Texte intégral
Q- L'accident du charter colombien, qui a provoqué la mort de 152 Martiniquais, soulève une immense émotion. Est-ce que vous avez des débuts d'explication sur les causes de la catastrophe ?
R- Malgré l'émotion et son importance que vous rappelez, je crois qu'il ne faut pas vouloir aller trop vite en termes de résultats de l'enquête. Ce qui est important, c'est que on puisse très vite dire la vérité aux familles, le dire dans la plus grande transparence. De ce point de vue, la décision a été prise par le Venezuela d'associer, non seulement, comme il en a le droit, le pays d'origine de l'avion, c'est-à-dire la Colombie, le pays qui a fabriqué l'avion c'est-à-dire les États-Unis, mais aussi la France. Notre Bureau enquêtes accidents que j'ai envoyé là-bas dès l'annonce de l'accident, sera associé à l'enquête. Donc, c'est un élément de garantie évidemment très important. Les boîtes noires ont été retrouvées. Donc, je pense que, très vite, on devrait savoir quelle a été l'origine du crash, techniquement. Ensuite, bien sûr, on pourra, j'espère, aller plus loin pour pouvoir dire aux familles ce qui s'est passé. Je pense qu'on leur doit cela.
Q- Les boîtes noires seront analysées en France ?
R- Elles seront analysées normalement au Venezuela, mais en présence et avec la collaboration de nos techniciens, nos ingénieurs du Bureau enquêtes accidents de la Direction de l'aviation civile française.
Q- En tout cas, la question est posée, une nouvelle fois, de la sécurité dans les avions de compagnies pratiquant des vols à bas prix.
R- Tout à fait. La question qui, évidement, vient à l'esprit, c'est celle là. Il faut simplement savoir qu'en matière d'aviation civile, depuis 1944 - c'est-à-dire que c'est l'organisation la plus ancienne -, il y a des règles. C'est le pays d'immatriculation de l'avion qui est chargé de faire respecter les règles de sécurité. La façon dont les pays le font, est vérifiée par l'Organisation internationale et d'ailleurs, la Colombie avait été auditée en particulier en 2001, donc il n'y a pas très longtemps. Ce qui n'empêche pas que les pays où atterrissent les avions, ont aussi le droit de le vérifier. D'ailleurs, cet avion avait été l'objet de contrôles, certes rapides mais par deux fois, en mai et en juillet dernier. La question qui reste posée, c'est peut-être de savoir s'il ne faut pas à l'occasion de ces inspections sur les territoires nationaux, peut-être aller plus loin et essayer de faire des vérifications plus approfondies que celles nous faisons en respectant d'ailleurs une règle qui est fixée par l'Europe. Et puis, il y a une deuxième chose à laquelle je tiens beaucoup, comme J. Barrot, notre commissaire européen chargé des Transports, il faut que nous arrivions à mettre en place ce qu'on appelle cette "liste noire" des compagnies aériennes.
Q- Quand est-ce qu'elle sera en place ?
R- Il faut évidemment un accord des 25 États, mais moi je pousse beaucoup, comme J. Barrot, comme l'Allemagne, comme l'Italie, comme la Grande-Bretagne pour que nous y arrivions parce que je pense que ce serait un élément supplémentaire de sécurité pour nos concitoyens.
Q- A propos de la catastrophe qui avait eu lieu il y a un an et demi à Charm el-Cheikh, un avocat des familles des victimes, Maître Baratelli, vient de dire sur RTL que l'enquête traîne en Égypte, que les indemnisations se font attendre et que les dépouilles des victimes n'ont toujours pas été rapatriées ; vous suivez cette affaire ?
R- Je l'ai suivie en particulier, lorsque j'étais garde des Sceaux, et j'avais eu l'occasion d'en parler à plusieurs reprises à mon collègue égyptien à l'époque. Deux éléments d'informations complémentaires : c'est vrai que l'indemnisation n'a pas été réalisée pour l'instant, sauf une indemnisation très partielle car la procédure amiable n'avait pas abouti ; les avocats des familles des victimes n'avaient pas accepté la procédure amiable qui avait été proposée. Ils ont engagé un certain nombre d'autres actions, en particulier contre la société Boeing. Ça c'est pour l'aspect indemnisation ; sur l'aspect enquête, c'est vrai qu'il y a une enquête judiciaire qui est évidemment de la responsabilité égyptienne ; il y a un juge français qui est saisi. J'ai eu l'occasion de rappeler récemment à mon collègue de l'aviation civile égyptien qu'il fallait que l'enquête technique, qui est indispensable, soit achevée le plus vite possible. J'espère que les choses vont ainsi aboutir, car c'est vrai que là nous avons besoin d'aller plus vite et il faut que, en collaboration avec les Égyptiens, l'enquête technique soit close. Je sais qu'un certain nombre de rapports sont en cours d'exécution pour qu'on sorte de cette incertitude.
Q- Deux sujets tout à fait différents, concernant les transports. Tout d'abord, la SNCF a annoncé cet été la fermeture de lignes interrégionales peu rentables ; vous êtes ministre de tutelle de la SNCF : vous comprenez, vous approuvez ?
R- D'abord, de quoi s'agit-il ? Je voudrais dire deux choses. D'abord, je
trouve que notre pays a intérêt à ne pas se lancer inutilement dans des
polémiques artificielles car il a jamais été question de fermer des lignes,
il a été question d'aménager des horaires, c'est-à-dire sur une ligne
entre, par exemple, Lyon et Nantes, alors qu'il y a - je prends un
exemple théorique - s'il y a cinq trains par jour, la question est de savoir
si on change les horaires et si on passe à quatre trains. Il s'agit de
rappeler la réalité, c'est de ça dont il s'agit. Pourquoi est-ce qu'il y aproblème ? C'est ça la question. Il y a problème parce que dans un
certain nombre de trains, sur certaines lignes, il y a peu de personnes, il
y a peu de voyageurs. Alors cela pose un problème, pourquoi ? Parce
que la SNCF a deux obligations : d'une part, elle doit assurer la bonne
gestion de l'entreprise, c'est une obligation, elle doit essayer
d'équilibrer ses comptes et puis, d'autre part, elle doit aussi assumer
son rôle de service public, c'est-à-dire de bonne desserte de l'ensemble
du territoire.
Q- Entre les deux, sur lesquelles insistez vous ?
R- C'est la raison pour laquelle, j'ai demandé, au cours de l'été, à la SNCF de poursuivre les discussions avec les acteurs locaux qui sont concernés par ces modifications d'horaires et de rythme de trafic, en particulier pour améliorer ces aménagements horaires. Parce que je pense qu'on peut essayer d'aller vers un objectif, comme on dit souvent, gagnant gagnant. C'est-à-dire que peut-être est-ce qu'aussi que les horaires actuels sont pas tellement attractifs pour les usagers. Et donc, il y a un travail à faire qui ne peut se faire qu'en discutant avec les acteurs locaux. C'est la première chose. Deuxième chose : je veux rappeler qu'il n'est pas question qu'une ligne soit purement et simplement supprimée. Enfin, j'ai convenu de revoir le président Gallois avant la fin du mois d'août et à l'occasion de cet entretien, il me rendra compte de l'état de la question, de l'état de ses discussions avec les acteurs locaux. Et cela avant toute décision définitive pour ces horaires d'hiver. Voilà quel est l'état de la question. La SNCF doit assumer ces deux obligations et l'obligation de service public, bien sûr, et la bonne desserte des territoires nationaux en fait partie.
Q- A propos du prix de l'essence, est-ce que l'Etat est prêt à accorder aux transporteurs routiers un système de répercussion automatique des hausses de prix, comme le demande la Fédération des transports routiers ?
R- Nous travaillons sur cette idée avec les représentants des organisations
professionnelles depuis le mois de juin. D'ores et déjà, en juillet, j'avais
obtenu du Parlement, sur mon initiative qu'on réglemente de façon plus
stricte la concurrence déloyale, enfin ce qu'on appelle le [inaud].
Q- Là, est-ce que vous avez le budget ?
R- Maintenant, effectivement, nous travaillons actuellement sur l'idée de voir comment, quand il y a une hausse du prix, qui prend en charge cette hausse. Aujourd'hui, pour l'essentiel, c'est le transporteur. Comment faire en sorte pour que, alors qu'il a signé un contrat au mois de janvier, qu'il fait sa livraison au mois de juin, si entre janvier et juin le prix a augmenté, est-ce qu'il peut répercuter cette hausse du prix sur son client ? C'est ce que font les compagnies aériennes avec les billets d'avions. Il se trouve que les transporteurs routiers ne peuvent pas lefaire, ou le font très rarement. Donc, la question est de savoir si on peut arriver à cela. Ce qui ferait effectivement que la hausse du prix serait répartie sur l'ensemble de l'économie, d'une certaine façon. Donc, je suis tout à fait ouvert à cette idée. Nous sommes en train d'y travailler actuellement et j'espère pouvoir faire des propositions au Conseil des ministres, au Premier ministre, au début du mois de septembre.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 18 août 2005)
R- Malgré l'émotion et son importance que vous rappelez, je crois qu'il ne faut pas vouloir aller trop vite en termes de résultats de l'enquête. Ce qui est important, c'est que on puisse très vite dire la vérité aux familles, le dire dans la plus grande transparence. De ce point de vue, la décision a été prise par le Venezuela d'associer, non seulement, comme il en a le droit, le pays d'origine de l'avion, c'est-à-dire la Colombie, le pays qui a fabriqué l'avion c'est-à-dire les États-Unis, mais aussi la France. Notre Bureau enquêtes accidents que j'ai envoyé là-bas dès l'annonce de l'accident, sera associé à l'enquête. Donc, c'est un élément de garantie évidemment très important. Les boîtes noires ont été retrouvées. Donc, je pense que, très vite, on devrait savoir quelle a été l'origine du crash, techniquement. Ensuite, bien sûr, on pourra, j'espère, aller plus loin pour pouvoir dire aux familles ce qui s'est passé. Je pense qu'on leur doit cela.
Q- Les boîtes noires seront analysées en France ?
R- Elles seront analysées normalement au Venezuela, mais en présence et avec la collaboration de nos techniciens, nos ingénieurs du Bureau enquêtes accidents de la Direction de l'aviation civile française.
Q- En tout cas, la question est posée, une nouvelle fois, de la sécurité dans les avions de compagnies pratiquant des vols à bas prix.
R- Tout à fait. La question qui, évidement, vient à l'esprit, c'est celle là. Il faut simplement savoir qu'en matière d'aviation civile, depuis 1944 - c'est-à-dire que c'est l'organisation la plus ancienne -, il y a des règles. C'est le pays d'immatriculation de l'avion qui est chargé de faire respecter les règles de sécurité. La façon dont les pays le font, est vérifiée par l'Organisation internationale et d'ailleurs, la Colombie avait été auditée en particulier en 2001, donc il n'y a pas très longtemps. Ce qui n'empêche pas que les pays où atterrissent les avions, ont aussi le droit de le vérifier. D'ailleurs, cet avion avait été l'objet de contrôles, certes rapides mais par deux fois, en mai et en juillet dernier. La question qui reste posée, c'est peut-être de savoir s'il ne faut pas à l'occasion de ces inspections sur les territoires nationaux, peut-être aller plus loin et essayer de faire des vérifications plus approfondies que celles nous faisons en respectant d'ailleurs une règle qui est fixée par l'Europe. Et puis, il y a une deuxième chose à laquelle je tiens beaucoup, comme J. Barrot, notre commissaire européen chargé des Transports, il faut que nous arrivions à mettre en place ce qu'on appelle cette "liste noire" des compagnies aériennes.
Q- Quand est-ce qu'elle sera en place ?
R- Il faut évidemment un accord des 25 États, mais moi je pousse beaucoup, comme J. Barrot, comme l'Allemagne, comme l'Italie, comme la Grande-Bretagne pour que nous y arrivions parce que je pense que ce serait un élément supplémentaire de sécurité pour nos concitoyens.
Q- A propos de la catastrophe qui avait eu lieu il y a un an et demi à Charm el-Cheikh, un avocat des familles des victimes, Maître Baratelli, vient de dire sur RTL que l'enquête traîne en Égypte, que les indemnisations se font attendre et que les dépouilles des victimes n'ont toujours pas été rapatriées ; vous suivez cette affaire ?
R- Je l'ai suivie en particulier, lorsque j'étais garde des Sceaux, et j'avais eu l'occasion d'en parler à plusieurs reprises à mon collègue égyptien à l'époque. Deux éléments d'informations complémentaires : c'est vrai que l'indemnisation n'a pas été réalisée pour l'instant, sauf une indemnisation très partielle car la procédure amiable n'avait pas abouti ; les avocats des familles des victimes n'avaient pas accepté la procédure amiable qui avait été proposée. Ils ont engagé un certain nombre d'autres actions, en particulier contre la société Boeing. Ça c'est pour l'aspect indemnisation ; sur l'aspect enquête, c'est vrai qu'il y a une enquête judiciaire qui est évidemment de la responsabilité égyptienne ; il y a un juge français qui est saisi. J'ai eu l'occasion de rappeler récemment à mon collègue de l'aviation civile égyptien qu'il fallait que l'enquête technique, qui est indispensable, soit achevée le plus vite possible. J'espère que les choses vont ainsi aboutir, car c'est vrai que là nous avons besoin d'aller plus vite et il faut que, en collaboration avec les Égyptiens, l'enquête technique soit close. Je sais qu'un certain nombre de rapports sont en cours d'exécution pour qu'on sorte de cette incertitude.
Q- Deux sujets tout à fait différents, concernant les transports. Tout d'abord, la SNCF a annoncé cet été la fermeture de lignes interrégionales peu rentables ; vous êtes ministre de tutelle de la SNCF : vous comprenez, vous approuvez ?
R- D'abord, de quoi s'agit-il ? Je voudrais dire deux choses. D'abord, je
trouve que notre pays a intérêt à ne pas se lancer inutilement dans des
polémiques artificielles car il a jamais été question de fermer des lignes,
il a été question d'aménager des horaires, c'est-à-dire sur une ligne
entre, par exemple, Lyon et Nantes, alors qu'il y a - je prends un
exemple théorique - s'il y a cinq trains par jour, la question est de savoir
si on change les horaires et si on passe à quatre trains. Il s'agit de
rappeler la réalité, c'est de ça dont il s'agit. Pourquoi est-ce qu'il y aproblème ? C'est ça la question. Il y a problème parce que dans un
certain nombre de trains, sur certaines lignes, il y a peu de personnes, il
y a peu de voyageurs. Alors cela pose un problème, pourquoi ? Parce
que la SNCF a deux obligations : d'une part, elle doit assurer la bonne
gestion de l'entreprise, c'est une obligation, elle doit essayer
d'équilibrer ses comptes et puis, d'autre part, elle doit aussi assumer
son rôle de service public, c'est-à-dire de bonne desserte de l'ensemble
du territoire.
Q- Entre les deux, sur lesquelles insistez vous ?
R- C'est la raison pour laquelle, j'ai demandé, au cours de l'été, à la SNCF de poursuivre les discussions avec les acteurs locaux qui sont concernés par ces modifications d'horaires et de rythme de trafic, en particulier pour améliorer ces aménagements horaires. Parce que je pense qu'on peut essayer d'aller vers un objectif, comme on dit souvent, gagnant gagnant. C'est-à-dire que peut-être est-ce qu'aussi que les horaires actuels sont pas tellement attractifs pour les usagers. Et donc, il y a un travail à faire qui ne peut se faire qu'en discutant avec les acteurs locaux. C'est la première chose. Deuxième chose : je veux rappeler qu'il n'est pas question qu'une ligne soit purement et simplement supprimée. Enfin, j'ai convenu de revoir le président Gallois avant la fin du mois d'août et à l'occasion de cet entretien, il me rendra compte de l'état de la question, de l'état de ses discussions avec les acteurs locaux. Et cela avant toute décision définitive pour ces horaires d'hiver. Voilà quel est l'état de la question. La SNCF doit assumer ces deux obligations et l'obligation de service public, bien sûr, et la bonne desserte des territoires nationaux en fait partie.
Q- A propos du prix de l'essence, est-ce que l'Etat est prêt à accorder aux transporteurs routiers un système de répercussion automatique des hausses de prix, comme le demande la Fédération des transports routiers ?
R- Nous travaillons sur cette idée avec les représentants des organisations
professionnelles depuis le mois de juin. D'ores et déjà, en juillet, j'avais
obtenu du Parlement, sur mon initiative qu'on réglemente de façon plus
stricte la concurrence déloyale, enfin ce qu'on appelle le [inaud].
Q- Là, est-ce que vous avez le budget ?
R- Maintenant, effectivement, nous travaillons actuellement sur l'idée de voir comment, quand il y a une hausse du prix, qui prend en charge cette hausse. Aujourd'hui, pour l'essentiel, c'est le transporteur. Comment faire en sorte pour que, alors qu'il a signé un contrat au mois de janvier, qu'il fait sa livraison au mois de juin, si entre janvier et juin le prix a augmenté, est-ce qu'il peut répercuter cette hausse du prix sur son client ? C'est ce que font les compagnies aériennes avec les billets d'avions. Il se trouve que les transporteurs routiers ne peuvent pas lefaire, ou le font très rarement. Donc, la question est de savoir si on peut arriver à cela. Ce qui ferait effectivement que la hausse du prix serait répartie sur l'ensemble de l'économie, d'une certaine façon. Donc, je suis tout à fait ouvert à cette idée. Nous sommes en train d'y travailler actuellement et j'espère pouvoir faire des propositions au Conseil des ministres, au Premier ministre, au début du mois de septembre.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 18 août 2005)