Déclaration de M. Gilles de Robien, ministre de l'équipement, des transports, de l'aménagement du territoire, du tourisme et de la mer, sur l'ouverture du dernier tronçon de l'autoroute A75 de la traversée du Massif Central, Lodève le 15 mars 2005.

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Circonstance : Inauguration de la déviation de Lodève par l'autoroute A 75 à Lodève, le 15 mars 2005

Texte intégral

Monsieur le Préfet,
Monsieur le député-maire,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Je suis heureux aujourd'hui que l'autoroute A75 nous donne l'occasion de nous réunir à nouveau. Trois mois presque jour pour jour après la mise en service du contournement de Millau, l'inauguration de la déviation de Lodève marque l'achèvement de la traversée du Massif Central par l'A75. Ce sont ainsi 320 km d'autoroute en continu qui sont désormais ouverts à la circulation sur les 340 km que compte au total cet axe.
Je dois reconnaître que c'est avec fierté que je vais, comme il est de tradition, couper le ruban et permettre ainsi l'ouverture de ce nouveau tronçon autoroutier contournant la ville de Lodève.
Pour relier Clermont-Ferrand, la capitale de l'Auvergne, à Béziers sur le littoral méditerranéen, il y a eu pendant longtemps les 369 km de la RN9 que délaissaient ceux qui, partant du nord de la France, voulaient rallier rapidement le sud vers le Roussillon ou la péninsule ibérique. Ce trafic se reportait sur les autoroutes A6 et A7 (Paris-Lyon- Méditerrannée) et A10 et A63 (Paris-Bordeaux-Bayonne). On pouvait bien sûr envisager une liaison plus directe passant par l'Auvergne et le Rouergue, mais l'immensité de la tâche et les difficultés techniques faisaient reculer les plus audacieux. Cependant, tôt ou tard, la difficulté d'entreprendre s'efface lorsque la nécessité s'impose.
C'est en 1988 que le gouvernement de Jacques Chirac décide de transformer la RN9 en véritable autoroute pour désenclaver le Massif Central et concrétise ainsi l'idée de 1975 de Valéry Giscard d'Estaing.
L'autoroute A75, autrement dénommée La Méridienne, traverse près de six départements appartenant à trois régions différentes :
- l'Auvergne sur une longueur d'environ 115 km à travers le Puy -de-Dôme, la Haute-Loire et le Cantal ;
- le Languedoc-Roussillon, d'abord en Lozère sur une longueur de 65 km puis dans l'Hérault sur plus de 80 km jusqu' à Béziers ;
- et enfin Midi-Pyrénées sur 78 km dans l'Aveyron.
Ce nouvel axe autoroutier Nord-Sud, long de 340 km, répond à trois objectifs :
- le premier est de constituer un nouvel axe facilitant les échanges entre l'Europe du Nord et la péninsule ibérique, en permettant notamment de délester la vallée du Rhône et une partie de l'arc languedocien de leur trafic ;
- le deuxième est d'assurer le désenclavement Nord-Sud du Massif Central en constituant le trait d'union entre les autoroutes Est-Ouest A89 et A9 et en complétant ainsi le maillage autoroutier du territoire ;
- le troisième est évidemment de faciliter l'accès à ces territoires du Massif Central isolés par leur relief et permettre leur développement en facilitant les échanges.
Chacun sait cependant que construire une infrastructure de transport n'est pas suffisant pour assurer le développement d'un territoire. C'est pourquoi la décision de construire l'autoroute A 75 s'est accompagnée d'une volonté forte de mettre en place une stratégie cohérente de développement, de préserver les paysages, de valoriser le patrimoine pour que les régions traversées puissent tirer le meilleur parti de cette réalisation.
Il convient de souligner que l'État a entièrement financé cette autoroute, à l'exception du franchissement du Tarn par le viaduc de Millau qu'il a décidé de concéder à la Compagnie Eiffage du viaduc de Millau. Ce sont ainsi près de 2,2 milliards d'euros que l'État a investi dans l'A75. L'intérêt est évident pour les collectivités territoriales qui n'ont pas eu à contribuer à son financement mais il l'est également pour les usagers qui bénéficient d'une infrastructure gratuite sur l'essentiel de son linéaire. C'est un atout évident pour l'aménagement du territoire.
L'exemplarité de l'A75 tient également au fait qu'elle a été pensée et imaginée pour être au service des territoires qu'elle traverse, pour les irriguer, pour les mettre en valeur. La densité des échangeurs - on en recense 64, soit en moyenne un tous les 5 km - est exceptionnelle. Elle permet aux usagers d'entrer et de sortir de l'autoroute sans difficulté pour découvrir les richesses patrimoniales et paysagères des régions traversées et fait de l'A 75 une artère de vie autour de laquelle peuvent s'ordonner les politiques locales de développement et d'aménagement du territoire.
Par ailleurs, tout a été fait pour que l'autoroute ne soit pas une disgracieuse cicatrice dans les magnifiques paysages qu'elle nous donne à voir. L'aménagement paysager de l'A 75 a ainsi été conçu pour que l'infrastructure soit parfaitement intégrée dans la nature qui l'entoure. Mais au-delà de l'intégration paysagère, c'est l'ensemble du patrimoine des régions traversées qui a été valorisé grâce à l'expérimentation sur l'A75 de la politique du " 1% paysage et développement " initiée par la direction des routes. Ce sont ainsi de nombreux sites qui ont pu bénéficier de cette politique incitatrice pour éliminer des points noirs paysagers, pour réhabiliter des espaces urbains et ruraux, pour enfouir des réseaux électriques et téléphoniques, pour créer des itinéraires de découverte ou mettre en place des villages-étapes. Les services de l'État ont été, aux côtés des collectivités territoriales, exemplaires pour imaginer, subventionner et mettre en oeuvre des outils de développement co mplémentaires à l'autoroute.
Par exemple, dans ce secteur le 1% a déjà été mobilisé pour réaliser plusieurs études sur les circuits touristiques et le vignoble et pour mettre en oeuvre des itinéraires de découverte ou améliorer des entrées de villages. Monsieur le Maire, je peux vous confirmer que le 1% sera également mobilisé sur l'entrée sud de Lodève.
La découverte du territoire passe aussi par la signalisation d'animation touristique et culturelle qui joue là un rôle appréciable de promotion. Beaucoup d e choses ont évolué ces dernières années avec des mises en services et maintenant les perspectives d'achèvement complet de l'axe sont bien visibles. C'est donc le moment pour faire un point sur ce dossier et de remettre de la cohérence sur l'axe. J'ai demandé en ce sens à mes services de réouvrir ce dossier. C'est l'occasion d'examiner au fond les nouvelles demandes. J'ai bien noté celles exprimées ici, et que vous avez Monsieur le Maire relayées, telles le lac du Salagou, les grottes de Labeil ou encore les stations thermales de Lamalou-les-Bains et Avène.
Évidemment, un projet aussi exceptionnel que l'A75, long de 340 km, se déployant dans des reliefs montagneux sur plus de 250 km, ne se réalise pas sans rencontrer des
difficultés. Le franchissement du Tarn par le viaduc de Millau a constitué à cet égard un
défi. La réalisation pour laquelle nous sommes réunis aujourd'hui est également, à son échelle, l'aboutissement d'un chantier complexe démarré à la fin 2001.
Un chantier complexe, d'abord par le nombre important d'ouvrages qu'il a fallu construire :
- le tunnel du rocher de la Vierge, comportant désormais deux tubes de circulation ;
- les viaducs de Fozières et de la Brèze, dont la réalisation a nécessité, compte tenu de leur environnement et malgré leurs dimensions modestes, le recours à des solutions techniques exigeantes ;
- le mur de soutènement de Soumont qui, long de 300 m et surtout haut de 30 m au point le plus élevé, constitue un ouvrage exceptionnel dans sa catégorie ;
- les ouvrages hydrauliques nécessaires à l'évacuation des eaux de ruissellement liées aux précipitations cévenoles dont on connaît les montées en charges soudaines et importantes ;
- enfin les terrassements rendus complexes tant par le relief que par la nature des terrains rencontrés.
Ce chantier a également été rendu complexe par le besoin de maintenir autant que possible la circulation automobile. Le phasage et le déroulement du chantier ont constitué un véritable défi, défi relevé grâce à l'efficacité et à la mobilisation soutenue des services de l'Équipement, maître d'oeuvre, et des entreprises chargées des travaux. Leur implication mérite d'être signalée ; elle est un des éléments essentiels qui permet aujourd'hui de mettre cette section en service selon le calendrier souhaité. Je les en remercie chaleureusement.
Je tiens également à remercier Robert Lecou, député -maire de Lodève, et l'ensemble de ses administrés sans le soutien desquels le chantier n'aurait probablement pas pu aboutir dans les délais escomptés. En effet, les deux sens de circulation de la déviation de Lodève ont été reportés à deux reprises dans la ville de Lodève :
- une première fois en mars et avril 2003 afin de réaliser l'ensemble des tirs de mines indispensables aux terrassements de la plate-forme autoroutière ;
- puis, entre janvier et le début avril 2004 afin d'achever la réalisation du mur de Soumont et d'avancer les travaux des deux tubes du tunnel du rocher de la Vierge.
Ces efforts portent finalement leurs fruits. La déviation de Lodève peut être mise en service selon le calendrier prévu, peu de temps après l'ouverture du contournement de Millau.
Depuis 1991, les mises en services des différents tronçons de l'A 75 se sont succédées. Elles témoignent chacune des efforts déployés par toutes celles et tous ceux qui oeuvrent, tant à la mise au point qu'à l'exécution de cet important chantier et qui donnent le meilleur d'eux-mêmes. L'achèvement de la traversée du Massif Central méritait de convier ces agents de l'Équipement qui, du Puy-de-Dôme à l'Hérault, ont contribué à la réussite de ce projet exceptionnel, de cette oeuvre collective. Mais l'aventure ne s'arrête pas ici. Avec la mise en service du contournement de Millau, puis de la déviation de Lodève, le chantier d'A75 ne s'arrête pas ; il se poursuit. Nous abordons maintenant la dernière ligne droite qui doit conduire l'A75 de Pézenas à Béziers et à l'A9. Pour ce faire, nous attaquerons dès cette année la reconfiguration de l'échangeur d'Agde. La déviation de Pézenas, actuellement à 2x2 voies, sera mise aux normes autoroutières. Les études sont en cours et les services de l'Équipement y associent les collectivités pour que l'ensemble des enjeux soient appréhendés au mieux. L'enquête publique au titre de la loi sur l'eau est prévue au deuxième semestre 2005 afin de permettre l'aboutissement des études techniques et le lancement des premiers appels d'offres en 2006. La liaison entre Pézenas et Béziers doit également être terminée. Le processus d'acquisitions foncières a d'ores et déjà été engagé. L'objectif est de mettre en service le tronçon Pézenas - Valros à l'horizon 2008 et de connecter l'A75 à l'A9 en 2009. Les modifications apportées au projet technique de raccordement de l'A75 à la rocade est de Béziers nécessitent une enquête d'utilité publique complémentaire prévue au début de l'automne prochain. Ces aménagements seront financés par l'État et plus précisément par l'agence de financement des infrastructures de transports de France récemment créée, dont les ressources proviennent en grande partie des dividendes des sociétés publiques concessionnaires d'autoroutes.
Enfin, s'agissant de l'A750 reliant l'A75 à Montpellier, les services de l'Équipement travaillent avec l'objectif de mettre en service à l'été prochain la déviation de Saint André-de-Sangonis dans une configuration provisoire. Ce premier aménagement libèrera le centre -ville de cette commune du trafic de transit particulièrement soutenu lors des périodes de grandes migrations.
La mise en configuration définitive à 2x2 voies est prévue au printemps 2006. Par ailleurs, j'ai décidé de poursuivre le processus d'appel d'offres pour les travaux du nouveau franchissement de l'Hérault au droit de Gignac malgré le niveau des offres qui nous ont été remises. Le marché sera engagé en 2005 et le chantier montera en puissance progressivement d'ici 2006. La mise en service du pont envisagée au tout début 2008 parachèvera ainsi la mise à 2x2 voies de l'ensemble de l'itinéraire entre l'A 75 et Montpellier.
Il restera à assurer la continuité vers l'A9 au droit de Montpellie r et à effectuer quelques mises aux normes autoroutières. Sur le premier point, le choix du tracé, trop longtemps reporté, sera arrêté d'ici l'été et l'enquête publique sera lancée à la fin de cette année. Je souhaite en effet que le dossier du contournement ouest de Montpellier soit en ordre en vue du prochain contrat de plan.
Vous le voyez, nous sommes mobilisés pour que l'achèvement de l'A75 et de l'A750
puissent avoir lieu dans les meilleurs délais.
Pour en revenir à ce qui nous réunit aujourd'hui et pour conclure, je souhaite encore une fois rendre un hommage appuyé à tous les acteurs de ce chantier et plus généralement à ceux qui ont contribué à la réalisation de l'A75 à travers le Massif Central : les équipes des bureaux d'études et des entreprises, les différentes administrations et évidemment les services de l'Équipement.
Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.equipement.gouv.fr, le 15 mars 2005)