Déclaration de M. Claude Bartolone, ministre délégué à la ville, sur les dispositions relatives à la politique de l'emploi, au développement économique et au renouvellement urbain prévues dans le contrat de ville de l'agglomération lyonnaise, Lyon le 9 octobre 2000.

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Circonstance : Signature du contrat de ville de l'agglomération lyonnaise à Lyon le 9 octobre 2000

Texte intégral

C'est toujours avec un grand plaisir que je viens à Lyon. Je dois d'ailleurs vous avouer, mais ne le répétez pas, que c'est l'agglomération que je visite le plus, puisque je suis venu ici pas moins de huit fois en deux ans.
La politique de la ville peut s'appuyer à Lyon sur une logique d'agglomération remarquable à bien des égards.
Sous l'impulsion de Raymond BARRE, vous avez su travailler ensemble pour aller vers un vrai projet d'agglomération, regroupant 56 communes, la région, le département du Rhône, dont je me réjouis de l'importante implication, la communauté urbaine et évidemment l'Etat. Avec l'ensemble des autres partenaires, l'association des bailleurs et constructeurs du Rhône, la Caisse d'allocations familiales, la Caisse des dépôts, le FAS, le syndicat des transports (Sytral), vous avez développé une véritable solidarité d'agglomération en faveur de la lutte contre les ségrégations urbaines et sociale.
Cette coordination se ressent dans la méthode retenue. Le contrat de ville du grand Lyon est en effet le premier contrat de ville dans lequel les conventions locales et thématiques sont déjà déclinées, pour chacune des 23 communes accueillant un ou des quartiers prioritaires. Par exemple, en matière d'emploi, sur l'Est lyonnais, les plans locaux d'insertion économique ont été mis en réseau au sein du PLIE UNI-EST.
Vous avez su vous appuyer sur le bilan et l'expérience du précédent contrat de ville. C'est ainsi que le dispositif de pilotage a été renforcé, pour gagner en finesse et en efficacité.
Enfin, les actions thématiques sont conçues en cohérence les unes avec les autres : les dispositifs d'emploi et d'insertion trouvent ainsi des applications dans le champ de l'habitat ou de l'environnement.
Mesdames, Messieurs, les effets de la baisse du chômage se sont faits attendre dans les quartiers. Ainsi, entre 1998 et 1999, l'amélioration de l'emploi n'a pas été très sensible, avec une baisse d'environ 3 % sur les quartiers difficiles du grand Lyon.
En revanche, l'amélioration du marché de l'emploi commence aujourd'hui à bénéficier aux quartiers. Entre 1999 et 2000, la baisse du chômage sur ces quartiers s'est accélérée pour atteindre en moyenne 18 %, même si les écarts avec les autres territoires ne se réduisent pas encore. Ce point est essentiel quand on sait que les habitants des quartiers ont été les premiers touchés par la crise.
Cette évolution favorable doit maintenant être soutenue : notre action collective doit être entièrement tournée en faveur de l'emploi et du développement économique ; c'est ainsi que l'on lutte efficacement contre tous les phénomènes d'exclusion. Le retour à l'emploi est bien - individuellement comme collectivement - un signe d'intégration nouveau.
Votre contrat d'agglomération a fortement mis l'accent sur ces problématiques et je veux ici en saluer toute la pertinence.
Je tiens aussi à vous féliciter pour la déclaration commune contre les discriminations au travail, signée le 24 juin 1999, par les partenaires sociaux du département, sous l'impulsion du monde associatif. Alors que certains chefs d'entreprises commencent à se plaindre des difficultés de recrutement, il est pour le moins paradoxal qu'on se prive par de telles attitudes d'une main d'uvre qualifiée. Il faut que ce document fasse loi. Outre que les discriminations à l'embauche sont une insulte à nos principes républicains d'égalité et de fraternité, il faut comprendre que nous n'avancerons pas sans les habitants des quartiers populaires, qui ont déjà payé un lourd tribut à la crise.
Le contrat de ville que nous allons signer comprend un volet important en matière d'emploi et d'insertion par l'économique.
Les 4 axes d'intervention retenus vont dans le bon sens : augmenter l'offre d'emploi à destination des publics en insertion, améliorer le service rendu aux personnes en insertion, inscrire l'insertion professionnelle et l'emploi dans une demande globale (d'éducation, de santé, de logement). Le pilotage local en faveur de l'emploi est ainsi renforcé, en adéquation avec les Plans locaux d'insertion économique (PLIE), qui constituent le volet insertion du contrat de ville.
J'aurai le plaisir, cet après-midi, d'installer la première "équipe-emploi-insertion", à Villeurbanne. Je souhaite que ce nouvel outil, en association avec les dispositifs existants (missions locales, PLIE) soit largement utilisés.
Le développement économique constitue l'autre face de cette action. Cela passe par le soutien au tissu économique existant, je pense en particulier aux centres commerciaux, par l'aide à la création d'entreprise et par la création de locaux d'activités dans les quartiers. L'Epareca intervient ainsi à Vénissieux, pour une reconstruction du centre commercial Venissy, que je visiterai cet après-midi. Il s'agit là d'un véritable tournant que je souhaite faire prendre à la politique de la ville dans notre pays. Il s'agit ainsi d'associer étroitement renouvellement urbain et revitalisation économique, investissements privés et investissements publics.
En matière d'habitat et de renouvellement urbain, le comité interministériel des villes a retenu la candidature du grand projet de ville du grand Lyon, qui porte sur quatre sites : Lyon la Duchère, Rillieux-la-pape, Vaulx-en-Velin et Vénissieux, ainsi que l'opération de renouvellement urbain de Saint-Priest.
Ces opérations appuieront la requalification de l'habitat engagée dans l'agglomération, notamment par le protocole du 27 novembre 1998. Vous affichez dans ce domaine des objectifs à la hauteur des enjeux, avec 1680 créations logements sociaux par an contre 800 à 900 actuellement, 300 logements démolis et 5000 logements réhabilités par an.
Ces chiffres ne voudraient rien dire s'ils n'étaient accompagnés dans le contrat de ville du grand Lyon, d'un vrai travail sur la mixité, conduit avec méthode. La construction en cours d'une trentaine de logements sociaux en petits immeubles, dans le quartier de la Darnaise, à Vénissieux, en lieu et place d'une tour de dix étages, rejoint en cela les objectifs que j'ai fixés en matière de renouvellement urbain.
Le financement des réseaux de transport collectif ne relève pas de la politique de la ville. Toutefois, je vous demande de veiller à ce que les engagements formels sur la desserte de Rillieux-la-pape, Vénissieux et Vaulx-en-velin, par les projets de transport en site propre, figurent dans la convention du GPV comme élément fondamental de l'amélioration des conditions de vie dans ces communes et de leur insertion dans la dynamique de développement de l'agglomération lyonnaise.
Enfin, vous prévoyez un dispositif d'évaluation complet et solide, qui accompagne dès maintenant le contrat de ville, à partir d'indicateurs précis, tant au niveau de l'agglomération qu'au niveau local. Vous avez su vous approprier cette démarche indispensable.
Mesdames, messieurs, la signature que je vais apposer ici constitue pour moi un acte symbolique important.
Ce contrat de ville est le reflet d'une volonté politique forte de la part des élus. Il pose les bases d'un développement durable des territoires en difficulté, dans une vraie logique d'agglomération.

(source http://www.ville.gouv.fr, le 13 octobre 2000)