Texte intégral
QUESTION : A 20 ans, que pensiez vous de l'Europe et que vous inspirait-elle ?
Nicolas SARKOZY : A 20 ans, en 1975, j'étais étudiant en Droit à Nanterre et Délégué départemental à la jeunesse des Hauts de Seine. Le Président de la Convention qui a rédigé la Constitution européenne pour laquelle les Français devront se prononcer le 29 mai, Valéry Giscard d'Estaing, venait d'être élu Président de la République un an plus tôt.
Notre engagement à nous, jeunes militants gaullistes, était, il est vrai, plus franco-français qu'européen. Toutefois, je me souviens qu'en 1975, deux événements m'ont particulièrement touchés et m'ont fait prendre conscience de la nécessité de construire une Europe libre et démocratique. La mort de Franco et la transition démocratique de l'Espagne. L'attribution du prix Nobel de la Paix, opposant au régime soviétique, qui avait notamment créé un comité pour les Droits de l'Homme et qui, pour cette raison, s'était vu refuser le droit de sortir de son pays, l'URSS.
Ces deux événements ont marqué mes 20 ans. Le premier grâce à l'énorme espoir de voir l'Espagne s'ouvrir aux autres et rejoindre la grande famille de la démocratie européenne. Le second, lui, au contraire, a provoqué chez moi beaucoup de révolte et un sentiment d'injustice : quel Etat pouvait à ce point détester son peuple au point de le contraindre et de l'emprisonner ? Il restait beaucoup à faire, et je peux vous dire qu'à l'époque, la construction d'une Europe politique, libre, démocratique, respectueuse du droit des individus, était une évidence, c'était même pour beaucoup de jeunes européens une question de survie.
QUESTION : L'engouement de la jeunesse pour le Oui, plus que toutes les catégories d'âge, vous surprend-il ?
Nicolas SARKOZY : Non, il ne me surprend pas. Et cela pour deux raisons, la jeunesse n'est pas frileuse, la jeunesse n'est pas séduite par les conservatismes qui bloquent notre société. Que disent en substance ceux qui soutiennent le Non à la Constitution ? Qu'ils ont peur des délocalisations, d'une concurrence déloyale ou que les intérêts de la France et des français sont mal défendus ? Les craintes sont fondées, et j'entends les inquiétudes des français. Et c'est d'ailleurs un paradoxe inquiétant que l'Europe, construite pour nous protéger, soit aujourd'hui perçue comme une menace.
Mais, je veux dire aux jeunes que c'est en votant Non que l'on garde cette Europe qui inquiète, que l'on privilégie l'immobilisme et le conservatisme. En votant Oui, en revanche, vous vous donnez la chance de faire évoluer l'Europe, et de dessiner l'avenir. Ce n'est ni Le Pen, Villiers, Besancenot ou Laguiller qui peuvent nous montrer la route. En outre, l'ouverture sur le monde, la mobilité internationale, l'accès à l'information, d'où qu'elle vienne, fait partie du quotidien de votre génération.
Comment pourriez-vous être effrayés par votre quotidien ? Au contraire, la jeunesse est soucieuse de son avenir. Pour cette raison, elle est ambitieuse et veut se donner les moyens d'avancer, de construire une société qui lui ressemble, c'est pour cela que la jeunesse s'engage de manière résolue pour le Oui à la Constitution.
QUESTION : Quel argument en faveur du Oui vous semble le plus percutant pour les Français, et en particulier pour la jeunesse ?
Nicolas SARKOZY : Dire Oui à la Constitution, c'est se donner la chance de modifier l'Europe, de la faire bouger pour la réformer. Je veux une Europe qui nous protège mieux. Vous l'aurez cette protection, grâce à l'élection du Président de l'Union Européenne. Je veux une Europe qui décide plus vite. Pourquoi l'Europe est-elle si lente à décider, si immobile ? Et bien simplement parce que l'Europe fonctionne avec les règles de l'unanimité.
Avec la Constitution on va passer à la règle de la majorité dans plus de 40 domaines de compétences. Songez qu'avec la Constitution près de 50 % des décisions seront désormais prises avec la règle de la majorité. Aujourd'hui nous ne souffrons pas de trop d'Europe, mais de pas assez d'Europe.
QUESTION : Que diriez-vous à une jeune qui veut voter Non le 29 mai prochain ?
Nicolas SARKOZY : Si le Oui l'emporte, la France reprend le leadership en Europe parce que notre pays sera le seul des grands pays européens, en treize ans, à avoir à deux reprises demandé son avis au peuple. En revanche, si on votre Non, on sera à la dernière place. Par ailleurs, si c'est le Non, alors que l'Allemagne s'apprête à dire Oui, ce serait la première fois depuis soixante ans que nos deux pays qui se sont tant détestés, divergent. C'est une responsabilité historique que je ne prendrai pas.
On critique la Constitution, mais que proposent les partisans du Non ? Quelle est la stratégie, à part refuser l'Europe ? Dans le Non, faut-il écouter la voix de Le Pen, de Besancenot, de Buffet, de Villiers, de Fabius ? Le Non garde l'Europe telle qu'elle est. Moi je veux qu'elle change. Ceux qui vous disent Non vous conduisent à l'immobilisme et à la perte de temps.
Enfin je veux dire aux jeunes que la Constitution européenne est l'idée la plus forte, celle qui a installé la paix sur notre continent. Ce bénéfice là mérite que chaque jeune se déplace pour consolider cet édifice unique et fragile qu'est l'Union européenne.
(Source : Mouvement des jeunes UMP, http://www.jeunespopulaires.com, le 25 mai 2005)
Nicolas SARKOZY : A 20 ans, en 1975, j'étais étudiant en Droit à Nanterre et Délégué départemental à la jeunesse des Hauts de Seine. Le Président de la Convention qui a rédigé la Constitution européenne pour laquelle les Français devront se prononcer le 29 mai, Valéry Giscard d'Estaing, venait d'être élu Président de la République un an plus tôt.
Notre engagement à nous, jeunes militants gaullistes, était, il est vrai, plus franco-français qu'européen. Toutefois, je me souviens qu'en 1975, deux événements m'ont particulièrement touchés et m'ont fait prendre conscience de la nécessité de construire une Europe libre et démocratique. La mort de Franco et la transition démocratique de l'Espagne. L'attribution du prix Nobel de la Paix, opposant au régime soviétique, qui avait notamment créé un comité pour les Droits de l'Homme et qui, pour cette raison, s'était vu refuser le droit de sortir de son pays, l'URSS.
Ces deux événements ont marqué mes 20 ans. Le premier grâce à l'énorme espoir de voir l'Espagne s'ouvrir aux autres et rejoindre la grande famille de la démocratie européenne. Le second, lui, au contraire, a provoqué chez moi beaucoup de révolte et un sentiment d'injustice : quel Etat pouvait à ce point détester son peuple au point de le contraindre et de l'emprisonner ? Il restait beaucoup à faire, et je peux vous dire qu'à l'époque, la construction d'une Europe politique, libre, démocratique, respectueuse du droit des individus, était une évidence, c'était même pour beaucoup de jeunes européens une question de survie.
QUESTION : L'engouement de la jeunesse pour le Oui, plus que toutes les catégories d'âge, vous surprend-il ?
Nicolas SARKOZY : Non, il ne me surprend pas. Et cela pour deux raisons, la jeunesse n'est pas frileuse, la jeunesse n'est pas séduite par les conservatismes qui bloquent notre société. Que disent en substance ceux qui soutiennent le Non à la Constitution ? Qu'ils ont peur des délocalisations, d'une concurrence déloyale ou que les intérêts de la France et des français sont mal défendus ? Les craintes sont fondées, et j'entends les inquiétudes des français. Et c'est d'ailleurs un paradoxe inquiétant que l'Europe, construite pour nous protéger, soit aujourd'hui perçue comme une menace.
Mais, je veux dire aux jeunes que c'est en votant Non que l'on garde cette Europe qui inquiète, que l'on privilégie l'immobilisme et le conservatisme. En votant Oui, en revanche, vous vous donnez la chance de faire évoluer l'Europe, et de dessiner l'avenir. Ce n'est ni Le Pen, Villiers, Besancenot ou Laguiller qui peuvent nous montrer la route. En outre, l'ouverture sur le monde, la mobilité internationale, l'accès à l'information, d'où qu'elle vienne, fait partie du quotidien de votre génération.
Comment pourriez-vous être effrayés par votre quotidien ? Au contraire, la jeunesse est soucieuse de son avenir. Pour cette raison, elle est ambitieuse et veut se donner les moyens d'avancer, de construire une société qui lui ressemble, c'est pour cela que la jeunesse s'engage de manière résolue pour le Oui à la Constitution.
QUESTION : Quel argument en faveur du Oui vous semble le plus percutant pour les Français, et en particulier pour la jeunesse ?
Nicolas SARKOZY : Dire Oui à la Constitution, c'est se donner la chance de modifier l'Europe, de la faire bouger pour la réformer. Je veux une Europe qui nous protège mieux. Vous l'aurez cette protection, grâce à l'élection du Président de l'Union Européenne. Je veux une Europe qui décide plus vite. Pourquoi l'Europe est-elle si lente à décider, si immobile ? Et bien simplement parce que l'Europe fonctionne avec les règles de l'unanimité.
Avec la Constitution on va passer à la règle de la majorité dans plus de 40 domaines de compétences. Songez qu'avec la Constitution près de 50 % des décisions seront désormais prises avec la règle de la majorité. Aujourd'hui nous ne souffrons pas de trop d'Europe, mais de pas assez d'Europe.
QUESTION : Que diriez-vous à une jeune qui veut voter Non le 29 mai prochain ?
Nicolas SARKOZY : Si le Oui l'emporte, la France reprend le leadership en Europe parce que notre pays sera le seul des grands pays européens, en treize ans, à avoir à deux reprises demandé son avis au peuple. En revanche, si on votre Non, on sera à la dernière place. Par ailleurs, si c'est le Non, alors que l'Allemagne s'apprête à dire Oui, ce serait la première fois depuis soixante ans que nos deux pays qui se sont tant détestés, divergent. C'est une responsabilité historique que je ne prendrai pas.
On critique la Constitution, mais que proposent les partisans du Non ? Quelle est la stratégie, à part refuser l'Europe ? Dans le Non, faut-il écouter la voix de Le Pen, de Besancenot, de Buffet, de Villiers, de Fabius ? Le Non garde l'Europe telle qu'elle est. Moi je veux qu'elle change. Ceux qui vous disent Non vous conduisent à l'immobilisme et à la perte de temps.
Enfin je veux dire aux jeunes que la Constitution européenne est l'idée la plus forte, celle qui a installé la paix sur notre continent. Ce bénéfice là mérite que chaque jeune se déplace pour consolider cet édifice unique et fragile qu'est l'Union européenne.
(Source : Mouvement des jeunes UMP, http://www.jeunespopulaires.com, le 25 mai 2005)