Texte intégral
Q - La Commission européenne vient d'adopter un projet de budget pour 2007-2013, en très forte hausse par rapport à l'actuel budget pour faire face, dit-elle, à l'élargissement de l'Europe à 25. La France est contre cette augmentation avec d'ailleurs 5 autres pays. Quels sont vos arguments, pourquoi la France est-elle contre cette augmentation du budget européen ?
R - D'abord, nous ne sommes pas contre toutes les propositions de la Commission. Nous attendions ces propositions et elles sont venues dans les délais. Ce sont des propositions de début de négociation. Nous avons encore de longs mois devant nous pour continuer à discuter. Nous sommes d'accord avec la Commission pour souligner que le double objectif du budget de l'Union européenne doit être la croissance de l'Union et la solidarité entre les Etats membres de l'Union européenne. Simplement, nous considérons qu'il faut donner aujourd'hui un signal de maîtrise budgétaire beaucoup plus fort, compte tenu des contraintes qui sont les nôtres. Je pense que la France a toute raison de tenir ce langage de rigueur.
Q - Mais donc en prônant le gel du prochain budget européen, ne craignez-vous pas d'instaurer une "Europe au rabais", c'est l'expression de Pat Cox, le président du Parlement européen ?
R - Non. Mais nous souhaitons que les discussions permettent d'intégrer cette rigueur budgétaire dans les objectifs, y compris chiffrés, qui sont fixés pour les différentes politiques. Nous avons préservé la Politique agricole commune (PAC). Néanmoins un effort sera fait, puisque la part de la PAC dans le budget devrait décroître. Nous stabilisons en effet en euro le financement de la Politique agricole commune. Par ailleurs, nous sommes conscients que la politique régionale devra être destinée par priorité aux régions qui sont en phase de rattrapage économique et social, dans les nouveaux pays entrants. Mais pour le reste, les politiques communautaires devront permettre de financer de manière plus substantielle la recherche, le développement technologique, les infrastructures en réseau, l'action extérieure. Nous voulons seulement que ces financements tiennent compte d'un ensemble de contraintes. Il y aura à cet égard des discussions chapitre par chapitre, ce qui est normal car nous sommes en début de négociation.
Q - Il y a désaccord sur les moyens. Est-ce que cela ne risque pas de décourager un peu cette nouvelle Europe qui vient nous rejoindre, avec qui nous avons déjà des relations pas toujours très faciles depuis la guerre en Irak, sur la Constitution ?
R - Non, car d'une part nous avons absolument adhéré à l'idée que la politique régionale était destinée par priorité à ces pays. C'est, d'autre part, la France qui a soutenu l'idée que ces nouveaux partenaires devaient bénéficier dès leur adhésion, des aides agricoles, selon une certaine progressivité, d'année en année certes, mais dès 2004. Nous avons ainsi voulu les inclure d'emblée dans le cadre de la PAC. Par ailleurs, nous avons été parmi les premiers à plaider pour que des financements suffisants leurs soient accordés dans le cadre des jumelages. Donc ils n'ont aucune inquiétude à avoir. Simplement, je le répète, nous pensons que les négociations qui se sont ouvertes maintenant doivent tenir compte de différents impératifs : la croissance et la solidarité certes, mais aussi la maîtrise budgétaire.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 février 2004)