Texte intégral
Questions sms :
Jf22 : Qu'est ce qu'un référendum ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Un référendum ? C'est la prise de parole du peuple : le contact direct entre l'avenir du pays et le citoyen !
Mimi0057 : En quoi servira la Constitution ? Je suis jeune et je ne comprend pas trop en quoi elle servira.
Jean-Pierre RAFFARIN : Pourquoi ? A 25, sans Constitution c'est la pagaille. Qui décide ? Sur quoi ? Qui est concerné ? C'est une règle du jeu !
Souad : Quel est pour vous, monsieur Raffarin, l'argument fondamental pour voter "oui" à la Constitution européenne ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Pourquoi voter "oui" ? Le "oui", c'est un projet et le "non" un désordre. C'est un projet d'avenir pour les idées européennes. Le "non" c'est un désordre entre les idées de Messieurs Le Pen et Besancenot.
amoureufou : Que se passera t-il si l'on vote "non" au référendum ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Panne d'Europe, influence grandissante des Etats-Unis, inquiétude pour les relations franco-allemandes ! Et pour moi, l'Europe veut dire PAIX car elle est née de la Guerre... Les relations franco-allemandes sont essentielles à l'Europe donc à la paix.
Zoe : Do you know Tony Blair ? How important is European Union for french people ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Je le connais, je l'apprécie. J'ai confiance en son engagement européen. Pour les Français, l'Europe c'est la survie de leurs idées, leurs projets dans un monde plus intercontinental.
Rockmel : Quels seront les conclusions que vous tirerez personnellement en cas de refus de Constitution, notamment à l'égard du vote contestataire ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Le Président de la République tout comme l'opposition ont déclaré que le référendum n'était pas une échéance d'alternance, celle de politique intérieure est en 2007. Pour mon sort personnel, il est entre les mains du Président de la République... et malgré tout je suis relax mais attentif aux protestations !
ls35 : Tout simplement savoir les conséquences réelles sur l'emploi et la santé si le "oui" l'emporte. Pour le moment je vote "non".
Jean-Pierre RAFFARIN : Sur la santé, l'Europe laisse toute responsabilité, hors recherche, à l'échelon nationale mais la recherche en santé est très important pour lutter vu les grandes épidémies au niveau européen. Le monde entier ignore ce que sont les services publics à la française. Dans l'article 296, seule l'Europe les reconnaît. Si on ne veut pas que le modèle français soit écrasé par les autres modèles mondiaux, il faut voter pour la Constitution européenne.
jerrylee1 : Comment voter pour une Constitution qui ne fait pas référence à la chrétienté qui a construit l'Europe.
Jean-Pierre RAFFARIN : Meilleurs voeux pour Benoît XVI qui vient d'être élu. L'article 282 de la Constitution reconnaît la diversité religieuse de l'Europe. Les racines chrétiennes de l'Europe inspirent souvent la rédaction du texte.
Punkie5 : Où puis-je me procurer la déclaration sur l'Europe ? A la mairie ? Je souhaiterai avoir une adresse et pas de site internet car je ne peux pas accéder à internet.
Jean-Pierre RAFFARIN : Tous les électeurs recevront la Constitution dans les 15 derniers jours qui précèdent le référendum et on peut la commander en appelant au 08 10 20 05 25.
bombe46 : Croyez-vous que la mesure Bolkestein puisse réellement être appliquée ? Car si je vote "non" ça sera pour cela. A part ça le reste a l'air une bonne idée.
Jean-Pierre RAFFARIN : Voter "non" c'est accepter les règles qui ont permis la directive Bolkestein. Voter "oui", c'est voter pour des nouvelles règles qui peuvent empêcher cette directive. Quand on est mécontent, voter "non" c'est voter pour une Europe dont on est mécontent.
khalid : Si la France vote contre la Constitution européenne, quelles conséquences craignez-vous pour l'Allemagne et pour les relations franco-allemandes ?
Jean-Pierre RAFFARIN : C'est pour moi la conséquence la plus grave : l'Europe est née de la volonté de paix de la France et de l'Allemagne. Nous ne pouvons pas envisager notre avenir continental sans un rapprochement permanent, stratégique mais aussi affectueux. Je serais inquiet que la France dise "non" quand l'Allemagne dit "oui". Dans cette perspective préoccupante, des initiatives très fortes seraient nécessaires pour conforter à tout jamais le lien franco-allemand jusqu'à ce jour assuré par la construction européenne.
Leserpent : Est-ce qu'avec la Constitution européenne on gardera nos droits de salarié francais ? N'y a-t-il pas un risque de régression sociale ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Le risque est dans la non-Europe, dans la mondialisation non maîtrisée. L'Europe apporte des sécurités sur le statut social. Exemple : elle garantit le service public, la liberté d'entreprendre, les droits des salariés. L'Europe n'enlève rien au statut social actuel.
Dydycy11 : Qu'elles seront les décisions politiques prises par la France avant la Constitution qui ne dépendront plus de notre Nation après ? Et qu'est-ce que cela change ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Principalement, les compétences transférées à l'Union européenne concernent l'espace judiciaire européen : le mandata d'arrêt européen, les procédures de coordination seront moins nationales et plus européennes. Les inégalités entre européens, notamment de salaires et de prestations sociales auront tendance avec le temps à se réduire puisque les pays entrant dans l'Europe souhaitent partager le niveau de vie de l'Europe donc les écarts seront diminués. Il restera évidemment des différences.
Jerem67 : C'est quoi de nouveau pour les jeunes ? Le "oui" pour la continuité ou le changement ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Le "oui" pour le changement ! Nouveau traité, nouvelle Europe... Pas de traité, ancienne Europe ! Le vote "oui", c'est un coup de jeune à l'Europe. Le "non", c'est l'immobilisme.
zizou98 : Bonsoir je suis mère au foyer, j'ai 6 enfants. Pensez-vous que l'Union européenne puisse apporter du travail aux jeunes etc. J'ai peur pour l'avenir de mes enfants. Amicalement.
Jean-Pierre RAFFARIN : L'avenir est plus positif dans l'Union que dans l'isolement. Il y a évidemment toujours des incertitudes. Je mentirais en disant le contraire mais la croissance sera plus forte et les emplois nombreux grâce à l'Union européenne. Le vote "oui" est sûr pour vos enfants.
lilandra : Bonjour monsieur le Premier ministre. Je voulais savoir pourquoi vous allez en Chine demain ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Je vais en Chine parce que l'Union européenne est le premier fournisseur économique de la Chine. La Chine connaît une croissance de plus de 9%. Il faut soutenir nos entreprises pour qu'elles vendent davantage aux Chinois et pour qu'elles créent en France des emplois. J'ai des objectifs économiques qui doivent faire l'objet de discussions permanentes, notamment pour surmonter des difficultés telles que celles que nous connaissons aujourd'hui dans le domaine du textile.
Beaugosse76 : Pourquoi vous ne prenez pas la Turquie dans l'Europe. Maintenant je trouve que la Turquie est mieux placée que la Pologne, la Roumanie, la Bulgarie, le Portugal...
Jean-Pierre RAFFARIN : La Turquie aujourd'hui ne répond pas aux critères de vie à l'européenne, critères économiques, sociaux ou politiques. La Turquie doit faire la preuve au delà des déclarations au sein de la société de sa volonté de vivre les valeurs européennes. Le peuple turc doit apporter la preuve de sa détermination. C'est le peuple français qui aura le dernier mot.
Doda : Chirac ne m'a pas convaicu jeudi soir à la télévision : trop ému pour être convaincant. Peut-on envisager un débat télévisé Raffarin - Fabius pour nous convaincre du "oui" ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Je suis ouvert à tous les débats. Je pense qu'il y a de nombreux débats de programmés mais peut-être que le plus efficace aujourd'hui est de rechercher le dialogue direct comme nous le faisons pour répondre aux questions individuelles. Il s'agit d'un sujet complexe qui s'accommode mal de shows médiatiques.
peacenlove2 : Les frontières sont porteuses de conflits, qu'en pensez-vous ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Les frontières peuvent être porteuses d'amour. L'autre n'est pas un ennemi, l'étranger n'est pas un adversaire. Il y a du bonheur à la découverte. Une frontière est bonne quand elle est franchie. C'est vrai sur le plan territorial et aussi sur le plan social. La fraternité est sans frontière.
Unsupergars : Monsieur Raffarin, je suis un petit exploitant agricole. Croyez-vous que nous petit avons de l'avenir au sein de l'Europe ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Oui, oui, oui ! Sans l'Europe, l'agriculture familiale souffrirait terriblement de la compétition mondiale. La France a réussi à obtenir 300 milliards d'euros pour l'agriculture européenne jusqu'à 2013. La France étant le premier avocat de l'agriculture, il est clair que la France affaiblie conduirait à ce que nos partenaires financent de nouveaux projets sur les lignes agricoles. Voter "oui", c'est voter pour une stabilité des aides à l'agriculture.
Acier44 : Quel est l'avenir de la relation des pays de la rive sud de la Méditerranée avec l'Europe dans la nouvelle Constitution ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Article 57, l'union développe avec les pays de son voisinage des relations étroites et pacifiques reposant sur la coopération. Les pays de la Méditerranée au-delà des accords de Barcelone, doivent trouver, avec ce Traité, la possibilité de signer avec l'Union de vrais contrats de voisinage.
Fma1 : Bonjour, je voudrais savoir selon vous ce qui pourrait pousser les gens à voter "non".
Jean-Pierre RAFFARIN : Il ne faut pas me pousser à faire la campagne du "non", j'en suis incapable culturellement, historiquement, politiquement. Mais si vous connaissez dans le monde un ennemi de l'Europe, vous pouvez supposer qu'il voterait "non", ce qui me conduit à voter "oui.
will89 : Etes-vous européen ou poitevin avant tout ?
R - Je suis Européen... mais je crois à la conjugaison des identités et donc à la diversité culturelle. Je crois au fait régional en Europe et je crois que l'Europe à 25 pays et 450 millions d'habitants a besoin de l'identité régionale pour assurer la cohésion territoriale. Je suis donc et européen et poitevin.
Questions web :
QUESTION : Bonjour Monsieur le Premier ministre, ne serait-il pas possible de nous traduire dans un langage plus accessible les avantages de cette Constitution ? Cela éviterait de craindre de voter "oui" par méconnaissance des conséquences autant positives que négatives. Le texte actuel est incompréhensible pour les néophytes en politique.
Jean-Pierre RAFFARIN : Le texte est une règle d'organisation d'une nouvelle Europe à 25 membres. C'est un règlement qui n'est ni de gauche ni de droite comme la Constitution de 1958. Un règlement intérieur qui permet plus de démocratie plus de place aux citoyens. Le droit de pétition. Un million de citoyens peuvent saisir la Commission avec un projet de loi. Démocratie directe. Renforcer des parlements nationaux. Plus de pouvoir aux citoyens. La Constitution ce n'est pas une doctrine politique, c'est un code de bonne conduite qui reconnaît enfin une place au citoyen dans les institutions.
QUESTION : Monsieur Raffarin, pourquoi le Président et le Gouvernement n'assument-ils pas le fondement libéral de toute l'Union Européenne ? Pourquoi préfèrent-ils contre toute raison se ridiculiser aux yeux de l'Union Européenne et de l'électorat de droite, en passant pour des gauchistes dirigistes, protectionnistes et archaïques, au lieu de défendre le libéralisme et son bilan ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Les délocalisations les plus menaçantes sont celles qui concernent des pays lointains comme l'Inde. Il nous faut donner à nos entreprises la force continentale pour équilibrer la force asiatique et américaine. Il ne faut pas craindre aujourd'hui la Pologne comme hier on a craint l'Espagne. Aujourd'hui le développement de l'Espagne crée des emplois en France. Demain le développement de la Pologne créera des emplois en France. L'ouvrier Polonais ne rêve pas d'être le prolétaire de l'Europe.
DE NONI Arnaud : En quoi et comment cette Constitution va changer ma vie quotidienne de Français ?
Jean-Pierre RAFFARIN : La Constitution renforce l'espace européen. C'est bon pour la sécurité. C'est bon pour la croissance. C'est bon aussi pour la culture. Ca changera fondamentalement la vie des jeunes enfants qui ont aujourd'hui 10 ans et qui seront majeurs dans 8 ans. Pour vous le changement est progressif et vise a donner au mode de vie européen les moyens de survivre par rapport aux autres modes de vie mondiaux. J'ajoute que sur des sujets de recherche, comme la lutte contre le cancer ou le sida, l'Europe nous donne des moyens d'action plus puissants.
Mr M'SIRI Djillali : Bonjour, comment imaginez vous l'Europe de demain ? D'un point de vue économique et financier sans oublier le social ? Que vont devenir les PME françaises, déjà bien affaiblies par la politique sociale actuelle ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Les PME françaises pourront vendre plus facilement dans un marché de plus de 500 millions de consommateurs. Elles pourront faire des alliances avec d'autres PME européennes, notamment les PME allemandes qui sont particulièrement dynamiques. L'avenir des PME françaises passe par des alliances européennes, des réseaux qui traversent les 25 économies. La politique sociale de l'Union européenne est renforcée avec le nouveau Traité. Voter "oui" c'est voter pour plus de social. Voter "non" c'est rester dans la situation actuelle.
RANO Emmanuelle : Pouvez-vous expliquer aux sceptiques, en peu de phrases, les progrès sociaux qu'apporte cette Constitution ?
Jean-Pierre RAFFARIN : La Constitution reconnaît pour la première fois les syndicats, les associations et les représentants de la société civile. C'est l'article 147. Elle s'engage pour l'égalité homme-femme. Elle protège les salariés en cas de licenciement injustifié : article 290. Et elle défend les conditions de travail justes et équitables : article 291. Sur le plan social au sens large, l'Europe défend aussi les droits de l'enfant, des personnes âgées et l'intégration des personnes handicapées : article 286.
Monmac francois : Bonjour monsieur le Premier ministre, en cas de victoire du "non" est-il possible de refaire le référendum par exemple un an plus tard ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Non, en cas de référendum négatif, l'Europe sera profondément secouée par le recul de l'un des pays fondateurs. Le processus de reconstruction d'un nouveau projet qui devra être négocié sera aussi long que le processus qui nous conduit à ce Traité. Nous serons donc durablement en panne d'Europe.
Avec le Traité, le Chef de l'Etat ne risque-t-il pas de devenir l'équivalent d'un gouverneur aux USA ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Non car le Chef de l'Etat est membre du Conseil européen alors que le gouverneur n'a pas de pouvoir politique central. Le Président de la République est un acteur permanent de l'organe de décision qui lui même va devenir permanent. Le conseil européen sera présidé par une personnalité élue responsable à plein temps. C'est une grande innovation. Aujourd'hui, le président de l'Union européenne est élu pour 6 mois et à temps partiel, souvent à temps très partiel. Avec la nouvelle Constitution, le président sera élu pour 2 ans, et peut-être 5 à plein temps, et se consacrera à ses responsabilités.
Bravo Foxy : Bonjour de Belgique, monsieur le Premier Ministre, quand la France redeviendra-t-elle attractive aux entrepreneurs et arrêtera-t-elle aussi d'inciter ses propres concitoyens à partir ? Je pense aux charges, à l'IR, à l'impôt sur les plus-values, à l'ISF... et surtout à l'esprit d'une certaine idée de la France, qui demande courage et volonté.
Jean-Pierre RAFFARIN : J'ai présidé hier un panel d'entrepreneurs étrangers installés en France. Il y avait autour de la table des PDG japonais, danois, allemands, anglais. Nous avons cette réunion tous les ans et nous avons fait le point des actions engagées par la France pour être d'avantage attractive. L'assouplissement des 35 heures et la baisse des impôts ont été parmi les deux mérites, reconnus par ce panel, de la politique actuelle de la France.
rebelle : Monsieur le Premier ministre, vous répondez vraiment aux questions ou est-ce votre service de presse ô combien prestigieux et lié à une très bonne agence de communication ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Il y a de très nombreux témoins ici pour dire que je n'ai qu'un outil pour répondre qui est le texte de la Constitution. Je le montre à tous. Il est coloré et bariolé de tous les arguments qui me semblent importants pour convaincre. Je n'ai pas besoin de service de presse pour convaincre les Français. Je suis un européen convaincu depuis tout petit : je suis né près de Cognac, la patrie de Jean Monet. Le sang de l'Europe coule dans mes veines.
soussan mathieu : Bonsoir monsieur le Premier ministre. J'ai 25 ans et je me pose une question claire qui attend une réponse qui le serait tout autant. La Constitution européenne n'est elle pas plus profitable aux pays de l'Est plutôt qu'aux pays riches ?
Jean-Pierre RAFFARIN : La Constitution est profitable aux nouveaux pays qui viennent y chercher la liberté et le développement. Quand le Portugal et l'Espagne sont entrés dans l'Union Européenne, les Français, notamment dans le Sud-Ouest étaient très inquiets. Je me souviens des agriculteurs qui avaient peur des fruits et légumes espagnols. Grâce à l'Europe l'Espagne et le Portugal se sont développés et sont devenus pour la France des marchés profitables. Aujourd'hui les échanges entre la France et l'Espagne sont positifs. Il est clair que l'Europe va profiter à la Pologne. Les polonais vont voir leur niveau de vie augmenter mais ceci sera bon pour l'emploi des entreprises françaises qui vendront des produits aux polonais. Plus de croissance en Europe, c'est plus d'emploi en Europe. Il est normal que ceux qui sortent de leur histoire communiste soient les premiers bénéficiaires pour combler leur retard de développement.
Dupuy Henri : Bonjour Monsieur le Premier ministre, ne pensez-vous pas qu'il serait bon d'engager un autre référendum sur l'entrée de la Turquie ? Cela permettrait de recentrer le débat sur la Constitution. Je pense en effet qu'il existe le sentiment en France que ce référendum est la dernière occasion de s'exprimer sur les questions européennes avant longtemps.
Jean-Pierre RAFFARIN : L'éventuelle entrée de la Turquie, qui pour moi fait l'objet aujourd'hui d'un pronostic défavorable, sera en tout état de cause soumis par référendum au vote des français. Nous avons réformé la Constitution française pour que ce soit le peuple français qui ait le dernier mot pour de tels élargissements.
Article II-70, concernant la liberté de pensée, de conscience et de religion mentionne la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé. Comment concilier cet article avec la loi interdisant le port du voile à l'école ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Cet article doit être rapproché de l'article 1-52 qui dit que l'union respecte et ne préjuge pas du statut dont bénéficient, en vertu du droit national, les communautés religieuses. Il est clairement dit dans la Constitution que c'est en vertu du droit national que s'exprimera le respect des pratiques religieuses. Le droit national affirmant la laïcité, la loi française pourra être respectée.
Gaffuri Olivier : La Constitution européenne est souvent taxée de libérale. Au delà de la véracité de cette affirmation, pourquoi la notion même de libéralisme, célébrée dans le monde entier, est-elle à ce point diabolisée dans notre pays ?
Jean-Pierre RAFFARIN : La Constitution n'est pas en tant que telle un dogme idéologique. C'est un ensemble de règles démocratiques et, si elle est libérale, c'est au sens du libéralisme politique du 18e siècle qui a crée la Déclaration des droits de l'homme. Sur le plan économique, il n'y a pas d'option politique donc ce n'est ni un choix libéral ni anti-libéral. C'est aux dirigeants européens de définir et d'assumer leur politique tout comme la Constitution française permet aux dirigeants français d'assumer leurs choix politiques.
Baijot Gauthier : Monsieur le Premier ministre, en tant que jeune travailleur français à Londres, je suis très étonné par la réduction du débat sur la Constitution à un conflit de politique intérieure. N'est-il pas trop tard maintenant pour élever le débat de nouveau face au risque du "non" ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Je ne crois pas parce que le résultat du référendum reste incertain et qu'ainsi chaque citoyen est placé devant sa propre responsabilité. Il ne s'agit pas de voter en fonction d'un pronostic mais de voter en fonction d'une conviction sur l'avenir européen de la France. Chaque voix va compter et je pense qu'aujourd'hui chaque français s'engage dans une réflexion personnelle qui le conduira le 29 mai à un vote responsable. Je crois qu'il s'agira d'avantage d'un vote d'avenir que d'un vote d'humeur.
Monmac Francois : La Constitution va t-elle permettre à l'Europe d'être la première grande puissance de demain ?
Jean-Pierre RAFFARIN : La compétition sera rude mais sans l'Europe nous sommes sûrs de perdre cette compétition. Je pense que l'Europe a le potentiel pour dans de nombreux domaines être leader mondial. Prenons l'exemple de l'énergie du 21ème siècle, l'énergie des étoiles, l'énergie post nucléaire. Le projet euro peen iter fondé sur une compétence française, allié à des expertises européennes est aujourd'hui un projet mondial soutenu par la Chine et les USA, iter airbus Ariane il y a de nombreux projets européens pour lesquels notre ambition est mondiale.
minart laurent : Bonsoir monsieur le Premier ministre. Ce n'est pas vraiment une question. Je vous félicite... avec tout ce que l'on vous met sur le dos, peut-être bientôt "le naufrage du Titanic". J'admire votre force. Quel est votre secret ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Une paix intérieure qui me vient de ma sérénité familiale, et une paix politique qui me vient de la confiance du Président de la République et du soutien de la majorité. Je suis ainsi en paix avec moi même et je reste donc un homme libre face à l'avenir.
ritto christophe : Monsieur le Premier ministre, bonsoir. Une question concrète. Quelle est l'avenir de nos services publics avec cette nouvelle Constitution ?
Jean-Pierre RAFFARIN : L'art II-96 reconnaît les services publics afin de promouvoir la cohésion sociale mais aussi la cohésion territoriale. Il reconnaît les services tels qu'ils sont prévus par les législations et pratiques nationales. Ces services appelés d'intérêt général trouvent dans la Constitution le prolongement européen de la culture française. Je pense que, dans la mondialisation, l'Europe peut protéger nos services publics. Sans l'Europe ne comptons pas sur les autres systèmes économiques continentaux pour défendre les services publics.
uzan ingrid : Monsieur le Premier ministre, ne croyez-vous pas qu'il est contradictoire de dire en ce moment aux Français que l'Europe est un progrès (ce dont je suis convaincue), tout en l'accusant sans cesse hors période de référendum de tous les maux, sans jamais mettre en avant ses apports (infrastructures financées, protection des consommateurs, etc.).
Jean-Pierre RAFFARIN : Je confesse. C'est le jour que depuis des dizaines d'années les responsables politiques français ont chargé la barque de la construction européenne. Il faut dire que la bureaucratie européenne devenant envahissante, a prêté le flanc à la critique. Je suis aussi sincère en disant que l'Europe d'aujourd'hui a de nombreuses faiblesses. C'est pour cela que je pense qu'avec le nouveau traité nous pouvons la corriger. Par exemple en donnant de la permanence aux responsables politiques, nous renforçons leur poids par rapport à l'administration qui jusqu'à maintenant était la seule force à bénéficier de la stabilité dans le temps.
Marques Chris : Bonsoir monsieur le Premier ministre, pensez-vous que la Constitution européenne aura une incidence dans la vie politique française ?
Jean-Pierre RAFFARIN : La Constitution européenne est née d'une convention présidée par Valéry Giscard d'Estaing. Ce qui fait que ce texte est souvent d'inspiration française. Réciproquement la Constitution intègre des éléments fondateurs de notre pacte national tels que la charte des droits fondamentaux, le dialogue social, les services publics, etc. Notre parlement national sera aussi saisi pour éviter que l'Europe empiète sur les compétences de la France. J'ajoute que les citoyens français pourront participer d'avantage à la vie de l'Europe au travers de nouvelles initiatives : le droit de pétition, le médiateur, la reconnaissance des associations. Dans ce Traité, la politique est renforcée et la place du citoyen confortée. Le vote "oui" donnerait à la France un rayonnement international majeur. Les américains et bien d'autres attendent le choix de la France. De toute évidence sur le plan mondial le pays des fondateurs de l'Europe s'affaiblirait en tournant le dos au destin qu'il a lui même initié.
uzan ingrid : Monsieur le Premier ministre, pourquoi ne pas orienter la campagne pour le "oui" vers des choses concrètes : donner des exemples de progrès de la vie quotidienne des Français obtenus grâce à des transpositions de directives européennes ? Cela convaincrait peut-être que l'Europe ce n'est pas que la directive Bolkeinstein.
Jean-Pierre RAFFARIN : C'est vrai que l'Europe apporte de nombreux progrès qui touchent la vie quotidienne. Je donne des exemples notamment dans le domaine de l'environnement et du développement durable. Ainsi la lutte contre les émissions de gaz carbonique, la protection de la nature avec les contrats Natura 2000, la lutte contre les pollutions des navires voyous montrent que l'Europe se préoccupe de la sécurité au quotidien. J'ajoute que c'est grâce à une coordination européenne des politiques des télécommunications que internet aujourd'hui prend une place essentielle et très rapide en France. L'une de mes plus grandes fiertés en tant que Premier ministre depuis 2002 c'est qu'un français sur 2 est internaute et plus de 7 millions de Français sont connectes en haut débit.
Rigaud Olivier : Monsieur le Premier ministre, sans langue de bois pouvez-vous nous dire quel est votre avenir politique après le 29 mai ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Le 29 mai n'est pas une échéance de politique intérieure. Le président l'a dit, les échéances viendront plus tard. Mon avenir personnel dépendra donc des choix que fera le moment venu le Chef de l'Etat. Je ne suis pas quelqu'un qui s'accroche et j'envisage toutes les hypothèses sereinement. Mais j'assume mes responsabilités avec conscience et énergie et donc, notamment en ce qui concerne la campagne d'explication pour le "oui", dont en tant que chef de la majorité je suis le pilote, m'incite à injecter toutes mes forces pour que la France fasse le bon choix européen le 29 mai prochain.
s g : A quand une convergence des normes sociales après la convergence des critères économiques afin d'assurer le progrès social de l'Union Européenne ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Les normes sociales s'harmoniseront progressivement. Déjà le Traité propose une harmonisation en ce qui concerne certains aspects des conditions de travail et de relations du travail. Ce n'est que progressivement que nous aurons une harmonisation des politiques salariales en fonction des pays mais aussi des secteurs économiques et des entreprises. Ce qui est clair c'est qu'avec le Traité nous avancerions vers le progrès social partagé. Sans le traite c'est chacun pour soi et donc c'est un recul de la cohésion sociale européenne.
Jourson Karole : Bonjour, monsieur le Premier ministre, je voudrais savoir si l'Europe sera bénéfique aux chômeurs.
Jean-Pierre RAFFARIN : L'Europe est un espace qui par sa croissance devra être créateur d'emplois, mais au delà des opportunités économiques qu'elle devra proposer, l'art II-90 renforce la protection en cas de licenciement injustifié. L'Europe ne fera pas de miracles mais elle est à coup sûr un progrès économique et social pour les citoyens européens.
Soulie Jean-Philippe : Monsieur le Premier ministre, à votre avis, pourquoi une majorité de français ont à l'heure actuelle envie de voter "non" ? Pouvez-vous nous donner 5 bonnes raisons de voter "oui" le 29 mai prochain !
Jean-Pierre RAFFARIN :
1/ Il faut voter pour une Europe plus politique que démocratique c'est l'article 122 qui donne une véritable présidence.
2/ Une Europe plus sociale, article 13 qui protége les droits sociaux fondamentaux.
3/ C'est une Europe qui est fidèle à l'humanisme français et à ses valeurs, c'est l'article 19.
4/ C'est l'Europe qui entretient des relations de bon voisinage avec ses frontières sans nécessairement conduire à l'adhésion. C'est l'article 57.
5/ C'est l'Europe qui veut dire la paix. L'Europe a porté la guerre, le racisme, la honte, tout ce qu'il y a d'inhumain sur cette planète. Elle a décidé de surmonter ce passé tragique. La génération de nos parents a fait l'Europe pour faire la paix sur notre continent. Ma génération doit conforter l'Europe pour faire la paix partout où la guerre menace. L'Europe est nécessaire à l'équilibre du monde. La France a besoin de l'Europe mais, face au terrorisme et face aux grands déséquilibres, le monde a besoin de l'Europe. La générosité du 21ème siècle doit être européenne.
MODÉRATEUR : Monsieur le Premier ministre remercie tous ceux qui ont cherché dans cet échange des réponses à leurs inquiétudes. "Chercher c'est déjà trouver. L'Europe est cet espoir qui apportera au 21ème siècle les réponses que nous attendons, moi comme vous."
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 21 avril 2005)
Jf22 : Qu'est ce qu'un référendum ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Un référendum ? C'est la prise de parole du peuple : le contact direct entre l'avenir du pays et le citoyen !
Mimi0057 : En quoi servira la Constitution ? Je suis jeune et je ne comprend pas trop en quoi elle servira.
Jean-Pierre RAFFARIN : Pourquoi ? A 25, sans Constitution c'est la pagaille. Qui décide ? Sur quoi ? Qui est concerné ? C'est une règle du jeu !
Souad : Quel est pour vous, monsieur Raffarin, l'argument fondamental pour voter "oui" à la Constitution européenne ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Pourquoi voter "oui" ? Le "oui", c'est un projet et le "non" un désordre. C'est un projet d'avenir pour les idées européennes. Le "non" c'est un désordre entre les idées de Messieurs Le Pen et Besancenot.
amoureufou : Que se passera t-il si l'on vote "non" au référendum ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Panne d'Europe, influence grandissante des Etats-Unis, inquiétude pour les relations franco-allemandes ! Et pour moi, l'Europe veut dire PAIX car elle est née de la Guerre... Les relations franco-allemandes sont essentielles à l'Europe donc à la paix.
Zoe : Do you know Tony Blair ? How important is European Union for french people ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Je le connais, je l'apprécie. J'ai confiance en son engagement européen. Pour les Français, l'Europe c'est la survie de leurs idées, leurs projets dans un monde plus intercontinental.
Rockmel : Quels seront les conclusions que vous tirerez personnellement en cas de refus de Constitution, notamment à l'égard du vote contestataire ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Le Président de la République tout comme l'opposition ont déclaré que le référendum n'était pas une échéance d'alternance, celle de politique intérieure est en 2007. Pour mon sort personnel, il est entre les mains du Président de la République... et malgré tout je suis relax mais attentif aux protestations !
ls35 : Tout simplement savoir les conséquences réelles sur l'emploi et la santé si le "oui" l'emporte. Pour le moment je vote "non".
Jean-Pierre RAFFARIN : Sur la santé, l'Europe laisse toute responsabilité, hors recherche, à l'échelon nationale mais la recherche en santé est très important pour lutter vu les grandes épidémies au niveau européen. Le monde entier ignore ce que sont les services publics à la française. Dans l'article 296, seule l'Europe les reconnaît. Si on ne veut pas que le modèle français soit écrasé par les autres modèles mondiaux, il faut voter pour la Constitution européenne.
jerrylee1 : Comment voter pour une Constitution qui ne fait pas référence à la chrétienté qui a construit l'Europe.
Jean-Pierre RAFFARIN : Meilleurs voeux pour Benoît XVI qui vient d'être élu. L'article 282 de la Constitution reconnaît la diversité religieuse de l'Europe. Les racines chrétiennes de l'Europe inspirent souvent la rédaction du texte.
Punkie5 : Où puis-je me procurer la déclaration sur l'Europe ? A la mairie ? Je souhaiterai avoir une adresse et pas de site internet car je ne peux pas accéder à internet.
Jean-Pierre RAFFARIN : Tous les électeurs recevront la Constitution dans les 15 derniers jours qui précèdent le référendum et on peut la commander en appelant au 08 10 20 05 25.
bombe46 : Croyez-vous que la mesure Bolkestein puisse réellement être appliquée ? Car si je vote "non" ça sera pour cela. A part ça le reste a l'air une bonne idée.
Jean-Pierre RAFFARIN : Voter "non" c'est accepter les règles qui ont permis la directive Bolkestein. Voter "oui", c'est voter pour des nouvelles règles qui peuvent empêcher cette directive. Quand on est mécontent, voter "non" c'est voter pour une Europe dont on est mécontent.
khalid : Si la France vote contre la Constitution européenne, quelles conséquences craignez-vous pour l'Allemagne et pour les relations franco-allemandes ?
Jean-Pierre RAFFARIN : C'est pour moi la conséquence la plus grave : l'Europe est née de la volonté de paix de la France et de l'Allemagne. Nous ne pouvons pas envisager notre avenir continental sans un rapprochement permanent, stratégique mais aussi affectueux. Je serais inquiet que la France dise "non" quand l'Allemagne dit "oui". Dans cette perspective préoccupante, des initiatives très fortes seraient nécessaires pour conforter à tout jamais le lien franco-allemand jusqu'à ce jour assuré par la construction européenne.
Leserpent : Est-ce qu'avec la Constitution européenne on gardera nos droits de salarié francais ? N'y a-t-il pas un risque de régression sociale ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Le risque est dans la non-Europe, dans la mondialisation non maîtrisée. L'Europe apporte des sécurités sur le statut social. Exemple : elle garantit le service public, la liberté d'entreprendre, les droits des salariés. L'Europe n'enlève rien au statut social actuel.
Dydycy11 : Qu'elles seront les décisions politiques prises par la France avant la Constitution qui ne dépendront plus de notre Nation après ? Et qu'est-ce que cela change ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Principalement, les compétences transférées à l'Union européenne concernent l'espace judiciaire européen : le mandata d'arrêt européen, les procédures de coordination seront moins nationales et plus européennes. Les inégalités entre européens, notamment de salaires et de prestations sociales auront tendance avec le temps à se réduire puisque les pays entrant dans l'Europe souhaitent partager le niveau de vie de l'Europe donc les écarts seront diminués. Il restera évidemment des différences.
Jerem67 : C'est quoi de nouveau pour les jeunes ? Le "oui" pour la continuité ou le changement ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Le "oui" pour le changement ! Nouveau traité, nouvelle Europe... Pas de traité, ancienne Europe ! Le vote "oui", c'est un coup de jeune à l'Europe. Le "non", c'est l'immobilisme.
zizou98 : Bonsoir je suis mère au foyer, j'ai 6 enfants. Pensez-vous que l'Union européenne puisse apporter du travail aux jeunes etc. J'ai peur pour l'avenir de mes enfants. Amicalement.
Jean-Pierre RAFFARIN : L'avenir est plus positif dans l'Union que dans l'isolement. Il y a évidemment toujours des incertitudes. Je mentirais en disant le contraire mais la croissance sera plus forte et les emplois nombreux grâce à l'Union européenne. Le vote "oui" est sûr pour vos enfants.
lilandra : Bonjour monsieur le Premier ministre. Je voulais savoir pourquoi vous allez en Chine demain ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Je vais en Chine parce que l'Union européenne est le premier fournisseur économique de la Chine. La Chine connaît une croissance de plus de 9%. Il faut soutenir nos entreprises pour qu'elles vendent davantage aux Chinois et pour qu'elles créent en France des emplois. J'ai des objectifs économiques qui doivent faire l'objet de discussions permanentes, notamment pour surmonter des difficultés telles que celles que nous connaissons aujourd'hui dans le domaine du textile.
Beaugosse76 : Pourquoi vous ne prenez pas la Turquie dans l'Europe. Maintenant je trouve que la Turquie est mieux placée que la Pologne, la Roumanie, la Bulgarie, le Portugal...
Jean-Pierre RAFFARIN : La Turquie aujourd'hui ne répond pas aux critères de vie à l'européenne, critères économiques, sociaux ou politiques. La Turquie doit faire la preuve au delà des déclarations au sein de la société de sa volonté de vivre les valeurs européennes. Le peuple turc doit apporter la preuve de sa détermination. C'est le peuple français qui aura le dernier mot.
Doda : Chirac ne m'a pas convaicu jeudi soir à la télévision : trop ému pour être convaincant. Peut-on envisager un débat télévisé Raffarin - Fabius pour nous convaincre du "oui" ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Je suis ouvert à tous les débats. Je pense qu'il y a de nombreux débats de programmés mais peut-être que le plus efficace aujourd'hui est de rechercher le dialogue direct comme nous le faisons pour répondre aux questions individuelles. Il s'agit d'un sujet complexe qui s'accommode mal de shows médiatiques.
peacenlove2 : Les frontières sont porteuses de conflits, qu'en pensez-vous ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Les frontières peuvent être porteuses d'amour. L'autre n'est pas un ennemi, l'étranger n'est pas un adversaire. Il y a du bonheur à la découverte. Une frontière est bonne quand elle est franchie. C'est vrai sur le plan territorial et aussi sur le plan social. La fraternité est sans frontière.
Unsupergars : Monsieur Raffarin, je suis un petit exploitant agricole. Croyez-vous que nous petit avons de l'avenir au sein de l'Europe ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Oui, oui, oui ! Sans l'Europe, l'agriculture familiale souffrirait terriblement de la compétition mondiale. La France a réussi à obtenir 300 milliards d'euros pour l'agriculture européenne jusqu'à 2013. La France étant le premier avocat de l'agriculture, il est clair que la France affaiblie conduirait à ce que nos partenaires financent de nouveaux projets sur les lignes agricoles. Voter "oui", c'est voter pour une stabilité des aides à l'agriculture.
Acier44 : Quel est l'avenir de la relation des pays de la rive sud de la Méditerranée avec l'Europe dans la nouvelle Constitution ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Article 57, l'union développe avec les pays de son voisinage des relations étroites et pacifiques reposant sur la coopération. Les pays de la Méditerranée au-delà des accords de Barcelone, doivent trouver, avec ce Traité, la possibilité de signer avec l'Union de vrais contrats de voisinage.
Fma1 : Bonjour, je voudrais savoir selon vous ce qui pourrait pousser les gens à voter "non".
Jean-Pierre RAFFARIN : Il ne faut pas me pousser à faire la campagne du "non", j'en suis incapable culturellement, historiquement, politiquement. Mais si vous connaissez dans le monde un ennemi de l'Europe, vous pouvez supposer qu'il voterait "non", ce qui me conduit à voter "oui.
will89 : Etes-vous européen ou poitevin avant tout ?
R - Je suis Européen... mais je crois à la conjugaison des identités et donc à la diversité culturelle. Je crois au fait régional en Europe et je crois que l'Europe à 25 pays et 450 millions d'habitants a besoin de l'identité régionale pour assurer la cohésion territoriale. Je suis donc et européen et poitevin.
Questions web :
QUESTION : Bonjour Monsieur le Premier ministre, ne serait-il pas possible de nous traduire dans un langage plus accessible les avantages de cette Constitution ? Cela éviterait de craindre de voter "oui" par méconnaissance des conséquences autant positives que négatives. Le texte actuel est incompréhensible pour les néophytes en politique.
Jean-Pierre RAFFARIN : Le texte est une règle d'organisation d'une nouvelle Europe à 25 membres. C'est un règlement qui n'est ni de gauche ni de droite comme la Constitution de 1958. Un règlement intérieur qui permet plus de démocratie plus de place aux citoyens. Le droit de pétition. Un million de citoyens peuvent saisir la Commission avec un projet de loi. Démocratie directe. Renforcer des parlements nationaux. Plus de pouvoir aux citoyens. La Constitution ce n'est pas une doctrine politique, c'est un code de bonne conduite qui reconnaît enfin une place au citoyen dans les institutions.
QUESTION : Monsieur Raffarin, pourquoi le Président et le Gouvernement n'assument-ils pas le fondement libéral de toute l'Union Européenne ? Pourquoi préfèrent-ils contre toute raison se ridiculiser aux yeux de l'Union Européenne et de l'électorat de droite, en passant pour des gauchistes dirigistes, protectionnistes et archaïques, au lieu de défendre le libéralisme et son bilan ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Les délocalisations les plus menaçantes sont celles qui concernent des pays lointains comme l'Inde. Il nous faut donner à nos entreprises la force continentale pour équilibrer la force asiatique et américaine. Il ne faut pas craindre aujourd'hui la Pologne comme hier on a craint l'Espagne. Aujourd'hui le développement de l'Espagne crée des emplois en France. Demain le développement de la Pologne créera des emplois en France. L'ouvrier Polonais ne rêve pas d'être le prolétaire de l'Europe.
DE NONI Arnaud : En quoi et comment cette Constitution va changer ma vie quotidienne de Français ?
Jean-Pierre RAFFARIN : La Constitution renforce l'espace européen. C'est bon pour la sécurité. C'est bon pour la croissance. C'est bon aussi pour la culture. Ca changera fondamentalement la vie des jeunes enfants qui ont aujourd'hui 10 ans et qui seront majeurs dans 8 ans. Pour vous le changement est progressif et vise a donner au mode de vie européen les moyens de survivre par rapport aux autres modes de vie mondiaux. J'ajoute que sur des sujets de recherche, comme la lutte contre le cancer ou le sida, l'Europe nous donne des moyens d'action plus puissants.
Mr M'SIRI Djillali : Bonjour, comment imaginez vous l'Europe de demain ? D'un point de vue économique et financier sans oublier le social ? Que vont devenir les PME françaises, déjà bien affaiblies par la politique sociale actuelle ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Les PME françaises pourront vendre plus facilement dans un marché de plus de 500 millions de consommateurs. Elles pourront faire des alliances avec d'autres PME européennes, notamment les PME allemandes qui sont particulièrement dynamiques. L'avenir des PME françaises passe par des alliances européennes, des réseaux qui traversent les 25 économies. La politique sociale de l'Union européenne est renforcée avec le nouveau Traité. Voter "oui" c'est voter pour plus de social. Voter "non" c'est rester dans la situation actuelle.
RANO Emmanuelle : Pouvez-vous expliquer aux sceptiques, en peu de phrases, les progrès sociaux qu'apporte cette Constitution ?
Jean-Pierre RAFFARIN : La Constitution reconnaît pour la première fois les syndicats, les associations et les représentants de la société civile. C'est l'article 147. Elle s'engage pour l'égalité homme-femme. Elle protège les salariés en cas de licenciement injustifié : article 290. Et elle défend les conditions de travail justes et équitables : article 291. Sur le plan social au sens large, l'Europe défend aussi les droits de l'enfant, des personnes âgées et l'intégration des personnes handicapées : article 286.
Monmac francois : Bonjour monsieur le Premier ministre, en cas de victoire du "non" est-il possible de refaire le référendum par exemple un an plus tard ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Non, en cas de référendum négatif, l'Europe sera profondément secouée par le recul de l'un des pays fondateurs. Le processus de reconstruction d'un nouveau projet qui devra être négocié sera aussi long que le processus qui nous conduit à ce Traité. Nous serons donc durablement en panne d'Europe.
Avec le Traité, le Chef de l'Etat ne risque-t-il pas de devenir l'équivalent d'un gouverneur aux USA ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Non car le Chef de l'Etat est membre du Conseil européen alors que le gouverneur n'a pas de pouvoir politique central. Le Président de la République est un acteur permanent de l'organe de décision qui lui même va devenir permanent. Le conseil européen sera présidé par une personnalité élue responsable à plein temps. C'est une grande innovation. Aujourd'hui, le président de l'Union européenne est élu pour 6 mois et à temps partiel, souvent à temps très partiel. Avec la nouvelle Constitution, le président sera élu pour 2 ans, et peut-être 5 à plein temps, et se consacrera à ses responsabilités.
Bravo Foxy : Bonjour de Belgique, monsieur le Premier Ministre, quand la France redeviendra-t-elle attractive aux entrepreneurs et arrêtera-t-elle aussi d'inciter ses propres concitoyens à partir ? Je pense aux charges, à l'IR, à l'impôt sur les plus-values, à l'ISF... et surtout à l'esprit d'une certaine idée de la France, qui demande courage et volonté.
Jean-Pierre RAFFARIN : J'ai présidé hier un panel d'entrepreneurs étrangers installés en France. Il y avait autour de la table des PDG japonais, danois, allemands, anglais. Nous avons cette réunion tous les ans et nous avons fait le point des actions engagées par la France pour être d'avantage attractive. L'assouplissement des 35 heures et la baisse des impôts ont été parmi les deux mérites, reconnus par ce panel, de la politique actuelle de la France.
rebelle : Monsieur le Premier ministre, vous répondez vraiment aux questions ou est-ce votre service de presse ô combien prestigieux et lié à une très bonne agence de communication ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Il y a de très nombreux témoins ici pour dire que je n'ai qu'un outil pour répondre qui est le texte de la Constitution. Je le montre à tous. Il est coloré et bariolé de tous les arguments qui me semblent importants pour convaincre. Je n'ai pas besoin de service de presse pour convaincre les Français. Je suis un européen convaincu depuis tout petit : je suis né près de Cognac, la patrie de Jean Monet. Le sang de l'Europe coule dans mes veines.
soussan mathieu : Bonsoir monsieur le Premier ministre. J'ai 25 ans et je me pose une question claire qui attend une réponse qui le serait tout autant. La Constitution européenne n'est elle pas plus profitable aux pays de l'Est plutôt qu'aux pays riches ?
Jean-Pierre RAFFARIN : La Constitution est profitable aux nouveaux pays qui viennent y chercher la liberté et le développement. Quand le Portugal et l'Espagne sont entrés dans l'Union Européenne, les Français, notamment dans le Sud-Ouest étaient très inquiets. Je me souviens des agriculteurs qui avaient peur des fruits et légumes espagnols. Grâce à l'Europe l'Espagne et le Portugal se sont développés et sont devenus pour la France des marchés profitables. Aujourd'hui les échanges entre la France et l'Espagne sont positifs. Il est clair que l'Europe va profiter à la Pologne. Les polonais vont voir leur niveau de vie augmenter mais ceci sera bon pour l'emploi des entreprises françaises qui vendront des produits aux polonais. Plus de croissance en Europe, c'est plus d'emploi en Europe. Il est normal que ceux qui sortent de leur histoire communiste soient les premiers bénéficiaires pour combler leur retard de développement.
Dupuy Henri : Bonjour Monsieur le Premier ministre, ne pensez-vous pas qu'il serait bon d'engager un autre référendum sur l'entrée de la Turquie ? Cela permettrait de recentrer le débat sur la Constitution. Je pense en effet qu'il existe le sentiment en France que ce référendum est la dernière occasion de s'exprimer sur les questions européennes avant longtemps.
Jean-Pierre RAFFARIN : L'éventuelle entrée de la Turquie, qui pour moi fait l'objet aujourd'hui d'un pronostic défavorable, sera en tout état de cause soumis par référendum au vote des français. Nous avons réformé la Constitution française pour que ce soit le peuple français qui ait le dernier mot pour de tels élargissements.
Article II-70, concernant la liberté de pensée, de conscience et de religion mentionne la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé. Comment concilier cet article avec la loi interdisant le port du voile à l'école ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Cet article doit être rapproché de l'article 1-52 qui dit que l'union respecte et ne préjuge pas du statut dont bénéficient, en vertu du droit national, les communautés religieuses. Il est clairement dit dans la Constitution que c'est en vertu du droit national que s'exprimera le respect des pratiques religieuses. Le droit national affirmant la laïcité, la loi française pourra être respectée.
Gaffuri Olivier : La Constitution européenne est souvent taxée de libérale. Au delà de la véracité de cette affirmation, pourquoi la notion même de libéralisme, célébrée dans le monde entier, est-elle à ce point diabolisée dans notre pays ?
Jean-Pierre RAFFARIN : La Constitution n'est pas en tant que telle un dogme idéologique. C'est un ensemble de règles démocratiques et, si elle est libérale, c'est au sens du libéralisme politique du 18e siècle qui a crée la Déclaration des droits de l'homme. Sur le plan économique, il n'y a pas d'option politique donc ce n'est ni un choix libéral ni anti-libéral. C'est aux dirigeants européens de définir et d'assumer leur politique tout comme la Constitution française permet aux dirigeants français d'assumer leurs choix politiques.
Baijot Gauthier : Monsieur le Premier ministre, en tant que jeune travailleur français à Londres, je suis très étonné par la réduction du débat sur la Constitution à un conflit de politique intérieure. N'est-il pas trop tard maintenant pour élever le débat de nouveau face au risque du "non" ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Je ne crois pas parce que le résultat du référendum reste incertain et qu'ainsi chaque citoyen est placé devant sa propre responsabilité. Il ne s'agit pas de voter en fonction d'un pronostic mais de voter en fonction d'une conviction sur l'avenir européen de la France. Chaque voix va compter et je pense qu'aujourd'hui chaque français s'engage dans une réflexion personnelle qui le conduira le 29 mai à un vote responsable. Je crois qu'il s'agira d'avantage d'un vote d'avenir que d'un vote d'humeur.
Monmac Francois : La Constitution va t-elle permettre à l'Europe d'être la première grande puissance de demain ?
Jean-Pierre RAFFARIN : La compétition sera rude mais sans l'Europe nous sommes sûrs de perdre cette compétition. Je pense que l'Europe a le potentiel pour dans de nombreux domaines être leader mondial. Prenons l'exemple de l'énergie du 21ème siècle, l'énergie des étoiles, l'énergie post nucléaire. Le projet euro peen iter fondé sur une compétence française, allié à des expertises européennes est aujourd'hui un projet mondial soutenu par la Chine et les USA, iter airbus Ariane il y a de nombreux projets européens pour lesquels notre ambition est mondiale.
minart laurent : Bonsoir monsieur le Premier ministre. Ce n'est pas vraiment une question. Je vous félicite... avec tout ce que l'on vous met sur le dos, peut-être bientôt "le naufrage du Titanic". J'admire votre force. Quel est votre secret ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Une paix intérieure qui me vient de ma sérénité familiale, et une paix politique qui me vient de la confiance du Président de la République et du soutien de la majorité. Je suis ainsi en paix avec moi même et je reste donc un homme libre face à l'avenir.
ritto christophe : Monsieur le Premier ministre, bonsoir. Une question concrète. Quelle est l'avenir de nos services publics avec cette nouvelle Constitution ?
Jean-Pierre RAFFARIN : L'art II-96 reconnaît les services publics afin de promouvoir la cohésion sociale mais aussi la cohésion territoriale. Il reconnaît les services tels qu'ils sont prévus par les législations et pratiques nationales. Ces services appelés d'intérêt général trouvent dans la Constitution le prolongement européen de la culture française. Je pense que, dans la mondialisation, l'Europe peut protéger nos services publics. Sans l'Europe ne comptons pas sur les autres systèmes économiques continentaux pour défendre les services publics.
uzan ingrid : Monsieur le Premier ministre, ne croyez-vous pas qu'il est contradictoire de dire en ce moment aux Français que l'Europe est un progrès (ce dont je suis convaincue), tout en l'accusant sans cesse hors période de référendum de tous les maux, sans jamais mettre en avant ses apports (infrastructures financées, protection des consommateurs, etc.).
Jean-Pierre RAFFARIN : Je confesse. C'est le jour que depuis des dizaines d'années les responsables politiques français ont chargé la barque de la construction européenne. Il faut dire que la bureaucratie européenne devenant envahissante, a prêté le flanc à la critique. Je suis aussi sincère en disant que l'Europe d'aujourd'hui a de nombreuses faiblesses. C'est pour cela que je pense qu'avec le nouveau traité nous pouvons la corriger. Par exemple en donnant de la permanence aux responsables politiques, nous renforçons leur poids par rapport à l'administration qui jusqu'à maintenant était la seule force à bénéficier de la stabilité dans le temps.
Marques Chris : Bonsoir monsieur le Premier ministre, pensez-vous que la Constitution européenne aura une incidence dans la vie politique française ?
Jean-Pierre RAFFARIN : La Constitution européenne est née d'une convention présidée par Valéry Giscard d'Estaing. Ce qui fait que ce texte est souvent d'inspiration française. Réciproquement la Constitution intègre des éléments fondateurs de notre pacte national tels que la charte des droits fondamentaux, le dialogue social, les services publics, etc. Notre parlement national sera aussi saisi pour éviter que l'Europe empiète sur les compétences de la France. J'ajoute que les citoyens français pourront participer d'avantage à la vie de l'Europe au travers de nouvelles initiatives : le droit de pétition, le médiateur, la reconnaissance des associations. Dans ce Traité, la politique est renforcée et la place du citoyen confortée. Le vote "oui" donnerait à la France un rayonnement international majeur. Les américains et bien d'autres attendent le choix de la France. De toute évidence sur le plan mondial le pays des fondateurs de l'Europe s'affaiblirait en tournant le dos au destin qu'il a lui même initié.
uzan ingrid : Monsieur le Premier ministre, pourquoi ne pas orienter la campagne pour le "oui" vers des choses concrètes : donner des exemples de progrès de la vie quotidienne des Français obtenus grâce à des transpositions de directives européennes ? Cela convaincrait peut-être que l'Europe ce n'est pas que la directive Bolkeinstein.
Jean-Pierre RAFFARIN : C'est vrai que l'Europe apporte de nombreux progrès qui touchent la vie quotidienne. Je donne des exemples notamment dans le domaine de l'environnement et du développement durable. Ainsi la lutte contre les émissions de gaz carbonique, la protection de la nature avec les contrats Natura 2000, la lutte contre les pollutions des navires voyous montrent que l'Europe se préoccupe de la sécurité au quotidien. J'ajoute que c'est grâce à une coordination européenne des politiques des télécommunications que internet aujourd'hui prend une place essentielle et très rapide en France. L'une de mes plus grandes fiertés en tant que Premier ministre depuis 2002 c'est qu'un français sur 2 est internaute et plus de 7 millions de Français sont connectes en haut débit.
Rigaud Olivier : Monsieur le Premier ministre, sans langue de bois pouvez-vous nous dire quel est votre avenir politique après le 29 mai ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Le 29 mai n'est pas une échéance de politique intérieure. Le président l'a dit, les échéances viendront plus tard. Mon avenir personnel dépendra donc des choix que fera le moment venu le Chef de l'Etat. Je ne suis pas quelqu'un qui s'accroche et j'envisage toutes les hypothèses sereinement. Mais j'assume mes responsabilités avec conscience et énergie et donc, notamment en ce qui concerne la campagne d'explication pour le "oui", dont en tant que chef de la majorité je suis le pilote, m'incite à injecter toutes mes forces pour que la France fasse le bon choix européen le 29 mai prochain.
s g : A quand une convergence des normes sociales après la convergence des critères économiques afin d'assurer le progrès social de l'Union Européenne ?
Jean-Pierre RAFFARIN : Les normes sociales s'harmoniseront progressivement. Déjà le Traité propose une harmonisation en ce qui concerne certains aspects des conditions de travail et de relations du travail. Ce n'est que progressivement que nous aurons une harmonisation des politiques salariales en fonction des pays mais aussi des secteurs économiques et des entreprises. Ce qui est clair c'est qu'avec le Traité nous avancerions vers le progrès social partagé. Sans le traite c'est chacun pour soi et donc c'est un recul de la cohésion sociale européenne.
Jourson Karole : Bonjour, monsieur le Premier ministre, je voudrais savoir si l'Europe sera bénéfique aux chômeurs.
Jean-Pierre RAFFARIN : L'Europe est un espace qui par sa croissance devra être créateur d'emplois, mais au delà des opportunités économiques qu'elle devra proposer, l'art II-90 renforce la protection en cas de licenciement injustifié. L'Europe ne fera pas de miracles mais elle est à coup sûr un progrès économique et social pour les citoyens européens.
Soulie Jean-Philippe : Monsieur le Premier ministre, à votre avis, pourquoi une majorité de français ont à l'heure actuelle envie de voter "non" ? Pouvez-vous nous donner 5 bonnes raisons de voter "oui" le 29 mai prochain !
Jean-Pierre RAFFARIN :
1/ Il faut voter pour une Europe plus politique que démocratique c'est l'article 122 qui donne une véritable présidence.
2/ Une Europe plus sociale, article 13 qui protége les droits sociaux fondamentaux.
3/ C'est une Europe qui est fidèle à l'humanisme français et à ses valeurs, c'est l'article 19.
4/ C'est l'Europe qui entretient des relations de bon voisinage avec ses frontières sans nécessairement conduire à l'adhésion. C'est l'article 57.
5/ C'est l'Europe qui veut dire la paix. L'Europe a porté la guerre, le racisme, la honte, tout ce qu'il y a d'inhumain sur cette planète. Elle a décidé de surmonter ce passé tragique. La génération de nos parents a fait l'Europe pour faire la paix sur notre continent. Ma génération doit conforter l'Europe pour faire la paix partout où la guerre menace. L'Europe est nécessaire à l'équilibre du monde. La France a besoin de l'Europe mais, face au terrorisme et face aux grands déséquilibres, le monde a besoin de l'Europe. La générosité du 21ème siècle doit être européenne.
MODÉRATEUR : Monsieur le Premier ministre remercie tous ceux qui ont cherché dans cet échange des réponses à leurs inquiétudes. "Chercher c'est déjà trouver. L'Europe est cet espoir qui apportera au 21ème siècle les réponses que nous attendons, moi comme vous."
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 21 avril 2005)