Texte intégral
François Chérèque. Bonjour à toutes et à tous. Bienvenue à la CFDT.
Cyrille. Salut François. Mon expérience de délégué syndical dans ma boîte montre que le premier contact qu'ont la plupart des jeunes salariés avec le droit du travail est le syndicat. C'est précisément le jour où il entre pour la première fois dans une boîte. Avant rien, aucune information, où très partielle voire partiale. Au moment où, grâce à la Constitution européenne, on réaffirme et consolide le rôle des syndicats dans notre système démocratique, quelle stratégie la CFDT envisage-t-elle pour diffuser et développer la connaissance du rôle des syndicats et du droit du travail auprès des jeunes. Est-ce que l'Éducation nationale, qui prépare nos jeunes à leur future vie professionnelle, a un rôle a jouer ? Merci pour ta réponse. Bien à toi.
François Chérèque. Les militants CFDT interviennent dans les centres de formation pour informer les jeunes sur leurs droits. Un partenariat avec le syndicat étudiant la Confédération étudiante (Cé) permet aussi d'informer les étudiants. Chaque année, les jeunes qui ont un job d'été croisent les militants CFDT qui les informent eux-aussi avec la campagne " Saisonniers, vos droits ne sont pas en vacances ".
Martine. Que faites vous concrètement pour aider les jeunes à s'insérer dans la vie professionnelle ?
R - Par la négociation, la CFDT obtient des droits pour aider les jeunes à s'insérer dans l'entreprise comme :
- l'obligation d'un tutorat dans l'entreprise et d'un référent pour les jeunes en contrat de professionnalisation et en insertion professionnelle ;
- le développement de l'apprentissage avec des droits reconnus comme tous les salariés. Entre autres...
Luna. Que pensez-vous des réformes du ministre Fillon ?
R - La réforme Fillon manque totalement d'ambition. Au-delà de l'idée de la création d'un socle commun de connaissances, cette réforme ne dégage pas les moyens nécessaires, notamment pour l'accompagnement des jeunes les plus en difficulté et l'accès de chacun à une qualification. La CFDT est totalement opposée à la suppression des travaux personnels encadrés, dont elle avait obtenu la création il y a quelques années.
Été. Vous avez besoin de jeunes parce qu'il n'y a plus que des vieux à la CFDT ?
R - Si la CFDT veut être un syndicat représentatif de toute la population salariée, elle doit l'être dans toutes les catégories professionnelles, dans le public comme dans le privé, chez les jeunes et les moins jeunes. Nous ne cachons pas que le départ à la retraite de nombreux adhérents décuple cette nécessité de syndicalisation aussi chez les jeunes.
Agnès. Avoir un emploi, pour les jeunes aujourd'hui, c'est la seule façon de s'en sortir. Or, ils mettent des mois et des mois à trouver des emplois précaires. Comment les aider ? Vers quels secteurs les diriger ? Je vous remercie de votre réponse monsieur Chérèque.
R - Effectivement, 70 % des jeunes rentrent dans le monde du travail par des CDD (contrats à durée déterminée). Les secteurs qui ont le plus besoin de salariés avec des contrats stables sont la santé, les hôtels/cafés/restaurants et le bâtiment. Pour rendre ces emplois accessibles, il faut développer la formation et améliorer les conditions de travail et de salaires de certains emplois.
Jeanne. Pensez-vous vraiment que le syndicat soit le meilleur moyen d'insertion dans la vie professionnelle des jeunes ?
R - Ce n'est pas le meilleur, c'est un outil à disposition des salariés jeunes ou moins jeunes pour les accompagner dans leurs parcours professionnels.
Printemps. L'insertion des jeunes fait partie de la Charte des droits fondamentaux. Y avez-vous contribué ?
R - La CFDT, avec la Confédération européenne des syndicats, a participé à l'élaboration de cette Charte des droits fondamentaux et nous avons souhaité qu'elle soit intégrée dans la Constitution européenne. C'est donc bien le résultat d'une action syndicale européenne.
Sophie. Je suis une jeune syndicaliste du Québec, plus précisément de la FTQ. Nous sommes impressionnés par votre évènement jeune, on espère pouvoir accomplir de tels évènements ici. Cependant, je voulais savoir quelles sont vos intentions pour le futur, quelles actions comptez-vous tenir pour compléter votre événement ?
R - Nous allons réfléchir à une démultiplication de cet événement dans chaque région dès l'année prochaine.
Luna. Mais qu'apporte concrètement la CFDT aux jeunes ?
Marie. Quels avantages les jeunes ont ils à être adhérents à la CFDT ?
R - Les jeunes salariés sont des salariés comme les autres : la CFDT leur apporte un soutien dans leur situation professionnelle, une information sur leurs droits, une formation syndicale s'ils le souhaitent et la participation à un collectif d'adhérents dans leurs sections syndicales. Pour ceux qui sont dans des situations de précarité, nous proposons une aide plus individualisée dans nos lieux d'accueil existant dans chaque ville.
Martine. Travaillez-vous en partenariat avec d'autres organismes pour l'insertion des jeunes ?
R - D'abord, avec d'autres mouvements de jeunes : la Confédération étudiante, nous travaillons également avec la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) et le Mouvement rural de la jeunesse chrétienne (MRJC), l'Afev (Association de la fondation des étudiants pour la ville) et ensuite nous avons un travail en commun avec de nombreuses associations de lutte contre les exclusions : Emmaüs France, la fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (FNARS), le comité national des entreprises d'insertion (CNEI), le comité national de liaison des régies de quartier (CNLRQ), la fédération des comités et organismes d'aide aux chômeurs par l'emploi (Coorace), etc.
Djib. Se syndiquer c'est risquer de se faire mal voir, c'est ce que me disent tous mes amis !
R - Tout d'abord, l'adhésion peut rester confidentielle, si on se trouve dans une entreprise où cela peut poser problème, ce qui reste quand même l'exception. La preuve : la CFDT, avec plus de 800 000 adhérents, crée des sections syndicales dans tous les milieux professionnels.
Vodka30. Quelle est la position de la CFDT sur le référendum du 29 mai concernant la Constitution européenne ?
R - La CFDT soutient la Constitution européenne, comme la quasi-totalité des syndicats européens. Seuls deux syndicats français s'y opposent. Pour la première fois dans un traité européen, les syndicats européens ont obtenu un volet social par l'introduction de la Charte des droits fondamentaux. Cette charte reconnaît de nombreux droits qui s'imposeront aux 25 pays : droit au travail, à la formation, droits syndicaux dont le droit de grève, droit à la protection sociale et reconnaissance des services publics (services d'intérêt économique généraux), interdiction des discriminations et égalité hommes/femmes.
Bigbill. Le tutorat, c'est un peu léger. Comment encourager les entreprises à embaucher des jeunes ?
R - Été. Que pensez-vous de la nouvelle campagne de communication sur l'apprentissage ?
La CFDT soutient le développement de l'apprentissage dans les entreprises. L'apprentissage a encore une trop mauvaise image dans notre société alors qu'il forme des jeunes de tout niveau de qualification, du CAP jusqu'au diplôme d'ingénieur.
La CFDT agit pour améliorer la reconnaissance des droits sociaux des apprentis. Et je participerai personnellement le 9 juin à une conférence de presse avec des chefs de grandes entreprises pour lancer un appel en faveur de l'embauche d'apprentis dans les entreprises quelle que soit leur taille.
Horace01. Je ne comprends rien. Certains disent que cette constitution est libérale ?
R - L'Europe se construit depuis 50 ans par la mise en place du marché commun, c'est-à-dire la libre circulation des personnes et des biens, et par la création de la monnaie unique. C'est donc une construction plutôt libérale jusqu'à présent. Pour la première fois, on construit une contrepartie à cette Europe du marché, par l'introduction d'une Europe sociale et par un accroissement du pouvoir politique des élus (Parlement européen). Un refus de cette constitution aurait pour conséquence de ne garder que le marché commun et de rejeter l'Europe sociale et l'Europe politique. C'est donc l'Europe libérale qui gagnerait.
Vodka30. Qu'est-ce qui, pour vous, différencie la CFDT d'un autre syndicat ? Quels sont ses atouts ?
R - La volonté de la CFDT est d'agir à partir des réalités des salariés et de leur apporter des résultats concrets. Nous ne sommes pas dans un syndicalisme uniquement de contestation, mais nous voulons lier nos revendications à l'apport de résultats concrets par la négociation et l'engagement.
Ché. Compte tenu des départs en retraite massifs qui vont avoir lieu, est-ce une chance "mathématique" pour l'embauche et la baisse du chômage des jeunes ?
R - Je l'espère, mais cela ne sera pas suffisant. Pour cela, il faut en plus que la croissance soit positive et que les entreprises ne profitent pas de ces départs à la retraite pour supprimer des emplois et accroître la productivité des autres salariés, en particulier en augmentant leur temps de travail comme le propose le gouvernement. Il faut également augmenter le niveau de formation des jeunes pour que leurs qualifications correspondent aux emplois qui vont se libérer.
Horace01. Votre avis sur la disparition des emplois jeunes ! Merci.
R - Ce fut une très mauvaise mesure du gouvernement qui est en partie responsable de l'augmentation du chômage ces dernières années. Malheureusement, le gouvernement a réagi trop tard et les nouveaux types d'emplois prévus par le plan de cohésion sociale commencent seulement à se mettre en place.
Charles. Monsieur Chérèque, pouvez-vous raconter pourquoi vous avez choisi de vous engager dans le syndicalisme. Cela pourrait peut-être aider à convaincre nos jeunes.
R - Je suis éducateur spécialisé de formation. Et j'ai toujours travaillé auprès de jeunes en difficulté, soit sociale, soit physique ou mentale. Ces situations ne m'ont jamais laissé indifférent, et l'action syndicale m'a semblé être un bon moyen de lutter contre ces injustices. Je pense que cette démarche peut aussi être celle des jeunes d'aujourd'hui.
Stéphane. Y a t-il des jeunes à la commission exécutive ou au bureau national ? Si oui, combien en pourcentage ? Si non, pourquoi ? Merci.
R - À la commission exécutive, je suis le plus jeune et j'ai 49 ans. Au bureau national deux membres ont autour de 35 ans.
Il y a 50 000 jeunes adhérents à la CFDT et c'est en augmentant leur nombre que certains d'entre eux auront des responsabilités à tous les niveaux.
Pti.Clément. Comment se fait il qu'il n'y ait pas de cohésion au niveau des syndicats français, à l'inverse (il me semble) de nos voisins européens ?
R - C'est effectivement une situation spécifique à la France, du fait principalement du lien historique entre la CGT et le parti communiste, qui a rendu le travail en commun difficile dans notre histoire. Cette situation a du mal à évoluer, mais l'unification du syndicalisme au niveau européen dans la Confédération européenne des syndicats peut nous aider à dépasser ces difficultés.
Vodka30. Certains jeunes nous reprochent d'être justement pas assez contestataire, d'être trop près de la direction. Qu'en pensez-vous ?
R - La CFDT est un syndicat qui sait prendre ses responsabilités. Contester quand c'est nécessaire, mais aussi s'engager en signant des accords en fonction des résultats, ce qui n'est pas une habitude dans le syndicalisme français. Pour nous, la contestation reste nécessaire pour obtenir des résultats à condition qu'elle soit liée à une critique des inégalités. C'est ce syndicalisme qui a du mal à être compris, mais c'est celui que je défends et qui est le plus partagé au niveau européen.
Été. On voit beaucoup d'hommes à la CFDT. Où sont les femmes depuis le départ de Nicole Notat ?
R - Il y a 3 secrétaires nationales sur 8 membres de la commission exécutive. Cependant, nous gardons la préoccupation de l'accession des femmes à des responsabilités dans la CFDT. 48 % des adhérents sont des femmes. À nous de faire maintenant qu'elles soient représentées à tous les niveaux de la CFDT.
Pti.Clément. En cas de désaccord avec la direction, considérez vous la grève comme un moyen d'ouvrir les négociations ou plutôt comme un moyen de pression en cas d'échec des négociations ?
R - La grève doit être utilisée dans les cas extrêmes de blocage, soit après les négociations si elles ont échoué, soit avant si les patrons ne veulent pas les ouvrir.
Lola. Pourquoi les jeunes ont-ils une image aussi désastreuse des syndicats ?
R - L'image traditionnellement véhiculée par les médias est celle de mouvements de contestation dans lesquels les jeunes ne se retrouvent pas obligatoirement. En particulier parce que les revendications exprimées ne sont peut-être pas celles qui touchent le plus les jeunes. Pour dépasser ce problème, nous devons insister sur l'expression de revendications plus en phase avec les situations professionnelles des jeunes et des moins jeunes, en particulier de petites et moyennes entreprises.
Lilo. Qu'a donné l'opération ré-génération du 14 mai ?
R - Nous attendions 1 000 jeunes, 1 300 se sont déplacés. Ce qui est la preuve qu'ils sont prêts à se mobiliser avec la CFDT. Nous réfléchissons dès maintenant à une suite pour les mois et les années qui viennent.
Delphine. Être adhérent à la CFDT, cela implique quoi ? Que l'on assiste à des meetings ? Des réunions ?
R - Chaque adhérent est libre de participer comme il le veut aux activités de la CFDT et de ne rien faire s'il le souhaite : réunions d'information, formation syndicale, manifestation plus si affinités.
Été."Un emploi pour tous", c'est votre objectif ?
R - Au niveau du chômage actuellement dans notre pays, c'est presque une utopie, mais il faut tout faire pour y arriver.
Pti.Clément. Comment imaginer un syndicalisme qui s'adapterait au secteur tertiaire ?
R - Ces dernières années, les fédérations CFDT qui accueillent le plus d'adhérents sont celles des services, de la santé et du social, des collectivités locales, toutes 3 des fédérations du secteur tertiaire. Ce sont les plus grosses fédérations de la CFDT avec celle de la métallurgie, ce qui montre bien que quand on en a la volonté on peut imaginer un syndicalisme bien adapté aux réalités de ces professionnels.
Été. C'est cher d'adhérer chez vous ?
R - Julien. C'est une question bassement pratique, mais quel est le montant des cotisations ?
Julien. Et quelles sont les démarches pour entrer à la CFDT ?
La cotisation est de 0,75 % du salaire net déductible à 60 % des impôts. Pour adhérer, plusieurs façons : le délégué CFDT de votre entreprise, l'accueil CFDT de votre ville ou le site www.cfdt.fr.
Céline. Comment faire vivre le réformisme face au retour fracassant des extrémistes de gauche dans nos boites ?
R - Réussir à développer un syndicalisme autour de 3 principes complémentaires :
1) proposer une critique de la société et de ses inégalités ;
2) revendiquer des transformations de cette société en particulier pour réduire ces inégalités ;
3) et enfin, apporter des résultats concrets pour les salariés.
Un syndicat réformiste doit être capable de mener de front ces trois démarches.
Q - Merci beaucoup François Chérèque, le mot de la fin ?
R - Merci pour toutes ces questions et pardon à tous ceux à qui je n'ai pas pu répondre directement. Tous ceux qui ont laissé leur adresses e-mail recevront une réponse avant la fin du mois. Et à bientôt sur www.cfdt.fr.
(Source http://www.cfdt.fr, le 20 mai 2005)
Cyrille. Salut François. Mon expérience de délégué syndical dans ma boîte montre que le premier contact qu'ont la plupart des jeunes salariés avec le droit du travail est le syndicat. C'est précisément le jour où il entre pour la première fois dans une boîte. Avant rien, aucune information, où très partielle voire partiale. Au moment où, grâce à la Constitution européenne, on réaffirme et consolide le rôle des syndicats dans notre système démocratique, quelle stratégie la CFDT envisage-t-elle pour diffuser et développer la connaissance du rôle des syndicats et du droit du travail auprès des jeunes. Est-ce que l'Éducation nationale, qui prépare nos jeunes à leur future vie professionnelle, a un rôle a jouer ? Merci pour ta réponse. Bien à toi.
François Chérèque. Les militants CFDT interviennent dans les centres de formation pour informer les jeunes sur leurs droits. Un partenariat avec le syndicat étudiant la Confédération étudiante (Cé) permet aussi d'informer les étudiants. Chaque année, les jeunes qui ont un job d'été croisent les militants CFDT qui les informent eux-aussi avec la campagne " Saisonniers, vos droits ne sont pas en vacances ".
Martine. Que faites vous concrètement pour aider les jeunes à s'insérer dans la vie professionnelle ?
R - Par la négociation, la CFDT obtient des droits pour aider les jeunes à s'insérer dans l'entreprise comme :
- l'obligation d'un tutorat dans l'entreprise et d'un référent pour les jeunes en contrat de professionnalisation et en insertion professionnelle ;
- le développement de l'apprentissage avec des droits reconnus comme tous les salariés. Entre autres...
Luna. Que pensez-vous des réformes du ministre Fillon ?
R - La réforme Fillon manque totalement d'ambition. Au-delà de l'idée de la création d'un socle commun de connaissances, cette réforme ne dégage pas les moyens nécessaires, notamment pour l'accompagnement des jeunes les plus en difficulté et l'accès de chacun à une qualification. La CFDT est totalement opposée à la suppression des travaux personnels encadrés, dont elle avait obtenu la création il y a quelques années.
Été. Vous avez besoin de jeunes parce qu'il n'y a plus que des vieux à la CFDT ?
R - Si la CFDT veut être un syndicat représentatif de toute la population salariée, elle doit l'être dans toutes les catégories professionnelles, dans le public comme dans le privé, chez les jeunes et les moins jeunes. Nous ne cachons pas que le départ à la retraite de nombreux adhérents décuple cette nécessité de syndicalisation aussi chez les jeunes.
Agnès. Avoir un emploi, pour les jeunes aujourd'hui, c'est la seule façon de s'en sortir. Or, ils mettent des mois et des mois à trouver des emplois précaires. Comment les aider ? Vers quels secteurs les diriger ? Je vous remercie de votre réponse monsieur Chérèque.
R - Effectivement, 70 % des jeunes rentrent dans le monde du travail par des CDD (contrats à durée déterminée). Les secteurs qui ont le plus besoin de salariés avec des contrats stables sont la santé, les hôtels/cafés/restaurants et le bâtiment. Pour rendre ces emplois accessibles, il faut développer la formation et améliorer les conditions de travail et de salaires de certains emplois.
Jeanne. Pensez-vous vraiment que le syndicat soit le meilleur moyen d'insertion dans la vie professionnelle des jeunes ?
R - Ce n'est pas le meilleur, c'est un outil à disposition des salariés jeunes ou moins jeunes pour les accompagner dans leurs parcours professionnels.
Printemps. L'insertion des jeunes fait partie de la Charte des droits fondamentaux. Y avez-vous contribué ?
R - La CFDT, avec la Confédération européenne des syndicats, a participé à l'élaboration de cette Charte des droits fondamentaux et nous avons souhaité qu'elle soit intégrée dans la Constitution européenne. C'est donc bien le résultat d'une action syndicale européenne.
Sophie. Je suis une jeune syndicaliste du Québec, plus précisément de la FTQ. Nous sommes impressionnés par votre évènement jeune, on espère pouvoir accomplir de tels évènements ici. Cependant, je voulais savoir quelles sont vos intentions pour le futur, quelles actions comptez-vous tenir pour compléter votre événement ?
R - Nous allons réfléchir à une démultiplication de cet événement dans chaque région dès l'année prochaine.
Luna. Mais qu'apporte concrètement la CFDT aux jeunes ?
Marie. Quels avantages les jeunes ont ils à être adhérents à la CFDT ?
R - Les jeunes salariés sont des salariés comme les autres : la CFDT leur apporte un soutien dans leur situation professionnelle, une information sur leurs droits, une formation syndicale s'ils le souhaitent et la participation à un collectif d'adhérents dans leurs sections syndicales. Pour ceux qui sont dans des situations de précarité, nous proposons une aide plus individualisée dans nos lieux d'accueil existant dans chaque ville.
Martine. Travaillez-vous en partenariat avec d'autres organismes pour l'insertion des jeunes ?
R - D'abord, avec d'autres mouvements de jeunes : la Confédération étudiante, nous travaillons également avec la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) et le Mouvement rural de la jeunesse chrétienne (MRJC), l'Afev (Association de la fondation des étudiants pour la ville) et ensuite nous avons un travail en commun avec de nombreuses associations de lutte contre les exclusions : Emmaüs France, la fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (FNARS), le comité national des entreprises d'insertion (CNEI), le comité national de liaison des régies de quartier (CNLRQ), la fédération des comités et organismes d'aide aux chômeurs par l'emploi (Coorace), etc.
Djib. Se syndiquer c'est risquer de se faire mal voir, c'est ce que me disent tous mes amis !
R - Tout d'abord, l'adhésion peut rester confidentielle, si on se trouve dans une entreprise où cela peut poser problème, ce qui reste quand même l'exception. La preuve : la CFDT, avec plus de 800 000 adhérents, crée des sections syndicales dans tous les milieux professionnels.
Vodka30. Quelle est la position de la CFDT sur le référendum du 29 mai concernant la Constitution européenne ?
R - La CFDT soutient la Constitution européenne, comme la quasi-totalité des syndicats européens. Seuls deux syndicats français s'y opposent. Pour la première fois dans un traité européen, les syndicats européens ont obtenu un volet social par l'introduction de la Charte des droits fondamentaux. Cette charte reconnaît de nombreux droits qui s'imposeront aux 25 pays : droit au travail, à la formation, droits syndicaux dont le droit de grève, droit à la protection sociale et reconnaissance des services publics (services d'intérêt économique généraux), interdiction des discriminations et égalité hommes/femmes.
Bigbill. Le tutorat, c'est un peu léger. Comment encourager les entreprises à embaucher des jeunes ?
R - Été. Que pensez-vous de la nouvelle campagne de communication sur l'apprentissage ?
La CFDT soutient le développement de l'apprentissage dans les entreprises. L'apprentissage a encore une trop mauvaise image dans notre société alors qu'il forme des jeunes de tout niveau de qualification, du CAP jusqu'au diplôme d'ingénieur.
La CFDT agit pour améliorer la reconnaissance des droits sociaux des apprentis. Et je participerai personnellement le 9 juin à une conférence de presse avec des chefs de grandes entreprises pour lancer un appel en faveur de l'embauche d'apprentis dans les entreprises quelle que soit leur taille.
Horace01. Je ne comprends rien. Certains disent que cette constitution est libérale ?
R - L'Europe se construit depuis 50 ans par la mise en place du marché commun, c'est-à-dire la libre circulation des personnes et des biens, et par la création de la monnaie unique. C'est donc une construction plutôt libérale jusqu'à présent. Pour la première fois, on construit une contrepartie à cette Europe du marché, par l'introduction d'une Europe sociale et par un accroissement du pouvoir politique des élus (Parlement européen). Un refus de cette constitution aurait pour conséquence de ne garder que le marché commun et de rejeter l'Europe sociale et l'Europe politique. C'est donc l'Europe libérale qui gagnerait.
Vodka30. Qu'est-ce qui, pour vous, différencie la CFDT d'un autre syndicat ? Quels sont ses atouts ?
R - La volonté de la CFDT est d'agir à partir des réalités des salariés et de leur apporter des résultats concrets. Nous ne sommes pas dans un syndicalisme uniquement de contestation, mais nous voulons lier nos revendications à l'apport de résultats concrets par la négociation et l'engagement.
Ché. Compte tenu des départs en retraite massifs qui vont avoir lieu, est-ce une chance "mathématique" pour l'embauche et la baisse du chômage des jeunes ?
R - Je l'espère, mais cela ne sera pas suffisant. Pour cela, il faut en plus que la croissance soit positive et que les entreprises ne profitent pas de ces départs à la retraite pour supprimer des emplois et accroître la productivité des autres salariés, en particulier en augmentant leur temps de travail comme le propose le gouvernement. Il faut également augmenter le niveau de formation des jeunes pour que leurs qualifications correspondent aux emplois qui vont se libérer.
Horace01. Votre avis sur la disparition des emplois jeunes ! Merci.
R - Ce fut une très mauvaise mesure du gouvernement qui est en partie responsable de l'augmentation du chômage ces dernières années. Malheureusement, le gouvernement a réagi trop tard et les nouveaux types d'emplois prévus par le plan de cohésion sociale commencent seulement à se mettre en place.
Charles. Monsieur Chérèque, pouvez-vous raconter pourquoi vous avez choisi de vous engager dans le syndicalisme. Cela pourrait peut-être aider à convaincre nos jeunes.
R - Je suis éducateur spécialisé de formation. Et j'ai toujours travaillé auprès de jeunes en difficulté, soit sociale, soit physique ou mentale. Ces situations ne m'ont jamais laissé indifférent, et l'action syndicale m'a semblé être un bon moyen de lutter contre ces injustices. Je pense que cette démarche peut aussi être celle des jeunes d'aujourd'hui.
Stéphane. Y a t-il des jeunes à la commission exécutive ou au bureau national ? Si oui, combien en pourcentage ? Si non, pourquoi ? Merci.
R - À la commission exécutive, je suis le plus jeune et j'ai 49 ans. Au bureau national deux membres ont autour de 35 ans.
Il y a 50 000 jeunes adhérents à la CFDT et c'est en augmentant leur nombre que certains d'entre eux auront des responsabilités à tous les niveaux.
Pti.Clément. Comment se fait il qu'il n'y ait pas de cohésion au niveau des syndicats français, à l'inverse (il me semble) de nos voisins européens ?
R - C'est effectivement une situation spécifique à la France, du fait principalement du lien historique entre la CGT et le parti communiste, qui a rendu le travail en commun difficile dans notre histoire. Cette situation a du mal à évoluer, mais l'unification du syndicalisme au niveau européen dans la Confédération européenne des syndicats peut nous aider à dépasser ces difficultés.
Vodka30. Certains jeunes nous reprochent d'être justement pas assez contestataire, d'être trop près de la direction. Qu'en pensez-vous ?
R - La CFDT est un syndicat qui sait prendre ses responsabilités. Contester quand c'est nécessaire, mais aussi s'engager en signant des accords en fonction des résultats, ce qui n'est pas une habitude dans le syndicalisme français. Pour nous, la contestation reste nécessaire pour obtenir des résultats à condition qu'elle soit liée à une critique des inégalités. C'est ce syndicalisme qui a du mal à être compris, mais c'est celui que je défends et qui est le plus partagé au niveau européen.
Été. On voit beaucoup d'hommes à la CFDT. Où sont les femmes depuis le départ de Nicole Notat ?
R - Il y a 3 secrétaires nationales sur 8 membres de la commission exécutive. Cependant, nous gardons la préoccupation de l'accession des femmes à des responsabilités dans la CFDT. 48 % des adhérents sont des femmes. À nous de faire maintenant qu'elles soient représentées à tous les niveaux de la CFDT.
Pti.Clément. En cas de désaccord avec la direction, considérez vous la grève comme un moyen d'ouvrir les négociations ou plutôt comme un moyen de pression en cas d'échec des négociations ?
R - La grève doit être utilisée dans les cas extrêmes de blocage, soit après les négociations si elles ont échoué, soit avant si les patrons ne veulent pas les ouvrir.
Lola. Pourquoi les jeunes ont-ils une image aussi désastreuse des syndicats ?
R - L'image traditionnellement véhiculée par les médias est celle de mouvements de contestation dans lesquels les jeunes ne se retrouvent pas obligatoirement. En particulier parce que les revendications exprimées ne sont peut-être pas celles qui touchent le plus les jeunes. Pour dépasser ce problème, nous devons insister sur l'expression de revendications plus en phase avec les situations professionnelles des jeunes et des moins jeunes, en particulier de petites et moyennes entreprises.
Lilo. Qu'a donné l'opération ré-génération du 14 mai ?
R - Nous attendions 1 000 jeunes, 1 300 se sont déplacés. Ce qui est la preuve qu'ils sont prêts à se mobiliser avec la CFDT. Nous réfléchissons dès maintenant à une suite pour les mois et les années qui viennent.
Delphine. Être adhérent à la CFDT, cela implique quoi ? Que l'on assiste à des meetings ? Des réunions ?
R - Chaque adhérent est libre de participer comme il le veut aux activités de la CFDT et de ne rien faire s'il le souhaite : réunions d'information, formation syndicale, manifestation plus si affinités.
Été."Un emploi pour tous", c'est votre objectif ?
R - Au niveau du chômage actuellement dans notre pays, c'est presque une utopie, mais il faut tout faire pour y arriver.
Pti.Clément. Comment imaginer un syndicalisme qui s'adapterait au secteur tertiaire ?
R - Ces dernières années, les fédérations CFDT qui accueillent le plus d'adhérents sont celles des services, de la santé et du social, des collectivités locales, toutes 3 des fédérations du secteur tertiaire. Ce sont les plus grosses fédérations de la CFDT avec celle de la métallurgie, ce qui montre bien que quand on en a la volonté on peut imaginer un syndicalisme bien adapté aux réalités de ces professionnels.
Été. C'est cher d'adhérer chez vous ?
R - Julien. C'est une question bassement pratique, mais quel est le montant des cotisations ?
Julien. Et quelles sont les démarches pour entrer à la CFDT ?
La cotisation est de 0,75 % du salaire net déductible à 60 % des impôts. Pour adhérer, plusieurs façons : le délégué CFDT de votre entreprise, l'accueil CFDT de votre ville ou le site www.cfdt.fr.
Céline. Comment faire vivre le réformisme face au retour fracassant des extrémistes de gauche dans nos boites ?
R - Réussir à développer un syndicalisme autour de 3 principes complémentaires :
1) proposer une critique de la société et de ses inégalités ;
2) revendiquer des transformations de cette société en particulier pour réduire ces inégalités ;
3) et enfin, apporter des résultats concrets pour les salariés.
Un syndicat réformiste doit être capable de mener de front ces trois démarches.
Q - Merci beaucoup François Chérèque, le mot de la fin ?
R - Merci pour toutes ces questions et pardon à tous ceux à qui je n'ai pas pu répondre directement. Tous ceux qui ont laissé leur adresses e-mail recevront une réponse avant la fin du mois. Et à bientôt sur www.cfdt.fr.
(Source http://www.cfdt.fr, le 20 mai 2005)