Déclaration de M. Michel Barnier, ministre des affaires étrangères, en réponse à une question d'actualité à l'Assemblée nationale, et entretien avec le Monde le 2 mars 2005, sur la crise libanaise.

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Circonstance : Réponse à une question d'actualité internationale à l'Assemblée nationale le 2 mars 2005 sur la situation au Liban

Média : Emission la politique de la France dans le monde - Le Monde

Texte intégral

(Réponse à une question d'actualité sur la situation au Liban, à l'Assemblée nationale le 2 mars 2005) :
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Monsieur le Député,
Rien de ce qui concerne le peuple libanais ne laisse ou ne laissera la France et les Français indifférents. Vous le savez bien vous-même, vous qui présidez le groupe d'amitié entre votre Assemblée et le Parlement à Beyrouth.
Voilà pourquoi d'ailleurs, nous sommes tous ici touchés et émus par ce qui se passe dans la rue à Beyrouth, par cette démonstration quotidienne, digne, courageuse du peuple libanais qui demande simplement sa liberté et sa souveraineté, notamment, depuis, vous en avez parlé, l'assassinat épouvantable, tragique de Rafik Hariri. Au moment où je vous parle, je veux dire trois choses :
- La première est que le peuple libanais, comme toute la communauté internationale, a le droit de savoir qui a perpétré cet attentat, qui l'a commandité, et c'est l'objet de l'enquête internationale actuellement en cours qui doit s'appuyer sur la coopération de la justice libanaise.
- La seconde chose, c'est que cette résolution 1559, que la communauté internationale a adopté unanimement, doit conduire au retrait de toutes les troupes et de tous les services étrangers qui occupent le Liban.
Nous avons entendu ce matin le président syrien annoncer une intention, et nous serons tous extrêmement vigilants pour que cette intention se traduise dans les actes.
- Et enfin, le moment de vérité, vous l'avez dit à l'instant, ce sont les élections, dans quelques mois. Elles devront être libres, démocratiques, transparentes, équitables pour chacune des communautés du Liban et sous le contrôle d'observateurs internationaux.
Voilà le seul objectif de la France, des Français : c'est que le Liban soit libre, démocratique et souverain.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 mars 2005)
(Entretien avec Le Monde le 2 mars 2005) :
Q - (Sur la situation au Liban)
R - Il faut rester lucide. La démission du gouvernement ne règle pas tout. C'est le début concret d'un processus démocratique qui ne fait que s'engager.
Ce que nous avons recherché, avec la communauté internationale, c'est la souveraineté politique du Liban et la démocratie. Cela veut dire des élections libres, honnêtes et transparentes. Nous n'y sommes pas encore, mais on s'en approche. Il faudra aller vers des élections, en vérifiant qu'elles se déroulent dans ces conditions-là, c'est-à-dire avec des observateurs indépendants et une loi électorale qui permette la juste représentation des forces politiques du pays. Mais cela ne suffira pas : la résolution 1559 exige le retrait de toutes les forces et des services qui empêchent la liberté et la souveraineté du Liban. Il faudra s'assurer de ce retrait progressif et réel. Enfin, la communauté internationale, comme le peuple libanais, a le droit de savoir qui a perpétré et commandité l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 mars 2005)