Déclaration de M. Michel Barnier, ministre des affaires étrangères, lors d'une conférence de presse conjointe avec le Prince Saoud Al-Faysal Bin Abdulaziz Al Saoud, ministre saoudien des affaires étangères, sur les relations franco-saoudiennes et l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais, M. Rafik Hariri, à Riyad le 15 février 2005.

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Circonstance : Déplacement au Royaume d'Arabie saoudite, le 15 février 2005

Texte intégral

Votre Altesse Royale,
Mesdames Messieurs,
Merci de votre présence et de votre attention. Mes premiers mots seront naturellement pour dire à Son Altesse royale, le Prince Saoud Al-Faysal, combien j'ai été touché par la qualité et l'amitié de son accueil pour cette première visite dans le Royaume d'Arabie Saoudite dont j'ai voulu faire en tant que ministre français des Affaires étrangères ma première visite dans les pays du Golfe, compte tenu de l'importance politique, stratégique, du Royaume dans cette région.
Ce n'est pas la première fois que nous nous rencontrons, le Prince Saoud Al-Faysal et moi-même. Nous nous sommes déjà vus à Bruxelles, - j'étais tout nouveau ministre - quelques jours après ma nomination, et puis nous nous sommes retrouvés à Rabat. Je veux dire que j'ai toujours été très impressionné par la sagesse et la force de la vision et des convictions du ministre saoudien des Affaires étrangères.
Tout à l'heure, j'aurai l'honneur d'être reçu en audience par Son Altesse royale, le Prince héritier Abdallah, et de lui remettre un message personnel d'amitié du président de la République française, Jacques Chirac. Ce message d'amitié, c'est aussi le message de mon pays qui souhaite intensifier encore nos relations économiques, commerciales, nos échanges humains et culturels et notre coopération politique. Nous avons fait tout à l'heure un tour d'horizon des grands problèmes qui nous préoccupent ensemble. L'instabilité ou la stabilité du Proche et du Moyen-Orient, c'est notre propre instabilité ou notre propre stabilité à nous, Européens et je veux dire que, sur le conflit central israélo-palestinien, sur la négociation que nous conduisons avec l'Iran, sur l'espoir d'une sortie politique et démocratique de la tragédie en Irak, sur les évènements très graves qui se produisent au Liban, nous avons une totale convergence de vue entre nos deux pays.
Vous me permettrez simplement, pour conclure, de dire un mot de la situation très grave au Liban où s'est produit un attentat, lâche, terroriste, qui a coûté la vie hier à Beyrouth à l'ancien président du Conseil Rafic Hariri. Je veux redire à quel point nous avons été indignés par cet attentat et avec quelle force nous le condamnons. Nous voulons rendre hommage à celui qui a incarné, de manière tenace et indéfectible, la volonté d'indépendance, de liberté et de démocratie du Liban. La France, vous le savez, a demandé qu'une enquête internationale soit conduite maintenant pour identifier les coupables, d'où qu'ils viennent, et nous travaillons activement, avec nos partenaires au Conseil de sécurité des Nations unies, pour l'adoption rapide d'une déclaration présidentielle, qui rappellera l'attachement de la communauté internationale à la souveraineté, à l'intégrité territoriale et à l'indépendance politique du Liban.
Q - Monsieur le Ministre, la France s'est prononcée très clairement pour une enquête internationale, pour faire toute la lumière sur cet attentat. Quelle forme devrait prendre cette enquête, selon vous ? Est-ce que, par exemple, l'ONU devrait s'en charger et que ferez-vous au cas où le Liban se contenterait de saisir la justice libanaise ?
R - Nous avons confiance dans ce lieu du débat public mondial et du droit international que sont les Nations unies et le Conseil de sécurité. Je rappelle que c'est dans ce cadre des Nations unies qu'a été adoptée la résolution 1559, au nom de la communauté internationale, non pas au nom de tel ou tel pays mais bien au nom de la communauté internationale, pour encourager un processus politique qui permette au Liban de préserver son intégrité territoriale, de retrouver son indépendance politique et sa vraie souveraineté. Et c'est donc naturellement, dans le même lieu du droit international que nous travaillons aujourd'hui, au lendemain de cet attentat lâche et terroriste, qui a coûté la vie à Rafic Hariri et à d'autres personnes, malheureusement, pour faire adopter cette déclaration présidentielle que j'ai évoquée tout à l'heure. Et donc, tout naturellement, si nous évoquons une enquête internationale, c'est avec le Secrétaire général des Nations unies que nous en parlons et c'est l'objet des discussions que nous avons avec lui en ce moment.
Q - L'opposition montre la Syrie d'un doigt accusateur. Quelle est la position précise de Paris ? Est-ce que la Syrie a un rôle dans cet assassinat ?
R - Si nous parlons d'une enquête internationale qui s'appuiera naturellement, comme l'a dit son Altesse royale, sur la justice et les moyens de la justice du Liban aussi, c'est parce que nous voulons savoir la vérité. Tout le monde a droit à la vérité sur cet attentat, sur cette tragédie, d'abord le peuple libanais et puis toute la communauté internationale. Donc, je ne veux pas en dire plus à ce stade. Nous attendons que cette enquête et cette recherche soient faites rapidement, qu'on dégage les responsabilités, d'où qu'elles viennent et où qu'elles se trouvent, et qu'on connaisse la vérité. Nous attendons que ceci soit enclenché.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 février 2005)