systématique par plusieurs responsables socialistes.
Q- Mais comment les socialistes ressentent-ils cette venue de L. Jospin ? En sont-ils heureux, ou est que, comme certains disent, "c'est agaçant", parce qu'après tout, il vous avait plaqué il y a trois ans ?
R- Le militant socialiste, aujourd'hui en campagne, lorsqu'il entend un dirigeant socialiste faire campagne pour le "oui", est plutôt heureux, surtout quand il a vu, comme cela s'est passé ces dernières semaines, un certain nombre de responsables s'émanciper du vote majoritaire interne au PS. Donc il me semble que l'intervention de L. Jospin a permis de mieux "latéraliser", je dirais, le vote socialiste en lui redonnant tout son sens.
Q- Qu'attendez-vous de lui, à la fois de son intervention télévisée cette semaine, et également du meeting auquel il va participer à Nantes ?
R- Je crois que l'intervention de L. Jospin, jeudi, va permettre de bien situer l'enjeu. L'enjeu, c'est celui de la construction européenne, ce n'est pas d'essayer de censurer le Gouvernement, parce que ce n'est pas la question. Elle va aussi permettre, je l'espère, de bien situer l'importance de ce traité par rapport à ce qui a été fait auparavant et de mettre en perspective le fait que ce traité est un élément de rupture par rapport à la construction libérale de l'Europe. Pour la première fois, on a un traité qui est fait d'avancées sociales importantes ; je parle de la Charte des droits fondamentaux notamment, de pouvoirs démocratiques supplémentaires pour le Parlement européen, et surtout, de donner une dimension à l'Europe. On le voit dans la crise du textile ; aujourd'hui, on est dans une compétition internationale, et si l'Europe n'est pas plus forte, ne fonctionne pas mieux, si le Parlement européen n'a pas plus de pouvoir, s'il n'y a pas aujourd'hui une autorité forte en Europe, on sera dans une situation difficile. Chaque jour qui passe renforce l'idée qu'il y a besoin de nouvelles règles pour faire de l'Europe une véritable puissance commerciale, industrielle et sociale.
Q- Vous constatez qu'il y a un certain frémissement du "oui". Avez-vous le sentiment qu'une alchimie du "oui" est en train de prendre corps, qui répond un peu à la progression du "non" ?
R- J'ai le sentiment que le "non" est au bout de la logique, c'est-à-dire que le "non" a été la somme de tous les mécontentements, et qu'il a fait le plein de toutes les peurs qui existaient, notamment en agitant un certain nombre d'épouvantails - l'affaire de l'avortement en étant un exemple. Maintenant, je crois que l'on entre dans une phase nouvelle, c'est-à-dire que l'on est dans la phase où les gens, les concitoyens vont se poser la question "si je vote "non", si ma colère l'emporte sur ma raison, que va t'il se passer" ? Le vrai problème des partisans du "non", c'est que, d'abord, il n'y a pas de cohérence du "non". Il y a une somme de différences, qui n'a aucune cohérence sur l'après. Et la vraie question qui se pose, c'est est-ce que la France peut aujourd'hui mettre en panne la construction européenne, est-ce qu'elle peut prendre la responsabilité de paralyser l'Europe, d'autant qu'il n'y a pas de scénario après ? Vous prenez n'importe quel partisan du "non", vous lui posez la question de savoir ce qui se passera si la France dit "non", chacun a sa version des évènements, et chacun a une version hypothétique des évènements. Chacun dit "je pense qu'il pourra...". Donc, on est aujourd'hui, dans un moment, où chacun de nos concitoyens va réfléchir, va se dire, est-ce qu'il n'y a pas aujourd'hui un choix de raison, un choix intelligent, [qui serait de] prendre tout ce que l'on peut prendre dans ce traité, qui est positif, et puis créer les conditions après de combats politiques qui seront à venir pour renforcer cette Europe sociale, par exemple, que nous souhaitons, nous les socialistes ?
Q- Tous les efforts sont bons à prendre, si je comprends bien : D. Strauss-Kahn fait un DVD, "L'Europe sociale passe par le "oui"". Je crois que c'est envoyé à plusieurs milliers de militants socialistes. Deux questions : est-ce que vous, qui êtes porte-parole du PS, l'avez vu ? En avez-vous été averti ? Comment est-ce que cela est-il financé ? C'est par l'épicerie Strauss-Kahn ou par le Parti socialiste ?
R- Sur la question du financement, il faudra lui poser la question, mais il nous avait annoncé, effectivement, qu'après avoir fait son livre, il avait l'intention de faire un DVD. Vous savez comme moi que D. Strauss- Kahn est celui qui est chez nous le plus féru des nouvelles technologies ; on est même souvent en compétition personnelle pour savoir celui qui est le plus en pointe. Là, il a pris un petit avantage.
Q- Deux ou trois questions sur l'actualité hexagonale. D'abord, la réaction de la France à l'offensive des textiles chinois : soutenez-vous la demande française d'urgence de
protection ?
R- Je crois qu'aujourd'hui, il y a besoin, effectivement, de mesures de sauvegarde rapides. Ce n'est pas tant l'industrie française du textile qui est menacée, que l'industrie du textile d'un certain nombre de nos pays voisins, notamment, la Pologne, la Tchécoslovaquie (sic), les pays du Maghreb. On est là dans la démonstration de l'intérêt d'avoir une puissance économique qui serait capable de se défendre. Il est clair que ce n'est pas un pays tout seul qui peut se défendre face à la Chine. C'est l'Europe tout entière, unie, qui doit repenser ses négociation avec la Chine. Donc, pour l'instant, il faut demander à la Chine d'autolimiter sa production en matière de textile ou de rééquilibrer nos échanges.
Q- Trouvez-vous que la Commission européenne ait fait preuve de laxisme ou de lenteur ?
R- Non, la Commission européenne est tiraillée, on le voit bien, entre la pression d'un certain nombre de pays qui sont en situation d'urgence et le principe du libre échange. Mais ce qui est intéressant, c'est de voir comment, lorsque les pays se mettent en mouvement, la Commission est amenée à prendre un certain nombre d'initiatives. Je suis à peu près certain que dans les heures à venir, le commissaire européen, monsieur Mandelson, sera amené à tirer conséquence des lettres qu'il va recevoir des différents pays qui lui demande de mettre en place un certain nombre de clauses de sauvegarde.
Q- Sur un tout autre sujet : est-ce qu'au PS, on va travailler, rue de Solférino, le lundi de Pentecôte ?
R- Il y a une discussion sociale qui a lieu. C'est clair que nous n'allons pas être en première ligne pour mettre en place ce jour de travail.
Q- C'est une aberration, de votre point de vue ?
R- Ce qui est une aberration aujourd'hui, c'est de faire la comparaison entre l'effort que l'on demande aux salariés, qui est toujours un effort plus important, et le luxe qu'on accorde à un certain nombre de patrons. Ce qui est quand même désagréable, c'est de voir les indemnités que s'attribuent un certain nombre de patrons lorsqu'ils quittent la direction de leur entreprise et l'effort supplémentaire que l'on va demander aux salariés. C'est ce qui n'est pas acceptable. Donc, nous avons dit que si nous revenons en 2007 au Gouvernement, d'abord nous abrogerions cette journée de Pentecôte et nous repenserions le financement de la protection sociale, autrement que par un effort toujours sur les mêmes catégories.
Q- Si j'ai bien compris, sur la question des indemnités des grands patrons, vous êtes en pleine harmonie avec N. Sarkozy qui disait "à hauts risques, hauts salaires, mais pas de parachute doré et transparence" ?
R- Ce que nous voulons, c'est qu'il n'y ait pas du tout de parachute doré. La question de la transparence est une chose, mais si la transparence c'est simplement pour faire mieux accepter aux actionnaires et aux salariés les parachutes dorés, on voit bien la limite."
Q- "Pas de parachute", disait-il...
R- S'il est contre les parachutes dorés, la question qu'on peut lui poser, c'est pourquoi il n'a pas fait de loi quand il était ministre de l'Economie et des Finances ? Le problème avec N. Sarkozy, c'est toujours le même : il dit toujours dans l'opposition, ou lorsqu'il n'est plus aux affaires, ce qu'il faudrait faire, mais qu'il n'a pas fait quand il y était.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 26 avril 2005)