Déclaration de Mme Noëlle Lenoir, ministre déléguée aux affaires européennes, lors d'une conférence de presse conjointe avec M. Yiorgos Lillikas, ministre chypriote du commerce, de l'industrie et du tourisme, sur les relations franco-chypriotes, l'adhésion de Chypre à l'Union européenne et la position de la France vis à vis des négociations de réunification de Chypre, Paris, le 12 mars 2004.

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Circonstance : Visite de M. Yiorgos Lillikas en France, le 12 mars 2004

Texte intégral

Je viens d'avoir un entretien avec M. Lillikas, ministre du Commerce, de l'Industrie et du Tourisme de Chypre que je suis heureuse de retrouver. Je me suis rendue à Chypre en juillet dernier où j'ai eu la chance d'assister à la signature du Traité d'Athènes par le président de la République chypriote M. Papadopoulos. J'étais d'ailleurs le seul ministre non chypriote à assister à cette cérémonie. Aujourd'hui, nous nous retrouvons puisque M. Lillikas effectue une tournée des capitales de l'Union des Quinze pour faire le point avec ses différents interlocuteurs de l'état du processus de négociation, en vue d'aboutir à un règlement global de la situation de Chypre. Nous souhaitons tous, en effet, que le 1er mai 2004 soit non seulement la date de l'accession de Chypre à l'Union, mais aussi la date à laquelle nous pourrons constater que c'est une île réunifiée et réconciliée qui nous rejoint. Où en est-on ? Comme vous le savez sans doute, un accord de procédure est intervenu à New York, aux Nations unies, le 13 février dernier. Il a suscité de grands espoirs, puisque cet accord fixe un échéancier et prévoit, suivant certaines séquences, d'aboutir si possible à un règlement avant mai. Nous faisons confiance aux Nations unies, sous l'égide de Kofi Annan, pour veiller au bon déroulement de ce processus. Aujourd'hui, ce sont les deux parties en présence, la partie chypriote grecque et la partie chypriote turque, qui ont engagé ces négociations, M. Lillikas vous en parlera. La chose n'est pas aisée certes, mais l'Union européenne, dans son entier et sans aucune restriction, soutient ces efforts de conciliation. Elle apporte d'ailleurs concrètement son aide, dans le cadre de ces négociations, en participant au niveau de la Commission à trois comités techniques créés pour faciliter le règlement de cette solution globale sous trois aspects : les questions institutionnelles d'une part, l'espace de sécurité et de liberté - le domaine Justice-Affaires intérieures - d'autre part, et enfin les questions d'ordre financier. L'optique de l'Union est simple : d'une part, il s'agit de respecter le Traité d'Athènes, c'est-à-dire de respecter, dans le cadre de cette solution globale que nous continuons à appeler de nos voeux, l'acquis communautaire et d'autre part, d'un point de vue institutionnel, il importe que ce règlement global permette la création d'un Etat viable qui soit capable de participer aux décisions au niveau de l'Union européenne. Je laisse maintenant M. Lillikas vous apporter des précisions et répondre à vos questions étant donné qu'il est lui-même au coeur de ces négociations. Car, comme je l'indiquais tout à l'heure, elles sont aujourd'hui prévues au seul niveau bilatéral tout particulièrement entre M. Denktash et M. Papadopoulos.
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Q - Quelle est la position de la France par rapport à la question chypriote ?
R - Pour ce la France, il est très clair que nous souhaitons, comme d'ailleurs nos autres partenaires de l'Union européenne, un règlement qui soit non seulement équitable et viable - il faut un Etat viable en Europe - mais qui satisfasse aussi la population. A cet égard, nous faisons confiance au Secrétaire général des Nations unies. Nous avons regardé avec attention le plan qu'il a établi, amendé comme vous le savez par deux fois déjà. Nous pensons que le travail qui a été fait sous l'égide du Secrétaire général des Nations unies, est un travail très constructif. Par ailleurs, nous souhaitons, c'est mon deuxième point, que les populations concernées soient pleinement associées à ce processus de négociation. Actuellement, nous n'entendons pas interférer directement - que ce soit au niveau de la France ou de l'Union - dans ces négociations. Non pas seulement pour les raisons qui ont été évoquées, mais aussi parce que nous pensons que les deux parties doivent rester maîtres pour l'instant de ces négociations. Dans une deuxième phase, il est prévu d'associer à ces négociations bilatérales, entre la partie chypriote turque et la partie chypriote grecque, la Grèce et la Turquie. Ensuite, ce sera au Secrétaire général des Nations unies d'intervenir. Nous nous en tenons à ce schéma, qui a fait l'objet d'un accord le 3 février dernier. Mais nous souhaiterions que le modèle de la réconciliation qui a été si utile au moment de la genèse de l'Europe voici plus de 50 ans puisse, sous une forme évidemment adaptée aux aspirations présentes des dirigeants et des peuples concernés, servir à un règlement de la situation de Chypre. Et nous appuyons, bien entendu en ce sens, le processus en cours. Comme je l'indiquais, je suis allée à Chypre il y a quelques mois et je reçois aujourd'hui avec très grand plaisir mon collègue, comme j'ai reçu d'ailleurs d'autres de mes collègues chypriotes ici depuis ces dernières années. J'ai toujours pu, en effet, discuter de façon très ouverte avec mes collègues du gouvernement chypriote
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 mars 2004)