Déclaration de M. Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA, sur le bilan de l'action de la FNSEA en 2004, sur l'aboutissement de la réforme du fonctionnement interne de la FNSEA et sur l'élaboration et la teneur du rapport de congrès de la FNSEA, Le Mans le 23 mars 2005.

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Circonstance : 59ème Congrès de la FNSEA au Mans les 23 et 24 mars 2005

Texte intégral

Mesdames, Messieurs les présidents
Mes chers amis,
Cher Jean-Loïc,
Cher Claude,
Je suis très heureux de vous accueillir pour notre 59ème congrès.
En venant au Mans, nous sommes plongés au cur d'un département très agricole, où les exploitations sont restées à taille humaine. Et je sais qu'il y a bien autre chose à découvrir que les rillettes ! Ici, toutes les productions sont représentées.
Je voudrais féliciter l'équipe locale qui, autour de Jean-Loïc et de Guy Breuillaud, met tout en uvre depuis un an pour nous accueillir dans les meilleures conditions possibles.
On peut les applaudir.
[Le libéralisme et la constitution]
Avant de revenir sur les événements de l'année écoulée, je voudrais d'entrée préciser deux choses.
Première chose :
Pour certains, ce rapport serait inspiré par le libéralisme ambiant. Il ne ferait que traduire au plan national les orientations libérales décidées à Bruxelles.
Ceux qui pensent ça l'ont mal lu :
- donner plus de pérennité à nos exploitations, notamment à celles exploitées en fermage, ce n'est pas du libéralisme ;
- rendre la politique des structures plus lisible et plus efficace, ce n'est pas du libéralisme ;
- éviter le pillage des terres agricoles et donner plus de cohérence aux différents opérateurs fonciers, ce n'est pas du libéralisme ;
- renforcer le rôle des interprofessions, mettre en place des centrales de ventes, rénover la coopération, ce n'est pas du libéralisme.
N'instruisons pas de faux procès. Dès les premières lignes du rapport nous affirmons : " une politique agricole, c'est à dire un système de régulation des volumes et des prix et de compensation des handicaps est plus nécessaire que jamais ".
Mais ce que nous ajoutons, c'est que ce n'est pas en regardant derrière nous que nous pourrons reconstruire une véritable politique agricole.
Cette politique, elle ne nous arrivera plus toute cuite de Bruxelles. Elle dépendra surtout de nous-mêmes, de notre capacité à nous organiser, à restructurer nos outils.
C'est à ce prix que nous pourrons demain vivre de notre métier et échapper au diktat de la grande distribution.
Le libéralisme, c'est chacun pour soi et que le meilleur gagne. Ce que nous proposons, c'est exactement le contraire : plus de solidarité, plus d'organisation.
Deuxième chose :
Il paraît que le grand sujet de ce congrès est la constitution européenne. C'est un grand sujet, c'est vrai. D'ailleurs, nous avons organisé, le 16 février dernier, une journée sur l'Europe, au cours de laquelle nous avons pu entendre les thèses des uns et des autres.
Grâce à l'Europe, s'est construit un espace de paix et de liberté.
Grâce à l'Europe, l'agriculture française est devenue la deuxième puissance agricole au monde.
Je n'imagine pas un seul instant que les agriculteurs puissent se replier sur le seul marché hexagonal.
Nous avons besoin d'Europe, de plus d'Europe, et d'une Europe qui fonctionne mieux au service de ses citoyens et de son économie.
Le débat sur la constitution est l'affaire des citoyens et donc de chacun de nous.
Cela dit, ce n'est pas le rôle de la FNSEA, organisation syndicale, de se prononcer sur ce vote.
J'ai été très clair sur ce point : il n'y a pas de consigne de vote à la FNSEA et chacun votera en son âme et conscience.
[La réforme du fonctionnement]
Il y a trois ans, nous avons mis en uvre une réforme de notre fonctionnement interne.
Je crois que nous pouvons être satisfaits du résultat.
La réorganisation des commissions, la commission syndicale avec les 22 présidents de régions, la relance du comité de coordination des associations spécialisées, et surtout la mise en place du conseil fédéral, ont permis à la FNSEA d'être encore plus efficace.
Je voudrais d'ailleurs souligner ici l'excellente participation de l'ensemble des départements au conseil fédéral : votre engagement est un appui essentiel pour toutes nos actions.
Grâce à cette réforme, la FNSEA peut s'appuyer avec plus d'assurance sur son réseau, qu'il s'agisse des départements ou des productions.
[l'année écoulée]
Nous avons connu cette année des moments très difficiles. Je pense en particulier aux producteurs de fruits et légumes, de lait et aux viticulteurs. Il a fallu agir auprès des pouvoirs publics, puis descendre dans la rue pour faire comprendre la détresse des producteurs.
Nous nous sommes aussi mobilisés, au moment de la hausse du prix du baril de pétrole, pour obtenir le remboursement de la TIPP.
Nous avons fait entendre, dans les différents départements, le mécontentement paysan quand sont arrivés dans les boîtes aux lettres, les documents sur la conditionnalité.
Nous étions aussi mobilisés pour défendre notre régime de protection sociale en participant en masse aux élections de la MSA.
Et puis, les différents responsables de la FNSEA, se sont battus, en votre nom, pour faire avancer le dossier de l'assurance récolte, pour obtenir un assouplissement sensible des contrôles du CNASEA sur les prêts bonifiés, pour faire entendre la voix des producteurs dans les négociations avec la grande distribution.
Sur ce sujet, nous n'avons jamais lâché prise et nous avons bien fait. Dans la loi sur les territoires ruraux, des dispositions devraient permettre d'améliorer la situation des producteurs.
Nous comptons bien sur le projet Jacob de réforme de la loi Galland pour obtenir de nouvelles avancées, notamment sur l'encadrement des pratiques commerciales et le seuil de revente à perte.
Il faut continuer à maintenir la pression, car le rapport de force est le seul langage que comprend la grande distribution.
Toutes ces actions, du local au national, montrent toute la vigueur, la force et la dynamique de notre réseau. Elles démontrent que notre union est nécessaire pour faire avancer la cause des paysans.
La force de notre réseau, c'est sa diversité. Il faut qu'elle continue à s'exprimer comme vous l'avez fait hier au huis-clos et comme vous le ferez cet après-midi lors des discussions sur le rapport d'orientation.
[le rapport d'orientation]
Jamais, je crois, notre structure n'aura été aussi impliquée dans l'élaboration d'un rapport de congrès.
Trois groupes de travail ont été mis en place dès le mois de septembre dernier sous la responsabilité de Claude Cochonneau (accès au métier), de Jean-Luc Bidal (accès au foncier) et de Didier Marteau (accès au marché). Ces groupes ont associé des administrateurs, des présidents de FDSEA, des présidents d'associations spécialisées ainsi que les JA.
Ils ont tenu plus de 15 séances de travail, ils ont auditionné les personnalités extérieures de leur choix. Leurs conclusions ont été soumises au conseil d'administration du 16 décembre dernier qui a adopté une note de synthèse qui a constitué la trame de notre rapport.
Enfin, le conseil fédéral du 20 janvier a consacré toute sa matinée à une présentation et à un débat sur ce rapport.
Après son adoption par le conseil d'administration du 17 février, ce rapport, comme le prévoient nos statuts, a été adressé à notre réseau.
Le réseau a fait remonter des amendements et notre conseil du 10 mars en a retenu un grand nombre qui ont été intégrés dans le rapport qui vous a été remis hier, afin que nous puissions travailler ici même sur une version enrichie par les régions et les départements, les sections sociales et les associations spécialisées.
Jamais, je crois, un rapport n'aura été autant lu et disséqué. Jamais il n'aura suscité autant de réactions, les unes favorables, les autres moins.
Et c'est tant mieux. On a trop souvent présenté la FNSEA comme un mammouth pris dans les glaces, comme un lieu stérile où il n'y avait ni idées, ni débats, où à force de vouloir ménager la chèvre et le choux, on finissait par ne plus rien dire, pour préserver une unanimité de façade.
Ce rapport et les débats qu'il suscite démontrent de façon éclatante le contraire. La FNSEA ne court pas derrière les idées des autres. Elle s'efforce d'explorer certaines voies, d'anticiper les évolutions futures, en n'hésitant pas, quelque fois, à secouer les colonnes du temple.
Je sais que vous attendez avec impatience le débat de cet après-midi. Moi aussi. Mais dites-vous bien que le débat ne sera pas achevé ce soir.
Il faudra revenir sur certains points, approfondir certains autres : bref : on a de quoi nourrir notre réflexion interne pendant de longs mois encore.
Je sais aussi que vous interviendrez de façon disciplinée, et que pour se comprendre il faut d'abord s'écouter.
[les intervenants extérieurs]
En fin de journée, le ministre de l'Agriculture interviendra sur les différents dossiers d'actualité. Demain, la journée sera particulièrement chargée. Nous commencerons par une intervention des secrétaires généraux adjoints et nous enchaînerons avec les représentants des partis politiques. Ce sont nos invités, et nous les accueillerons en respectant leurs idées même si ce ne sont pas toujours les nôtres.
Enfin, le Premier ministre nous fera l'honneur de clore notre congrès.

[les élections]
Mais aujourd'hui, vous aurez aussi à désigner vos représentants au conseil d'administration et dans les différentes commissions.
Une nouvelle équipe prendra le relais après le congrès. Je voudrais remercier ici ceux qui n'ont pas compté ni leur temps ni leur peine au service des paysans et de la FNSEA et qui ne se représentent pas : Dominique, Henri, Maryanick, Gilbert, Pierre, Bernard et Richard : un grand merci à vous tous !
Et je voudrais déjà encourager la nouvelle équipe à mettre les bouchées doubles : sa mission est essentielle face aux échéances qui nous attendent, de plus c'est elle qui nous mènera aux élections aux Chambres d'Agriculture.
Ces élections seront l'affaire de tous. C'est là que nous montrerons la force de notre réseau.
Et bon travail à tous !
(Source http://www.fnsea.fr, le 23 mars 2005)