Texte intégral
Monsieur le ministre, Monsieur Bertrand, Monsieur le ministre, Monsieur Leporc, Mesdames et Messieurs les Présidents, Mesdames et Messieurs, je suis très heureux d'être une fois encore à vos côtés pour ouvrir ces assises du tourisme.
75 millions de visiteurs, 100 milliards d'euros de consommation touristique, 11 % de parts de marché mondial : tels sont les résultats de la France, dans le domaine du tourisme. Vous pouvez être fiers de ces résultats acquis dans un contexte difficile. Malgré ces succès, de nombreux défis demeurent. Il nous importe donc de réaliser d'importants progrès tant ce secteur est indispensable à notre économie et est générateur d'emplois.
Notre monde change. Il favorise le progrès, la connaissance, l'échange, l'enrichissement intellectuel, la rapidité mais aussi l'incertitude : remise en cause des acquis, instabilité économique et sociale, parfois politique.
Nous avons changé de siècle, il y a quatre ans, et de millénaire en même temps. Nous devons également changer nos échelles de valeurs. Le monde vit à l'époque de la globalisation, de la mondialisation : n'ayons pas peur, surtout vous professionnels du tourisme, de la mondialisation ! Il est vrai que le temps se contracte grâce aux formidables progrès intervenus sur le plan tant des transports que des technologies nouvelles. Tout s'accélère : l'échange d'informations favorise les communications entre les hommes mais il rend le citoyen plus exigeant dans ses attentes, le touriste plus sélectif et moins fidèle.
Nos climats aussi changent. Des évènements dramatiques ont ainsi pu survenir (canicule, inondations, tempêtes). Ces évolutions exigent des acteurs publics, mais aussi privés, une grande réactivité, de la combativité et surtout une plus grande solidarité.
Notre société elle-même change, évolue et de façon si profonde qu'il nous est parfois difficile d'anticiper des effets structurels. Nous devons faire face aujourd'hui à de véritables révolutions culturelles, identiques à celles qu'a connues notre pays, à la fin du 18ème siècle, avec l'avènement de l'industrie. Nous sommes entrés dans l'ère des services, du tertiaire, de la communication ! Or le tourisme est l'un des piliers, l'un des moteurs du développement de cette société ! Nous sommes également entrés dans l'ère de la société du risque zéro : dans la nature, dans les transports, dans les loisirs, dans la cité, ce qui, une fois encore, renforce l'exigence du citoyen vis-à-vis de la collectivité mais aussi de ses interlocuteurs commerciaux.
Notre monnaie, aussi, a changé. Cela favorise, sans aucun doute, les échanges intra-européens mais, en raison de la comparaison entre destinations européennes concurrentes, nous avons été contraints de revoir notre offre, son rapport qualité / prix et notre façon de la concevoir au regard de la concurrence.
Enfin, le monde vit dans un contexte d'instabilité économique et politique qui rend plus complexes et incertains les choix que les professionnels doivent réaliser au titre de leur développement. Or l'importance du tourisme, pour la France, et les mutations du contexte international dans lequel il évolue imposent, à l'évidence, la mobilisation du Gouvernement - elle est acquise - et de tous les acteurs qui composent le tissu économique du tourisme - Vous. Ensemble, nous devons affirmer et réaffirmer le rôle déterminant que joue le tourisme dans cette économie nationale et dans l'aménagement harmonieux du développement du territoire. Il convient de rappeler les milliers d'emplois que cette activité génère, chaque année, mais aussi les milliers d'emplois supplémentaires qu'elle pourrait engendrer si nous parvenions, ensemble, à réunir les conditions nécessaires à son développement. Ne nous satisfaisons pas des succès acquis et des bons résultats obtenus récemment.
Nous devons surveiller la concurrence et faire preuve de réactivité afin de maintenir la France dans le peloton de tête des destinations du 21ème siècle. Plus que jamais nous devons jouer la carte de l'innovation, de la créativité, de la complémentarité et de la solidarité entre tous les acteurs qui ont en charge le développement touristique.
Ces secondes Assises nationales du Tourisme s'inscrivent pleinement dans la volonté du Gouvernement de mobiliser les énergies de tous les acteurs concernés pour permettre à notre secteur, encore insuffisamment connu et reconnu, de produire ses effets les plus attendus en matière de croissance économique et donc d'emplois. Ces assises sont également la traduction du partenariat que Léon Bertrand défend si bien et que nous avons souhaité instaurer, avec vous, autour des objectifs les plus ambitieux. Il est possible d'être, à la fois, ambitieux et réaliste !
Les défis que vous devrez relever au cours des cinq prochaines années correspondent aux trois thèmes qui guideront vos travaux.
Le premier de ces défis est le renouvellement qualitatif de notre offre touristique, alors même que la concurrence est exacerbée, notamment dans les filières les plus compétitives. Il nous faut innover, adapter nos produits aux nouvelles attentes, les rendre plus lisibles, commercialement plus attractives, en investissant dans la qualité. Le plan Qualité France, voulu par le Premier Ministre et initié par Léon Bertrand, constitue, à ce titre, un atout essentiel dans la promotion de l'offre touristique auprès des marchés actuels et futurs.
Le second défi est celui de l'organisation des professions touristiques et de l'attractivité des métiers du tourisme. Après un ralentissement en 2002, une dynamique est observée : l'emploi se développe ainsi à un rythme moyen de 15 000 emplois par an. L'offre d'emploi devra être satisfaite. Il est vrai qu'il existe un déséquilibre entre l'offre et la demande : certaines branches connaissent des pénuries de main d'oeuvre, faute de formations adéquates. La qualité du travail et sa valorisation auprès de notre jeunesse doivent être soulignées, d'autant que la mondialisation qui caractérise ce siècle, conduit souvent à des déplacements d'emplois. Pourtant, le tourisme n'est pas délocalisable, au contraire : ces activités sont accrochées durablement à notre territoire et contribuent à la cohésion sociale.
L'organisation des professions est un enjeu déterminant pour l'économie touristique : elle s'appuie sur un tissu de PME bien réparties sur l'ensemble du territoire. C'est bien sa diffusion dans cet espace qui nous a permis de rééquilibrer territorialement la fréquentation touristique entre mer, montagne et campagne. Je n'oublie pas que je suis également ministre de l'Aménagement du territoire. Les modèles économiques, qui sont développés chez nos voisins au niveau de la production ou de la distribution touristique et qui tendent à s'implanter sur nos territoires, nous interpellent et nous montrent que des progrès restent à réaliser.
Le dernier défi est celui du financement des investissements touristiques. Au moment où l'argent public devient rare et où l'argent privé doit être utilisé à bon escient, il nous importe de renouveler l'offre, de la qualifier, de la rendre plus lisible et plus attractive. Cet effort doit se concevoir dans le cadre d'une bonne politique partenariale Public / Privé qui assure ces complémentarités et solidarités. Les contrats de plan ont fait la démonstration de leur efficacité. Nous devons réfléchir ensemble à leur nouvelle génération. Les fonds européens, en raison du récent élargissement de l'Union européenne, seront distribués différemment. Il nous faudra donc améliorer nos dispositifs de veille, d'analyse et de prospective économique pour mettre à la disposition des décideurs économiques et politiques des tableaux de bord indispensables à la définition et à la mise en place de leur stratégie.
Ces Assises, qui se tiennent dans un contexte de sortie de crise internationale, constituent un moment privilégié d'échange d'expériences et de savoir-faire. Elles favoriseront la concertation et la confrontation d'idées concernant la construction de l'avenir du tourisme, en France.
Les défis sont nombreux ; les chantiers engagés sont difficiles mais exaltants ; les enjeux sont d'importance pour votre activité mais aussi pour l'ensemble de notre pays. A vous voir si nombreux, j'imagine que le travail de cette journée sera formidable. Votre profession peut se mobiliser auprès du ministère délégué au Tourisme pour jeter les bases du renouveau du tourisme français à l'horizon 2010 : je vous y encourage, vous félicite et vous remercie à l'avance.
(Source http://www.equipement.gouv.fr, le 31 mars 2005)