Texte intégral
Mesdames les Présidentes, Messieurs les Présidents,
Mesdemoiselles, Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Le métissage des parcours et des fonctions des personnes rassemblées ici ce soir n'est pas anodin. Il est porteur de sens.
Car la culture est l'affaire de tous. C'est tous ensemble : pouvoirs publics, élus locaux, responsables des Chambres de Commerce et d'Industrie, responsables des institutions culturelles, dirigeants d'entreprises et étudiants, qui seront très vite amenés à prendre des responsabilités dans la vie active, que nous devons travailler pour sauvegarder et mettre en valeur notre patrimoine culturel, et encourager la création artistique contemporaine, pour permettre à de nouveaux projets, à de nouvelles rencontres, de voir le jour.
La culture est, pour notre pays, à la fois une richesse spirituelle essentielle, un enjeu économique de taille et un atout déterminant du rayonnement international de la France. Les entreprises comprennent peu à peu le rôle clé qu'elles peuvent jouer pour soutenir et promouvoir cette diversité culturelle dont nous sommes légitimement fiers et qui peut, en termes économiques, s'analyser comme un " avantage comparatif " dans la compétition internationale. Elles prennent conscience qu'au-delà de la dimension, par nature désintéressée, du don, le mécénat est porteur de nombreux avantages pour leur image, leur culture d'entreprise, voire leur stratégie de développement, parce qu'il est facteur de compétitivité et d'excellence.
La loi du 1er août 2003, par les avantages fiscaux consentis au bénéfice des entreprises mécènes, marque un appel politique fort permettant de lever les derniers freins. Bien loin d'un désengagement de l'Etat, et j'en veux pour preuve l'augmentation significative du budget du Ministère de la Culture et de la Communication en 2005, il s'agit d'un appel au partenariat et à la complémentarité pour permettre à de nouveaux projets culturels de se développer.
Le Ministère de la Culture et de la Communication est à l'écoute de tous ceux qui connaissent particulièrement bien les entreprises et leurs attentes. Voilà pourquoi j'ai tenu à réunir ici aujourd'hui à la fois les étudiants d'école de management, décideurs de demain, et les responsables des Chambres de Commerce et d'Industrie qui accompagnent les entreprises dans les régions et les départements, sur l'ensemble de notre territoire. Votre engagement est significatif d'une évolution des mentalités, riche de promesses de rencontres fécondes, et je tiens à vous remercier d'être présents ici ce soir.
Le rapprochement entre les grandes écoles de management et le ministère de la Culture et de la Communication, grâce au concours destiné à récompenser les meilleurs mémoires d'étudiants de ces écoles sur le thème du mécénat culturel, est une première. La mission mécénat a rassemblé un jury de professionnels dont je salue l'implication, présidé M. Jacques Rigaud, dont nous savons tous le rôle qu'il a joué et continue de jouer en faveur de la promotion et du développement du mécénat en France. Les étudiants ont véritablement enrichi et nourri notre réflexion par un regard personnel et pertinent. J'ai aujourd'hui l'honneur de remettre le " Prix du mécénat culturel des grandes écoles de management " à Melle Sophie Tuffnell, de l'école supérieure de commerce de Bordeaux, pour son remarquable travail sur le mécénat viti-vinicole en Gironde. Je suis heureux de vous remettre ce prix : toutes mes félicitations !
Le jury a également tenu à attribuer à Karine Lisbonne, étudiante de l'Ecole des Hautes Études Commerciales, une mention spéciale pour son mémoire intitulé : " Mécénat d'entreprises : créer une fondation dans le domaine de l'art contemporain, panorama européen ". Je suis heureux de vous décerner cette mention spéciale et je tiens à vous féliciter.
Ces deux jeunes filles sont issues d'une spécialité en management des arts et de la culture, ce qui en dit long sur les relations fructueuses qui peuvent naître de deux sphères qu'on a parfois tendance, de façon un peu sommaire, à opposer, et sur l'ouverture réciproque qui commence à porter ses fruits, entre le monde de l'entreprise et celui de la culture. Vos deux mémoires laissent deviner la richesse des problématiques abordées. Développer le mécénat en France, c'est en effet savoir s'inspirer des " bonnes pratiques " de nos voisins, comme le permet la comparaison de Melle Lisbonne, tout en définissant une voie française originale, ancrée sur la spécificité de nos régions, et l'observation de terrain de Mlle Tuffnell est ici passionnante. C'est impliquer les grandes fondations, mais mobiliser aussi les petites et moyennes entreprises dans des actions de proximité.
Pour poursuivre le dialogue, un colloque réunira en juin prochain à l'école du Louvre quelque 600 représentants des milieux culturel, économique et universitaire, autour du thème : " Le mécénat, une composante active du management ".
Nous sommes réunis ce soir pour partager une autre grande étape dans le développement du mécénat culturel des entreprises en France : la signature de la Charte du Mécénat Culturel entre le ministère de la Culture et de la Communication et l'Assemblée des Chambres Françaises de Commerce et d'Industrie, présidée par M. Jean-François Bernardin.
Les Chambres de Commerce et d'Industrie n'ont pas attendu ce texte pour lancer des actions innovantes en régions et je m'en félicite. Je tiens à saluer ici votre dynamisme et votre engagement. La première Charte régionale signée en Picardie en février dernier a fait figure de pionnière et de moteur. De nombreux partenariats de proximité ont également été facilités par les Chambres de Commerce et d'Industrie, et je pense par exemple au club d'entrepreneurs du Limousin, qui soutient l'ensemble baroque de Limoges, à la soixantaine d'entreprises régionales associée chaque année aux Eurockéennes de Belfort, ou encore à l'action de mécénat local lancée autour des statues du parc du château de Versailles.
La signature de la Charte vise à donner aux Chambres de Commerce et d'Industrie réparties sur l'ensemble de notre territoire un véritable rôle de médiation en matière de mécénat culturel, en mettant l'accent sur trois actions exemplaires :
- la désignation d'un correspondant mécénat au sein de chaque Chambre de Commerce et d'Industrie, interlocuteur privilégié du milieu culturel et économique régional ;
- la mise en place de sessions d'information sur la loi " mécénat " du 1er août 2003 et ses applications ;
- l'organisation, enfin, de rencontres entre les responsables de projets culturels et les chefs d'entreprise.
De nombreux grands groupes ont déjà fait le choix d'un engagement actif de mécène. Il s'agit à présent de développer davantage le mécénat de proximité des 2 millions de petites et moyennes entreprises réparties sur notre territoire. Les enjeux et les avantages d'un tel engagement ne sont pas toujours, j'en suis conscient, perçus avec évidence.
Si la culture a, dans notre pays, toujours été l'affaire de l'Etat, et désormais aussi des collectivités territoriales, sa richesse et sa diversité deviennent le fait de la société toute entière, de cette société civile où l'entreprise occupe une place de premier rang pour créer des richesses et des activités qui font vivre l'économie. Oui, l'entreprise performante d'aujourd'hui a compris qu'en s'associant à des artistes, elle dépasse une opération d'image et de communication : elle intègre les valeurs de la création artistique dans sa stratégie de croissance et de qualité.
Les Chambres de Commerce et d'Industrie départementales et régionales sont à ce titre des relais et des partenaires essentiels. Je compte sur vous et je suis sensible au fait que vous soyez, Mme la Présidente, M.M les Présidents de Chambres de commerce et d'industrie, aussi nombreux à vous êtres déplacés ce soir.
C'est avec émotion, espoir et confiance que j'ai l'honneur, et le plaisir, en votre nom à tous, de signer cette Charte avec M. Bernardin.
Je vous remercie.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 16 mars 2005)