Texte intégral
Plurielle : La destruction de nos emplois, détruits par la concurrence des pays à la main-d'oeuvre bon marché, est-elle compensée par la création des emplois à l'exportation ?
François Loos : Tout à fait. L'exportation aujourd'hui, c'est 5 millions d'emplois en France. Lorsqu'on progresse de 1 %, c'est 50 000 emplois de plus. L'exportation peut être une source de croissance très importante, puisqu'on considère qu'elle devrait augmenter de 5,4 % cette année, parce que le monde entier augmentera ses échanges d'environ 7 % cette année. La France augmentera un peu moins, parce qu'elle n'est pas bien orientée vers les pays en croissance forte. Pour que nous profitions au maximum de la croissance du monde, il faut que nous vendions dans les pays où la croissance est importante, dans les pays asiatiques, les pays de l'élargissement. Ce sont des objectifs pour nos entreprises. Les entreprises, une à une, séparément, se font cette réflexion, choisissent leur cible, et parfois se trouvent en concurrence avec des pays qui ont une main-d'oeuvre beaucoup moins chère. En réalité, nous ne pouvons pas être compétitifs avec ces pays. Mais nous sommes quand même compétitifs, car nous ne fabriquons pas les mêmes choses. Par exemple, nous vendons à la Chine des biens d'investissements très sophistiqués et nous lui achetons du textile... Dans le même temps, les consommateurs chinois veulent qu'on leur vende du " prêt-à-porter chic " français. C'est-à-dire qu'il y a une diversité, une spécialisation, qui se met en place. Dans cette spécialisation, nous nous battons avec le top. Pour conserver le niveau élevé que nous avons dans le commerce international, avec 5,2 %, il faut que nous innovions en permanence. En résumé, il faut vendre le " top ". Il faut se situer en compétition avec les meilleurs fabricants des Etats-Unis, d'Allemagne, d'Angleterre... Enfin, il nous faut innover sans cesse, afin que même dans les pays où la main-d'oeuvre est bon marché, on ait besoin de nos produits, car ce que nous fabriquons est unique.
Plurielle : L'Europe est-elle un frein à nos exportations ?
François Loos : Non, au contraire, l'Europe a été une source de croissance énorme. Depuis l'ouverture du marché unique le 1er janvier 1993, nous avons enregistré une croissance de 10 % de nos échanges jusqu'en l'an 2000. C'est le résultat de l'ouverture européenne. En outre, l'Europe, c'est aussi l'euro. Aujourd'hui, seuls 20 % de nos échanges se font en dollars ou en compétition avec le dollar. Ceci est dangereux, mais grâce à l'euro nous sommes préservés de ce danger pour 80 % de nos activités. L'Europe est une zone de stabilité, de taux d'intérêts bas. Par conséquent, l'Europe est un atout pour nos entreprises.
Chr : Un euro trop fort pendant trop longtemps risque-t-il de ralentir la croissance ?
François Loos : Plus l'euro est fort, plus le nombre d'entreprises qui ont un problème peut être élevé. Nous estimons qu'avec un euro au niveau actuel, si cette situation était durable, se produirait une baisse de notre PNB de 0,1 %. Et cela pourrait baisser un peu plus si cela se prolongeait encore. Notre croissance, que nous espérons à 1,7 % cette année, est impactée par cette hausse de l'euro. Si nous arrivons à contenir cette hausse, tous nos efforts vont dans ce sens, nous pensons que la croissance sera assez forte, et nos entreprises suffisamment spécialisées, pour conserver leur place dans la compétition internationale. Sur cette question, les Allemands ont une autre vision des choses, parce qu'ils ont encore plus spécialisé leur industrie et sont ainsi moins dépendants du prix de vente. Si vous êtes le seul au monde à faire des voitures comme les Mercedes, leur prix de vente importe moins. C'est ça que nos entreprises doivent arriver à faire : avoir des produits pour lesquels elles seront reconnues comme uniques au monde. Beaucoup d'entre elles y arrivent.
Cricri : Etes-vous optimiste sur la reprises de nos exportations pour l'année 2004 ?
François Loos : Nous escomptons, l'Insee le dit, 5,4 % de croissance. L'optimisme serait de dire que nous espérons 7 %, comme la croissance mondiale. Nous ne comptons pas arriver à ce niveau-là, car nous ne sommes pas assez bien orientés géographiquement vers les pays de croissance forte. Par contre, notre marché est européen à 65 %, ce qui fait que nous sommes à l'abri des trop grandes turbulences du dollar. Comme je le disais tout à l'heure, le dollar faible ne joue que sur une partie de nos exportations.
St-Germain : L'arrivée de dix nouveaux pays au sein de l'Union européenne, au 1er mai 2004, entraînera-t-elle une arrivée massive de main-d'oeuvre des PECO ?
François Loos : Nous ne le pensons pas car il faut d'abord que ces gens aient des autorisations. Secondement, ces pays sont tous en croissance forte, nous y avons beaucoup investi. Ce que nous voyons comme avantage de l'élargissement, c'est qu'ils vont être en rattrapage économique par rapport au reste de l'Europe, comme l'Espagne à une certaine époque. Au début, les Espagnols venaient travailler en France. Ensuite, on a construit des usines en Espagne et aujourd'hui, les Espagnols ont une croissance plus importante que la nôtre. Nous en sommes avec les pays de l'Est dans la deuxième phase. Nous avons vu des gens des pays de l'Est qui voulaient venir, nous avons vu des investissements dans ces pays... Et maintenant nous allons assister au rattrapage économique, et donc à une augmentation de nos échanges avec eux. Il faut que nos entreprises soient présentes là-bas. Ce qui s'est passé avec l'Espagne va se passer avec les pays de l'Est.
Ludovic : Que pensez-vous des aides financières de l'administration américaine aux entreprises américaines expatriées ? L'Europe ne peut-elle pas faire la même chose ?
François Loos : Nous avons attaqué les USA sur ces aides. Au sein de l'Organisation Mondiale du Commerce, il y a un tribunal qui s'appelle l'organe de règlement des différents. Celui-ci a condamné les Etats-Unis. Ils ont fait appel et ont été condamnés à nouveau. La sanction qui leur sera appliquée, s'ils ne corrigent pas rapidement leur position, va être mise en application à partir du 1er mars. Nous ne voulons pas que des barrières s'installent entre les pays. Nous voulons que ceux qui en ont installé à tort soient condamnés.
Ff : Quelle est l'action de la France dans le processus de l'OMC ?
François Loos : Dans l'OMC, il y a une partie tribunal, qui corrige les pratiques de dumping. Le dumping, c'est la triche que font les pays par rapport à ce qu'ils se sont engagés à respecter : un certain niveau de droits de douane, ne pas subventionner d'exportations... Lorsqu'un pays triche par rapport à ses engagements, l'organe de règlement des différents le condamne et la sanction lui est appliquée. Il y a actuellement plus de 100 procès en cours, dont une douzaine entre les Etats-Unis et l'Europe. Nous avons été condamnés, les Etats-Unis ont été condamnés, il s'agit de pratiques courantes de la vie commerciale. Tout cela fonctionne avec les engagements existants. L'OMC est aussi une machine à produire de nouveaux engagements. C'est ce qu'on appelle les " rounds ". Il y a eu l'" Uruguay round ", qui s'est clôturé par les accords de Marrakech, et nous sommes actuellement dans un " Doha Round " qui va peut-être se clore cette année. Même s'il ne se clôture pas cette année, le niveau actuel de législation commerciale internationale est déjà extraordinairement important. Dans cette discussion, ce round, la France a fait beaucoup de propositions intéressantes notamment pour le développement des pays en voie de développement, et en particulier vis-à-vis de l'Afrique. Il s'agit d'aider ces pays à avoir une agriculture économique et rentable et de ne pas leur faire subir les cours des matières premières qui cassent les activités. Nous sommes porteurs d'autres initiatives et la discussion va durer au moins toute cette année 2004.
Chr : Votre avis sur nos possibilités de conquérir des marchés sur l'Irak ?
François Loos : Nos entreprises sont autorisées à être des sous-traitants dans la première série d'investissements que les Américains ont consenti avec leur argent.
Nos entreprises sont des sous-traitants potentiels de ces marchés. Elles seront sans doute autorisées à faire partie de la seconde série, c'est quelque chose que les Américains vont probablement faire, cela a déjà été annoncé par le sous-secrétaire d'Etat au commerce. Ils ont sans doute envie que cela soit déclaré de façon très officielle. On sent que cela vient. Nous regrettons la situation d'insécurité très importante en Irak qui ne facilite absolument pas la position des entreprises étrangères et particulièrement des entreprises françaises. Si elles ont le choix, elles ont beaucoup d'autres pays en développement dans lesquels il est intéressant d'investir. Les problèmes de sécurité et les problèmes politiques doivent absolument être réglés.
Ff : Les régions doivent-elles être un moteur de l'export ?
François Loos : Les régions ont tout à fait vocation à ça, parce qu'elles vont gérer le développement économique régional. Elles ont une connaissance fine des activités des PME et elles peuvent développer pour ces PME des missions à l'étranger, des jumelages avec des provinces chinoises, russes, ou des Etats américains. Nous les y encourageons. J'ai procédé à la décentralisation par anticipation de mes services du commerce extérieur dans cinq régions françaises, et je pense qu'avec la loi de décentralisation en 2005, le processus sera complété. Les chambres de commerce sont très actives avec les régions. Il faut mobiliser tout le monde, parce que nos PME ont un réel potentiel à l'international, qui n'est pas assez exploité.
Juliette : L'avenir du commerce extérieur français ne passe t-il pas par l'Asie et notamment la Chine ?
François Loos : La Chine représente aujourd'hui un marché un peu comme la France. C'est le même niveau de production, c'est le même niveau d'importation et d'exportation, mais ils sont 20 fois plus nombreux. La Chine, c'est 18 % de l'Asie en termes de production, alors que le Japon représente encore 55 % de la zone. La Chine a une croissance importante, avec 9 % de croissance depuis 25 ans. Elle compte maintenir ce rythme pendant 20 ans. Même avec cette croissance, elle restera un marché plus petit que le Japon. Certes la Chine est un marché considérable, car nous le découvrons encore et nous n'en avons pas encore épuisé l'intérêt. Relativisons cependant : le Japon est trois fois plus important en termes de marché que la Chine. La Chine est un marché passionnant car il y a énormément d'investissements. Le gouvernement, grâce à la croissance, investi dans toutes les infrastructures et nos entreprises sont des championnes pour cela. Nos entreprises n'ont pas encore vraiment réussi à percer le marché de la consommation. Il y a en Chine au moins 250 millions de consommateurs qui peuvent acheter des produits français. Nous avons fait un plan commercial pour la Chine pour aider nos entreprises à prendre place sur ce marché.
Ff : La laïcité est aujourd'hui au coeur des débats. C'est une vieille idée radicale, vous retrouvez-vous dans ces débats ?
François Loos : La laïcité est la solution au problème. C'est l'idée de liberté et de respect des autres. Nous devons tout faire pour rassembler les citoyens dans la société française et non pas pour les diviser. Le débat sur la laïcité ne doit pas diviser les Français, ce serait une erreur. Il faut qu'au contraire, les gens se sentent tous citoyens, et c'est là l'utilité de ce débat. Il ne faut pas qu'il dévie vers une exclusion de certains, vers du communautarisme. Il faut au contraire qu'il rassemble les Français sur la même fierté d'être Français, sur la même fierté d'être ensemble pour faire un travail d'intégration et d'assimilation.
(source http://www.u-m-p.org, le 23 février 2004)
François Loos : Tout à fait. L'exportation aujourd'hui, c'est 5 millions d'emplois en France. Lorsqu'on progresse de 1 %, c'est 50 000 emplois de plus. L'exportation peut être une source de croissance très importante, puisqu'on considère qu'elle devrait augmenter de 5,4 % cette année, parce que le monde entier augmentera ses échanges d'environ 7 % cette année. La France augmentera un peu moins, parce qu'elle n'est pas bien orientée vers les pays en croissance forte. Pour que nous profitions au maximum de la croissance du monde, il faut que nous vendions dans les pays où la croissance est importante, dans les pays asiatiques, les pays de l'élargissement. Ce sont des objectifs pour nos entreprises. Les entreprises, une à une, séparément, se font cette réflexion, choisissent leur cible, et parfois se trouvent en concurrence avec des pays qui ont une main-d'oeuvre beaucoup moins chère. En réalité, nous ne pouvons pas être compétitifs avec ces pays. Mais nous sommes quand même compétitifs, car nous ne fabriquons pas les mêmes choses. Par exemple, nous vendons à la Chine des biens d'investissements très sophistiqués et nous lui achetons du textile... Dans le même temps, les consommateurs chinois veulent qu'on leur vende du " prêt-à-porter chic " français. C'est-à-dire qu'il y a une diversité, une spécialisation, qui se met en place. Dans cette spécialisation, nous nous battons avec le top. Pour conserver le niveau élevé que nous avons dans le commerce international, avec 5,2 %, il faut que nous innovions en permanence. En résumé, il faut vendre le " top ". Il faut se situer en compétition avec les meilleurs fabricants des Etats-Unis, d'Allemagne, d'Angleterre... Enfin, il nous faut innover sans cesse, afin que même dans les pays où la main-d'oeuvre est bon marché, on ait besoin de nos produits, car ce que nous fabriquons est unique.
Plurielle : L'Europe est-elle un frein à nos exportations ?
François Loos : Non, au contraire, l'Europe a été une source de croissance énorme. Depuis l'ouverture du marché unique le 1er janvier 1993, nous avons enregistré une croissance de 10 % de nos échanges jusqu'en l'an 2000. C'est le résultat de l'ouverture européenne. En outre, l'Europe, c'est aussi l'euro. Aujourd'hui, seuls 20 % de nos échanges se font en dollars ou en compétition avec le dollar. Ceci est dangereux, mais grâce à l'euro nous sommes préservés de ce danger pour 80 % de nos activités. L'Europe est une zone de stabilité, de taux d'intérêts bas. Par conséquent, l'Europe est un atout pour nos entreprises.
Chr : Un euro trop fort pendant trop longtemps risque-t-il de ralentir la croissance ?
François Loos : Plus l'euro est fort, plus le nombre d'entreprises qui ont un problème peut être élevé. Nous estimons qu'avec un euro au niveau actuel, si cette situation était durable, se produirait une baisse de notre PNB de 0,1 %. Et cela pourrait baisser un peu plus si cela se prolongeait encore. Notre croissance, que nous espérons à 1,7 % cette année, est impactée par cette hausse de l'euro. Si nous arrivons à contenir cette hausse, tous nos efforts vont dans ce sens, nous pensons que la croissance sera assez forte, et nos entreprises suffisamment spécialisées, pour conserver leur place dans la compétition internationale. Sur cette question, les Allemands ont une autre vision des choses, parce qu'ils ont encore plus spécialisé leur industrie et sont ainsi moins dépendants du prix de vente. Si vous êtes le seul au monde à faire des voitures comme les Mercedes, leur prix de vente importe moins. C'est ça que nos entreprises doivent arriver à faire : avoir des produits pour lesquels elles seront reconnues comme uniques au monde. Beaucoup d'entre elles y arrivent.
Cricri : Etes-vous optimiste sur la reprises de nos exportations pour l'année 2004 ?
François Loos : Nous escomptons, l'Insee le dit, 5,4 % de croissance. L'optimisme serait de dire que nous espérons 7 %, comme la croissance mondiale. Nous ne comptons pas arriver à ce niveau-là, car nous ne sommes pas assez bien orientés géographiquement vers les pays de croissance forte. Par contre, notre marché est européen à 65 %, ce qui fait que nous sommes à l'abri des trop grandes turbulences du dollar. Comme je le disais tout à l'heure, le dollar faible ne joue que sur une partie de nos exportations.
St-Germain : L'arrivée de dix nouveaux pays au sein de l'Union européenne, au 1er mai 2004, entraînera-t-elle une arrivée massive de main-d'oeuvre des PECO ?
François Loos : Nous ne le pensons pas car il faut d'abord que ces gens aient des autorisations. Secondement, ces pays sont tous en croissance forte, nous y avons beaucoup investi. Ce que nous voyons comme avantage de l'élargissement, c'est qu'ils vont être en rattrapage économique par rapport au reste de l'Europe, comme l'Espagne à une certaine époque. Au début, les Espagnols venaient travailler en France. Ensuite, on a construit des usines en Espagne et aujourd'hui, les Espagnols ont une croissance plus importante que la nôtre. Nous en sommes avec les pays de l'Est dans la deuxième phase. Nous avons vu des gens des pays de l'Est qui voulaient venir, nous avons vu des investissements dans ces pays... Et maintenant nous allons assister au rattrapage économique, et donc à une augmentation de nos échanges avec eux. Il faut que nos entreprises soient présentes là-bas. Ce qui s'est passé avec l'Espagne va se passer avec les pays de l'Est.
Ludovic : Que pensez-vous des aides financières de l'administration américaine aux entreprises américaines expatriées ? L'Europe ne peut-elle pas faire la même chose ?
François Loos : Nous avons attaqué les USA sur ces aides. Au sein de l'Organisation Mondiale du Commerce, il y a un tribunal qui s'appelle l'organe de règlement des différents. Celui-ci a condamné les Etats-Unis. Ils ont fait appel et ont été condamnés à nouveau. La sanction qui leur sera appliquée, s'ils ne corrigent pas rapidement leur position, va être mise en application à partir du 1er mars. Nous ne voulons pas que des barrières s'installent entre les pays. Nous voulons que ceux qui en ont installé à tort soient condamnés.
Ff : Quelle est l'action de la France dans le processus de l'OMC ?
François Loos : Dans l'OMC, il y a une partie tribunal, qui corrige les pratiques de dumping. Le dumping, c'est la triche que font les pays par rapport à ce qu'ils se sont engagés à respecter : un certain niveau de droits de douane, ne pas subventionner d'exportations... Lorsqu'un pays triche par rapport à ses engagements, l'organe de règlement des différents le condamne et la sanction lui est appliquée. Il y a actuellement plus de 100 procès en cours, dont une douzaine entre les Etats-Unis et l'Europe. Nous avons été condamnés, les Etats-Unis ont été condamnés, il s'agit de pratiques courantes de la vie commerciale. Tout cela fonctionne avec les engagements existants. L'OMC est aussi une machine à produire de nouveaux engagements. C'est ce qu'on appelle les " rounds ". Il y a eu l'" Uruguay round ", qui s'est clôturé par les accords de Marrakech, et nous sommes actuellement dans un " Doha Round " qui va peut-être se clore cette année. Même s'il ne se clôture pas cette année, le niveau actuel de législation commerciale internationale est déjà extraordinairement important. Dans cette discussion, ce round, la France a fait beaucoup de propositions intéressantes notamment pour le développement des pays en voie de développement, et en particulier vis-à-vis de l'Afrique. Il s'agit d'aider ces pays à avoir une agriculture économique et rentable et de ne pas leur faire subir les cours des matières premières qui cassent les activités. Nous sommes porteurs d'autres initiatives et la discussion va durer au moins toute cette année 2004.
Chr : Votre avis sur nos possibilités de conquérir des marchés sur l'Irak ?
François Loos : Nos entreprises sont autorisées à être des sous-traitants dans la première série d'investissements que les Américains ont consenti avec leur argent.
Nos entreprises sont des sous-traitants potentiels de ces marchés. Elles seront sans doute autorisées à faire partie de la seconde série, c'est quelque chose que les Américains vont probablement faire, cela a déjà été annoncé par le sous-secrétaire d'Etat au commerce. Ils ont sans doute envie que cela soit déclaré de façon très officielle. On sent que cela vient. Nous regrettons la situation d'insécurité très importante en Irak qui ne facilite absolument pas la position des entreprises étrangères et particulièrement des entreprises françaises. Si elles ont le choix, elles ont beaucoup d'autres pays en développement dans lesquels il est intéressant d'investir. Les problèmes de sécurité et les problèmes politiques doivent absolument être réglés.
Ff : Les régions doivent-elles être un moteur de l'export ?
François Loos : Les régions ont tout à fait vocation à ça, parce qu'elles vont gérer le développement économique régional. Elles ont une connaissance fine des activités des PME et elles peuvent développer pour ces PME des missions à l'étranger, des jumelages avec des provinces chinoises, russes, ou des Etats américains. Nous les y encourageons. J'ai procédé à la décentralisation par anticipation de mes services du commerce extérieur dans cinq régions françaises, et je pense qu'avec la loi de décentralisation en 2005, le processus sera complété. Les chambres de commerce sont très actives avec les régions. Il faut mobiliser tout le monde, parce que nos PME ont un réel potentiel à l'international, qui n'est pas assez exploité.
Juliette : L'avenir du commerce extérieur français ne passe t-il pas par l'Asie et notamment la Chine ?
François Loos : La Chine représente aujourd'hui un marché un peu comme la France. C'est le même niveau de production, c'est le même niveau d'importation et d'exportation, mais ils sont 20 fois plus nombreux. La Chine, c'est 18 % de l'Asie en termes de production, alors que le Japon représente encore 55 % de la zone. La Chine a une croissance importante, avec 9 % de croissance depuis 25 ans. Elle compte maintenir ce rythme pendant 20 ans. Même avec cette croissance, elle restera un marché plus petit que le Japon. Certes la Chine est un marché considérable, car nous le découvrons encore et nous n'en avons pas encore épuisé l'intérêt. Relativisons cependant : le Japon est trois fois plus important en termes de marché que la Chine. La Chine est un marché passionnant car il y a énormément d'investissements. Le gouvernement, grâce à la croissance, investi dans toutes les infrastructures et nos entreprises sont des championnes pour cela. Nos entreprises n'ont pas encore vraiment réussi à percer le marché de la consommation. Il y a en Chine au moins 250 millions de consommateurs qui peuvent acheter des produits français. Nous avons fait un plan commercial pour la Chine pour aider nos entreprises à prendre place sur ce marché.
Ff : La laïcité est aujourd'hui au coeur des débats. C'est une vieille idée radicale, vous retrouvez-vous dans ces débats ?
François Loos : La laïcité est la solution au problème. C'est l'idée de liberté et de respect des autres. Nous devons tout faire pour rassembler les citoyens dans la société française et non pas pour les diviser. Le débat sur la laïcité ne doit pas diviser les Français, ce serait une erreur. Il faut qu'au contraire, les gens se sentent tous citoyens, et c'est là l'utilité de ce débat. Il ne faut pas qu'il dévie vers une exclusion de certains, vers du communautarisme. Il faut au contraire qu'il rassemble les Français sur la même fierté d'être Français, sur la même fierté d'être ensemble pour faire un travail d'intégration et d'assimilation.
(source http://www.u-m-p.org, le 23 février 2004)