Interview de M. Nicolas Sarkozy, président de l'UMP, dans "Le Journal gratuit du Oui" de mai 2005, sur la campagne du référendum sur la Constitution européenne.

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Média : Le Journal gratuit du Oui

Texte intégral

Q - Si vous deviez donner un seul argument pour convaincre de voter " oui " le 29 mai, quel serait-il ?
Nicolas Sarkozy : Je dirais qu'en instituant un Président du Conseil européen cette constitution permettra de donner à l'Europe un visage politique, ce qui manquait au traité de Maastricht. C'est un progrès majeur. Elu par les chefs d'Etat et de gouvernement pour une durée de deux ans et demi renouvelable une fois, il exercera sa mission à temps plein. C'est un rééquilibrage fondamental qui permet à l'action politique de reprendre ses droits : quand il y aura un problème politique majeur, à la table de l'OMC par exemple, il y aura quelqu'un qui pourra taper du poing sur la table au nom de l'Union.
Q - Que répondez-vous aux opposants au texte constitutionnel ?
N.S. : Les tenants du non forment une coalition hétéroclite, allant du parti communiste au front national, en passant par l'extrême gauche. Ils n'ont aucun projet pour l'Europe, ils n'ont aucun projet commun pour la France. Je crois au contraire que si nous souhaitons que l'Europe et la France changent, bougent, évoluent, s'améliorent, se transforment, il faut s'engager pour un " oui " enthousiaste. Le monde ne nous attendra pas. Voter non, c'est vouloir maintenir l'Europe dans son fonctionnement actuel qui est justement celui qui est dénoncé par ceux qui veulent s'opposer à la constitution.
Q - Quelles seraient les conséquences d'un refus de la Constitution ?
N.S. : D'abord, la France se retrouverait immédiatement isolée : au sein de l'Union où elle se trouverait dans une posture particulièrement délicate mais aussi vis-à-vis de son partenaire historique allemand. Ensuite cela signifierait que le traité de Nice continuerait à s'appliquer, c'est-à-dire que la France continuerait à peser à la table du Conseil 40 % de moins que si le texte constitutionnel est adopté Autant dire une perte de pouvoirs très nette pour notre pays par rapport à son poids démographique en Europe.

Q - Comment voyez-vous la fin de la campagne ?
N.S. : En politique, c'est l'expression du vote qui compte, pas les prévisions. Nous sommes dans la dernière ligne droite. Il reste encore vingt jours de campagne et jusqu'à la dernière seconde, je compte mettre toute mon énergie pour lever les doutes, expliquer le texte et continuer à m'engager sur le terrain auprès des Français. Parce qu'il est important que chacun comprenne que ce texte ne comporte que des avancées pour l'Europe et qu'il permettra à la France d'occuper la place qui doit être la sienne : la première.
(Source http://www.u-m-p.org, le 9 mai 2005)