Texte intégral
Si l'opinion reste aussi indécise sur la question du référendum, c'est sans doute parce que le débat européen est le plus ambiguë qui soit. Et comment ne le serait-il pas ? Derrière le mot d'Europe, les promoteurs du projet bruxellois dissimulent en effet une vision qui n'est pas celle de l'Europe. Leurs conceptions s'articulent autour de deux idées forces : les droits de l'homme et le libéralisme économique. Or, ces deux notions sont certes d'origine occidentale mais, de portée universelle, elles ne sont nullement fondatrices d'une nouvelle entité politique et historique.
Ainsi, par exemple, le refus des exclusions qui condamne la préférence nationale rejette également la préférence européenne. Et l'impératif d'abaissement des frontières vaut pour celles qui séparent les États entre eux comme pour celles qui séparent l'Europe du reste du monde.
Il n'est donc pas étonnant que cette vision de l'Europe conduise ses promoteurs à vouloir faire entrer la Turquie dans l'Union. Il suffit à leurs yeux que ce pays adhère aux principes de l'économie libérale et à ceux des droits de l'homme pour y trouver sa place. Mais, selon cette logique, il n'y a pas de limites à l'Europe et n'importe quel pays du monde satisfaisant à ces critères pourrait demain intégrer l'Union. Cette construction prétendument européenne n'a dès lors rien d'européen.
Elle ne constitue au fond qu'une étape dans le grand projet de mondialisation. Il ne s'agit pas en effet de détruire les nations pour ériger une super nation, mais de détruire les nations pour les diluer dans un ensemble qui se diluera lui-même dans le reste du monde. L'Europe de Bruxelles est une machine à dissoudre. La construction européenne ne construit pas l'Europe.
Or, le monde change et ne s'achemine pas vers une planète unifiée. On voit bien qu'il ne sera pas unipolaire, ni bipolaire, mais que de grandes puissances vont s'imposer dans les décennies qui viennent. Il y aura toujours les États-Unis, il y aura la Chine, l'Inde, la nébuleuse islamique et, hélas, il n'y aura pas la France. La seule grande question qui se pose est de savoir s'il y aura l'Europe.
La construction européenne n'a donc de sens que si elle permet à la civilisation, aux nations et aux peuples européens de retrouver leur place sur la scène du monde et de l'histoire. Il faut faire de l'Europe une grande puissance, pourquoi pas la première puissance mondiale ?
Cela peut paraître utopique. Mais c'est possible car l'Europe possède encore tous les atouts nécessaires pour jouer ce rôle. Ne dispose-t-elle pas d'une population plus nombreuse et d'un PIB équivalent à celui des États-Unis ?
Le principal problème est qu'elle ne le sait pas. Les derniers Jeux olympiques d'Athènes ont été à cet égard très intéressants. Officiellement, les grands vainqueurs furent les États-Unis d'Amérique avec 103 médailles et, derrière eux, de façon très révélatrice, la Chine avec 63 médailles. Et chacun d'expliquer que ces résultats préfigurent les équilibres géopolitiques à venir. Pourtant, si l'on additionne les médailles remportées par les pays membres de l'Union européenne, alors c'est elle qui l'emporte et de loin, écrasant tous ses concurrents avec 286 médailles.
Encore faut-il que l'Union européenne, au lieu de se perdre dans les méandres des débats institutionnels, de s'enliser dans le marécage des réglementations tentaculaires et de céder aux chimères de l'élargissement asiatique de l'Union, se consacre à tout ce qui peut renforcer sa puissance collective. Si elle agissait ainsi, alors tout changerait. Car elle aurait un projet que tout le monde peut comprendre et auquel tout le monde peut contribuer. Si l'on suit la logique de la puissance, tout devient simple. On sait où l'on va et l'on sait ce qu'il faut faire.
Il faut notamment mener une stratégie industrielle dans tous les secteurs clefs, engager une grande politique de recherche scientifique, faire de l'euro une monnaie de change et de réserve et créer une alliance militaire européenne se substituant à l'Otan. Voilà les priorités incontournables auxquelles devraient se consacrer les autorités européennes !
Malheureusement, ce n'est pas ce qu'elles font et on le voit de façon évidente avec le projet de constitution. Simple usine à gaz institutionnelle qui ne fonde nullement l'Europe puissance qu'il faudrait créer, cette constitution ne définit par les frontières de l'Europe. Elle n'établit pas le principe de l'indépendance de notre continent et ignore l'impératif de puissance, que ce soit sur le plan industriel, monétaire ou militaire.
Cette constitution ne sert donc à rien et ne fonde rien. Il faut dès lors s'y opposer pour arrêter le processus délétère de Bruxelles qui prétend faire l'Europe en la détruisant. Et ouvrir la porte à une autre Europe, une Europe puissance. Une Europe qui cesse d'être l'un des facteurs du déclin de la France pour devenir l'instrument de son renouveau.
(Source http://www.m-n-r.net, le 4 avril 2005)
Ainsi, par exemple, le refus des exclusions qui condamne la préférence nationale rejette également la préférence européenne. Et l'impératif d'abaissement des frontières vaut pour celles qui séparent les États entre eux comme pour celles qui séparent l'Europe du reste du monde.
Il n'est donc pas étonnant que cette vision de l'Europe conduise ses promoteurs à vouloir faire entrer la Turquie dans l'Union. Il suffit à leurs yeux que ce pays adhère aux principes de l'économie libérale et à ceux des droits de l'homme pour y trouver sa place. Mais, selon cette logique, il n'y a pas de limites à l'Europe et n'importe quel pays du monde satisfaisant à ces critères pourrait demain intégrer l'Union. Cette construction prétendument européenne n'a dès lors rien d'européen.
Elle ne constitue au fond qu'une étape dans le grand projet de mondialisation. Il ne s'agit pas en effet de détruire les nations pour ériger une super nation, mais de détruire les nations pour les diluer dans un ensemble qui se diluera lui-même dans le reste du monde. L'Europe de Bruxelles est une machine à dissoudre. La construction européenne ne construit pas l'Europe.
Or, le monde change et ne s'achemine pas vers une planète unifiée. On voit bien qu'il ne sera pas unipolaire, ni bipolaire, mais que de grandes puissances vont s'imposer dans les décennies qui viennent. Il y aura toujours les États-Unis, il y aura la Chine, l'Inde, la nébuleuse islamique et, hélas, il n'y aura pas la France. La seule grande question qui se pose est de savoir s'il y aura l'Europe.
La construction européenne n'a donc de sens que si elle permet à la civilisation, aux nations et aux peuples européens de retrouver leur place sur la scène du monde et de l'histoire. Il faut faire de l'Europe une grande puissance, pourquoi pas la première puissance mondiale ?
Cela peut paraître utopique. Mais c'est possible car l'Europe possède encore tous les atouts nécessaires pour jouer ce rôle. Ne dispose-t-elle pas d'une population plus nombreuse et d'un PIB équivalent à celui des États-Unis ?
Le principal problème est qu'elle ne le sait pas. Les derniers Jeux olympiques d'Athènes ont été à cet égard très intéressants. Officiellement, les grands vainqueurs furent les États-Unis d'Amérique avec 103 médailles et, derrière eux, de façon très révélatrice, la Chine avec 63 médailles. Et chacun d'expliquer que ces résultats préfigurent les équilibres géopolitiques à venir. Pourtant, si l'on additionne les médailles remportées par les pays membres de l'Union européenne, alors c'est elle qui l'emporte et de loin, écrasant tous ses concurrents avec 286 médailles.
Encore faut-il que l'Union européenne, au lieu de se perdre dans les méandres des débats institutionnels, de s'enliser dans le marécage des réglementations tentaculaires et de céder aux chimères de l'élargissement asiatique de l'Union, se consacre à tout ce qui peut renforcer sa puissance collective. Si elle agissait ainsi, alors tout changerait. Car elle aurait un projet que tout le monde peut comprendre et auquel tout le monde peut contribuer. Si l'on suit la logique de la puissance, tout devient simple. On sait où l'on va et l'on sait ce qu'il faut faire.
Il faut notamment mener une stratégie industrielle dans tous les secteurs clefs, engager une grande politique de recherche scientifique, faire de l'euro une monnaie de change et de réserve et créer une alliance militaire européenne se substituant à l'Otan. Voilà les priorités incontournables auxquelles devraient se consacrer les autorités européennes !
Malheureusement, ce n'est pas ce qu'elles font et on le voit de façon évidente avec le projet de constitution. Simple usine à gaz institutionnelle qui ne fonde nullement l'Europe puissance qu'il faudrait créer, cette constitution ne définit par les frontières de l'Europe. Elle n'établit pas le principe de l'indépendance de notre continent et ignore l'impératif de puissance, que ce soit sur le plan industriel, monétaire ou militaire.
Cette constitution ne sert donc à rien et ne fonde rien. Il faut dès lors s'y opposer pour arrêter le processus délétère de Bruxelles qui prétend faire l'Europe en la détruisant. Et ouvrir la porte à une autre Europe, une Europe puissance. Une Europe qui cesse d'être l'un des facteurs du déclin de la France pour devenir l'instrument de son renouveau.
(Source http://www.m-n-r.net, le 4 avril 2005)