Déclaration de M. Léon Bertrand, ministre délégué au tourisme, sur l'évolution du tourisme rural et sur l'action de la Fédération des Gîtes de France en faveur de son développement, tant au plan français qu'européen, Paris le 6 avril 2005.

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Circonstance : 50ème anniversaire des Gîtes de France à Paris, le 6 avril 2005

Texte intégral

Monsieur le Président (Bruno LEROY),
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je suis très heureux d'être parmi vous aujourd'hui pour participer au 50ème anniversaire de votre Fédération et célébrer avec une grande partie de vos adhérents l'extraordinaire développement du tourisme rural.
Vous l'avez très justement souligné dans votre allocution, le tourisme vert n'a pas toujours été " tendance ". Aujourd'hui, il semble pourtant que la campagne soit devenue un nouvel eldorado, précisément parce qu'elle s'est tenue à l'écart du tourisme de masse, qui tend trop souvent à uniformiser et à banaliser l'offre.
L'inconvénient s'est mué en avantage.
Ainsi, on observe chez les citadins stressés, une nette montée en puissance de la demande d'espace et d'authenticité, ainsi qu'un intérêt croissant pour le patrimoine naturel et la culture locale. Le tourisme rural représente désormais près du tiers de la fréquentation touristique française.
Et je ne peux que m'en réjouir car l'un des axes forts de mon action ministérielle vise, précisément, à mieux répartir les flux touristiques sur notre territoire afin d'améliorer les retombées économiques dans les espaces ruraux.
Les premiers résultats sont encourageants aujourd'hui, pour l'été, 80 % des touristes sont répartis sur 45 % de notre territoire et non plus 20 %.
Dans cet esprit, nous avions lancé l'opération " la campagne vous invite à la campagne ", en partenariat avec Maison de la France et la Conférence permanente du Tourisme rural. Elle a connu un véritable succès avec plus de 80 départements impliqués et près de 3 500 offres en ligne pour le week-end des 4 et 5 octobre 2003.
Or cette évolution très porteuse bénéficie pleinement à la Fédération des Gîtes de France. Les formes d'hébergements touristiques spécifiques au milieu rural rencontrent, en effet, un succès croissant auprès des clientèles étrangères aussi bien que françaises.
Il convient de souligner que ces structures d'accueil ont connu une croissance de l'ordre de 25 % ces cinq dernières années.
Le réseau des gîtes de France, qui regroupe 56 000 hébergements, dont 43 000 gîtes ruraux et 28 000 chambres d'hôtes, contribue pour une part importante au développement du tourisme en zone rurale et occupe une place essentielle dans le domaine de la commercialisation des locations saisonnières de qualité.
Rappelons à cet égard que ce secteur des locations saisonnières représente, pour l'économie du tourisme, le premier mode d'hébergement en capacité d'accueil et génère un chiffre d'affaires global annuel estimé à près de 4 milliards d'euros.
Le réseau des Gîtes de France était donc naturellement appelé à entretenir des relations suivies et multiples avec mon département ministériel. Nous avons, en ce début d'année 2005, de nombreux dossiers d'actualité en cours, dont la plupart présagent un heureux dénouement.
C'est bien sûr le cas de la nouvelle disposition en faveur des meublés du tourisme, adoptée dans le cadre de la loi relative au développement des territoires ruraux pour laquelle la Fédération nationale des gîtes de France a joué un rôle déterminant.

Elle permet aux propriétaires d'effectuer des travaux d'amélioration en bénéficiant d'une réduction d'impôt à hauteur de 20 % du prix des travaux en prenant l'engagement de louer le logement en meublé de tourisme classé pendant neuf ans et situé en zone de revitalisation rurale.

Cette mesure est de nature à inciter les propriétaires de locations saisonnières, dont une part importante relève de l'économie souterraine, à faire classer leurs hébergements et favoriser ainsi le développement d'une offre touristique de qualité.
Car la Qualité est le deuxième grand thème de notre actualité commune.
Et le plan Qualité France, lancé en septembre 2003, doit, à cet égard, nous permettre d'assurer une meilleure lisibilité de l'offre touristique et d'en assurer une meilleure commercialisation.
Cette action d'envergure nationale s'est concrétisée par la présentation de la marque nationale " qualité tourisme " et de son logo lors des assises nationales du tourisme le 1er décembre dernier.
Votre Fédération est impliquée depuis le début de la réflexion dans le pilotage du Plan Qualité France et a participé activement et régulièrement aux réunions du groupe technique.
Conformément à votre demande, une phase transitoire d'accès au Plan Qualité France a été prévue, pour tenir compte des spécificités de vos produits, meublés et chambres d'hôtes, où les particuliers demeurent nombreux.
Pendant cette phase transitoire, un audit externe des procédures de sélection devra être mis en uvre afin de vérifier la fiabilité du système mis en place pour sélectionner les membres du réseau et homogénéiser les pratiques d'un département à l'autre.

Troisième grand sujet d'actualité, la réforme de la loi de 1992.

L'ordonnance du 24 février 2005 simplifie les démarches d'autorisations administratives auprès des préfectures en conservant deux des quatre régimes d'autorisation : la licence d'agent de voyages et l'habilitation, qui regroupe l'exercice non exclusif d'activités touristiques, les prestations des organismes locaux et des associations.

Et le réseau des gîtes de France, dont plus de la moitié des gîtes sont commercialisés par l'intermédiaire de centrales de réservation, est bien sûr directement intéressé par ce nouveau régime de l'habilitation.

L'ordonnance du 24 février 2005 comporte également une disposition importante pour votre réseau relative à l'activité de location saisonnière à usage touristique.

Jusqu'à ce jour, les professionnels du tourisme étaient soumis à l'application de deux réglementations, celle de la loi de 1992 et celle de la " Loi Hoguet " pour leur activité de location saisonnière hors forfait touristique.

Désormais les professionnels ne seront soumis qu'à une seule de ces deux réglementations, en fonction de leur activité réelle, ce qui les dispense d'une double-garantie financière.
La réflexion se poursuit cependant sur le niveau de formation des dirigeants.
La professionnalisation des pratiques appelle souvent une élévation du niveau des compétences requises.
Dans un monde qui bouge constamment, il est devenu nécessaire de faire évoluer les normes pour conserver notre efficacité.
Comme le rappelait crûment Louis SCHWEITZER dans un récent entretien au journal Les Echos : " l'immobilisme, c'est la mort ". Cela vaut pour toutes les formes d'organisation.
Mais je ne peux conclure ce bref propos sans dire un mot des chambres d'hôtes.
Inexistantes il y a 15 ans, elles sont désormais plus de 30 000 et il s'en crée, au sein de votre Fédération, près de 1500 par an. Cet engouement témoigne d'un véritable phénomène de société. Il y a 20 ans, on voulait quitter Paris pour élever les chèvres dans le Larzac, aujourd'hui on veut ouvrir une chambre d'hôte !
Nous souhaitons depuis longtemps encadrer ce phénomène pour en éviter les dérives. J'avais ainsi installé en janvier 2004 un groupe de travail avec l'ensemble des professionnels concernés, notamment les hôteliers.
Après 4 réunions, un large consensus s'est dégagé pour une définition juridique qui pourrait limiter, par exemple, le nombre de chambres à 5 par habitation.
Je souhaite que nous puissions rapidement aboutir sur ce sujet et nous examinons actuellement le canal -réglementaire ou législatif- le mieux adapté pour l'adoption de cette nouvelle norme.
Voilà Mesdames et Messieurs, les messages que je souhaitais vous adresser pour ce cinquantième anniversaire, qui est presque celui du tourisme français. Notre économie touristique est encore très jeune mais elle est appelée déjà à de singulières mutations.
Mon vu le plus cher est d'accompagner les professionnels pour donner à nos entreprises les cartes de l'avenir.
Vous le savez mieux qui quiconque, l'avenir ne se promet pas, il ne se prévoit pas non plus, il se prépare.
Votre Fédération, grâce aux liens qu'elle a su tisser avec ses partenaires européens d'Eurogîtes, doit poursuivre son développement hors de nos frontières hexagonales, exporter notre modèle français, valoriser notre savoir-faire. La France a beaucoup donné à l'Europe et doit rester un partenaire respecté et influent.

L'autre grande préoccupation des années à venir, en matière de tourisme autant que dans n'importe quel autre secteur d'activité, c'est l'intégration des politiques de développement durable. La qualité de notre environnement, la préservation de nos paysages seront en effet de puissants vecteurs d'attractivité touristiques.
Les inventeurs du tourisme vert que vous êtes ont, j'en suis certain, clairement conscience de la portée de l'enjeu. A cinquante ans, un réseau comme les Gîtes de France a acquis une longue expérience qui lui confère indéniablement une certaine sagesse.
Victor HUGO disait que " quarante ans, c'est la vieillesse de la jeunesse mais cinquante ans, c'est la jeunesse de la vieillesse ". Je vous souhaite donc une longue et belle vieillesse
Je vous remercie.


(Source http://www.tourisme.gouv.fr, le 18 avril 2005)