Texte intégral
L'Est Républicain : Vous menez campagne pour le référendum. Comment expliquez-vous les difficultés des tenants du " oui " à convaincre les Français ?
Michèle Alliot-Marie : La campagne d'explication pour le " oui " vient réellement de démarrer. Il est évident qu'expliquer les choses sérieusement, les prouver en faisant référence à un certain nombre d'articles de la Constitution, les mettre en perspective est plus difficile que de jouer sur les peurs et les passions. Pourtant l'attente d'explication est très profonde. C'est un texte long et chaque Français n'est pas un juriste.
Q - Les Français semblent seulement découvrir l'Europe. Est-ce étonnant ?
R - Tout à fait. Sans doute ne parle-t-on pas assez de l'Europe dans la vie de tous les jours. Ce référendum est une bonne occasion pour que nous expliquions quelle Europe nous voulons construire. Pour la première fois, un texte exprime les valeurs que nous partageons en Europe - la liberté, la démocratie, l'égalité entre hommes et femmes, la tolérance, le progrès social, le respect de l'environnement- et qui nous différencient d'autres grands ensembles dans le monde. Nous tirons aussi les conséquences de l'élargissement avec une organisation moins paralysante et qui renforce le poids des politiques au-delà des fonctionnaires de la Commission. L'Europe aura plus de visibilité avec un Président élu pour deux ans et demi et un Parlement renforcé que les citoyens européens pourront sanctionner lors des élections s'ils n'en sont pas satisfaits. C'est également une Europe qui nous protégera mieux, contre le terrorisme mais aussi face à certaines crises extérieures.
Q - La Constitution apporte-t-elle un plus en matière de Défense ?
R - L'Europe a été faite pour garantir la paix sur notre continent. Face au risque terroriste et aux crises multiples dans le monde, la Constitution nous permet de concrétiser, d'enraciner, de développer la défense européenne. La clause d'assistance mutuelle en cas d'attaque terroriste contre un pays européen ou de catastrophe naturelle est une avancée concrète, l'Agence européenne de défense et d'armement et les coopérations structurées permettent aux pays qui sont les plus engagés en matière de Défense - France, Grande-Bretagne, Allemagne, Espagne, Italie, notamment - de constituer des noyaux durs, tant dans le domaine industriel qu'opérationnel. Je rappelle que l'industrie européenne de l'armement fait travailler des milliers de personnes sur le continent et notamment en France.
Q - En institutionnalisant les liens avec l'OTAN, le traité ne place-t-il pas l'Europe sous la dépendance militaire des Etats-Unis ?
R - Absolument pas. L'OTAN a été créée, il y a cinquante ans, pour protéger l'Europe mais aussi les Etats-Unis et le Canada contre une éventuelle agression de l'ex-Union soviétique. Aujourd'hui, en créant la défense européenne, les pays européens décident de prendre en main leur destin et d'agir également à l'extérieur en tant que puissance. Cela ne veut pas dire que nous renvoyons l'Alliance atlantique dont nous pourrions, un jour, avoir besoin si un danger majeur nous menaçait.
Q - Le traité ne dit-il pas que la défense commune doit-être " compatible " avec la politique de défense de l'OTAN ?
R - Cela prouve qu'il n'y a pas identification entre les deux. Au contraire, l'existence de la défense européenne nous permet d'agir soit seuls, soit avec l'OTAN quand nous l'estimons nécessaire et toujours dans le cadre de l'ONU.
Q - Si une situation comme la guerre en Irak se reproduisait, la France pourrait-elle toujours ne pas décider de ne pas y aller ?
R - Exactement de la même façon. C'est prévu dans le cadre de la défense européenne et d'ailleurs également dans le traité de l'OTAN, puisque aucun pays ne peut être amené à participer contre son gré à une opération militaire.
Q - Que devient l'arme nucléaire dans la future organisation militaire de l'Europe ?
R - Rien n'est prévu dans la Constitution car l'arme nucléaire relève de la souveraineté nationale. Ce qui vaut également pour l'ensemble des armées d'ailleurs, qui relèvent de chacun des Etats. Lorsque les pays sont d'accord pour mener une opération, ils mettent des éléments de leurs armées nationales ensemble et agissent sous le commandement unique choisi.
Q - Vous êtes citée parmi les Premiers ministres possibles. Est-ce que vous vous préparez?
R - C'est une question qui relève du président de la République seul. J'ai l'habitude de ne m'occuper que des dossiers sur lesquels j'ai une prise directe. J'en ai un grand nombre en ce moment.
Propos recueillis par Chantal Didier
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 2 mai 2005)
Michèle Alliot-Marie : La campagne d'explication pour le " oui " vient réellement de démarrer. Il est évident qu'expliquer les choses sérieusement, les prouver en faisant référence à un certain nombre d'articles de la Constitution, les mettre en perspective est plus difficile que de jouer sur les peurs et les passions. Pourtant l'attente d'explication est très profonde. C'est un texte long et chaque Français n'est pas un juriste.
Q - Les Français semblent seulement découvrir l'Europe. Est-ce étonnant ?
R - Tout à fait. Sans doute ne parle-t-on pas assez de l'Europe dans la vie de tous les jours. Ce référendum est une bonne occasion pour que nous expliquions quelle Europe nous voulons construire. Pour la première fois, un texte exprime les valeurs que nous partageons en Europe - la liberté, la démocratie, l'égalité entre hommes et femmes, la tolérance, le progrès social, le respect de l'environnement- et qui nous différencient d'autres grands ensembles dans le monde. Nous tirons aussi les conséquences de l'élargissement avec une organisation moins paralysante et qui renforce le poids des politiques au-delà des fonctionnaires de la Commission. L'Europe aura plus de visibilité avec un Président élu pour deux ans et demi et un Parlement renforcé que les citoyens européens pourront sanctionner lors des élections s'ils n'en sont pas satisfaits. C'est également une Europe qui nous protégera mieux, contre le terrorisme mais aussi face à certaines crises extérieures.
Q - La Constitution apporte-t-elle un plus en matière de Défense ?
R - L'Europe a été faite pour garantir la paix sur notre continent. Face au risque terroriste et aux crises multiples dans le monde, la Constitution nous permet de concrétiser, d'enraciner, de développer la défense européenne. La clause d'assistance mutuelle en cas d'attaque terroriste contre un pays européen ou de catastrophe naturelle est une avancée concrète, l'Agence européenne de défense et d'armement et les coopérations structurées permettent aux pays qui sont les plus engagés en matière de Défense - France, Grande-Bretagne, Allemagne, Espagne, Italie, notamment - de constituer des noyaux durs, tant dans le domaine industriel qu'opérationnel. Je rappelle que l'industrie européenne de l'armement fait travailler des milliers de personnes sur le continent et notamment en France.
Q - En institutionnalisant les liens avec l'OTAN, le traité ne place-t-il pas l'Europe sous la dépendance militaire des Etats-Unis ?
R - Absolument pas. L'OTAN a été créée, il y a cinquante ans, pour protéger l'Europe mais aussi les Etats-Unis et le Canada contre une éventuelle agression de l'ex-Union soviétique. Aujourd'hui, en créant la défense européenne, les pays européens décident de prendre en main leur destin et d'agir également à l'extérieur en tant que puissance. Cela ne veut pas dire que nous renvoyons l'Alliance atlantique dont nous pourrions, un jour, avoir besoin si un danger majeur nous menaçait.
Q - Le traité ne dit-il pas que la défense commune doit-être " compatible " avec la politique de défense de l'OTAN ?
R - Cela prouve qu'il n'y a pas identification entre les deux. Au contraire, l'existence de la défense européenne nous permet d'agir soit seuls, soit avec l'OTAN quand nous l'estimons nécessaire et toujours dans le cadre de l'ONU.
Q - Si une situation comme la guerre en Irak se reproduisait, la France pourrait-elle toujours ne pas décider de ne pas y aller ?
R - Exactement de la même façon. C'est prévu dans le cadre de la défense européenne et d'ailleurs également dans le traité de l'OTAN, puisque aucun pays ne peut être amené à participer contre son gré à une opération militaire.
Q - Que devient l'arme nucléaire dans la future organisation militaire de l'Europe ?
R - Rien n'est prévu dans la Constitution car l'arme nucléaire relève de la souveraineté nationale. Ce qui vaut également pour l'ensemble des armées d'ailleurs, qui relèvent de chacun des Etats. Lorsque les pays sont d'accord pour mener une opération, ils mettent des éléments de leurs armées nationales ensemble et agissent sous le commandement unique choisi.
Q - Vous êtes citée parmi les Premiers ministres possibles. Est-ce que vous vous préparez?
R - C'est une question qui relève du président de la République seul. J'ai l'habitude de ne m'occuper que des dossiers sur lesquels j'ai une prise directe. J'en ai un grand nombre en ce moment.
Propos recueillis par Chantal Didier
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 2 mai 2005)