Texte intégral
1er avril 2005
Le soutien du PS ne rend pas meilleure la Constitution Giscard-Chirac
Depuis que les sondages donnent le "non" gagnant au référendum sur la Constitution européenne, cela s'agite dans le camp de ceux qui appellent à voter "oui", Chirac en tête. Le président de la République en voyage d'affaires au Japon, entre une réception chez l'empereur et un match de sumos, s'est fendu d'un vigoureux appel : "La sauvegarde de notre modèle social suppose de répondre oui". Oh qu'il est beau, ce modèle social, avec près de trois millions de chômeurs, à peu près autant de précaires, des salaires insuffisants, la pauvreté qui s'étend, sans parler des écoles ou des bureaux de poste que l'on ferme, des hôpitaux surchargés où le personnel soignant n'en peut plus ! Que Chirac, flanqué de Raffarin, continue comme cela, et le "non" continuera à monter !
Et les ministres de répéter à la télévision qu'il faut plus de "pédagogie" car les électeurs sont mal informés sur le projet de Constitution. Mais il n'y a pas besoin d'éplucher ce lourd pavé indigeste pour comprendre que ce projet de Constitution, soutenu par Chirac, Raffarin, Sarkozy qui mènent ici, en France, une politique qui foule aux pieds les intérêts des travailleurs, ne peut rien contenir de bon pour les classes populaires de France ou d'Europe.
Mais le camp du "oui", c'est aussi une bonne partie de la direction du Parti Socialiste. Une fois de plus, les Hollande, Strauss-Kahn ou Jospin se retrouvent derrière Chirac et s'échinent à expliquer que ceux qui veulent une Europe "plus sociale", "plus démocratique", devraient voter "oui". L'ex-bras droit de Jospin, ex-ministre de l'Intérieur, Daniel Vaillant, mérite le pompon pour avoir affirmé, en substance, le 28 mars sur une chaîne de télévision, qu'il faut voter "oui" car la Constitution permettra de mener une politique de gauche et de faire une Europe sociale.
Mais c'est bien sûr ! C'est sans doute cette Constitution qui a manqué à Jospin pendant ses cinq ans de gouvernement !
Alors il faut voter contre cette Constitution, qui non seulement n'apporte rien aux travailleurs mais qui contient tout un fatras réactionnaire et aligne les droits et les libertés démocratiques par le bas.
Mais, tout en votant pour le "non", il ne faut pas attendre de la victoire du "non" plus qu'elle ne peut donner. L'offensive menée contre les travailleurs par le grand patronat dans tous les pays d'Europe, quel que soit le gouvernement en place, n'a rien à voir ni avec la Constitution, ni avec Bruxelles.
Ce ne sont pas les institutions européennes ni même le gouvernement qui dirigent l'économie, mais le grand patronat. Seillière, le président du Medef, l'a rappelé sèchement à Raffarin lorsque le Premier ministre, pourtant à plat ventre devant le grand patronat, s'est avisé de parler salaires après les manifestations du 10 mars. Les salaires, ce sont les patrons qui en décident, pas le gouvernement, a-t-il affirmé, reprochant même au gouvernement d'envisager une augmentation pour les travailleurs du secteur public qui dépendent de lui. Une augmentation pourtant misérable car, à la suite des négociations convoquées mardi 29 mars, elle n'atteignait même pas 10 euros par mois pour les bas salaires du service public !
Que l'on tienne la déclaration de Seillière pour dite. Si les travailleurs veulent obtenir satisfaction aux exigences qui sont vitales pour arrêter l'appauvrissement du monde du travail, il faut faire reculer le gouvernement certes, mais surtout le grand patronat qu'il représente. Ces exigences découlent des intérêts communs à tous les travailleurs: arrêter les licenciements collectifs, mettre fin à la précarité et au chômage, quitte à répartir le travail entre tous, augmenter tous les salaires. Les entreprises ont fait beaucoup de profits, ce sont les patrons eux-mêmes qui le disent. Cette richesse doit empêcher ceux qui l'ont créée de tomber dans la pauvreté. Mais le grand patronat ne cédera que devant un mouvement de grèves et de manifestations se généralisant, où il aurait à craindre de tout perdre en ne voulant rien lâcher !
(Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 6 avril 2005)
8 avril 2005
Le vote NON pour rejeter une Constitution réactionnaire
Les partisans du "oui" au référendum sur la Constitution sortent la grosse artillerie pour contrer la montée du "non" dans les sondages.
Raffarin, ses ministres et Sarkozy ont occupé les médias pour tenter de convaincre les électeurs des charmes cachés de la Constitution (du moins les jours où le pape, sa vie, sa mort, son Église, ne les ont pas monopolisés, y compris la télévision et la radio d'un État en principe laïque).
Jeudi 7 avril, c'était Chirac soi-même, initiateur du référendum, qui allait s'y mettre. Il avait convoqué une cinquantaine de jeunes, sélectionnés par un institut de sondage, pour leur administrer un cours d'instruction civique largement télévisé, devant se conclure par un appel à voter "oui", avant de devoir remettre cet exercice à plus tard pour cause d'enterrement du pape.
Mais les chefs de la droite antiouvrière ont peu de chances de convaincre l'électorat populaire. Au contraire, plus Raffarin parle, plus le "oui" dégringole. Alors, c'est la direction du Parti Socialiste qui se charge de la besogne. "L'Europe sociale passe par le "oui"", affirme son affiche de campagne. Pour allécher son électorat, Hollande a même lancé, lors de son grand meeting de Marseille, que "le "oui" socialiste est un élément pour préparer la victoire de la gauche en 2007".
Même s'il attend beaucoup des élections, l'électeur socialiste a du mal à comprendre en quoi voter de la même façon que Chirac et Raffarin en 2005 pourrait favoriser la gauche en 2007. Et comment faire avaler qu'un projet de Constitution, rédigé sous l'autorité de Giscard et chaleureusement défendu par Chirac, Raffarin et Sarkozy, pourrait favoriser "l'Europe sociale"?
Leur "Europe sociale", on voit ce qu'elle est par les coups portés aux classes populaires en France. C'est le chômage qui s'aggrave, les salaires qui stagnent, les cotisations sociales qui montent, le pouvoir d'achat qui baisse, la précarité qui se généralise, la pauvreté qui s'étend. Ce sont les hôpitaux surchargés et les services d'urgence contraints de recourir à la grève illimitée pour protester contre le manque scandaleux de moyens et de personnel!
Les partisans du "oui" voudraient bien dissocier la Constitution européenne du mécontentement social. Ils voudraient bien que l'électorat populaire oublie les coups reçus du patronat et du gouvernement et qu'il vote "oui" en pensant que c'est mieux pour l'Europe. Mais cela ne marche pas car, au mieux, ce serait ce que nous avons déjà.
L'unification de l'Europe, la suppression des frontières sont de bonnes choses. Mais ce n'est pas une raison pour cautionner un projet de Constitution qui ne contient rien de bon pour les travailleurs de France et d'Europe et qui, par bien des côtés, est ouvertement rétrograde. Il l'est notamment en ce qui concerne les droits des femmes ou la place de la religion dans la société. Les travailleurs n'ont aucune raison non plus de cautionner un projet qui consacre juridiquement la domination des grandes puissances d'Europe occidentale et de leurs trusts sur la partie pauvre de l'Europe.
Il faut voter "non" pour rejeter cette Constitution. Mais une victoire du "non" ne changera rien à l'organisation économique et sociale, au capitalisme, à la course au profit, à la concurrence qui sont les causes des crises, du chômage et de la pauvreté. Le "non" au référendum n'empêchera pas un seul patron de licencier, pas plus qu'il n'obligera aucun d'entre eux à payer des salaires corrects.
Ce n'est certainement pas la Constitution européenne, qui n'est même pas encore décidée, qui est responsable des attaques contre les salaires, contre les retraites, contre les horaires de travail. Ces attaques, c'est le fait du grand patronat et des gouvernements qui appliquent la politique qu'il exige.
Alors, il faut voter "non" à cette Constitution, mais il faut surtout savoir que les travailleurs ne feront pas l'économie des luttes contre une classe capitaliste qui se moque d'appauvrir toute la population et de ruiner la société, du moment que ses profits augmentent.
(Source http://www.lutte-ouvrière.org, le 8 avril 2005)
15 avril 2005
Un "Non" qui va de soi
Les dirigeants socialistes qui appellent à voter "oui" au référendum sur la Constitution européenne affirment que celle-ci ouvre la porte à une "Europe sociale". Mais où est donc le côté "social" de ce texte ? Dans le fait qu'il reconnaisse aux citoyens européens le "droit à la recherche d'un emploi" (y aurait-il donc des pays où l'on n'a pas le droit de chercher du travail !), et pas même le droit à un emploi ? Ce serait risible si l'Europe ne comptait pas des millions de chômeurs. Mais il est vrai qu'en matière de politique sociale et de lutte contre le chômage, l'équipe Jospin-Hollande n'a pas mené une politique tellement différente de celle de Chirac-Raffarin. Et quand on sait que le père de ce projet constitutionnel est Giscard d'Estaing, qu'il est soutenu par les gouvernements les plus réactionnaires de l'Europe des Vingt-cinq, il n'est pas surprenant que le côté "social" de l'Europe soit réduit à quelques mots creux.
L'Europe que souhaitent les grands groupes capitalistes, c'est un grand marché dans lequel ils puissent accroître leur taille le plus possible. C'est l'Europe que s'efforcent de construire, depuis un demi-siècle, les gouvernements, de droite ou de gauche, à leur service. Et du fait de son extension à vingt-cinq pays indépendants, ses promoteurs ont besoin de fixer des règles de fonctionnement pour régler leurs désaccords. D'où ce projet de constitution.
Mais ce projet considère que le seul système économique valable, c'est le système capitaliste, celui qui repose sur la propriété privée des moyens de production. Un système dont le but n'est pas la satisfaction des besoins des hommes, mais la recherche du profit pour une minorité de parasites. Un système où il est normal qu'un patron puisse licencier les salariés dont le travail lui a permis de multiplier sa fortune, et puisse fermer des entreprises, pour augmenter ses bénéfices. Un système dans lequel des millions de travailleurs se crèvent au boulot, à cause des cadences de travail, des horaires à rallonge, et où des millions d'autres sont condamnés par le chômage à une inactivité forcée et souvent à la misère.
Quand les gens qui défendent ce système parlent de "social", c'est juste pour farder la vérité.
Comment les travailleurs pourraient-ils approuver un texte qui légitime ce système ?
En invoquant les racines religieuses de l'Europe, en ne reconnaissant pas le droit au divorce et le droit des femmes à l'interruption volontaire de grossesse, le projet de constitution européenne est certes particulièrement réactionnaire. Cependant, il est vrai qu'en ce qui concerne la défense du système capitaliste le projet de constitution européenne n'est pas pire que la constitution française. Mais les travailleurs n'auraient pas plus de raison d'approuver celle-ci.
Ce n'est pas l'Europe qui est en cause. Si elle survient réellement un jour, la disparition des frontières qui morcellent ce continent, parfois jusqu'au ridicule (comme avec cette principauté de Monaco dont on nous rebat les oreilles ces jours-ci) serait une bonne chose. Les démagogues réactionnaires, à la de Villiers ou à la Le Pen, qui prétendent que se replier derrière des barrières frontalières infranchissables permettrait de lutter contre le chômage, se moquent des gens. Ce sont d'ailleurs de chauds partisans du système capitaliste.
Evidemment, même si ce projet de constitution est rejeté, la machine à enrichir encore plus la petite minorité de privilégiés et à appauvrir encore plus l'immense masse des plus démunis continuera à fonctionner. Le rejet de la constitution n'obligera pas plus Chirac et Raffarin à changer de politique que la déroute de la droite aux élections régionales et européennes de 2004 ne l'a fait. L'offensive menée par le grand patronat, avec le soutien du gouvernement, se poursuivra... jusqu'à ce que, par leurs luttes, les travailleurs y mettent un coup d'arrêt.
Mais en attendant, tous ces gens-là, du Parti Socialiste à la droite, veulent connaître notre opinion. Disons-la leur clairement. Votons "non" le 29 mai.
(Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 18 avril 2005)
22 avril 2005
Non à Chirac... et à la Constitution européenne !
Lors de l'émission télévisée où il est venu défendre le "oui" au prochain référendum sur la Constitution européenne, face aux questions de certains participants sur le chômage ou la précarité, Chirac, pour toute réponse, s'est borné à déclarer que ces problèmes ne relevaient pas de la Constitution, et que ses interlocuteurs avaient tort d'avoir peur de l'avenir.
Mais qu'est-ce qu'il y a donc dans la Constitution européenne qui, d'après les partisans du "oui", ceux de droite comme la plupart des dirigeants du Parti Socialiste, mériterait que les électeurs l'approuvent ? Le fait, nous a dit Chirac, qu'elle prône "une économie sociale de marché", qui ferait partie des valeurs auxquelles il est attaché. "Sociale", le mot sonne bien... mais ce n'est qu'un mot, et qu'un mensonge. Il suffit de voir comment il se traduit dans la réalité.
Trois millions de chômeurs en France, dont une partie plongée dans une profonde misère, les licenciements collectifs et les fermetures d'entreprises qui se succèdent sans discontinuer, la précarité généralisée, des rythmes de travail en constante augmentation pour compenser les baisses d'effectifs, des horaires de travail "flexibles" entravant toute vie de famille pour beaucoup, la baisse du niveau de vie pour tous: voilà, pour les travailleurs, le "social" dont Chirac est tout fier et qu'il veut pour toute l'Europe.
Des retraites amputées, des maisons de retraite pour les personnes âgées dépendantes en nombre insuffisant et au budget rogné, et un gouvernement qui ne trouve, pour faire face à cette pénurie, rien d'autre que de voler un jour férié aux travailleurs: voilà une autre facette de ce "social".
Des services publics en déliquescence. Des hôpitaux fermés. D'autres où, du fait des fermetures de lits ou de services, des malades sont hébergés des journées entières dans des couloirs, où les Urgences sont en permanence débordées. Des écoles où l'on supprime des classes et des postes d'enseignement. Des bureaux de poste ruraux qui ferment. Un manque criant de logements décents accessibles aux travailleurs (avec les conséquences que cela peut entraîner, comme les vingt-deux morts, dont onze enfants, dans l'incendie d'un hôtel parisien où étaient logées des familles, en attente depuis des années parfois d'un logement social). Des transports en commun toujours aussi insuffisants. Voilà le "social" de Chirac, pour tous ceux qui ne disposent pas d'une fortune personnelle permettant d'échapper à tout cela.
Et Chirac a eu le front de conclure que "l'économie sociale de marché est un système où tout le monde peut s'enrichir". Mais de qui se moque-t-il, à un moment où le nombre de pauvres n'a jamais été aussi grand ? La réalité est que les riches sont de plus en plus riches, et que la population laborieuse vit de plus en plus mal.
Ce n'est certes pas l'Europe qui est responsable de cela: c'est le grand patronat qui, profitant du chômage créé par son propre système économique, s'attaque sans répit au monde du travail avec la complicité des gouvernements à son service. C'est une situation que nous connaissons depuis des années, pendant lesquelles, de Mauroy, Fabius, Rocard et Jospin à Balladur, Juppé et Raffarin, tous les gouvernements, sous prétexte de rendre l'économie française "compétitive", ont multiplié les subventions et les dégrèvements de charges sociales pour le patronat, au détriment de la Sécurité sociale et des services publics.
Ce n'est pas l'adoption de la Constitution européenne -si elle était adoptée- qui aggravera cela, tout comme son rejet ne l'empêcherait pas. Mais nous n'avons aucune raison de dire "oui" à un texte qui fait de la course au profit à laquelle se livrent les capitalistes, sans égards pour les travailleurs qui en sont victimes, le meilleur système économique possible.
Dire "non" est la réponse qui s'impose. Même si elle ne nous dispensera pas, pour faire reculer patronat et gouvernement, de montrer aux possédants, dans les grèves et dans la rue, que les travailleurs ne se laisseront pas toujours faire.
(Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 21 avril 2005)
28 avril 2005
Un "non" qui se renforce
Les partisans du "oui" n'en finissent pas de répéter sur un ton dramatique que la France ne peut pas se permettre d'être le seul pays à dire "non" à la Constitution européenne. Mais le "non" pourrait bien l'emporter aussi ailleurs, si l'on en juge par les résultats du sondage publié en Hollande le 23 avril, qui donnait, pour la première fois, le "non" vainqueur, avec 52 % des voix.
Évidemment, le nombre de référendums où le "non" pourrait l'emporter est limité, puisque dans cette Europe dont on nous affirme qu'elle est en marche vers son unité politique, il y a, pour ratifier le projet de Constitution, pratiquement autant de procédures que de pays différents. Seuls neuf d'entre eux ont choisi de recourir à un référendum. Et quatre, parmi ceux-là, sont si peu sûrs du verdict des urnes qu'ils n'ont donné qu'un rôle consultatif à ce référendum, le Parlement devant trancher en dernier lieu.
C'était précisément le cas de la Hollande, à ceci près que le gouvernement de ce pays, où le "oui" était jusque-là majoritaire dans les sondages, s'est ensuite engagé par avance à respecter le résultat du référendum. Chirac ne doit plus être le seul à maudire son imprudence!
La situation, en Hollande, est la même qu'ici. Les possédants sont favorables à cette Constitution, qui est faite pour eux, pour permettre le fonctionnement à vingt-cinq de ce marché commun nécessaire à la bonne marche de leurs affaires et qui ne comptait que six membres à sa naissance. La grande majorité des hommes politiques, qu'ils soient de droite ou qu'ils se disent de gauche, dont le métier est de défendre les intérêts de la bourgeoisie, sont aussi favorables à ce projet de Constitution, tout comme la grande majorité des journalistes politiques ou économiques. Mais les classes populaires ont toutes les raisons d'être méfiantes devant un texte qui, en fait de "social", ne contient que des phrases creuses.
Les travailleurs ne peuvent évidemment qu'être favorables à la disparition des frontières qui séparent les peuples et qui maintes fois dans le passé les ont opposés par la guerre. Mais ce n'est pas sur cela qu'on nous demande de voter le 29 mai. Il s'agit d'approuver un texte qui non seulement présente le système capitaliste comme le meilleur, voire le seul possible, mais qui ne cherche absolument pas, bien au contraire, à tirer vers le haut les pays où les conditions d'existence des travailleurs sont les moins bonnes, ou les pays où les libertés démocratiques sont les plus réduites.
L'instauration d'un salaire minimum européen, qui permettrait à tous les travailleurs de vivre décemment, et qui éviterait la concurrence entre salariés? Il n'en est pas question. Les patrons sont trop contents de cette situation où ils peuvent trouver de la main-d'uvre à bas prix. La réglementation du droit de grève? Laissée au bon vouloir des États membres, qui ont ainsi la liberté d'y introduire toutes les limitations possibles. Le droit au divorce, à l'IVG pour les femmes? Aux États membres d'agir comme bon leur semble, et de faire, si cela leur chante, des interdits de l'Église catholique des lois s'appliquant à tous les citoyens.
Si la majorité des électeurs français répond "non" à la Constitution européenne, ils ne seront donc pas forcément les seuls. Mais même si cela était, où serait le problème? Chirac et Raffarin d'un côté, Hollande de l'autre, ont voulu ce référendum. Ils nous posent une question, mais maintenant qu'ils sont inquiets quant à la réponse qu'ils vont recevoir, ils nous affirment qu'un "non" serait une catastrophe.
Eh bien, nous n'avons aucune raison de céder à ce chantage. À ce texte rédigé dans le seul intérêt du grand patronat on ne peut que répondre "non", tout en sachant que ce "non" à la Constitution ne nous évitera pas d'avoir à répondre tous ensemble "non" aux tentatives des classes dirigeantes de revenir sur tous les acquis de la classe ouvrière.
(source http://www.lutte-ouvriere.org, le 29 avril 2005)
Le soutien du PS ne rend pas meilleure la Constitution Giscard-Chirac
Depuis que les sondages donnent le "non" gagnant au référendum sur la Constitution européenne, cela s'agite dans le camp de ceux qui appellent à voter "oui", Chirac en tête. Le président de la République en voyage d'affaires au Japon, entre une réception chez l'empereur et un match de sumos, s'est fendu d'un vigoureux appel : "La sauvegarde de notre modèle social suppose de répondre oui". Oh qu'il est beau, ce modèle social, avec près de trois millions de chômeurs, à peu près autant de précaires, des salaires insuffisants, la pauvreté qui s'étend, sans parler des écoles ou des bureaux de poste que l'on ferme, des hôpitaux surchargés où le personnel soignant n'en peut plus ! Que Chirac, flanqué de Raffarin, continue comme cela, et le "non" continuera à monter !
Et les ministres de répéter à la télévision qu'il faut plus de "pédagogie" car les électeurs sont mal informés sur le projet de Constitution. Mais il n'y a pas besoin d'éplucher ce lourd pavé indigeste pour comprendre que ce projet de Constitution, soutenu par Chirac, Raffarin, Sarkozy qui mènent ici, en France, une politique qui foule aux pieds les intérêts des travailleurs, ne peut rien contenir de bon pour les classes populaires de France ou d'Europe.
Mais le camp du "oui", c'est aussi une bonne partie de la direction du Parti Socialiste. Une fois de plus, les Hollande, Strauss-Kahn ou Jospin se retrouvent derrière Chirac et s'échinent à expliquer que ceux qui veulent une Europe "plus sociale", "plus démocratique", devraient voter "oui". L'ex-bras droit de Jospin, ex-ministre de l'Intérieur, Daniel Vaillant, mérite le pompon pour avoir affirmé, en substance, le 28 mars sur une chaîne de télévision, qu'il faut voter "oui" car la Constitution permettra de mener une politique de gauche et de faire une Europe sociale.
Mais c'est bien sûr ! C'est sans doute cette Constitution qui a manqué à Jospin pendant ses cinq ans de gouvernement !
Alors il faut voter contre cette Constitution, qui non seulement n'apporte rien aux travailleurs mais qui contient tout un fatras réactionnaire et aligne les droits et les libertés démocratiques par le bas.
Mais, tout en votant pour le "non", il ne faut pas attendre de la victoire du "non" plus qu'elle ne peut donner. L'offensive menée contre les travailleurs par le grand patronat dans tous les pays d'Europe, quel que soit le gouvernement en place, n'a rien à voir ni avec la Constitution, ni avec Bruxelles.
Ce ne sont pas les institutions européennes ni même le gouvernement qui dirigent l'économie, mais le grand patronat. Seillière, le président du Medef, l'a rappelé sèchement à Raffarin lorsque le Premier ministre, pourtant à plat ventre devant le grand patronat, s'est avisé de parler salaires après les manifestations du 10 mars. Les salaires, ce sont les patrons qui en décident, pas le gouvernement, a-t-il affirmé, reprochant même au gouvernement d'envisager une augmentation pour les travailleurs du secteur public qui dépendent de lui. Une augmentation pourtant misérable car, à la suite des négociations convoquées mardi 29 mars, elle n'atteignait même pas 10 euros par mois pour les bas salaires du service public !
Que l'on tienne la déclaration de Seillière pour dite. Si les travailleurs veulent obtenir satisfaction aux exigences qui sont vitales pour arrêter l'appauvrissement du monde du travail, il faut faire reculer le gouvernement certes, mais surtout le grand patronat qu'il représente. Ces exigences découlent des intérêts communs à tous les travailleurs: arrêter les licenciements collectifs, mettre fin à la précarité et au chômage, quitte à répartir le travail entre tous, augmenter tous les salaires. Les entreprises ont fait beaucoup de profits, ce sont les patrons eux-mêmes qui le disent. Cette richesse doit empêcher ceux qui l'ont créée de tomber dans la pauvreté. Mais le grand patronat ne cédera que devant un mouvement de grèves et de manifestations se généralisant, où il aurait à craindre de tout perdre en ne voulant rien lâcher !
(Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 6 avril 2005)
8 avril 2005
Le vote NON pour rejeter une Constitution réactionnaire
Les partisans du "oui" au référendum sur la Constitution sortent la grosse artillerie pour contrer la montée du "non" dans les sondages.
Raffarin, ses ministres et Sarkozy ont occupé les médias pour tenter de convaincre les électeurs des charmes cachés de la Constitution (du moins les jours où le pape, sa vie, sa mort, son Église, ne les ont pas monopolisés, y compris la télévision et la radio d'un État en principe laïque).
Jeudi 7 avril, c'était Chirac soi-même, initiateur du référendum, qui allait s'y mettre. Il avait convoqué une cinquantaine de jeunes, sélectionnés par un institut de sondage, pour leur administrer un cours d'instruction civique largement télévisé, devant se conclure par un appel à voter "oui", avant de devoir remettre cet exercice à plus tard pour cause d'enterrement du pape.
Mais les chefs de la droite antiouvrière ont peu de chances de convaincre l'électorat populaire. Au contraire, plus Raffarin parle, plus le "oui" dégringole. Alors, c'est la direction du Parti Socialiste qui se charge de la besogne. "L'Europe sociale passe par le "oui"", affirme son affiche de campagne. Pour allécher son électorat, Hollande a même lancé, lors de son grand meeting de Marseille, que "le "oui" socialiste est un élément pour préparer la victoire de la gauche en 2007".
Même s'il attend beaucoup des élections, l'électeur socialiste a du mal à comprendre en quoi voter de la même façon que Chirac et Raffarin en 2005 pourrait favoriser la gauche en 2007. Et comment faire avaler qu'un projet de Constitution, rédigé sous l'autorité de Giscard et chaleureusement défendu par Chirac, Raffarin et Sarkozy, pourrait favoriser "l'Europe sociale"?
Leur "Europe sociale", on voit ce qu'elle est par les coups portés aux classes populaires en France. C'est le chômage qui s'aggrave, les salaires qui stagnent, les cotisations sociales qui montent, le pouvoir d'achat qui baisse, la précarité qui se généralise, la pauvreté qui s'étend. Ce sont les hôpitaux surchargés et les services d'urgence contraints de recourir à la grève illimitée pour protester contre le manque scandaleux de moyens et de personnel!
Les partisans du "oui" voudraient bien dissocier la Constitution européenne du mécontentement social. Ils voudraient bien que l'électorat populaire oublie les coups reçus du patronat et du gouvernement et qu'il vote "oui" en pensant que c'est mieux pour l'Europe. Mais cela ne marche pas car, au mieux, ce serait ce que nous avons déjà.
L'unification de l'Europe, la suppression des frontières sont de bonnes choses. Mais ce n'est pas une raison pour cautionner un projet de Constitution qui ne contient rien de bon pour les travailleurs de France et d'Europe et qui, par bien des côtés, est ouvertement rétrograde. Il l'est notamment en ce qui concerne les droits des femmes ou la place de la religion dans la société. Les travailleurs n'ont aucune raison non plus de cautionner un projet qui consacre juridiquement la domination des grandes puissances d'Europe occidentale et de leurs trusts sur la partie pauvre de l'Europe.
Il faut voter "non" pour rejeter cette Constitution. Mais une victoire du "non" ne changera rien à l'organisation économique et sociale, au capitalisme, à la course au profit, à la concurrence qui sont les causes des crises, du chômage et de la pauvreté. Le "non" au référendum n'empêchera pas un seul patron de licencier, pas plus qu'il n'obligera aucun d'entre eux à payer des salaires corrects.
Ce n'est certainement pas la Constitution européenne, qui n'est même pas encore décidée, qui est responsable des attaques contre les salaires, contre les retraites, contre les horaires de travail. Ces attaques, c'est le fait du grand patronat et des gouvernements qui appliquent la politique qu'il exige.
Alors, il faut voter "non" à cette Constitution, mais il faut surtout savoir que les travailleurs ne feront pas l'économie des luttes contre une classe capitaliste qui se moque d'appauvrir toute la population et de ruiner la société, du moment que ses profits augmentent.
(Source http://www.lutte-ouvrière.org, le 8 avril 2005)
15 avril 2005
Un "Non" qui va de soi
Les dirigeants socialistes qui appellent à voter "oui" au référendum sur la Constitution européenne affirment que celle-ci ouvre la porte à une "Europe sociale". Mais où est donc le côté "social" de ce texte ? Dans le fait qu'il reconnaisse aux citoyens européens le "droit à la recherche d'un emploi" (y aurait-il donc des pays où l'on n'a pas le droit de chercher du travail !), et pas même le droit à un emploi ? Ce serait risible si l'Europe ne comptait pas des millions de chômeurs. Mais il est vrai qu'en matière de politique sociale et de lutte contre le chômage, l'équipe Jospin-Hollande n'a pas mené une politique tellement différente de celle de Chirac-Raffarin. Et quand on sait que le père de ce projet constitutionnel est Giscard d'Estaing, qu'il est soutenu par les gouvernements les plus réactionnaires de l'Europe des Vingt-cinq, il n'est pas surprenant que le côté "social" de l'Europe soit réduit à quelques mots creux.
L'Europe que souhaitent les grands groupes capitalistes, c'est un grand marché dans lequel ils puissent accroître leur taille le plus possible. C'est l'Europe que s'efforcent de construire, depuis un demi-siècle, les gouvernements, de droite ou de gauche, à leur service. Et du fait de son extension à vingt-cinq pays indépendants, ses promoteurs ont besoin de fixer des règles de fonctionnement pour régler leurs désaccords. D'où ce projet de constitution.
Mais ce projet considère que le seul système économique valable, c'est le système capitaliste, celui qui repose sur la propriété privée des moyens de production. Un système dont le but n'est pas la satisfaction des besoins des hommes, mais la recherche du profit pour une minorité de parasites. Un système où il est normal qu'un patron puisse licencier les salariés dont le travail lui a permis de multiplier sa fortune, et puisse fermer des entreprises, pour augmenter ses bénéfices. Un système dans lequel des millions de travailleurs se crèvent au boulot, à cause des cadences de travail, des horaires à rallonge, et où des millions d'autres sont condamnés par le chômage à une inactivité forcée et souvent à la misère.
Quand les gens qui défendent ce système parlent de "social", c'est juste pour farder la vérité.
Comment les travailleurs pourraient-ils approuver un texte qui légitime ce système ?
En invoquant les racines religieuses de l'Europe, en ne reconnaissant pas le droit au divorce et le droit des femmes à l'interruption volontaire de grossesse, le projet de constitution européenne est certes particulièrement réactionnaire. Cependant, il est vrai qu'en ce qui concerne la défense du système capitaliste le projet de constitution européenne n'est pas pire que la constitution française. Mais les travailleurs n'auraient pas plus de raison d'approuver celle-ci.
Ce n'est pas l'Europe qui est en cause. Si elle survient réellement un jour, la disparition des frontières qui morcellent ce continent, parfois jusqu'au ridicule (comme avec cette principauté de Monaco dont on nous rebat les oreilles ces jours-ci) serait une bonne chose. Les démagogues réactionnaires, à la de Villiers ou à la Le Pen, qui prétendent que se replier derrière des barrières frontalières infranchissables permettrait de lutter contre le chômage, se moquent des gens. Ce sont d'ailleurs de chauds partisans du système capitaliste.
Evidemment, même si ce projet de constitution est rejeté, la machine à enrichir encore plus la petite minorité de privilégiés et à appauvrir encore plus l'immense masse des plus démunis continuera à fonctionner. Le rejet de la constitution n'obligera pas plus Chirac et Raffarin à changer de politique que la déroute de la droite aux élections régionales et européennes de 2004 ne l'a fait. L'offensive menée par le grand patronat, avec le soutien du gouvernement, se poursuivra... jusqu'à ce que, par leurs luttes, les travailleurs y mettent un coup d'arrêt.
Mais en attendant, tous ces gens-là, du Parti Socialiste à la droite, veulent connaître notre opinion. Disons-la leur clairement. Votons "non" le 29 mai.
(Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 18 avril 2005)
22 avril 2005
Non à Chirac... et à la Constitution européenne !
Lors de l'émission télévisée où il est venu défendre le "oui" au prochain référendum sur la Constitution européenne, face aux questions de certains participants sur le chômage ou la précarité, Chirac, pour toute réponse, s'est borné à déclarer que ces problèmes ne relevaient pas de la Constitution, et que ses interlocuteurs avaient tort d'avoir peur de l'avenir.
Mais qu'est-ce qu'il y a donc dans la Constitution européenne qui, d'après les partisans du "oui", ceux de droite comme la plupart des dirigeants du Parti Socialiste, mériterait que les électeurs l'approuvent ? Le fait, nous a dit Chirac, qu'elle prône "une économie sociale de marché", qui ferait partie des valeurs auxquelles il est attaché. "Sociale", le mot sonne bien... mais ce n'est qu'un mot, et qu'un mensonge. Il suffit de voir comment il se traduit dans la réalité.
Trois millions de chômeurs en France, dont une partie plongée dans une profonde misère, les licenciements collectifs et les fermetures d'entreprises qui se succèdent sans discontinuer, la précarité généralisée, des rythmes de travail en constante augmentation pour compenser les baisses d'effectifs, des horaires de travail "flexibles" entravant toute vie de famille pour beaucoup, la baisse du niveau de vie pour tous: voilà, pour les travailleurs, le "social" dont Chirac est tout fier et qu'il veut pour toute l'Europe.
Des retraites amputées, des maisons de retraite pour les personnes âgées dépendantes en nombre insuffisant et au budget rogné, et un gouvernement qui ne trouve, pour faire face à cette pénurie, rien d'autre que de voler un jour férié aux travailleurs: voilà une autre facette de ce "social".
Des services publics en déliquescence. Des hôpitaux fermés. D'autres où, du fait des fermetures de lits ou de services, des malades sont hébergés des journées entières dans des couloirs, où les Urgences sont en permanence débordées. Des écoles où l'on supprime des classes et des postes d'enseignement. Des bureaux de poste ruraux qui ferment. Un manque criant de logements décents accessibles aux travailleurs (avec les conséquences que cela peut entraîner, comme les vingt-deux morts, dont onze enfants, dans l'incendie d'un hôtel parisien où étaient logées des familles, en attente depuis des années parfois d'un logement social). Des transports en commun toujours aussi insuffisants. Voilà le "social" de Chirac, pour tous ceux qui ne disposent pas d'une fortune personnelle permettant d'échapper à tout cela.
Et Chirac a eu le front de conclure que "l'économie sociale de marché est un système où tout le monde peut s'enrichir". Mais de qui se moque-t-il, à un moment où le nombre de pauvres n'a jamais été aussi grand ? La réalité est que les riches sont de plus en plus riches, et que la population laborieuse vit de plus en plus mal.
Ce n'est certes pas l'Europe qui est responsable de cela: c'est le grand patronat qui, profitant du chômage créé par son propre système économique, s'attaque sans répit au monde du travail avec la complicité des gouvernements à son service. C'est une situation que nous connaissons depuis des années, pendant lesquelles, de Mauroy, Fabius, Rocard et Jospin à Balladur, Juppé et Raffarin, tous les gouvernements, sous prétexte de rendre l'économie française "compétitive", ont multiplié les subventions et les dégrèvements de charges sociales pour le patronat, au détriment de la Sécurité sociale et des services publics.
Ce n'est pas l'adoption de la Constitution européenne -si elle était adoptée- qui aggravera cela, tout comme son rejet ne l'empêcherait pas. Mais nous n'avons aucune raison de dire "oui" à un texte qui fait de la course au profit à laquelle se livrent les capitalistes, sans égards pour les travailleurs qui en sont victimes, le meilleur système économique possible.
Dire "non" est la réponse qui s'impose. Même si elle ne nous dispensera pas, pour faire reculer patronat et gouvernement, de montrer aux possédants, dans les grèves et dans la rue, que les travailleurs ne se laisseront pas toujours faire.
(Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 21 avril 2005)
28 avril 2005
Un "non" qui se renforce
Les partisans du "oui" n'en finissent pas de répéter sur un ton dramatique que la France ne peut pas se permettre d'être le seul pays à dire "non" à la Constitution européenne. Mais le "non" pourrait bien l'emporter aussi ailleurs, si l'on en juge par les résultats du sondage publié en Hollande le 23 avril, qui donnait, pour la première fois, le "non" vainqueur, avec 52 % des voix.
Évidemment, le nombre de référendums où le "non" pourrait l'emporter est limité, puisque dans cette Europe dont on nous affirme qu'elle est en marche vers son unité politique, il y a, pour ratifier le projet de Constitution, pratiquement autant de procédures que de pays différents. Seuls neuf d'entre eux ont choisi de recourir à un référendum. Et quatre, parmi ceux-là, sont si peu sûrs du verdict des urnes qu'ils n'ont donné qu'un rôle consultatif à ce référendum, le Parlement devant trancher en dernier lieu.
C'était précisément le cas de la Hollande, à ceci près que le gouvernement de ce pays, où le "oui" était jusque-là majoritaire dans les sondages, s'est ensuite engagé par avance à respecter le résultat du référendum. Chirac ne doit plus être le seul à maudire son imprudence!
La situation, en Hollande, est la même qu'ici. Les possédants sont favorables à cette Constitution, qui est faite pour eux, pour permettre le fonctionnement à vingt-cinq de ce marché commun nécessaire à la bonne marche de leurs affaires et qui ne comptait que six membres à sa naissance. La grande majorité des hommes politiques, qu'ils soient de droite ou qu'ils se disent de gauche, dont le métier est de défendre les intérêts de la bourgeoisie, sont aussi favorables à ce projet de Constitution, tout comme la grande majorité des journalistes politiques ou économiques. Mais les classes populaires ont toutes les raisons d'être méfiantes devant un texte qui, en fait de "social", ne contient que des phrases creuses.
Les travailleurs ne peuvent évidemment qu'être favorables à la disparition des frontières qui séparent les peuples et qui maintes fois dans le passé les ont opposés par la guerre. Mais ce n'est pas sur cela qu'on nous demande de voter le 29 mai. Il s'agit d'approuver un texte qui non seulement présente le système capitaliste comme le meilleur, voire le seul possible, mais qui ne cherche absolument pas, bien au contraire, à tirer vers le haut les pays où les conditions d'existence des travailleurs sont les moins bonnes, ou les pays où les libertés démocratiques sont les plus réduites.
L'instauration d'un salaire minimum européen, qui permettrait à tous les travailleurs de vivre décemment, et qui éviterait la concurrence entre salariés? Il n'en est pas question. Les patrons sont trop contents de cette situation où ils peuvent trouver de la main-d'uvre à bas prix. La réglementation du droit de grève? Laissée au bon vouloir des États membres, qui ont ainsi la liberté d'y introduire toutes les limitations possibles. Le droit au divorce, à l'IVG pour les femmes? Aux États membres d'agir comme bon leur semble, et de faire, si cela leur chante, des interdits de l'Église catholique des lois s'appliquant à tous les citoyens.
Si la majorité des électeurs français répond "non" à la Constitution européenne, ils ne seront donc pas forcément les seuls. Mais même si cela était, où serait le problème? Chirac et Raffarin d'un côté, Hollande de l'autre, ont voulu ce référendum. Ils nous posent une question, mais maintenant qu'ils sont inquiets quant à la réponse qu'ils vont recevoir, ils nous affirment qu'un "non" serait une catastrophe.
Eh bien, nous n'avons aucune raison de céder à ce chantage. À ce texte rédigé dans le seul intérêt du grand patronat on ne peut que répondre "non", tout en sachant que ce "non" à la Constitution ne nous évitera pas d'avoir à répondre tous ensemble "non" aux tentatives des classes dirigeantes de revenir sur tous les acquis de la classe ouvrière.
(source http://www.lutte-ouvriere.org, le 29 avril 2005)