Texte intégral
(Point de presse aux Nations unies à New York, le 6 février 2004) :
(Traduit de l'anglais)
Tout d'abord, permettez-moi de vous dire à quel point je suis heureux d'être à New York ce matin et de pouvoir prendre part aux discussions sur le Libéria et la région. Il est important pour la France d'être présente car la reconstruction du Libéria est un défi que nous devons tous relever. Nous avons la possibilité de saisir une nouvelle opportunité au Libéria. Il y a une dynamique de paix et je souhaite à cet égard saluer l'action et l'engagement de la CEDEAO. La France veut être partie prenante de l'important effort de la communauté internationale et lui apporte son soutien le plus complet.
Notre action s'inscrit à la fois dans le cadre des Nations unies, par le soutien de l'envoi prochain des 15 000 soldats de la paix au Libéria, et dans le cadre de l'Union européenne et d'actions bilatérales par notre contribution à une importante aide humanitaire. Dans son ensemble, notre effort pour le Libéria s'élève à 67 millions d'euros.
Il est également important d'insister sur le fait que, pour être efficace, il nous faut avoir une approche globale et régionale des problèmes. C'est la raison pour laquelle nous sommes engagés dans la réalisation d'importants projets à la frontière du Libéria et de la Côte d'Ivoire. Nous voulons développer ces projets dans le but de contribuer à la paix dans la région et d'encourager son développement. Afin d'obtenir de tels résultats, nous souhaitons la mise en place d'une opération de maintien de la paix des Nations unies en Côte d'Ivoire. Comme vous le savez, nous rentrons dans la dernière phase de l'application des Accords de Linas-Marcoussis, celle du désarmement, la phase du processus politique qui doit conduire aux élections présidentielles de 2005. Il est donc important que tous les pays soient engagés pour renforcer la présence internationale, en plus de la France présente avec 4.000 hommes.
Nous sommes confiants quant à la tenue d'une réunion au Conseil de sécurité à la fin du mois de février : il est important pour nous de prendre la bonne décision et de rappeler l'importance d'une force de maintien de la paix des Nations unies.
Q - Tirant avantage de la conférence des bailleurs de fonds, ne pensez-vous pas qu'il est désormais temps de demander avec insistance le gel des actifs de Charles Taylor ?
R - Nous considérons que toutes les mesures appropriées concernant Charles Taylor doivent être prises. Un tribunal ad hoc est en charge de cette question. Il est important de faire tout ce qui est nécessaire pour permettre que la justice soit rendue.
Q - (A propos de la politique de la France vis-à-vis de l'Afrique)
R - La France a fait beaucoup d'efforts pour s'assurer que l'Afrique reste au cur des préoccupations de la communauté internationale. Le président de la République Jacques Chirac a été très actif à Monterrey, Kananaskis, Johannesburg et pendant le Sommet d'Evian pour replacer la question africaine au cur des discussions. Il y a quelques jours à, Genève, nous avons tenu une réunion avec le président Lula, le président Lagos et le Secrétaire général Kofi Annan sur le problème de la faim dans le monde. C'est un problème-clé et nous sommes déterminés à aider l'Afrique. La communauté internationale se mobilise de plus en plus sur les problèmes africains et nous nous en réjouissons. Nous allons discuter de ces problèmes avec Colin Powell et sommes heureux de constater l'intérêt porté à ces questions ici, aux Etats-Unis. La France, qui est fortement solidaire du continent africain, doit saisir toutes les opportunités pour l'aider à répondre aux défis auxquels il doit faire face.
(Traduit de l'espagnol)
Q - (Sur les crises au Libéria et en Côte d'Ivoire)
R - Il me semble évident que le fait que les Etats-Unis veuillent travailler de façon concertée pour faire en sorte de trouver des solutions aux problèmes de l'Afrique est un signal très important. Nous discutons aujourd'hui de la reconstruction du Libéria, tout comme nous l'avons fait dans le passé en ce qui concerne la Sierra Leone, et la question de la Côte d'Ivoire doit également être réglée. Il s'agit d'un problème très important pour l'ensemble de la région. Nous pensons qu'il convient d'avoir une vision globale des difficultés. Nous avons besoin d'une stratégie de sortie de crise qui convienne à l'Afrique de l'Ouest, comme à d'autres parties du continent. Cette "sortie de crise" est un thème très important pour la communauté internationale. En Côte d'Ivoire, nous avons accompli un travail qui nous a permis de parvenir à de nombreux résultats. Mais nous nous trouvons dans une situation qui fait que l'intervention des Nations unies est requise, afin d'engager le processus de désarmement, pour ensuite amorcer le processus politique. C'est pour cette raison qu'une opération de maintien de la paix, ainsi qu'un accord clair des Nations unies, sont nécessaires. Nous allons discuter avec les Américains de notre volonté commune de travailler ensemble en Afrique. Cela me semble être un symbole très fort. Il y a quelques jours je me trouvais en Amérique latine, notamment au Brésil, en Argentine, au Chili, et au Mexique, où j'ai pu discuter de ces questions. J'ai le sentiment que notre conscience de l'urgence avec laquelle doivent être réglés les problèmes de l'Afrique revêt la plus haute importance à nos yeux.
(Traduit de l'anglais)
Q - Pourquoi la dette du Libéria accumulée sous le régime de Charles Taylor n'a-t-elle pas été en partie annulée dans le cadre de la reconstruction économique du pays alors que tant d'efforts ont permis d'alléger la dette accumulée sous le régime de Saddam Hussein ?
R - Sur la dette du Libéria, je suis prêt à examiner toutes les solutions car cela fait partie des efforts de mobilisation de la communauté internationale. Je suis disposé à considérer le traitement de la dette dans le cadre du Club de Paris, où nous avons une responsabilité spéciale, comme vous le savez. Nous discuterons de ce problème avec les autres partenaires de la communauté internationale.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 février 2004)
(Intervention à la Conférence internationale sur la reconstruction du Liberia à New York, le 6 février 2004) :
Je vous remercie de vos propos aimables et je souhaite tout d'abord saluer l'initiative, prise par le Secrétaire général, de nous réunir aujourd'hui pour apporter notre soutien aux efforts de reconstruction du Libéria. Nous sommes unis ici dans une démarche exigeante au service de la paix.
Aujourd'hui, les conditions sont enfin réunies pour établir les bases de la paix et du développement en Afrique de l'Ouest.
L'espoir renaît au Libéria.
Après quinze années d'une guerre civile qui a fait 250.000 morts et 400.000 déplacés, et alors même que restent mobilisés 50.000 combattants et 15.000 enfants-soldats, une dynamique de paix s'est enclenchée à Accra il y a six mois. La volonté politique de la CEDEAO, mais aussi l'engagement personnel des présidents Kufuor et Obasanjo ont été déterminants, tout comme la mobilisation des Etats-Unis qui ont, comme Colin Powell l'a rappelé, une relation historique et forte avec le Libéria.
Aujourd'hui, ce pays peut sortir de la crise, retrouver un cadre politique et économique solide. Le président Bryant comme les autres acteurs politiques libériens y sont déterminés et il y a urgence, ainsi qu'en témoigne la situation humanitaire très préoccupante.
La tâche reste immense si l'on veut que le Libéria puisse sortir d'un état de guerre qui menace la stabilité de toute la sous-région.
Dans tous les domaines, il faut relever le défi.
Sur le plan de la sécurité d'abord, qui est loin d'être assurée sur tout le territoire, le désarmement et la réinsertion des combattants démobilisés doivent s'engager.
Sur le plan politique, ensuite : la réconciliation nationale doit se traduire par la mise en place d'institutions stables, et déboucher sur des élections prévues en octobre 2005.
Sur le plan de l'économie, enfin : pour garantir le redémarrage du pays, il faut assurer une bonne gouvernance et un contrôle souverain et transparent de l'Etat sur l'exploitation des ressources naturelles. Elles doivent être mises au service de la reconstruction. Si un contrôle approprié est établi, nous pourrons aller vers une levée des sanctions sur les exportations de diamants et de bois.
La France prend toute sa part à la reconstruction du Libéria.
Au sein de l'Union européenne, d'abord, nous soutenons l'affectation rapide de plus de 100 millions d'euros du Fonds européen de développement pour la sortie de crise au Libéria.
A ce titre, l'engagement de la France s'élève à 25 millions d'euros.
Avec nos partenaires du Conseil de sécurité, ensuite, la France a immédiatement accepté, le 19 septembre dernier, le déploiement de 15.000 hommes sur le terrain.
Et je tiens à rendre ici un hommage particulier au représentant du Secrétaire général des Nations unies, Jacques Klein, qui conduit cette opération avec une grande détermination.
A titre bilatéral, enfin, nous déployons une aide humanitaire d'un million d'euros pour répondre aux besoins les plus urgents. Nous nous apprêtons à mettre en place un million d'euros supplémentaire. La moitié sera à nouveau consacrée à des besoins humanitaires d'urgence, l'autre moitié permettra de financer des projets sociaux bénéficiant en priorité aux populations déplacées et aux enfants-soldats, en coordination avec des projets équivalents menés en Côte d'Ivoire, de l'autre côté de la frontière.
Au total l'effort global de la France s'élève à 67 millions d'euros.
J'ajoute que la France est prête, notamment dans le cadre du Club de Paris, à examiner avec ses partenaires les modalités du traitement de la dette libérienne.
Pour garantir l'efficacité de nos efforts au Libéria, nous devons assurer la stabilité de l'ensemble de la région.
Ces quinze dernières années, le conflit du Libéria a lourdement pesé sur l'ensemble de la région.
Les facteurs d'instabilité dépassent les frontières, qu'il s'agisse des mouvements de groupes armés, des trafics d'armes, du pillage des ressources naturelles ou du problème des réfugiés ou de celui des enfants-soldats.
En Sierra Leone, la présence des Nations unies depuis 1999 a permis d'éteindre un premier foyer, mais tous les facteurs de conflits n'ont pas disparu. En Côte d'Ivoire, la France s'est fortement engagée aux côtés de la CEDEAO pour éviter la guerre civile et appuyer un processus politique de sortie de crise. Là encore, il reste beaucoup à faire.
Aujourd'hui le renforcement de la présence de l'ONU et la création d'une mission de maintien de la paix en Côte d'Ivoire est indispensable. C'est le souhait des autorités ivoiriennes, comme de la CEDEAO et de l'Union africaine. Il s'agit là, dans un esprit de responsabilité et d'efficacité, d'une condition essentielle du succès. Et il y a urgence car nous entrons dans la phase finale des Accords de Linas-Marcoussis. Il faut maintenant procéder au désarmement et préparer les élections.
Soyons bien conscients de l'importance d'agir à temps, sans attendre que les crises dégénèrent en chaos. Soyons également conscients que seule une approche régionale, intégrée, coordonnée par les Nations unies, peut traiter efficacement les crises sur le continent africain, qu'il s'agisse de l'Afrique de l'Ouest, de la Corne de l'Afrique ou de la région des Grands Lacs, où l'Union européenne vient tout récemment d'engager des moyens militaires à l'appui du processus de transition politique.
Les réponses que nous apporterons ensemble à la crise libérienne et aux problèmes de l'Afrique de l'Ouest constitueront un test de notre capacité à agir ensemble au service de la paix. Nous devons être à la hauteur de ce défi.
Je vous remercie.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 février 2004)
(Interview à des télévision françaises à New York le 6 février 2004) :
Q - Monsieur le Ministre, vous participez en ce moment à la réunion de bailleurs de fonds pour le Libéria, quelle est la position de la France sur ce dossier ?
R - C'est bien évidemment une étape importante, nous nous réjouissons que cette Conférence pour la reconstruction du Libéria puisse se tenir aujourd'hui. Il s'agit bien de permettre, après quinze années de guerre civile au Libéria, d'entrer dans une nouvelle étape. Il s'agit de consolider les efforts qui ont été engagés, et donc, pour chacun, de se mobiliser. La France fait un effort d'environ 67 millions d'euros dans le cadre de sa contribution aux Nations unies, dans le cadre de sa contribution européenne, ainsi qu'un effort humanitaire sur le terrain. Ce que nous souhaitons, c'est qu'une approche régionale puisse se développer à cette occasion. Car pour être efficaces, il faut que nous prenions la véritable mesure des problèmes.
La communauté internationale est présente au Sierra Leone, avec des forces de déploiement de la paix importantes, de même qu'au Libéria, avec une force de déploiement de la paix des Nations unies, de plus de 15.000 hommes ; il est donc important que cet effort puisse être fait aussi en Côte d'Ivoire au-delà de l'effort de la France. Il s'agit bien de préparer ce déploiement, que nous envisageons avec une force d'environ 6.000 hommes. Vous savez que le Conseil de sécurité devra se saisir de cette question à la fin du mois de février, et nous pensons que, dans la nouvelle phase où nous entrons en Côte d'Ivoire, qui est la phase du désarmement, du processus politique relancé pour préparer les élections, les Nations unies disposent d'une expérience unique. Il s'agit bien que l'on donne toutes les chances à cette stabilisation, cette réconciliation, cette reconstruction de la Côte d'Ivoire, et ce que nous faisons dans un pays ne doit pas se défaire à sa frontière ; c'est bien pour cela que l'approche régionale nous paraît la seule susceptible d'être véritablement efficace.
Q - Les Américains sont pour l'instant réticents à accepter cette solution en Côte d'Ivoire. Est-ce que vous devez les convaincre ? C'est encore un travail de persuasion à faire auprès de Colin Powell que vous verrez tout à l'heure pour justement qu'ils acceptent cette approche régionale.
R - Nos amis américains sont dans un processus de consultation inter-Agences. Il faut que les différentes parties de l'Administration puissent se concerter. Je crois que personne ne conteste aujourd'hui l'importance de cet objectif de déploiement d'une opération de maintien de la paix. J'aurai l'occasion d'en parler tout à l'heure avec Colin Powell, mais j'ai tout à fait confiance dans le fait que, au cours des toutes prochaines semaines, nous serons en mesure de déployer cette force, une fois de plus parce que c'est la condition de l'efficacité. Nous ne pouvons pas nous mobiliser pour un pays de cette région, nous le faisons aujourd'hui pour le Libéria comme nous l'avons fait pour le Sierra Leone, sans prendre la mesure de ces problèmes régionaux. Je crois que, de ce point de vue, nous partageons tous les mêmes convictions.
Q - Est-ce que votre participation à cette conférence est aussi une façon de dire que la France est très attachée au règlement des conflits au niveau multilatéral avec les Nations unies ? On se souvient de la crise du mois passé : c'est aussi un message que vous envoyez à la communauté et aux Américains ?
R - Bien sûr, vous connaissez notre engagement au service de l'Afrique. C'est un engagement très fort depuis de nombreuses années. Le président de la République Jacques Chirac est en pointe sur cette question pour remettre l'Afrique au cur des préoccupations de la vie internationale, comme nous l'avons fait à Monterrey, à Kananaskis, à Johannesburg, au Sommet d'Evian, et encore récemment à Genève, où il a, avec le président Lula da Silva, le président Lagos et le Secrétaire général des Nations unies, mis au devant de la scène cette question de la faim.
Nous nous battons aussi sur les questions de santé comme le sida : nous avons triplé notre contribution au Fonds mondial sida. C'est un grand combat pour lequel la France veut être aux avant-postes, parce que les liens avec l'Afrique sont indispensables. Nous le voyons bien : nous avons aujourd'hui des occasions à saisir en Afrique, il y a des processus de sortie de crise qui avancent. Nous le voyons au Congo, au Burundi, au Soudan, et il est important de saisir ces occasions. La Côte d'Ivoire a fourni un travail exceptionnel. Des progrès ont été faits. La visite du président Gbagbo à Paris le montre très clairement. Ne revenons pas en arrière. Donnons-nous les moyens véritablement de continuer à avancer. Nous arrivons dans la dernière phase du processus de Linas-Marcoussis, la phase du désarmement, la phase du processus politique qui reprend pour aller jusqu'aux élections présidentielles. Dans cette phase-là, les Nations unies doivent jouer un rôle très important. Et c'est pour cela que nous plaidons pour le déploiement d'une force internationale. Je crois qu'il y a une prise de conscience de son avenir de la part de l'Afrique et nous acceptons d'y contribuer pleinement, nous faisons preuve de conviction et d'imagination, je crois que c'est bien le sens du message que je veux adresser aujourd'hui à l'ensemble de mes collègues. La France, dès lors qu'il s'agit de l'Afrique, dès lors qu'il y a des enjeux qui touchent ce continent qui nous est cher, répond présent.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 février 2004)
(Traduit de l'anglais)
Tout d'abord, permettez-moi de vous dire à quel point je suis heureux d'être à New York ce matin et de pouvoir prendre part aux discussions sur le Libéria et la région. Il est important pour la France d'être présente car la reconstruction du Libéria est un défi que nous devons tous relever. Nous avons la possibilité de saisir une nouvelle opportunité au Libéria. Il y a une dynamique de paix et je souhaite à cet égard saluer l'action et l'engagement de la CEDEAO. La France veut être partie prenante de l'important effort de la communauté internationale et lui apporte son soutien le plus complet.
Notre action s'inscrit à la fois dans le cadre des Nations unies, par le soutien de l'envoi prochain des 15 000 soldats de la paix au Libéria, et dans le cadre de l'Union européenne et d'actions bilatérales par notre contribution à une importante aide humanitaire. Dans son ensemble, notre effort pour le Libéria s'élève à 67 millions d'euros.
Il est également important d'insister sur le fait que, pour être efficace, il nous faut avoir une approche globale et régionale des problèmes. C'est la raison pour laquelle nous sommes engagés dans la réalisation d'importants projets à la frontière du Libéria et de la Côte d'Ivoire. Nous voulons développer ces projets dans le but de contribuer à la paix dans la région et d'encourager son développement. Afin d'obtenir de tels résultats, nous souhaitons la mise en place d'une opération de maintien de la paix des Nations unies en Côte d'Ivoire. Comme vous le savez, nous rentrons dans la dernière phase de l'application des Accords de Linas-Marcoussis, celle du désarmement, la phase du processus politique qui doit conduire aux élections présidentielles de 2005. Il est donc important que tous les pays soient engagés pour renforcer la présence internationale, en plus de la France présente avec 4.000 hommes.
Nous sommes confiants quant à la tenue d'une réunion au Conseil de sécurité à la fin du mois de février : il est important pour nous de prendre la bonne décision et de rappeler l'importance d'une force de maintien de la paix des Nations unies.
Q - Tirant avantage de la conférence des bailleurs de fonds, ne pensez-vous pas qu'il est désormais temps de demander avec insistance le gel des actifs de Charles Taylor ?
R - Nous considérons que toutes les mesures appropriées concernant Charles Taylor doivent être prises. Un tribunal ad hoc est en charge de cette question. Il est important de faire tout ce qui est nécessaire pour permettre que la justice soit rendue.
Q - (A propos de la politique de la France vis-à-vis de l'Afrique)
R - La France a fait beaucoup d'efforts pour s'assurer que l'Afrique reste au cur des préoccupations de la communauté internationale. Le président de la République Jacques Chirac a été très actif à Monterrey, Kananaskis, Johannesburg et pendant le Sommet d'Evian pour replacer la question africaine au cur des discussions. Il y a quelques jours à, Genève, nous avons tenu une réunion avec le président Lula, le président Lagos et le Secrétaire général Kofi Annan sur le problème de la faim dans le monde. C'est un problème-clé et nous sommes déterminés à aider l'Afrique. La communauté internationale se mobilise de plus en plus sur les problèmes africains et nous nous en réjouissons. Nous allons discuter de ces problèmes avec Colin Powell et sommes heureux de constater l'intérêt porté à ces questions ici, aux Etats-Unis. La France, qui est fortement solidaire du continent africain, doit saisir toutes les opportunités pour l'aider à répondre aux défis auxquels il doit faire face.
(Traduit de l'espagnol)
Q - (Sur les crises au Libéria et en Côte d'Ivoire)
R - Il me semble évident que le fait que les Etats-Unis veuillent travailler de façon concertée pour faire en sorte de trouver des solutions aux problèmes de l'Afrique est un signal très important. Nous discutons aujourd'hui de la reconstruction du Libéria, tout comme nous l'avons fait dans le passé en ce qui concerne la Sierra Leone, et la question de la Côte d'Ivoire doit également être réglée. Il s'agit d'un problème très important pour l'ensemble de la région. Nous pensons qu'il convient d'avoir une vision globale des difficultés. Nous avons besoin d'une stratégie de sortie de crise qui convienne à l'Afrique de l'Ouest, comme à d'autres parties du continent. Cette "sortie de crise" est un thème très important pour la communauté internationale. En Côte d'Ivoire, nous avons accompli un travail qui nous a permis de parvenir à de nombreux résultats. Mais nous nous trouvons dans une situation qui fait que l'intervention des Nations unies est requise, afin d'engager le processus de désarmement, pour ensuite amorcer le processus politique. C'est pour cette raison qu'une opération de maintien de la paix, ainsi qu'un accord clair des Nations unies, sont nécessaires. Nous allons discuter avec les Américains de notre volonté commune de travailler ensemble en Afrique. Cela me semble être un symbole très fort. Il y a quelques jours je me trouvais en Amérique latine, notamment au Brésil, en Argentine, au Chili, et au Mexique, où j'ai pu discuter de ces questions. J'ai le sentiment que notre conscience de l'urgence avec laquelle doivent être réglés les problèmes de l'Afrique revêt la plus haute importance à nos yeux.
(Traduit de l'anglais)
Q - Pourquoi la dette du Libéria accumulée sous le régime de Charles Taylor n'a-t-elle pas été en partie annulée dans le cadre de la reconstruction économique du pays alors que tant d'efforts ont permis d'alléger la dette accumulée sous le régime de Saddam Hussein ?
R - Sur la dette du Libéria, je suis prêt à examiner toutes les solutions car cela fait partie des efforts de mobilisation de la communauté internationale. Je suis disposé à considérer le traitement de la dette dans le cadre du Club de Paris, où nous avons une responsabilité spéciale, comme vous le savez. Nous discuterons de ce problème avec les autres partenaires de la communauté internationale.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 février 2004)
(Intervention à la Conférence internationale sur la reconstruction du Liberia à New York, le 6 février 2004) :
Je vous remercie de vos propos aimables et je souhaite tout d'abord saluer l'initiative, prise par le Secrétaire général, de nous réunir aujourd'hui pour apporter notre soutien aux efforts de reconstruction du Libéria. Nous sommes unis ici dans une démarche exigeante au service de la paix.
Aujourd'hui, les conditions sont enfin réunies pour établir les bases de la paix et du développement en Afrique de l'Ouest.
L'espoir renaît au Libéria.
Après quinze années d'une guerre civile qui a fait 250.000 morts et 400.000 déplacés, et alors même que restent mobilisés 50.000 combattants et 15.000 enfants-soldats, une dynamique de paix s'est enclenchée à Accra il y a six mois. La volonté politique de la CEDEAO, mais aussi l'engagement personnel des présidents Kufuor et Obasanjo ont été déterminants, tout comme la mobilisation des Etats-Unis qui ont, comme Colin Powell l'a rappelé, une relation historique et forte avec le Libéria.
Aujourd'hui, ce pays peut sortir de la crise, retrouver un cadre politique et économique solide. Le président Bryant comme les autres acteurs politiques libériens y sont déterminés et il y a urgence, ainsi qu'en témoigne la situation humanitaire très préoccupante.
La tâche reste immense si l'on veut que le Libéria puisse sortir d'un état de guerre qui menace la stabilité de toute la sous-région.
Dans tous les domaines, il faut relever le défi.
Sur le plan de la sécurité d'abord, qui est loin d'être assurée sur tout le territoire, le désarmement et la réinsertion des combattants démobilisés doivent s'engager.
Sur le plan politique, ensuite : la réconciliation nationale doit se traduire par la mise en place d'institutions stables, et déboucher sur des élections prévues en octobre 2005.
Sur le plan de l'économie, enfin : pour garantir le redémarrage du pays, il faut assurer une bonne gouvernance et un contrôle souverain et transparent de l'Etat sur l'exploitation des ressources naturelles. Elles doivent être mises au service de la reconstruction. Si un contrôle approprié est établi, nous pourrons aller vers une levée des sanctions sur les exportations de diamants et de bois.
La France prend toute sa part à la reconstruction du Libéria.
Au sein de l'Union européenne, d'abord, nous soutenons l'affectation rapide de plus de 100 millions d'euros du Fonds européen de développement pour la sortie de crise au Libéria.
A ce titre, l'engagement de la France s'élève à 25 millions d'euros.
Avec nos partenaires du Conseil de sécurité, ensuite, la France a immédiatement accepté, le 19 septembre dernier, le déploiement de 15.000 hommes sur le terrain.
Et je tiens à rendre ici un hommage particulier au représentant du Secrétaire général des Nations unies, Jacques Klein, qui conduit cette opération avec une grande détermination.
A titre bilatéral, enfin, nous déployons une aide humanitaire d'un million d'euros pour répondre aux besoins les plus urgents. Nous nous apprêtons à mettre en place un million d'euros supplémentaire. La moitié sera à nouveau consacrée à des besoins humanitaires d'urgence, l'autre moitié permettra de financer des projets sociaux bénéficiant en priorité aux populations déplacées et aux enfants-soldats, en coordination avec des projets équivalents menés en Côte d'Ivoire, de l'autre côté de la frontière.
Au total l'effort global de la France s'élève à 67 millions d'euros.
J'ajoute que la France est prête, notamment dans le cadre du Club de Paris, à examiner avec ses partenaires les modalités du traitement de la dette libérienne.
Pour garantir l'efficacité de nos efforts au Libéria, nous devons assurer la stabilité de l'ensemble de la région.
Ces quinze dernières années, le conflit du Libéria a lourdement pesé sur l'ensemble de la région.
Les facteurs d'instabilité dépassent les frontières, qu'il s'agisse des mouvements de groupes armés, des trafics d'armes, du pillage des ressources naturelles ou du problème des réfugiés ou de celui des enfants-soldats.
En Sierra Leone, la présence des Nations unies depuis 1999 a permis d'éteindre un premier foyer, mais tous les facteurs de conflits n'ont pas disparu. En Côte d'Ivoire, la France s'est fortement engagée aux côtés de la CEDEAO pour éviter la guerre civile et appuyer un processus politique de sortie de crise. Là encore, il reste beaucoup à faire.
Aujourd'hui le renforcement de la présence de l'ONU et la création d'une mission de maintien de la paix en Côte d'Ivoire est indispensable. C'est le souhait des autorités ivoiriennes, comme de la CEDEAO et de l'Union africaine. Il s'agit là, dans un esprit de responsabilité et d'efficacité, d'une condition essentielle du succès. Et il y a urgence car nous entrons dans la phase finale des Accords de Linas-Marcoussis. Il faut maintenant procéder au désarmement et préparer les élections.
Soyons bien conscients de l'importance d'agir à temps, sans attendre que les crises dégénèrent en chaos. Soyons également conscients que seule une approche régionale, intégrée, coordonnée par les Nations unies, peut traiter efficacement les crises sur le continent africain, qu'il s'agisse de l'Afrique de l'Ouest, de la Corne de l'Afrique ou de la région des Grands Lacs, où l'Union européenne vient tout récemment d'engager des moyens militaires à l'appui du processus de transition politique.
Les réponses que nous apporterons ensemble à la crise libérienne et aux problèmes de l'Afrique de l'Ouest constitueront un test de notre capacité à agir ensemble au service de la paix. Nous devons être à la hauteur de ce défi.
Je vous remercie.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 février 2004)
(Interview à des télévision françaises à New York le 6 février 2004) :
Q - Monsieur le Ministre, vous participez en ce moment à la réunion de bailleurs de fonds pour le Libéria, quelle est la position de la France sur ce dossier ?
R - C'est bien évidemment une étape importante, nous nous réjouissons que cette Conférence pour la reconstruction du Libéria puisse se tenir aujourd'hui. Il s'agit bien de permettre, après quinze années de guerre civile au Libéria, d'entrer dans une nouvelle étape. Il s'agit de consolider les efforts qui ont été engagés, et donc, pour chacun, de se mobiliser. La France fait un effort d'environ 67 millions d'euros dans le cadre de sa contribution aux Nations unies, dans le cadre de sa contribution européenne, ainsi qu'un effort humanitaire sur le terrain. Ce que nous souhaitons, c'est qu'une approche régionale puisse se développer à cette occasion. Car pour être efficaces, il faut que nous prenions la véritable mesure des problèmes.
La communauté internationale est présente au Sierra Leone, avec des forces de déploiement de la paix importantes, de même qu'au Libéria, avec une force de déploiement de la paix des Nations unies, de plus de 15.000 hommes ; il est donc important que cet effort puisse être fait aussi en Côte d'Ivoire au-delà de l'effort de la France. Il s'agit bien de préparer ce déploiement, que nous envisageons avec une force d'environ 6.000 hommes. Vous savez que le Conseil de sécurité devra se saisir de cette question à la fin du mois de février, et nous pensons que, dans la nouvelle phase où nous entrons en Côte d'Ivoire, qui est la phase du désarmement, du processus politique relancé pour préparer les élections, les Nations unies disposent d'une expérience unique. Il s'agit bien que l'on donne toutes les chances à cette stabilisation, cette réconciliation, cette reconstruction de la Côte d'Ivoire, et ce que nous faisons dans un pays ne doit pas se défaire à sa frontière ; c'est bien pour cela que l'approche régionale nous paraît la seule susceptible d'être véritablement efficace.
Q - Les Américains sont pour l'instant réticents à accepter cette solution en Côte d'Ivoire. Est-ce que vous devez les convaincre ? C'est encore un travail de persuasion à faire auprès de Colin Powell que vous verrez tout à l'heure pour justement qu'ils acceptent cette approche régionale.
R - Nos amis américains sont dans un processus de consultation inter-Agences. Il faut que les différentes parties de l'Administration puissent se concerter. Je crois que personne ne conteste aujourd'hui l'importance de cet objectif de déploiement d'une opération de maintien de la paix. J'aurai l'occasion d'en parler tout à l'heure avec Colin Powell, mais j'ai tout à fait confiance dans le fait que, au cours des toutes prochaines semaines, nous serons en mesure de déployer cette force, une fois de plus parce que c'est la condition de l'efficacité. Nous ne pouvons pas nous mobiliser pour un pays de cette région, nous le faisons aujourd'hui pour le Libéria comme nous l'avons fait pour le Sierra Leone, sans prendre la mesure de ces problèmes régionaux. Je crois que, de ce point de vue, nous partageons tous les mêmes convictions.
Q - Est-ce que votre participation à cette conférence est aussi une façon de dire que la France est très attachée au règlement des conflits au niveau multilatéral avec les Nations unies ? On se souvient de la crise du mois passé : c'est aussi un message que vous envoyez à la communauté et aux Américains ?
R - Bien sûr, vous connaissez notre engagement au service de l'Afrique. C'est un engagement très fort depuis de nombreuses années. Le président de la République Jacques Chirac est en pointe sur cette question pour remettre l'Afrique au cur des préoccupations de la vie internationale, comme nous l'avons fait à Monterrey, à Kananaskis, à Johannesburg, au Sommet d'Evian, et encore récemment à Genève, où il a, avec le président Lula da Silva, le président Lagos et le Secrétaire général des Nations unies, mis au devant de la scène cette question de la faim.
Nous nous battons aussi sur les questions de santé comme le sida : nous avons triplé notre contribution au Fonds mondial sida. C'est un grand combat pour lequel la France veut être aux avant-postes, parce que les liens avec l'Afrique sont indispensables. Nous le voyons bien : nous avons aujourd'hui des occasions à saisir en Afrique, il y a des processus de sortie de crise qui avancent. Nous le voyons au Congo, au Burundi, au Soudan, et il est important de saisir ces occasions. La Côte d'Ivoire a fourni un travail exceptionnel. Des progrès ont été faits. La visite du président Gbagbo à Paris le montre très clairement. Ne revenons pas en arrière. Donnons-nous les moyens véritablement de continuer à avancer. Nous arrivons dans la dernière phase du processus de Linas-Marcoussis, la phase du désarmement, la phase du processus politique qui reprend pour aller jusqu'aux élections présidentielles. Dans cette phase-là, les Nations unies doivent jouer un rôle très important. Et c'est pour cela que nous plaidons pour le déploiement d'une force internationale. Je crois qu'il y a une prise de conscience de son avenir de la part de l'Afrique et nous acceptons d'y contribuer pleinement, nous faisons preuve de conviction et d'imagination, je crois que c'est bien le sens du message que je veux adresser aujourd'hui à l'ensemble de mes collègues. La France, dès lors qu'il s'agit de l'Afrique, dès lors qu'il y a des enjeux qui touchent ce continent qui nous est cher, répond présent.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 février 2004)