Déclaration de M. André Rossinot, président du Parti radical, en faveur de l'adoption du projet de Constitution européenne, Paris le 6 mars 2005.

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Circonstance : Conseil national de l'UMP à Paris le 6 mars 2005

Texte intégral

Chers amis,
Le Président de la République a souhaité nous consulter par voie référendaire sur le projet de Constitution européenne et nous devons lui donner raison d'avoir fait ce choix. Nous devons le faire pour la République, pour la France, pour l'Europe et pour nos enfants. Ce choix je le fais en tant que Lorrain, parce que je connais le prix de la paix dans une région frontalière qui a trop souvent souffert de guerres successives.
De Jean Monnet à De Gaulle que de chemin parcouru.
"Nul plus que moi n'est convaincu de la nécessité de construire l'Europe Entre une Europe que sollicite le Commonwealth et une Allemagne qui se cherche, j'ai toujours pensé que la France était destinée par sa géographie même à promouvoir l'Union européenne". Cette phrase, chers amis, a été prononcée par le général de Gaulle en 1948. Cela signifie qu'être gaulliste en 1948, c'est être européen en 2005. Pourtant que de lutte, de volonté et de convictions. La reconstruction, la communauté européenne du charbon et de l'acier, l'échec de la CED, le marché unique, l'élargissement, le Système monétaire européen, la chute du mur de Berlin, la monnaie unique, aujourd'hui l'Union politique, l'union des citoyens et celle des Etats membres.
Parce que l'Europe politique et sociale restait à construire, parce que la politique étrangère de l'Europe devait être mieux identifiée, les dirigeants européens et nationaux nous proposent aujourd'hui un texte fondamental pour l'avenir de notre continent. C'est en tant que citoyens français, patriotes français et européens que nous devons participer à cette nouvelle étape fondamentale de la construction européenne.
A ceux qui accusent l'Europe de libéralisme, j'ai envie de répondre que la libéralisation des échanges est positive si elle est maîtrisée, accompagnée de règles, d'une redistribution spécifique, et si elle est graduelle. Qui peut affirmer aujourd'hui que la libéralisation des activités bancaires, des mouvements de capitaux, des marchandises et des services de l'Union européenne n'a pas créé d'emplois ?
L'ouverture internationale contribue à hauteur de 18 % à l'enrichissement de la France depuis 1978.
Cinq millions de Français travaillent pour l'exportation et chaque nouveau milliard d'euros d'exportations génère des emplois.
Alors comment aujourd'hui être opposé à la Constitution européenne ? Je pose la question à gauche
Que penser d'un parti qui ne respecte pas le vote de ses propres militants ? Que penser d'un parti qui fait passer ses querelles internes avant les intérêts de la France ? J'attends que François Hollande prenne ses responsabilités au lieu de parrainer " le double jeu du PS ".
L'Europe avance pas à pas et devra bien évidemment se construire aussi sur une politique industrielle forte, un dialogue social à l'échelle européenne, la mise en oeuvre de politiques de lutte contre les inégalités afin d'intégrer les plus pauvres et des moins qualifiés dans le processus de croissance.
Je suis radical et républicain. Je crois que la nation, tout au moins dans sa conception française, repose sur l'universalité de la citoyenneté et des valeurs comme l'égalité des chances, la laïcité, le mérite. C'est sur ces principes qui transcendent les particularismes, sociaux, territoriaux et religieux que j'imagine l'Europe demain. Ce traité nous offre un modèle européen de société, un ensemble de valeurs et de droits qui pour la première fois sont consacrées à l'échelle d'un continent dans une Charte des droits fondamentaux (reconnaissance des droits sociaux, des droits des minorités, des données personnelles, de la bioéthique, de l'égalité hommes femmes). Ce traité n'est pas une simple compilation de textes ; c'est un acte fondateur créant une nouvelle Europe capable demain de s'affirmer sur la scène internationale face aux Etats-Unis et à l'Asie comme une puissance économique, monétaire et militaire. Une puissance qui conquiert le ciel avec Airbus et l'espace avec Ariane.
Une puissance diplomatique présente au Moyen Orient, une puissance commerciale capable de concurrencer l'Asie, l'Inde, et les Etats-Unis et capable de peser dans la rénovation des institutions internationales pour garantir le droit international.
J'ai envie de dire aux sceptiques de la majorité : L'Europe n'est pas à l'origine des difficultés que peuvent rencontrer un certain nombre de français, ne la sanctionnez pas en votant non, vous feriez une erreur d'optique. L'origine de nos problèmes et de nos difficultés actuelles, ce n'est pas l'Europe, c'est la politique qui a été menée pour une large part par les socialistes en France.
J'ai envie de dire aux extrêmes, aux opportunistes et aux archaïques qu'ils se trompent encore une fois de combat. Ils sont à contre sens de l'histoire, à contre sens des aspirations profondes d'une jeunesse éprise de culture européenne qui souhaite travailler, voyager et apprendre.
Je vote oui à la Constitution européenne, je vais faire campagne et je vous appelle à en faire de même, parce que nous devons construire l'Europe et non pas la subir, par ce que le temps de l'Europe des citoyens est venu.
Merci

(Source http://www.u-m-p.org, le 14 mars 2005)