Texte intégral
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs,
Parent d'élève n'est pas un métier, ce n'est pas un loisir, c'est un état auquel ceux qui se donnent se donnent sans réserve ; et je voulais vous dire tout l'honneur que j'éprouve à ouvrir ce congrès de la PEEP, le 86e d'une fédération qui, créée en 1926, s'enorgueillit à juste titre d'être la plus ancienne de notre pays. C'est le privilège de tels organismes que de se renouveler en vieillissant, et de croître en vigueur : forte de ses 300 000 adhérents, la PEEP occupe aujourd'hui une place de choix dans notre système éducatif. Présente aussi bien dans l'enseignement supérieur que dans l'enseignement professionnel, technologique, et agricole, elle possède du système une vision globale, fondée sur une expérience permanente du terrain.
Indépendante des modes et des courants, elle met au coeur de sa réflexion l'épanouissement et la réussite de l'élève; une réussite fondée sur la primauté éducative de la famille, car si les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants, vous rappelez avec force qu'ils jouent, au-delà de cette priorité chronologique, un rôle déterminant dans tout leur parcours scolaire. C'est d'ailleurs le thème de votre congrès : le parent d'élève, acteur engagé dans l'école.
Ce thème a valeur de projet. Il traduit aussi la relation toute naturelle que les parents doivent entretenir avec une école où leur investissement est essentiel. Que serait une école sans parents engagés - eux qui sont les dépositaires naturels de l'autorité ; qui transmettent le coeur des valeurs morales et culturelles ; qui forment entre les générations l'indispensable lien de l'expérience et de la formation de soi ? Ce congrès est pour moi l'occasion de leur rendre hommage. C'est avec eux, c'est avec vous que je travaille.
Parce que vous êtes parents, vous savez ce que sont les droits et les devoirs des élèves. Vous savez combien l'assiduité, l'observation des règles et des valeurs communes, le respect dû à la personne de l'enseignant sont essentiels.
Parce que vous êtes parents, vous savez combien il importe que l'école reste ouverte et égale pour tous, en un mot, qu'elle reste républicaine.
Parce que vous êtes parents, vous connaissez la valeur du savoir qu'elle transmet.
Parce que vous êtes parents, vous savez le prix de l'engagement et les efforts qu'exige l'élévation culturelle et de formation de notre jeunesse. Vous avez voulu apporter à la réflexion sur l'École votre acuité de vues et votre esprit d'initiative. Parce que cette passion de l'école vous anime, vous avez voulu qu'elle soit la meilleure pour vos enfants. Je partage cette volonté, et je veux le redire, elle inspire toute mon action.
Cette volonté est à la source de la loi pour l'avenir de l'École, qui est devenue le 24 avril dernier la loi de la République. Sur ce dossier si sensible de l'École, autour duquel se disputent 60 millions d'avis, la promulgation de cette loi est le fruit d'une détermination sans faille fondée sur trois convictions :
o la première, est que notre système éducatif doit impérativement évoluer car ses signes d'essoufflement sont désormais caractérisés.
o la seconde, est que la culture de l'innovation, de la remise en cause, doit imprégner de façon plus continue ce grand service public qu'est l'Éducation Nationale. Derrière bon nombre des critiques qui furent adressées à l'endroit du projet gouvernemental, j'ai senti que le problème ne se situait pas véritablement dans les détails de ce texte, mais plus fondamentalement contre l'esprit même du changement qu'il impulsait. En refusant de céder, j'ai voulu donner une chance à un principe qui dépasse ma personne et qui doit à l'avenir dominer le système éducatif : celui du mouvement
o la troisième conviction, est que l'autorité de l'État ne saurait s'effacer aux premières critiques et résistances sous peine de voir sa légitimité définitivement contestée. Comme d'autres grands sujets de société, l'École appartient à la Nation et non à un cercle d'initiés. Il est temps de replacer la responsabilité du politique au coeur du fonctionnement de la République.
C'est un fait, le cheminement de ce projet de loi n'a pas été sans difficultés ; celles-ci révélant, tout à la fois, les crispations et attentes contradictoires qui traversent la communauté éducative.
La première de ces difficultés touche à l'exercice de la démocratie et au respect des règles de notre République. Le processus d'élaboration de la loi doit donner toute leur place à la concertation et au dialogue. La discussion de la loi au Parlement, ensuite, doit permettre à la représentation nationale de modifier et d'enrichir le projet du gouvernement. Chaque citoyen se voit également garantir le droit d'exprimer son opinion, en temps et en heure, et de faire connaître un éventuel désaccord. Sur notre projet de loi, la PEEP - nous en avons longuement débattu avec vos instances dirigeantes ! - émettait certaines réserves. Nous en avons parlé avec franchise, trouvant ici des points d'accords, recensant par ailleurs des points de désaccords ; cette approche libre et constructive renforçant la qualité de nos relations. C'est le fonctionnement naturel d'une démocratie responsable au sein de laquelle, chacun dans son rôle respectif, prend ses responsabilités !
En revanche, il n'est pas acceptable qu'une minorité d'irréductibles, employant des méthodes condamnables et que vous avez d'ailleurs condamnées au nom de la continuité du service public, continue d'exiger le retrait d'une loi qui a été adoptée par le Parlement, qui vient d'être promulguée, et qui dorénavant s'impose à tous. La loi pour l'avenir de l'école a désormais la force de la chose votée. Elle sera appliquée. Ma résolution, sur ce point, est et sera entière.
Une seconde difficulté, plus technique, tient à la décision récente du Conseil constitutionnel. Elle ne remet pas en question la valeur donnée aux orientations contenues par la loi, mais la forme qui fut retenue. Il ne m'appartient pas de commenter cette décision. Je suivrai en revanche son invitation à recourir à la voie réglementaire, pour donner force aux mesures adoptées par le Parlement. Soyez là aussi assurés de ma détermination à entreprendre immédiatement la mise en oeuvre de cette loi, dont les premières dispositions entreront en vigueur dès la rentrée prochaine.
Au moment d'engager le travail qui va conduire à cette application, deux sentiments doivent, je le crois, prévaloir dans nos esprits.
La confiance, d'abord, parce que des réussites incontestables ont transformé notre système éducatif depuis trente ans : la quasi-totalité des enfants est désormais scolarisée dès les premières années de l'école maternelle ; le collège a fortement contribué à promouvoir l'égalité des chances, au-delà des barrières sociales ; le lycée conduit enfin plus des deux tiers d'une classe d'âge au niveau des baccalauréats. Notre école - digne en cela des espoirs qui lui sont attachés - a bel et bien montré ses remarquables capacités d'adaptation. Elle a très largement contribué au développement économique et scientifique de la France ; autant de réussites que la nouvelle loi permettra de conforter.
La lucidité, ensuite. A l'évidence, notre système éducatif a atteint depuis quelques années un palier, qui ne permet plus à notre pays de progresser autant qu'il le devrait. Les performances de l'école française restent moyennes par rapport à celles de pays comparables ; sa contribution à la lutte contre les inégalités sociales s'est ralentie et amoindrie ; sa capacité de garantir un niveau de formation qui réponde aux besoins de la société et de l'économie dans les prochaines décennies n'est plus assurée.
Bref, après avoir permis une formidable progression du niveau général de l'instruction, l'école peine à atteindre les objectifs qui lui ont été assignés : 80 000 élèves entrent aujourd'hui en 6e sans savoir réellement lire, écrire et compter ; la proportion des bacheliers ne progresse plus, celle des bacheliers de l'enseignement général diminue ; et le nombre des élèves quittant le système scolaire sans diplôme ni qualification reconnue reste, avec 150 000 jeunes, à un niveau inacceptable. Face à ces faits, j'estime que le statu quo équivaut à un renoncement. La nouvelle loi permettra d'engager le redressement nécessaire.
Pour atteindre cet objectif, elle prévoit des mesures concrètes, qui s'organisent autour de deux grands axes : École doit assurer la réussite de tous les élèves ; État, lui, doit renforcer la qualité du service public de l'éducation.
La réussite de tous les élèves suppose à mon sens de progresser dans quatre directions coordonnées.
La loi - vous le savez - prévoit tout d'abord, en son article 9, la définition d'un socle de connaissances et de compétences indispensables qui doivent être acquises à la fin de la scolarité obligatoire. Ce socle s'articule autour d'un objectif ambitieux : assurer la qualité des savoirs fondamentaux assimilés par tous.
Ce socle, dont le Haut conseil de l'éducation sera saisi, comprendra :
o la maîtrise de la langue française ;
o la maîtrise des principaux éléments de mathématiques ;
o une culture humaniste et scientifique permettant le libre exercice de la citoyenneté ;
o la pratique d'au moins une langue vivante étrangère ;
o la maîtrise des techniques usuelles de l'information et de la communication.
Le socle, c'est le coeur de ma réforme pour la scolarité obligatoire. A tort, il a été critiqué par certains au nom d'arguments abstraits, parfois même élitistes ; des arguments qui ne résistent pas à l'analyse des faits et des objectifs assignés à notre système éducatif. J'affirme que ce socle est le levier, aujourd'hui manquant, de l'équité et de la qualité ! Équité devant les savoirs essentiels qui doivent être impérativement transmis à tous ; qualité des savoirs effectivement acquis par tous.
Ce socle, autour duquel s'orchestrera une partie de la scolarité obligatoire et de son évaluation, va de pair avec un nouvel outil, longtemps évoqué par votre organisation : le programme personnalisé de réussite éducative, défini par l'article 16 de la loi. Pour ne laisser personne s'enferrer dans l'échec, il faut une stratégie plus réactive et mieux individualisée.
Dans cet esprit, État s'engage à mettre en place, à tout moment de la scolarité, pour tout élève ayant des difficultés à maîtriser les connaissances du socle, un dispositif de soutien personnalisé, sur trois heures par semaine. Ce programme, qui sera signé entre l'école ou le collège et la famille, permettra à l'élève de retrouver le chemin de la réussite et de la confiance, grâce à une pédagogie adaptée.
C'est dans le cadre de cette dynamique pour la réussite de chacun que je propose également un effort exceptionnel au profit des élèves boursiers, ayant manifesté par leur travail une volonté particulière de progresser et de réussir. Les bourses au mérite du second degré, qui complètent les bourses sur critères sociaux, permettront à ces élèves de poursuivre leurs études dans les voies générale, technologique et professionnelle des lycées, en jouissant de conditions plus favorables.
Quant aux bacheliers boursiers ayant obtenu une mention " bien " ou " très bien ", ils pourront par la suite bénéficier d'une bourse au mérite dans l'enseignement supérieur.
Socle, programmes personnalisés de réussite scolaire, bourses, ces outils qui contribuent à la réussite individuelle de l'élève, doivent s'inscrire dans une nouvelle façon d'organiser l'orientation - qui sera notre quatrième direction de progrès.
Je sais que le sujet vous tient à coeur, puisque vous considérez l'orientation comme une des clefs de la réussite scolaire, et vous insistez pour que le projet individuel soit construit sur des bases solides, comportant une connaissance concrète des métiers et des filières. Nos préoccupations se rejoignent en cela.
Je veux en effet que l'orientation offre à tous les élèves la possibilité d'aller au plus loin de leurs capacités et de leurs désirs. Notre système éducatif est fondé sur l'égalité ; il ne doit pas être aveugle aux individualités, aux singularités et aux aspirations personnelles.
Au collège, le projet d'établissement indiquera donc les actions prévues pour que les élèves préparent, dans les meilleures conditions, avec les parents, les professeurs et les conseillers d'orientation, la poursuite de leurs études et leur avenir professionnel.
Conçue dans cette perspective, l'option de découverte professionnelle - qui est une sorte de " révolution " dans notre système éducatif - sera une porte ouverte vers l'extérieur et vers le monde du travail. Dotée d'un horaire de trois heures en classe de troisième, cette option permettra aux élèves d'élaborer un projet personnel, à travers la présentation des différents métiers, des débouchés qu'ils offrent et des voies de formation qui y conduisent.
Aux élèves qui veulent véritablement connaître la pratique des métiers, une option complémentaire de découverte professionnelle, dotée d'un horaire de six heures, sera également offerte; elle pourra s'articuler avec le dispositif d'alternance proposé en classe de quatrième.
L a décision d'orientation prise à l'issue de la classe de troisième tiendra ainsi compte du projet de l'élève, de ses aptitudes, des différentes offres de formation existantes, ainsi que " des perspectives professionnelles liées aux besoins prévisibles de la société, de l'économie et de l'aménagement du territoire ".
D'autres thèmes vous sont chers. Approfondissons-les au cours de la concertation qui va s'engager sur les décrets à venir. Je compte sur nos échanges pour consolider le dispositif dont la loi aujourd'hui jette les bases.
Mesdames, Messieurs,
Pour assurer la réussite de tous les élèves, il faut aussi améliorer la qualité de notre service public d'éducation.
J'en ai la conviction intime : la mission du service public de l'éducation nationale va de pair avec la promotion des valeurs de la République et, à travers elles, avec la réaffirmation d'une dimension morale et civique de l'éducation.
Pour certains, ces termes sont désuets. Je n'en crois rien ! Où seraient-ils plus actuels que dans notre société, souvent matérialiste, souvent individualiste, secouée par la violence, hantée par les résurgences de l'antisémitisme et du racisme ? C'est dans cette société que je veux faire de l'école le fer de lance de la République.
Le deuxième article de la loi affirme clairement ce cap : " Outre la transmission des connaissances, la Nation fixe comme mission première à École de faire partager aux élèves les valeurs de la République. "
Reste à faire que cette déclaration de principe s'enracine dans les faits. C'est pourquoi je souhaite que les règlements intérieurs, l'organisation même des écoles et des établissements du second degré, en deviennent les traductions quotidiennes. Tolérance, respect de l'Autre, égalité des hommes et des femmes, responsabilité dans les comportements : autant de principes qui doivent être pratiqués, en plus d'être proclamés ; et pratiqués au premier chef par ceux qui, parents ou enseignants, jouent dans ce dispositif un rôle exemplaire.
La liste de ces valeurs est longue. Faut-il en exclure la solidarité à laquelle le gouvernement nous appelle, par un jour de travail partagé, et à laquelle certains, jusque dans le système éducatif, veulent se soustraire, quand il faudrait en faire la manifestation collective d'un élan véritable et généreux ?
Ces valeurs, cet engagement je sais que vous les partagez déjà. C'est l'une des préoccupations constantes de votre mouvement, qui a fait connaître son attachement au principe de laïcité par un soutien plein et entier à la loi du 1er mars 2004, encadrant le port de signes religieux ostensibles à l'école publique. Je sais que vous poursuivrez ce combat pour les valeurs avec une même détermination.
École instruit, mais elle éduque également les comportements ! Dans cet esprit, j'ai demandé que le brevet des collèges comporte - outre les trois épreuves écrites et le contrôle continu - une note de vie scolaire, prenant en compte l'assiduité en classe, le respect du règlement intérieur, ainsi que l'engagement réel de l'élève dans la vie de l'établissement.
Quant aux élèves perturbant gravement le déroulement des classes, et qui sont bien souvent en situation de décrochage scolaire, ils devront être pris en charge par des dispositifs relais. A l'école moins qu'ailleurs, la violence ne peut être tolérée. Le développement de structures d'encadrement renforcé me paraît être l'outil le plus adapté pour la contenir. Nous voulons garantir à nos enfants la sérénité sans laquelle aucun apprentissage n'est possible. J'ai bon espoir qu'un traitement plus différencié des cas - dût-il aller jusqu'à l'écartement de certains - nous la rendra.
Mais l'attachement aux valeurs républicaines, c'est aussi pour École la volonté d'offrir aux élèves en situation de handicap une meilleure scolarisation, assurée en priorité par l'école ou l'établissement scolaire le plus proche de leur domicile.
Le respect des valeurs de la République, c'est encore pour École sa mission de prévention et de surveillance médicale, ainsi que son oeuvre d'éducation à la santé. Parce que ces missions demandent disponibilité et compétence, j'ai annoncé la présence d'une infirmière ou d'un infirmier dans chaque établissement du second degré.
La qualité du service public de l'éducation repose également sur le bon fonctionnement des écoles et des établissements, appelés à utiliser pleinement leurs marges d'initiative et de responsabilité.
Vous le savez, la loi organique relative aux lois de finances donnera aux établissements publics locaux d'enseignement une responsabilité budgétaire plus grande, en fonction d'objectifs pédagogiques clairement déterminés dans le cadre d'un contrat entre l'académie et les établissements.
A côté du conseil d'administration, un conseil pédagogique sera institué. C'est une nouveauté importante et structurante pour élaborer des stratégies collectives au niveau des établissements. Ce conseil veillera à la cohérence pédagogique des enseignements à chaque niveau, et à la progression continue des élèves dans chacune des disciplines.
Ainsi que le précise l'article 34 de la loi, le projet d'établissement sera élaboré par tous les membres de la communauté éducative, sous l'impulsion du chef d'établissement. Il définit les modalités particulières de mise en oeuvre des objectifs et des programmes nationaux et académiques ; il précise les activités scolaires ou périscolaires ; il définit notamment la politique de l'établissement en matière d'accueil et d'information des parents, d'orientation, de politique documentaire, de suivi individualisé des élèves, d'ouverture sur son environnement économique, culturel et social, d'ouverture européenne et internationale, d'éducation à la santé et à la citoyenneté.
La commission permanente de l'établissement, dont la composition sera allégée, pourra bénéficier d'une délégation de pouvoirs du conseil d'administration.
Enfin, conformément à l'article 47 de la loi, les professeurs des lycées et collèges participeront à la continuité pédagogique indispensable aux élèves, en concourant, dans leur établissement, au remplacement de courte durée de leurs collègues absents. Face à ces absences impromptues, je comprends l'exaspération de beaucoup de familles. Dans le service public de l'éducation, j'estime normal que nos enfants soient toujours en présence d'un professeur. Il ne s'agit nullement pour ces derniers de " réquisition ", mais d'engagement professionnel partagé. Cette démarche s'inscrira dans la politique pédagogique de l'établissement.
Au coeur du bon fonctionnement de l'École, il y a naturellement les parents.
Il n'est pas, Mesdames, Messieurs, d'étape de cette réforme où les parents d'élèves n'aient un rôle précieux à jouer.
En matière d'éducation, chacun sait à quel point il est important de conjuguer l'action de l'école et celle de la famille, dont les rôles sont complémentaires et solidaires. C'est pourquoi le principe de la loi de 1989, faisant des parents des membres à part entière de la communauté éducative, est réaffirmé avec force dans l'article 3 de la loi. Quant au rôle des fédérations représentatives de parents dans l'expression des familles, il sera reconnu sans ambiguïté dans les décrets d'application.
Parmi les mesures prises, je citerai en particulier l'article 34, qui prévoit la participation des parents, en tant que représentants de la communauté éducative à l'élaboration des projets d'établissement, l'article 23, qui souligne le rôle des parents dans la construction progressive du projet d'orientation des élèves, et l'article 16, précisant que les parents seront associés à la mise en place des programmes personnalisés de réussite éducative.
Quant à l'article 17, s'il indique que " le conseil des maîtres dans le premier degré ou le conseil de classe dans le second degré se prononce sur les conditions dans lesquelles se poursuit la scolarité de l'élève ", il précise également que cela ne pourra se faire qu' " à l'issue d'un dialogue et après avoir recueilli l'avis des parents " ; parents qui auront toujours la possibilité de recourir à une commission d'appel, en cas de désaccord persistant avec le conseil des maîtres ou le conseil de classe.
Comme on peut le constater, ceux qui ont prétendu que la loi pour l'avenir de l'École ne faisait pas de place aux parents se sont trompés, ou ont voulu tromper.
Dans le cadre de cette participation renforcée des parents, je suis convaincu de trouver en vous des interlocuteurs décidés à avancer sur la même voie, pour la réussite des élèves, dans tous les secteurs de leur vie - à l'école mais aussi en dehors. Enfants, puis adolescents, ils ont besoin pour réussir à l'école de se sentir bien dans leurs établissements, d'y trouver la confiance et la sécurité. Ce sont les gages précieux de leur réussite. L'équilibre familial et la santé en sont d'autres, qui viennent compléter de manière essentielle la dimension strictement scolaire. La lutte contre l'alcool, le tabac et la drogue, la recherche d'un meilleur équilibre sportif et alimentaire, la prévention des conduites à risque sont autant de sujets dits de " société " sur lesquels il nous faut nous pencher ensemble. J'entends sur ces points prendre bientôt de nouvelles mesures, auxquelles je souhaite pleinement vous associer. Je sais que vos intentions précèdent et accompagnent souvent les miennes sur ces thèmes. Je ne doute pas du concours par lequel vous appuierez leur étude.
Parler de la qualité du service public éducatif, c'est enfin, mesdames et messieurs, évoquer la formation des maîtres - question d'autant plus urgente que les départs en retraite vont rendre nécessaire le recrutement de nombreux enseignants.
La réforme des IUFM que je propose, dans le cadre des articles 43 à 45 de la loi, a pour fonction de répondre à cette exigence de qualité.
Tout d'abord - et parce qu'il est temps de mettre un terme à l'improvisation - le contenu de la formation des enseignants sera fixé par un cahier des charges national, dont les principes seront définis par le ministre chargé de l'enseignement supérieur et de l'éducation nationale, après avis du Haut Conseil de l'Éducation. Un module sera notamment mis en place pour permettre aux enseignants de mieux comprendre, dès leur entrée en formation, l'importance institutionnelle du rôle des parents, et pour leur donner les outils qui leur permettront de construire la relation la plus efficace avec les parents au cours de leur carrière.
La deuxième mesure consiste à confier aux universités la responsabilité de mettre en oeuvre cette formation. C'est le cas, je le note, dans la plupart des pays européens. C'est pourquoi je propose que, dans un délai de trois ans à compter de la promulgation de la nouvelle loi, les IUFM prennent le statut d'écoles faisant partie d'une université.
Madame la Présidente,
Mesdames, Messieurs,
L'Europe est une chance et un défi pour notre pays et pour son école.
C'est pourquoi la loi reconnaît à l'enseignement des langues un caractère stratégique pour l'avenir de notre pays. Les comparaisons internationales placent en effet la France dans les derniers rangs du classement, lorsqu'il s'agit d'évaluer la maîtrise des langues étrangères. Cette situation n'est pas acceptable !
En conséquence, j'ai proposé un ensemble très ambitieux de mesures en faveur de l'enseignement des langues, qui sera recentré sur la compréhension et l'expression orales.
A l'école primaire, tous les enseignants devront avoir passé une épreuve de langues au concours de professeur des écoles. L'enseignement d'une langue étrangère commencera en CE1.
Au collège, la continuité sera assurée avec la langue apprise à l'école, et une seconde langue sera proposée dès la classe de 5e.
Le collège et le lycée enseigneront les langues en groupes organisés non plus par classe, mais par niveau ; niveau défini, et c'est une nouveauté importante, selon le cadre commun de référence du Conseil de l'Europe. Les groupes seront en outre progressivement dédoublés, pour que les élèves aient davantage l'occasion de s'exprimer.
Mesdames et messieurs,
Voilà l'esprit de cette loi qui changera progressivement mais profondément le visage de l'Éducation nationale.
Contrairement à ce qui est parfois dit, il y a peu de réformes de l'École, je parle de réformes d'ampleur. Ce ne sont que tous les quinze ans environ que la nation a rendez-vous avec son École Devant la multitude des intérêts en présence, face aux conservatismes et querelles disciplinaires, beaucoup d'observateurs jugeaient avec scepticisme et crainte notre volonté de réforme.
J'en conviens, ce rendez-vous n'a pas été simple. J'ai assumé avec fermeté ma mission, convaincu que les oppositions conjoncturelles ne formaient pas un contre-projet, si ce n'est celui du statu quo.
Je ne suis pas un homme de statu quo ! J'estime que mon pays doit être modernisé, je crois que le maintien de notre pacte social nous assigne des devoirs, j'ai l'intime conviction que nos concitoyens sont en quête de caps.
Dans cette longue histoire de l'École, j'ai l'honneur d'agir dans l'ombre de beaucoup de mes prédécesseurs dont certains furent illustres. Ils ont voulu et fait École de la République. Avec cette loi, je crois ne pas être infidèle à l'esprit universel et généreux qui était le leur.
Merci pour votre accueil. Merci de servir la plus vitale de nos institutions : École de la République !
Mesdames, Messieurs,
Éducation est l'affaire de la Nation toute entière, je veux dire par là que la sphère publique et la sphère privée ne sauraient poursuivre des objectifs dissemblables, ni promouvoir des valeurs contradictoires.
Depuis près de 80 ans, la PEEP fait entendre sa voix en tâchant de rester fidèle aux principes sur lesquels ses fondateurs se sont rassemblés : primauté de la famille ; laïcité ouverte ; indépendance ; participation.
Que la PEEP soit dépositaire de ces valeurs n'a rien d'un hasard C'est le fruit de convictions profondes ; mais aussi de l'impulsion donnée par ses présidents successifs dont deux d'entre eux - Josette Daniel et Christian Janet - ont été désignés parmi les récipiendaires de l'Ordre national du Mérite et de la Légion d'Honneur.
Ils ont souhaité que j'officie pour la circonstance. Traditionnellement, en pareille occasion, la cérémonie est restreinte : la famille proche et quelques amis Josette Daniel et Christian Janet m'ont fait savoir que " la famille proche et leurs amis ", c'était la PEEP ; c'était vous !
C'est donc ensemble que je vous propose de saluer leur accession dans les fleurons de nos distinctions républicaines.
Madame Josette Daniel
Vous êtes née à Loos, près de Lille, sur ces terres du Nord qui, peut-être plus que d'autres, donnent un sens à la générosité et au partage.
La famille - dites-vous - est la plus belle des aventures. Elle sera pour vous une source d'épanouissement personnel De votre foyer naîtront six enfants !
Cette intensité dans le don de soi, vous l'avez cultivée bien au-delà des frontières de votre foyer. Ainsi, dans votre vie professionnelle comme dans votre engagement associatif, vous avez toujours fait preuve d'un dévouement exceptionnel.
Infirmière diplômée État, vous ne concevez pas votre profession au travers de la seule dispense de soins. Avec disponibilité, conscience et humanisme, vous exercez votre métier au sein du centre de vie " Sésame autiste. " Avec cur, vous y accompagnez ceux qui n'ont pas le pouvoir de créer un lien avec autrui. Durant 10 ans, vous contribuerez à guider ces adultes sur le chemin du progrès personnel et des joies partagées.
Avec courage, vous accompagnerez aussi plusieurs convois humanitaires afin de venir en aide aux premières victimes de la catastrophe de Tchernobyl
Ce sens de l'engagement vous conduit, dès le début de la scolarité de votre fille aînée, à vous investir comme parent d'élèves.
Au sein de la PEEP, votre implication ne se démentira jamais au fil de vos responsabilités... Élue successivement au plan local, dans les différentes associations des établissements fréquentés par vos enfants, puis au plan départemental en tant que présidente de la fédération de Gironde, vous intégrez les instances nationales de la PEEP en 2000.
Au sein de celles-ci, vous démontrez vos talents d'animatrice et votre volontarisme. En 2003, vos pairs vous éliront présidente nationale.
Madame Josette Daniel,
L'Ordre national du Mérite honore l'engagement et le don de soi. Des qualités qui sont les vôtres au sein de la PEEP. Elles vous valent aujourd'hui d'accéder au grade de chevalier dans l'Ordre National du Mérite.
Monsieur Christian JANET
Au terme d'un cycle d'études supérieures brillant, vous décrochez votre diplôme d'ingénieur de l'école nationale supérieure des industries agricoles et agroalimentaires. Ingénieur de recherche à l'INRA, vous vous y forgez une solide réputation qui vous vaudra de siéger dans plusieurs organismes de recherche ainsi que de contribuer régulièrement, au sein de l'Institut d'études politiques de Grenoble, à la réflexion sur l'évolution les systèmes de production agroalimentaire.
Mais vous n'êtes pas un " expert " au sens étroit du mot. Pour vous le débat doit être ouvert et les enjeux connus de tous Vos nombreuses publications s'en ressentiront. Celles-ci font autorité et sont primées. Je pense, notamment, au prix que l'Académie vétérinaire de France vous a accordé suite à vos travaux dans le domaine de l'alimentation animale.
Vous n'hésitez pas à mettre quelque peu entre parenthèses cette carrière brillante pour vous investir au sein du mouvement des parents d'élèves de l'enseignement public
Vous vous forgez la conviction que c'est dès les plus jeunes années que se décide la réussite de l'ensemble du parcours scolaire. Vous marquez ainsi très tôt votre intérêt pour les questions relatives à l'apprentissage des fondamentaux, et notamment de la lecture.
Convaincu que sa maîtrise est la clef indispensable de toute construction personnelle, vous participez à nombre de réflexions sur ce thème Sans doute n'êtes-vous pas insensible au "socle", cette culture commune sans laquelle rien n'est véritablement possible
Des convictions. De la détermination dans l'action. Autant de qualités qui vous vaudront de gravir les différents échelons des instances locales et nationales de la PEEP, jusqu'à votre élection à sa présidence en 1998.
Convaincu de la nécessité de structurer les relations entre les parents et le monde éducatif au sein de chaque établissement, vous impulserez à la PEEP une démarche pragmatique et partenariale faisant de cette organisation un acteur respecté.
Fidèle aux statuts de la PEEP, vous céderez la présidence en 2003 Vous n'abandonnez pas pour autant votre action en faveur de l'éducation. Votre expérience, unanimement reconnue, vous vaudra d'être désignée comme membre de la Commission sur l'avenir de l'École
Votre exigence personnelle et intellectuelle n'est pas étrangère à la reconnaissance du rôle tenu par les parents tel qu'il est inscrit dans la loi d'orientation sur l'avenir de l'École
Christian Janet,
Je vous exprime toute notre gratitude et je veux vous dire le plaisir qui est le mien de vous élever au rang de chevalier dans l'Ordre de la Légion d'Honneur.
(Source http://www.education.gouv.fr, le 9 mai 2005)
Mesdames et Messieurs,
Parent d'élève n'est pas un métier, ce n'est pas un loisir, c'est un état auquel ceux qui se donnent se donnent sans réserve ; et je voulais vous dire tout l'honneur que j'éprouve à ouvrir ce congrès de la PEEP, le 86e d'une fédération qui, créée en 1926, s'enorgueillit à juste titre d'être la plus ancienne de notre pays. C'est le privilège de tels organismes que de se renouveler en vieillissant, et de croître en vigueur : forte de ses 300 000 adhérents, la PEEP occupe aujourd'hui une place de choix dans notre système éducatif. Présente aussi bien dans l'enseignement supérieur que dans l'enseignement professionnel, technologique, et agricole, elle possède du système une vision globale, fondée sur une expérience permanente du terrain.
Indépendante des modes et des courants, elle met au coeur de sa réflexion l'épanouissement et la réussite de l'élève; une réussite fondée sur la primauté éducative de la famille, car si les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants, vous rappelez avec force qu'ils jouent, au-delà de cette priorité chronologique, un rôle déterminant dans tout leur parcours scolaire. C'est d'ailleurs le thème de votre congrès : le parent d'élève, acteur engagé dans l'école.
Ce thème a valeur de projet. Il traduit aussi la relation toute naturelle que les parents doivent entretenir avec une école où leur investissement est essentiel. Que serait une école sans parents engagés - eux qui sont les dépositaires naturels de l'autorité ; qui transmettent le coeur des valeurs morales et culturelles ; qui forment entre les générations l'indispensable lien de l'expérience et de la formation de soi ? Ce congrès est pour moi l'occasion de leur rendre hommage. C'est avec eux, c'est avec vous que je travaille.
Parce que vous êtes parents, vous savez ce que sont les droits et les devoirs des élèves. Vous savez combien l'assiduité, l'observation des règles et des valeurs communes, le respect dû à la personne de l'enseignant sont essentiels.
Parce que vous êtes parents, vous savez combien il importe que l'école reste ouverte et égale pour tous, en un mot, qu'elle reste républicaine.
Parce que vous êtes parents, vous connaissez la valeur du savoir qu'elle transmet.
Parce que vous êtes parents, vous savez le prix de l'engagement et les efforts qu'exige l'élévation culturelle et de formation de notre jeunesse. Vous avez voulu apporter à la réflexion sur l'École votre acuité de vues et votre esprit d'initiative. Parce que cette passion de l'école vous anime, vous avez voulu qu'elle soit la meilleure pour vos enfants. Je partage cette volonté, et je veux le redire, elle inspire toute mon action.
Cette volonté est à la source de la loi pour l'avenir de l'École, qui est devenue le 24 avril dernier la loi de la République. Sur ce dossier si sensible de l'École, autour duquel se disputent 60 millions d'avis, la promulgation de cette loi est le fruit d'une détermination sans faille fondée sur trois convictions :
o la première, est que notre système éducatif doit impérativement évoluer car ses signes d'essoufflement sont désormais caractérisés.
o la seconde, est que la culture de l'innovation, de la remise en cause, doit imprégner de façon plus continue ce grand service public qu'est l'Éducation Nationale. Derrière bon nombre des critiques qui furent adressées à l'endroit du projet gouvernemental, j'ai senti que le problème ne se situait pas véritablement dans les détails de ce texte, mais plus fondamentalement contre l'esprit même du changement qu'il impulsait. En refusant de céder, j'ai voulu donner une chance à un principe qui dépasse ma personne et qui doit à l'avenir dominer le système éducatif : celui du mouvement
o la troisième conviction, est que l'autorité de l'État ne saurait s'effacer aux premières critiques et résistances sous peine de voir sa légitimité définitivement contestée. Comme d'autres grands sujets de société, l'École appartient à la Nation et non à un cercle d'initiés. Il est temps de replacer la responsabilité du politique au coeur du fonctionnement de la République.
C'est un fait, le cheminement de ce projet de loi n'a pas été sans difficultés ; celles-ci révélant, tout à la fois, les crispations et attentes contradictoires qui traversent la communauté éducative.
La première de ces difficultés touche à l'exercice de la démocratie et au respect des règles de notre République. Le processus d'élaboration de la loi doit donner toute leur place à la concertation et au dialogue. La discussion de la loi au Parlement, ensuite, doit permettre à la représentation nationale de modifier et d'enrichir le projet du gouvernement. Chaque citoyen se voit également garantir le droit d'exprimer son opinion, en temps et en heure, et de faire connaître un éventuel désaccord. Sur notre projet de loi, la PEEP - nous en avons longuement débattu avec vos instances dirigeantes ! - émettait certaines réserves. Nous en avons parlé avec franchise, trouvant ici des points d'accords, recensant par ailleurs des points de désaccords ; cette approche libre et constructive renforçant la qualité de nos relations. C'est le fonctionnement naturel d'une démocratie responsable au sein de laquelle, chacun dans son rôle respectif, prend ses responsabilités !
En revanche, il n'est pas acceptable qu'une minorité d'irréductibles, employant des méthodes condamnables et que vous avez d'ailleurs condamnées au nom de la continuité du service public, continue d'exiger le retrait d'une loi qui a été adoptée par le Parlement, qui vient d'être promulguée, et qui dorénavant s'impose à tous. La loi pour l'avenir de l'école a désormais la force de la chose votée. Elle sera appliquée. Ma résolution, sur ce point, est et sera entière.
Une seconde difficulté, plus technique, tient à la décision récente du Conseil constitutionnel. Elle ne remet pas en question la valeur donnée aux orientations contenues par la loi, mais la forme qui fut retenue. Il ne m'appartient pas de commenter cette décision. Je suivrai en revanche son invitation à recourir à la voie réglementaire, pour donner force aux mesures adoptées par le Parlement. Soyez là aussi assurés de ma détermination à entreprendre immédiatement la mise en oeuvre de cette loi, dont les premières dispositions entreront en vigueur dès la rentrée prochaine.
Au moment d'engager le travail qui va conduire à cette application, deux sentiments doivent, je le crois, prévaloir dans nos esprits.
La confiance, d'abord, parce que des réussites incontestables ont transformé notre système éducatif depuis trente ans : la quasi-totalité des enfants est désormais scolarisée dès les premières années de l'école maternelle ; le collège a fortement contribué à promouvoir l'égalité des chances, au-delà des barrières sociales ; le lycée conduit enfin plus des deux tiers d'une classe d'âge au niveau des baccalauréats. Notre école - digne en cela des espoirs qui lui sont attachés - a bel et bien montré ses remarquables capacités d'adaptation. Elle a très largement contribué au développement économique et scientifique de la France ; autant de réussites que la nouvelle loi permettra de conforter.
La lucidité, ensuite. A l'évidence, notre système éducatif a atteint depuis quelques années un palier, qui ne permet plus à notre pays de progresser autant qu'il le devrait. Les performances de l'école française restent moyennes par rapport à celles de pays comparables ; sa contribution à la lutte contre les inégalités sociales s'est ralentie et amoindrie ; sa capacité de garantir un niveau de formation qui réponde aux besoins de la société et de l'économie dans les prochaines décennies n'est plus assurée.
Bref, après avoir permis une formidable progression du niveau général de l'instruction, l'école peine à atteindre les objectifs qui lui ont été assignés : 80 000 élèves entrent aujourd'hui en 6e sans savoir réellement lire, écrire et compter ; la proportion des bacheliers ne progresse plus, celle des bacheliers de l'enseignement général diminue ; et le nombre des élèves quittant le système scolaire sans diplôme ni qualification reconnue reste, avec 150 000 jeunes, à un niveau inacceptable. Face à ces faits, j'estime que le statu quo équivaut à un renoncement. La nouvelle loi permettra d'engager le redressement nécessaire.
Pour atteindre cet objectif, elle prévoit des mesures concrètes, qui s'organisent autour de deux grands axes : École doit assurer la réussite de tous les élèves ; État, lui, doit renforcer la qualité du service public de l'éducation.
La réussite de tous les élèves suppose à mon sens de progresser dans quatre directions coordonnées.
La loi - vous le savez - prévoit tout d'abord, en son article 9, la définition d'un socle de connaissances et de compétences indispensables qui doivent être acquises à la fin de la scolarité obligatoire. Ce socle s'articule autour d'un objectif ambitieux : assurer la qualité des savoirs fondamentaux assimilés par tous.
Ce socle, dont le Haut conseil de l'éducation sera saisi, comprendra :
o la maîtrise de la langue française ;
o la maîtrise des principaux éléments de mathématiques ;
o une culture humaniste et scientifique permettant le libre exercice de la citoyenneté ;
o la pratique d'au moins une langue vivante étrangère ;
o la maîtrise des techniques usuelles de l'information et de la communication.
Le socle, c'est le coeur de ma réforme pour la scolarité obligatoire. A tort, il a été critiqué par certains au nom d'arguments abstraits, parfois même élitistes ; des arguments qui ne résistent pas à l'analyse des faits et des objectifs assignés à notre système éducatif. J'affirme que ce socle est le levier, aujourd'hui manquant, de l'équité et de la qualité ! Équité devant les savoirs essentiels qui doivent être impérativement transmis à tous ; qualité des savoirs effectivement acquis par tous.
Ce socle, autour duquel s'orchestrera une partie de la scolarité obligatoire et de son évaluation, va de pair avec un nouvel outil, longtemps évoqué par votre organisation : le programme personnalisé de réussite éducative, défini par l'article 16 de la loi. Pour ne laisser personne s'enferrer dans l'échec, il faut une stratégie plus réactive et mieux individualisée.
Dans cet esprit, État s'engage à mettre en place, à tout moment de la scolarité, pour tout élève ayant des difficultés à maîtriser les connaissances du socle, un dispositif de soutien personnalisé, sur trois heures par semaine. Ce programme, qui sera signé entre l'école ou le collège et la famille, permettra à l'élève de retrouver le chemin de la réussite et de la confiance, grâce à une pédagogie adaptée.
C'est dans le cadre de cette dynamique pour la réussite de chacun que je propose également un effort exceptionnel au profit des élèves boursiers, ayant manifesté par leur travail une volonté particulière de progresser et de réussir. Les bourses au mérite du second degré, qui complètent les bourses sur critères sociaux, permettront à ces élèves de poursuivre leurs études dans les voies générale, technologique et professionnelle des lycées, en jouissant de conditions plus favorables.
Quant aux bacheliers boursiers ayant obtenu une mention " bien " ou " très bien ", ils pourront par la suite bénéficier d'une bourse au mérite dans l'enseignement supérieur.
Socle, programmes personnalisés de réussite scolaire, bourses, ces outils qui contribuent à la réussite individuelle de l'élève, doivent s'inscrire dans une nouvelle façon d'organiser l'orientation - qui sera notre quatrième direction de progrès.
Je sais que le sujet vous tient à coeur, puisque vous considérez l'orientation comme une des clefs de la réussite scolaire, et vous insistez pour que le projet individuel soit construit sur des bases solides, comportant une connaissance concrète des métiers et des filières. Nos préoccupations se rejoignent en cela.
Je veux en effet que l'orientation offre à tous les élèves la possibilité d'aller au plus loin de leurs capacités et de leurs désirs. Notre système éducatif est fondé sur l'égalité ; il ne doit pas être aveugle aux individualités, aux singularités et aux aspirations personnelles.
Au collège, le projet d'établissement indiquera donc les actions prévues pour que les élèves préparent, dans les meilleures conditions, avec les parents, les professeurs et les conseillers d'orientation, la poursuite de leurs études et leur avenir professionnel.
Conçue dans cette perspective, l'option de découverte professionnelle - qui est une sorte de " révolution " dans notre système éducatif - sera une porte ouverte vers l'extérieur et vers le monde du travail. Dotée d'un horaire de trois heures en classe de troisième, cette option permettra aux élèves d'élaborer un projet personnel, à travers la présentation des différents métiers, des débouchés qu'ils offrent et des voies de formation qui y conduisent.
Aux élèves qui veulent véritablement connaître la pratique des métiers, une option complémentaire de découverte professionnelle, dotée d'un horaire de six heures, sera également offerte; elle pourra s'articuler avec le dispositif d'alternance proposé en classe de quatrième.
L a décision d'orientation prise à l'issue de la classe de troisième tiendra ainsi compte du projet de l'élève, de ses aptitudes, des différentes offres de formation existantes, ainsi que " des perspectives professionnelles liées aux besoins prévisibles de la société, de l'économie et de l'aménagement du territoire ".
D'autres thèmes vous sont chers. Approfondissons-les au cours de la concertation qui va s'engager sur les décrets à venir. Je compte sur nos échanges pour consolider le dispositif dont la loi aujourd'hui jette les bases.
Mesdames, Messieurs,
Pour assurer la réussite de tous les élèves, il faut aussi améliorer la qualité de notre service public d'éducation.
J'en ai la conviction intime : la mission du service public de l'éducation nationale va de pair avec la promotion des valeurs de la République et, à travers elles, avec la réaffirmation d'une dimension morale et civique de l'éducation.
Pour certains, ces termes sont désuets. Je n'en crois rien ! Où seraient-ils plus actuels que dans notre société, souvent matérialiste, souvent individualiste, secouée par la violence, hantée par les résurgences de l'antisémitisme et du racisme ? C'est dans cette société que je veux faire de l'école le fer de lance de la République.
Le deuxième article de la loi affirme clairement ce cap : " Outre la transmission des connaissances, la Nation fixe comme mission première à École de faire partager aux élèves les valeurs de la République. "
Reste à faire que cette déclaration de principe s'enracine dans les faits. C'est pourquoi je souhaite que les règlements intérieurs, l'organisation même des écoles et des établissements du second degré, en deviennent les traductions quotidiennes. Tolérance, respect de l'Autre, égalité des hommes et des femmes, responsabilité dans les comportements : autant de principes qui doivent être pratiqués, en plus d'être proclamés ; et pratiqués au premier chef par ceux qui, parents ou enseignants, jouent dans ce dispositif un rôle exemplaire.
La liste de ces valeurs est longue. Faut-il en exclure la solidarité à laquelle le gouvernement nous appelle, par un jour de travail partagé, et à laquelle certains, jusque dans le système éducatif, veulent se soustraire, quand il faudrait en faire la manifestation collective d'un élan véritable et généreux ?
Ces valeurs, cet engagement je sais que vous les partagez déjà. C'est l'une des préoccupations constantes de votre mouvement, qui a fait connaître son attachement au principe de laïcité par un soutien plein et entier à la loi du 1er mars 2004, encadrant le port de signes religieux ostensibles à l'école publique. Je sais que vous poursuivrez ce combat pour les valeurs avec une même détermination.
École instruit, mais elle éduque également les comportements ! Dans cet esprit, j'ai demandé que le brevet des collèges comporte - outre les trois épreuves écrites et le contrôle continu - une note de vie scolaire, prenant en compte l'assiduité en classe, le respect du règlement intérieur, ainsi que l'engagement réel de l'élève dans la vie de l'établissement.
Quant aux élèves perturbant gravement le déroulement des classes, et qui sont bien souvent en situation de décrochage scolaire, ils devront être pris en charge par des dispositifs relais. A l'école moins qu'ailleurs, la violence ne peut être tolérée. Le développement de structures d'encadrement renforcé me paraît être l'outil le plus adapté pour la contenir. Nous voulons garantir à nos enfants la sérénité sans laquelle aucun apprentissage n'est possible. J'ai bon espoir qu'un traitement plus différencié des cas - dût-il aller jusqu'à l'écartement de certains - nous la rendra.
Mais l'attachement aux valeurs républicaines, c'est aussi pour École la volonté d'offrir aux élèves en situation de handicap une meilleure scolarisation, assurée en priorité par l'école ou l'établissement scolaire le plus proche de leur domicile.
Le respect des valeurs de la République, c'est encore pour École sa mission de prévention et de surveillance médicale, ainsi que son oeuvre d'éducation à la santé. Parce que ces missions demandent disponibilité et compétence, j'ai annoncé la présence d'une infirmière ou d'un infirmier dans chaque établissement du second degré.
La qualité du service public de l'éducation repose également sur le bon fonctionnement des écoles et des établissements, appelés à utiliser pleinement leurs marges d'initiative et de responsabilité.
Vous le savez, la loi organique relative aux lois de finances donnera aux établissements publics locaux d'enseignement une responsabilité budgétaire plus grande, en fonction d'objectifs pédagogiques clairement déterminés dans le cadre d'un contrat entre l'académie et les établissements.
A côté du conseil d'administration, un conseil pédagogique sera institué. C'est une nouveauté importante et structurante pour élaborer des stratégies collectives au niveau des établissements. Ce conseil veillera à la cohérence pédagogique des enseignements à chaque niveau, et à la progression continue des élèves dans chacune des disciplines.
Ainsi que le précise l'article 34 de la loi, le projet d'établissement sera élaboré par tous les membres de la communauté éducative, sous l'impulsion du chef d'établissement. Il définit les modalités particulières de mise en oeuvre des objectifs et des programmes nationaux et académiques ; il précise les activités scolaires ou périscolaires ; il définit notamment la politique de l'établissement en matière d'accueil et d'information des parents, d'orientation, de politique documentaire, de suivi individualisé des élèves, d'ouverture sur son environnement économique, culturel et social, d'ouverture européenne et internationale, d'éducation à la santé et à la citoyenneté.
La commission permanente de l'établissement, dont la composition sera allégée, pourra bénéficier d'une délégation de pouvoirs du conseil d'administration.
Enfin, conformément à l'article 47 de la loi, les professeurs des lycées et collèges participeront à la continuité pédagogique indispensable aux élèves, en concourant, dans leur établissement, au remplacement de courte durée de leurs collègues absents. Face à ces absences impromptues, je comprends l'exaspération de beaucoup de familles. Dans le service public de l'éducation, j'estime normal que nos enfants soient toujours en présence d'un professeur. Il ne s'agit nullement pour ces derniers de " réquisition ", mais d'engagement professionnel partagé. Cette démarche s'inscrira dans la politique pédagogique de l'établissement.
Au coeur du bon fonctionnement de l'École, il y a naturellement les parents.
Il n'est pas, Mesdames, Messieurs, d'étape de cette réforme où les parents d'élèves n'aient un rôle précieux à jouer.
En matière d'éducation, chacun sait à quel point il est important de conjuguer l'action de l'école et celle de la famille, dont les rôles sont complémentaires et solidaires. C'est pourquoi le principe de la loi de 1989, faisant des parents des membres à part entière de la communauté éducative, est réaffirmé avec force dans l'article 3 de la loi. Quant au rôle des fédérations représentatives de parents dans l'expression des familles, il sera reconnu sans ambiguïté dans les décrets d'application.
Parmi les mesures prises, je citerai en particulier l'article 34, qui prévoit la participation des parents, en tant que représentants de la communauté éducative à l'élaboration des projets d'établissement, l'article 23, qui souligne le rôle des parents dans la construction progressive du projet d'orientation des élèves, et l'article 16, précisant que les parents seront associés à la mise en place des programmes personnalisés de réussite éducative.
Quant à l'article 17, s'il indique que " le conseil des maîtres dans le premier degré ou le conseil de classe dans le second degré se prononce sur les conditions dans lesquelles se poursuit la scolarité de l'élève ", il précise également que cela ne pourra se faire qu' " à l'issue d'un dialogue et après avoir recueilli l'avis des parents " ; parents qui auront toujours la possibilité de recourir à une commission d'appel, en cas de désaccord persistant avec le conseil des maîtres ou le conseil de classe.
Comme on peut le constater, ceux qui ont prétendu que la loi pour l'avenir de l'École ne faisait pas de place aux parents se sont trompés, ou ont voulu tromper.
Dans le cadre de cette participation renforcée des parents, je suis convaincu de trouver en vous des interlocuteurs décidés à avancer sur la même voie, pour la réussite des élèves, dans tous les secteurs de leur vie - à l'école mais aussi en dehors. Enfants, puis adolescents, ils ont besoin pour réussir à l'école de se sentir bien dans leurs établissements, d'y trouver la confiance et la sécurité. Ce sont les gages précieux de leur réussite. L'équilibre familial et la santé en sont d'autres, qui viennent compléter de manière essentielle la dimension strictement scolaire. La lutte contre l'alcool, le tabac et la drogue, la recherche d'un meilleur équilibre sportif et alimentaire, la prévention des conduites à risque sont autant de sujets dits de " société " sur lesquels il nous faut nous pencher ensemble. J'entends sur ces points prendre bientôt de nouvelles mesures, auxquelles je souhaite pleinement vous associer. Je sais que vos intentions précèdent et accompagnent souvent les miennes sur ces thèmes. Je ne doute pas du concours par lequel vous appuierez leur étude.
Parler de la qualité du service public éducatif, c'est enfin, mesdames et messieurs, évoquer la formation des maîtres - question d'autant plus urgente que les départs en retraite vont rendre nécessaire le recrutement de nombreux enseignants.
La réforme des IUFM que je propose, dans le cadre des articles 43 à 45 de la loi, a pour fonction de répondre à cette exigence de qualité.
Tout d'abord - et parce qu'il est temps de mettre un terme à l'improvisation - le contenu de la formation des enseignants sera fixé par un cahier des charges national, dont les principes seront définis par le ministre chargé de l'enseignement supérieur et de l'éducation nationale, après avis du Haut Conseil de l'Éducation. Un module sera notamment mis en place pour permettre aux enseignants de mieux comprendre, dès leur entrée en formation, l'importance institutionnelle du rôle des parents, et pour leur donner les outils qui leur permettront de construire la relation la plus efficace avec les parents au cours de leur carrière.
La deuxième mesure consiste à confier aux universités la responsabilité de mettre en oeuvre cette formation. C'est le cas, je le note, dans la plupart des pays européens. C'est pourquoi je propose que, dans un délai de trois ans à compter de la promulgation de la nouvelle loi, les IUFM prennent le statut d'écoles faisant partie d'une université.
Madame la Présidente,
Mesdames, Messieurs,
L'Europe est une chance et un défi pour notre pays et pour son école.
C'est pourquoi la loi reconnaît à l'enseignement des langues un caractère stratégique pour l'avenir de notre pays. Les comparaisons internationales placent en effet la France dans les derniers rangs du classement, lorsqu'il s'agit d'évaluer la maîtrise des langues étrangères. Cette situation n'est pas acceptable !
En conséquence, j'ai proposé un ensemble très ambitieux de mesures en faveur de l'enseignement des langues, qui sera recentré sur la compréhension et l'expression orales.
A l'école primaire, tous les enseignants devront avoir passé une épreuve de langues au concours de professeur des écoles. L'enseignement d'une langue étrangère commencera en CE1.
Au collège, la continuité sera assurée avec la langue apprise à l'école, et une seconde langue sera proposée dès la classe de 5e.
Le collège et le lycée enseigneront les langues en groupes organisés non plus par classe, mais par niveau ; niveau défini, et c'est une nouveauté importante, selon le cadre commun de référence du Conseil de l'Europe. Les groupes seront en outre progressivement dédoublés, pour que les élèves aient davantage l'occasion de s'exprimer.
Mesdames et messieurs,
Voilà l'esprit de cette loi qui changera progressivement mais profondément le visage de l'Éducation nationale.
Contrairement à ce qui est parfois dit, il y a peu de réformes de l'École, je parle de réformes d'ampleur. Ce ne sont que tous les quinze ans environ que la nation a rendez-vous avec son École Devant la multitude des intérêts en présence, face aux conservatismes et querelles disciplinaires, beaucoup d'observateurs jugeaient avec scepticisme et crainte notre volonté de réforme.
J'en conviens, ce rendez-vous n'a pas été simple. J'ai assumé avec fermeté ma mission, convaincu que les oppositions conjoncturelles ne formaient pas un contre-projet, si ce n'est celui du statu quo.
Je ne suis pas un homme de statu quo ! J'estime que mon pays doit être modernisé, je crois que le maintien de notre pacte social nous assigne des devoirs, j'ai l'intime conviction que nos concitoyens sont en quête de caps.
Dans cette longue histoire de l'École, j'ai l'honneur d'agir dans l'ombre de beaucoup de mes prédécesseurs dont certains furent illustres. Ils ont voulu et fait École de la République. Avec cette loi, je crois ne pas être infidèle à l'esprit universel et généreux qui était le leur.
Merci pour votre accueil. Merci de servir la plus vitale de nos institutions : École de la République !
Mesdames, Messieurs,
Éducation est l'affaire de la Nation toute entière, je veux dire par là que la sphère publique et la sphère privée ne sauraient poursuivre des objectifs dissemblables, ni promouvoir des valeurs contradictoires.
Depuis près de 80 ans, la PEEP fait entendre sa voix en tâchant de rester fidèle aux principes sur lesquels ses fondateurs se sont rassemblés : primauté de la famille ; laïcité ouverte ; indépendance ; participation.
Que la PEEP soit dépositaire de ces valeurs n'a rien d'un hasard C'est le fruit de convictions profondes ; mais aussi de l'impulsion donnée par ses présidents successifs dont deux d'entre eux - Josette Daniel et Christian Janet - ont été désignés parmi les récipiendaires de l'Ordre national du Mérite et de la Légion d'Honneur.
Ils ont souhaité que j'officie pour la circonstance. Traditionnellement, en pareille occasion, la cérémonie est restreinte : la famille proche et quelques amis Josette Daniel et Christian Janet m'ont fait savoir que " la famille proche et leurs amis ", c'était la PEEP ; c'était vous !
C'est donc ensemble que je vous propose de saluer leur accession dans les fleurons de nos distinctions républicaines.
Madame Josette Daniel
Vous êtes née à Loos, près de Lille, sur ces terres du Nord qui, peut-être plus que d'autres, donnent un sens à la générosité et au partage.
La famille - dites-vous - est la plus belle des aventures. Elle sera pour vous une source d'épanouissement personnel De votre foyer naîtront six enfants !
Cette intensité dans le don de soi, vous l'avez cultivée bien au-delà des frontières de votre foyer. Ainsi, dans votre vie professionnelle comme dans votre engagement associatif, vous avez toujours fait preuve d'un dévouement exceptionnel.
Infirmière diplômée État, vous ne concevez pas votre profession au travers de la seule dispense de soins. Avec disponibilité, conscience et humanisme, vous exercez votre métier au sein du centre de vie " Sésame autiste. " Avec cur, vous y accompagnez ceux qui n'ont pas le pouvoir de créer un lien avec autrui. Durant 10 ans, vous contribuerez à guider ces adultes sur le chemin du progrès personnel et des joies partagées.
Avec courage, vous accompagnerez aussi plusieurs convois humanitaires afin de venir en aide aux premières victimes de la catastrophe de Tchernobyl
Ce sens de l'engagement vous conduit, dès le début de la scolarité de votre fille aînée, à vous investir comme parent d'élèves.
Au sein de la PEEP, votre implication ne se démentira jamais au fil de vos responsabilités... Élue successivement au plan local, dans les différentes associations des établissements fréquentés par vos enfants, puis au plan départemental en tant que présidente de la fédération de Gironde, vous intégrez les instances nationales de la PEEP en 2000.
Au sein de celles-ci, vous démontrez vos talents d'animatrice et votre volontarisme. En 2003, vos pairs vous éliront présidente nationale.
Madame Josette Daniel,
L'Ordre national du Mérite honore l'engagement et le don de soi. Des qualités qui sont les vôtres au sein de la PEEP. Elles vous valent aujourd'hui d'accéder au grade de chevalier dans l'Ordre National du Mérite.
Monsieur Christian JANET
Au terme d'un cycle d'études supérieures brillant, vous décrochez votre diplôme d'ingénieur de l'école nationale supérieure des industries agricoles et agroalimentaires. Ingénieur de recherche à l'INRA, vous vous y forgez une solide réputation qui vous vaudra de siéger dans plusieurs organismes de recherche ainsi que de contribuer régulièrement, au sein de l'Institut d'études politiques de Grenoble, à la réflexion sur l'évolution les systèmes de production agroalimentaire.
Mais vous n'êtes pas un " expert " au sens étroit du mot. Pour vous le débat doit être ouvert et les enjeux connus de tous Vos nombreuses publications s'en ressentiront. Celles-ci font autorité et sont primées. Je pense, notamment, au prix que l'Académie vétérinaire de France vous a accordé suite à vos travaux dans le domaine de l'alimentation animale.
Vous n'hésitez pas à mettre quelque peu entre parenthèses cette carrière brillante pour vous investir au sein du mouvement des parents d'élèves de l'enseignement public
Vous vous forgez la conviction que c'est dès les plus jeunes années que se décide la réussite de l'ensemble du parcours scolaire. Vous marquez ainsi très tôt votre intérêt pour les questions relatives à l'apprentissage des fondamentaux, et notamment de la lecture.
Convaincu que sa maîtrise est la clef indispensable de toute construction personnelle, vous participez à nombre de réflexions sur ce thème Sans doute n'êtes-vous pas insensible au "socle", cette culture commune sans laquelle rien n'est véritablement possible
Des convictions. De la détermination dans l'action. Autant de qualités qui vous vaudront de gravir les différents échelons des instances locales et nationales de la PEEP, jusqu'à votre élection à sa présidence en 1998.
Convaincu de la nécessité de structurer les relations entre les parents et le monde éducatif au sein de chaque établissement, vous impulserez à la PEEP une démarche pragmatique et partenariale faisant de cette organisation un acteur respecté.
Fidèle aux statuts de la PEEP, vous céderez la présidence en 2003 Vous n'abandonnez pas pour autant votre action en faveur de l'éducation. Votre expérience, unanimement reconnue, vous vaudra d'être désignée comme membre de la Commission sur l'avenir de l'École
Votre exigence personnelle et intellectuelle n'est pas étrangère à la reconnaissance du rôle tenu par les parents tel qu'il est inscrit dans la loi d'orientation sur l'avenir de l'École
Christian Janet,
Je vous exprime toute notre gratitude et je veux vous dire le plaisir qui est le mien de vous élever au rang de chevalier dans l'Ordre de la Légion d'Honneur.
(Source http://www.education.gouv.fr, le 9 mai 2005)