Texte intégral
Je suis particulièrement heureux de recevoir aujourd'hui à Paris mon collègue et ami néerlandais Bernard Bot. Il s'agit de notre première rencontre à Paris depuis sa nomination.
Notre entretien a démontré une fois de plus la solidité et la vitalité des liens qui existent entre nos deux pays et la création en mai dernier du Conseil de coopération franco-néerlandais leur a donné une nouvelle impulsion.
Notre concertation politique s'est renforcée au cours des derniers mois tant sur les principaux dossiers européens que sur le plan bilatéral et dans la perspective de la présidence néerlandaise. Dans le deuxième semestre, cette concertation a vocation à s'intensifier encore.
Nous avons évoqué, au cours de notre déjeuner, les résultats et les perspectives du dialogue approfondi engagé entre la France et les Pays-Bas. Nous avons passé en revue nos dernières initiatives communes. Je rappellerai pour mémoire notre contribution sur le rôle de la Commission européenne en avril 2003, l'adoption par l'OSCE de notre projet conjoint sur la réduction des stocks de munitions. Cela a été adopté, je vous le rappelle, en septembre dernier. Un colloque, par ailleurs, sur l'Islam et l'Afrique co-organisé par les Centres français et néerlandais, est en préparation. Nous avons, par ailleurs, d'autres projets sur l'Afrique, par exemple, sur les Droits de l'Homme, où nous réfléchissons à des démarches communes dans les enceintes internationales.
Nous avons bien sûr évoqué le Conseil de coopération franco-néerlandais. Je vous rappelle que ce Conseil réunit des membres qui appartiennent au monde politique, économique, culturel et des médias, et qu'il sera appelé à se réunir à nouveau à La Haye au mois de mars prochain. J'aurai moi-même d'ailleurs l'occasion et le plaisir d'effectuer, à la même date, un déplacement aux Pays-Bas.
A quelques mois de la présidence néerlandaise de l'Union européenne, notre déjeuner a permis de faire le point sur les grandes questions européennes qui nous mobilisent. Je pense bien sûr à la préparation du Conseil européen de printemps. Nous avons sur ce point une très large convergence de vues. Je pense bien sûr à la Conférence intergouvernementale et à la préparation de la Constitution. C'est le sujet sur lequel évidemment nos préoccupations sont aujourd'hui les plus fortes, notre volonté d'aboutir aussi est plus forte et nous souhaitons saisir toutes les occasions d'ici à ce Conseil de progresser avec l'ensemble de nos autres partenaires.
Bernard Bot m'a également présenté les grandes lignes de la prochaine présidence néerlandaise de l'Union européenne au second semestre et je suis confiant qu'elle sera riche et fructueuse, comme l'ont été celles de 1992 et de 1997. La France apportera naturellement tout son soutien à cette présidence néerlandaise.
Sur les questions internationales, nous avons passé en revue les grandes crises du moment. Je pense à l'Irak. Nous avons une très large convergence de vues sur la nécessité aujourd'hui, pour les Nations unies, de jouer tout leur rôle. Vous savez que nous avons rencontré avec le président de la République, hier, M. Kofi Annan, et fait le point sur ce rôle et cette implication des Nations unies, salué la participation des Nations unies au processus politique. C'est pour nous particulièrement important dans cette phase qui doit conduire à un gouvernement souverain de l'Irak avant le 1er juillet. Nous réfléchissons dans ce cadre, vous le savez aussi, à une conférence internationale qui devrait permettre d'assurer, au lendemain de la formation de ce gouvernement souverain, la pleine réintégration de l'Irak.
S'agissant du Proche-Orient, je tiens à exprimer - et nous l'avons évidemment fait ensemble - la plus totale condamnation de ce terrible, cet odieux attentat qui a frappé une nouvelle fois Jérusalem et le souci qui est le nôtre de la reprise et de l'intensification du dialogue pour relancer le processus politique de paix au Proche-Orient qui est évidemment une nécessité.
Nous avons fait le point également sur l'Iran, sur les perspectives de lutte contre la prolifération, insisté sur les obligations qui sont celles de l'Iran en matière de suspension de l'enrichissement et du retraitement de l'uranium. Et nous sommes évidemment pour qu'il y ait une approche concertée de l'Union européenne dans ses relations avec l'Iran, en particulier bien sûr sur la questions des Droits de l'Homme et sur l'ensemble des questions du dialogue entre l'Iran et l'Union européenne.
Pour terminer, je tiens à redire la qualité, l'excellence des relations entre la France et les Pays-Bas, le plaisir que j'ai d'accueillir Bernard Bot dans notre famille européenne, ici, à Paris, lors de sa venue, et la conviction que j'ai, qu'ensemble, nous serons davantage à même encore, de relever les défis si importants pour cette Europe en 2004.
Q - Monsieur le Ministre, les autorités taïwanaises ont accusé la France d'ingérence. Que répondez-vous à cette accusation ?
R - En ce qui concerne les déclarations que vous mentionnez, la France a rappelé la position constante qui est la sienne depuis des années de soutien à l'unicité de la Chine. Dans ce que nous avons été amenés à dire, il faut retenir que nous n'avons pas vocation à nous immiscer dans les affaires de quiconque, mais que simplement nous avons rappelé notre souhait que rien ne puisse diviser, compliquer, les relations dans cette région. C'est bien le souhait et l'intérêt de l'ensemble des Etats de cette région mais aussi de toute la communauté internationale.
Q - Vous avez mentionné une large convergence de vues. En ce qui concerne la Constitution européenne, les Pays-Bas ont deux soucis : le droit de veto en ce qui concerne le budget pluriannuel. Nous tenons à ce droit et la Constitution mentionne autre chose. L'autre sujet est la Cour de justice qui doit avoir pour les Néerlandais un rôle plus important en ce qui concerne le pacte de stabilité. Avez-vous discuté de ces deux sujets ? Avez-vous compris le souci néerlandais ? Quel est votre point de vue ?
R - Entre amis, on évoque bien sûr l'ensemble des question d'intérêt commun et d'intérêt européen, et c'est bien normal. Notre souci, vous le comprenez bien et vous le constatez tous les jours dans une Europe qui est confrontée à un certain nombre de difficultés, est de trouver des solutions. J'écoute bien sûr avec beaucoup d'attention et beaucoup de respect les inquiétudes et les préoccupations néerlandaises. Nous partageons ensemble un certain nombre de ces préoccupations parce qu'au bout du compte nous avons des objectifs communs. Nous voulons que cette Europe soit bien gérée, soit unie, soit plus forte, plus démocratique sur la scène internationale et, partant des préoccupation des uns et des autres, nous essayons d'avancer ensemble. C'est ce que nous voulons faire sur le pacte de stabilité et vous savez à quel point la France entend respecter ses engagements et au-delà des difficultés qui ont pu apparaître au cours des derniers mois, c'est ce que je retiens, parce que c'est l'essentiel. Nous avons une volonté commune d'appliquer une règle commune et nous voulons le faire dans le meilleur état d'esprit possible. Forts de cette conviction, nous allons pouvoir non seulement travailler ensemble mais dessiner ce que doit être le nouveau visage de l'Europe, cette nouvelle Constitution. Je n'ai donc pas d'inquiétude sur le fait que, entre le Pays-Bas et la France, ces préoccupations communes pourront être prises en compte tout simplement parce que nous avons véritablement des objectifs communs, un esprit commun à défendre et que, à partir de là, comprenant la situation des uns et des autres, nous lèverons les inquiétudes qui peuvent encore aujourd'hui exister.
Q - Vous êtes prêts à changer la Constitution sur ces deux sujets spécifiques ?
R - Nous avons dit que nous en parlions, que nous essayions d'intégrer les préoccupations des uns et des autres dans le cadre de notre projet. Le dialogue se poursuit. Nous avançons. Mais, une fois de plus, je n'ai pas d'inquiétude sur le fait que nous avons la même ambition pour l'Europe concernant la Constitution.
Q - A une époque, au milieu des années 90, un sénateur avait qualifié la Hollande de "narco-Etat". Où en est-on maintenant ? La France qualifie-t-elle toujours la Hollande en tant que tel ?
R - Par rapport à l'époque où il y avait ou pouvait avoir des suspicions et des inquiétudes qui s'exprimaient dans ce pays, nous avons fait des progrès. Mais nous sommes exigeants parce que nous sommes exigeants pour l'Europe et que nous voulons avancer tous ensemble. Nous voulons qu'il y ait, chaque jour davantage, plus de résultats. C'est tout le sens de ce travail que nous faisons ensemble. Nous avons bien sûr évoqué cette question, dans le même esprit, comme pour le reste, pour trouver des solutions. Nous sommes attentifs, nous sommes exigeants. Nous voulons essayer de bâtir une Europe qui soit conforme à l'esprit qui est le nôtre, plus sûre, qui soit débarrassée de tous ces risques que nous voyons trop souvent proliférer à travers la planète. Forts de cette exigence, nous pouvons aujourd'hui ensemble exprimer notre confiance dans la capacité que nous avons de franchir les obstacles. Il y a toujours des difficultés mais après tout, c'est la vie. Face à ces difficultés, c'est bien ensemble que nous voulons travailler.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 février 2004)
Notre entretien a démontré une fois de plus la solidité et la vitalité des liens qui existent entre nos deux pays et la création en mai dernier du Conseil de coopération franco-néerlandais leur a donné une nouvelle impulsion.
Notre concertation politique s'est renforcée au cours des derniers mois tant sur les principaux dossiers européens que sur le plan bilatéral et dans la perspective de la présidence néerlandaise. Dans le deuxième semestre, cette concertation a vocation à s'intensifier encore.
Nous avons évoqué, au cours de notre déjeuner, les résultats et les perspectives du dialogue approfondi engagé entre la France et les Pays-Bas. Nous avons passé en revue nos dernières initiatives communes. Je rappellerai pour mémoire notre contribution sur le rôle de la Commission européenne en avril 2003, l'adoption par l'OSCE de notre projet conjoint sur la réduction des stocks de munitions. Cela a été adopté, je vous le rappelle, en septembre dernier. Un colloque, par ailleurs, sur l'Islam et l'Afrique co-organisé par les Centres français et néerlandais, est en préparation. Nous avons, par ailleurs, d'autres projets sur l'Afrique, par exemple, sur les Droits de l'Homme, où nous réfléchissons à des démarches communes dans les enceintes internationales.
Nous avons bien sûr évoqué le Conseil de coopération franco-néerlandais. Je vous rappelle que ce Conseil réunit des membres qui appartiennent au monde politique, économique, culturel et des médias, et qu'il sera appelé à se réunir à nouveau à La Haye au mois de mars prochain. J'aurai moi-même d'ailleurs l'occasion et le plaisir d'effectuer, à la même date, un déplacement aux Pays-Bas.
A quelques mois de la présidence néerlandaise de l'Union européenne, notre déjeuner a permis de faire le point sur les grandes questions européennes qui nous mobilisent. Je pense bien sûr à la préparation du Conseil européen de printemps. Nous avons sur ce point une très large convergence de vues. Je pense bien sûr à la Conférence intergouvernementale et à la préparation de la Constitution. C'est le sujet sur lequel évidemment nos préoccupations sont aujourd'hui les plus fortes, notre volonté d'aboutir aussi est plus forte et nous souhaitons saisir toutes les occasions d'ici à ce Conseil de progresser avec l'ensemble de nos autres partenaires.
Bernard Bot m'a également présenté les grandes lignes de la prochaine présidence néerlandaise de l'Union européenne au second semestre et je suis confiant qu'elle sera riche et fructueuse, comme l'ont été celles de 1992 et de 1997. La France apportera naturellement tout son soutien à cette présidence néerlandaise.
Sur les questions internationales, nous avons passé en revue les grandes crises du moment. Je pense à l'Irak. Nous avons une très large convergence de vues sur la nécessité aujourd'hui, pour les Nations unies, de jouer tout leur rôle. Vous savez que nous avons rencontré avec le président de la République, hier, M. Kofi Annan, et fait le point sur ce rôle et cette implication des Nations unies, salué la participation des Nations unies au processus politique. C'est pour nous particulièrement important dans cette phase qui doit conduire à un gouvernement souverain de l'Irak avant le 1er juillet. Nous réfléchissons dans ce cadre, vous le savez aussi, à une conférence internationale qui devrait permettre d'assurer, au lendemain de la formation de ce gouvernement souverain, la pleine réintégration de l'Irak.
S'agissant du Proche-Orient, je tiens à exprimer - et nous l'avons évidemment fait ensemble - la plus totale condamnation de ce terrible, cet odieux attentat qui a frappé une nouvelle fois Jérusalem et le souci qui est le nôtre de la reprise et de l'intensification du dialogue pour relancer le processus politique de paix au Proche-Orient qui est évidemment une nécessité.
Nous avons fait le point également sur l'Iran, sur les perspectives de lutte contre la prolifération, insisté sur les obligations qui sont celles de l'Iran en matière de suspension de l'enrichissement et du retraitement de l'uranium. Et nous sommes évidemment pour qu'il y ait une approche concertée de l'Union européenne dans ses relations avec l'Iran, en particulier bien sûr sur la questions des Droits de l'Homme et sur l'ensemble des questions du dialogue entre l'Iran et l'Union européenne.
Pour terminer, je tiens à redire la qualité, l'excellence des relations entre la France et les Pays-Bas, le plaisir que j'ai d'accueillir Bernard Bot dans notre famille européenne, ici, à Paris, lors de sa venue, et la conviction que j'ai, qu'ensemble, nous serons davantage à même encore, de relever les défis si importants pour cette Europe en 2004.
Q - Monsieur le Ministre, les autorités taïwanaises ont accusé la France d'ingérence. Que répondez-vous à cette accusation ?
R - En ce qui concerne les déclarations que vous mentionnez, la France a rappelé la position constante qui est la sienne depuis des années de soutien à l'unicité de la Chine. Dans ce que nous avons été amenés à dire, il faut retenir que nous n'avons pas vocation à nous immiscer dans les affaires de quiconque, mais que simplement nous avons rappelé notre souhait que rien ne puisse diviser, compliquer, les relations dans cette région. C'est bien le souhait et l'intérêt de l'ensemble des Etats de cette région mais aussi de toute la communauté internationale.
Q - Vous avez mentionné une large convergence de vues. En ce qui concerne la Constitution européenne, les Pays-Bas ont deux soucis : le droit de veto en ce qui concerne le budget pluriannuel. Nous tenons à ce droit et la Constitution mentionne autre chose. L'autre sujet est la Cour de justice qui doit avoir pour les Néerlandais un rôle plus important en ce qui concerne le pacte de stabilité. Avez-vous discuté de ces deux sujets ? Avez-vous compris le souci néerlandais ? Quel est votre point de vue ?
R - Entre amis, on évoque bien sûr l'ensemble des question d'intérêt commun et d'intérêt européen, et c'est bien normal. Notre souci, vous le comprenez bien et vous le constatez tous les jours dans une Europe qui est confrontée à un certain nombre de difficultés, est de trouver des solutions. J'écoute bien sûr avec beaucoup d'attention et beaucoup de respect les inquiétudes et les préoccupations néerlandaises. Nous partageons ensemble un certain nombre de ces préoccupations parce qu'au bout du compte nous avons des objectifs communs. Nous voulons que cette Europe soit bien gérée, soit unie, soit plus forte, plus démocratique sur la scène internationale et, partant des préoccupation des uns et des autres, nous essayons d'avancer ensemble. C'est ce que nous voulons faire sur le pacte de stabilité et vous savez à quel point la France entend respecter ses engagements et au-delà des difficultés qui ont pu apparaître au cours des derniers mois, c'est ce que je retiens, parce que c'est l'essentiel. Nous avons une volonté commune d'appliquer une règle commune et nous voulons le faire dans le meilleur état d'esprit possible. Forts de cette conviction, nous allons pouvoir non seulement travailler ensemble mais dessiner ce que doit être le nouveau visage de l'Europe, cette nouvelle Constitution. Je n'ai donc pas d'inquiétude sur le fait que, entre le Pays-Bas et la France, ces préoccupations communes pourront être prises en compte tout simplement parce que nous avons véritablement des objectifs communs, un esprit commun à défendre et que, à partir de là, comprenant la situation des uns et des autres, nous lèverons les inquiétudes qui peuvent encore aujourd'hui exister.
Q - Vous êtes prêts à changer la Constitution sur ces deux sujets spécifiques ?
R - Nous avons dit que nous en parlions, que nous essayions d'intégrer les préoccupations des uns et des autres dans le cadre de notre projet. Le dialogue se poursuit. Nous avançons. Mais, une fois de plus, je n'ai pas d'inquiétude sur le fait que nous avons la même ambition pour l'Europe concernant la Constitution.
Q - A une époque, au milieu des années 90, un sénateur avait qualifié la Hollande de "narco-Etat". Où en est-on maintenant ? La France qualifie-t-elle toujours la Hollande en tant que tel ?
R - Par rapport à l'époque où il y avait ou pouvait avoir des suspicions et des inquiétudes qui s'exprimaient dans ce pays, nous avons fait des progrès. Mais nous sommes exigeants parce que nous sommes exigeants pour l'Europe et que nous voulons avancer tous ensemble. Nous voulons qu'il y ait, chaque jour davantage, plus de résultats. C'est tout le sens de ce travail que nous faisons ensemble. Nous avons bien sûr évoqué cette question, dans le même esprit, comme pour le reste, pour trouver des solutions. Nous sommes attentifs, nous sommes exigeants. Nous voulons essayer de bâtir une Europe qui soit conforme à l'esprit qui est le nôtre, plus sûre, qui soit débarrassée de tous ces risques que nous voyons trop souvent proliférer à travers la planète. Forts de cette exigence, nous pouvons aujourd'hui ensemble exprimer notre confiance dans la capacité que nous avons de franchir les obstacles. Il y a toujours des difficultés mais après tout, c'est la vie. Face à ces difficultés, c'est bien ensemble que nous voulons travailler.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 février 2004)