Texte intégral
Q- Bonjour J. Dray. C'est un sondage CSA, publié à la Une...
R- Un sondage oui.
Q- Oui, un sondage, ce n'est qu'un sondage, mais c'est un sondage. C'est Le Parisien qui le publie ce matin. Si les Français votaient aujourd'hui sur la Constitution Européenne, le "non" l'emporterait à 51 %. J'imagine que vous êtes beaucoup sur le terrain ces jours-ci, vous faites campagne. Est-ce que ça recoupe ce que vous constatez sur le terrain ?
R- Ça recoupe effectivement une confusion qui s'est installée. Et sur le
fond, il faut toujours mener campagne. C'est ça la grande leçon.
Q- Une confusion... que voulez-vous dire ?
R- Une confusion, ça veut dire qu'on ne parle pas du traité européen. On parle de tout, sauf de la réalité de ce qu'est la Constitution Européenne. Et donc l'Europe est devenue une sorte de bouc émissaire.
Q- "On" ne parle pas". Qui ne parle pas ? La gauche ? La droite ? Le Gouvernement ?
R- La gauche, une partie de la droite. L'Europe est devenue le bouc émissaire à tout. Vous n'êtes pas content, vous êtes aujourd'hui en colère - et il y a des raisons aujourd'hui d'être en colère contre la politique sociale de ce gouvernement - alors c'est la faute à l'Europe ! C'est plus la faute à Raffarin d'ailleurs, c'est la faute à l'Europe ! Facile comme argument, cela dédouane d'ailleurs le Gouvernement de toutes ses responsabilités actuelles. Donc moi je crois que ce sondage ne doit pas faire paniquer les partisans du oui. Il faut simplement que maintenant ils fassent leur travail. Et leur travail c'est expliquer ce qu'est cette Constitution, expliquer pourquoi elle est utile pour l'avenir de la France, de la gauche et pourquoi elle est un compromis, évidemment, mais elle est un bon compromis. Donc c'est ce travail
pédagogique qu'il faut faire, contre la démagogie qui s'est installée et qui fait d'ailleurs que, comme vous le remarquerez, on ne parle pas de la Constitution et de son contenu, on dit tout et n'importe quoi autour de cette Constitution.
Q- Dans la montée de ce non, il semblerait que la gauche ait une responsabilité particulière puisqu'une majorité aujourd'hui de sympathisants de gauche, d'après ce sondage, serait favorable au "non". A. Duhamel disait hier : la gauche, qui est favorable au "oui" s'est divisée, la gauche n'a pas su trouver les bons arguments, la gauche a raté son travail. C'est vrai qu'au Parti socialiste notamment, on peut qualifier la situation de "gros bazar".
R- Dans ces périodes-là, le problème ce n'est pas de savoir si la gauche porte des responsabilités et de chercher noise aux uns et aux autres.
Q- Et pourquoi ?
R- Parce que je pense que l'important maintenant, c'est de convaincre. Donc de se mettre au travail de conviction qui est nécessaire. Je vais prendre plusieurs exemples qui sont très simples. Il y a un certain nombre de responsables aujourd'hui, de gauche notamment, encore hier soir à la télévision, et je ne citerai personne.
Q- L. Fabius !
R- Qui viennent et qui vous disent : "si on vote "non", c'est le "non tranquille", tout ira bien, on se remettra autour de la table, et puis on rediscutera". Mensonge que cela ! Pourquoi ? Parce qu'il n'y a pas un seul dirigeant européen aujourd'hui qui est d'accord avec la position française de dire "non" à la Constitution. Alors avec qui on va écrire une nouvelle Constitution ? Je vais vous prendre un exemple très simple : la Constitution actuelle préserve le modèle laïc français. Nous avons gagné sur cette question-là. Demain, si on réécrit la Constitution, qui peut me garantir que l'offensive à laquelle nous avons été confrontés dans l'écriture de cette Constitution Européenne, c'est-à-dire inscrire dans la Constitution l'héritage chrétien, ne reviendra pas, et ne sera pas remise en selle, y compris par exemple pour faire barrage à la Turquie ? Donc la question qui est posée aux partisans du non, c'est : qu'est-ce qui se passe si on dit non après ? Et si vous voulez, le scénario qui est en train de s'écrire - c'est pour ça que je pense que ce sondage est utile - c'est un scénario que je connais bien, et que nous sommes un certain nombre à avoir déjà rencontré, c'est le scénario du 21 avril. Vous savez à l'époque, qu'est-ce qu'on disait ? D'ailleurs ce sont les mêmes termes qui sont employés : il fallait décomplexer l'électeur, on pouvait faire ce qu'on voudrait, il y aurait une session de rattrapage, il y aurait un deuxième tour. Et il n'y a pas eu de deuxième tour ! Et donc, aujourd'hui, chacun va être face à ses responsabilités, et c'est ça le rôle de la gauche. C'est de dire à chacun lorsqu'il va voter : attention, il n'y aura pas de deuxième tour ! Et ce sera comme le 21 avril... Après, moi j'ai rencontré des dizaines de militants, d'électeurs, qui sont venus me voir en me disant : si j'avais su, je n'aurais pas voté comme j'ai voté ! Eh bien je dis aujourd'hui, attention, alerte ! Si nous votons non, nous allons ouvrir une crise majeure qui affaiblira la gauche et la France !
Q- L. Fabius toujours, sur France 2, hier soir : "si le "oui" gagne, la directive Bolkestein ressortira"
R- Mais c'est un mensonge ! Justement, avec la Constitution Européenne, on pourra faire barrage à cette directive ! Cette directive, elle a été écrite, Monsieur Aphatie, avant même qu'on ait commencé à négocier la Constitution. Elle découle de ce qu'on appelle "l'Acte unique européen", voté en 1986. S'il y avait la Constitution Européenne, on pourrait faire jouer par exemple ce qu'on appelle "la clause sociale transversale", qui fait qu'on ne peut pas prendre une directive européenne si elle va contre le droit social d'un pays. Le Parlement français pourrait voter contre, le Parlement européen pourrait voter contre. Donc, voilà ce que j'ai dit tout à l'heure "démagogie", utilisation des peurs, des fantasmes. On dit tout et n'importe quoi ! Donc lisons la Constitution.
Q- Ce matin, sur RTL, J. Dray, porte-parole du Parti Socialiste, a traité à deux reprises le numéro 2 du Parti Socialiste de menteur.
R- Non mais je ne suis pas en train, là, de dire...
Q- Si, c'est un constat.
R- Je suis en train de dire simplement... Moi je ne suis pas là pour polémiquer avec les uns avec les autres.
Q- Ce n'est pas une polémique. A deux reprises, vous avez traité L. Fabius de menteur !
R- Si vous me permettez, je dis "ce n'est pas vrai". Je dis : on est en train d'utiliser des mauvais arguments. Je ne cherche pas les noises aux uns et aux autres. Parce que ce qui m'importe, moi, c'est que la gauche puisse se retrouver après le 29 mai, premièrement, pour pouvoir préparer l'échéance de 2007. Ce qui m'importe à moi c'est de rassembler. Et ce qui m'importe à moi, ce n'est pas d'ouvrir une crise à l'échelle de l'Europe. Or, la question qui est posée aujourd'hui, elle est simple, et je reviens là-dessus : si le "non" l'emportait, quoi qu'on nous dise, c'est une aventure qui commence, et dans cette aventure, personne ne peut donner la garantie que la Constitution qui sera écrite après sera meilleure que celle d'aujourd'hui. Et quand on nous dit par exemple - et je voudrais juste finir, parce que j'ai entendu ça encore hier soir ...
Q- Hier soir, sur France 2 : L. Fabius.
R- Non, pas sur France 2. J'ai entendu ça sur des télévisions.
Q- Je précise pour les auditeurs...
R- Je vais vous faire une confidence : je ne suis pas obsédé par L. Fabius.
Q- Moi non plus ! Allez-y, continuez.
R- Il a ses positions, j'ai les miennes, et voilà. Donc quand j'entends dire que la Constitution Européenne va inscrire la politique de Raffarin pour l'éternité, je dis quand même, franchement, ça veut dire que le peuple espagnol qui vient d'élire Monsieur Zapatero, le peuple portugais qui vient d'élire Monsieur Socrates, que l'ensemble des syndicats européens sont pour la politique de Monsieur Raffarin ? Comment on peut dire ça ?
Q- Vous vous expliquerez avec M.-G. Buffet. Hollande et Sarkozy à la Une de Paris- Match : c'est le "oui à l'Europe" qui s'affiche à Paris-Match. Qu'est-ce que vous pensez de
cette Une ?
R- C'est une Une qui est une Une de confrontation. C'est tout ! Parce que vous n'avez qu'à lire Paris-Match, et vous verrez que c'est sans complaisance. Donc on peut s'amuser à faire des jeux.
Q- Mais tous les deux sont pour le oui à l'Europe.
R- Oui, et alors ? Mais on pourrait faire une même Une en mettant à ce moment-là les partisans du non. Et vous savez comme moi qui il y aurait sur la photo ! Et ça ne serait pas agréable !
Q- "On se demande quelquefois si un rapprochement entre J. Chirac et les socialistes - on lit ça dans les carnets de C. Pégard du Point ce matin : "J. Dray, c'est vous, le père de toutes les manifestations de lycéens, avait mis en garde il y a quelque temps Claude Chirac contre l'exaspération grandissante des élèves". Vrai ou faux J. Dray ?
R- Les carnets de qui ?
Q- C. Pégard.
R- Moi, ces carnets-là vous savez, on peut leur faire dire tout et n'importe quoi.
Q- Non. Ce n'est pas tout et n'importe quoi ! Est-ce que vous avez téléphoné à Claude Chirac pour lui dire : attention, les lycéens sont exaspérés ?
R- Non, je n'ai pas téléphoné à Claude Chirac.
Q- Vous auriez pu.
R- Oui mais je ne suis pas là pour téléphoner à Claude Chirac ou je ne sais pas quoi. Moi je suis responsable du parti socialiste. Je crois aujourd'hui que le Gouvernement devrait faire attention. Il porte une part de responsabilité dans la mauvaise humeur qui s'est installée dans le pays, et qui peut effectivement dégénérer. Donc il faut, par exemple, qu'il réponde aux lycéens. Il faut aussi, par exemple, qu'il augmente les salaires de nos concitoyens. Voilà la vérité. Pour le reste, vous savez je connais toutes ces rumeurs.
Q- Donc pas de coup de téléphone à Claude Chirac !
R- Je n'ai pas besoin de donner de coup de téléphone...
Q- A l'UMP, les anciens sourient - concluait C. Pégard - "J. Chirac s'est toujours vanté d'avoir ses antennes trotskistes".
R- Écoutez, moi je ne sais pas si J. Chirac a des antennes trotskistes. Moi ce que je sais aujourd'hui, et c'est la seule chose qui m'importe ce matin, c'est de dire à l'ensemble des militants socialistes qu'il faut qu'on travaille, qu'on travaille pourquoi ? Parce que si le non l'emporte, nous ne serons pas en situation de gagner les élections de 2007. Et ça c'est dramatique !
Q- J. Dray, qui s'expliquera sans doute avec L. Fabius des mots agréables qu'il lui a adressés ce matin sur l'antenne d'RTL, était l'invité d'RTL. Bonne journée.
R- Je ne crois pas avoir employé des termes désagréables.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 21 mars 2005)
R- Un sondage oui.
Q- Oui, un sondage, ce n'est qu'un sondage, mais c'est un sondage. C'est Le Parisien qui le publie ce matin. Si les Français votaient aujourd'hui sur la Constitution Européenne, le "non" l'emporterait à 51 %. J'imagine que vous êtes beaucoup sur le terrain ces jours-ci, vous faites campagne. Est-ce que ça recoupe ce que vous constatez sur le terrain ?
R- Ça recoupe effectivement une confusion qui s'est installée. Et sur le
fond, il faut toujours mener campagne. C'est ça la grande leçon.
Q- Une confusion... que voulez-vous dire ?
R- Une confusion, ça veut dire qu'on ne parle pas du traité européen. On parle de tout, sauf de la réalité de ce qu'est la Constitution Européenne. Et donc l'Europe est devenue une sorte de bouc émissaire.
Q- "On" ne parle pas". Qui ne parle pas ? La gauche ? La droite ? Le Gouvernement ?
R- La gauche, une partie de la droite. L'Europe est devenue le bouc émissaire à tout. Vous n'êtes pas content, vous êtes aujourd'hui en colère - et il y a des raisons aujourd'hui d'être en colère contre la politique sociale de ce gouvernement - alors c'est la faute à l'Europe ! C'est plus la faute à Raffarin d'ailleurs, c'est la faute à l'Europe ! Facile comme argument, cela dédouane d'ailleurs le Gouvernement de toutes ses responsabilités actuelles. Donc moi je crois que ce sondage ne doit pas faire paniquer les partisans du oui. Il faut simplement que maintenant ils fassent leur travail. Et leur travail c'est expliquer ce qu'est cette Constitution, expliquer pourquoi elle est utile pour l'avenir de la France, de la gauche et pourquoi elle est un compromis, évidemment, mais elle est un bon compromis. Donc c'est ce travail
pédagogique qu'il faut faire, contre la démagogie qui s'est installée et qui fait d'ailleurs que, comme vous le remarquerez, on ne parle pas de la Constitution et de son contenu, on dit tout et n'importe quoi autour de cette Constitution.
Q- Dans la montée de ce non, il semblerait que la gauche ait une responsabilité particulière puisqu'une majorité aujourd'hui de sympathisants de gauche, d'après ce sondage, serait favorable au "non". A. Duhamel disait hier : la gauche, qui est favorable au "oui" s'est divisée, la gauche n'a pas su trouver les bons arguments, la gauche a raté son travail. C'est vrai qu'au Parti socialiste notamment, on peut qualifier la situation de "gros bazar".
R- Dans ces périodes-là, le problème ce n'est pas de savoir si la gauche porte des responsabilités et de chercher noise aux uns et aux autres.
Q- Et pourquoi ?
R- Parce que je pense que l'important maintenant, c'est de convaincre. Donc de se mettre au travail de conviction qui est nécessaire. Je vais prendre plusieurs exemples qui sont très simples. Il y a un certain nombre de responsables aujourd'hui, de gauche notamment, encore hier soir à la télévision, et je ne citerai personne.
Q- L. Fabius !
R- Qui viennent et qui vous disent : "si on vote "non", c'est le "non tranquille", tout ira bien, on se remettra autour de la table, et puis on rediscutera". Mensonge que cela ! Pourquoi ? Parce qu'il n'y a pas un seul dirigeant européen aujourd'hui qui est d'accord avec la position française de dire "non" à la Constitution. Alors avec qui on va écrire une nouvelle Constitution ? Je vais vous prendre un exemple très simple : la Constitution actuelle préserve le modèle laïc français. Nous avons gagné sur cette question-là. Demain, si on réécrit la Constitution, qui peut me garantir que l'offensive à laquelle nous avons été confrontés dans l'écriture de cette Constitution Européenne, c'est-à-dire inscrire dans la Constitution l'héritage chrétien, ne reviendra pas, et ne sera pas remise en selle, y compris par exemple pour faire barrage à la Turquie ? Donc la question qui est posée aux partisans du non, c'est : qu'est-ce qui se passe si on dit non après ? Et si vous voulez, le scénario qui est en train de s'écrire - c'est pour ça que je pense que ce sondage est utile - c'est un scénario que je connais bien, et que nous sommes un certain nombre à avoir déjà rencontré, c'est le scénario du 21 avril. Vous savez à l'époque, qu'est-ce qu'on disait ? D'ailleurs ce sont les mêmes termes qui sont employés : il fallait décomplexer l'électeur, on pouvait faire ce qu'on voudrait, il y aurait une session de rattrapage, il y aurait un deuxième tour. Et il n'y a pas eu de deuxième tour ! Et donc, aujourd'hui, chacun va être face à ses responsabilités, et c'est ça le rôle de la gauche. C'est de dire à chacun lorsqu'il va voter : attention, il n'y aura pas de deuxième tour ! Et ce sera comme le 21 avril... Après, moi j'ai rencontré des dizaines de militants, d'électeurs, qui sont venus me voir en me disant : si j'avais su, je n'aurais pas voté comme j'ai voté ! Eh bien je dis aujourd'hui, attention, alerte ! Si nous votons non, nous allons ouvrir une crise majeure qui affaiblira la gauche et la France !
Q- L. Fabius toujours, sur France 2, hier soir : "si le "oui" gagne, la directive Bolkestein ressortira"
R- Mais c'est un mensonge ! Justement, avec la Constitution Européenne, on pourra faire barrage à cette directive ! Cette directive, elle a été écrite, Monsieur Aphatie, avant même qu'on ait commencé à négocier la Constitution. Elle découle de ce qu'on appelle "l'Acte unique européen", voté en 1986. S'il y avait la Constitution Européenne, on pourrait faire jouer par exemple ce qu'on appelle "la clause sociale transversale", qui fait qu'on ne peut pas prendre une directive européenne si elle va contre le droit social d'un pays. Le Parlement français pourrait voter contre, le Parlement européen pourrait voter contre. Donc, voilà ce que j'ai dit tout à l'heure "démagogie", utilisation des peurs, des fantasmes. On dit tout et n'importe quoi ! Donc lisons la Constitution.
Q- Ce matin, sur RTL, J. Dray, porte-parole du Parti Socialiste, a traité à deux reprises le numéro 2 du Parti Socialiste de menteur.
R- Non mais je ne suis pas en train, là, de dire...
Q- Si, c'est un constat.
R- Je suis en train de dire simplement... Moi je ne suis pas là pour polémiquer avec les uns avec les autres.
Q- Ce n'est pas une polémique. A deux reprises, vous avez traité L. Fabius de menteur !
R- Si vous me permettez, je dis "ce n'est pas vrai". Je dis : on est en train d'utiliser des mauvais arguments. Je ne cherche pas les noises aux uns et aux autres. Parce que ce qui m'importe, moi, c'est que la gauche puisse se retrouver après le 29 mai, premièrement, pour pouvoir préparer l'échéance de 2007. Ce qui m'importe à moi c'est de rassembler. Et ce qui m'importe à moi, ce n'est pas d'ouvrir une crise à l'échelle de l'Europe. Or, la question qui est posée aujourd'hui, elle est simple, et je reviens là-dessus : si le "non" l'emportait, quoi qu'on nous dise, c'est une aventure qui commence, et dans cette aventure, personne ne peut donner la garantie que la Constitution qui sera écrite après sera meilleure que celle d'aujourd'hui. Et quand on nous dit par exemple - et je voudrais juste finir, parce que j'ai entendu ça encore hier soir ...
Q- Hier soir, sur France 2 : L. Fabius.
R- Non, pas sur France 2. J'ai entendu ça sur des télévisions.
Q- Je précise pour les auditeurs...
R- Je vais vous faire une confidence : je ne suis pas obsédé par L. Fabius.
Q- Moi non plus ! Allez-y, continuez.
R- Il a ses positions, j'ai les miennes, et voilà. Donc quand j'entends dire que la Constitution Européenne va inscrire la politique de Raffarin pour l'éternité, je dis quand même, franchement, ça veut dire que le peuple espagnol qui vient d'élire Monsieur Zapatero, le peuple portugais qui vient d'élire Monsieur Socrates, que l'ensemble des syndicats européens sont pour la politique de Monsieur Raffarin ? Comment on peut dire ça ?
Q- Vous vous expliquerez avec M.-G. Buffet. Hollande et Sarkozy à la Une de Paris- Match : c'est le "oui à l'Europe" qui s'affiche à Paris-Match. Qu'est-ce que vous pensez de
cette Une ?
R- C'est une Une qui est une Une de confrontation. C'est tout ! Parce que vous n'avez qu'à lire Paris-Match, et vous verrez que c'est sans complaisance. Donc on peut s'amuser à faire des jeux.
Q- Mais tous les deux sont pour le oui à l'Europe.
R- Oui, et alors ? Mais on pourrait faire une même Une en mettant à ce moment-là les partisans du non. Et vous savez comme moi qui il y aurait sur la photo ! Et ça ne serait pas agréable !
Q- "On se demande quelquefois si un rapprochement entre J. Chirac et les socialistes - on lit ça dans les carnets de C. Pégard du Point ce matin : "J. Dray, c'est vous, le père de toutes les manifestations de lycéens, avait mis en garde il y a quelque temps Claude Chirac contre l'exaspération grandissante des élèves". Vrai ou faux J. Dray ?
R- Les carnets de qui ?
Q- C. Pégard.
R- Moi, ces carnets-là vous savez, on peut leur faire dire tout et n'importe quoi.
Q- Non. Ce n'est pas tout et n'importe quoi ! Est-ce que vous avez téléphoné à Claude Chirac pour lui dire : attention, les lycéens sont exaspérés ?
R- Non, je n'ai pas téléphoné à Claude Chirac.
Q- Vous auriez pu.
R- Oui mais je ne suis pas là pour téléphoner à Claude Chirac ou je ne sais pas quoi. Moi je suis responsable du parti socialiste. Je crois aujourd'hui que le Gouvernement devrait faire attention. Il porte une part de responsabilité dans la mauvaise humeur qui s'est installée dans le pays, et qui peut effectivement dégénérer. Donc il faut, par exemple, qu'il réponde aux lycéens. Il faut aussi, par exemple, qu'il augmente les salaires de nos concitoyens. Voilà la vérité. Pour le reste, vous savez je connais toutes ces rumeurs.
Q- Donc pas de coup de téléphone à Claude Chirac !
R- Je n'ai pas besoin de donner de coup de téléphone...
Q- A l'UMP, les anciens sourient - concluait C. Pégard - "J. Chirac s'est toujours vanté d'avoir ses antennes trotskistes".
R- Écoutez, moi je ne sais pas si J. Chirac a des antennes trotskistes. Moi ce que je sais aujourd'hui, et c'est la seule chose qui m'importe ce matin, c'est de dire à l'ensemble des militants socialistes qu'il faut qu'on travaille, qu'on travaille pourquoi ? Parce que si le non l'emporte, nous ne serons pas en situation de gagner les élections de 2007. Et ça c'est dramatique !
Q- J. Dray, qui s'expliquera sans doute avec L. Fabius des mots agréables qu'il lui a adressés ce matin sur l'antenne d'RTL, était l'invité d'RTL. Bonne journée.
R- Je ne crois pas avoir employé des termes désagréables.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 21 mars 2005)