Texte intégral
« Ce ne sera pas un drame de dire non »
EUROPE. Alors que Jacques Chirac défendra le oui, jeudi soir sur TF 1, le député PS de Saône-et-Loire estime que le traité n'a « aucune chance de voir le jour ». Et appelle son parti au « rassemblement », quel que soit le résultat du 29 mai.
ANIMATEUR du Nouveau Parti socialiste (NPS) et avocat du non au référendum, qui ne fait pas campagne par discipline de parti, Arnaud Montebourg pense qu'au lendemain du 29 mai il faudra tout renégocier.
Le non est-il en train de s'installer dans l'opinion ?
Arnaud Montebourg. Oui. On assiste à une prise de pouvoir des citoyens au sujet de la construction européenne. Il ne s'agit pas d'un refus de l'Europe, seuls quelques hurluberlus souverainistes défendent cette thèse, mais d'une volonté de mieux contrôler la construction européenne et de décider vraiment de son orientation. En tout cas, c'est ce que nous entendons tous les jours sur le terrain, dans notre voisinage et au sein de nos familles. Depuis des années, l'Europe s'est faite contre les peuples. Les gens en ont assez et le disent.
L'intervention de Jacques Chirac, jeudi soir sur TF 1 devant des jeunes, peut-elle inverser la tendance ?
L'impopularité acquise de Jacques Chirac est de nature à rendre encore plus impopulaire le traité, dont il est l'un des auteurs avec ses amis de droite au pouvoir dans dix-neuf pays de l'Union.
La Constitution a-t-elle du plomb dans l'aile ?
Elle n'a presque aucune chance de voir le jour. On observe le même phénomène de refus partout en Europe : en Grande-Bretagne, en Suède, en Tchéquie, en Pologne, aux Pays-Bas et même au Danemark. Ce ne sera pas un drame de voter non, comme vient de le dire Lionel Jospin. Cette espèce de cohabitation, cette cogestion des droites et des gauches européennes dans une Europe à dominante libérale pose un énorme problème de cohérence et de lisibilité. Si le non l'emporte, il faudra renégocier, tout remettre à plat.
Les tenants du oui affirment que c'est impossible. Qu'on en reviendra au traité de Nice, moins social, moins démocratique...
Ce traité est provisoire, il s'arrête en 2009. La Constitution n'a pas de base politique majoritaire en Europe. Il faudra bien d'une façon ou d'une autre se mettre autour d'une table. Même les partisans du oui exigent la renégociation du traité. C'est d'ailleurs le point commun que l'on a avec eux.
Que voterez-vous personnellement ?
Je voterai non. Mais sans faire campagne ouvertement comme j'en ai pris l'engagement à l'issue du référendum interne du PS (NDLR : 59 % de oui le 1 e r décembre) . Nous avons le devoir d'être loyaux à l'égard des milliers de militants qui ont exprimé un choix majoritaire.
« Le PS est notre héritage »
François Hollande peut-il se maintenir à la tête du PS si le non l'emporte ?
En tout cas, il faudra réconcilier les partisans du oui et ceux du non autour de la solution qui sera sortie des urnes le 29 mai, date du référendum. Quel que soit le résultat, le rassemblement des forces de gauche sera la priorité des socialistes. Attention aux divisions. Le PS est notre héritage commun, légué notamment par François Mitterrand. Il nous faut le préserver comme la prunelle de nos yeux. Si nous faisons à Chirac et à l'UMP le cadeau de nous déchirer, nous permettrons à la droite de gagner en 2007.
Propos recueillis par Frédéric Gerschel
EUROPE. Alors que Jacques Chirac défendra le oui, jeudi soir sur TF 1, le député PS de Saône-et-Loire estime que le traité n'a « aucune chance de voir le jour ». Et appelle son parti au « rassemblement », quel que soit le résultat du 29 mai.
ANIMATEUR du Nouveau Parti socialiste (NPS) et avocat du non au référendum, qui ne fait pas campagne par discipline de parti, Arnaud Montebourg pense qu'au lendemain du 29 mai il faudra tout renégocier.
Le non est-il en train de s'installer dans l'opinion ?
Arnaud Montebourg. Oui. On assiste à une prise de pouvoir des citoyens au sujet de la construction européenne. Il ne s'agit pas d'un refus de l'Europe, seuls quelques hurluberlus souverainistes défendent cette thèse, mais d'une volonté de mieux contrôler la construction européenne et de décider vraiment de son orientation. En tout cas, c'est ce que nous entendons tous les jours sur le terrain, dans notre voisinage et au sein de nos familles. Depuis des années, l'Europe s'est faite contre les peuples. Les gens en ont assez et le disent.
L'intervention de Jacques Chirac, jeudi soir sur TF 1 devant des jeunes, peut-elle inverser la tendance ?
L'impopularité acquise de Jacques Chirac est de nature à rendre encore plus impopulaire le traité, dont il est l'un des auteurs avec ses amis de droite au pouvoir dans dix-neuf pays de l'Union.
La Constitution a-t-elle du plomb dans l'aile ?
Elle n'a presque aucune chance de voir le jour. On observe le même phénomène de refus partout en Europe : en Grande-Bretagne, en Suède, en Tchéquie, en Pologne, aux Pays-Bas et même au Danemark. Ce ne sera pas un drame de voter non, comme vient de le dire Lionel Jospin. Cette espèce de cohabitation, cette cogestion des droites et des gauches européennes dans une Europe à dominante libérale pose un énorme problème de cohérence et de lisibilité. Si le non l'emporte, il faudra renégocier, tout remettre à plat.
Les tenants du oui affirment que c'est impossible. Qu'on en reviendra au traité de Nice, moins social, moins démocratique...
Ce traité est provisoire, il s'arrête en 2009. La Constitution n'a pas de base politique majoritaire en Europe. Il faudra bien d'une façon ou d'une autre se mettre autour d'une table. Même les partisans du oui exigent la renégociation du traité. C'est d'ailleurs le point commun que l'on a avec eux.
Que voterez-vous personnellement ?
Je voterai non. Mais sans faire campagne ouvertement comme j'en ai pris l'engagement à l'issue du référendum interne du PS (NDLR : 59 % de oui le 1 e r décembre) . Nous avons le devoir d'être loyaux à l'égard des milliers de militants qui ont exprimé un choix majoritaire.
« Le PS est notre héritage »
François Hollande peut-il se maintenir à la tête du PS si le non l'emporte ?
En tout cas, il faudra réconcilier les partisans du oui et ceux du non autour de la solution qui sera sortie des urnes le 29 mai, date du référendum. Quel que soit le résultat, le rassemblement des forces de gauche sera la priorité des socialistes. Attention aux divisions. Le PS est notre héritage commun, légué notamment par François Mitterrand. Il nous faut le préserver comme la prunelle de nos yeux. Si nous faisons à Chirac et à l'UMP le cadeau de nous déchirer, nous permettrons à la droite de gagner en 2007.
Propos recueillis par Frédéric Gerschel