Texte intégral
Monsieur le préfet,
Monsieur le maire,
Mesdames et Messieurs.
Nous voici donc au terme d'une visite dont le moins que j'en puisse dire est qu'elle aura été dense, multiple - entre projet d'aménagement urbain et futur Centre de recherche et d'études archéologiques - en même temps qu'unique - par son sujet : l'archéologie en tant que traces sur lesquelles grandit une ville. J'ai, en effet, été particulièrement saisi ce matin par l'étonnant foisonnement patrimonial : où que vous posiez les yeux et les pieds (si je puis me permettre) Sens est une ville d'histoire et de mouvement.
Et c'est justement de cette rencontre entre histoire et mouvement dont nous avons parlé, monsieur le maire, autour de ce projet de Zone d'Aménagement Concerté de Saint Savinien, avec notre ami Roland Castro qui a déployé à mon attention le très beau projet de construction doublé d'un aménagement paysager et qui a permis de mettre au jour cette découverte archéologique majeure aux abords de l'église. Monsieur le maire, vous avez décidé de réfléchir alors aux moyens de concilier vos impératifs sociaux et économiques d'accueil et de qualité de vie avec la préservation raisonnée d'un patrimoine archéologique que l'on sait rare et dont, pour rien au monde, nous n'envisagerions les uns et les autres de le sacrifier sans souci de recherche ni davantage d'espoir de le faire connaître et comprendre.
Ce que je voudrais saluer là est votre souci de parvenir à cette conciliation. Je sais que ce n'est pas facile et qu'il vous aura fallu faire preuve d'une volonté résolue pour aboutir ce projet de développement du quartier Saint-Savinien, d'autant plus résolue que nombreuses sont les priorités d'une ville en expansion telle que la vôtre.
Je sais aussi que d'autres aménagements sont prévus - je pense au quartier de Sainte Béate - qui, une fois encore, poseront très crûment les termes de cette conciliation obligée entre préservation et développement. Vous m'avez indiqué monsieur le maire que vous associerez le service régional de l'archéologie à la surveillance de ce prochain chantier. J'insiste sur cette collaboration, nous savons en effet combien elle est riche : riche de temps gagné par l'anticipation qu'elle permet.
Alors Sens, pour moi, est exemplaire, parce que nous sommes aujourd'hui en mesure d'affirmer - ville de Sens et ministère de la Culture - qu'en effet une conciliation dynamique est possible entre préservation de la mémoire d'une ville et son futur.
Vous savez que le gouvernement s'est engagé dans la réforme de l'archéologie préventive, qu'il en a affirmé la dimension d'intérêt national et qu'il a proposé au parlement un projet de loi dont le vote définitif interviendra vraisemblablement début novembre. A ce titre, un établissement public d'archéologie préventive doté de prérogatives de puissance publique devrait être mis en place.
Il garantira aux aménageurs, sur la base d'une redevance, le niveau et la connaissance incontestable du coût des fouilles préventives. L'établissement garantira aussi que la contrainte archéologique sera levée scientifiquement et techniquement, assurant par là même, à la collectivité comme à la communauté nationale, la restitution de ces recherches.
Je dois dire que j'ai hâte de voir mise en place cette nouvelle organisation, enfin clarifiée, du traitement de cet aspect singulier du patrimoine : le patrimoine du sous-sol.
J'en ai hâte parce que ce sera, pour les services de l'Etat, le cadre clair et incontestable de leurs compétences de prescription comme d'arbitrage éventuels des délais de réalisation des fouilles.
Mais j'ai hâte aussi que cette réforme soit mise en oeuvre car elle ouvre, aux collectivités territoriales dotées d'un service archéologique, la possibilité de coopérer à la levée de la contrainte archéologique dans le cadre d'un partenariat dont la loi pose le principe.
J'ai hâte qu'enfin nous sortions les uns et les autres d'une situation inconfortable, faite de méfiance parfois, d'impatience souvent et de tant d'incompréhension.
Je ne referai pas là l'historique du projet de la ZAC tel que vous me l'avez présenté, je dirais simplement qu'en lui-même il a attesté de la nécessité de travailler en relation étroite avec les services de l'Etat et, singulièrement, le service régional d'archéologie. A certains égards, nous aurions pu faire les frais - inutiles - d'un défaut de collaboration et nous aurions pu, vous ville de Sens et nous Etat, avoir des comptes à rendre de la destruction irrémédiable de vestiges significatifs de notre histoire.
Ce ne sera pas le cas ici à Sens.
Le service régional d'archéologie - et je tiens ici à saluer publiquement le directeur régional des affaires culturelles ainsi que les conservateurs régionaux de l'archéologie - a travaillé à l'affinement scientifique et méthodologique du traitement des vestiges du terrain de Saint Savinien. Une proposition de déroulement des fouilles vous a été communiquée, dont les tranches doivent permettre au projet de Roland Castro, moyennant quelques ajustements, de prendre son plein sens architectural et social.
Voilà le premier élément de la conciliation : respecter au plus près le projet d'aménagement.
Quant au second élément - le patrimoine archéologique - il sera circonscrit par sa pertinence scientifique et de mémoire, pour permettre l'exploitation scientifique de certains éléments documentaires et, in situ, une " réserve archéologique " sera créée, inscrite dans le projet urbain, jalon vers le Centre d'études et de recherches archéologiques.
Cette réserve, nous en convenons tous ici, sera la source documentaire des générations futures de chercheurs, d'archéologues, d'historiens notamment.
C'est à ce titre que le ministère de la Culture interviendra et vous épaulera dans l'achat de ce terrain érigé en réserve archéologique. Nous en avons largement discuté monsieur le maire, monsieur le préfet et moi.
Au terme de mon propos, je veux dire ici que je crois très sincèrement que nous sommes parvenus à une étape de ce processus de coopération, rigoureux, exigeant et exemplaire.
L'archéologie sera inscrite ici, à Sens, dans le cur même du développement de votre ville, à livre ouvert sur notre histoire dont les pages aujourd'hui se conjuguent magnifiquement au temps passé, au temps présent, au temps futur.
Merci.
(source http://www.culture.gouv.fr, le 23 octobre 2000)
Monsieur le maire,
Mesdames et Messieurs.
Nous voici donc au terme d'une visite dont le moins que j'en puisse dire est qu'elle aura été dense, multiple - entre projet d'aménagement urbain et futur Centre de recherche et d'études archéologiques - en même temps qu'unique - par son sujet : l'archéologie en tant que traces sur lesquelles grandit une ville. J'ai, en effet, été particulièrement saisi ce matin par l'étonnant foisonnement patrimonial : où que vous posiez les yeux et les pieds (si je puis me permettre) Sens est une ville d'histoire et de mouvement.
Et c'est justement de cette rencontre entre histoire et mouvement dont nous avons parlé, monsieur le maire, autour de ce projet de Zone d'Aménagement Concerté de Saint Savinien, avec notre ami Roland Castro qui a déployé à mon attention le très beau projet de construction doublé d'un aménagement paysager et qui a permis de mettre au jour cette découverte archéologique majeure aux abords de l'église. Monsieur le maire, vous avez décidé de réfléchir alors aux moyens de concilier vos impératifs sociaux et économiques d'accueil et de qualité de vie avec la préservation raisonnée d'un patrimoine archéologique que l'on sait rare et dont, pour rien au monde, nous n'envisagerions les uns et les autres de le sacrifier sans souci de recherche ni davantage d'espoir de le faire connaître et comprendre.
Ce que je voudrais saluer là est votre souci de parvenir à cette conciliation. Je sais que ce n'est pas facile et qu'il vous aura fallu faire preuve d'une volonté résolue pour aboutir ce projet de développement du quartier Saint-Savinien, d'autant plus résolue que nombreuses sont les priorités d'une ville en expansion telle que la vôtre.
Je sais aussi que d'autres aménagements sont prévus - je pense au quartier de Sainte Béate - qui, une fois encore, poseront très crûment les termes de cette conciliation obligée entre préservation et développement. Vous m'avez indiqué monsieur le maire que vous associerez le service régional de l'archéologie à la surveillance de ce prochain chantier. J'insiste sur cette collaboration, nous savons en effet combien elle est riche : riche de temps gagné par l'anticipation qu'elle permet.
Alors Sens, pour moi, est exemplaire, parce que nous sommes aujourd'hui en mesure d'affirmer - ville de Sens et ministère de la Culture - qu'en effet une conciliation dynamique est possible entre préservation de la mémoire d'une ville et son futur.
Vous savez que le gouvernement s'est engagé dans la réforme de l'archéologie préventive, qu'il en a affirmé la dimension d'intérêt national et qu'il a proposé au parlement un projet de loi dont le vote définitif interviendra vraisemblablement début novembre. A ce titre, un établissement public d'archéologie préventive doté de prérogatives de puissance publique devrait être mis en place.
Il garantira aux aménageurs, sur la base d'une redevance, le niveau et la connaissance incontestable du coût des fouilles préventives. L'établissement garantira aussi que la contrainte archéologique sera levée scientifiquement et techniquement, assurant par là même, à la collectivité comme à la communauté nationale, la restitution de ces recherches.
Je dois dire que j'ai hâte de voir mise en place cette nouvelle organisation, enfin clarifiée, du traitement de cet aspect singulier du patrimoine : le patrimoine du sous-sol.
J'en ai hâte parce que ce sera, pour les services de l'Etat, le cadre clair et incontestable de leurs compétences de prescription comme d'arbitrage éventuels des délais de réalisation des fouilles.
Mais j'ai hâte aussi que cette réforme soit mise en oeuvre car elle ouvre, aux collectivités territoriales dotées d'un service archéologique, la possibilité de coopérer à la levée de la contrainte archéologique dans le cadre d'un partenariat dont la loi pose le principe.
J'ai hâte qu'enfin nous sortions les uns et les autres d'une situation inconfortable, faite de méfiance parfois, d'impatience souvent et de tant d'incompréhension.
Je ne referai pas là l'historique du projet de la ZAC tel que vous me l'avez présenté, je dirais simplement qu'en lui-même il a attesté de la nécessité de travailler en relation étroite avec les services de l'Etat et, singulièrement, le service régional d'archéologie. A certains égards, nous aurions pu faire les frais - inutiles - d'un défaut de collaboration et nous aurions pu, vous ville de Sens et nous Etat, avoir des comptes à rendre de la destruction irrémédiable de vestiges significatifs de notre histoire.
Ce ne sera pas le cas ici à Sens.
Le service régional d'archéologie - et je tiens ici à saluer publiquement le directeur régional des affaires culturelles ainsi que les conservateurs régionaux de l'archéologie - a travaillé à l'affinement scientifique et méthodologique du traitement des vestiges du terrain de Saint Savinien. Une proposition de déroulement des fouilles vous a été communiquée, dont les tranches doivent permettre au projet de Roland Castro, moyennant quelques ajustements, de prendre son plein sens architectural et social.
Voilà le premier élément de la conciliation : respecter au plus près le projet d'aménagement.
Quant au second élément - le patrimoine archéologique - il sera circonscrit par sa pertinence scientifique et de mémoire, pour permettre l'exploitation scientifique de certains éléments documentaires et, in situ, une " réserve archéologique " sera créée, inscrite dans le projet urbain, jalon vers le Centre d'études et de recherches archéologiques.
Cette réserve, nous en convenons tous ici, sera la source documentaire des générations futures de chercheurs, d'archéologues, d'historiens notamment.
C'est à ce titre que le ministère de la Culture interviendra et vous épaulera dans l'achat de ce terrain érigé en réserve archéologique. Nous en avons largement discuté monsieur le maire, monsieur le préfet et moi.
Au terme de mon propos, je veux dire ici que je crois très sincèrement que nous sommes parvenus à une étape de ce processus de coopération, rigoureux, exigeant et exemplaire.
L'archéologie sera inscrite ici, à Sens, dans le cur même du développement de votre ville, à livre ouvert sur notre histoire dont les pages aujourd'hui se conjuguent magnifiquement au temps passé, au temps présent, au temps futur.
Merci.
(source http://www.culture.gouv.fr, le 23 octobre 2000)