Déclaration de M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre, sur le métier de boulanger et la qualité des produits, Paris le 16 mai 2005.

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Circonstance : Célébration du 10ème anniversaire de la Fête du pain à l'Hôtel Matignon, Paris le 16 mai 2005

Texte intégral

Monsieur le Président, Monsieur le ministre, Mesdames messieurs, Chers amis européens - C'est une grande joie pour moi, pour C. Jacob, et en présence d'Anne-Marie, de vous accueillir ici à Matignon pour ce dixième anniversaire. Dixième anniversaire pour célébrer Saint-Honoré, puisque c'est la Saint-Honoré qui a été le jour choisi pour la fête du pain : c'est le jour du patron des boulangers, et c'est pour cela qu'il y a dix ans nous avons voulu engager cette mobilisation sympathique, chaleureuse, mais en même temps stratégique, pour valoriser le produit et le métier.
Cet anniversaire est pour moi une grande joie, parce que sur le terrain vous avez fait vivre cette idée, et que la boulangerie est un secteur d'activité qui sait à la fois regarder l'avenir, inventer de nouveaux produits, mais en même être fidèle à des traditions qui sont celles du métier et de la profession. Avec C. Jacob, on est donc très heureux, cher président, d'être à vos côtés aujourd'hui pour cet anniversaire. Je retiens de mon passage au ministère du Commerce et de l'Artisanat des moments très forts grâce à vous, parce que vous êtes porteurs de plusieurs valeurs, et je voudrais rapidement décliner trois valeurs importantes.
La première, c'est celle de la qualité. C'est vraiment le sujet sur lequel la France toute entière, la France de la production, la France de la création doit être mobilisée. L'avenir est à la qualité, quel que soit le secteur d'activité. Cette orientation, qui est celle que vous avez prise avec la définition de la qualité artisanale, avec la recherche d'une identification de qualité, est une stratégie pour tout le pays, quelle que soit l'activité économique que nous voulons développer. Nous sommes actuellement en train de travailler sur la création de pôles de compétitivité. Quel est le critère premier du pôle de compétitivité ? La qualité internationale, la capacité d'offrir des produits, des services de qualité internationale. Cette orientation, vous l'avez prise avec détermination, en vous organisant à l'intérieur de votre profession, pour faire respecter un certain nombre de règles, pour défendre un pain de qualité française, un pain de qualité artisanale, tout ce que vous avez pu faire professionnellement pour que ces règles d'éthique professionnelles, ces règles de déontologie soient respectées par les uns et par les autres. Ça, c'est la conscience d'une profession. C'est une orientation très importante ; c'est pour cela que l'on parle souvent un peu plus des boulangers, que d'un certain nombre d'autres métiers, c'est parce que vous avez su vous organiser autour de valeurs que vous avez su faire respecter. Le mérite vous en revient et les succès que vous avez ne sont pas dus au hasard, mais à la capacité que vous avez eu d'affirmer cette qualité. Je suis très heureux d'être avec vous acteur de cette stratégie et cette stratégie qui est développée dans la loi Jacob qui ira au Parlement au mois de juin, qui va favoriser pour les petites et moyennes entreprises en général, et pour les vôtres en particulier ces stratégies de développement par la qualité.
Deuxièmement, ce qui est très important c'est la logique du métier. Dans notre société on a parfois perdu de vue qu'il y avait un certain nombre de métiers identifiés autour desquels il y avait une action publique importante à développer. Et notamment, je voudrais parler du métier de la boulangerie, c'est-à-dire du boulanger, de la boulangère, du conjoint collaborateur avec ce que prépare C. Jacob, mais aussi naturellement des apprentis et de tous ceux qui forment l'avenir de la profession. Et dans cette stratégie là aussi de valorisation du métier vous avez montré, avec Rouen, avec un certain nombre d'initiatives que vous avez pu développer, de formation, la nécessité qui était celle de votre profession de préparer les jeunes au métier. Il n'y a pas de métier qui puisse avoir un autre chemin d'avenir que la formation et la qualification des jeunes. Nous faisons un effort considérable sur l'apprentissage ; nous voulons vraiment développer ces sujets. Je sais qu'il y a eu quelques jurisprudences qui vous ont causé tracas. Nous avons décidé toute à l'heure le président, le ministre et moi, de pouvoir par amendement parlementaire dès le mois de juin régler cette affaire dans le cadre du texte que proposera au Parlement C. Jacob. Ce choix de stratégie de formation, de qualification, est un élément très important de ce que nous devons faire. L'apprentissage est l'occasion d'insérer la vie professionnelle en sachant où l'on va, en connaissant l'entreprise, en connaissant le métier, en connaissant le jeune, c'est le moyen de s'apprivoiser les uns les autres, c'est le moyen de s'engager dans une dynamique professionnelle de réussite. Car, il est évident aujourd'hui que devons veiller à ce que les jeunes puissent intégrer notre système économique, mais intégrer le système économique dans la sécurité. Et on voit que, avec l'apprentissage, on a une meilleure insertion et on a une plus grande capacité professionnelle, et une plus grande stabilité professionnelle. Ce sont des éléments qui sont très importants. Je voudrais dire aussi, combien je suis sensible à la présence de boulangère, ici, au premier rang. Je sais bien comment fonctionne le métier, je sais le nombre de clientes et de clients qui viennent chaque jour dans les boulangeries, je connais votre exigence professionnelle, parce que c'est un métier qui se fait d'abord à deux, et souvent à plus, et donc il est évident que cette mobilisation familiale est un des éléments important de l'organisation professionnelle avec les jeunes et avec tous ceux qui travaillent dans vos entreprises. Je dis entreprises, parce que, dans le métier, il y a évidement cette logique entrepreneuriale à laquelle, vous êtes attaché cher président, la logique qui est celle du développement économique et la logique de tout ce qui est l'innovation, qui va avec la qualité, puisque je pense vraiment, je vois partout, je regarde toujours les boulangeries, il n'y a pas une région de France, je ne fais pas une réunion publique sans qu'un boulanger vienne me voir à la fin de la réunion, et à chaque fois je vois des initiatives,et notamment je vois la créativité de tous les pains qui sont régulièrement inventés, toutes les formes d'innovation qui font partie, dans le produit comme dans la gestion, de la modernité de votre profession. Un, la qualité, deux le métier.
Troisièmement, je voudrais dire un mot, d'abord pour nos amis qui sont ici, mais aussi parce que c'est le champ de notre réflexion actuellement, un mot sur l'Europe, un mot sur ce beau drapeau qui est ici présenté, qui nous appartient à tous. Ce drapeau européen, c'est notre espace d'avenir, c'est l'espace dans lequel nous allons vivre, c'est l'espace dont nous avons besoin pour l'ensemble de nos activités. Aujourd'hui quand vous voyez le pain français, quand vous voyez ces qualités, quand vous voyez l'ensemble de ce que la France a pu produire, vous vous dites que, face aux forces continentales, la force de tous les continents, le continent américain, le continent asiatique, chacun ayant son propre modèle, nous, nous avons un modèle qui est le nôtre. Et c'est un modèle qui est français, mais c'est aussi un modèle polonais, c'est aussi un modèle européen, c'est un modèle qui est partagé par un grand nombre de pays aujourd'hui en Europe, et il nous faut valoriser sur les 450 millions de consommateurs européens, nos traditions, nos produis, nos métiers. Nous avons là un large champ, qui est le champ de notre avenir, nous avons besoin de donner à notre avenir cette force continentale. Nous sommes dans un monde ou l'avenir s'organise autour de grandes forces continentales. Ces grandes forces continentales valorisent leurs produits, valorisent leurs histoires, valorisent leurs traditions, valorisent ce qui fait leur richesse intérieure, et veulent développer à l'extérieur ce qui est véritablement leur conquête professionnelle. Nous avons besoin d'avoir cette vision là. Même si nous sommes enracinés dans notre histoire, enracinés dans nos traditions, cet espace européen, cet espace d'avenir c'est un espace qui, pour les professionnels que vous êtes, est un espace de conquête, est un espace de rayonnement, est un espace de développement. Je pense que le pain doit faire partie de l'alimentation quotidienne de l'Europe de demain. Bienvenue à tous ceux qui viennent au-delà de nos frontières de ce grand continent européen, bienvenue à chacune et chacun d'entre vous, bonne Saint-Honoré, et faites en sorte que les boulangers restent cette avant-garde de professionnels de la qualité, au service d'un métier d'avenir dans un espace qui est aussi un espace d'avenir : l'espace européen. Merci à vous tous.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 18 mai 2005)