Texte intégral
Q- La campagne officielle pour le référendum sur la Constitution européenne commence aujourd'hui. Au cours de ces deux prochaines semaines, nous recevrons à 8H20 dans "Question directe" les responsables des partis politiques qui vont intervenir dans cette campagne officielle jusqu'au 29 mai. Ce matin, Y. Wehrling, le secrétaire national des Verts. Bonjour.
R- Bonjour.
Q- Vous êtes favorable au "oui", mais enfin ce n'est pas vraiment l'enthousiasme chez les Verts, pourtant un parti traditionnellement pro européen. Un de vos porte-parole, S. Coronado, a dit "les Verts font campagne en faveur du "oui" mais pas vraiment contre le "non"". C'est un peu bizarre ?
R- Non, on fait campagne pour le " oui ". On le fait au niveau européen, on le fait avec conviction. Je ne suis absolument pas timoré dans cette défense du " oui ". C'est pour nous un enjeu extrêmement important. Nous avons besoin de cette Constitution au niveau européen, nous les Verts parce que nous avons besoin de quelque chose qui doit peu à peu devenir un Etat fédéral au niveau européen pour répondre aux enjeux d'aujourd'hui.
Q- Oui mais enfin Y. Wehrling, avec un peu plus de 53 % des suffrages les militants des Verts se sont prononcés pour le " oui ", c'est quand même ric rac. Vos meetings, on peut le dire, ne rassemblent pas des foules. La figure emblématique des Verts, D. Cohn-Bendit se fait chahuter, on lui lance des ufs, on le traite de "Dany le jaune", de "traître, passé dans le camp libéral". Il se promène parfois avec des gardes du corps, on a vu ça dans le Nord. Est-ce que ça ne montre pas que finalement le " non " est très puissant chez les sympathisants écologistes et que vous êtes peut-être coupé de votre base ?
R- Non, on a simplement comme dans la plupart des couches sociales, on a une inquiétude par rapport à l'Europe qui s'est manifestée chez nos militants. Je dois dire aujourd'hui à 15 jours du référendum que la quasi-totalité des membres des Verts font campagne, jouent le jeu, font campagne sur le " oui ".
Q- Il y a quelques élus qui font campagne pour le " non ", vous le savez ?
R- Oui quelques, mais nous n'avons jamais bridé les paroles de qui que ce soit, il peut y avoir des points de vue divergeant mais la grande majorité de nos animateurs nationaux font campagne pour le "oui", et nos militants font campagne aussi. Donc moi c'est ça qui compte. Cette campagne n'est pas facile, vous avez dit qu'on est chahuté, c'est vrai qu'on est chahuté, c'est vrai qu'il nous faut expliquer et c'est vrai aussi qu'il faut qu'on puisse expliquer que notre position est celle d'un parti qui ne veut pas prendre le traité pour bouc émissaire de tous les problèmes nationaux français.
Q- Pour expliquer la montée du "non", il y a l'inquiétude que suscite l'Europe pour beaucoup de Français. L'Europe ce sont les délocalisations, le dumping social, fiscal, la crainte d'une invasion de main d'uvre à bon marché. Ce sont des craintes justifiées ou pas ?
R- Ce sont des craintes, comment dire... L'inquiétude sociale est justifiée, parce qu'effectivement il y a eu beaucoup de mouvements sociaux avant la campagne sur le référendum, des mouvements sociaux français dus à une politique française et aujourd'hui il n'y a pas de réponse à ça. Donc les gens sont inquiets et se posent des questions et se demandent si l'Europe se serait pas un petit peu responsable de ça. Or l'Europe n'est évidemment pas responsable de ce qui se passe aujourd'hui en France, d'ailleurs beaucoup de pays européens nous regardent avec interrogation et beaucoup de nos amis à gauche en Europe se disent : mais enfin ce traité est quand même le meilleur rempart à ce que vous dénoncez ici en France. Donc effectivement c'est ça qu'il faut qu'on fasse passer comme
message.
Q- Ce traité nous protège des délocalisations, oui ou non ?
R- Ce traité est la construction d'un Etat fédéral européen. Quoi de mieux pour protéger demain les citoyens qui ont des inquiétudes ? C'est ça le débat aujourd'hui qu'on doit avoir. C'est : est-ce qu'on veut d'un niveau européen fort ou est-ce qu'on veut en rester à des politiques nationales qui se juxtaposent et qui sont impuissantes ?
Q- Vous dites "un Etat fédéral". Donc vous voulez un jour les Etats-Unis d'Europe ?
R- On veut un Etat fédéral européen des Verts, oui c'est vrai, on veut ça. On veut ça parce que c'est ça qui est rempart aujourd'hui d'une politique de mondialisation qui nous impose trop de choses qu'on ne veut pas.
Q- La grande critique de certains partisans du "non", c'est que cette Constitution est libérale, elle prône, c'est écrit dans le texte, la concurrence libre et non faussée et puis en même temps la Constitution proclame l'économie sociale de marché, peut-être pour s'opposer aux effets des règles de la concurrence libre et non faussée. Comment ça peut marcher, on a l'impression qu'on dit tout et son contraire dans cette Constitution ?
R- On dit un certain nombre de choses qui font aujourd'hui compromis et consensus au niveau européen. Ce que ça veut dire en réalité, c'est que comme on ménage la chèvre et le chou dans ce traité constitutionnel européen, qu'on donne à la fois des gages à des partis libéraux et à la fois à une gauche européenne réellement existante et réellement mobilisée, à travers toute une série d'articles qui prônent effectivement la protection sociale, il y a un article complet du traité qui est la liste complète de ce que nous, les Français, à quoi nous tenons en terme de protection sociale. Donc tout ça, ça y figure dans le traité. Ce que ça veut dire en conséquence, c'est que la balance penchera d'un côté ou de l'autre en fonction des majorités politiques qui se dessineront, tant au niveau des Etats lors des prochaines élections 2007 en France par exemple, qu'au niveau du Parlement européen lors des prochaines élections européennes de 2009.
Q- Donc vous reconnaissez qu'il y a dans ce texte des formules ambiguës, qu'on peut dire tout et son contraire, qu'on peut découvrir un petit peu tout dans ce texte, le libéralisme mais aussi des éléments qui permettent de lutter contre le libéralisme ?
R- Oui tout à fait et encore une fois...
Q- Ca explique peut-être l'inquiétude alors des Français qui découvrent ce texte ?
R- Et toute la difficulté parce que c'est un traité, c'est quelque chose de constitutionnel, c'est quelque chose de juridique, c'est toute la difficulté d'expliquer aux Français la nature juridique profonde qui modifie les choses au niveau européen avec ce traité, et ce que ça modifie, c'est que ça donne plus de pouvoirs à la sphère politique, donc à la sphère citoyenne et c'est là que les choses se décideront. Pour nous, c'est ça qui est important, et le débat se situe aujourd'hui moins sur la question de savoir si ce traité est libéral ou pas libéral,
mais de savoir s'il construit et s'il permet aux pouvoirs démocratiques d'influer sur les politiques européennes, et c'est ça effectivement que le traité permet.
Q- Et votre réponse là est oui, des exemples ?
R- Bien sûr que c'est oui, c'est-à-dire qu'aujourd'hui au niveau européen, nous avons réussi à construire l'Europe environnementale - pour les Verts, c'est très important. Un Etat fédéral fort qui au niveau européen édicte des lois européennes, ce n'est pas spécialement ce que le libéralisme aime, eh bien demain à travers cette Europe renforcée, on pourra édicter des protections sociales et ça aussi, je ne pense pas qu'un certain nombre de libres échangistes soient très favorables à ce traité aujourd'hui.
Q- Le "oui" est en difficulté dans les sondages, est-ce que vous estimez que J. Chirac doit à nouveau intervenir longuement à la télévision dans ces deux dernières semaines avant le référendum ?
R- La dernière fois qu'il l'a fait, ça a été désastreux, donc je ne suis pas sûr de souhaiter ça, à condition toutefois que s'il tient un discours, il tient un discours européen et pas un discours national parce qu'aujourd'hui, ce que je constate dans le débat, c'est qu'on prend en otage la question du traité européen pour des enjeux qui n'ont rien à voir avec l'Europe, qui sont des enjeux nationaux sur les élections de 2007 et je le regrette.
Q- Dites-moi, face à cette Constitution européenne, le PS est divisé et les Verts aussi. Les partisans du "oui" et du "non" se critiquent de plus en plus sévèrement, ça va quand même laisser des traces. Est-ce que la gauche plurielle - PS, PC et Verts - pourra se retrouver après ce référendum sur un programme de Gouvernement pour la présidentielle de 2007 ? Il y aura des cicatrices quand même avec ces affrontements oui, non.
R- Encore une fois, moi jusqu'au 29 mai, je vais faire campagne sur le traité pas sur des enjeux de politique intérieure qui préparent les élections de 2007 ou qui préparent un quelconque candidat à la présidentielle. On prend en otages les électeurs de gauche, et de droite aussi sur des enjeux nationaux. Il faut quand même à un moment donné qu'on reparle un petit peu de ce traité. Alors effectivement j'entends ici ou là des règlements de compte qui se préparent au lendemain du 29 mai. C'est bien de montrer qu'effectivement ce sont ça les enjeux pour un certain nombre de gens qui font campagne aujourd'hui pour le "oui" ou pour le "non", mais pour moi l'important au lendemain du 29 mai, c'est effectivement de justement rappeler quels sont les enjeux importants au lendemain du 29 mai.
Q- C'est quand même bizarre votre décision d'interdire des meetings communs entre les Verts et les socialistes pour cette campagne en faveur du "oui", ça fait un peu sectaire, non ?
R- J'ai entendu ce mot, ce n'est pas sectaire d'essayer de convaincre son propre électorat quand on a un électorat qui précisément est altermondialiste, alors que les socialistes...
Q- Mais l'union fait la force, disait J. Chirac il y a quelques semaines.
R- Ca dépend. En tout cas sur ce genre de dossier, je ne suis pas certain qu'il faille gagner en faisant l'union comme ça de tous les "oui", sachant qu'en plus il y a cette idée qu'il faut combattre absolument que le "oui" serait un "oui" du pouvoir et que le "non" serait un "non" du peuple. Je crois qu'au contraire, il faut qu'on se batte chacun sur nos propres arguments.
Q- Vous êtes le petit nouveau dans cette campagne électorale et même dans le monde politique. Voilà quatre mois que vous êtes secrétaire national des Verts, personne ne vous connaissait. Vous l'avez dit "je suis le plus petit dénominateur commun, pour expliquer votre élection à la tête des Verts". Vous avez rencontré toutes les stars de la politique française ces dernières semaines. Avec qui avez-vous eu le meilleur contact ?
R- La question est un peu étonnante. Je n'ai pas de contact privilégié avec qui que ce soit. J'ai des contacts politiques pour construire la suite avec nos partenaires de gauche. Je n'ai pas, là, aujourd'hui, de feeling particulier avec qui que ce soit, ce n'est pas mon rôle d'ailleurs d'essayer d'avoir ça.
Q- Comment on vous regarde quand vous arrivez sur les plateaux de télévision avec toutes ces stars de la politique, habitués aux caméras et aux micros ? Qu'est-ce qu'on vous dit, on vous donne des conseils ?
R- Non, on fait comme vous, on me dit : vous êtes nouveau, qui êtes-vous, que faites-vous dans la vie, etc. ? Voilà c'est à peu près aussi simple que ça.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 17 mai 2005)
R- Bonjour.
Q- Vous êtes favorable au "oui", mais enfin ce n'est pas vraiment l'enthousiasme chez les Verts, pourtant un parti traditionnellement pro européen. Un de vos porte-parole, S. Coronado, a dit "les Verts font campagne en faveur du "oui" mais pas vraiment contre le "non"". C'est un peu bizarre ?
R- Non, on fait campagne pour le " oui ". On le fait au niveau européen, on le fait avec conviction. Je ne suis absolument pas timoré dans cette défense du " oui ". C'est pour nous un enjeu extrêmement important. Nous avons besoin de cette Constitution au niveau européen, nous les Verts parce que nous avons besoin de quelque chose qui doit peu à peu devenir un Etat fédéral au niveau européen pour répondre aux enjeux d'aujourd'hui.
Q- Oui mais enfin Y. Wehrling, avec un peu plus de 53 % des suffrages les militants des Verts se sont prononcés pour le " oui ", c'est quand même ric rac. Vos meetings, on peut le dire, ne rassemblent pas des foules. La figure emblématique des Verts, D. Cohn-Bendit se fait chahuter, on lui lance des ufs, on le traite de "Dany le jaune", de "traître, passé dans le camp libéral". Il se promène parfois avec des gardes du corps, on a vu ça dans le Nord. Est-ce que ça ne montre pas que finalement le " non " est très puissant chez les sympathisants écologistes et que vous êtes peut-être coupé de votre base ?
R- Non, on a simplement comme dans la plupart des couches sociales, on a une inquiétude par rapport à l'Europe qui s'est manifestée chez nos militants. Je dois dire aujourd'hui à 15 jours du référendum que la quasi-totalité des membres des Verts font campagne, jouent le jeu, font campagne sur le " oui ".
Q- Il y a quelques élus qui font campagne pour le " non ", vous le savez ?
R- Oui quelques, mais nous n'avons jamais bridé les paroles de qui que ce soit, il peut y avoir des points de vue divergeant mais la grande majorité de nos animateurs nationaux font campagne pour le "oui", et nos militants font campagne aussi. Donc moi c'est ça qui compte. Cette campagne n'est pas facile, vous avez dit qu'on est chahuté, c'est vrai qu'on est chahuté, c'est vrai qu'il nous faut expliquer et c'est vrai aussi qu'il faut qu'on puisse expliquer que notre position est celle d'un parti qui ne veut pas prendre le traité pour bouc émissaire de tous les problèmes nationaux français.
Q- Pour expliquer la montée du "non", il y a l'inquiétude que suscite l'Europe pour beaucoup de Français. L'Europe ce sont les délocalisations, le dumping social, fiscal, la crainte d'une invasion de main d'uvre à bon marché. Ce sont des craintes justifiées ou pas ?
R- Ce sont des craintes, comment dire... L'inquiétude sociale est justifiée, parce qu'effectivement il y a eu beaucoup de mouvements sociaux avant la campagne sur le référendum, des mouvements sociaux français dus à une politique française et aujourd'hui il n'y a pas de réponse à ça. Donc les gens sont inquiets et se posent des questions et se demandent si l'Europe se serait pas un petit peu responsable de ça. Or l'Europe n'est évidemment pas responsable de ce qui se passe aujourd'hui en France, d'ailleurs beaucoup de pays européens nous regardent avec interrogation et beaucoup de nos amis à gauche en Europe se disent : mais enfin ce traité est quand même le meilleur rempart à ce que vous dénoncez ici en France. Donc effectivement c'est ça qu'il faut qu'on fasse passer comme
message.
Q- Ce traité nous protège des délocalisations, oui ou non ?
R- Ce traité est la construction d'un Etat fédéral européen. Quoi de mieux pour protéger demain les citoyens qui ont des inquiétudes ? C'est ça le débat aujourd'hui qu'on doit avoir. C'est : est-ce qu'on veut d'un niveau européen fort ou est-ce qu'on veut en rester à des politiques nationales qui se juxtaposent et qui sont impuissantes ?
Q- Vous dites "un Etat fédéral". Donc vous voulez un jour les Etats-Unis d'Europe ?
R- On veut un Etat fédéral européen des Verts, oui c'est vrai, on veut ça. On veut ça parce que c'est ça qui est rempart aujourd'hui d'une politique de mondialisation qui nous impose trop de choses qu'on ne veut pas.
Q- La grande critique de certains partisans du "non", c'est que cette Constitution est libérale, elle prône, c'est écrit dans le texte, la concurrence libre et non faussée et puis en même temps la Constitution proclame l'économie sociale de marché, peut-être pour s'opposer aux effets des règles de la concurrence libre et non faussée. Comment ça peut marcher, on a l'impression qu'on dit tout et son contraire dans cette Constitution ?
R- On dit un certain nombre de choses qui font aujourd'hui compromis et consensus au niveau européen. Ce que ça veut dire en réalité, c'est que comme on ménage la chèvre et le chou dans ce traité constitutionnel européen, qu'on donne à la fois des gages à des partis libéraux et à la fois à une gauche européenne réellement existante et réellement mobilisée, à travers toute une série d'articles qui prônent effectivement la protection sociale, il y a un article complet du traité qui est la liste complète de ce que nous, les Français, à quoi nous tenons en terme de protection sociale. Donc tout ça, ça y figure dans le traité. Ce que ça veut dire en conséquence, c'est que la balance penchera d'un côté ou de l'autre en fonction des majorités politiques qui se dessineront, tant au niveau des Etats lors des prochaines élections 2007 en France par exemple, qu'au niveau du Parlement européen lors des prochaines élections européennes de 2009.
Q- Donc vous reconnaissez qu'il y a dans ce texte des formules ambiguës, qu'on peut dire tout et son contraire, qu'on peut découvrir un petit peu tout dans ce texte, le libéralisme mais aussi des éléments qui permettent de lutter contre le libéralisme ?
R- Oui tout à fait et encore une fois...
Q- Ca explique peut-être l'inquiétude alors des Français qui découvrent ce texte ?
R- Et toute la difficulté parce que c'est un traité, c'est quelque chose de constitutionnel, c'est quelque chose de juridique, c'est toute la difficulté d'expliquer aux Français la nature juridique profonde qui modifie les choses au niveau européen avec ce traité, et ce que ça modifie, c'est que ça donne plus de pouvoirs à la sphère politique, donc à la sphère citoyenne et c'est là que les choses se décideront. Pour nous, c'est ça qui est important, et le débat se situe aujourd'hui moins sur la question de savoir si ce traité est libéral ou pas libéral,
mais de savoir s'il construit et s'il permet aux pouvoirs démocratiques d'influer sur les politiques européennes, et c'est ça effectivement que le traité permet.
Q- Et votre réponse là est oui, des exemples ?
R- Bien sûr que c'est oui, c'est-à-dire qu'aujourd'hui au niveau européen, nous avons réussi à construire l'Europe environnementale - pour les Verts, c'est très important. Un Etat fédéral fort qui au niveau européen édicte des lois européennes, ce n'est pas spécialement ce que le libéralisme aime, eh bien demain à travers cette Europe renforcée, on pourra édicter des protections sociales et ça aussi, je ne pense pas qu'un certain nombre de libres échangistes soient très favorables à ce traité aujourd'hui.
Q- Le "oui" est en difficulté dans les sondages, est-ce que vous estimez que J. Chirac doit à nouveau intervenir longuement à la télévision dans ces deux dernières semaines avant le référendum ?
R- La dernière fois qu'il l'a fait, ça a été désastreux, donc je ne suis pas sûr de souhaiter ça, à condition toutefois que s'il tient un discours, il tient un discours européen et pas un discours national parce qu'aujourd'hui, ce que je constate dans le débat, c'est qu'on prend en otage la question du traité européen pour des enjeux qui n'ont rien à voir avec l'Europe, qui sont des enjeux nationaux sur les élections de 2007 et je le regrette.
Q- Dites-moi, face à cette Constitution européenne, le PS est divisé et les Verts aussi. Les partisans du "oui" et du "non" se critiquent de plus en plus sévèrement, ça va quand même laisser des traces. Est-ce que la gauche plurielle - PS, PC et Verts - pourra se retrouver après ce référendum sur un programme de Gouvernement pour la présidentielle de 2007 ? Il y aura des cicatrices quand même avec ces affrontements oui, non.
R- Encore une fois, moi jusqu'au 29 mai, je vais faire campagne sur le traité pas sur des enjeux de politique intérieure qui préparent les élections de 2007 ou qui préparent un quelconque candidat à la présidentielle. On prend en otages les électeurs de gauche, et de droite aussi sur des enjeux nationaux. Il faut quand même à un moment donné qu'on reparle un petit peu de ce traité. Alors effectivement j'entends ici ou là des règlements de compte qui se préparent au lendemain du 29 mai. C'est bien de montrer qu'effectivement ce sont ça les enjeux pour un certain nombre de gens qui font campagne aujourd'hui pour le "oui" ou pour le "non", mais pour moi l'important au lendemain du 29 mai, c'est effectivement de justement rappeler quels sont les enjeux importants au lendemain du 29 mai.
Q- C'est quand même bizarre votre décision d'interdire des meetings communs entre les Verts et les socialistes pour cette campagne en faveur du "oui", ça fait un peu sectaire, non ?
R- J'ai entendu ce mot, ce n'est pas sectaire d'essayer de convaincre son propre électorat quand on a un électorat qui précisément est altermondialiste, alors que les socialistes...
Q- Mais l'union fait la force, disait J. Chirac il y a quelques semaines.
R- Ca dépend. En tout cas sur ce genre de dossier, je ne suis pas certain qu'il faille gagner en faisant l'union comme ça de tous les "oui", sachant qu'en plus il y a cette idée qu'il faut combattre absolument que le "oui" serait un "oui" du pouvoir et que le "non" serait un "non" du peuple. Je crois qu'au contraire, il faut qu'on se batte chacun sur nos propres arguments.
Q- Vous êtes le petit nouveau dans cette campagne électorale et même dans le monde politique. Voilà quatre mois que vous êtes secrétaire national des Verts, personne ne vous connaissait. Vous l'avez dit "je suis le plus petit dénominateur commun, pour expliquer votre élection à la tête des Verts". Vous avez rencontré toutes les stars de la politique française ces dernières semaines. Avec qui avez-vous eu le meilleur contact ?
R- La question est un peu étonnante. Je n'ai pas de contact privilégié avec qui que ce soit. J'ai des contacts politiques pour construire la suite avec nos partenaires de gauche. Je n'ai pas, là, aujourd'hui, de feeling particulier avec qui que ce soit, ce n'est pas mon rôle d'ailleurs d'essayer d'avoir ça.
Q- Comment on vous regarde quand vous arrivez sur les plateaux de télévision avec toutes ces stars de la politique, habitués aux caméras et aux micros ? Qu'est-ce qu'on vous dit, on vous donne des conseils ?
R- Non, on fait comme vous, on me dit : vous êtes nouveau, qui êtes-vous, que faites-vous dans la vie, etc. ? Voilà c'est à peu près aussi simple que ça.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 17 mai 2005)