Texte intégral
Mes chers amis,
Mes chers camarades,
Comme c'est généralement l'usage au cours de nos manifestations et réunions, il m'incombe de clore notre Convention, et une question se pose immédiatement à mon esprit. Que dire que vous n'ayez déjà entendu durant ces trois jours de travail intensif ?
En effet, toutes les questions que pose la construction européenne ont été abordées, avec passion et compétence, par les divers intervenants, que je salue et remercie au passage, de même que les organisateurs de cette Convention, et je pense aux services de la Formation et de la Délégation Générale.
Que dire en effet, tant il est évident désormais que la France a tout à perdre à poursuivre la construction d'une Europe fédérale dont certains nous vantent encore aujourd'hui, au mépris des réalités les plus évidentes, les bienfaits et les mérites impérissables.
Depuis les années cinquante, les arguments des héritiers de Jean Monnet, de Pleven à Schumann, de Mitterrand à Chirac, en passant par Giscard d'Estaing et Rocard, n'ont pas changé d'un iota.
" Aujourd'hui, ça va mal, et demain, avec l'Europe - fédérale, s'entend - nous aurons plus de prospérité, plus de bien être et d'abondance ".
Et oui, mesdames et messieurs, cela fait 50 ans que la rengaine du " demain, on rase gratis " fait flores, dans les discours et les interventions des hommes politiques bien sûr mais aussi dans les articles de journaux, les colloques universitaires, les livres savants émanant des intellectuels de salon et autres plumitifs de cour.
A ceux qui, dès les prémisses de la construction européenne, faisaient remarquer que l'abondance matérielle ne suffit pas à assurer le bonheur des hommes, on répondait avec dédain que l'heure était à la production de masse et à la société de consommation, qu'incarnaient tant les performances de l'économie américaine que les architectures détaillées de la planification soviétique.
Pour cette dernière au moins, on sait aujourd'hui ce qu'il en est, tant son effondrement économique fut retentissant. Le modèle américain, quant à lui, est propre à un peuple jeune, issu de l'immigration et installé sur un territoire presque vierge, après que les autochtones indiens eurent été massacrés ou digérés. L'exemple américain, était, de toute évidence, inexportable, et nombreux furent ceux qui, derrière De Gaulle et d'autres, tirèrent ainsi, sans succès, la sonnette d'alarme.
Il était facile de prendre conscience, dès les années 50, tant de l'échec soviétique que de la spécificité américaine.
L'Histoire étant souvent le cimetière des différentes âneries humaines, il n'est toutefois pas indifférent de savoir que c'est en référence au gigantisme productif des deux Grands de la Guerre Froide que le modèle d'Europe fédérale fut pensé.
On voulait une Europe unie pour plus d'opulence et de bien-être, et l'on fit d'abord, en 1952, la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier.
Cinquante ans après, il n'y a plus de mine, plus de fonderie, plus de sidérurgie et quasiment plus de métallurgie en Europe. Les friches minières et industrielles défigurent des régions entières, tandis que se déploie le cortège funèbre des corps de métiers disparus, derrière lequel se distingue la misère d'ouvriers sans emploi, de cinquantenaires impossibles à reconvertir, de jeunes sans perspective.
Le bel exemple d'avenir radieux que voilà !
C'est dire si sur le terrain même de ses promesses fondamentales, les défenseurs, je devrais dire les sectateurs, de l'Europe fédérale ont menti.
Le Marché Commun, mis en place en 1958, pouvait à la rigueur être utile, si il avait été conçu comme un espace commercial protégé. Mais ce ne fut pas le cas, et la disparition des frontières physiques, commerciales et financières, avec l'Acte Unique en 1986 et la mise en place de la Monnaie Unique, fut proprement catastrophique pour le portefeuille de nos compatriotes.
Qu'on en juge, par ces quelques chiffres.
Tandis que le taux de croissance moyen de l'économie française était en moyenne de 3% pendant les Trente Glorieuses, il n'a atteint qu'à peine 1,8% entre 1990 et 2005, contre 2,8% pour la moyenne de l'OCDE.
Depuis 1990, la France n'a plus jamais eu de croissance supérieure à 3%, ce qui était le cas, à peu près tous les 5 ans, pendant la période précédente.
Que s'est-il donc passé, des années 80 à aujourd'hui ?
C'est simple, on a engagé une politique de change fixe totalement surévalué, ainsi que la libre circulation des personnes, des marchandises et des capitaux, sans mettre en place de barrières extérieures.
Résultat, nous avons subi non pas une libre circulation européenne, mais une libre circulation mondiale, des hommes, des produits et de l'argent.
Littéralement, la France s'est ouverte à tous les vents de la mondialisation, démographique, commerciale et financière.
Ce libre-échangisme débridé nous a coûté des pans entiers de secteurs productifs, anéantis par la concurrence des pays à bas salaires. Il explique la chute de la productivité de l'économie française, passée de 4% par an pendant les Trente Glorieuses à 1% depuis 1990. Il explique aussi, au travers de l'immigration de masse, l'absence de revalorisation des salaires manuels, tirés vers le bas par le travail immigré peu qualifié.
Les gouvernements français, en rajoutant le fiscalisme prédateur au libre-échangisme échevelé, ont achevé de crucifier nos entreprises et nos emplois.
En 1970 en effet, le chômage ne touchait que 630.000 personnes, soit moins de 5% de la population active. Il frappe aujourd'hui officiellement 2,7 millions de personnes, mais en réalité 5,5 millions, si l'on compte les emplois aidés et les chômeurs non pris en compte dans le chiffrage institutionnel. Le Gouvernement magouille pour le faire passer sous la barre symbolique des 10%, alors qu'il est en réalité à 20%.
Une démonstration simple le prouve.
- Il y avait 6 millions d'emplois industriels en 1970. De fermetures d'activités en délocalisations, il en reste à peine 3 millions aujourd'hui. En 1974 d'ailleurs, l'industrie occupait 38% de la population active. En 2005, elle ne représente plus que 17%.
- Il y avait 2,7 millions d'emplois agricoles en 1970. Il en reste à peine 800.000 aujourd'hui, après plus de 30 ans de Politique Agricole Commune.
- Mais entre temps, entre 1970 et aujourd'hui, le nombre de fonctionnaires et assimilés est passé de 3 millions à 6 millions ! En France, plus d'un emploi sur 5 est un emploi public, contre 1 sur 10 en Allemagne.
La vérité est donc simple. Dans le meilleur des cas, on a transformé les ouvriers et les paysans en fonctionnaires, dans la grande tradition de la démagogie et du clientélisme politicien à laquelle les politiciens de droite et de gauche nous ont habitués depuis plus 35 ans.
Tout cela avait un coût social considérable, mais aussi hélas, un coût financier sans précédent, provoquant une singulière cure d'amaigrissement du portefeuille des Français, qui, producteurs ou contribuables, sont toujours les payeurs ultimes des erreurs politiques de leurs chefs.
En effet, après 25 ans de libre-échangisme imposé par l'Europe, après 20 ans de rigueur monétaire imposée par l'Europe, après 10 ans de Pacte de stabilité budgétaire imposé par l'Europe, jamais la gestion des finances publiques n'a été aussi anarchique, instable et catastrophique qu'aujourd'hui.
Excédentaire en 1970, le budget de l'Etat n'a plus été en équilibre depuis 1980.
Le déficit officiel atteint désormais près de 400 milliards de Francs par an, soit 4% du PIB. C'est la 4ème année de déficit supérieur à 3% du PIB en France. En décembre 2004, Bruxelles, consciente du risque de crise européenne majeure, a suspendu les procédures en déficit excessif lancées en 2003 contre Berlin et Paris.
L'Europe ne sert donc certainement pas de modèle de vertu en la matière.
Et ça n'est que le déficit officiel. Car le déficit réel, celui qui incorpore les débudgétisations, c'est-à-dire les dépenses non recensées dans le budget annuel, les reports de dépenses d'une année sur 2, bon système de cavalerie, et les transferts de charges aux collectivités locales, le déficit réel, disais-je, est plus proche de 5%.
Excédentaire en 1970, l'assurance-retraite est aujourd'hui déficitaire, avant de s'effondrer dans le trou béant des retraites à verser à partir de 2020.
A l'arrivée à la retraite, pourtant prévisible, des générations du Baby-Boom, les gouvernements successifs n'auront opposé que l'indécision et la lâcheté, à charge pour les derniers actifs de faire face au problème, quant il se présentera, demain...
Enfin, l'assurance-maladie, elle aussi excédentaire en 1970, affiche désormais, bon an, mal an, un déséquilibre de 60 à 80 milliards de Francs.
Et là encore, ce sont des chiffres officiels, car comment connaître les chiffre réels, lorsqu'on apprend de la Cour des comptes qu'on ne connaît pas le nombre exact d'actes médicaux remboursés, ni le nombre de retraités : pour ces derniers, on oscille entre 11,7 millions (chiffre Sécu) et 10,6 millions (chiffre INSEE) !
Tout cela est écrit noir sur blanc, dans des rapports épais et payants, que le citoyen lambda ne peut évidemment pas consulter.
Toujours est-il que pour payer tous ces trous chaque année, on a eu recours à la méthode la moins douloureuse à court terme, l'endettement.
Celui-ci est passé de 165 milliards de Francs en 1970 à 6.500 milliards aujourd'hui, atteignant officiellement 65% du PIB, sans que l'Europe ne nous serve de guide ni de chien d'aveugle - en la matière, le chien est encore plus aveugle que son maître - puisque le seuil de 60% qu'elle nous avait imposé est pulvérisé depuis longtemps.
Je dis pulvérisé, parce qu'il s'agit là encore de l'endettement officiel, c'est-à-dire de la dette approximative de l'Etat, des collectivités locales et des organismes de sécurité sociale.
Mais la dette publique réelle, celle qui tient compte de la dette des entreprises publiques, des sociétés majoritairement détenues par l'Etat et des associations loi 1901 qu'il contrôle et finance, atteint, elle, 120 % du PIB, soit 13 000 milliards de francs.
Cette dette, il faut déjà en payer une petite partie chaque année.
Je dis " une petite partie ", parce qu'il s'agit des intérêts de la dette et pas du capital, bien plus considérable. Mais ce sont déjà des sommes considérables. Tous les ans, les intérêts de la dette sont payés par le budget de l'Etat, et ils atteignent 250 milliards de FF par an.
250 Milliards de francs par an ! Le produit de l'impôt sur le revenu !
Les intérêts de la dette, c'est le 2ème poste budgétaire de l'Etat ! Voilà à quoi servent nos impôts !
De 35% en 1970, les prélèvements obligatoires sont d'ailleurs passés officiellement à 45% du PIB cette année.
La France a ainsi un taux de prélèvement supérieur de 6 points à la moyenne européenne. Et encore, je comptais avec ce chiffre de 45%, mais c'est en fait 50%, car de nombreux impôts ne sont pas décomptés dans le chiffrage gouvernemental.
Les dépenses publiques atteignent dès lors 54% du PIB, essentiellement pour payer les fonctionnaires et rembourser les intérêts de la dette, au détriment des investissements publics utiles - Défense nationale ou Equipements collectifs - qui ne représentent que 2% des dépenses publiques !
Voilà comment, en France, on sacrifie l'avenir !
On le sacrifie d'autant plus que demain, il faudra bien rembourser le capital de la dette lui-même. Les générations futures paieront donc beaucoup plus d'impôts encore que nous-mêmes, pour payer nos dépenses à nous, nos dépenses d'aujourd'hui !
Chacun vit ainsi à crédit sur le dos de ses enfants. La belle prospérité que voilà !
Vous le voyez bien, Mesdames et messieurs, entre le chômage, l'augmentation des impôts, les hausses de prix liées au passage à l'euro, le niveau de vie de nos compatriotes a singulièrement baissé depuis 35 ans, à rebours là encore des promesses européennes.
La France est passée en 10 ans du 4ème rang européen en terme de revenu par habitant au 12ème rang. Seuls l'Espagne, le Portugal et la Grèce font moins bien qu'elle.
D'ailleurs, le niveau de vie d'un Français atteignait 75% de celui d'un américain en 1970. Il ne représente plus que 65% de celui-ci aujourd'hui.
La tiers-mondisation est en marche : il y a 35 ans, seuls 5% des moins de 25 ans vivaient sous le seuil de pauvreté, c'est-à-dire avec moins de 3.600 Francs par mois. Ils sont aujourd'hui 20%. 1 jeune Français sur 5 !
Notre pays compte désormais 1,2 millions de Rmistes, tandis que la CMU touchait environ 4,7 millions de bénéficiaires en 2003.
Entre temps, les vannes de l'immigration de masse ont été ouvertes, l'Etat n'a cessé de répandre ses générosités au bénéfice de populations issues des quatre coins du globe. La concurrence des pays à bas salaires, en l'absence de protections commerciales, a fait le reste.
Voilà les résultats de 40 ans de politique politiciano-européenne.
Et l'on s'étonne aujourd'hui, dans les hautes sphères, que le Non à la Constitution européenne monte dans les sondages ?
Bigre ! Mais c'est que les Français d'en bas, eux, paient des impôts, à la différence des privilégiés élus ici et là, à la différence des détenteurs de stock options, à la différence de la majorité des immigrés !
C'est que les Français, eux, paient leur électricité et leurs transports en commun, à la différence des privilégiés des grandes entreprises nationales.
C'est que les Français, eux, risquent le chômage, à la différence des privilégiés de la Haute Fonction Publique et plus généralement des 6 millions de fonctionnaires. Par parenthèse, comment s'étonner alors que 75% des jeunes Français déclarent, dans un sondage, souhaiter devenir fonctionnaire ?
C'est que les Français, eux, paient pour leur retraite, à la différence des privilégiés du PREFON.
Les Français, eux, mesurent chaque jour l'avancée inexorable de leur appauvrissement.
Je crois que le Non va gagner, précisément parce que l'Europe a échoué partout où elle avait promis beaucoup.
Elle a échoué sur le front du bien-être, de la prospérité matérielle, dont elle avait fait sa bannière et qui sera sa croix.
J'entendais l'autre jour une éminente lumière du milieu intellectuel Français dire " voter Non à l'Europe, c'est dire Oui au Moyen Age ".
Le bonnet d'âne ne lui siérait pas si mal, tant c'est l'inverse qui est vrai !
Voter Oui à la Constitution qui systématise l'ultra libre-échangisme, qui enracine le suicidaire euro surévalué, qui organise notre disparition agricole et industrielle et ne nous laisse d'autre choix que d'augmenter les impôts pour embaucher de nouveaux fonctionnaires, voter Oui à cette Constitution, c'est effectivement, prendre un aller simple vers le Moyen Age !
Ce monsieur couvert d'honneurs et de richesses qui a professé si doctement cette contre-vérité n'a aucune conscience des réalités. Il est dans une bulle confortable. Mais le pire, c'est qu'il est un auxiliaire zélé et conscient des professionnels du mensonge permanent.
Dans un pays en plein déclin politique, économique, financier, social et international, le principal souci des différents pouvoirs constitués est en effet de dissimuler à l'opinion l'ampleur du désastre.
Alors que chacun constate, dans sa vie quotidienne, la régression, tout est organisé pour que le citoyen pense que son cas est particulier et qu'il ne s'agit pas d'une situation générale.
Ainsi, en France, le mensonge d'Etat est désormais une véritable institution, qui dispose de moyens financiers et humains (les ministères, les différentes instituts officiels de chiffrage, certains médias complaisants : pas tous, heureusement !).
On ment en effet aussi bien sur la situation démographique, sur l'état des Finances publiques, sur l'état de la société que sur l'état de l'économie,
Je prendrai un dernier exemple : celui de l'inflation.
A entendre le gouvernement, l'inflation aurait été limitée à environ 2% par an depuis 5 ans, date d'entrée en vigueur de l'euro.
Mais dans les faits, les prix à la consommation ont augmenté de 5 à 30% depuis la mise en place de l'euro (1999).
Dans l'immobilier, les évaluations sont là encore archi fausses : la hausse des loyers a été estimée à 2,9% en 2001, alors que l'immobilier flambe partout.
A la vérité, l'Indice des Prix à la Consommation, panier de biens testés pour établir l'inflation, est constitué arbitrairement : on sélectionne tel bien plutôt que tel autre, et on peut ainsi éliminer les plus fortes hausses du décompte final.
A quoi sert le mensonge me direz-vous, puisque les Français le constatent tous les jours en allant faire leurs courses ?
C'est qu'on espère ainsi retarder l'heure des comptes, l'heure de vérité.
Mais le gong va, inexorablement, retentir un jour ou l'autre.
En dépit des campagnes récurrentes du gouvernement sur les baisses d'impôt, l'amélioration de la croissance, des comptes publics, en dépit de la pléthore de promesses supplémentaires, véritable bric-à-brac du Musée de la démagogie politique, les Français connaissent aujourd'hui la vérité, à la simple ouverture de leur portefeuille.
C'est, je crois, ce qui scelle inévitablement le rejet de la Constitution européenne.
En votant Non, nos compatriotes ont le sentiment de voter contre la perte de pouvoir d'achat, contre la certitude du chômage, contre l'évidence de l'appauvrissement, contre la montée de l'immigration.
Certain que vous ferez pendant cette campagne tout ce qui est nécessaire pour transformer ce rejet de l'Europe en plébiscite pour la France, je vous remercie encore de votre participation et vous souhaite à tous un agréable retour dans vos foyers.
En conclusion, permettez-moi d'insister fortement pour que vous fassiez tout ce qui est possible pour que le 1er mai soit, pour le Front National, la démonstration éclatante de son audience populaire.
Le grand meeting du NON qui suivra le défilé de Jeanne d'Arc, place de l'Opéra, doit affirmer notre première place dans le camp du NON à la Constitution Félonne
du NON à l'Europe turque
du NON au système de trahison, de décadence et de corruption
Vive le Front National !
Vive la France !
(Source http://www.frontnationalfr, le 11 avril 2005)
Mes chers camarades,
Comme c'est généralement l'usage au cours de nos manifestations et réunions, il m'incombe de clore notre Convention, et une question se pose immédiatement à mon esprit. Que dire que vous n'ayez déjà entendu durant ces trois jours de travail intensif ?
En effet, toutes les questions que pose la construction européenne ont été abordées, avec passion et compétence, par les divers intervenants, que je salue et remercie au passage, de même que les organisateurs de cette Convention, et je pense aux services de la Formation et de la Délégation Générale.
Que dire en effet, tant il est évident désormais que la France a tout à perdre à poursuivre la construction d'une Europe fédérale dont certains nous vantent encore aujourd'hui, au mépris des réalités les plus évidentes, les bienfaits et les mérites impérissables.
Depuis les années cinquante, les arguments des héritiers de Jean Monnet, de Pleven à Schumann, de Mitterrand à Chirac, en passant par Giscard d'Estaing et Rocard, n'ont pas changé d'un iota.
" Aujourd'hui, ça va mal, et demain, avec l'Europe - fédérale, s'entend - nous aurons plus de prospérité, plus de bien être et d'abondance ".
Et oui, mesdames et messieurs, cela fait 50 ans que la rengaine du " demain, on rase gratis " fait flores, dans les discours et les interventions des hommes politiques bien sûr mais aussi dans les articles de journaux, les colloques universitaires, les livres savants émanant des intellectuels de salon et autres plumitifs de cour.
A ceux qui, dès les prémisses de la construction européenne, faisaient remarquer que l'abondance matérielle ne suffit pas à assurer le bonheur des hommes, on répondait avec dédain que l'heure était à la production de masse et à la société de consommation, qu'incarnaient tant les performances de l'économie américaine que les architectures détaillées de la planification soviétique.
Pour cette dernière au moins, on sait aujourd'hui ce qu'il en est, tant son effondrement économique fut retentissant. Le modèle américain, quant à lui, est propre à un peuple jeune, issu de l'immigration et installé sur un territoire presque vierge, après que les autochtones indiens eurent été massacrés ou digérés. L'exemple américain, était, de toute évidence, inexportable, et nombreux furent ceux qui, derrière De Gaulle et d'autres, tirèrent ainsi, sans succès, la sonnette d'alarme.
Il était facile de prendre conscience, dès les années 50, tant de l'échec soviétique que de la spécificité américaine.
L'Histoire étant souvent le cimetière des différentes âneries humaines, il n'est toutefois pas indifférent de savoir que c'est en référence au gigantisme productif des deux Grands de la Guerre Froide que le modèle d'Europe fédérale fut pensé.
On voulait une Europe unie pour plus d'opulence et de bien-être, et l'on fit d'abord, en 1952, la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier.
Cinquante ans après, il n'y a plus de mine, plus de fonderie, plus de sidérurgie et quasiment plus de métallurgie en Europe. Les friches minières et industrielles défigurent des régions entières, tandis que se déploie le cortège funèbre des corps de métiers disparus, derrière lequel se distingue la misère d'ouvriers sans emploi, de cinquantenaires impossibles à reconvertir, de jeunes sans perspective.
Le bel exemple d'avenir radieux que voilà !
C'est dire si sur le terrain même de ses promesses fondamentales, les défenseurs, je devrais dire les sectateurs, de l'Europe fédérale ont menti.
Le Marché Commun, mis en place en 1958, pouvait à la rigueur être utile, si il avait été conçu comme un espace commercial protégé. Mais ce ne fut pas le cas, et la disparition des frontières physiques, commerciales et financières, avec l'Acte Unique en 1986 et la mise en place de la Monnaie Unique, fut proprement catastrophique pour le portefeuille de nos compatriotes.
Qu'on en juge, par ces quelques chiffres.
Tandis que le taux de croissance moyen de l'économie française était en moyenne de 3% pendant les Trente Glorieuses, il n'a atteint qu'à peine 1,8% entre 1990 et 2005, contre 2,8% pour la moyenne de l'OCDE.
Depuis 1990, la France n'a plus jamais eu de croissance supérieure à 3%, ce qui était le cas, à peu près tous les 5 ans, pendant la période précédente.
Que s'est-il donc passé, des années 80 à aujourd'hui ?
C'est simple, on a engagé une politique de change fixe totalement surévalué, ainsi que la libre circulation des personnes, des marchandises et des capitaux, sans mettre en place de barrières extérieures.
Résultat, nous avons subi non pas une libre circulation européenne, mais une libre circulation mondiale, des hommes, des produits et de l'argent.
Littéralement, la France s'est ouverte à tous les vents de la mondialisation, démographique, commerciale et financière.
Ce libre-échangisme débridé nous a coûté des pans entiers de secteurs productifs, anéantis par la concurrence des pays à bas salaires. Il explique la chute de la productivité de l'économie française, passée de 4% par an pendant les Trente Glorieuses à 1% depuis 1990. Il explique aussi, au travers de l'immigration de masse, l'absence de revalorisation des salaires manuels, tirés vers le bas par le travail immigré peu qualifié.
Les gouvernements français, en rajoutant le fiscalisme prédateur au libre-échangisme échevelé, ont achevé de crucifier nos entreprises et nos emplois.
En 1970 en effet, le chômage ne touchait que 630.000 personnes, soit moins de 5% de la population active. Il frappe aujourd'hui officiellement 2,7 millions de personnes, mais en réalité 5,5 millions, si l'on compte les emplois aidés et les chômeurs non pris en compte dans le chiffrage institutionnel. Le Gouvernement magouille pour le faire passer sous la barre symbolique des 10%, alors qu'il est en réalité à 20%.
Une démonstration simple le prouve.
- Il y avait 6 millions d'emplois industriels en 1970. De fermetures d'activités en délocalisations, il en reste à peine 3 millions aujourd'hui. En 1974 d'ailleurs, l'industrie occupait 38% de la population active. En 2005, elle ne représente plus que 17%.
- Il y avait 2,7 millions d'emplois agricoles en 1970. Il en reste à peine 800.000 aujourd'hui, après plus de 30 ans de Politique Agricole Commune.
- Mais entre temps, entre 1970 et aujourd'hui, le nombre de fonctionnaires et assimilés est passé de 3 millions à 6 millions ! En France, plus d'un emploi sur 5 est un emploi public, contre 1 sur 10 en Allemagne.
La vérité est donc simple. Dans le meilleur des cas, on a transformé les ouvriers et les paysans en fonctionnaires, dans la grande tradition de la démagogie et du clientélisme politicien à laquelle les politiciens de droite et de gauche nous ont habitués depuis plus 35 ans.
Tout cela avait un coût social considérable, mais aussi hélas, un coût financier sans précédent, provoquant une singulière cure d'amaigrissement du portefeuille des Français, qui, producteurs ou contribuables, sont toujours les payeurs ultimes des erreurs politiques de leurs chefs.
En effet, après 25 ans de libre-échangisme imposé par l'Europe, après 20 ans de rigueur monétaire imposée par l'Europe, après 10 ans de Pacte de stabilité budgétaire imposé par l'Europe, jamais la gestion des finances publiques n'a été aussi anarchique, instable et catastrophique qu'aujourd'hui.
Excédentaire en 1970, le budget de l'Etat n'a plus été en équilibre depuis 1980.
Le déficit officiel atteint désormais près de 400 milliards de Francs par an, soit 4% du PIB. C'est la 4ème année de déficit supérieur à 3% du PIB en France. En décembre 2004, Bruxelles, consciente du risque de crise européenne majeure, a suspendu les procédures en déficit excessif lancées en 2003 contre Berlin et Paris.
L'Europe ne sert donc certainement pas de modèle de vertu en la matière.
Et ça n'est que le déficit officiel. Car le déficit réel, celui qui incorpore les débudgétisations, c'est-à-dire les dépenses non recensées dans le budget annuel, les reports de dépenses d'une année sur 2, bon système de cavalerie, et les transferts de charges aux collectivités locales, le déficit réel, disais-je, est plus proche de 5%.
Excédentaire en 1970, l'assurance-retraite est aujourd'hui déficitaire, avant de s'effondrer dans le trou béant des retraites à verser à partir de 2020.
A l'arrivée à la retraite, pourtant prévisible, des générations du Baby-Boom, les gouvernements successifs n'auront opposé que l'indécision et la lâcheté, à charge pour les derniers actifs de faire face au problème, quant il se présentera, demain...
Enfin, l'assurance-maladie, elle aussi excédentaire en 1970, affiche désormais, bon an, mal an, un déséquilibre de 60 à 80 milliards de Francs.
Et là encore, ce sont des chiffres officiels, car comment connaître les chiffre réels, lorsqu'on apprend de la Cour des comptes qu'on ne connaît pas le nombre exact d'actes médicaux remboursés, ni le nombre de retraités : pour ces derniers, on oscille entre 11,7 millions (chiffre Sécu) et 10,6 millions (chiffre INSEE) !
Tout cela est écrit noir sur blanc, dans des rapports épais et payants, que le citoyen lambda ne peut évidemment pas consulter.
Toujours est-il que pour payer tous ces trous chaque année, on a eu recours à la méthode la moins douloureuse à court terme, l'endettement.
Celui-ci est passé de 165 milliards de Francs en 1970 à 6.500 milliards aujourd'hui, atteignant officiellement 65% du PIB, sans que l'Europe ne nous serve de guide ni de chien d'aveugle - en la matière, le chien est encore plus aveugle que son maître - puisque le seuil de 60% qu'elle nous avait imposé est pulvérisé depuis longtemps.
Je dis pulvérisé, parce qu'il s'agit là encore de l'endettement officiel, c'est-à-dire de la dette approximative de l'Etat, des collectivités locales et des organismes de sécurité sociale.
Mais la dette publique réelle, celle qui tient compte de la dette des entreprises publiques, des sociétés majoritairement détenues par l'Etat et des associations loi 1901 qu'il contrôle et finance, atteint, elle, 120 % du PIB, soit 13 000 milliards de francs.
Cette dette, il faut déjà en payer une petite partie chaque année.
Je dis " une petite partie ", parce qu'il s'agit des intérêts de la dette et pas du capital, bien plus considérable. Mais ce sont déjà des sommes considérables. Tous les ans, les intérêts de la dette sont payés par le budget de l'Etat, et ils atteignent 250 milliards de FF par an.
250 Milliards de francs par an ! Le produit de l'impôt sur le revenu !
Les intérêts de la dette, c'est le 2ème poste budgétaire de l'Etat ! Voilà à quoi servent nos impôts !
De 35% en 1970, les prélèvements obligatoires sont d'ailleurs passés officiellement à 45% du PIB cette année.
La France a ainsi un taux de prélèvement supérieur de 6 points à la moyenne européenne. Et encore, je comptais avec ce chiffre de 45%, mais c'est en fait 50%, car de nombreux impôts ne sont pas décomptés dans le chiffrage gouvernemental.
Les dépenses publiques atteignent dès lors 54% du PIB, essentiellement pour payer les fonctionnaires et rembourser les intérêts de la dette, au détriment des investissements publics utiles - Défense nationale ou Equipements collectifs - qui ne représentent que 2% des dépenses publiques !
Voilà comment, en France, on sacrifie l'avenir !
On le sacrifie d'autant plus que demain, il faudra bien rembourser le capital de la dette lui-même. Les générations futures paieront donc beaucoup plus d'impôts encore que nous-mêmes, pour payer nos dépenses à nous, nos dépenses d'aujourd'hui !
Chacun vit ainsi à crédit sur le dos de ses enfants. La belle prospérité que voilà !
Vous le voyez bien, Mesdames et messieurs, entre le chômage, l'augmentation des impôts, les hausses de prix liées au passage à l'euro, le niveau de vie de nos compatriotes a singulièrement baissé depuis 35 ans, à rebours là encore des promesses européennes.
La France est passée en 10 ans du 4ème rang européen en terme de revenu par habitant au 12ème rang. Seuls l'Espagne, le Portugal et la Grèce font moins bien qu'elle.
D'ailleurs, le niveau de vie d'un Français atteignait 75% de celui d'un américain en 1970. Il ne représente plus que 65% de celui-ci aujourd'hui.
La tiers-mondisation est en marche : il y a 35 ans, seuls 5% des moins de 25 ans vivaient sous le seuil de pauvreté, c'est-à-dire avec moins de 3.600 Francs par mois. Ils sont aujourd'hui 20%. 1 jeune Français sur 5 !
Notre pays compte désormais 1,2 millions de Rmistes, tandis que la CMU touchait environ 4,7 millions de bénéficiaires en 2003.
Entre temps, les vannes de l'immigration de masse ont été ouvertes, l'Etat n'a cessé de répandre ses générosités au bénéfice de populations issues des quatre coins du globe. La concurrence des pays à bas salaires, en l'absence de protections commerciales, a fait le reste.
Voilà les résultats de 40 ans de politique politiciano-européenne.
Et l'on s'étonne aujourd'hui, dans les hautes sphères, que le Non à la Constitution européenne monte dans les sondages ?
Bigre ! Mais c'est que les Français d'en bas, eux, paient des impôts, à la différence des privilégiés élus ici et là, à la différence des détenteurs de stock options, à la différence de la majorité des immigrés !
C'est que les Français, eux, paient leur électricité et leurs transports en commun, à la différence des privilégiés des grandes entreprises nationales.
C'est que les Français, eux, risquent le chômage, à la différence des privilégiés de la Haute Fonction Publique et plus généralement des 6 millions de fonctionnaires. Par parenthèse, comment s'étonner alors que 75% des jeunes Français déclarent, dans un sondage, souhaiter devenir fonctionnaire ?
C'est que les Français, eux, paient pour leur retraite, à la différence des privilégiés du PREFON.
Les Français, eux, mesurent chaque jour l'avancée inexorable de leur appauvrissement.
Je crois que le Non va gagner, précisément parce que l'Europe a échoué partout où elle avait promis beaucoup.
Elle a échoué sur le front du bien-être, de la prospérité matérielle, dont elle avait fait sa bannière et qui sera sa croix.
J'entendais l'autre jour une éminente lumière du milieu intellectuel Français dire " voter Non à l'Europe, c'est dire Oui au Moyen Age ".
Le bonnet d'âne ne lui siérait pas si mal, tant c'est l'inverse qui est vrai !
Voter Oui à la Constitution qui systématise l'ultra libre-échangisme, qui enracine le suicidaire euro surévalué, qui organise notre disparition agricole et industrielle et ne nous laisse d'autre choix que d'augmenter les impôts pour embaucher de nouveaux fonctionnaires, voter Oui à cette Constitution, c'est effectivement, prendre un aller simple vers le Moyen Age !
Ce monsieur couvert d'honneurs et de richesses qui a professé si doctement cette contre-vérité n'a aucune conscience des réalités. Il est dans une bulle confortable. Mais le pire, c'est qu'il est un auxiliaire zélé et conscient des professionnels du mensonge permanent.
Dans un pays en plein déclin politique, économique, financier, social et international, le principal souci des différents pouvoirs constitués est en effet de dissimuler à l'opinion l'ampleur du désastre.
Alors que chacun constate, dans sa vie quotidienne, la régression, tout est organisé pour que le citoyen pense que son cas est particulier et qu'il ne s'agit pas d'une situation générale.
Ainsi, en France, le mensonge d'Etat est désormais une véritable institution, qui dispose de moyens financiers et humains (les ministères, les différentes instituts officiels de chiffrage, certains médias complaisants : pas tous, heureusement !).
On ment en effet aussi bien sur la situation démographique, sur l'état des Finances publiques, sur l'état de la société que sur l'état de l'économie,
Je prendrai un dernier exemple : celui de l'inflation.
A entendre le gouvernement, l'inflation aurait été limitée à environ 2% par an depuis 5 ans, date d'entrée en vigueur de l'euro.
Mais dans les faits, les prix à la consommation ont augmenté de 5 à 30% depuis la mise en place de l'euro (1999).
Dans l'immobilier, les évaluations sont là encore archi fausses : la hausse des loyers a été estimée à 2,9% en 2001, alors que l'immobilier flambe partout.
A la vérité, l'Indice des Prix à la Consommation, panier de biens testés pour établir l'inflation, est constitué arbitrairement : on sélectionne tel bien plutôt que tel autre, et on peut ainsi éliminer les plus fortes hausses du décompte final.
A quoi sert le mensonge me direz-vous, puisque les Français le constatent tous les jours en allant faire leurs courses ?
C'est qu'on espère ainsi retarder l'heure des comptes, l'heure de vérité.
Mais le gong va, inexorablement, retentir un jour ou l'autre.
En dépit des campagnes récurrentes du gouvernement sur les baisses d'impôt, l'amélioration de la croissance, des comptes publics, en dépit de la pléthore de promesses supplémentaires, véritable bric-à-brac du Musée de la démagogie politique, les Français connaissent aujourd'hui la vérité, à la simple ouverture de leur portefeuille.
C'est, je crois, ce qui scelle inévitablement le rejet de la Constitution européenne.
En votant Non, nos compatriotes ont le sentiment de voter contre la perte de pouvoir d'achat, contre la certitude du chômage, contre l'évidence de l'appauvrissement, contre la montée de l'immigration.
Certain que vous ferez pendant cette campagne tout ce qui est nécessaire pour transformer ce rejet de l'Europe en plébiscite pour la France, je vous remercie encore de votre participation et vous souhaite à tous un agréable retour dans vos foyers.
En conclusion, permettez-moi d'insister fortement pour que vous fassiez tout ce qui est possible pour que le 1er mai soit, pour le Front National, la démonstration éclatante de son audience populaire.
Le grand meeting du NON qui suivra le défilé de Jeanne d'Arc, place de l'Opéra, doit affirmer notre première place dans le camp du NON à la Constitution Félonne
du NON à l'Europe turque
du NON au système de trahison, de décadence et de corruption
Vive le Front National !
Vive la France !
(Source http://www.frontnationalfr, le 11 avril 2005)