Texte intégral
Xavier Bertrand : Bonjour. Je suis ici pour parler de votre réforme, car c'est une réforme qui s'applique pour tous les Français. Cette réforme est en marche, et je pense qu'on va parler du médecin traitant. En moins d'un mois, plus de 1 300 000 Français ont déjà choisi leur médecin traitant. Le médecin traitant, c'est le médecin de famille qui se voit officialisé, reconnu, et c'est celui qui peut le mieux vous conseiller sur les questions de santé.
Ankha : Bonjour, je viens de déménager et si j'ai bien compris la réforme, la prochaine fois que je vais voir un médecin, je serai obligée de le choisir si je veux être remboursée ? Et si je me rends compte qu'il ne me convient pas, je fais comment ?
Xavier Bertrand : Si le médecin traitant ne convient pas, on peut en changer sans problème. L'idée du médecin traitant, c'est qu'il y a la liberté. On choisit un généraliste ou un spécialiste, un médecin hospitalier ou libéral. Et si ne lui fait plus confiance, on change sans aucun problème. Maintenant, on s'aperçoit que 95 % des médecins traitants sont des généralistes.
Girolles : Bonjour, que va-t-il se passer pour les personnes handicapées qui, de par leur état, consultent le médecin plus souvent ? Merci.
Xavier Bertrand : Par rapport au médecin traitant, il n'y a pas de difficulté. Si par exemple on est en Affection de Longue Durée (ALD), pris en charge à 100 %, vous continuerez à aller voir votre spécialiste sans passer par le médecin traitant. Il ne s'agit pas de multiplier les visites ! Mais cela n'empêche pas de prendre en plus un médecin traitant généraliste.
Benduc : Pourquoi avez-vous décidé de réformer l'assurance maladie ?
Xavier Bertrand : Tout simplement pour sauver l'assurance maladie. Nous tenons tous à notre Sécurité sociale à la française, mais si nous ne faisions pas de réforme, la Sécu disparaissait. Le trou de la Sécurité sociale était devenu un gouffre : 13 milliards d'euros de déficit pour 2004. Nous avons décidé à la fois de mieux organiser le système et de responsabiliser tous les Français. Médecins, patients, industrie pharmaceutique...
Lionel : Quand vous intéresserez-vous à la collusion entre l'industrie pharmaceutique et ses pseudos visiteurs médicaux qui sont en réalité des vendeurs, ce qui est interdit par la loi et les médecins, qui sont à la "botte" des visiteurs et qui eux prescrivent pour augmenter les chiffres de industrie ? Ce ne sont pas les patients qui prescrivent mais les médecins. Vérifiez les potentiels de prescriptions des médecins et vous aurez les vrais responsables et non pas le petit vieux ou le malade lambda. Je doute que vous vous attaquiez réellement à ce problème.
Xavier Bertrand : Il est bien sévère. La réalité des choses, ce n'est pas ça. L'industrie pharmaceutique nous permet aujourd'hui de bénéficier des médicaments les plus efficaces et les plus innovants. Maintenant, nous avons décidé de demander des efforts à l'industrie pharmaceutique. Nous avons un plan médicaments, car nous pouvons mieux dépenser en la matière. Plus de 2 milliards d'euros sont attendus en 2007 d'économies, et une charte de la visite médicale est mise en place.
Micmeyl : Bonjour, si notre médecin traitant est un spécialiste, doit-on avoir une ordonnance pour aller le voir ?
Xavier Bertrand : Si le médecin traitant que choisit Micmey est un spécialiste, il ira le voir à chaque fois sans difficulté, sans avoir besoin d'une lettre. Mais s'il doit aller voir un autre spécialiste, pour une autre affection, son médecin traitant spécialiste devra faire une lettre à cet autre spécialiste pour l'informer d cas de Micmey.
Ankha : Le fait de devoir consulter le médecin traitant avant un spécialiste ne risque-t-il pas de revenir plus cher ?
Xavier Bertrand : Non, certainement pas. Je vais vous donner un exemple. Si j'ai une douleur dans la poitrine, si je me débrouille seul, j'ai trois possibilités : je peux aller voir soit un cardiologue, soit un rhumatologue, soit un pneumologue, et j'aurai des examens médicaux faits trois fois. Alors que si je vais voir mon généraliste, je serai pris en charge plus rapidement et il saura tout de suite qui je dois aller voir. J'ai gagné du temps, de l'argent, et j'ai fait faire des économies à la Sécu. Cette question, on l'entend souvent. L'idée du médecin traitant, c'est de prendre en charge mieux et plus rapidement. En France, 15 % des actes médicaux et des visites sont faits en double. Cela ne sert à rien. C'est un milliard et demi d'euros par an !
Jacky : Je passe 6 mois à mon domicile principal et 6 mois dans ma résidence secondaire, je fais comment ?
Xavier Bertrand : Jacky choisit son médecin traitant là où c'est le plus facile pour lui. Et quand il est à l'autre endroit, s'il est malade, il ira consulter quelqu'un sur place et sera pris en charge de la même façon. Pour les personnes qui voyagent souvent, à chaque fois, on choisit le médecin traitant là où on a le médecin auquel on fait le plus confiance. On choisit à chaque fois la solution la plus logique.
Bruno : Pouvez-vous m'expliquer simplement ce qu'est le Tarif de Responsabilité de la sécurité sociale (mes remboursements de mutuelle sont calculés sur quelles données chiffrées, par exemple pour une consultation spécialiste déconventionné) ?
Xavier Bertrand : Le tarif de responsabilité, c'est le tarif opposable, remboursable. Chez un généraliste, la consultation est à 20 euros en secteur 1, et vous êtes remboursé sur la base de 70 % soit 14 euros. Maintenant, il y aura 1 euro sur ces 14 pour lequel vous ne serez plus remboursé. Chez un médecin, en secteur 1, le tarif est de 23 ou 25 euros. Il va passer à 27 euros, qui seront remboursables à hauteur de 70 %. Pour ceux qui sont en secteur 2, qui fixent librement leurs honoraires, on sera remboursé sur la base de 25 euros. C'est un peu compliqué car il y a des tarifs très différents en France.
Jmmarty : Quand vous intéresserez-vous à la gestion des caisses primaires, régionales, pourquoi laisser cette gestion aux syndicats ?
Xavier Bertrand : Les caisses primaires d'assurance maladie sont gérées avec le souci de l'efficacité. Je vais répondre en deux temps. Je voudrais lui demander quel est le coût de gestion de l'assurance maladie par les caisses locales d'assurance maladie. Je le laisse me répondre, on y reviendra après.
Cazalet : Quels sont les enjeux de la réforme pour les acteurs du régime complémentaire ?
Xavier Bertrand : C'est d'être responsable aussi, et de responsabiliser tout le monde. C'est la première fois que, dans une réforme, on n'a pas repassé le bébé du régime obligatoire au régime complémentaire. Je voudrais qu'on fasse preuve de responsabilité concernant les évolutions des tarifs des complémentaires. Si les caisses complémentaires veulent augmenter leurs tarifs, elles en ont le droit, mais il faudra qu'elles se justifient auprès de leurs clients. L'enjeu n'est pas de couvrir plus, mais mieux.
Pour revenir à la question de Jnmarty, il faut que les partenaires sociaux soient associés. Je suis contre la privatisation. Et puis il y a des systèmes qui sont étatisés, mais ce n'est pas non plus le bon système. Le système à la française est original, à la fois libéral, car on choisit son médecin, et solidaire, car je cotise selon les moyens dont je dispose, et je suis soigné selon mes besoins. Au niveau national, les syndicats sont acteurs du système de santé, il est normal qu'ils s'impliquent. Aujourd'hui, le coût de gestion de l'assurance maladie, c'est 4 % seulement des sommes dépensées pour l'assurance maladie.
Babichon : Comment cela se passera t-il si vous tombez malade et que vous n'êtes pas dans la région où se trouve votre médecin traitant ? Est-ce une exception prévue par la réforme ?
Xavier Bertrand : C'est prévu, bien sûr. Babichon ira voir un autre médecin sur place, et le médecin cochera sur la nouvelle feuille de soins que c'est un cas d'urgence, et il sera remboursé exactement comme avant.
Questions mail : Annie : Comment faire des économies alors qu'il faudra payer une consultation de généraliste plus une consultation de spécialiste ?
Xavier Bertrand : Ce n'est pas comme ça que ça se passe aujourd'hui, et ce n'est pas comme ça que ça se passera demain. Aujourd'hui, 70 % des Français ont déjà l'habitude d'aller voir un généraliste avant de voir un spécialiste. Donc il n'y aura pas plus de consultations. Et aller voir un généraliste en premier, c'est souvent un meilleur conseil. Avec cette réforme, nous allons éviter des consultations inutiles. Tous les pays qui ont mis en place un système de médecin traitant ont vu les consultations inutiles diminuer. Ceux qui ont des bonnes habitudes médicales doivent surtout les garder, et ceux qui n'ont pas d'habitudes, autant en prendre de bonnes.
Kamel : Le forfait d'un euro sera-t-il compté pour la femme enceinte ?
Xavier Bertrand : Le forfait de 1 euro ne s'applique pas pour les femmes enceintes, ni pour les enfants, ni pour les personnes bénéficiant de la CMU.
Cazalet : A quand la création des Agences régionales de santé ?
Xavier Bertrand : Nous aurons cette année quelques agences régionales de santé. Nous allons mettre en place des missions régionales de santé. Nous avons mis ensemble l'Agence régionale d'hospitalisation et l'Urcam, c'est-à-dire l'assurance maladie, pour que tout le monde travaille ensemble. Ce qui pose problème aujourd'hui dans notre système de santé, c'est le cloisonnement. Dans les agences régionales de santé, tout le monde travaille ensemble. Pour organiser l'offre de santé sur le territoire. Parfois, les élus locaux et les médecins libéraux seront associés aux Agences régionales de santé.
Christine : Si mon médecin est en vacances et que je vais voir un autre médecin, est-ce que mes remboursements seront pris en compte ?
Xavier Bertrand : Oui. Christine sera remboursée de la même façon qu'avant.
Aze : Bonjour, quelles sont les différences de traitement "politique" entre la gauche et la droite sur la réforme de l'assurance maladie ?
Xavier Bertrand : Je n'ai pas entendu de contre-proposition de la gauche concernant la réforme de l'assurance maladie. Ils ont certainement manqué de courage car il parait que la réforme de la sécurité sociale était impossible à faire. Nous avons essayé de faire un système mieux organisé et en même temps un système solidaire. J'ai la chance d'être dans un domaine ministériel concernant 62 millions de Français.
Calista67 : Le fait d'instaurer le choix d'un médecin traitant unique ne vous fait-il pas craindre une recrudescence d'affluence dans les services d'urgence des hôpitaux ?
Xavier Bertrand : Je ne crois vraiment pas, pour plusieurs raisons. D'abord, car le médecin traitant existait déjà pour beaucoup de Français. Le médecin de famille, pour 9 Français sur 10, c'est déjà le médecin traitant. D'autre part, le 1 euro existera en médecine de ville comme aux urgences. Enfin, nous allons mettre en place la permanence des soins, c'est-à-dire que, quelle que soit l'heure à laquelle vous avez un problème de santé, il faut pouvoir consulter, avec une autre solution que les urgences. Cela permettra, parfois avec Sos Médecins, parfois avec les médecins de garde, de consulter. J'ai un exemple d'une maison médicale de garde près de chez moi. Ma fille a eu un problème le 1er janvier, et là, j'ai pu consulter dans de très bonnes conditions, sans engorger les urgences.
Questions mail : Alfred : Si l'on habite loin de son travail (exemple en région parisienne), peut-on choisir comme médecin traitant un professionnel dans un centre de santé (respectant donc les tarifs opposables), à proximité de son travail.
Xavier Bertrand : Il faut savoir que le médecin traitant, c'est celui en qui on a le plus confiance, et celui qui sera le plus facile à consulter. Mais ce n'est pas le centre de santé qu'on prendra comme médecin traitant, mais un médecin dans ce centre de santé. Si le médecin qu'on a l'habitude de voir n'est pas là, et qu'on a besoin de voir un médecin, on en verra un autre. Là encore, c'est une question de bon sens.
SOPHIE : Pour une personne malade et ne pouvant se déplacer chez son médecin qui lui même ne fait pas de visite à domicile, peut-on faire intervenir un médecin qui lui fait des visites à domicile ?
Xavier Bertrand : Au nom de la logique, la réponse est oui. Si le médecin ne fait aucune visite à domicile, c'est surprenant, mais là, on pourra faire appel à un autre médecin, et on sera pris en charge de la même façon. Toutes ces exceptions mises bout à bout, cela ne représentera que quelques pour cent de situations.
Questions mail : Didine : Tous les 3 mois environ j'emmène les enfants chez l'allergologue (lequel leur prescrit antihistaminiques + injections d'allergènes). Devrai-je désormais passer par le médecin généraliste avant d'aller le voir ?
Xavier Bertrand : Je voudrais dire que la question ne se pose même pas, car pour les enfants, il n'y a pas de notion de médecin traitant. Pour les enfants, on va voir directement le généraliste ou le spécialiste qu'on a besoin de voir. Par ailleurs, est-on bien sûr, soi-même, qu'on a besoin de voir un allergologue, et pas un dermatologue ? Souvent, c'est le médecin traitant qui peut vous orienter.
Beche : Concrètement, comment allez-vous vérifier que les patients consultant un spécialiste seront bien envoyés par leur médecin traitant ? Au fait, quelle est la différence référent/traitant ?
Xavier Bertrand : Comment on va vérifier ? C'est simple. Dans la nouvelle feuille de soins, il y aura de nouvelles cases à cocher par le médecin. Le médecin cochera la case correspondante à votre cas : accès direct ou " adressage " par le médecin généraliste, situation de vacances, d'urgence... Ce sera géré automatiquement par l'assurance maladie. Maintenant, quelle différence entre le médecin référent et le médecin traitant ? Le médecin référent existait déjà depuis 7 années, et a concerné environ un million de personnes. Ce système n'est pas allé au-delà, parce que les Français pensaient qu'ils ne pourraient plus changer de médecin en prenant un médecin référent, qu'ils étaient " abonnés ". Nous proposons que les médecins référents deviennent médecins traitants. La convention signée entre les médecins et l'assurance maladie a prévu ces choses. L'avenir du médecin référent, c'est le médecin traitant.
Bob : Je vais voir régulièrement un homéopathe. Est-ce que je peux le choisir comme médecin traitant ? Et est-ce que mon traitement homéopathique sera pris en charge par la sécurité sociale ?
Xavier Bertrand : Oui. Comme avant. Oui, on peut prendre un homéopathe comme médecin traitant, et le traitement homéopathique sera pris en charge comme avant la réforme.
andL : Au final, il me semble que chaque cas est une exception. Qui va gérer tout cela ? ne craignez-vous pas la pagaille ?
Xavier Bertrand : 62 millions de personnes peuvent se poser la question : comment la réforme va s'appliquer à mon cas ? On s'aperçoit que dans quasiment toutes les situations, ce sont les mêmes règles qui s'appliquent. Mais pour les situations un peu exceptionnelles, on pourra faire du sur-mesure, et c'est l'assurance maladie qui s'occupera de cela. C'est prévu.
Annette : A quand les vraies économies ? Médicaments génériques à l'hôpital pour quand ? Des frais de fonctionnement toujours à la hausse (locaux surchauffés, éclairages continuels)... A l'échelle du pays ça fait un paquet d'économies à réaliser...
Xavier Bertrand : Annette a raison de dire que le générique à l'hôpital, ça doit marcher. Cela marche déjà, mais ça doit marcher beaucoup mieux. Il faut qu'on passe à la vitesse supérieure pour le générique. C'est la même molécule que le médicament de marque, mais ça coûte 30 % moins cher. Pour le générique, il ne faut pas attendre que le médecin ou le pharmacien vous le propose. Réclamez vous-même le générique ! Nous sommes passés aujourd'hui à 13 % de consommations de génériques, il faut qu'on passe à 27 % en 2007. L'hôpital doit aussi faire des efforts de gestion : par exemple bien acheter. Une feuille de température placée au lit du malade a un prix qui peut varier de 1 à 5. Je préfère qu'on fasse des économies dans ce domaine pour pouvoir mieux soigner. Il faut faire des économies quand c'est possible, des économies qui ne gêneront en rien la qualité des soins.
Hugues B. : J'ai adressé hier une question sur le prix des médicaments qui présentent des disparités très importantes entre deux spécialités pharmaceutiques que j'ai eu l'occasion d'acheter en Espagne. En France le prix ces médicaments sont pour le ZOCOR de 29,44 euros contre 14,52 euros en Espagne (même fabricant : MERCK) et pour le Levothyrox 2,59 euros pour 28 comprimés contre 2,79 euros en Espagne mais pour 50 comprimés. Comment expliquez-vous ces différences excessives qui tournent autour de 100 % ?
Xavier Bertrand : Il faudrait regarder si c'est exactement le même médicament, le même dosage, un médicament de marque ou la même molécule. Aujourd'hui, on s'oriente vers une harmonisation européenne pour les prix des médicaments. Il serait stupide de baisser arbitrairement le prix de tous les médicaments, car l'industrie du médicament est française mais aussi étrangère. Je ne veux pas qu'un médicament ne soit pas disponible en France, et que ceux qui ont les moyens aillent se l'acheter dans un autre pays. Je veux qu'on fasse des économies, c'est vrai, mais je veux aussi qu'on puisse se procurer les médicaments permettant de soigner au mieux les maladies. Je pense que c'est davantage le prix de remboursement des médicaments. Ce qui m'intéresse aujourd'hui, c'est de trouver cet équilibre. Il faut qu'on puisse trouver tous les médicaments efficaces en France.
Questions mail : Cédric : J'ai des revenus qui ne me donnent pas droit à la CMU, la contribution de 1 euro pour chaque acte ne va-t-elle pas être trop lourde pour mon budget ? Ne va-t-on pas vers un système de santé à deux vitesses ?
JP : Les 1 euro pour chaque acte, n'est-ce pas le principe de la double peine ? Les malades qui subissent de nombreux actes médicaux paieront donc plus que ceux qui ont la chance d'être en bonne santé !
Xavier Bertrand : Je voudrais dire qu'il faut ramener le 1 euro à sa juste proportion. C'est une mesure de sensibilisation. On va en moyenne chez le médecin sept à huit fois par an. 7 à 8 euros par an, cela représente 70 centimes d'euros par mois. Avec ce système de 1 euro, nous n'avons rien transmis du régime obligatoire au régime complémentaire. Notre santé n'a pas de prix, mais elle a un coût, et ça, nous ne le savons pas forcément. A chaque fois qu'on va chez le médecin, qu'on a un acte médical, 1 euro sera retenu. C'est bien compris par les Français. Il n'y a vraiment pas de limitation d'accès aux soins avec cet euro.
Julien : Cette reforme va-t-elle avoir un effet réel sur le budget de la sécurité sociale ?
Xavier Bertrand : C'est pour ça que nous la faisons ! Nous visons le retour à l'équilibre à la fin de l'année 2007. Mais il y aura des rendez-vous avant, pour savoir si ça marche, et à quel rythme. Fin 2005, le déficit de l'assurance maladie sera de 8 milliards d'euros. Alors qu'il était de 13 milliards d'euros cette année, et qu'il aurait été de 15 milliards sans réforme. Nous avons mis en place une aide à la complémentaire pour les personnes qui sont un peu au-dessus du seuil de la CMU. C'est-à-dire pour les personnes qui sont au niveau de la CMU + 15 % de revenus. Je suis convaincu que nous tiendrons nos objectifs. Car tout le monde est attaché à notre sécurité sociale, et les gens sont prêts à faire des efforts.
Lisa: Comment est-ce que vous choisissez les médicaments qui ne sont plus remboursés ? Et pourquoi ?
Xavier Bertrand : Ce n'est pas moi qui définis si un médicament doit être remboursé ou pas, c'est la Haute autorité de santé. Ce sont des scientifiques et des professionnels qui disent si un médicament est efficace ou non. On doit dépassionner le débat. Chaque année, nous avons de nombreux médicaments qui sont admis au remboursement. Vaut-il mieux rembourser un médicament efficace ou un médicament inefficace ? La réponse est claire. Par exemple, les femmes qui connaissent des problèmes d'ostéoporose, pour cela, il y a un examen nommé l'ostéodensitométrie, qui n'est pas remboursé actuellement. Nous allons demander à la Haute autorité de santé si cela peut l'être.
DRDAN : Ne pourrait-on pas économiser les 35 millions d'euros de la photo sur la carte Vitale? Tarif annoncé par M. Douste-Blaz...
Xavier Bertrand : Nous avons décidé l'an prochain de profiter du renouvellement des cartes Vitale pour mettre la photo dessus. J'ai même la chance d'avoir cette carte Vitale avec photo. 35 millions d'euros, je pense que c'est un bon investissement. Car cette carte Vitale sera personnelle. Cette carte avec photo vous permettra de rentrer dans votre dossier médical personnel. C'est bon de personnaliser. Puis cela va nous permettre de faire reculer les fraudes à la carte vitale, qui ne sont pas si nombreuses que ça, mais comme toute fraude, il faut l'éviter et la sanctionner.
Questions mail : minou30 : Suis-je obligée de choisir un médecin traitant ? Si non, quelles sont les pénalités que j'encours si je continue à voir mon médecin généraliste comme avant ? S'il juge nécessaire de m'orienter vers un spécialiste, quels seront les tarifs de mon généraliste hors contrat et ceux du spécialiste chez qui il m'a envoyée ?
Xavier Bertrand : Beaucoup de choses dans cette question. Est-on obligé ? Non. Incité ? Oui. Vraiment. Il est mieux pour elle d'aller voir son médecin traitant qui va l'orienter, la prendre en charge. Si elle va voir directement le spécialiste, celui-ci pourra pratiquer un dépassement d'honoraires de 5 euros non pris en charge, s'il est en secteur 1. Elle sera donc moins bien remboursée. Si on choisit un médecin traitant, on est remboursé comme avant.
Marie : Est-ce que l'on pourrait avoir une carte vitale par foyer pour faire des économies ? Comme pour la mutuelle ?
Xavier Bertrand : Non parce que si c'est par foyer, la photo ne sert à rien. On a, à la sécurité sociale, une carte vitale qui est personnelle. Je crois qu'il faut individualiser les choses en matière d'assurance maladie. Ce ne sera pas la carte nationale d'identité, ce sera juste pour l'accès aux soins. Par ailleurs, il est préférable de ne pas avoir une carte par foyer, car si le mari par exemple est en déplacement pendant la semaine, comment faire ? Donc il est préférable d'avoir une carte personnalisée.
AndL : Que doit faire le médecin si la photo ne correspond pas au patient qu'il a en face de lui ?
Xavier Bertrand : C'est la responsabilité du médecin. Médecin, ce n'est pas une profession comme les autres, on doit soigner quand la douleur est là. Maintenant, on présentera la carte vitale au tout début de la consultation, pour ouvrir le dossier médical personnel. Je crois qu'il faudra avoir beaucoup de culot pour avoir une carte qui n'est pas la votre. La responsabilité du médecin sera d'indiquer à l'assurance maladie que la personne n'a pas utilisé sa carte. Je demande que la responsabilisation concerne tout le monde.
Hobs : Ne pensez-vous pas que plus on personnalise nos fichiers médicaux, plus on entre dans un système Big Brother et que nous n'avons plus rien de privé, même nos maladies ?
Xavier Bertrand : Je voudrais dire qu'il n'y a vraiment aucun risque, parce qu'aujourd'hui, on fait pour beaucoup de personnes une déclaration par Internet, que l'informatique est entrée dans les moeurs. Beaucoup de garanties entreront en même temps sur le dossier médical personnel. Si je ne veux pas dire au médecin que j'ai telle ou telle maladie, je ne le dis pas. Nous voulons apporter toutes les garanties de façon à ce qu'on n'ait pas le sentiment d'être surveillé. C'est le patient qui décide, de toute façon, au nom du droit des patients.
Questions mail : p'pa : Bonjour M. le ministre. Il y a des assurés qui abusent des actes médicaux (plusieurs médecins par jours, plusieurs pharmaciens par jour, plusieurs dizaines d'euros par jours de médicaments en tout genre) en se présentant uniquement avec la carte Vitale, et se faisant prescrire par des médecins différents : comment seront traités ces abus, reconnus, suivis, déposés en justice, puis sanctionnés ?
Xavier Bertrand : Il faut savoir que le nomadisme médical existe : c'est aller voir plusieurs médecins dans la journée ou la semaine. Mais il est très réduit. Une personne qui ira voir plusieurs médecins aura quand même le 1 euro qui sera appliqué. Si on va voir quelqu'un d'autre que son médecin traitant, l'assurance maladie va le voir, et verra les surconsommateurs pour voir s'il n'y a pas un problème. Car si vous allez voir plusieurs médecins et que vous prenez plusieurs médicaments, êtes-vous sûr que les médicaments fonctionnent bien entre eux ? Aujourd'hui, 350 hospitalisations par jour sont dues à des médicaments qui ne sont pas compatibles. Le nouveau système sera aussi eilleur pour la santé des Français.
Questions mail : Docteur : Qu'entendez-vous par "meilleur conditionnement des médicaments" ?
Devra-t-on rembourser les médicaments non consommés ?
Xavier Bertrand : Je veux qu'on ait des règles concernant la taille des boîtes de médicaments. Aujourd'hui, trois quarts des boites qui sont ouvertes ne sont pas terminées. D'abord, parce qu'on est souvent indiscipliné dans le suivi d'un traitement. Mais la principale raison, c'est que la taille des boites n'est pas adaptée. Nous voulons des boites plus grosses, des boites de trois mois. Aujourd'hui, nous avons des patients qui prennent le même médicament pendant des années, par exemple pour l'hypertension. Il faut aussi des boîtes plus petites. Prenez par exemple les traitements des enfants : souvent, les boîtes ne sont pas terminées. Ou par ailleurs les anti-inflammatoires, dont on n'a souvent besoin que de quelques-uns.
Paris-Normandie : De quoi sera constitué le dossier médical personnalisé ?
Xavier Bertrand : Le dossier médical personnalisé contiendra à la fois les informations vous concernant, et surtout ce que vous a prescrit votre médecin. Par exemple, j'ai eu une grippe, et j'ai eu telle prescription. Donc il suffira de rentrer ma carte Vitale dans l'ordinateur du médecin, et mon dossier médical apparaîtra sur l'écran. Avec cela, nous voulons éviter les accidents dus aux médicaments, et nous voulons éviter aussi les actes inutiles et redondants. Là aussi, on joue la qualité des soins pour vous, et on réalise des économies. Je veux que la confidentialité soit respectée avec ce dossier médical personnalisé.
Christelle (Gard) : Lorsqu'on doit retourner chez le médecin de nombreuses fois pour le même problème, ne pourrait-on pas envisager une espèce de forfait ? Ou bien alors un paiement au résultat des médecins (ceci dit selon les maladies, certains seront bien mal lotis) ?
Xavier Bertrand : Il faut savoir que les médecins ont une obligation de moyens, pas une obligation de résultats. En médecine, on doit faire tout son possible pour guérir le patient, mais on ne peut pas obliger à un résultat. Maintenant, je crois deviner dans la question autre chose : est-ce bien la question du paiement à l'acte qui est en cause dans cette question ?
Questions mail : citoyen du monde : Quelle différence existe-t-il entre le paiement d'un euro par consultation (ce qui fait déjà deux s'il faut consulter un spécialiste par la suite) et un moindre remboursement des frais de santé ?
Xavier Bertrand : Le moindre remboursement des frais de santé, c'est souvent ce qui a été fait par le passé, c'est-à-dire que, au lieu que ce soit le régime obligatoire qui rembourse, c'étaient les complémentaires, donc les patients qu payaient. Nous avons voulu assumer nos responsabilités, et dire que ce que le régime obligatoire remboursait, il continuera à le faire. Nous n'avons rien donné au régime complémentaire. Le 1 euro, c'est avant tout pour sensibiliser, ce n'est pas pour combler le trou de la sécurité sociale. Je crois que, pour sauver la sécurité sociale, il nous faut responsabiliser, et pour cela, il faut sensibiliser. Et pour cela, il faut avoir le sentiment à chaque fois que ce n'est pas totalement gratuit.
Melle g : Je n'ai pas reçu le formulaire pour le choix de mon médecin traitant. Est-ce normal ?
Xavier Bertrand : Il est possible que ce soit normal, car aujourd'hui, 12 millions de Français ont déjà reçu le formulaire de médecin traitant, ce sont ceux qui dépendent de leur caisse primaire d'assurance maladie et qui sont nés entre janvier et avril. Mais à la fin du mois de mars, nous aurons tous reçu notre formulaire de choix de médecin traitant.
Travailleuse : Et si je ne choisis pas de médecin traitant, comment serai-je remboursée ?
Xavier Bertrand : Nous avons répondu tout à l'heure à cette question : si nous ne choisissons pas de médecin traitant, l'assurance maladie remboursera, mais moins bien. Si nous avions un médecin de famille hier, il suffit de trente secondes pour que ce médecin de famille devienne médecin traitant.
Christelle (Gard) : Pourquoi certaines personnes n'auront pas à payer ce 1 euro si justement c'est pour sensibiliser (personnes bénéficiant de la CMU notamment) ?
Xavier Bertrand : Une personne qui est à la CMU est une personne qui touche moins de 576 euros par mois. Vous voyez les difficultés que cela représente ? Je pense que pour ces personnes, un euro, ça peut représenter parfois des difficultés, et nous n'avons pas voulu que, pour ces personnes, cet euro devienne un frein d'accès à la santé. Par ailleurs, ce sont parfois chez ces personnes qu'on hésite le plus avant d'aller chez le médecin. Cela n'empêche pas qu'il y aura responsabilisation de tous les Français face au parcours de soins, qu'on soit à la CMU ou pas. Par contre, par rapport à ce que disait Christelle, si vous êtes en ALD, votre médecin touchera 40 euros de plus par an. C'est une démarche qualitative, car le médecin passe plus de temps, il est donc logique qu'il soit mieux rémunéré.
JP : Combien remboursera la sécu si on n'a pas de médecin traitant ? Le ministre n'a rien dit !
Xavier Bertrand : Je l'ai dit : si vous allez voir un spécialiste, il y aura un dépassement d'honoraire maximum de 5 euros non pris en charge par l'assurance maladie. Et il y aura aussi un moindre remboursement par l'assurance maladie, qui sera limité à quelques euros, ce n'est pas encore fixé. Si on ne veut pas aller dans la logique du médecin traitant, on peut le faire, mais à ce moment-là, une partie restera à la charge du patient. Mais pour ceux qui ont déjà un médecin de famille, l'évolution est toute logique.
koala(50) : Comment se fait-il qu'il y ait encore des films récents avec la cigarette aux lèvres des acteurs ?
Xavier Bertrand: Là, c'est un peu la responsabilité des producteurs, des réalisateurs et des acteurs. Maintenant, si on veut me faire dire qu'il faut bien faire prendre conscience que la cigarette est néfaste, il n'y a pas de problème. On a décidé des mesures courageuses, avec une hausse de la taxation. Le nombre de fumeurs a reculé de plusieurs millions, notamment chez les plus jeunes. Si on ne se met pas à la cigarette, nous avons la certitude maintenant que nous avons beaucoup moins de risque d'avoir un cancer par la suite. Il faut une prise de conscience de tout le monde. J'ai relu récemment des albums de Lucky Luke : il est peu à peu passé de la cigarette à un brin de paille dans la bouche. C'est plus sympa, non ?
Luky59 : Pouvez-vous répondre sur le plan des personnes handicapées ?
Xavier Bertrand : Avec la réforme de l'assurance maladie, il n'y a pas de changement à proprement parler. Une personne handicapée qui a besoin de consulter un spécialiste régulièrement continuera à le faire sans passer par le médecin généraliste. Par ailleurs, une loi a été votée récemment, elle nous permettra de mieux prendre en charge le handicap. Parfois, nous n'avons pas les solutions en France. Il faut aussi des centres pour les adultes handicapés. Souvent, l'angoisse des parents est : quand je ne serai plus là, qui prendra en charge mon enfant ? Nous allons aussi développer davantage la compensation, de même que l'accessibilité.
Melle G : Quand et comment allez-vous responsabiliser le patient français quant à sa consommation excessive de médicaments ?
Xavier Bertrand : Dès cette année, et à partir d'avril, deux choses vont faire leur apparition en France. Si vous allez à la pharmacie et que vous avez le tiers payant, vous recevrez une facturette vous donnant le prix de vos médicaments, de même que le taux de remboursement de chaque caisse. Par ailleurs, vous recevrez un état de vos dépenses maladies de l'année précédente. Encore une fois, il s'agit de sensibiliser.
Nelly : Je ne vois pas comment on peut faire des économies en allant consulter deux fois alors qu'il est parfois évident qu'on a besoin d'un spécialiste, sans l'avis préalable du généraliste.
Xavier Bertrand : Franchement, j'ai plus confiance en mon médecin qu'en mon intuition personnelle. Admettons que j'ai un problème de peau, suis-je sûr que c'est bien un dermatologue que je dois aller voir ? Donc pour éviter les consultations inutiles, il vaut mieux aller voir le généraliste qui saura mieux conseiller. Le choix du médecin traitant est le meilleur choix possible.
Luky59 : N'allons nous pas vers une médecine à deux vitesses ?
Xavier Bertrand : Nous serions allés vers une médecine à deux vitesses si nous n'avions pas fait la réforme, car l'assurance maladie aurait remboursé de moins en moins. Nous nous sommes battus pour maintenir notre sécurité sociale à la française. Cela vaut la peine que l'on bouge pour cette réforme, pour qu'on puisse garder notre système de sécurité sociale. La balle est dans le camp des Français : il faut s'impliquer dans la réforme. Il faut jouer le jeu du générique, jouer le jeu du médecin traitant, s'impliquer dans de bonnes pratiques. J'ai besoin aussi de l'engagement des médecins dans la réforme, de même que l'engagement des patients. Si on continue à s'impliquer, moi je continue à expliquer la réforme.
Merci à tous les internautes pour vos questions. A bientôt.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 18 février 2005)
Ankha : Bonjour, je viens de déménager et si j'ai bien compris la réforme, la prochaine fois que je vais voir un médecin, je serai obligée de le choisir si je veux être remboursée ? Et si je me rends compte qu'il ne me convient pas, je fais comment ?
Xavier Bertrand : Si le médecin traitant ne convient pas, on peut en changer sans problème. L'idée du médecin traitant, c'est qu'il y a la liberté. On choisit un généraliste ou un spécialiste, un médecin hospitalier ou libéral. Et si ne lui fait plus confiance, on change sans aucun problème. Maintenant, on s'aperçoit que 95 % des médecins traitants sont des généralistes.
Girolles : Bonjour, que va-t-il se passer pour les personnes handicapées qui, de par leur état, consultent le médecin plus souvent ? Merci.
Xavier Bertrand : Par rapport au médecin traitant, il n'y a pas de difficulté. Si par exemple on est en Affection de Longue Durée (ALD), pris en charge à 100 %, vous continuerez à aller voir votre spécialiste sans passer par le médecin traitant. Il ne s'agit pas de multiplier les visites ! Mais cela n'empêche pas de prendre en plus un médecin traitant généraliste.
Benduc : Pourquoi avez-vous décidé de réformer l'assurance maladie ?
Xavier Bertrand : Tout simplement pour sauver l'assurance maladie. Nous tenons tous à notre Sécurité sociale à la française, mais si nous ne faisions pas de réforme, la Sécu disparaissait. Le trou de la Sécurité sociale était devenu un gouffre : 13 milliards d'euros de déficit pour 2004. Nous avons décidé à la fois de mieux organiser le système et de responsabiliser tous les Français. Médecins, patients, industrie pharmaceutique...
Lionel : Quand vous intéresserez-vous à la collusion entre l'industrie pharmaceutique et ses pseudos visiteurs médicaux qui sont en réalité des vendeurs, ce qui est interdit par la loi et les médecins, qui sont à la "botte" des visiteurs et qui eux prescrivent pour augmenter les chiffres de industrie ? Ce ne sont pas les patients qui prescrivent mais les médecins. Vérifiez les potentiels de prescriptions des médecins et vous aurez les vrais responsables et non pas le petit vieux ou le malade lambda. Je doute que vous vous attaquiez réellement à ce problème.
Xavier Bertrand : Il est bien sévère. La réalité des choses, ce n'est pas ça. L'industrie pharmaceutique nous permet aujourd'hui de bénéficier des médicaments les plus efficaces et les plus innovants. Maintenant, nous avons décidé de demander des efforts à l'industrie pharmaceutique. Nous avons un plan médicaments, car nous pouvons mieux dépenser en la matière. Plus de 2 milliards d'euros sont attendus en 2007 d'économies, et une charte de la visite médicale est mise en place.
Micmeyl : Bonjour, si notre médecin traitant est un spécialiste, doit-on avoir une ordonnance pour aller le voir ?
Xavier Bertrand : Si le médecin traitant que choisit Micmey est un spécialiste, il ira le voir à chaque fois sans difficulté, sans avoir besoin d'une lettre. Mais s'il doit aller voir un autre spécialiste, pour une autre affection, son médecin traitant spécialiste devra faire une lettre à cet autre spécialiste pour l'informer d cas de Micmey.
Ankha : Le fait de devoir consulter le médecin traitant avant un spécialiste ne risque-t-il pas de revenir plus cher ?
Xavier Bertrand : Non, certainement pas. Je vais vous donner un exemple. Si j'ai une douleur dans la poitrine, si je me débrouille seul, j'ai trois possibilités : je peux aller voir soit un cardiologue, soit un rhumatologue, soit un pneumologue, et j'aurai des examens médicaux faits trois fois. Alors que si je vais voir mon généraliste, je serai pris en charge plus rapidement et il saura tout de suite qui je dois aller voir. J'ai gagné du temps, de l'argent, et j'ai fait faire des économies à la Sécu. Cette question, on l'entend souvent. L'idée du médecin traitant, c'est de prendre en charge mieux et plus rapidement. En France, 15 % des actes médicaux et des visites sont faits en double. Cela ne sert à rien. C'est un milliard et demi d'euros par an !
Jacky : Je passe 6 mois à mon domicile principal et 6 mois dans ma résidence secondaire, je fais comment ?
Xavier Bertrand : Jacky choisit son médecin traitant là où c'est le plus facile pour lui. Et quand il est à l'autre endroit, s'il est malade, il ira consulter quelqu'un sur place et sera pris en charge de la même façon. Pour les personnes qui voyagent souvent, à chaque fois, on choisit le médecin traitant là où on a le médecin auquel on fait le plus confiance. On choisit à chaque fois la solution la plus logique.
Bruno : Pouvez-vous m'expliquer simplement ce qu'est le Tarif de Responsabilité de la sécurité sociale (mes remboursements de mutuelle sont calculés sur quelles données chiffrées, par exemple pour une consultation spécialiste déconventionné) ?
Xavier Bertrand : Le tarif de responsabilité, c'est le tarif opposable, remboursable. Chez un généraliste, la consultation est à 20 euros en secteur 1, et vous êtes remboursé sur la base de 70 % soit 14 euros. Maintenant, il y aura 1 euro sur ces 14 pour lequel vous ne serez plus remboursé. Chez un médecin, en secteur 1, le tarif est de 23 ou 25 euros. Il va passer à 27 euros, qui seront remboursables à hauteur de 70 %. Pour ceux qui sont en secteur 2, qui fixent librement leurs honoraires, on sera remboursé sur la base de 25 euros. C'est un peu compliqué car il y a des tarifs très différents en France.
Jmmarty : Quand vous intéresserez-vous à la gestion des caisses primaires, régionales, pourquoi laisser cette gestion aux syndicats ?
Xavier Bertrand : Les caisses primaires d'assurance maladie sont gérées avec le souci de l'efficacité. Je vais répondre en deux temps. Je voudrais lui demander quel est le coût de gestion de l'assurance maladie par les caisses locales d'assurance maladie. Je le laisse me répondre, on y reviendra après.
Cazalet : Quels sont les enjeux de la réforme pour les acteurs du régime complémentaire ?
Xavier Bertrand : C'est d'être responsable aussi, et de responsabiliser tout le monde. C'est la première fois que, dans une réforme, on n'a pas repassé le bébé du régime obligatoire au régime complémentaire. Je voudrais qu'on fasse preuve de responsabilité concernant les évolutions des tarifs des complémentaires. Si les caisses complémentaires veulent augmenter leurs tarifs, elles en ont le droit, mais il faudra qu'elles se justifient auprès de leurs clients. L'enjeu n'est pas de couvrir plus, mais mieux.
Pour revenir à la question de Jnmarty, il faut que les partenaires sociaux soient associés. Je suis contre la privatisation. Et puis il y a des systèmes qui sont étatisés, mais ce n'est pas non plus le bon système. Le système à la française est original, à la fois libéral, car on choisit son médecin, et solidaire, car je cotise selon les moyens dont je dispose, et je suis soigné selon mes besoins. Au niveau national, les syndicats sont acteurs du système de santé, il est normal qu'ils s'impliquent. Aujourd'hui, le coût de gestion de l'assurance maladie, c'est 4 % seulement des sommes dépensées pour l'assurance maladie.
Babichon : Comment cela se passera t-il si vous tombez malade et que vous n'êtes pas dans la région où se trouve votre médecin traitant ? Est-ce une exception prévue par la réforme ?
Xavier Bertrand : C'est prévu, bien sûr. Babichon ira voir un autre médecin sur place, et le médecin cochera sur la nouvelle feuille de soins que c'est un cas d'urgence, et il sera remboursé exactement comme avant.
Questions mail : Annie : Comment faire des économies alors qu'il faudra payer une consultation de généraliste plus une consultation de spécialiste ?
Xavier Bertrand : Ce n'est pas comme ça que ça se passe aujourd'hui, et ce n'est pas comme ça que ça se passera demain. Aujourd'hui, 70 % des Français ont déjà l'habitude d'aller voir un généraliste avant de voir un spécialiste. Donc il n'y aura pas plus de consultations. Et aller voir un généraliste en premier, c'est souvent un meilleur conseil. Avec cette réforme, nous allons éviter des consultations inutiles. Tous les pays qui ont mis en place un système de médecin traitant ont vu les consultations inutiles diminuer. Ceux qui ont des bonnes habitudes médicales doivent surtout les garder, et ceux qui n'ont pas d'habitudes, autant en prendre de bonnes.
Kamel : Le forfait d'un euro sera-t-il compté pour la femme enceinte ?
Xavier Bertrand : Le forfait de 1 euro ne s'applique pas pour les femmes enceintes, ni pour les enfants, ni pour les personnes bénéficiant de la CMU.
Cazalet : A quand la création des Agences régionales de santé ?
Xavier Bertrand : Nous aurons cette année quelques agences régionales de santé. Nous allons mettre en place des missions régionales de santé. Nous avons mis ensemble l'Agence régionale d'hospitalisation et l'Urcam, c'est-à-dire l'assurance maladie, pour que tout le monde travaille ensemble. Ce qui pose problème aujourd'hui dans notre système de santé, c'est le cloisonnement. Dans les agences régionales de santé, tout le monde travaille ensemble. Pour organiser l'offre de santé sur le territoire. Parfois, les élus locaux et les médecins libéraux seront associés aux Agences régionales de santé.
Christine : Si mon médecin est en vacances et que je vais voir un autre médecin, est-ce que mes remboursements seront pris en compte ?
Xavier Bertrand : Oui. Christine sera remboursée de la même façon qu'avant.
Aze : Bonjour, quelles sont les différences de traitement "politique" entre la gauche et la droite sur la réforme de l'assurance maladie ?
Xavier Bertrand : Je n'ai pas entendu de contre-proposition de la gauche concernant la réforme de l'assurance maladie. Ils ont certainement manqué de courage car il parait que la réforme de la sécurité sociale était impossible à faire. Nous avons essayé de faire un système mieux organisé et en même temps un système solidaire. J'ai la chance d'être dans un domaine ministériel concernant 62 millions de Français.
Calista67 : Le fait d'instaurer le choix d'un médecin traitant unique ne vous fait-il pas craindre une recrudescence d'affluence dans les services d'urgence des hôpitaux ?
Xavier Bertrand : Je ne crois vraiment pas, pour plusieurs raisons. D'abord, car le médecin traitant existait déjà pour beaucoup de Français. Le médecin de famille, pour 9 Français sur 10, c'est déjà le médecin traitant. D'autre part, le 1 euro existera en médecine de ville comme aux urgences. Enfin, nous allons mettre en place la permanence des soins, c'est-à-dire que, quelle que soit l'heure à laquelle vous avez un problème de santé, il faut pouvoir consulter, avec une autre solution que les urgences. Cela permettra, parfois avec Sos Médecins, parfois avec les médecins de garde, de consulter. J'ai un exemple d'une maison médicale de garde près de chez moi. Ma fille a eu un problème le 1er janvier, et là, j'ai pu consulter dans de très bonnes conditions, sans engorger les urgences.
Questions mail : Alfred : Si l'on habite loin de son travail (exemple en région parisienne), peut-on choisir comme médecin traitant un professionnel dans un centre de santé (respectant donc les tarifs opposables), à proximité de son travail.
Xavier Bertrand : Il faut savoir que le médecin traitant, c'est celui en qui on a le plus confiance, et celui qui sera le plus facile à consulter. Mais ce n'est pas le centre de santé qu'on prendra comme médecin traitant, mais un médecin dans ce centre de santé. Si le médecin qu'on a l'habitude de voir n'est pas là, et qu'on a besoin de voir un médecin, on en verra un autre. Là encore, c'est une question de bon sens.
SOPHIE : Pour une personne malade et ne pouvant se déplacer chez son médecin qui lui même ne fait pas de visite à domicile, peut-on faire intervenir un médecin qui lui fait des visites à domicile ?
Xavier Bertrand : Au nom de la logique, la réponse est oui. Si le médecin ne fait aucune visite à domicile, c'est surprenant, mais là, on pourra faire appel à un autre médecin, et on sera pris en charge de la même façon. Toutes ces exceptions mises bout à bout, cela ne représentera que quelques pour cent de situations.
Questions mail : Didine : Tous les 3 mois environ j'emmène les enfants chez l'allergologue (lequel leur prescrit antihistaminiques + injections d'allergènes). Devrai-je désormais passer par le médecin généraliste avant d'aller le voir ?
Xavier Bertrand : Je voudrais dire que la question ne se pose même pas, car pour les enfants, il n'y a pas de notion de médecin traitant. Pour les enfants, on va voir directement le généraliste ou le spécialiste qu'on a besoin de voir. Par ailleurs, est-on bien sûr, soi-même, qu'on a besoin de voir un allergologue, et pas un dermatologue ? Souvent, c'est le médecin traitant qui peut vous orienter.
Beche : Concrètement, comment allez-vous vérifier que les patients consultant un spécialiste seront bien envoyés par leur médecin traitant ? Au fait, quelle est la différence référent/traitant ?
Xavier Bertrand : Comment on va vérifier ? C'est simple. Dans la nouvelle feuille de soins, il y aura de nouvelles cases à cocher par le médecin. Le médecin cochera la case correspondante à votre cas : accès direct ou " adressage " par le médecin généraliste, situation de vacances, d'urgence... Ce sera géré automatiquement par l'assurance maladie. Maintenant, quelle différence entre le médecin référent et le médecin traitant ? Le médecin référent existait déjà depuis 7 années, et a concerné environ un million de personnes. Ce système n'est pas allé au-delà, parce que les Français pensaient qu'ils ne pourraient plus changer de médecin en prenant un médecin référent, qu'ils étaient " abonnés ". Nous proposons que les médecins référents deviennent médecins traitants. La convention signée entre les médecins et l'assurance maladie a prévu ces choses. L'avenir du médecin référent, c'est le médecin traitant.
Bob : Je vais voir régulièrement un homéopathe. Est-ce que je peux le choisir comme médecin traitant ? Et est-ce que mon traitement homéopathique sera pris en charge par la sécurité sociale ?
Xavier Bertrand : Oui. Comme avant. Oui, on peut prendre un homéopathe comme médecin traitant, et le traitement homéopathique sera pris en charge comme avant la réforme.
andL : Au final, il me semble que chaque cas est une exception. Qui va gérer tout cela ? ne craignez-vous pas la pagaille ?
Xavier Bertrand : 62 millions de personnes peuvent se poser la question : comment la réforme va s'appliquer à mon cas ? On s'aperçoit que dans quasiment toutes les situations, ce sont les mêmes règles qui s'appliquent. Mais pour les situations un peu exceptionnelles, on pourra faire du sur-mesure, et c'est l'assurance maladie qui s'occupera de cela. C'est prévu.
Annette : A quand les vraies économies ? Médicaments génériques à l'hôpital pour quand ? Des frais de fonctionnement toujours à la hausse (locaux surchauffés, éclairages continuels)... A l'échelle du pays ça fait un paquet d'économies à réaliser...
Xavier Bertrand : Annette a raison de dire que le générique à l'hôpital, ça doit marcher. Cela marche déjà, mais ça doit marcher beaucoup mieux. Il faut qu'on passe à la vitesse supérieure pour le générique. C'est la même molécule que le médicament de marque, mais ça coûte 30 % moins cher. Pour le générique, il ne faut pas attendre que le médecin ou le pharmacien vous le propose. Réclamez vous-même le générique ! Nous sommes passés aujourd'hui à 13 % de consommations de génériques, il faut qu'on passe à 27 % en 2007. L'hôpital doit aussi faire des efforts de gestion : par exemple bien acheter. Une feuille de température placée au lit du malade a un prix qui peut varier de 1 à 5. Je préfère qu'on fasse des économies dans ce domaine pour pouvoir mieux soigner. Il faut faire des économies quand c'est possible, des économies qui ne gêneront en rien la qualité des soins.
Hugues B. : J'ai adressé hier une question sur le prix des médicaments qui présentent des disparités très importantes entre deux spécialités pharmaceutiques que j'ai eu l'occasion d'acheter en Espagne. En France le prix ces médicaments sont pour le ZOCOR de 29,44 euros contre 14,52 euros en Espagne (même fabricant : MERCK) et pour le Levothyrox 2,59 euros pour 28 comprimés contre 2,79 euros en Espagne mais pour 50 comprimés. Comment expliquez-vous ces différences excessives qui tournent autour de 100 % ?
Xavier Bertrand : Il faudrait regarder si c'est exactement le même médicament, le même dosage, un médicament de marque ou la même molécule. Aujourd'hui, on s'oriente vers une harmonisation européenne pour les prix des médicaments. Il serait stupide de baisser arbitrairement le prix de tous les médicaments, car l'industrie du médicament est française mais aussi étrangère. Je ne veux pas qu'un médicament ne soit pas disponible en France, et que ceux qui ont les moyens aillent se l'acheter dans un autre pays. Je veux qu'on fasse des économies, c'est vrai, mais je veux aussi qu'on puisse se procurer les médicaments permettant de soigner au mieux les maladies. Je pense que c'est davantage le prix de remboursement des médicaments. Ce qui m'intéresse aujourd'hui, c'est de trouver cet équilibre. Il faut qu'on puisse trouver tous les médicaments efficaces en France.
Questions mail : Cédric : J'ai des revenus qui ne me donnent pas droit à la CMU, la contribution de 1 euro pour chaque acte ne va-t-elle pas être trop lourde pour mon budget ? Ne va-t-on pas vers un système de santé à deux vitesses ?
JP : Les 1 euro pour chaque acte, n'est-ce pas le principe de la double peine ? Les malades qui subissent de nombreux actes médicaux paieront donc plus que ceux qui ont la chance d'être en bonne santé !
Xavier Bertrand : Je voudrais dire qu'il faut ramener le 1 euro à sa juste proportion. C'est une mesure de sensibilisation. On va en moyenne chez le médecin sept à huit fois par an. 7 à 8 euros par an, cela représente 70 centimes d'euros par mois. Avec ce système de 1 euro, nous n'avons rien transmis du régime obligatoire au régime complémentaire. Notre santé n'a pas de prix, mais elle a un coût, et ça, nous ne le savons pas forcément. A chaque fois qu'on va chez le médecin, qu'on a un acte médical, 1 euro sera retenu. C'est bien compris par les Français. Il n'y a vraiment pas de limitation d'accès aux soins avec cet euro.
Julien : Cette reforme va-t-elle avoir un effet réel sur le budget de la sécurité sociale ?
Xavier Bertrand : C'est pour ça que nous la faisons ! Nous visons le retour à l'équilibre à la fin de l'année 2007. Mais il y aura des rendez-vous avant, pour savoir si ça marche, et à quel rythme. Fin 2005, le déficit de l'assurance maladie sera de 8 milliards d'euros. Alors qu'il était de 13 milliards d'euros cette année, et qu'il aurait été de 15 milliards sans réforme. Nous avons mis en place une aide à la complémentaire pour les personnes qui sont un peu au-dessus du seuil de la CMU. C'est-à-dire pour les personnes qui sont au niveau de la CMU + 15 % de revenus. Je suis convaincu que nous tiendrons nos objectifs. Car tout le monde est attaché à notre sécurité sociale, et les gens sont prêts à faire des efforts.
Lisa: Comment est-ce que vous choisissez les médicaments qui ne sont plus remboursés ? Et pourquoi ?
Xavier Bertrand : Ce n'est pas moi qui définis si un médicament doit être remboursé ou pas, c'est la Haute autorité de santé. Ce sont des scientifiques et des professionnels qui disent si un médicament est efficace ou non. On doit dépassionner le débat. Chaque année, nous avons de nombreux médicaments qui sont admis au remboursement. Vaut-il mieux rembourser un médicament efficace ou un médicament inefficace ? La réponse est claire. Par exemple, les femmes qui connaissent des problèmes d'ostéoporose, pour cela, il y a un examen nommé l'ostéodensitométrie, qui n'est pas remboursé actuellement. Nous allons demander à la Haute autorité de santé si cela peut l'être.
DRDAN : Ne pourrait-on pas économiser les 35 millions d'euros de la photo sur la carte Vitale? Tarif annoncé par M. Douste-Blaz...
Xavier Bertrand : Nous avons décidé l'an prochain de profiter du renouvellement des cartes Vitale pour mettre la photo dessus. J'ai même la chance d'avoir cette carte Vitale avec photo. 35 millions d'euros, je pense que c'est un bon investissement. Car cette carte Vitale sera personnelle. Cette carte avec photo vous permettra de rentrer dans votre dossier médical personnel. C'est bon de personnaliser. Puis cela va nous permettre de faire reculer les fraudes à la carte vitale, qui ne sont pas si nombreuses que ça, mais comme toute fraude, il faut l'éviter et la sanctionner.
Questions mail : minou30 : Suis-je obligée de choisir un médecin traitant ? Si non, quelles sont les pénalités que j'encours si je continue à voir mon médecin généraliste comme avant ? S'il juge nécessaire de m'orienter vers un spécialiste, quels seront les tarifs de mon généraliste hors contrat et ceux du spécialiste chez qui il m'a envoyée ?
Xavier Bertrand : Beaucoup de choses dans cette question. Est-on obligé ? Non. Incité ? Oui. Vraiment. Il est mieux pour elle d'aller voir son médecin traitant qui va l'orienter, la prendre en charge. Si elle va voir directement le spécialiste, celui-ci pourra pratiquer un dépassement d'honoraires de 5 euros non pris en charge, s'il est en secteur 1. Elle sera donc moins bien remboursée. Si on choisit un médecin traitant, on est remboursé comme avant.
Marie : Est-ce que l'on pourrait avoir une carte vitale par foyer pour faire des économies ? Comme pour la mutuelle ?
Xavier Bertrand : Non parce que si c'est par foyer, la photo ne sert à rien. On a, à la sécurité sociale, une carte vitale qui est personnelle. Je crois qu'il faut individualiser les choses en matière d'assurance maladie. Ce ne sera pas la carte nationale d'identité, ce sera juste pour l'accès aux soins. Par ailleurs, il est préférable de ne pas avoir une carte par foyer, car si le mari par exemple est en déplacement pendant la semaine, comment faire ? Donc il est préférable d'avoir une carte personnalisée.
AndL : Que doit faire le médecin si la photo ne correspond pas au patient qu'il a en face de lui ?
Xavier Bertrand : C'est la responsabilité du médecin. Médecin, ce n'est pas une profession comme les autres, on doit soigner quand la douleur est là. Maintenant, on présentera la carte vitale au tout début de la consultation, pour ouvrir le dossier médical personnel. Je crois qu'il faudra avoir beaucoup de culot pour avoir une carte qui n'est pas la votre. La responsabilité du médecin sera d'indiquer à l'assurance maladie que la personne n'a pas utilisé sa carte. Je demande que la responsabilisation concerne tout le monde.
Hobs : Ne pensez-vous pas que plus on personnalise nos fichiers médicaux, plus on entre dans un système Big Brother et que nous n'avons plus rien de privé, même nos maladies ?
Xavier Bertrand : Je voudrais dire qu'il n'y a vraiment aucun risque, parce qu'aujourd'hui, on fait pour beaucoup de personnes une déclaration par Internet, que l'informatique est entrée dans les moeurs. Beaucoup de garanties entreront en même temps sur le dossier médical personnel. Si je ne veux pas dire au médecin que j'ai telle ou telle maladie, je ne le dis pas. Nous voulons apporter toutes les garanties de façon à ce qu'on n'ait pas le sentiment d'être surveillé. C'est le patient qui décide, de toute façon, au nom du droit des patients.
Questions mail : p'pa : Bonjour M. le ministre. Il y a des assurés qui abusent des actes médicaux (plusieurs médecins par jours, plusieurs pharmaciens par jour, plusieurs dizaines d'euros par jours de médicaments en tout genre) en se présentant uniquement avec la carte Vitale, et se faisant prescrire par des médecins différents : comment seront traités ces abus, reconnus, suivis, déposés en justice, puis sanctionnés ?
Xavier Bertrand : Il faut savoir que le nomadisme médical existe : c'est aller voir plusieurs médecins dans la journée ou la semaine. Mais il est très réduit. Une personne qui ira voir plusieurs médecins aura quand même le 1 euro qui sera appliqué. Si on va voir quelqu'un d'autre que son médecin traitant, l'assurance maladie va le voir, et verra les surconsommateurs pour voir s'il n'y a pas un problème. Car si vous allez voir plusieurs médecins et que vous prenez plusieurs médicaments, êtes-vous sûr que les médicaments fonctionnent bien entre eux ? Aujourd'hui, 350 hospitalisations par jour sont dues à des médicaments qui ne sont pas compatibles. Le nouveau système sera aussi eilleur pour la santé des Français.
Questions mail : Docteur : Qu'entendez-vous par "meilleur conditionnement des médicaments" ?
Devra-t-on rembourser les médicaments non consommés ?
Xavier Bertrand : Je veux qu'on ait des règles concernant la taille des boîtes de médicaments. Aujourd'hui, trois quarts des boites qui sont ouvertes ne sont pas terminées. D'abord, parce qu'on est souvent indiscipliné dans le suivi d'un traitement. Mais la principale raison, c'est que la taille des boites n'est pas adaptée. Nous voulons des boites plus grosses, des boites de trois mois. Aujourd'hui, nous avons des patients qui prennent le même médicament pendant des années, par exemple pour l'hypertension. Il faut aussi des boîtes plus petites. Prenez par exemple les traitements des enfants : souvent, les boîtes ne sont pas terminées. Ou par ailleurs les anti-inflammatoires, dont on n'a souvent besoin que de quelques-uns.
Paris-Normandie : De quoi sera constitué le dossier médical personnalisé ?
Xavier Bertrand : Le dossier médical personnalisé contiendra à la fois les informations vous concernant, et surtout ce que vous a prescrit votre médecin. Par exemple, j'ai eu une grippe, et j'ai eu telle prescription. Donc il suffira de rentrer ma carte Vitale dans l'ordinateur du médecin, et mon dossier médical apparaîtra sur l'écran. Avec cela, nous voulons éviter les accidents dus aux médicaments, et nous voulons éviter aussi les actes inutiles et redondants. Là aussi, on joue la qualité des soins pour vous, et on réalise des économies. Je veux que la confidentialité soit respectée avec ce dossier médical personnalisé.
Christelle (Gard) : Lorsqu'on doit retourner chez le médecin de nombreuses fois pour le même problème, ne pourrait-on pas envisager une espèce de forfait ? Ou bien alors un paiement au résultat des médecins (ceci dit selon les maladies, certains seront bien mal lotis) ?
Xavier Bertrand : Il faut savoir que les médecins ont une obligation de moyens, pas une obligation de résultats. En médecine, on doit faire tout son possible pour guérir le patient, mais on ne peut pas obliger à un résultat. Maintenant, je crois deviner dans la question autre chose : est-ce bien la question du paiement à l'acte qui est en cause dans cette question ?
Questions mail : citoyen du monde : Quelle différence existe-t-il entre le paiement d'un euro par consultation (ce qui fait déjà deux s'il faut consulter un spécialiste par la suite) et un moindre remboursement des frais de santé ?
Xavier Bertrand : Le moindre remboursement des frais de santé, c'est souvent ce qui a été fait par le passé, c'est-à-dire que, au lieu que ce soit le régime obligatoire qui rembourse, c'étaient les complémentaires, donc les patients qu payaient. Nous avons voulu assumer nos responsabilités, et dire que ce que le régime obligatoire remboursait, il continuera à le faire. Nous n'avons rien donné au régime complémentaire. Le 1 euro, c'est avant tout pour sensibiliser, ce n'est pas pour combler le trou de la sécurité sociale. Je crois que, pour sauver la sécurité sociale, il nous faut responsabiliser, et pour cela, il faut sensibiliser. Et pour cela, il faut avoir le sentiment à chaque fois que ce n'est pas totalement gratuit.
Melle g : Je n'ai pas reçu le formulaire pour le choix de mon médecin traitant. Est-ce normal ?
Xavier Bertrand : Il est possible que ce soit normal, car aujourd'hui, 12 millions de Français ont déjà reçu le formulaire de médecin traitant, ce sont ceux qui dépendent de leur caisse primaire d'assurance maladie et qui sont nés entre janvier et avril. Mais à la fin du mois de mars, nous aurons tous reçu notre formulaire de choix de médecin traitant.
Travailleuse : Et si je ne choisis pas de médecin traitant, comment serai-je remboursée ?
Xavier Bertrand : Nous avons répondu tout à l'heure à cette question : si nous ne choisissons pas de médecin traitant, l'assurance maladie remboursera, mais moins bien. Si nous avions un médecin de famille hier, il suffit de trente secondes pour que ce médecin de famille devienne médecin traitant.
Christelle (Gard) : Pourquoi certaines personnes n'auront pas à payer ce 1 euro si justement c'est pour sensibiliser (personnes bénéficiant de la CMU notamment) ?
Xavier Bertrand : Une personne qui est à la CMU est une personne qui touche moins de 576 euros par mois. Vous voyez les difficultés que cela représente ? Je pense que pour ces personnes, un euro, ça peut représenter parfois des difficultés, et nous n'avons pas voulu que, pour ces personnes, cet euro devienne un frein d'accès à la santé. Par ailleurs, ce sont parfois chez ces personnes qu'on hésite le plus avant d'aller chez le médecin. Cela n'empêche pas qu'il y aura responsabilisation de tous les Français face au parcours de soins, qu'on soit à la CMU ou pas. Par contre, par rapport à ce que disait Christelle, si vous êtes en ALD, votre médecin touchera 40 euros de plus par an. C'est une démarche qualitative, car le médecin passe plus de temps, il est donc logique qu'il soit mieux rémunéré.
JP : Combien remboursera la sécu si on n'a pas de médecin traitant ? Le ministre n'a rien dit !
Xavier Bertrand : Je l'ai dit : si vous allez voir un spécialiste, il y aura un dépassement d'honoraire maximum de 5 euros non pris en charge par l'assurance maladie. Et il y aura aussi un moindre remboursement par l'assurance maladie, qui sera limité à quelques euros, ce n'est pas encore fixé. Si on ne veut pas aller dans la logique du médecin traitant, on peut le faire, mais à ce moment-là, une partie restera à la charge du patient. Mais pour ceux qui ont déjà un médecin de famille, l'évolution est toute logique.
koala(50) : Comment se fait-il qu'il y ait encore des films récents avec la cigarette aux lèvres des acteurs ?
Xavier Bertrand: Là, c'est un peu la responsabilité des producteurs, des réalisateurs et des acteurs. Maintenant, si on veut me faire dire qu'il faut bien faire prendre conscience que la cigarette est néfaste, il n'y a pas de problème. On a décidé des mesures courageuses, avec une hausse de la taxation. Le nombre de fumeurs a reculé de plusieurs millions, notamment chez les plus jeunes. Si on ne se met pas à la cigarette, nous avons la certitude maintenant que nous avons beaucoup moins de risque d'avoir un cancer par la suite. Il faut une prise de conscience de tout le monde. J'ai relu récemment des albums de Lucky Luke : il est peu à peu passé de la cigarette à un brin de paille dans la bouche. C'est plus sympa, non ?
Luky59 : Pouvez-vous répondre sur le plan des personnes handicapées ?
Xavier Bertrand : Avec la réforme de l'assurance maladie, il n'y a pas de changement à proprement parler. Une personne handicapée qui a besoin de consulter un spécialiste régulièrement continuera à le faire sans passer par le médecin généraliste. Par ailleurs, une loi a été votée récemment, elle nous permettra de mieux prendre en charge le handicap. Parfois, nous n'avons pas les solutions en France. Il faut aussi des centres pour les adultes handicapés. Souvent, l'angoisse des parents est : quand je ne serai plus là, qui prendra en charge mon enfant ? Nous allons aussi développer davantage la compensation, de même que l'accessibilité.
Melle G : Quand et comment allez-vous responsabiliser le patient français quant à sa consommation excessive de médicaments ?
Xavier Bertrand : Dès cette année, et à partir d'avril, deux choses vont faire leur apparition en France. Si vous allez à la pharmacie et que vous avez le tiers payant, vous recevrez une facturette vous donnant le prix de vos médicaments, de même que le taux de remboursement de chaque caisse. Par ailleurs, vous recevrez un état de vos dépenses maladies de l'année précédente. Encore une fois, il s'agit de sensibiliser.
Nelly : Je ne vois pas comment on peut faire des économies en allant consulter deux fois alors qu'il est parfois évident qu'on a besoin d'un spécialiste, sans l'avis préalable du généraliste.
Xavier Bertrand : Franchement, j'ai plus confiance en mon médecin qu'en mon intuition personnelle. Admettons que j'ai un problème de peau, suis-je sûr que c'est bien un dermatologue que je dois aller voir ? Donc pour éviter les consultations inutiles, il vaut mieux aller voir le généraliste qui saura mieux conseiller. Le choix du médecin traitant est le meilleur choix possible.
Luky59 : N'allons nous pas vers une médecine à deux vitesses ?
Xavier Bertrand : Nous serions allés vers une médecine à deux vitesses si nous n'avions pas fait la réforme, car l'assurance maladie aurait remboursé de moins en moins. Nous nous sommes battus pour maintenir notre sécurité sociale à la française. Cela vaut la peine que l'on bouge pour cette réforme, pour qu'on puisse garder notre système de sécurité sociale. La balle est dans le camp des Français : il faut s'impliquer dans la réforme. Il faut jouer le jeu du générique, jouer le jeu du médecin traitant, s'impliquer dans de bonnes pratiques. J'ai besoin aussi de l'engagement des médecins dans la réforme, de même que l'engagement des patients. Si on continue à s'impliquer, moi je continue à expliquer la réforme.
Merci à tous les internautes pour vos questions. A bientôt.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 18 février 2005)