Point de presse de Mme Claudie Haigneré, ministre déléguée aux affaires européennes, sur les relations franco-bulgares, la perspective de l'adhésion de la Bulgarie à l'Union européenne et le référendum sur la Constitution européenne, à Sofia le 31 mars 2005.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Voyage en Bulgarie, le 31 mars 2005

Texte intégral

Permettez-moi de dire combien je suis heureuse de répondre à l'invitation de Meglena Kouneva de venir ici à Sofia pour travailler ensemble sur de multiples sujets. J'ai eu le grand plaisir de la recevoir à Paris fin décembre. Etre aujourd'hui ici et discuter avec beaucoup de transparence de différents dossiers est la meilleure façon de construire l'Europe telle que nous la voulons tous. Vous savez qu'il y a des grands moments qui se présentent à nous, après la décision qu'a pris le Conseil européen concernant la signature, le 25 avril, des traités d'adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie à l'Union européenne. La présence de la France, dans l'amitié et la coopération aux côtés de la Bulgarie tout au long d'un chemin difficile, porte ses fruits et continue à se renforcer. Par ailleurs, en France, comme vous le savez, la ratification du traité constitutionnel par référendum est prévue le 29 mai. Nous avons discuté de ces sujets européens qui sont des sujets communs.
J'ai eu grand plaisir également à avoir un entretien avec le ministre des Affaires étrangères, M. Solomon Passi, et je verrai après le déjeuner votre Premier ministre Siméon de Saxe-Cobourg Gotha pour évoquer bien sûr les relations européennes, mais aussi nos relations bilatérales qui sont anciennes et fortes.
Nous pouvons toujours renforcer nos relations dans de multiples domaines. J'ai beaucoup apprécié le dialogue de transparence que j'ai eu avec mes interlocuteurs, leur conviction, leur détermination d'aller toujours plus loin, de faire mieux et d'être tout à fait prêts pour chacune des étapes. Je souhaite maintenant, en vous donnant la possibilité de nous interroger, vous dire à quel point nous mettons cette coopération au service d'un objectif noble. Nous souhaitons avoir une Union européenne capable de promouvoir les valeurs de démocratie, de solidarité, de mutuelle compréhension, au service des citoyens. Nous attendons avec impatience que la Bulgarie nous permette d'aller plus loin sur ce chemin.
Q - Quels sont les progrès de la Bulgarie en matière de réforme judiciaire et quels sont les autres retards que le pays doit rattraper avant son adhésion ?
R - Nous avons évoqué ce matin les étapes complémentaires de la réforme judiciaire. Des éléments sont déjà mis en place. D'autres doivent avancer jusqu'à la fin de cette année 2005 ainsi que la mise en oeuvre concrète de certaines de ces réformes. Il est normal qu'il y ait une vigilance et une exigence de chacun des Etats membres de cette grande famille européenne. Cette détermination et cette volonté d'avancer ont été discutées avec beaucoup de transparence et donc de confiance dans la possibilité de franchir les étapes. Nous avons évoqué d'autres sujets, des questions qui trouvent leur réponse dans le long chemin d'intégration de l'acquis communautaire, dans les domaines de la sécurité, de l'environnement, du développement. La Bulgarie a accompli un chemin remarquable. La date du 25 avril se rapproche.
Q - Qu'est-ce que l'opinion publique française n'apprécie pas dans le traité constitutionnel puisque, d'après les sondages, la majorité des gens le rejette ? Quelles seraient les conséquences d'un éventuel "non" à la Constitution européenne pour l'Union et son élargissement ?
R - Plusieurs sondages en France montrent une progression d'une réponse négative au traité constitutionnel. Il y aura deux mois de campagne électorale avant le 29 mai. Nous allons nous mobiliser pour expliquer, informer. Beaucoup de Français ne connaissent pas le texte de la Constitution, connaissent mal l'Union européenne et demandent qu'on leur explique. Il existe plusieurs préoccupations : préoccupations sociales, préoccupations liées à l'emploi, mais aussi des questions au sujet de l'élargissement. Quelles sont ses frontières du projet européen ? C'est une série de questions auxquelles nous devons répondre.
Je n'envisage pas une réponse négative. Justement, nous devons être mobilisés, pédagogues, apporter de l'information pendant deux mois de façon très concrète pour expliquer l'enjeu européen du 29 mai. Dire aux Français qu'il y a des réponses à leurs préoccupations. Ils peuvent faire part de leur mécontentement sur certains sujets, mais ce n'est pas le 29 mai que cette question leur sera posée. Ils auront la possibilité de le faire à d'autres moments. Le 29 mai est un enjeu européen majeur, permettant de franchir une étape supplémentaire dans la construction européenne. Je pense que les Français sauront comprendre cette responsabilité par rapport à cette question.
Le regard des autres pays européens est aussi important bien sûr. Il fait prendre conscience au Français de leur rôle, de leur foi dans toute la construction européenne et des étapes de la construction à venir. Meglena Kouneva me disait ce matin qu'ici en Bulgarie on regarde la France. On regarde comment va s'exprimer un des pays fondateurs. La France a participé à toutes les étapes de la construction européenne. La réponse de la France est une réponse essentielle pour continuer le projet européen commencé depuis si longtemps. Les Français sauront apprécier cet élément. Dans ce traité, on retrouve beaucoup l'empreinte de la France. Il faut l'expliquer davantage. Il faut aussi dire la vérité par rapport à certaines contre-vérités qui peuvent être dites par d'autres dans ce débat, qui est un débat européen majeur.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 avril 2005)