Texte intégral
Q- La filature de Parthenay a annoncé son dépôt de bilan. La France, finalement, découvre un peu effarée, que la Chine est en train de lui tailler des croupières en matière de textile. On craint aujourd'hui la perte de milliers d'emplois. Mais ce n'est pas vraiment une surprise, on le sait depuis longtemps, la Chine produit moins cher. N'a-t-on pas fait preuve d'une énorme naïveté en libérant le commerce depuis le 1er janvier dernier ?
R- Non. D'abord, ce n'est pas la Chine et la France, c'est la Chine et le monde. Cette affaire qui concerne, effectivement, le textile, concerne le textile chinois, qui, comme vous le savez, depuis début janvier - c'est vrai partout sur la planète, ce n'est pas uniquement vrai pour la France et pour l'Europe -, a la possibilité d'être vendu sans quotas. Ceci n'est pas une surprise, vous avez raison de le dire, même si, encore une fois, il faut se préoccuper au cas par cas des situations. J'y reviendrai dans un instant. Ce n'est pas une surprise, parce que depuis quatre ans, lorsque la chine est rentrée dans l'OMC, tout le monde savait effectivement que le 1er janvier, les quotas seraient libérés. Je reviens des Etats-Unis, où c'est exactement le même débat, on entend exactement la même chose. Que se passe-t-il ? De fait, depuis quatre mois, effectivement, la Chine vend ses produits et on a les statistiques depuis vendredi dernier. Depuis vendredi dernier, on se rend compte, effectivement, que les produits attaquent assez fortement. Dix catégories, de fait, sont vraiment très très sensibles aujourd'hui et créent des problèmes, des perturbations sur le marché européen. On a les statistiques depuis vendredi dernier, les ministres du Commerce extérieur se sont réunis dimanche à Bruxelles ; P. Mandelson, le commissaire européen chargé de la Concurrence, est parti dès lundi pour Hong-Kong. Nous avons donc déposé une demande de "mesure de sauvegarde", précisément, pour ces dix produits, où là, vraiment, on a le sentiment que les prix sont beaucoup trop bas - c'est peut-être même du dumping, on va regarder. Les négociations sont engagées et nous avons demandé le "fast tract" (phon), c'est-à-dire le fait d'avoir des "mesures d'urgence", qui soient prises d'ici à deux mois. Et vous verrez, peut-être plus rapidement, au reste, que les Américains.
Q- On a entendu la réponse des Chinois : ils ne veulent pas entendre parler de mesures limitant leurs exportations.
R- C'est la raison pour laquelle, précisément, pour l'instant, nous allons négocier et discuter avec eux. Je pense que le bon sens va prévaloir. Sans cela, nous appliquerons, précisément, la loi, c'est-à-dire la loi de l'OMC. Ceci dit, encore une fois, pour les cas par cas. Nous sommes extrêmement vigilants, nous allons étudier toutes les situations comme nous le faisons dans les entreprises en difficulté. Mais je tiens à signaler que les entreprises textiles, en France et en Europe, et particulièrement en France, depuis dix ans, s'étaient formidablement bien préparées. C'est une industrie qui est compétitive, c'est une industrie, aujourd'hui, qui a su se moderniser, qui s'est tournée, aujourd'hui, vers des produits à très forte valeur ajoutée - la mode, des produits créatifs, imaginatifs. Donc, on va se battre.
Q- Quand G. Sarkozy craint que des milliers d'emplois disparaissent, il n'invente pas ?
R- Il oublie peut-être de dire une chose, c'est que, aujourd'hui, si nous avions la Constitution européenne, nous aurions un président élu pour deux ans et demi et on n'aurait peut-être pas attendu, précisément, avec une Europe qui aujourd'hui, est trop technocratique, que ce soit les commissaires non élus qui s'en préoccupent. On aurait peut-être pu se préoccuper, si on avait au un élu, si on avait eu, précisément, des personnes qui rendent des comptes à la population, on aurait pu, peut-être, aller voir les Chinois un ou deux mois plus tôt, mais pas plus.
Q- Cette affaire n'est-elle pas, finalement, la formidable illustration de ce que craignent certains, à savoir que l'ouverture des marchés, en Europe mais aussi ailleurs, menace les emplois ? Avez-vous vu cet exemple d'une entreprise en Alsace qui veut délocaliser ses salariés pour 110 euros par mois ?
R- Oui. Alors, cela, encore une fois, on trouve des caricatures un peu partout. Le problème qui nous est posé, et notamment dans le cadre de la Constitution européenne, aujourd'hui, c'est que l'Europe est un grand marché. Je rappelle que la France génère 65 % de son exportation sur le territoire européen, c'est-à-dire essentiellement dans la zone euro. Ce qui veut donc dire que, pour nous, c'est notre, territoire, c'est notre, aujourd'hui, naturel. Les exportations dans les pays de l'Est, et les dix nouveaux pays de l'Est qui ont rejoint l'Europe, aujourd'hui, créent 150 000 emplois en France parce que l'on va vendre dans ces nouveaux pays. Et aujourd'hui, les délocalisations dans ces pays, c'est 30 000 emplois. Alors, il faut mettre 30 000 face à 150 000. C'est effectivement, à chaque fois, et je le redis, quand un emploi est délocalisé, c'est un drame, il faut s'en préoccuper, il faut surtout accompagner les personnels, leur redonner de la formation, de façon à ce qu'ils puissent se réadapter. Mais globalement, ce problème de délocalisations, c'est un sujet dans lequel la France résiste beaucoup mieux que les autres pays au monde en matière de politique industrielle. Vous savez, je suis un industriel, ce n'est peut-être pas un hasard si le président de la République a voulu mettre un ancien industriel à Bercy. Je me bats donc tous les jours pour que les emplois industriels, dans notre pays, perdurent et soient pérennes. Je voudrais vous dire que nous avons aujourd'hui 22 % de nos emplois, qui sont des emplois industriels. Les Etats-Unis n'en ont plus que 11 %, la Russie a perdu des emplois industriels pour être maintenant à 18 %, et nous tenons depuis 25 ans, parce qu'il y a un consensus national sur cette question, et que nous pensons, nous, que, précisément, dans une économie mondialisée, mais aussi dans une économie de services, le fait d'avoir un socle industriel va nous différencier. C'est, au reste, la raison pour laquelle nous avons lancé des nouveaux programmes franco-allemands d'industrie pour bâtir - entre guillemets - "les Airbus de demain".
Q- A propos de libéralisme, alors que certains s'inquiètent, en France, de la privatisation des services publics, concernant Gaz de France, que faites-vous : vous privatisez avant ou après le référendum ?
R- La loi a été votée l'année dernière. Elle donne effectivement la possibilité, pas de "privatiser", il faut être précis, d'ouvrir le capital de gaz de France et d'EDF. Donc, en tant que ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, je suis là pour la faire appliquer. Et effectivement, ce sera une bonne chose de pouvoir augmenter le capital de ces entreprises, parce qu'elles en ont besoin.
Q- Avant ou après le référendum ?
R- J'ai indiqué que nous souhaitions être prêts, pour Gaz de France, avant l'été, et pour EDF après l'été. On est donc, aujourd'hui, dans le calendrier. Après cela, ce n'est pas tellement le 29 mai qui compte pour l'ouverture de capital de GDF, c'est surtout la situation...
Q- Non mais pour le Gouvernement, cela compte.
R- Non, c'est la situation des marchés, parce que derrière cela, il faut effectivement ouvrir le capital, et cela veut donc dire aller voir des actionnaires, il faut regarder quand les marchés sont bons. Donc, vous permettrez que ce soit la décision du Gouvernement, et en particulier, du ministre des Finances qui doit appréhender la situation des marchés pour lancer l'opération. On verra lorsque les marchés seront positifs. Ils ne sont pas loin de l'être, mais on regarde.
Q- Les Echos annonce, ce matin, que le prix du gaz pourrait augmenter de 10 % cette année, avec une première hausse de 5 % en juillet.
R- Ceci a été débattu. On en parle ce matin, mais, de fait cela date depuis un peu plus longtemps, puisque les éventuelles augmentations tarifaires de Gaz de France ont été débattues depuis très longtemps. Je rappelle que la demande devait être acceptée en novembre de l'année dernière, puisque GDF vend du gaz, évidemment, mais le prix du gaz est indexé sur le prix du pétrole, qui, comme vous savez, hélas !, a augmenté. L'année dernière, il était à 33 dollars le baril. Aujourd'hui, il est à 52. Donc, il y a un petit ajustement qui n'a pas eu lieu depuis un an. L'année dernière, au mois de novembre, on a refusé à GDF, ce qui aurait été naturel de lui accorder. Le conseil d'administration s'est réuni il y a un peu plus d'un mois et la décision a été prise en conseil d'administration de mettre sur pied cette augmentation tarifaire qui est discutée aujourd'hui à la CRE, l'organe de régulation. Effectivement, si la CRE donne son aval, ce devrait être au mois de juillet, une augmentation qui devrait être de l'ordre de 5 + 2,5 % - je n'ai pas le chiffre exact, parce que, encore une fois, ce n'est pas moi qui vais le décider. Mais ce devrait être de l'ordre de 7,5 %, encore une fois, si la CRE le décide début juillet.
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 27 avril 2005)
R- Non. D'abord, ce n'est pas la Chine et la France, c'est la Chine et le monde. Cette affaire qui concerne, effectivement, le textile, concerne le textile chinois, qui, comme vous le savez, depuis début janvier - c'est vrai partout sur la planète, ce n'est pas uniquement vrai pour la France et pour l'Europe -, a la possibilité d'être vendu sans quotas. Ceci n'est pas une surprise, vous avez raison de le dire, même si, encore une fois, il faut se préoccuper au cas par cas des situations. J'y reviendrai dans un instant. Ce n'est pas une surprise, parce que depuis quatre ans, lorsque la chine est rentrée dans l'OMC, tout le monde savait effectivement que le 1er janvier, les quotas seraient libérés. Je reviens des Etats-Unis, où c'est exactement le même débat, on entend exactement la même chose. Que se passe-t-il ? De fait, depuis quatre mois, effectivement, la Chine vend ses produits et on a les statistiques depuis vendredi dernier. Depuis vendredi dernier, on se rend compte, effectivement, que les produits attaquent assez fortement. Dix catégories, de fait, sont vraiment très très sensibles aujourd'hui et créent des problèmes, des perturbations sur le marché européen. On a les statistiques depuis vendredi dernier, les ministres du Commerce extérieur se sont réunis dimanche à Bruxelles ; P. Mandelson, le commissaire européen chargé de la Concurrence, est parti dès lundi pour Hong-Kong. Nous avons donc déposé une demande de "mesure de sauvegarde", précisément, pour ces dix produits, où là, vraiment, on a le sentiment que les prix sont beaucoup trop bas - c'est peut-être même du dumping, on va regarder. Les négociations sont engagées et nous avons demandé le "fast tract" (phon), c'est-à-dire le fait d'avoir des "mesures d'urgence", qui soient prises d'ici à deux mois. Et vous verrez, peut-être plus rapidement, au reste, que les Américains.
Q- On a entendu la réponse des Chinois : ils ne veulent pas entendre parler de mesures limitant leurs exportations.
R- C'est la raison pour laquelle, précisément, pour l'instant, nous allons négocier et discuter avec eux. Je pense que le bon sens va prévaloir. Sans cela, nous appliquerons, précisément, la loi, c'est-à-dire la loi de l'OMC. Ceci dit, encore une fois, pour les cas par cas. Nous sommes extrêmement vigilants, nous allons étudier toutes les situations comme nous le faisons dans les entreprises en difficulté. Mais je tiens à signaler que les entreprises textiles, en France et en Europe, et particulièrement en France, depuis dix ans, s'étaient formidablement bien préparées. C'est une industrie qui est compétitive, c'est une industrie, aujourd'hui, qui a su se moderniser, qui s'est tournée, aujourd'hui, vers des produits à très forte valeur ajoutée - la mode, des produits créatifs, imaginatifs. Donc, on va se battre.
Q- Quand G. Sarkozy craint que des milliers d'emplois disparaissent, il n'invente pas ?
R- Il oublie peut-être de dire une chose, c'est que, aujourd'hui, si nous avions la Constitution européenne, nous aurions un président élu pour deux ans et demi et on n'aurait peut-être pas attendu, précisément, avec une Europe qui aujourd'hui, est trop technocratique, que ce soit les commissaires non élus qui s'en préoccupent. On aurait peut-être pu se préoccuper, si on avait au un élu, si on avait eu, précisément, des personnes qui rendent des comptes à la population, on aurait pu, peut-être, aller voir les Chinois un ou deux mois plus tôt, mais pas plus.
Q- Cette affaire n'est-elle pas, finalement, la formidable illustration de ce que craignent certains, à savoir que l'ouverture des marchés, en Europe mais aussi ailleurs, menace les emplois ? Avez-vous vu cet exemple d'une entreprise en Alsace qui veut délocaliser ses salariés pour 110 euros par mois ?
R- Oui. Alors, cela, encore une fois, on trouve des caricatures un peu partout. Le problème qui nous est posé, et notamment dans le cadre de la Constitution européenne, aujourd'hui, c'est que l'Europe est un grand marché. Je rappelle que la France génère 65 % de son exportation sur le territoire européen, c'est-à-dire essentiellement dans la zone euro. Ce qui veut donc dire que, pour nous, c'est notre, territoire, c'est notre, aujourd'hui, naturel. Les exportations dans les pays de l'Est, et les dix nouveaux pays de l'Est qui ont rejoint l'Europe, aujourd'hui, créent 150 000 emplois en France parce que l'on va vendre dans ces nouveaux pays. Et aujourd'hui, les délocalisations dans ces pays, c'est 30 000 emplois. Alors, il faut mettre 30 000 face à 150 000. C'est effectivement, à chaque fois, et je le redis, quand un emploi est délocalisé, c'est un drame, il faut s'en préoccuper, il faut surtout accompagner les personnels, leur redonner de la formation, de façon à ce qu'ils puissent se réadapter. Mais globalement, ce problème de délocalisations, c'est un sujet dans lequel la France résiste beaucoup mieux que les autres pays au monde en matière de politique industrielle. Vous savez, je suis un industriel, ce n'est peut-être pas un hasard si le président de la République a voulu mettre un ancien industriel à Bercy. Je me bats donc tous les jours pour que les emplois industriels, dans notre pays, perdurent et soient pérennes. Je voudrais vous dire que nous avons aujourd'hui 22 % de nos emplois, qui sont des emplois industriels. Les Etats-Unis n'en ont plus que 11 %, la Russie a perdu des emplois industriels pour être maintenant à 18 %, et nous tenons depuis 25 ans, parce qu'il y a un consensus national sur cette question, et que nous pensons, nous, que, précisément, dans une économie mondialisée, mais aussi dans une économie de services, le fait d'avoir un socle industriel va nous différencier. C'est, au reste, la raison pour laquelle nous avons lancé des nouveaux programmes franco-allemands d'industrie pour bâtir - entre guillemets - "les Airbus de demain".
Q- A propos de libéralisme, alors que certains s'inquiètent, en France, de la privatisation des services publics, concernant Gaz de France, que faites-vous : vous privatisez avant ou après le référendum ?
R- La loi a été votée l'année dernière. Elle donne effectivement la possibilité, pas de "privatiser", il faut être précis, d'ouvrir le capital de gaz de France et d'EDF. Donc, en tant que ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, je suis là pour la faire appliquer. Et effectivement, ce sera une bonne chose de pouvoir augmenter le capital de ces entreprises, parce qu'elles en ont besoin.
Q- Avant ou après le référendum ?
R- J'ai indiqué que nous souhaitions être prêts, pour Gaz de France, avant l'été, et pour EDF après l'été. On est donc, aujourd'hui, dans le calendrier. Après cela, ce n'est pas tellement le 29 mai qui compte pour l'ouverture de capital de GDF, c'est surtout la situation...
Q- Non mais pour le Gouvernement, cela compte.
R- Non, c'est la situation des marchés, parce que derrière cela, il faut effectivement ouvrir le capital, et cela veut donc dire aller voir des actionnaires, il faut regarder quand les marchés sont bons. Donc, vous permettrez que ce soit la décision du Gouvernement, et en particulier, du ministre des Finances qui doit appréhender la situation des marchés pour lancer l'opération. On verra lorsque les marchés seront positifs. Ils ne sont pas loin de l'être, mais on regarde.
Q- Les Echos annonce, ce matin, que le prix du gaz pourrait augmenter de 10 % cette année, avec une première hausse de 5 % en juillet.
R- Ceci a été débattu. On en parle ce matin, mais, de fait cela date depuis un peu plus longtemps, puisque les éventuelles augmentations tarifaires de Gaz de France ont été débattues depuis très longtemps. Je rappelle que la demande devait être acceptée en novembre de l'année dernière, puisque GDF vend du gaz, évidemment, mais le prix du gaz est indexé sur le prix du pétrole, qui, comme vous savez, hélas !, a augmenté. L'année dernière, il était à 33 dollars le baril. Aujourd'hui, il est à 52. Donc, il y a un petit ajustement qui n'a pas eu lieu depuis un an. L'année dernière, au mois de novembre, on a refusé à GDF, ce qui aurait été naturel de lui accorder. Le conseil d'administration s'est réuni il y a un peu plus d'un mois et la décision a été prise en conseil d'administration de mettre sur pied cette augmentation tarifaire qui est discutée aujourd'hui à la CRE, l'organe de régulation. Effectivement, si la CRE donne son aval, ce devrait être au mois de juillet, une augmentation qui devrait être de l'ordre de 5 + 2,5 % - je n'ai pas le chiffre exact, parce que, encore une fois, ce n'est pas moi qui vais le décider. Mais ce devrait être de l'ordre de 7,5 %, encore une fois, si la CRE le décide début juillet.
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 27 avril 2005)