Texte intégral
En tant que ministre de la défense, ne croyez-vous pas que la stabilisation de l'Afghanistan est une tâche qui dépasse les capacités militaires de l'OTAN ?
Michèle Alliot-Marie :
Cette stabilisation sera réalisée le jour où l'État afghan sera en mesure de fonctionner dans le cadre de ses propres institutions, et en faisant régner l'ordre et la sécurité avec ses propres forces. En attendant, l'OTAN et l'ISAF [Force internationale d'assistance pour la sécurité en Afghanistan] contribuent à cette stabilisation, mais il est évident qu'elles ne sont pas à même, matériellement et psychologiquement, de faire régner la sécurité dans l'ensemble du pays.
La France a accepté que l'ISAF puisse sortir de Kaboul pour assurer la protection de certaines équipes provinciales de reconstruction (PRT). Mais étendre ce mandat n'a de sens qu'à condition que les pays qui soutiennent cette décision fassent un effort supplémentaire, sous forme de moyens militaires additionnels, en faveur de l'ISAF.
La France pourrait-elle proposer sa coopération militaire au gouvernement irakien issu des élections du mois de juin ?
Oui. Nous estimons qu'il est indispensable que les Irakiens retrouvent le plus rapidement possible leur souveraineté, ce qui suppose qu'ils aient un gouvernement légitime. Nous ne pourrons envisager d'intervenir qu'à la demande d'un tel gouvernement, et dans un cadre qui soit celui des Nations unies. Ce gouvernement devrait être installé à partir du 1er juillet, et c'est donc à partir de cette date que nous envisageons notre participation à la reconstruction de l'Irak, en liaison avec nos partenaires allemands, ainsi qu'avec les Japonais. Le Japon souhaite en effet être associé à nos projets, qui sont liés à la formation de la police, de l'armée, voire de la gendarmerie irakiennes. C'est un domaine où nous avons une expertise puisque c'est ce que nous faisons déjà en Afghanistan.
Avez-vous le sentiment que les Américains ont désormais accepté la défense européenne, et celle-ci doit-elle se partager les tâches avec l'Alliance atlantique ?
Mon dernier voyage à Washington m'a montré que beaucoup d'oppositions américaines à une défense européenne dotée de la totalité de ses moyens et de ses missions pouvaient venir, d'une méconnaissance - ou d'une mauvaise information - des finalités et des modalités de l'Europe de la défense. Mes échanges avec Donald Rumsfeld, mon homologue américain, m'ont permis de remettre en place des idées ou des informations fausses sur lesquelles s'appuyait sans doute une partie de son raisonnement. J'ai le sentiment aujourd'hui que la conjonction des efforts d'explication des Britanniques et des miens permet d'aborder beaucoup plus sereinement, la question de la défense européenne, notamment s'agissant de ses relations avec l'OTAN. L'intervention de l'Union européenne, comme celle de l'Alliance, dépend d'une volonté politique et, si la défense européenne a vocation à intervenir en Europe, elle a également vocation à intervenir là où ses citoyens, ses intérêts ou ses relations traditionnelles avec certains pays peuvent l'amener à vouloir prévenir une crise ou en limiter les effets.
L'Europe, l'Afrique, cela va de soit, mais il n'y a pas d'exclusive : si l'Eurocorps est amené à intervenir en Afghanistan, cela en constituera la démonstration.
(Source http://www.défense.gouv.fr, le 6 février 2004)
Michèle Alliot-Marie :
Cette stabilisation sera réalisée le jour où l'État afghan sera en mesure de fonctionner dans le cadre de ses propres institutions, et en faisant régner l'ordre et la sécurité avec ses propres forces. En attendant, l'OTAN et l'ISAF [Force internationale d'assistance pour la sécurité en Afghanistan] contribuent à cette stabilisation, mais il est évident qu'elles ne sont pas à même, matériellement et psychologiquement, de faire régner la sécurité dans l'ensemble du pays.
La France a accepté que l'ISAF puisse sortir de Kaboul pour assurer la protection de certaines équipes provinciales de reconstruction (PRT). Mais étendre ce mandat n'a de sens qu'à condition que les pays qui soutiennent cette décision fassent un effort supplémentaire, sous forme de moyens militaires additionnels, en faveur de l'ISAF.
La France pourrait-elle proposer sa coopération militaire au gouvernement irakien issu des élections du mois de juin ?
Oui. Nous estimons qu'il est indispensable que les Irakiens retrouvent le plus rapidement possible leur souveraineté, ce qui suppose qu'ils aient un gouvernement légitime. Nous ne pourrons envisager d'intervenir qu'à la demande d'un tel gouvernement, et dans un cadre qui soit celui des Nations unies. Ce gouvernement devrait être installé à partir du 1er juillet, et c'est donc à partir de cette date que nous envisageons notre participation à la reconstruction de l'Irak, en liaison avec nos partenaires allemands, ainsi qu'avec les Japonais. Le Japon souhaite en effet être associé à nos projets, qui sont liés à la formation de la police, de l'armée, voire de la gendarmerie irakiennes. C'est un domaine où nous avons une expertise puisque c'est ce que nous faisons déjà en Afghanistan.
Avez-vous le sentiment que les Américains ont désormais accepté la défense européenne, et celle-ci doit-elle se partager les tâches avec l'Alliance atlantique ?
Mon dernier voyage à Washington m'a montré que beaucoup d'oppositions américaines à une défense européenne dotée de la totalité de ses moyens et de ses missions pouvaient venir, d'une méconnaissance - ou d'une mauvaise information - des finalités et des modalités de l'Europe de la défense. Mes échanges avec Donald Rumsfeld, mon homologue américain, m'ont permis de remettre en place des idées ou des informations fausses sur lesquelles s'appuyait sans doute une partie de son raisonnement. J'ai le sentiment aujourd'hui que la conjonction des efforts d'explication des Britanniques et des miens permet d'aborder beaucoup plus sereinement, la question de la défense européenne, notamment s'agissant de ses relations avec l'OTAN. L'intervention de l'Union européenne, comme celle de l'Alliance, dépend d'une volonté politique et, si la défense européenne a vocation à intervenir en Europe, elle a également vocation à intervenir là où ses citoyens, ses intérêts ou ses relations traditionnelles avec certains pays peuvent l'amener à vouloir prévenir une crise ou en limiter les effets.
L'Europe, l'Afrique, cela va de soit, mais il n'y a pas d'exclusive : si l'Eurocorps est amené à intervenir en Afghanistan, cela en constituera la démonstration.
(Source http://www.défense.gouv.fr, le 6 février 2004)